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Critiques de Julien Hervieux (255)
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Toujours prêtes !

Cette BD est destinée à réparer une injustice dans le cadre de l’égalité homme-femme. Je sais que ce débat est assez stigmatisant mais parfois nécessaire pour pouvoir avancer dans le bon sens. On peut y voir en effet du féminisme racoleur surtout avec un tel titre qui fait slogan de campagne. Cela ne sera pas mon cas.



En effet, il s’agit de réhabiliter des figures féminines qui ont été oublié par l’Histoire alors qu’elles ont accomplies de véritables exploits que cela soit dans la découverte scientifique ou sur un champ de bataille.



On verra divers exemples très variés mais qui se consacre au destin de femmes durant les deux guerres mondiales. La place de la femme n’a jamais été véritablement reconnue. Il s’agit de raconter de petites histoires pour montrer qu’elles ont joué un rôle non négligeable tout en étant très courageuses. En même temps, cela rétablit des vérités historiques.



J’ai évidemment aimé cette BD non seulement pour son objectif mais également sur la forme. Le dessin est en tous les cas assez avenant et dynamique. Le propos va droit à l’essentiel également. C’est d’une grande simplicité ce qui concourt à la fluidité de lecture de l’ensemble. Par ailleurs, l’humour est présent pour nous présenter ces femmes remarquables.



Au final, on ressort plutôt ravi de cette BD qui met les femmes à l’honneur dans un rôle d’héroïnes combattantes. J’aurais juste un petit bémol lié au fait que je n’aime pas trop les femmes soldats faisant la guerre. Oui, je préfère une autre image de la femme dans sa grâce, dans sa douceur et sa tendresse. Bien évidemment, cela n’engage que moi. Libre au monde d’avoir des Margaret Thatcher ou des Elisabeth Borne. Moi, ce n’est pas ce que je préfère.



Une BD à offrir à tous les hommes un peu macho. Cependant, je ne suis pas certain qu’ils vont la lire.
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Sur les rails

Sam, un cadre supérieur dans le domaine du marketing qui vient de se faire salement licencier pour une affaire de harcèlement montée de toutes pièces, échafaude un « business plan » pour professionnaliser le commerce de la cocaïne en s’associant avec un petit caïd de cité, Malik. ● Voilà ce qui se passe lorsqu’on n’a aucune réelle connaissance du terrain sur lequel on bâtit une histoire : tout est bancal, invraisemblable, et très souvent la limite du grotesque est allègrement franchie. ● Peut-être l’auteur s’est-il documenté en lisant des articles de presse ou des pages Internet, mais cela ne suffit pas. On dirait par exemple qu’il ne sait pas que le trafic de drogue est déjà envahi par le marketing, ce qui fiche en l’air tout son pitch à la racine. Ses racailles de cité sont en carton, les dialogues bidon, les coups montés entre Sam et la police sont absolument ridicules, bref, c’est nul. ● Si vous voulez d’excellents polars sur le trafic de drogue dans les cités, alors abandonnez celui-ci et lisez plutôt la géniale trilogie d’Olivier Norek : Code 93 (2013), Territoires (2014) et Surtensions (2016).
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Le petit théâtre des opérations, tome 2 : Faits..

Autant j’avais apprécié le premier opus, version non dessinée, sur les faits d’armes de la Première Guerre mondiale, dont la critique est présente ici sur Babelio, autant ce tome deux scénarisé sous forme de BD ne m’a pas convaincue. Non pas que les anecdotes relevées ne soient pas étonnantes, drôles, cocasses ou incroyables, mais les dessins n’apportent pas le plus attendu et quelquefois même embrouillent plutôt les faits.

Ceci dit les petites histoires sur la grande Histoire restent tout de même attractives car complètement improbables. Et je remercie Babelio et les éditions Fluide glacial qui m’ont permis de les découvrir.



C’est ainsi que j’ai été surprise par :

- La terrible bataille de Stonne (Ardennes) en 1940, village qui va changer de main dix-sept fois ! Et où un unique char français a tenu tête à 13 chars allemands.

- Le pilote d’avion anglais Douglas Bader, une légende, qui tournait comme une toupie autour des avions allemands sans jamais ressentir de « G » (le sang descend de la tête aux pieds et provoque l’évanouissement du pilote) : il était cul-de-jatte !

Bien d’autres anecdotes m’ont touchée mais celle qui m’a le plus marquée est celle d’Eugène Bullard, noir américain, petit-fils d’esclave, pilote pendant la Seconde Guerre mondiale, injustement méconnu pour ses exploits, est enfin reconnu par l’US Air Force en 1994, mais à titre posthume.



Une BD pleine d’humour et sympathique car riche en enseignements et un incontournable pour saluer la mémoire de tous ces hommes courageux qui ont combattu pour la liberté.
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Le petit théâtre des opérations, tome 1 : Faits..

Aux soldats inconnus, aux soldats oubliés.

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Ce tome est le premier d’une série de trois, ayant donné lieu à la série dérivée Toujours prêtes !, tome 1 (2023), par Virginie Augustin & Julien Hervieux. Cette bande dessinée a été réalisée par Monsieur le Chien pour les dessins, L’Odieux C. (pour son nom complet, se reporter à la couverture) pour le scénario, et des couleurs réalisées par Olivier Trocklé. La parution initiale date de 2021. L’album prend la forme d’une anthologie, regroupant huit histoires indépendantes, comprenant entre quatre et neuf pages, chacune consacrée à un individu ou un groupe d’individus différent. Chaque chapitre comprend une page supplémentaire avec deux photographies d’époque, et un court texte complétant la réalité historique de ce qui a été raconté.



Dixmude, la naissance d’un bataillon, sept pages. TGV 8042, le Troyes-Paris de 15h27. Deux jeunes garçons braillent à tue-tête pour défendre l’un que le plus grand prédateur marin c’est le requin, et l’autre que c’est l’orque. Un homme en costume-cravate se lève après avoir revêtu un masque de Mickey, et il abat la crosse de son pistolet sur les enfants pour les faire taire. Le plus grand prédateur marin, c’est le breton. La mère arrive et s’arrache les cheveux en voyant le carnage, pendant que l’homme brise le quatrième mur et s’adresse au lecteur pour lui raconter une histoire vraie, l’histoire de Dixmude. 1914, la guerre vient d’éclater et ça va visiblement surtout se jouer à terre. L’état-major confie donc au contre-amiral Pierre-Alexis Ronar’ch de rassembler tous les marins qui glandent sur les bateaux. Et sur les bateaux, il y a de tout : les cuistos, les électriciens, les mousses, etc., environ 6.500 hommes. Peu après, l’état-major leur trouve une affectation : ces fusiliers marins vont aller défendre Paris, et les Parisiens leur donnent le surnom de Les demoiselles de la marine. Pour d’évidentes raisons, le nom n’est pas resté. Cependant, le destin des marins va se jouer dans un bureau, leur nouvelle affectation : rejoindre les Belges pour la bataille de l’Yser à Dixmude. Ce bataillon se révèle être bien différent de la vision d’unité pourrie qu’avait l’état-major.



Mad Jack Churchill, le soldat à l’arc, cinq pages. Campagne de France en 1940, des soldats allemands avancent précautionneusement dans les rues désertées d’un village. Soudain, un léger sifflement, et un des soldats tombe mort, une flèche fichée dans la joue droite. L’armée allemande vient de rencontrer une légende : Mad Jack Churchill. Le lieutenant-colonel donne l’ordre à ses soldats de charger. Lui-même s’élance l’épée à la main, de type Broadsword. Il est ensuite nommé dans les Commandos. Lors d’une attaque, il marche seul vers une unité allemande avec comme tactique : avancer vers l’ennemi au son de la cornemuse, jeter la première grenade, attaquer à l’épée en hurlant. Ça marche. Plus tard en Italie, il attend la nuit pour que cesse les tirs de canon, et utilise la même tactique : la cornemuse et l’épée. Avec cinquante hommes, Mad Jack vient de capturer la position ennemie et cent-trente-six Allemands qui n’ont rien compris. La bataille de Menton, David et Goliath dans les Alpes, cinq pages. Le 18 juin 1940, la guerre ne se présente pas bien pour la France. Forcément, ça donne des idées à un certain Benito Mussolini : envahir la France. À Menton, dans les Alpes, l’alerte est donnée. Le pont Saint-Louis qui relie la France à l’Italie est verrouillé.



Voilà une série aux caractéristiques peu communes : une anthologie dont toutes les histoires sont réalisées par la même équipe créatrice, des récits de guerre narrés avec un ton persifleur, la bravoure au combat sans exalter le sentiment patriotique ou l’agressivité virile, des dessins dans un registre réaliste mais avec des exagérations entre humour et maladresse, sans même parler du patronyme du scénariste que la bienséance proscrit d’écrire en entier. Le premier fait d’armes se déroule pendant la première guerre mondiale et met en scène la naissance d’un bataillon fait de jeunes bretons de tout juste dix-sept ans dont il ne revint que la moitié. Le lecteur se retrouve d’entrée de jeu, déstabilisé par le ton persifleur de la narration, tant par les dialogues et les cartouches de texte que par les dessins. Le massacre des deux enfants à coups de crosse par un monsieur avec un masque de Mickey annonce pourtant la couleur : humour noir et politiquement incorrect, exagération, sans glorification de cette réaction qui apparaît anormale. Le lecteur voit bien que le dessinateur apporte beaucoup dans cette veine : les grands yeux bleus des enfants, leur mère s’arrachant les cheveux dans une réaction hystérique, l’étrange badge Smiley ornant le revers de veste du monsieur. Ça continue dans la même veine parodique, moqueuse et irrespectueuse avec le récit de guerre en lui-même.



