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Critiques de Julie Otsuka (930)
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La ligne de nage

Un superbe texte, rédigé dans un style original, unique et percutant, chaque partie nous fait découvrir un nouvel aspect du talent de cet auteure. Des répétitions, des phrases hachées, des narrateurs différents font un ensemble étonnant et déroutant. La 2ème moitié est poignante et aborde un sujet de société très actuel.

J'avais lu The Buddha in the Attic (Certaines n'avaient jamais vu la mer) et j'ai rencontré Julie Otsuka au Festival America à Vincennes. Elle parlait très bien de son histoire personnelle qui se mêle à ce roman.

J'ai adoré ce livre et l'ai savouré petit à petit. C'est un livre que je vais offrir !
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La ligne de nage

Dans un texte allégorique, Julie Otsuka aborde avec une grande justesse la question de la vieillesse, la perte de la mémoire, et la difficile question de sa prise en charge par la société. Elle montre aussi comment bizarrement, dans ces moments de perte, parfois même quand les mots ont complètement disparu, les liens relâchés avec les proches tout au long de la vie peuvent dans un dernier sursaut se resserrer, et les choses se remettre en place juste avant le grand départ. Que faire de ces moments éphémères, de cette dernière longueur autorisée ? C'est ce que raconte ce très beau roman mélancolique mais heureux, déployé comme une litanie dans une langue métaphorique saturée de vitalité.
Lien : https://www.francetvinfo.fr/..
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La ligne de nage

J'avais beaucoup aimé Celles qui n'avaient jamais vu la mer. le début de ce nouveau roman m'a un peu surprise. le même procédé narratif, un nous collectif, est en effet utilisé dans les deux premières parties.

Le premier chapitre dresse le portrait plein d'humour des usagers d'une piscine en sous-sol d'une ville américaine jamais nommée, le deuxième voit apparaître une fissure dans le fond du bassin qui va conduire à sa fermeture.

On quitte alors la masse des nageurs anonymes pour suivre Alice. Alice qui perd la tête.

La narratrice, sa fille, assiste impuissante à la perte des souvenirs, à la plus extrême confusion mentale qui régit la vie de sa mère désormais dépendante. Les règles de vie à l'EHPAD sont décrites via un vous impersonnel, froid et terrifiant de réalisme.

Le dernière partie verra un tu s'installer dans un dialogue intérieur entre la narratrice et la fille d'Alice. Les frontières sont ainsi brouillées entre fiction et autobiographie.

La construction de ce texte est d'une grande précision où tout fait sens, du changement de focale du général au particulier à la métaphore de la fissure.

Les deux dernières parties sont bouleversantes, Alice perd tous ses repères mais son mari espère toujours son retour et sa fille écrivain établit une liste des « dernières fois » de sa mère.

Décrire de manière aussi ténue et sensible le chagrin de ceux qui accompagnent les personnes en fin de vie fait naître beaucoup d'émotion chez le lecteur. Mais l'auteure ne cherche pas à tirer des larmes, bien au contraire elle arrive à garder une distance respectueuse entre Alice et le monde dont elle est déjà absente avant même de mourir.

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La ligne de nage

Voilà un beau roman, très bien écrit, sur la vieillesse. L'auteur a choisi des narrateurs extérieurs (le groupe de la piscine, l'EHPAD, la fille...), ce qui est un choix déroutant au départ mais en réalité très pertinent quand on découvre le thème du livre. En effet, comment narrer ce qui se passe dans une personne qui vieillit et qui sombre dans la démence sénile alors que l'on a, par définition, aucun témoignage accessible ? Au fur et à mesure de la lecture, on se rend compte que les fissures de la piscine sont en fait des métaphores des lésions cérébrales, qui apparaissent un jour, sans qu'on sache trop pourquoi. Je ne comprends pas du tout les mauvaises critiques sur ce livre, celles qui disent qu'il n'a ni queue ni tête. Au contraire, c'est une des lectures les plus limpides et les plus riches du point de vue littéraire que j'ai pu faire ces derniers temps. A lire absolument.
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La ligne de nage

Autant la première partie du roman, qui décortique le monde des nageurs de piscine, m'a un peu lassé par son côté répétitif, autant j'ai trouvé la seconde partie du roman, qui décrit cette fois le "départ" d'une vieille dame qui perd peu à peu la mémoire m'a interréssé.
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Quand l'empereur était un dieu

Julie Otsuka n’écrit pas des livres faciles à lire, non pas par l’écriture très simple mais par ce qu’elle raconte.

