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Jean-Pierre Aoustin (Traducteur)
EAN : 9782070345588
336 pages
Gallimard (16/05/2007)
3.17/5   24 notes
Résumé :
C'était son congé annuel. Ses deux jours de permission. Il s'était fait couper les cheveux comme d'hab, avait fait nettoyer son blazer comme d'hab. Il était un homme ordonné, avec des désirs et des plaisirs ordonnés. Même si ces plaisirs n'étaient plus aussi intenses qu'ils l'avaient été. Différents, disons. En vieillissant vous ne teniez plus aussi bien l'alcool... Alors vous buviez moins, appréciiez mieux la chose... Et pareil avec Babs - comme il se souvenait de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Première incursion avec ce recueil de nouvelles dans l'univers de Julian Barnes, et j'avoue avoir été séduit par ce ton doux amer qui caractérisent
ces tranches de vie. En prenant des personnages d'âge mur et en faisant de la vieillesse le coeur de ces nouvelles, on pouvait craindre une tristesse infinie nous tomber sur les épaules (le fameux citron synonyme de la mort chez les chinois). Mais l'élégant britannique nous fait partager ces instantanés avec ce qu'il faut de retenue, d'ironie, de tendresse, avec ce délicieux humour cher aux anglo-saxons. Tantôt insolent, lucide, pessimiste, Barnes décline sa partition avec un style remarquable. Onze nouvelles pour décrire le temps qui passe avec une plume talentueuse.
A coup sur, je reviendrai vers Julian Barnes.
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Toutes les nouvelles de recueil s'attachent au quotidien de personnes très avancées en âge, démontrent comment ce quotidien a envahi leur vie, que ce soit par leurs phobies (des salons de coiffure pour le premier où la peur de l'enfant se transforme à la domination de l'adulte, son pouvoir de dire « non ») leurs amours frustrées, non consommées, révélées au centre du récit mais qui retombent comme un soufflé (Histoire de Matt Israelson), ou encore consommées et jamais avouées de deux veuves habituées à prendre le thé ensemble, amies à l'extérieur et ennemies et rivales mortelles à l'intérieur . Il y a aussi ce vieux militaire qui passe quelques jours seul tous les ans, pour « l'hygiène » mais là encore le rêve n'est pas accompli, et puis cet homme qui découvre la vérité sur ses parents et cette femme qui lit des recettes à son mari atteint d' Alzheimer et qui réagit parfois en homme ordonné, parfois en obsédé sexuel, et sa femme se cache le vrai problème qui n'est pas issu que de la maladie mais aussi de la frustration. Et enfin « le dernier amour » de Tourgueniev pour une jeunesse, à mon sens le plus faible du recueil malgré son côté assez bien vu du « Pygmalion » qui tombe amoureux de son oeuvre. Peut-être est-ce aussi parce que c'est la plus longue et la moins concentrée. Mais ce n'est qu'un avis.
Barnes a varié les thèmes et les histoires aussi bien dans le temps que dans l'espace. Il situe ses nouvelles aussi bien au XIX° siècle que de nos jours, on passe de l'Angleterre à la Suède ou à la Russie, universalité très certainement voulue et assumée mais réflexion douce-amère sur le vieil âge.
Les récits me semblent assez inégaux hormis dans le style tout en litote (le fameux « understatement anglais ». Un de plus attachants à mon sens est cet échange de lettres de l'auteur lui-même avec une dame qui enseignait le Français et qui se trouve en maison de retraite mais il y a aussi ce monsieur qui tient à ce que l'on respecte les oeuvres musicales et ne supporte plus ceux qui toussent et font du bruit ou encore ce musicien vieillissant qui doit écrire sa 8ème symphonie et qui donne la clé de ce « citron », symbole de mort chez les Chinois….
Bref de bons moments de lecture de textes qui finalement apprivoisent un peu la mort.
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Ah, un recueil de nouvelles. C'est un coup à prendre, moi j'aime les pavés où on fait douze fois le tour du problème jusqu'à satiété. Là, il faut accepter d'entrer furtivement dans des destins, pour les lâcher rapidement en n'ayant eu qu'un aperçu de ce qui fait une vie.
D'autant que dans ce recueil, Julian Barnes s'attaque à la fin de la vie. Pas l'agonie, non, la vieillitude. C'est la vie quand même, mais plus pour longtemps. Nous voilà bien, euh, une lueur d'espoir, on y aura droit un peu quand même ?
D'autant que c'est le début de la vie de Julian Barnes que je connais, mon pôpa ayant vécu dans la famille Barnes dans le sud de l'Angleterre alors que les deux garçons étaient encore enfants, dans les années 50. Ça accentue le contraste, ça me dit que merde, moi aussi je serais vieille, alors ? le mal que je me donne pour ne pas y croire, pfouttt, envolé ?
Ces histoires de petits humains, et une vision pessimiste, on peut pô nier. Il a l'oeil perçant, Julian, tout est bien vu. Cruel aussi. Cruel sur des petites choses, qui sentent l'irréversible. Ah ça on ne rigole pas à chaque page. On pourrait, il y a des petits travers un peu ridicules, mais pas envie. Les protagonistes ne se vivent pas comme mourants, ils sont en vie, ils aiment, ils ont un passé bien achalandé, un futur un peu voilé, mais agissent au présent. L'envie de s'occuper, de créer, de s'intéresser, mais pour quoi au juste ? Pour passer le temps ? Pour que le présent ressemble quand même à quelque chose ?
Emotion avec les amoureux scandinaves, grosse émotion avec Mr Jackson et sa Babs. Rire quand même avec les deux veuves qui se tirent la bourre avec leurs feus réciproques à l'imparfaite perfection. Belle rencontre avec Sylvia la chef de classe de sa maison de retraite, triste rencontre avec Tourgueniev. Et le mystère de la Cage à Fruits, vrai petit roman.
Bien sûr que ça se laisse lire, avec plaisir car la langue est belle même si la dent est dure. Et puis les dieux puniront Julian d'avoir été aussi cruel - peut-être pour se préparer lui-même sans concessions
et en imaginant le pire, se payer le meilleur,
parce que définitivement, je suis plus jeune que lui et tout ça lui arrivera avant que ça ne m'atteigne. Et au fait, les enfants, tant qu'on est en forme, surtout profitons-en, à fond, tout le temps, histoire d'arriver à l'âge des renoncements avec le ventre bien plein, repus, pourquoi pas un peu fatigués mais drôlement contents de n'avoir aucun regret - et tant pis pour les remords ! Ouiii, carpe diem, touçaaa on connait par coeur, tellement cliché… Ouais, eh ben tu comprendras quand tu seras grand, Kevin, et tu remercieras Tatie Gazou !
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La table citron est une compilation de 11 nouvelles bien différentes dans le temps et dans l'espace; 5 d'entre elles avaient été publiées dans The New Yorker et les autres dans d'autres journaux, quelques unes sont inédites. le sujet est la vieillesse, le temps qui passe pour des personnages entre 60 et plus de 80 ans. C'est le deuxième recueil de nouvelles de l'auteur.