L’artiste représente tous les fusiliers marins bretons comme des hommes de petite taille, environ un mètre trente. Beaucoup se déplacent pied nu. Ils présentent une morphologie très tassée : court sur patte, un torse de barrique, une largeur d’épaule de gorille, des membres très épais. Des exagérations comiques dans les expressions de visage. Un fusilier qui distribue des baffes à un soldat allemand comme Obélix le ferait à un soldat romain. Après l’ouverture des écluses, la mer du Nord a envahi Dixmude, et du fait de leur petite taille seul le calot à pompon des marins dépasse de la surface de l’eau. Sans oublier d’énormes pansements sur la tête et sur les membres de soldats après un combat. Cette veine visuelle humoristique se retrouve dans chacun des huit récits : des lapins et des taupes qui regardent les soldats en manœuvre, Jack Churchill qui attaque des nazis en sautant d’un toit avec son épée écossaise ancienne dans une main et sa cornemuse dans l’autre, une grenade dégoupillée portant l’inscription Cadeau de France, des tentacules dépassant de la petite ouverture d’une porte de cellule, un dessin de chauve-souris avec un bandana aux couleurs de l’Union Jack et une ceinture d’explosifs, un pirate évoquant Jack Sparrow avec un perroquet muni d’un casque à pointe, la grande faucheuse accueillant toute tremblante Albert Roche dans les cieux, etc. L’artiste n’hésite pas à servir de l’humour bien noir, bien macabre, comme cette case avec uniquement les deux pieds, chevilles et la moitié des tibias, le reste du corps du soldat ayant été emporté par un obus. Ces choix dans la narration visuelle désamorcent et neutralisent toute forme de glorification de la bravoure au combat, mais sans pour autant ridiculiser les militaires, un équilibre subtil parfaitement tenu tout du long.



Au premier coup d’œil, les dessins présentent des caractéristiques peu engageantes sur le plan esthétique : visages parfois caricaturaux pas très bien finis (même si le lecteur éprouve la surprise de voir passer Tintin en page vingt-huit pour servir la soupe à Anna Iegorova ; il se fait sévèrement maraver), traits de contour très fins parfois comme mal assurés donnant une sensation de manque de consistance, niveau de détails de la reconstitution historique très variable et sujets à caution par endroit. Pour autant, la lecture génère une impression très différente. Cet équilibre à se trouver toujours sur le fil, entre dérision et respect. Cette inventivité dans les gags visuels, et la capacité à les intégrer dans le fil de la narration. La facilité avec laquelle chaque dessin permet de comprendre immédiatement où se situe l’action, quelle manœuvre est en train de se dérouler, quelles armées sont en présence. Et toujours ce dosage incroyable entre l’exagération qui donne à voir ces hauts faits tellement improbables (Ah ben si, s’avancer sur le champ de bataille avec sa cornemuse !) et les éléments historiques qui nourrissent comme il faut la reconstitution et le récit.



L’Odieux C. a choisi les faits d’armes comme suit : deux pendant la première guerre mondiale six pendant la seconde. Il évoque l’armée française avec les fusiliers marins bretons à Dixmude, les neuf soldats de l’équipage d’une casemate défendant un pont dans la région de Menton, l’incroyable carrière militaire de René Fonck (1894-1953) pendant la seconde guerre mondiale (et l’adoration des foules avec cette femme portant un teeshirt avec l’inscription Fonck me !), et celle tout aussi incroyable et fougueuse d’Albert Roche (1895-1939), blessé neuf fois, ayant capturé 1.180 soldats allemands, et surnommé le premier soldat de France par le maréchal Ferdinand Foch (le scénariste le surnommant le Captain America français). Il évoque également d’autres armées : le britannique Jack Churchill (1906-1996) avec son épée et sa cornemuse, l’aviatrice russe Anna Iegorova (1919-2009), le dentiste américain Adams, une idée de camouflage d’un navire de l’armée allemande. Chaque récit permet de comprendre le haut fait militaire remarquable et laisse le lecteur se représenter la personnalité de l’homme ou de la femme, ou des hommes qui les ont accomplis. Les dialogues et les cartouches de texte utilisent des phrases courtes et simples, avec un ton persifleur à sa manière, différente de celle de la narration visuelle. La quatrième de couverture fait état d’un ton décalé mais toujours documenté, et le lecteur effectue le même constat. Au cours de sa lecture, il fait l’expérience que ce mode narratif permet aux auteurs de se focaliser sur le caractère extraordinaire de ce qu’ils racontent, sans critique ou louange des combattants. Pour autant, sont présents un certain nombre de jugements de valeur, par exemple le fait qu’Anna Ierogova ait été aussi bien torturée par les ennemis que par son propre camp.



Le petit théâtre des opérations : une façon de dire que cette bande dessinée évoque des opérations militaires en mettant en scène une petite poignée d’individus à chaque fois. Le lecteur ne s’attend pas forcément au ton sarcastique de la narration, tout en se rendant compte que le scénariste sait de quoi il parle et que le dessinateur parvient à un savant dosage entre persiflage et montrer les faits. Il découvre, ou retrouve en fonction de sa culture en la matière, des hauts faits militaires peu communs, sous l’angle de leur caractère extraordinaire, tout en respectant la réalité historique, l’humour évitant toute forme de caution des conflits, tout en apportant la touche d’humanité nécessaire.
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Au service de sa majesté la mort, tome 1 : L'..

Intriguée par la couverture, plus qu'intéressée par le résumé, ravie de ma lecture. Voilà comment j'aime que mes lectures se déroulent. Et franchement, je l'avoue, je ne pensais pas autant aimer le roman, ce qui est une surprise de plus. Bon, il y avait, certes, beaucoup de choses qui avaient de quoi me plaire : du surnaturel, l'époque, Londres, une organisation secrète, des secrets, une héroïne dégourdie... Un très bon mélange qui a su me charmer rapidement et qui je l'espère pour la suite, saura garder le cap.



Nous rencontrons donc Elizabeth, une jeune femme intelligente et curieuse, qui se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment et qui finit par être assassinée... Mais l'histoire ne s'arrête fort heureusement pas mal car elle est choisie par Charon, lui-même, pour faire partie de l'organisation des Revenants, des morts revenus à la vie pour servir la Grande Faucheuse, et chasser les trompes-la-mort. Intriguant, non ? Comment résister et ne pas entrer dans ce monde étrange et captivant où l'on croise des êtres hauts en couleurs et parfois diaboliques. Avec un concept de base original, Julien Hervieux continue à charmer avec un univers maîtrisé et riche. Que cela concerne l'Ordre ou leurs ennemis, il n'y a pas de faux pas. On ne s'ennuie pas non plus car on passe allègrement entre la découverte des Revenants, leurs codes, l'apprentissage d'Elizabeth, les personnages et les missions. Je ne me suis pas sentie perdue ou avec une tonne de questions. Autant dire que pour un premier tome, c'est plus que chouette.



Côté personnages, j'ai été agréablement surprise. J'ai toujours beaucoup de mal avec les personnages féminins créés par des hommes, et là, Elizabeth est juste parfaite. Le genre d'héroïne avec qui j'accroche tout de suite. Intelligente, gentille, forte et vulnérable à la fois, la tête sur les épaules, dégourdie... Elle aime son prochain et a un sens de la justice, deux points qui vont la conduire à remettre en question son nouveau statut mais qui sont aussi parfaits vis à vis de l'intrigue. J'y reviendrais plus tard. Nous découvrons aussi les autres membres de l'Ordre. Entre Iseult qui se montre autoritaire et parfois assez sans coeur, Duncan paternel mais pas que, Hank adorable au possible et Béatrix qui est une alliée de taille, il n'est pas difficile de trouver quelqu'un à qui s'identifier ou à aimer. Il y a aussi une bonne dynamique qui évolue avec Elizabeth. Pas de stagnation. Que des plus, je vous dis !



Et puis, il y a aussi la mission des Revenants. Ces chasseurs de contrats des trompes-la-mort, des humains qui de façon voulue ou pas ont dépassé leur date de péremption, si je puis dire... On explore déjà plusieurs croyances, religions et mythes. Une diversité sympathique qui évite une trop grande redondance. Et puis le côté moral de l'histoire. Est-ce que nos Revenants ont le droit de faire ce qu'ils font ? Est-ce qu'on ne peut pas considérer cela comme un meurtre ? Certains méritent-ils leur sort ? Elizabeth se pose ses questions, sans non plus entrer trop dans le pathos, et je trouve l'idée encore plus intéressante. Il aurait été dommage de passer à côté, réellement.



Que de compliments, je sais, mais difficile de trouver quelque chose qui m'a vraiment embêté. Un petit peu de longueur quelque fois, quelques facilités vis à vis de certaines intrigues, mais franchement, je chipote. J'ai hâte de voir ce que la série va devenir en croisant très fort les doigts pour que le niveau reste le même (ou bien sûr le dépasse).
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Au service de sa majesté la mort, tome 2 : De..

Je ne pensais pas pouvoir découvrir ce second tome aussi rapidement, cela a donc été une agréable surprise d'autant plus que comme le second tome de "Au service de sa majesté la Mort" a été une lecture tout aussi passionnante que le premier. Il faut dire que l'originalité de l'univers aide beaucoup et que notre héroïne attachante et débrouillarde a le mérite d'être au centre de pas mal d'intrigues.