Elle nous fait part de la vie d’une famille américaine d’origine japonaise enfermée dans des camps pendant la deuxième guerre mondiale.

Le père a été emmené en robe de chambre et pantoufles dans un camp/ une prison. La mère et les deux enfants sont emmenés dans un camp. Pas de jugement, ils sont présumés être des traîtres et sont en réalité des victimes.

Enfermés dans des conditions difficiles la famille souffre de la faim, du froid, du chaud et de tant d’autres choses. L’auteur nous raconte dans un livre court l’attente, l’ennui, l’espoir et les déceptions. Ce livre parle en réalité de tous les camps de réfugiés, ces camps où on attend dans des conditions difficiles, avec peu d’occupation et beaucoup d’espoir.



À lire comme ses deux autres livres.
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La ligne de nage

Il est vrai que le rire habite La ­Ligne de nage, son nouveau roman. Subtilement, telle une musique de fond dont on perçoit parfois la mélopée lointaine, lorsqu’une éclaircie le ­permet.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Magnifique roman, histoire incroyable et méconnu, qui mérité une si beau roman. J'ai retrouvé ce que j'aime dans la littérature Japonaise, cette douceur dans la dureté de la vie, cette façon décaler de voir et ce qui nous entoure et de part ce regard, faire fasse aux choses terrible qu'ils peuvent vivre
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La ligne de nage

C'est la première fois que je iis Julie Otsuka et mon avis est mitigé. Le livre est en deux parties distinctes et le lien qui lie les deux est un peu ténu et donc fonctionne assez moyennement.

Cependant, la seconde partie, intéressante, très proche de la réalité décrit avec un réalisme cru les conséquences des maladies neurodégénératives tant sur la malade que sur ses proches, notamment sa fille.

Pour moi, le livre commence à la page 77 (Diem perdidi).


Lien : https://www.bookaholic.paris..
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La ligne de nage

Roman en deux parties, La ligne de nage se partage entre une partie plutôt humoristique dans laquelle nous découvrons la vie en vase clos des nageurs d’une piscine souterraine avec leur manies, leurs personnalités alors même que presque nus, peu de signes permettent de les classer dans une catégorie socio-professionnelle. Seules trois distinctions existent, les lents, les moins lents et les rapides. Tout se petit monde se croise selon des habitudes bien ancrées jusqu’à ce que une puis plusieurs fissures apparaissent. C’est un microcosme qui s’effondre simultanément avec l’esprit d’Alice qui peu à peu, s’embrouille comme l’âge sait malheureusement le faire.

Dans la seconde partie, c’est ce déclin qu’avec beaucoup de tendresse nous raconte Julie Otsuka. Malgré la violence de la situation, l’autrice n’en fait pas un récit larmoyant. Une belle réussite.
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La ligne de nage

J'avais été embarquée par Certaines n'avaient jamais vu la mer.

La première partie de la ligne de nage partait pour une longueur qui s'étirait bien agréablement, ponctuée de remarques fines sur le milieu de la natation de loisir, et laissant poindre une menace sourde, celle de la fissure au fond du bassin.

Puis, on bascule.

Dans le quotidien d'une personne atteinte de démence sénile, une amnésie progressive qu'illustre cette faille qui se matérialise hors de la métaphore aquatique. C'est beaucoup plus dur et heurtant, dans la réalité du quotidien.

Ce livre aurait pu être d'une grande sensibilité, mais il m'a laissé l'impression d'un exercice de style qui peine à sortir de son aspect formel pour nous embarquer vraiment.
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La ligne de nage

Avec l’écriture si particulière qu’on lui connaît, tantôt très distanciée, tantôt très intérieure, Julie Otsuka nous entraîne dans un roman aussi déroutant que bouleversant.