Il a choisi le citron pour le titre de ce recueil car pour les chinois le citron est un symbole de la mort.

Bien que le sujet de ses nouvelles ne soit pas très joyeux, c'est traité à la façon Barnes, c'est à dire, un ton doux-amer, par moments avec un humour corrosif, ou de l'ironie dramatique où il y a l'amertume du grand âge, la perte des illusions, le tout dans une élégance indéniable. Ces histoires semblent charrier quelques obsessions de l'auteur comme la jalousie, l'incompréhension envers l'artiste, la France et les français, les variations sur la vieillesse, l'incommunication, les secrets.

J'ai aimé les 11 nouvelles, sans exception.

Une brève histoire de la coiffure est originale car elle narre le vécu de Gregory chez le coiffeur avec trois visites à travers ses âges : une première accompagné de sa mère, une deuxième en tant que jeune homme et une troisième avec 28 ans de mariage. Chaque fois son image dans la glace lui fera sentir le passage du temps et son vécu.

L'histoire de Mats Israelson nous ramène en Suède vers 1900 avec l'amour inassouvi entre Anders Boden et Barbro Lindwall, la femme du pharmacien. Un amour raté car jamais avoué.

Les choses que tu sais est trop drôle : la rencontre périodique de deux veuves dans la fausse joie et les souvenirs des maris, mais qui se détestent formellement.

Hygiène nous raconte le manège du sage retraité qui s'arrange chaque année pour rendre visite à sa maitresse, ancienne prostituée car elle le comprend mieux que sa propre femme en lui apportant la tendresse qui lui manque.

Renouveau c'est le flirt imaginé entre Tourgueniev et une jeune actrice 35 ans plus jeune.

Vigilance est drôle et méchant : un mélomane féru des concerts mène la guerre à ceux qui font du bruit pendant les concerts.

Écorce : Jean-Étienne Delacour monte une tontine (le dernier survivant ramasse le jack pot) avec plusieurs connaissances et s'arrange pour devenir le dernier à mourir.