Nous retrouvons nos héros peut de temps après leur victoire contre le père de James. La menace de W. rôde toujours et d'autres attentats visant les Revenants inquiètent les différents chefs de cellules. Une occasion pour nous d'enfin découvrir Venise, le centre névralgique des Services de Sa Majesté la Mort, ainsi que d'autres Revenants. Un choix judicieux et qui coule assez de source, car l'univers se développant un peu plus autour de la société secrète, il était plutôt normal que l'auteur nous en présente plus de ramifications. Intéressant, sans aucun doute, mais surtout, cela nous montre que comme toutes les sociétés, celle-ci semble gangrenée à plus ou moins grande envergure. Réaliste, augmentant de facto le mystère, j'ai eu cette impression de n'avoir gratté qu'un peu de la surface de tous ses secrets. Un sentiment que partage Elizabeth et dont la curiosité fait écho à celle de lecteur.



Même si ma lecture a été passionnante, j'ai tout de même un sentiment étrange. Comme si tout ce qui se produit manque un peu de profondeur et finit par être facile. Je me dis que c'est un tome entre deux et que le dernier redonnera un souffle à la trilogie, mais la traque de W. a été un peu fade en soi, surtout quand on voit tout ce qu'il se passe autour. C'est en fin de compte juste la partie immergée de l'iceberg, et aussi une façon de nous en apprendre un peu plus sur les êtres liés à la mort, ainsi que le passé des Revenants et des événements importants de leur histoire, mais j'aurais aimé qu'il y ait plus. W. m'a plus semblé horripilant (ses rires dans ses phrases sont insupportables) que dangereux. Comme s'il était une marionnette qui s'amusait un peu aux dépens des autres. Il soulève par contre plusieurs points intéressants. Elizabeth est, comme elle sait, assez ignorante quant à sa Société. Le niveau politique de tout cela est flou, mais on sent qu'une menace bien plus sérieuse plane et qu'elle est du genre insidieuse.



De petites miettes de pain qui sont laissées par-ci, par-là et qui éveillent la curiosité sans l'assouvir vraiment. Le twist de la fin était assez prévisible, même s'il reste choquant, est il est ce que j'attendais depuis la moitié du roman. Il a un côté dramatique parfait, surtout qu'il a une empreinte émotionnel qui va affecter beaucoup de personnages. Le cours résumé du prochain tome annonce d'ailleurs pas mal d'action et de palpitant. Et je n'attends que cela. Je ne me suis pas ennuyée, loin de là, mais le manque de peps n'a pas rendu hommage à cette superbe saga. Les personnages sont par contre toujours à la hauteur et on apprend à les connaître encore mieux. Béatrice était par contre beaucoup trop en retrait, et sa relation avec Elizabeth m'a beaucoup manqué. Le duo entre Iseult et elle n'a pas eu la même résonance, et ce qui est normal après tout. Je ne cautionne toujours pas comment Hank est traité par contre. Et c'est quelque chose qui rend Iseult trop antipathique à certains moments, au-delà de son autorité de chef de cellule.



Un bon tome qui prépare la fin sans aucun doute. La suite semble plus que prometteuse et j'ai hâte de savoir comment tout cela va se finir.
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Sur les rails

Et si à l’époque du marketing roi, on poussait l’application de ses principes jusqu’à l’improbable ? La drogue, la cocaïne, la cité, ses règles, ses codes et ses trafics ?



C’est l’idée qui germe chez Sam quand il se retrouve sans job après des années passées comme cadre sup dans de grandes boîtes où la compréhension des marchés et des attentes non exprimées des consommateurs font office de valeurs quotidiennes et cyniques.



S’associant à Malik, ex-caïd du trafic de beuh dans sa cité du 93 en mauvaise passe, il va aller au bout de son idée : viser gros, passer au marché de la cocaïne plus risqué mais plus prometteur, créer une marque, packager ses sachets, vendre cher, très cher, investir et savoir perdre au début pour mieux récolter ensuite. Bref, conquérir le marché parisien de la poudre et le fric qui va avec.



Dans Sur les rails, Julien Hervieux joue à fond sur l’effet du duo improbable aux passés et codes inversés, tant décliné au cinéma pour ses effets comiques garantis. N’ayant pas voulu faire un livre drôle, il évite habilement l’abus de cette ficelle, préférant décoder les mécanismes qui guident chacun des deux personnages et ce qu’ils s’apportent mutuellement.



Il s’offre ainsi des espaces digressifs, cyniques, désabusés ou réalistes (c’est selon), sur l’état de la société et les travers de l’époque. Tout cela n’est pas très moral certes, mais l’auteur lui-même nous rappelle dans une dernière pirouette que les gentils ne gagnent que dans la fiction, pas dans la vraie vie.



Le style direct et enlevé, le sens du dialogue qui fait mouche et l’originalité du scénario de départ sont des qualités suffisantes pour embarquer le lecteur et lui faire oublier les incohérences qui parsèment cette histoire. Mais comme en marketing, les avantages concurrentiels de ce livre étant supérieurs à ses points faibles, le bilan global reste positif et justifie l’achat !
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Le petit théâtre des opérations, tome 1 : Faits..

1914. La France manque de troupes. C’est quoi tous ces marins qui glandent sur leurs bateaux alors qu’on a besoin d’hommes à terre ?

« Contre-amiral Ronarc’h, rassemblez autant d’hommes que vous le pourrez et envoyez-les à terre. »

Rornac’h rassemble tout ce qu’il peut : 6500 hommes, parmi lesquels des cuistots, des électriciens, des mousses…

Un appel à l’aide, envoyé par les Belges qui, à Dixmude, ont en face d’eux 50.000 Allemands alors qu’ils ne sont que 5000, pousse l’état-major français à leur envoyer ce qu’ils ont… Disons de moins utile… Les 6500 marins ! Leurs ordres sont de tenir 4 jours, ils vont tenir trois semaines et se retireront après que les Belges aient ouvert les écluses et inondé, pour quatre ans, toute la plaine. Les marins ont perdu 50% de leurs effectifs, alors que les troupes du Kaiser auront 14.000 hommes hors de combat.



Campagne de France. 1940.

Vous croyez tout savoir sur l’usage des armes en 1940 ? Il y en a pourtant dont l’usage va vous faire croire que c’est une blague, mais ça, c’est parce que vous ne connaissez pas encore Mad Jack Churchill ! Pour se battre, rien de tel que l’arc long et l’épée ! Ajoutez-y un zeste de cornemuse…



18 juin 1940. Menton.

Mussolini, devant l’effondrement de l’armée française, décide d’envoyer ses soldats faire un peu de tourisme en France. Le pont Saint-Louis qui relie la France à l’Italie est verrouillé. Neuf hommes reçoivent pour ordre de s’enfermer dans la casemate et d’empêcher les Italiens de passer. En plus de leur armement individuel, ils disposent d’une mitrailleuse et d’un canon…



1939. URSS.

Anna Iegorova devient pilote. Quoi ? Une femme pilote militaire ? Ah ! Ah ! Comme c’est drôle ! Bon ! Allez ! Puisqu’il faut lui confier un avion, pourquoi pas un Po-2, un biplan de reconnaissance lent et fragile ? Hein ? Pour une femme, c’est déjà bien, non ?

1941, la guerre contre l’URSS éclate. Anna a pour mission d’aller porter un message urgent au front. Son avion est descendu en flammes. Bien que légèrement cramée, Anna s’en sort et fait des kilomètres à pied pour remplir sa mission. Pour la récompenser, on l’affecte à une escadrille de Il-2 Sturmovik, avion blindé d’attaque au sol, où elle s’éclate et éclate quelques ennemis. Jusqu’au jour où elle est abattue, expulsée de son avion, elle s’écrase au sol sans parachute…



Janvier 1942. USA.

Un dentiste a une idée de génie (amis des animaux, vous n’allez pas aimer). Pourquoi ne pas attacher à des chauves-souris des bombes ? On les met en cage, on les largue au-dessus d’une ville japonaise, où pour rappel, les maisons sont essentiellement construites en bois et sont très inflammables, les petites bêtes vont se réfugier dans des greniers, et, à l’heure prévue… BOUM ! des incendies par milliers ! Génial, non ?



16 août 1916. France.

René Fonck capture un avion d’observation ennemi en le cueillant en plein vol alors qu’il pilote un avion de reconnaissance, non armé ! Très vite, il va devenir un très grand as avec 75 victoires homologuées, 126 en comptant les non-homologuées (pour être homologuée, l’avion ennemi devait tomber dans les lignes françaises, ou alors avoir trois témoins sans lien pour en attester). Il abat en moyenne un avion ennemi avec seulement neuf balles. Il ne sera jamais abattu et vivra jusqu’en 1953, mais sera pratiquement ignoré après la Seconde Guerre mondiale parce que… Zut ! Mon rôti au four, faut pas qu’il crame !



1914. Marine allemande.

Un officier a une idée de génie : transformer des navires civils en bateaux corsaires ! L’armement est dissimulé et n’apparaît qu’à la dernière minute pour couler l’ennemi ! Encore plus génial : faire ressembler un navire corsaire à un navire civil existant réellement ! Chouette idée ! En un lieu secret du Brésil, on transforme ainsi le SMS Cap Trafalgar, un paquebot allemand, en RMS Carmania, un paquebot anglais. Le bateau est fin prêt pour sa première sortie ! Chic un navire civil en vue… Mais c’est le RMS Carmania !!!



