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Citations de Julien Green (916)


[..] presque tous les enfants sont des poètes, c'est-à-dire qu'ils ont souvent un sens assez profond du mystère; ils sont dans un monde un peu comme des étrangers qui arrivent dans un pays où ils n'avaient jamais mis les pieds, et ils regardent autour d'eux avec beaucoup d'étonnement. Le but de l'éducation est de faire peu à peu disparaître cet étonnement en expliquant à l'enfant le sens de ce qui l'étonne. Et peu à peu il grandit et se sent tout à fait chez lui dans un monde où plus rien ne peut l'étonner. Et c'est ainsi que meurent les poètes.
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On peut comparer les enfants à un vaste peuple qui aurait reçu un secret incommunicable et qui peu à peu l'oublie, sa destinée ayant été prise en mains par des nations prétendues civilisées. Tel homme chargé d'honneurs ridicules meurt écrasé sous le poids des jours et la tête pleine d'un savoir futile, ayant oublié l'essentiel dont il avait l'intuition à l'âge de cinq ans.
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On peut dire la couleur des yeux gris nuancés de bleu pâle. Cependant on ne rend pas avec des mots la tendresse d'un regard. Or, j'avais faim de cette tendresse. Il me semble que ce que nous faisons de plus sérieux sur cette terre, c'est d'aimer, le reste ne compte guère.
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...Après une incertitude, les mots semblent venir tout seuls. L'un d'eux voltige autour de moi. Il est à la mode et je ne suis pas sûr d'en bien saisir le sens, mais il fait diablement sérieux ce qu'il me faut..
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Julien Green
Rien ne ressemble plus à des vies ratées que certaines réussites
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" L'enfant dicte et l'homme écrit "
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17 septembre 1928 : Ce nouveau journal que je me propose de tenir le plus régulièrement qu'il me sera possible m'aidera, je crois, à voir clair en moi-même. C'est ma vie entière que je compte mettre en ces pages, avec franchises et une exactitude absolue… Que deviendra ce livre ? Je n'en sais rien, mais ce sera pour moi ne satisfaction de penser qu'il existe.

368 - [Le Livre de Poche n° 3703, p. 45]
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9 avril 1926 : Cette journée qui me paraît sans intérêt maintenant me paraîtra tout autre dans un an ou deux, quand je relirai cette page. C'est peut-être la seule raison pour laquelle je veux essayer de tenir un journal.

Je suis assis dans le salon, à une table ronde sur laquelle est posée une lampe. Mon père est dans le grand fauteuil anglais, avec le chien, et lit son journal Le Temps. Ma sœur Lucy est accroupie sur le tapis devant le feu de bûches. Ma sœur Anne, près de moi, lit les lettres envoyées par ma mère à ma sœur Mary et trouvées dans les papiers de cette dernière après sa mort, il y a un an.

367 - [Le Livre de Poche n° 3703, p. 19]
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« Brook Farm avait été fondée par des adeptes du fouriérisme que l'état présent de la société ne contentait point. Aussi avaient-ils résolu de créer une communauté idéale où tout le monde gagnerait son pain, où les riches n'existeraient pas. L'Amérique entière applaudit et les regarda. Mais les intellectuels labourent mal et sèment en dépit du bon sens, et déjà Brook Farm n'allait plus si bien lorsque Hawthorne vint lui prêter le secours de ses bras. Il travailla toutefois, bêcha la terre, transporta d'innombrables brouettes de fumier sous un soleil impitoyable. Lorsqu'il en eut assez, il retourna chez lui. »
« Et à propos de Rousseau : « C'est un méchant homme. Je signerais plus volontiers son arrêt de déportation que celui de n'importe quel coquin d'Old Bailey. Oui, j'aimerais le voir travailler dans les plantations. » (Johnson)
« Il (Johnson) visita Paris, Versailles et quelques villes de province, mais rien de ce qu'il observa ne put modifier sa triste opinion des Français. « Ce sont des gens grossiers, mal élevés et ignorants, disait-il quelques années plus tard à Boswell. Chez eux, une dame crache par terre et frotte ensuite le plancher du bout du pied. J'ai appris en France à mieux aimer mon pays. »
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Le réchauffé me fait horreur. C'est ce que j'ai contre les Mémoires. J'aime mieux le débraillé du Journal.
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La vie est un romancier au travail trés inégal. Mais cette scène est admirable.
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Depuis quelque temps, elle avait pris l'habitude de parler sans interlocuteur et le son de sa voix lui tenait compagnie, mais parfois elle était troublée par le silence qui suivait ses phrases. Malgré tout, elle devenait bavarde dans sa solitude. Peut-être voulait-elle faire taire le silence. On lui avait jadis offert un petit poste de radio, mais elle ne savait pas très bien le faire marcher, et d'autre part, elle recevait toujours une impression désagréable des nouvelles. Aussi, la boîte couleur d'acajou restait-elle toujours au fond d'un placard.
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Comme Guéret refermait derrière lui la porte du restaurant, une pensée lui vint à l'esprit, une pensée familière qui le visitait depuis des années, dans des moments de grand trouble : "C'est le destin, c'est mon destin". Et cette constatation le rassurait, comme tout être faible est rassuré lorsque son sort est mis entre les mains d'une puissance supérieure, même s'il doit en souffrir, même s'il doit perdre la vie. Désormais, il n'aurait plus rien à décider de lui-même ; les événements, bons et mauvais, se produiraient tout seuls. Puisque cette femme insistait pour qu'il revînt chez elle, il reviendrait, et il voyait là un signe, la marque d'une volonté mystérieuse qui présidait à son existence.
Le matin même, en serrant dans sa poche la bague qu'il destinait à Angèle, une joie stupide l'avait saisi tout d'un coup. S'il réussissait après tout ? Jusque là il n'avait pas cru que cela fût possible ; quand il désirait trop vivement quelque chose, en effet, il était sûr de ne jamais l'obtenir ; la vie lui avait appris cela, mais, pendant une brève minute, sans raison, il avait cru au succès, il s'était dit : "Même si elle ne m'aime pas, elle comprendra que je souffre trop." Et les longues heures d'anxiété lui avaient paru n'être plus rien au prix de cet instant où le bonheur semblait se rapprocher de lui.
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J'ai connu plusieurs écrivains qui se croyaient des géants parce qu'ils vivaient au pays des nains. Quoi que nous en ayons, il faut, si nous voulons savoir ce que nous valons vraiment, nous reporter en arrière et nous comparer à ce qu'il y a de meilleur. Entre vivants, les jugements que nous portons les uns sur les autres sont suspects. A tous les écrivains qui se croient quelque chose, je conseille une courte promenade le long des quais ; qu'ils jettent un coup d'œil dans les boîtes des bouquinistes, ils verront ce que vaut leur petite gloire.