La piscine où se retrouvent des nageurs, presque obsessionnels, n’est que le prétexte à l’évocation de la perte de mémoire pour Alice, figure qui se détache assez rapidement du groupe.

La force de ce livre est dans son écriture. La description de l’Ehpad est glaçante et pourtant très réelle. Les atermoiements, remords et douleurs des familles sonnent également très vrai.

On retrouve ici l’évocation des camps pour les immigrés Japonais de la seconde Guerre mondiale, comme un fil conducteur depuis Certaines n’avaient jamais vu la mer, comme une manière de passer d’un enfermement à l’autre.

Magnifique !
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Ce roman nous raconte l’immigration des Japonais, et plus particulièrement des jeunes filles japonaises, au début du XXème siècle aux Etats-Unis. Il nous emmène avec elles dans le bateau qui les arrache à leur terre et à leur famille pour les conduire auprès d’hommes qu’elles ne connaissent que par courrier ou photo et qui vont devenir leurs maris ; il nous fait vivre à travers leurs yeux et leurs cœurs, ce voyage, puis cette découverte d’un homme, d’un pays, d’une langue et d’une culture qu’il leur faudra apprendre à apprivoiser ; il nous transporte à travers leurs pensées, leurs surprises, leurs déceptions, à travers les années ponctuées par les naissances, les décès, puis l’arrivée de la seconde Guerre Mondiale et avec elle, de la défiance vis-à-vis de ces familles d’origine japonaise...



Julie Otsuka adopte dans ce livre un style narratif très particulier, répétitif, tel une litanie, une psalmodie. Pour chaque partie du récit, chaque événement, elle alterne dans son roman le pronom inclusif « nous » puis les prénoms et les anecdotes ciblées, emplies de détails et d’émotions ; c’est donc un récit tour à tour très impersonnel puis très personnel. J’ignore s’il s’agit du style habituel de l’auteure ou si elle ne l’a adopté que pour ce livre qu’on devine intime. J’avoue que si ce style narratif, empli de poésie et de douceur, m’a séduite au début du roman, il a fini par me lasser un peu dans les derniers chapitres ; une lassitude due aux nombreuses répétitions mais aussi à un certain manque d’actions, de dialogues. Mais j’ai trouvé le sujet de ce roman à la fois intéressant et beau ; un sujet qui m’a fait découvrir une partie de l’histoire des Etats-Unis et de l’immigration que j’ignorais.
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La ligne de nage

A part son beau titre, ma lecture du nouveau roman de Julie Otsuka "La ligne de nage" a fait Plouf dans la piscine ! Pourtant, j'avais bien aimé "Certaines n'avaient jamais vu la mer" et j'étais motivée pour cette raison par ce livre de la rentrée littéraire, encensé.

Je suis invitée par Babelio à rencontrer l'autrice et suis bien gênée parce que je n'ai pas aimé ce roman qui n'a ni queue ni tête. C'est bien dommage car l'idée de la métaphore de la piscine comme ligne de vie qui peut se fissurer était bonne sauf que cela ne fonctionne pas du tout.

Dans les deux premiers chapitres il y a des descriptions de nageurs et nageuses sans qu'aucun ne soit incarné. Si certains propos sont justes mais pas très originaux comme La piscine est le nirvana ou Il n'y a plus de frontières entre le corps et l'eau, j'ai l'impression que Julie Otsuka veut en parler de façon universelle sans légitimité : toutes les piscines n'ont pas de larges couloirs numérotés de Un à Huit par exemple et surtout je suis surprise que l'autrice considère que les nageurs forment une communauté. C'est sans doute vrai dans les clubs mais en général, quand on pratique la natation en individuel on n'a pas vraiment le temps d'échanger surtout quand on y va sur l'heure du déjeuner si on travaille et que l'on n'a pas beaucoup de temps. D'ailleurs, la communauté décrite pratique quasi-quotidiennement, ce qui me semble exagéré parce que rare mais peut-être qu'aux États-Unis c'est le cas.