1914. Drôme (France).

Albert Roche boude ! L’armée ne veut pas de lui ! Trop frêle ! Finalement, il réussira à se faire engager chez les chasseurs alpins, faut dire que la guerre a déjà liquidé beaucoup de monde et qu’il devient délicat de faire la fine bouche ! Albert va réussir à faire, au cours de la guerre, 1180 prisonniers ! 1180 ! Non ! Non ! Ce n’est pas une erreur ! Blessé neuf fois, au terme du conflit, il est toujours là. Il mourra le 14 avril 1939 d’une façon incroyablement stupide pour un type qui a survécu à tant d’horreurs…





Critique :



Je connaissais déjà l’« Odieux Connard » par ses émissions délirantes sur YouTube ! Délirantes, certes, mais authentiques ! Il raconte avec beaucoup d’humour des faits qui se sont déroulés durant la Grande Guerre et durant la Seconde Guerre mondiale. Les sujets sont graves, très graves, alors la dérision est tout ce qui reste pour éviter de larmoyer. Monsieur Le Chien a un dessin qui convient parfaitement au style de l’« Odieux Connard ». Férus d’histoire, ou simplement d’humour, cet album est incontournable. Chaque séquence BD se termine par un texte plus « sérieux » qui rapporte en une page les faits.

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Le petit théâtre des opérations, tome 2 : Faits..

Cependant, le cheval a un problème : il est vivant.

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Ce tome est le deuxième d’une série de trois, ayant donné lieu à la série dérivée Toujours prêtes !, tome 1 (2023), par Virginie Augustin & Julien Hervieux. Cette bande dessinée a été réalisée par Monsieur le Chien pour les dessins, Julien Hervieux (alias l’Odieux C.) pour le scénario, et des couleurs réalisées par Olivier Trocklé. Il fait suite à Le petit théâtre des opérations, tome 1 : Faits d'armes impensables mais bien réels... (2021) qu’il n’est pas indispensable d’avoir lu avant. La parution initiale date de 2022. L’album prend la forme d’une anthologie, regroupant huit histoires indépendantes, comprenant entre quatre et six pages, chacune consacrée à un individu ou un groupe d’individus différent. Chaque chapitre comprend une page supplémentaire avec deux photographies d’époque, et un court texte complétant la réalité historique de ce qui a été raconté. Entre chaque histoire se trouve un intermède d’une page en bande dessinée consacrée répondant à une question de culture militaire. Par exemple : Pourquoi monte-t-on dans les avions par la gauche ? Qui est Mariya Oktyabrskkaya, la veuve vengeresse ?



Stonne et Ardennes, cinq pages : village de Stonne dans les Ardennes, le seize mai 1940. Les armées allemandes et françaises sont au contact. Le village n’arrête pas de changer de main. Le capitaine sort de la tente d’état-major et indique à ses soldats que c’est à eux de jouer. Il leur ordonne de rejoindre leur B1 bis, c’est-à-dire un char équipé d’une mitrailleuse, d’une antenne pour recevoir RTL, d’un canon de 47mm, d’un canon de 75mm, avec le nom du char pour faire peur à l’ennemi (Corinne Masiero), soit trente-et-une tonnes et demi d’amour. Treize chars allemands attendent les Français dans la rue principale. Mais ils les attendent en file indienne, ce qui les empêche de manœuvrer. Le char français remonte la colonne et c’est un véritable tir au pigeon. Mon char, ma bataille, une page de texte : La bataille de Stonne aura été particulièrement marquante durant la campagne de France de 1940. Elle est pourtant quasiment oubliée ! Alors que celle qui fut parfois qualifiée de Verdun de 1940, tant les combats y furent rudes, a de quoi faire parler d’elle : du 15 au 25 mai 1940, le village de Stonne va changer de main… 17 fois.



Pourquoi monte-t-on dans les avions par la gauche ? Julien Hervieux bien calé dans un profond fauteuil explique à monsieur Chien assis sur une chaise inconfortable pour enfant que La première guerre mondiale n’est pas faite pour la cavalerie. Aussi les cavaliers sont envoyés en nombre dans une nouvelle arme : l’aviation. Et comme les cavaliers portent le sabre à gauche, pour grimper sur un cheval, ils le font par la gauche. Ils ont donc gardé le même principe pour grimper dans leur avion. Douglas Bader, quatre pages : en 1939, l’Angleterre a besoin de tous ses pilotes. Douglas Bader, pilote sans jambes, parvient à convaincre la hiérarchie de lui confier un avion de chasse.



S’il a lu le premier tome (et il aurait tort de ne pas le faire), le lecteur sait à quoi s’attendre : des histoires courtes de hauts faits pendant la première ou la seconde guerre mondiale, suivis par une page de texte venant apportant des éléments d’information supplémentaire, et une narration visuelle entre faits et parodie comique. Il relève tout de suite que le scénariste a opté pour son vrai nom pour ce deuxième tome ; Julien Hervieux, plutôt que pour son surnom qui limite fortement la possibilité de le citer explicitement du fait de sa nature grossière. Pour autant, il n’a rien perdu de son mordant, se montrant tout aussi sarcastique que le dessinateur dans sa narration. Pour le présent tome, il a opté pour quatre récits situés pendant la première guerre mondiale, et quatre pendant la seconde. Le lecteur découvre vraisemblablement des faits et des militaires dont il n’a jamais entendu parler, sauf s’il est déjà féru de l’histoire de ces deux conflits. Avec une exception, l’histoire consacrée à Mata Hari, Margaretha Geertruida Zelle (surnommée Grietje Zelle, 1876-1917), fusillée à Vincennes. En fonction de ce qu’il sait de cette espionne, il peut être très surpris de la version des faits qu’en donne les auteurs, ou conforté dans son jugement sur leur façon d’insuffler du caractère et de la personnalité à chaque combattant, le dessinateur n’étant pas en reste pour donner sa propre interprétation. Pour autant, la page de texte exposant des faits historiques vient conforter cette interprétation.



Le scénariste a choisi une variété de combattants : un char français face à des chars allemands, un pilote d’avion sans jambe, un fermier finlandais résistant à l’envahisseur soviétique, le rôle de la cavalerie en 14/18, une espionne, le sens du devoir chez un tirailleur dans une tourelle, le combat à coups de poing pendant la première guerre mondiale, et le sort d’un soldat afro-américain engagé dans la légion étrangère française. Comme dans le premier tome, il se tient à l’écart de toute fierté nationale, ou toute glorification des faits d’armes. Toutefois, il laisse le lecteur libre d’apprécier l’héroïsme des combattants, ou leur inconscience, ou leur dévouement, ou leur acharnement. Il brouille les cartes en adoptant un ton moqueur, ou au contraire il désacralise ces individus au comportement sortant de l’ordinaire, neutralisant ainsi les a priori du lecteur qui peut les considérer sans avoir le sentiment d’être obligé de les admirer. Que penser en définitive de Douglas Bader qui parvient à convaincre ses officiers de le laisser piloter alors qu’il n’a pas de jambes et qui ne s’avoue jamais vaincu, tentant évasion après évasion une fois capturé par l’ennemi ? D’un côté, la narration se garde bien de montrer les ennemis qu’il abat ; de l’autre côté, elle adopte un ton jovial et plusieurs fois irrévérencieux pour évoquer le courage et les prouesses de ce militaire.



Dans la troisième histoire consacrée au fermier finlandais, le scénariste se monstre tout aussi caustique et moqueur. Simo Hähyä se met en route pour lutter contre l’union soviétique parce que des chars russes sont passés sur son champ de navets. Dans la deuxième page, le texte d’un court cartouche demande : Mais quel est le secret de Simo Häyhä ? Dans la case suivante, un officier dans une salle, débout avec ses mains posées à plat sur la table répond : Eh bien, c’est très simple, avec une pancarte au-dessus de lui portant l’inscription Les tutos de Simo, aussi anachronique qu’ironique. Dans le texte qui suit, il s’en donne à cœur joie : Car le Finlandais est taquin. En effet, ne pouvant manger l’ogre soviétique en une fois avec leur petite armée, Ils utilisent une stratégie locale : celle du bûcheron. Si l’arbre est trop gros, fais-en des tronçons. […] Mais les Finlandais poussent le folklore plus loin. Ainsi, pour se déplacer dans la neige, ils sortent les skis. Certes, comme d’autres armées. Mais toutes les armées ne font pas tracter leurs skieurs pas des rennes pour aller plus vite encore ! […] Oui, une autoroute de mecs tirés par des rennes. Ainsi à chaque page de texte de faits après l’histoire, le lecteur se régale de cette dérision maniée avec humour.



Comme dans le premier tome, le dessinateur a savamment dosé la précision de sa reconstitution historique. Il reproduit l’apparence des uniformes, des armes, des véhicules de guerre, avec un niveau de détails suffisant pour que ces représentations ne soient pas génériques, tout en restant très loin d’un niveau photographique. Il manie l’humour visuel de différentes façons, la plus prégnante et la plus régulière se lisant sur les expressions de visages des combattants, souvent exagérées pour un effet comique. Il lui arrive de glisser des détails anachroniques et saugrenus comme une figurine de Goldorak parmi des décombres dans la première histoire, ou une bouée canard (ou plutôt aigle) dans la sixième. Il joue également sur les postures et le langage corporel. Impossible de résister à Douglas Bader assis sur un banc dans un camp de prisonnier et agitant sa prothèse de jambe en direction de ses geôliers pour les remercier. Impossible également de résister aux piètres talents d’actrice de Mata Hari tentant d’extorquer des renseignements secrets à des officiers allemands ou des responsables britanniques.