82 – [Le Livre de poche n° 3704, p. 261]
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– Je voudrais écrire pour celui qui est seul.

81 – [Le Livre de poche n° 3704, p. 252]
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6 août 1931 : La difficulté d'écrire, je l'éprouve tous les jours, est de trouver le lien invisible qui unit les unes aux autres toutes les phrases d'un livre. Je veux dire que deux phrases étant écrites, il doit en exister une troisième non écrite, qui joint ces phrases de telle sorte que sans elle les mots tracés sur le papier perdent quelque chose de leur sens. Cette phrase idéale, on doit en entendre le son, mais seul un mauvais écrivain essaierait de l'emprisonner dans les jambages de l'écriture car elle doit voler comme vole le souffle sur les lèvres d'un homme qui parle, et c'est elle qui fait que la page respire.

16 - [Le Livre de poche n° 3703, p.163]
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1er octobre 1931 : Ce journal est vraiment la bouteille à la mer. Sa nature le rend presque impubliable de mon vivant. Il est à la merci de l'accident le plus banal. Après ma mort, de pieux nigauds peuvent mettre la main dessus et le jeter au feu (non sans l'avoir lu d'abord). Atteindra-t-il jamais les dernières années de ce siècle ? A travers tous les bouleversements qui nous menacent, quelle chance peuvent avoir ces quelques kilos de papier de tomber juste entre les mains « hostiles » qui en auraient soin ?

15 - [Le Livre de poche n° 3703, p. 177]
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Vers cette époque se place la première aventure où la vie et mes rèves essayèrent de se joindre.
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Aujourd'hui encore, lorsque je passe par certaines rues, une ou deux fois l'an, si l'air est frais, s'il a quelque chose de virginal que l'on sent aux approches de l'automne, j'entends les appels de mon enfance. Tout recule et s'efface dans la nuit de la conscience ; il n'y a plus que ces voix indistinctes que je suis seul à écouter. Ah ! que ne retrouve-t-on telle minute où le coeur battait fort, où la tête alourdie de rêves se penchait sur une image du livre, alors qu'on n'osait tourner la page, de peur de troubler la merveilleuse immobilité des choses autour de soi. Assis par terre, entre la porte et la cheminée, je retenais quelquefois mon souffle et ne bougeais pas, effrayé de ce silence que j'encourageais et de l'ombre qui s'épaississait dans la chambre. Sur le tard d'une belle journée de vacances, d'un jeudi solitaire, si plein déjà de souvenirs et de regrets, je ne comprenais pas comment venait le soir. En vain j'attachais mes regards sur la porte blanche que frappaient les derniers rayons de lumière, il arrivait un moment où je ne la voyais presque plus, puis plus du tout, mais cela était imperceptible. Je ne distinguais même plus mes mains. Ensuite la fenêtre devenait toute noire et, derrière les rideaux de tulle, des étoiles se mettaient à briller. Je reprenais alors les chansons que je murmurais d'une voix un peu inquiète, et quand tout à coup la terreur fondait sur moi avec la nuit, je me levais d'un bond et me précipitais hors de cette chambre.
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Tout à coup elle eut peur. Sa main droite crispée sur la manche d'un couteau s'arracha de la poche où elle le tenait caché depuis une heure, et le geste fut fait avant qu'elle s'en rendit compte, tellement elle y avait songé. Du premier coup, la pointe trouva l'endroit que les doigts avaient touché dans la voiture, sous les revers du manteau. La violence du choc la fit tomber à genoux et elle resta ainsi un court instant avant de s'abattre. Au-dessus d'elle, le mouchoir qui s'était échappée de sa main palpitait dans le vent comme l'aile d'un grand oiseau blessé.
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