Français courant ici Julian Barnes se met en scène lui même par un échange épistolaire avec une octogénaire, ancienne professeur de français vivant dans une EPHAD.

Appétit Vivian lit à son mari, atteint d'Alzheimer, des recettes de cuisine de plats qu'il aimait autrefois car cela semble ramener des étincelles de mémoire gustative.

La cage à fruits où un narrateur va explorer la liaison que son père a avec une femme de 60 ans; il comprendra peu à peu que le mariage de ses parents n'était pas tel qu'il l'imaginait.

Le silence ce sont les rêveries du compositeur Sibelius dans sa lutte pour terminer sa huitième symphonie.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Le fil conducteur de ces nouvelles, c'est la vieillesse et la mort. Ce thème est parfois traité de façon nostalgique ou dramatique, d'autre fois de façon plus humoristique ou poétique (c'est le talent de Barnes de savoir changer de registre très facilement).

Les nouvelles qui m'ont plu : L'histoire de Mats Israelson, une histoire d'amour jamais avouée entre deux personnes mariées chacune de leur côté. Quand, à la fin de sa vie, Anders essaie d'avouer enfin cet amour, ils ne se comprennent plus. Ils ont tous deux gâché leur vie sentimentale et, de plus, terminent sur un malentendu...
Dans Hygiène, le narrateur, marié et heureux en ménage depuis très longtemps, a pris l'habitude de rendre visite à une femme (prostituée) une fois par an, à l'occasion de sa réunion annuelle d'anciens combattants à Londres. Au fil des années il s'est attaché à cette femme. Cette année, quand il arrive, on lui dit qu'elle est morte. Il en est profondément affecté.

Pour les personnes qui ne connaissent pas Julian Barnes, je ne conseillerais pas de commencer par ce livre, je trouve qu'il est meilleur dans des récits plus longs. Mais, je l'avoue, je ne suis jamais très satisfaite des recueils de nouvelles....
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
La créativité compense l’inaptitude de l’artiste à vivre pleinement sa vie. Eh bien, ce n’est qu’un développement de l’opinion de Wagner, qui soutenait que si nous étions pleinement satisfaits de notre vie, nous n’aurions pas besoin d’art. À mon avis, ils prennent le problème à l’envers. Bien sûr, je ne nie pas que la personnalité de l’artiste comporte de nombreux aspects névrotiques. Comment pourrais-je, moi, nier cela ? Certes je suis névrosé et souvent malheureux, mais c’est dans une large mesure la conséquence du fait d’être un artiste, plutôt que la cause. Quand on vise si haut et atteint si rarement son but, comment pourrait-on ne pas être névrosé ?
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Une des folles ici voit des fantômes. Ils apparaissent sous forme de petites lueurs vertes, au cas où vous voudriez en repérer un, et ils l'ont suivie ici quand elle a quitté son appartement.
Le problème est que, alors qu'ils étaient débonnaires dans leur précédent gîte, ils ont réagi à leur incarcération dans une maison de vieux en se mettant à jouer des tours pendables.
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L’amour pouvait ou non susciter la bienveillance, satisfaire la vanité ou embellir le teint, mais il ne menait pas au bonheur ; il y avait toujours une inégalité de sentiment ou d’intention. Telle était la nature de l’amour. Bien sûr, cela « marchait » dans le sens que cela faisait éprouver les émotions les plus profondes de l’existence – le rendait aussi léger qu’une fleur de tilleul au printemps, ou le brisait comme un traître sur la roue ; cela incitait l’homme timide et courtois qu’il était à une relative hardiesse, une hardiesse plutôt théorique, tragicomiquement incapable d’action ; cela lui avait enseigné la folie de l’anticipation, la détresse de l’échec, la plainte du regret, et la sotte douceur du souvenir.
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Quelle raison de vivre est-ce, de survivre seulement aux autres ?
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C’est étrange, comme les sentiments dominants peuvent changer avec le temps. Quand j’étais jeune, je respectais les prêtres, j’honorais ma famille, j’étais plein d’ambition. Quant aux passions du cœur, j’ai découvert, lorsque j’ai rencontré la femme qui allait devenir mon épouse, qu’un long prologue amoureux mène finalement, avec l’approbation de la société, à ces délices charnels qui nous sont si chers. Maintenant que je suis plus âgé, je suis moins persuadé que le prêtre peut nous montrer la meilleure façon de trouver Dieu, ma famille m’exaspère souvent, et je n’ai plus d’ambition.
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