Monsieur Chien sait donner à voir les nombreux environnements qui défilent au fur et à mesure des histoires : une rue ravagée de la ville de Stonne, des combats aériens, des soldats progressant difficilement dans un champ de neige, des officiers dans un état-major sentant l’effroi les gagner en comprenant l’étendue des pertes en soldats, des tranchées, un spectacle de lancer de couteaux dans un music-hall, des enterrements militaires, etc. Il peut encore plus se lâcher en termes de mise en scène et d’humour visuel dans les intermèdes en une page : déjà en montrant une relation de dominé pour son avatar entièrement soumis au comportement condescendant, voire méprisant, de l’odieux C. dans des endroits inattendus, avec un chien suant sang et eau en essayant de réfléchir, ou pigeon tout aussi paniqué, ou en parvenant à glisser une maquette d’un transport blindé tout-terrain (TB-TT) sorti tout droit de L’empire contre-attaque. Le lecteur sourit de bonne grâce à ces facéties qui participe également à cette forme de présentation décalée qui peut déconcerter au départ.



Un pilote de chasse sans jambe ? Pourquoi on monte dans les avions par leur côté gauche ? Quelle fut la réalité des renseignements dérobés par l’espionne Mata Hari ? Le lecteur tombe vite sous le charme de la verve amusante et improbable des auteurs, pour un sujet aussi grave que des faits de guerre. Loin de se formaliser de ce manque de respect vis-à-vis de morts patriotes, il constate que l’humour visuel et la dérision en mots lui permettent de prendre un salutaire recul, sans pour autant obérer ou neutraliser la singularité de ces faits de guerre.
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Le Petit Théâtre des opérations, tome 3 : Faits..

Faits d'armes incroyables mais bien réels... est le tome trois de la série Le petit théâtre des opérations.

Je remercie chaleureusement babelio et les éditions Fluide Glacial pour l'envoi de cette BD dans le cadre de la rencontre zoom qui se déroulera mercredi 9 novembre avec Julien Hervieux.

J'aime les bandes dessinées, j'aime tout ce qui se rapporte à la première et la seconde guerre mondiale.. cet ouvrage était fait pour moi :)

Saviez-vous qu'en 1945, un soldat québecois reprit seul une ville entière aux Allemands ?

Que durant la Première Guerre mondiale, une offensive échoua à cause de supposés zombies ?

Ou encore qu'une bande de marins américains maladroits a réussi l'exploit de tirer par erreur une torpille sur leur propre Président ?

Et saviez-vous que le cheval du général Leclerc fut fusillé pour acte de résistance ?

Ce troisième tome reprend ce qui a fait son succès : des histoires longues suivies de textes documentés appuyant leur véracité, ainsi que de courtes anecdotes.

Bien que n'ayant pas lu les deux précédents volets, je n'ai pas été perdu car ils se lisent séparément, ne se suivant pas.

J'ai découvert des anecdotes absurdes mais réellement incroyables. Difficile d'imaginer que ce soit vrai, et pourtant.. si !

Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en lisant que a perte d'un sous-marin a été causée.. par ses toilettes ! Un cheval a été fusillé car il avait fait un acte de résistance. Et, incroyable mais vrai, son propriétaire n'était autre que le Général Leclerc ! Faut le faire ça quand même !

J'ai beaucoup aimé ses anecdotes courtes, sans explications derrière, qui parsèment la BD, et sont situés entre des histoires plus longues.

Ces dernières sont toutes aussi stupéfiantes.

Imaginez.. un soldat a reprit tout seul une ville entière aux allemands ! Impossible ? Pourtant si si cela a bien existé.

J'ai adoré l'histoire mettant en scène des marins américains d'une maladresse à la fois amusante et difficile à croire. Ils en ont eu de la chance ! Pas surprenant qu'après ils ne se soient pas vantés d'être les marins de ce navire. Ils ont eu le Q bordé de nouille, mais de là à être fier d'avoir fait partie de l'équipage..

J'ai beaucoup aimé cette BD aussi bien les dessins, très réussis, que la colorisation qui est parfaitement bien dosée.

Les différentes histoires sont bien narrées, il y a beaucoup d'humour.

J'ai passé un très bon moment de lecture en apprenant plein de choses que je n'aurais jamais pu imaginer.

Si j'ai l'occasion je lirais les deux premiers tomes pour apprendre encore plein d’anecdotes inimaginables.

Ma note : 4,5 étoiles.
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Le Petit Théâtre des opérations 1914-1918

Vous pensiez bien connaître tous les aspects de la Grande Guerre ? Et bien, détrompez-vous, il y a pléthore d’anecdotes, de héros et de faits d’armes insolites dont vous n’avez jamais entendu parler. Et vous allez être étonné, ébahi, époustouflé, ahuri, médusé, interloqué, sidéré et parfois anéanti de les découvrir ici. ET TOUT EST VRAI !



C’est sur un ton humoristique mais toujours bien documenté que Julien Hervieux (ancien professeur) partage ses connaissances et ses recherches sur les petites histoires de la grande histoire. Il est connu pour sa série de videos sur YouTube, produites sous le pseudonyme de l’Odieux Connard.



Et c’est ainsi que j’ai fait connaissance de Marie Marvingt, sportive de haut niveau qui n’hésite pas à se travestir en homme pour bouter l’Allemand hors de France, alors qu’on la cantonnait aux fourneaux...

De Louise de Bettignies, véritable espionne lilloise contrairement à Mata Hari, qui n’a jamais réussi une seule mission mais dont on fit tout un fromage pour remonter le moral de la population.

D’Eugène Bullard, fils d’esclave d’un côté de l’Atlantique et héros de l’autre.



Et c’est ainsi que j’ai appris qu’à Ypres, en Belgique, les troupes canadiennes ont reçu l’ordre d’uriner partout pour rendre quasi inoffensif le gaz chloré envoyé par les Allemands.

Que la Tour Eiffel a servi d’émetteur pour dérouter les zeppelins teutons.

Que les Américains n’ont pas réussi à fabriquer à temps des chars à cause du système métrique différent.

Que la célèbre bataille de Douaumont...



Non, je ne vous en dirai rien. A vous de prendre le relais et de découvrir toutes ces petites anecdotes qui vous surprendront.


Lien : http://mespetitesboites.net
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Le Petit Théâtre des opérations, tome 3 : Faits..

Le baron belge de Selys Longchamps voudrait montrer aux Allemands qu’il n’apprécie pas leur occupation de la Belgique. Contrevenant aux ordres, il décide d’aller mitrailler le siège de la Gestapo à Bruxelles… Avec son Typhoon, un avion d’attaque au sol…



L’USS William D. Porter est un destroyer américain qui s’est particulièrement illustré durant la Seconde Guerre mondiale ! Par le nombre de sous-marins ennemis coulés ? Par le nombre de navires de surface adverses envoyés par le fond ? Heu… Hmmm ! C’est un peu compliqué à expliquer… C’est même plutôt gênant… Tellement gênant que l’administration de la Navy aimerait autant qu’on l’oublie…



Jules Verne, vous connaissez ? Mais non ! Pas l’écrivain ! L’avion de ligne transatlantique ! … Enfin, ça c’était dans sa première vie, avant que les aléas de la guerre n’en fassent le premier avion à… bombarder Berlin au cours de la Seconde Guerre mondiale ! Avant les Anglais ! Si ! Si !



Avez-vous déjà entendu parler des Gurkhas ? Les Gurkhas sont des Népalais engagés par les Britanniques au sein de leurs armées, réputés pour leur courage et leur férocité. Vous devez les imaginer grands et forts. Prenons Lachhiman Gurung… 1,50m à tout casser ! Jetez-le dans la jungle birmane en 1945, laissez-le seul face à 200 Japonais, arrachez-lui un bras et un œil et admirez le résultat !



Vous n’allez pas le croire, mais en 1915, les Allemands qui attaquaient la forteresse russe d’Osowiec durent affronter des zombies !



Pendant la Grande Guerre, plusieurs pilotes vont s’illustrer et devenir des as. Parmi eux, le Français Charles Nungesser. Il commence la guerre, comme hussard en s’emparant d’une Mors, une voiture allemande, alors qu’il est derrière les lignes ennemies. Il va se faire tirer dessus par les Allemands comme par les Français, mais il arrivera à rejoindre sain et sauf un général français à qui il remettra les documents secrets saisis aux quatre Allemands qui se trouvaient dans l’automobile. Ce n’est là que le début d’une série d’aventures du célèbre Hussard de la Mors (Non ! Il n’y a pas de faute d’orthographe !) …



Peut-on prendre une ville de 50.000 habitants à soi tout seul ? Une ville occupée par les troupes allemandes… Non, n’est-ce pas ? Sauf peut-être si on est Québécois et que l’on s’appelle Léo Major…



Critique :



Je me régalais sur YouTube des vidéos de l’Odieux Connard, aka Julien Hervieux, vidéos qui racontaient des faits militaires improbables, difficiles à croire… Sauf qu’en effectuant des recherches, il s’avérait que pour improbables qu’ils fussent, les faits étaient bien réels.

En bon Bruxellois, je connaissais l’histoire du pilote belge de Selys Longchamps. Pris de doutes, je me mis alors à vérifier toutes les autres histoires narrées de façon cocasse, à la manière des films muets des débuts du cinéma… pour me rendre compte que toutes étaient vraies !

