« Préféreriez-vous aimer davantage, et souffrir davantage ; ou aimer moins, et moins souffrir ? C’est, je pense, finalement, la seule vraie question. » Voilà l’incipit du livre, et le ton est donné.
Un homme se souvient de sa « seule histoire », car on a tous, dit-il, une seule et unique histoire d’amour, celle qui innerve toutes les autres, qui donne le ton, qui efface ou sublime « Un premier amour détermine une vie pour toujours : c’est ce que j’ai découvert au fil des ans », dit le narrateur un peu plus loin dans le livre (p. 94). Il raconte alors la sienne.
Paul a 19 ans quand il fait la connaissance de Suzan, qui en a 49. Écart d’âges important, état matrimonial de Suzan, différences de modes de vie : rien ne les prédispose à tomber amoureux, et pourtant, sans qu’il ne se passe rien, une complicité naît, prémisses de l’amour. « Juste une complicité qui nous donnait le sentiment d’être, moi un peu plus moi, et elle un peu plus elle » (p. 24).
Julian Barnes raconte merveilleusement bien les délices d’un amour évident, en pudeur et retenue, l’enthousiasme d’un jeune homme de 19 ans qui en découvre toute la force. Pas de phrases qui subliment le sentiment, rien d’extraordinaire, pas de merveilleux, pas de romantisme même. Rien que de très naturel, simple, fort. Un exemple de phrase qui montre sans s’étendre, cette force simple : « Je ne sais quand cette habitude est née.. mais je lui tenais souvent les poignets (…). Je les enserre tous les deux, et presse aussi fort que je peux. Le sens d’un tel échange n’a pas besoin de mots. C’est un geste pour la calmer, pour faire passer quelque chose de moi en elle. Une infusion, une transfusion de force. Et d’amour. »
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