Et puis, cette façon de caricaturer les nageurs occasionnels ou de se moquer des surveillants de baignade est agaçante.

C'est dans cette piscine en sous-sol que l'on fait la connaissance d'Alice, une vieille dame qui perd la mémoire, on n'en sait pas beaucoup plus. Déjà, cela sonne faux puisqu'elle rencontre la narratrice à la pharmacie et qu'elle lui dit A bientôt à la piscine ! Ce qui est peu probable pour une personne qui oublie.

Je suis d'accord avec le fait de se sentir soi-même en nageant mais pas d'avoir l'impression d'avoir gâché sa vie quand la piscine ferme parce qu'il n'y a pas d'explication aux fissures qui apparaissent au fond de la piscine, sans fuites d'eau, mais inquiétantes.

Cette métaphore permet de faire un bon, subitement, dans un établissement où Alice doit séjourner suite à une maladie qui ressemble à Alzheimer (et de changer le point de vue de la narration).

Je sais bien que l'on est au États-Unis mais c'est le genre de description qui me met en colère. L'établissement ressemble à une prison comme si cela ne pouvait pas être autrement. Je m'érige en faux contre cette critique systématique des Ehpad alors que la plupart font un travail formidable et nécessaire, et je parle d'expérience.

On sent dans ce roman le poids de la culpabilité de la narratrice, fille d'Alice. Je me demande quel est le rôle de la famille dans ce cas, le soutien au père qui doit accompagner sa femme et les solutions possibles pour l'aider à vivre de façon apaisée.

J'ai l'impression que ce livre sert uniquement d'exutoire à Julie Otsuka face à la tristesse de la perte de sa mère (vous me direz c'est déjà pas mal). En tant que lectrice, je trouve que le texte flotte, ce qui est gênant compte-tenu du sujet.





Challenge Riquiqui 2022

Challenge Multi-défis 2022

Challenge ABC 2022-2023

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Certaines n'avaient jamais vu la mer

J’ai lu ce livre après la parution du dernier livre de Julie Otsuka (rentrée littéraire 2022) en voulant découvrir celui qui a obtenu le prix Femina en 2012. J’ai été émue par le destin de ces femmes japonaises qui pensent partir pour découvrir le rêve américain dans les bras d’un mari qu’elles n’ont jamais rencontré, sur la seule base d’une photo flateuse. Destin malheureusement pas aussi doux que celui dont elles rêvaient. L’émotion apparaît également à la fin du livre sur une autre page noire de l’histoire de la seconde guerre mondiale peu connue des 2 cotés de l’Atlantique.

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La ligne de nage

« Certaines n’avaient jamais vu, la mer », ceux qui ont lu cet texte de Julie Otsuka, traduit en France en 2012, se souviennent sans doute avec ferveur de ces pages, au style incantatoire et envoûtant, dans lesquelles elle évoquait le voyage de ces japonaises en quête d’un mari américain au début du XXe siècle, leur déception rapide à l’arrivée et leur difficile installation aux Etats-Unis, le mépris, le racisme et les violences qu’elles allaient endurer. Le nouveau roman de l’auteure, La ligne de nage, obéit à une structure différente, mais on y retrouve le même génie littéraire, un talent particulièrement affirmé pour faire naître d’une scène tout un tissu de réflexions et d’émotions, grâce à la scansion si particulière d’une prose aux effets de transe, composée de courts paragraphes, reprenant en le modifiant, comme dans une fugue de Bach, un même motif en le modifiant légèrement à chaque fois, selon un système récurrent .