Bien sûr, l’auteur narre des faits tragiques avec beaucoup d’humour. (Peut-on rire de tout ?) Monsieur Le Chien, le dessinateur, adopte un style qui convient parfaitement bien à la manière dont Julien Hervieux rapporte les faits.

J’ai adoré ses émissions sur YouTube. Je suis ravi de les retrouver en BD. Alors, même si vous n’aimez pas l’histoire, je pense que vous apprécierez celles-ci.

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Sur les rails

Sam travaille dans la communication, trouver un moyen pour vendre n'importe quel produit. Quand il perd son job, il va se rapprocher d'un petit dealer pour lui proposer un deal : le conseiller à sa manière pour monter un trafic de grande envergure.

Si vous chercher des héros bien sous tout rapport et que vous vous attendait à une histoire avec une morale à la fin, passez votre tour.

L'intrigue, pleine de cynisme, montre comment avec le bon argumentaire, on peut tout vendre. Sam a une solution à tout en jouant sur les désirs de chacun pour se sortir de n'importe quelle situation. Les scrupules ne l'étouffent pas et il est clairement là pour faire de l'argent.

Malik, jeune dealer de cité, ne semble pas avoir inventé la poudre (jeu de mot involontaire, mais à propos) au premier abord, mais est suffisamment futé pour détecter le potentiel dans la proposition de Sam.

Si le roman n'est pas le meilleur que j'ai lu cette année, j'ai vraiment passé de bons moments en compagnie de ces deux magouilleurs, grâce à une histoire sans temps mort, cynique et immorale.

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Au service de sa majesté la mort, tome 1 : L'..

Quand j'ai découvert ce livre, j'ai été attirée par un résumé intéressant et des avis élogieux. De quoi faire le bon choix, mais il y a toujours le risque d'être déçu.

Ce premier tome introduit l'univers des revenants à travers l'apprentissage d'Elizabeth, qui apprend en même temps que nous son nouveau rôle sur Terre, croise des personnages plus ou moins sympathiques, tous intéressants, et déroule en parallèle une intrigue qui se transforme en enquête qui tient en haleine jusqu'à la dernière page.

Au final, aucun risque de déception avec L'ordre des revenants. Avec son intrigue prenante, son héroïne attachante, ses personnages intrigants et son univers original, le livre a tout pour plaire.

Il n'y a plus qu'à attendre la suite !
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Le Petit Théâtre des opérations, tome 3 : Faits..

Petites histoires dans la grande.



Julien Hervieux (aussi connu sous le nom de l'Odieux Connard) nous conte des faits historiques absurdes mais bien réels.



J'adore le blog de l'Odieux Connard. Ainsi quand Babelio m'a proposé de recevoir cette bande-dessinée et de rencontrer l'auteur lors d'une visioconférence, j'ai sauté sur l'occasion. La rencontre fût très sympathique. L'auteur a été passionnant a écouter et ses traits d'humour très drôles.



Cette bande-dessinée comporte sept histoires brillamment racontées. J'ai rit de nombreuses fois. J'ai retrouvé la verve et l’ironie du blog. Julien Hervieux m'a fait découvrir des faits de guerre qui m'étaient inconnus.



J'ai également apprécié les dessins de Monsieur le chien. Ils sont agréables et permettent de nombreux gags visuels. Les couleurs sont également agréables. Ni ternes ni flashy.



Mon histoire préférée est celle de l'USS William D. Porter. Celui-ci, par ses nombreuses bourdes tel que tirer une torpille sur le président, a acquis une réputation de porte-poisse dans la Marine américaine.



En bref, j'ai passé un excellent moment et il va de soi que je lirais les deux autres tomes.
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Toujours prêtes !

Toutes deux s’étaient dévouées à une mission aussi simple que grande : aider les autres.

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Le titre en deux parties de ce tome indique qu’il peut être considéré comme une série dérivée de Le petit théâtre des opérations, tome 1 : Faits d'armes impensables mais bien réels... (trois tomes de parus en 2022), toutefois il peut se lire indépendamment, sans avoir lu les autres. Sa première édition date de 2023. Il a été réalisé par Julien Hervieux (alias l’odieux C., également scénariste de la série initiale) pour le scénario, et par Virginie Augustin pour les dessins et les couleurs. Il comporte huit récits, chacun complété par une page de texte développant un pan des circonstances afférentes.



Marie Marvingt : la fiancée du danger. En Lorraine, en 1885, deux garçons sont en train de courir de toutes leurs forces, ils s’arrêtent à bout de souffle, demandant d’arrêter à Marie, 10 ans. Depuis toute petite, Marie Marvingt a une passion le sport. Pas un. Non, tous les sports. Forcément elle finit dans un cirque : écuyère, funambule, etc. Bon, en fait, Marie est le cirque à elle seule. Marie décroche même son permis de conduire, le brevet de pilotage de ballon aérien. Et est même la première femme à piloter un avion seule. Elle tente la traversée de la Manche en ballon avec un autre pilote. Elle le fait. Elle s’écrase à l’arrivée. Elle a aimé ça. Marie apprécie aussi le cyclisme, à la pratique duquel elle s’adonne en pantalon, ce qui lui vaut d’être arrêtée par la maréchaussée car le port des pantalons est interdit aux femmes par un arrêté de 1800. Elle invente la jupe-culotte. En 1908, elle tente de prendre le départ du tour de France. Le règlement lui interdit de prendre le départ avec du tour avec les hommes. Marie part donc après les hommes. Sur les 114 coureurs au départ, seuls 36 bouclent le tour… dont Marie. En 1910, Marie est aussi devenue une alpiniste de renommée internationale, patineuse, skieuse. Elle reçoit des médailles d’or pour quantité de sports. Elle en a en fait plus d’une vingtaine. Et puis arrive la première guerre mondiale. Elle s’engage dans l’armée en se faisant passer pour un homme.



Nancy Wake : une souris et des hommes. En 1935, Nancy Wake, une jeune journaliste australienne travaillant pour un journal parisien, est parvenue à décrocher une interview d’Adolf Hitler. Peu après elle assiste à un lynchage de juifs dans la rue, ce qui la révolte. En 1939, Nancy, mariée à un millionnaire en France, apprend que la guerre est là. Elle décide de s’engager comme ambulancière pour s’opposer aux nazis. Après l’armistice, elle s’engage dans la résistance et, sous le nom de la souris blanche, elle aide les soldats étrangers à sortir de la zone occupée. Milunka Savić : Mulan en Serbie. 1913, en Macédoine : la deuxième guerre des Balkans oppose serbes et Bulgares. Le soldat Milun est touché et opéré dans un hôpital militaire de campagne : c’est une femme. À la sortie de l’hôpital, son supérieur lui fait comprendre qu’il ne peut lui proposer qu’une petite place d’infirmière. Elle insiste : elle est promue sergent et lorsque la première guerre mondiale éclate, elle est en première ligne pour combattre les austro-hongrois à coup de grenades.



S’il n’a pas mis le nez dans la série-mère Le petit théâtre des opérations (il est encore temps de le faire, et cette lecture lui en donnera l’envie irrépressible), le lecteur commence par éprouver un choc déstabilisant. Les auteurs ne se prennent pas au sérieux, et ils ne chantent pas les louanges de l’âme patriotique, ni les exploits militaires de ces dames, comme des exemples de bravoure et de virilité (ah oui, pour ce dernier point, c’est compréhensible). Le scénariste adopte un ton entre sarcasme et raillerie, alimentant un fond de dérision dont il ne se départit jamais. Les cyclistes du tour de France s’exhortent les uns les autres à aller plus vite parce que Marie Marvingt se rapproche derrière eux. Lorsque Nancy Wake l’interviewe, l’explication d’Adolf Hitler est commentée par C’est pour ça qu’il a arrêté la peinture, évoquant son échec à intégrer les Beaux-Arts par deux fois. Concernant Milunka Savić, le scénariste écrit : Comme elle est dangereuse, de près, les Autrichiens décident de l’avoir de loin avec l’artillerie. Pour le combat de la Rougemare et des Flamants, il tourne ridicule les Français incapables de reconnaitre l’uniforme militaire allemand. Il n’hésite pas à faire revêtir un bonnet d’âne par Yoshiko Kawashima. Avec ses mots, Marie Curie fait observer à son époux qu’avec deux prix Nobel, révolutionner les soins en temps de guerre, elle n’est plus à ça près. Etc. la narration visuelle est tout aussi enlevée, avec de nombreux gags purement visuels : des Lego pour réaliser un prototype de skis pour avion, un foyer de cheminée avec un parachute pour accompagner la descente d’un parachutiste britannique, un passage au noir & blanc avec une imitation de manga shojo pour Yosjiko Kawashima, un portrait de Staline avec un petit arc-en-ciel et des petits cœurs dans le bureau d’un gradé militaire, Donald Trump au milieu d’une foule américaine lors d’un colloque. Etc.



Une fois qu’il s’est adapté au ton persifleur des auteurs, le lecteur peut apprécier chaque récit, chaque héroïne et ses accomplissements. En effet, l’humour ne vient jamais diminuer ou ridiculiser lesdits accomplissements. Marie Marvingt (1875-1963) place la barre très haut avec ses exploits sportifs, ses inventions pour améliorer l’évacuation des blessés, l’invention également d’un type de suture plus efficace, et après la guerre le pilotage d’hélicoptère à quatre-vingts ans passés. Le scénariste a ainsi retenu huit femmes s’étant impliquées dans les deux guerres mondiales (cinq pour la première, trois pour la seconde) : Marie Marvingt, Nancy Wake (1912-2011), Milunka Savić (1890-1973), Octavie Delacour (1858-1937), Yoshiko Kawashima (1907-1948), Marie Curie (1867-1937), Sofiya Ozerkova (1912-?) et Marie Depage (1872-1915). En fonction de sa culture, le lecteur peut être familier de l’histoire de l’une ou plusieurs d’entre elles, peut-être pas de tous leurs accomplissements (quand même, Marie Curie avec deux prix Nobel à son actif). Il découvre ainsi leurs réalisations pour la plupart dans la société civile, et pour toutes dans une guerre mondiale, que ce soit pour un fait spécifique (Octavie Delacour) ou tout du long du conflit. Chaque histoire compte entre cinq et sept pages ce qui oblige le scénariste à se montrer sélectif, et pour autant leurs exploits ressortent avec force. Ils peuvent être complétés dans la page de texte qui se trouve après chaque bande dessinée.



La narration visuelle reprend les codes de la série-mère : des dessins dans un registre humoristique avec des personnages qui sourient, et des exagérations. Là encore, une fois passé le nécessaire moment d’adaptation, ces choix conduisent le lecteur à se focaliser sur le caractère extraordinaire des actions accomplies, et la force vitale intense de chacune de ces femmes. Le lecteur sourit en voyant Marie se retourner vers les trois garçons à bout de force, en faisant l’écuyère équilibriste debout sur le dos d’un cheval, en sautant du ballon qui s’écrase au sol, en accueillant un alpiniste sur un sommet qu’elle a atteint bien avant lui, blasée dans son fauteuil avec son chat sur les genoux, et ses médailles d’or et trophées accrochés au mur, s’amusant de la surprise de son cousin découvrant qu’elle se fait passer pour un soldat homme, s’amusant avec un hydravion en Lego, rayonnant de plaisir en pilotant un hélicoptère. L’une après l’autre, leur énergie et leur bonne humeur emportent la conviction du lecteur : Nancy Wake avec le visage tuméfié raillant le manque de force physique de son tortionnaire, Milunka Savić s’élançant vers l’ennemi avec une grenade dégoupillée dans chaque main, Octavie Delacour balançant une charentaise sur le maire qui ne la croit pas, Yoshiko Kawashima enjôleuse en femme fatale, Marie Curie se mettant du cambouis sur le visage en s’essuyant, Sofiya Ozerkova manquant de place sur son uniforme pour accrocher encore une nouvelle médaille, Marie Depage arrivant avec ses valises à la main pour sauver une nouvelle situation.



La narration visuelle s’avère pleine d’entrain, irrésistible, avec un petit degré de simplification dans les personnages et les objets, rendant immédiate la lecture de chaque case. La dessinatrice arrondit un peu plus ses contours que Monsieur Chien pour Le petit théâtre des opérations, rendant chaque case agréable à l’œil. Comme lui, elle dose avec soin le niveau de densité d’informations visuelles. Elle peut aussi bien investir le temps nécessaire pour représenter les nombreux éléments d’un unique décor, que réaliser une bande de cases à fond vide. Elle sait trouver le bon dosage pour que le lecteur n’éprouve pas de doute sur l’endroit où se déroule l’action, et sur l’époque concernée. Ses dessins portent la preuve de ses recherches de référence, que ce soient pour les vêtements civils, les uniformes, les armes, les véhicules militaires et les lieux divers. Elle n’opte pas pour un degré photographique de représentation, pour autant l’attention du lecteur se maintient sans solution de continuité car il voit tout le temps où se trouvent les personnages, la continuité dans leur action, les marqueurs temporels qui permettent de savoir quand se déroule récit. Comme le scénariste, elle choisit de ne pas s’appesantir sur les horreurs de la guerre, sur les blessés et leurs souffrances, sur les privations et les brutalités. Ces récits n’abordent pas la dimension meurtrière des conflits, les conséquences pour les civils, et les syndromes de stress post-traumatique pour les combattants.



Cette anthologie consacrée à des femmes combattantes permet de réparer l’oubli dont elles ont été victimes, une forme de féminisme relativisé par le fait que les hommes évoqués dans la série mère n’ont pas tous bénéficié non plus d’une reconnaissance à la hauteur de leurs exploits que ce soit par l’institution militaire ou la société civile. Une narration gentiment moqueuse, que ce soient les dialogues ou les dessins, sans rien retirer de la valeur et de l’héroïsme de ces femmes. Le lecteur sourit tout du long, tout en éprouvant un sentiment de respect et d’admiration pour leur courage et leur humanité.
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Le Petit Théâtre des opérations, tome 3 : Faits..

Alors, exagère-t-on la réputation des Gurkhas ?

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Ce tome est le deuxième d’une série de trois, ayant donné lieu à la série dérivée Toujours prêtes !, tome 1 (2023), par Virginie Augustin & Julien Hervieux. Cette bande dessinée a été réalisée par Monsieur le Chien pour les dessins, Julien Hervieux (alias l’Odieux C.) pour le scénario, et des couleurs réalisées par Olivier Trocklé. Il fait suite à Le petit théâtre des opérations, tome 2 : Faits d'armes incroyables mais bien réels... (2022) qu’il n’est pas indispensable d’avoir lu avant. La parution initiale date de 2022. L’album prend la forme d’une anthologie, regroupant sept histoires indépendantes, comprenant entre cinq et dix pages, chacune consacrée à un individu ou un groupe d’individus différent. Chaque chapitre comprend une page supplémentaire avec deux photographies d’époque, et un court texte complétant la réalité historique de ce qui a été raconté. Entre chaque histoire se trouve un intermède d’une page en bande dessinée consacrée à une anecdote militaire. Par exemple : un sous-marin coulé par un dysfonctionnement de chasse d’eau, l’utilisation de l’art contemporain pour torturer psychologiquement des prisonniers.



Jean de Selys Longchamps : le baron belge, cinq pages. Mai 1940, le baron Jean de Selys Longchamps, jeune officier belge, défend son pays face à l’invasion allemande. Il est repoussé à Dunkerque, mais il faut évacuer. Il retourne se battre en France, mais le pays est évacué. Ce qui n’arrête pas le baron. Hélas, après avoir traversé la France occupée, gagné Gibraltar, puis le Maroc, il est capturé et envoyé dans une prison près de Montpellier. Oui le baron s’est échappé ; ils ne le reprendront pas. Le baron parvient à rejoindre l’Angleterre. Sur la base aérienne où il s’est présenté, le commandant peut lui proposer un poste de pilote pour attaquer les trains allemands. Et pour ça, il lui confie un Typhoon : quatre canons de 20mm pour découper des locomotives, un emplacement pour roquettes pour plus d’amour. Après avoir reçu une lettre de ses copains belges évoquant les rafles de la Gestapo à Bruxelles, le baron décide d’attaquer cette ville, seul.



L’attaque des ballons intercontinentaux, une page. Monsieur Chien voit passer un ballon dans le ciel et le scénariste lui enjoint de prendre garde car le ballon est la toute première arme de destruction intercontinentale de l’histoire. Il évoque la tentative de les utiliser par l’armée japonaise en 1944, contre les États-Unis. USS William D. Porter, le destroyer de tous les dangers, six pages. Norfolk, aux États-Unis en novembre 1943. Le commandant monte sur le pont du destroyer USS William D. Porter. Il s’adresse à l’équipage : c’est la première grande mission de leur bâtiment, escorter le navire du président Roosevelt lui-même, jusqu’en Afrique. La manœuvre de départ commence et le commandant entend un grand bruit : le navire a un peu percuté les navires d’à côté. La traversée doit s’effectuer dans la plus grande discrétion. Peu de temps après le départ, un marin maladroit fait sauter une charge anti-sous-marine par accident, bruit qui s’entend à des kilomètres à la ronde.



Avec le premier tome, les auteurs avaient établi leur mode narratif : raconter des hauts faits sur un mode humoristique, neutralisant toute velléité de patriotisme, toute crainte d’exaltation de la valeur guerrière, de la haine de l’ennemi, un ton déstabilisant de prime abord. Le scénariste a fait la preuve de sa capacité à choisir des faits de guerre variés, et le dessinateur à trouver le bon dosage entre reconstitution historique plausible et assez consistante, et narration fluide et humoristique. Il en va de même pour ce tome qui reprend à l’identique la construction du précédent : un fait de guerre, une page de texte pour l’étoffer, une anecdote en une page de BD. Ce tome compte un récit de moins que le précédent, et un récit avec une plus forte pagination, le dernier. Cette fois-ci, le lecteur peut découvrir un pilote belge détruisant tout seul l’immeuble de la Gestapo à Bruxelles avec son avion, un équipage de Destroyer avec les deux pieds dans le même sabot (ils parviennent à tirer une torpille sur le navire dont ils assurent la protection et qui transporte le président des États-Unis), un avion civil servant à effectuer des bombardements, des Népalais au combat dans l’armée britannique, des Russes gazés chargeant l’armée allemande, un as de l’aviation, un soldat québécois terriblement efficace. Cinq récits se déroulent pendant la seconde guerre mondiale et deux pendant la première guerre mondiale.