Tout commence dans une piscine souterraine, un bassin dans lequel une petite coterie de nageurs alignent les longueurs, avec application et discipline. Parmi eux, fondue dans le groupe, discrète présence encore, Alice, qui se révélera, dans la seconde partie du roman, être la mère de la narratrice… Ils sont très différents socialement les uns des autres, ces nageurs, peu soucieux de partager le reste de leurs existences, mais ils se retrouvent dans un même amour des règles de l’établissement et des rituels qu’ils ont institués, une routine commune qui les oppose à ceux « d’en haut », les nageurs des autres piscines, mais aussi leur offre un bonheur de quelques heures loin de leur propre quotidien à la surface. Tant qu’ils suivent leur « ligne de nage » et se respectent mutuellement, la sérénité leur semble promise, même si le lecteur ressent très rapidement, derrière cette apparente tranquillité, une atmosphère étrange, voire angoissante, comme un calme kafkaïen, si l’on peut dire… Et un jour, une fissure, une petite fêlure de rien du tout, à l’instar d’un mince trait de crayon, apparaît sur le fond du bassin. Il n’en faut pas plus pour briser l’harmonie, entraîner les uns et les autres à multiplier leurs interprétations de l’événement, d’autant plus que, bientôt, les fissures elles-mêmes se mettent à proliférer, laissant envisager un « cluster » de fêlures. Toutes les explications possibles sont envisagées, et des remèdes sont essayés, mais rien n’y fait, et la direction de la piscine est contrainte d’annoncer sa fermeture, bouleversant par cette nouvelle la petite secte des nageurs…

La seconde partie du roman, avant que l’on ne comprenne pourquoi l’ordre régnant dans l’univers de la piscine et la fissure qui vient y mettre tragiquement fin peuvent être lus après-coup comme des métaphores du destin d’Alice, nous transporte dans un monde radicalement différent, celui d’un Ehpad spécialisé dans l’accueil des personnes atteintes d’Alzheimer et d’autres démences séniles. Le quotidien des résidents y est réglé par un ensemble de lois strictes jusqu’à l’absurde, tandis que la télévision gronde en continu dans leur chambre et les espaces communs, et que l’on veille à ne leur laisser aucun espoir de rémission ou de retour à leurs vies antérieures. C’est là qu’Alice, quelques temps après la fermeture de la piscine, a échoué. Car Alice oublie, car Alice, si elle se souvient de détails et de situations de son passé le plus ancien, perd la mémoire de ses actions et des informations les plus récentes, et n’est plus capable, bien souvent, de reconnaître ses proches… Aux longueurs de nage et aux paragraphes rythmés à leur mesure des deux premiers chapitres, se substituent, dès lors, dans les suivants, les étapes de ce long voyage d’oubli, comme les stations d’un chemin de croix, un calvaire partagé ses proches, quand son mari voit ses attentions mal récompensées, quand la tendresse d’une fille se mue en culpabilité. Derrière cette Alice, d’ailleurs, et cette fille sans nom, certains détails (allusions à la carrière et aux livres de la romancière) laissent deviner toute la charge autobiographique de l’histoire… On ne sort pas indemne de ce texte, évoquant avec toute la magie efficace de l’écriture de Julie Otsuka, un drame aujourd’hui universel. Un bouquin olympique, un grand bassin d’écriture… Plongez-y !

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La ligne de nage

C’est un monde à part qui est décrit par Julie Otsuka, peuplé d’inconnus qui ne le sont plus totalement les uns aux autres par leur fréquentation régulière du lieu. On se remarque, on se respecte, on se surveille, on se sourit. A la piscine se côtoient des personnages qui ont en commun de s’échapper dans ce refuge aquatique loin de la réalité. « Ici, à la piscine, je suis moi-même. » dit Alice.



J’ai aimé les descriptions précises et délicates de ce monde à part. Le style est ciselé, les descriptions jamais ennuyeuses et je me suis sentie comme une aveugle à qui on décrit le décor et les personnages. Le film se diffuse lentement et agréablement.



Puis c’est la fissure … qui bouleverse l’ordre des choses. Rien ne sera plus jamais pareil. On assiste à un effondrement progressif que j’ai aimé comparer aux événements auxquels la vie nous confronte et que nous sommes amenés à dominer, ou pas, individuellement ou collectivement.



La deuxième partie pointe sur Alice pour laquelle la fissure aura une portée intense. J’ai été dérouté par le virage du roman et j’ai eu du mal à trouver un lien avec la première partie. Au bout de quelques pages, j’ai décidé de me concentrer sur cette nouvelle histoire et j’ai suivi la narration sinueuse de l’autrice qui apporte des points de vue multiples sur la situation de cette héroïne en perte de mémoire, qui rapporte des souvenirs encore présents, des pointillés d’oubli, des soins cliniques et aseptisés, la perplexité et la détresse de la famille.



J’ai été bousculée par cette histoire à plusieurs dimensions. Parabole de la vie moderne, où la survie est conditionnée par un échappatoire. Drame de la vie moderne où la mémoire est mise à mal par une pathologie qui s’étend. Ce livre est très différent du précédent (« certaines n’avaient jamais vu la mer »). Jamais triste, il nous emplit de sensations qui subsistent longtemps après avoir tourné la dernière page et nous font toucher du doigt l’importance de la permanence des choses dans l’ancrage de nos vies, et de la nécessité de s’offrir des espaces de liberté.

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La ligne de nage

Toujours rester sur sa ligne de nage pour se sentir en sécurité… et pourtant un jour tout commence à vaciller, de moins en moins de repères, l oubli de soi.

Si la 1ère partie de ce roman nous plonge dans l univers très réglé et orchestré des nageurs (avec beaucoup d humour), la 2nde partie est particulièrement touchante et bouleversante. Nous suivons Alice dans son quotidien au sein d un établissement spécialisé qui finalement prive ses patients de leur humanité. Et avec tout la pudeur qui la caractérise, Julie Otsuka nous raconte les relations mère-filles quand la mémoire s efface.

C est un roman assez mélancolique, au ton juste, non sans humour d ailleurs mais c est surtout une ode au Présent.

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La ligne de nage

Rentrée littéraire de l'automne 2022...Julie Otsuka." La ligne de nage "

Un petit ovni..ce livre...

Julie Otsuka avait écrit en 2012 "Certaines n'avaient jamais vu la mer ", couronné du prix Femina Étranger . Je n'ai pa lu celui ci mais je me doute que "la ligne de nage" était vraiment attendu, puisque l'érivaine n'avait apparemment rien publié depuis.

C'est un livre d'une grande douceur, au style et rythme étrangement apaisants, en phase avec le fond de l'histoire. Les deux premières parties se déroulent dans une piscine.L'autrice nous présente d'abord les nageurs fidèles qui sont tous d'horizons différents mais ont pour point commun de chercher dépaysement, apaisement dans ce moment un peu hors du temps qu'est l'univers aquatique .Ensuite survient un petit événement, une fissure ( sans conséquence) au fond du bassin, mais qui les questionne sur leur routine, leurs habitudes, les oblige à se parler.La dernière partie concerne une des nageuses que l'on sait atteinte d'un début d'Alzheimer et on la suit dans cette longue faille descendante qu'est la perte de sa mémoire , jusqu'à son arrivée en Ehpad. Tout ceci est très doux , une lente glissade, très bien traduite par le style tranquille, bienveillant et envoûtant de Julie Otsuka. Moi qui n'aime pas beaucoup les piscines, j'ai douté, au début , de l'intérêt que j'allais porter à ce livre pourtant court (163 pages) - notamment quand les protagonistes se sont mis à échanger au sujet de la fissure - mais en fait , ce roman "coule" facilement, tout glisse...et je me suis attachée à cette histoire .La dernière partie est spécialement belle, les sentiments entre la mère et la fille, entre le mari et la femme sont extrêmement touchants, une tręs belle page de vie..On referme ce livre avec un sentiment de plénitude, un très agréable moment de lec
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La ligne de nage



Un très beau livre, avec deux parties différentes mais liées l’une à l’outre.



Les liens fait par Julie Otsuka entre les fissures de la piscine et celles du cerveau d’Alice, l’environnement stérilisé et ritualisé de la piscine fait écho à celui de l’EHPAD.



Il est question de fin de vie, de la perte de mémoire, perte du Soi, de l’autonomie, de l’humanité (quand les structures gériatriques sont déshumanisantes).



Une vie qui s’effiloche, des souvenirs qui se dissipent dans l’eau de la piscine.



Un magnifique roman, quel plaisir de retrouver Julie Otsuka, 10 ans après son dernier livre.



Je remercie Babelio et Gallimard pour ce beau livre
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