Ces sept récits varient les plaisirs avec un pilote belge, puis un équipage de destroyer américain, un capitaine de corvette français, un Népalais, des soldats russes, un pilote français, et un sergent québécois. Comme dans les tomes précédents, le scénariste se tient à l’écart du camp allemand, tout en présentant un éventail multinational, mettant en avant cinq individus, et des soldats anonymes, un équipage, les différentes armes, avec trois récits pour l’armée de l’air, un pour la marine et un pour l’armée de terre. Le lecteur découvre une diversité à l’avenant pour les anecdotes : une tentative par les Japonais d’utiliser des ballons intercontinentaux en 1944, un cheval fusillé par les Allemands en 1940, un sous-marin Allemand coulé par un problème de chasse d’eau en 1945, une cellule avec art moderne en 1936, la production d’un char américain d’après des plans français en 1917, un pigeon décoré de la légion d’honneur en 1916. Comme à son habitude, le scénariste adopte un ton narquois. D’un côté, il se montre rusé et habile : le baron belge apparaît plus insubordonné et téméraire que raisonné et courageux. Le commandant Henri-Laurent Daillière navigue entre inconscience et irresponsabilité. Lachhiman Gurung est mis en scène comme une force de la nature, un individu refusant l’évidence de ses blessures, plutôt qu’un homme dur à la douleur. Charles Nungesser agit de manière quasi irresponsable par pure bravache. Leo Major se conduit comme une tête brûlée convaincu de sa quasi-invincibilité, et de l’infériorité des ennemis. Il reste toutefois possible de lire ces récits au premier degré en faisant fi de ce ton moqueur, et d’y voir une forme de ruse : les hauts faits (sauf pour l’équipage du destroyer) transparaissent bien, de l’attaque en solo sur le quartier général de la Gestapo à Bruxelles, aux opérations commando également en solo contre les troupes allemandes. Le lecteur peut y voir une forme d’admiration teintée d’incrédulité à posteriori pour les exploits accomplis, conforté dans cette idée par la dédicace du scénariste : À tous ceux qui y sont allés. À tous ceux qui y sont encore. Merci.



Au fil des pages, le lecteur se dit qu’artiste et scénariste se sont bien trouvés, totalement en phase sur le mode narratif humoristique qui n’exclut pas l’admiration. Impossible de résister aux gags visuels : les yeux en forme de cœur quand de Selys Longchamps découvre le Typhoon qu’il va piloter, les yeux en forme de crâne quand la fureur lui dicte d’attaquer la Gestapo à Bruxelles, la présence de Popeye parmi l’équipage de l’USS William D. Porter, le teint cadavérique de son commandant en comprenant que son équipage a tiré sur la navire du président, le langage corporel exagéré pour mieux montrer l’agacement, la colère, l’exaspération, les simulacres d’installation d’art moderne, l’inscription Cadeau pour Adolf à l’extrémité d’une bombe, etc.



Dans le même temps, le dessinateur raconte fidèlement l’action, avec des éléments historiques comme les uniformes, les armes, les avions, les navires, le sous-marin, les fusils à baïonnette, le char, etc. Il emmène le lecteur dans des lieux variés : une base aérienne, la pleine mer, un destroyer, le plein ciel, une stalle d’un centre équestre, la jungle birmane, une grande plaine, un sommet du Népal, des salles de commandement, un sentier en crête, etc. Il se montre très clair dans la mise en scène des combats : le vol incroyable de l’avion du baron entre les immeubles de Bruxelles, les positions respectives de navire de la flotte escortant le président, les tirs de barrage anti-aérien, la charge des soldats ayant souffert une attaque au gaz, l’infiltration du Rambo québécois dans les lignes ennemies, etc. Il suffit que le lecteur marque un bref temps de pause quelle qu’en soit la raison, pour que le recul provoque en lui une déconnexion d’avec le mode humoristique, et la mesure de l’action militaire qu’il est en train de découvrir, y compris les morts occasionnés par cette action. C’est tout le paradoxe de cette narration irrespectueuse : faire découvrir des faits d’arme sans les valoriser, tout en présentant des faits étonnants et des actions remarquables. Une étrange image de la guerre et des combats. Le dessinateur a également rédigé une dédicace mise en exergue : il indique qu’il est un clown, un artisan du pouêt-pouêt, et il sait reconnaître les gens qui lui sont supérieurs. […] Humblement, très humblement, ces pages leur sont dédiées.



Qu’il ait lu les deux premiers tomes ou non, le lecteur en redemande. Il découvre des faits d’arme authentiques, semblant être tournés en dérision, mais en fait racontés avec rigueur. Il sourit devant le comportement parfois emporté des militaires, tout en mesurant bien le caractère extraordinaire de ce qui est raconté, même par temps de guerre. Scénariste et dessinateur semblent un peu désinvoltes dans leur manière d’aborder ces récits, au moins en apparence. À la lecture, leur implication et une forme inattendue de respect deviennent apparents.
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Au service de sa majesté la mort, tome 1 : L'..

Un premier tome distrayant où le récit mêle mystère, mort, créatures surnaturelles, magie et agents secrets ! le cocktail pourrait faire peur et pourtant, il passe plutôt bien. Tout commence avec le décès d'Elizabeth, une journaliste anglaise, qui va être froidement assassinée, car elle est le témoin d'une scène de crime. La pauvre était là au mauvais endroit et au mauvais moment… Pourtant, la vie ne s'est pas arrêtée pour cette demoiselle pétillante, curieuse et entêtée : elle n'a fait que commencer ! En effet, une étrange association est venue la tirer de son cercueil afin de lui proposer une nouvelle existence ! Une offre aussi dangereuse que mouvementée… Débute alors une nouvelle identité pour la revenante qui va découvrir un monde jusque-là inconnu. J'aime assez lorsque les fictions mettent en scène des gangs oeuvrant dans l'ombre, sans que le commun des mortels ne le sache. Il y a toujours une bonne dose de secrets, de non-dits, d'Histoire et de suspense. La saga Au service de Sa Majesté la Mort semble parfaitement correspondre à cela. L'Ordre des Revenants, qui donne son nom au titre de l'ouvrage, m'a paru intéressant, riche et complexe. On a quelques informations judicieusement placées et on fait la rencontre de plusieurs personnages prometteurs. Cela dit, il y a encore beaucoup de mystères que l'auteur va certainement développer pour tard…



Bien que je ne me sois pas spécialement attachée à elle ou à sa destinée, l'héroïne m'a convaincue. Elle semble être une femme déterminée et courageuse. J'aime le fait qu'elle ne se laisse pas marcher sur les pieds… Mais ce que j'apprécie par-dessus tout, ce sont ses passions : la lecture et l'écriture ! En tant que lectrice, on se sent assez proche d'elle, car on la comprend et on partage ses loisirs. Elizabeth est une londonienne qui va toujours de l'avant, cherche à écrire sa propre histoire et à progresser comme elle l'entend. le seul défaut que je peux lui trouver est son manque de nuances. Elle semble être un personnage bien trop gentil, sage et avisé. Presque trop parfaite ! Je n'aurais pas toujours agi comme elle… du côté des protagonistes l'entourant, je suis sous le charme de Hank (un bègue timide et sympathique) ainsi que de Duncan Turner (un homme protecteur plutôt doué sur le terrain). Béatrix, l'amie d'Elizabeth, ne m'a pas spécialement marquée, car elle correspond trop à l'archétype de la gentille camarade à qui on se confie… Iseult, la dirigeante de l'Ordre, m'a également paru stéréotypée : elle joue énormément avec son autorité et semble tout diriger d'une poigne de fer. Or, on a souvent ce type de personnage à la tête d'une organisation… J'espérais être un peu plus surprise de ce côté-là… Tout comme je souhaitais que les antagonistes soient un peu moins manichéens… Mais mon regret vient surtout de Lord Hamilton. Les échanges et le lien qu'il va tisser avec l'héroïne m'ont paru peu crédibles. Je ne conçois pas que l'on s'attache aussi vite à quelqu'un… D'ailleurs, j'espère que la suite ne nous réservera pas un triangle amoureux. Hélas, d'après les réactions de certains personnages, cela semble mal parti… Il y a donc du bon et un peu de déception en ce qui concerne les protagonistes évoluant dans l'intrigue.



La force de cet ouvrage vient principalement de son univers. On est sur une époque victorienne, à Londres, dans une ambiance particulière qui a su me charmer. L'idée de mélanger des services secrets, la mythologie et des créatures immortelles comme les vampires, les zombies ou les êtres surnaturels m'a conquise. J'aime également l'idée d'obole, ces pouvoirs magiques dont hérite chaque membre de l'Ordre. Découvrir le talent de chacun et la déclinaison de ces sortilèges m'a captivée. Ajoutons à cela un rythme assez efficace, puisqu'une fois le cadre planté, les héros vont avoir à réaliser plusieurs missions. Combats, arrestations, infiltration lors d'un dîner mondain, il y avait de quoi se distraire. J'ai eu l'impression d'avoir un mélange entre la saga La Faucheuse, James Bond et le fantastique. C'était osé, mais globalement plaisant !



Ce premier opus est donc un bon tome d'introduction qui laisse présager une série divertissante. Reste à voir comment les choses vont évoluer, que ce soit du côté de la personnalité des personnages, leurs liens et le développement de l'univers. Merci aux éditions Castelmore pour la découverte de ce premier tome sympathique !
Lien : https://lespagesquitournent...
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Sur les rails

Férus d’activité férroviaire passez votre chemin. Ces rails-ci sont un peu moins fréquentables.



Julien Hervieux est un odieux connard.



Rangez donc votre carton rouge dans votre poche de poitrine, justicier des internets, il s’est auto-proclamé comme tel sur son excellent blog perso que je vous invite à aller checker si le cinema et les critiques ambiancées vous plaisent.



Bon ici pas question de toile et de pop-corn hors de prix, l’auteur va nous mixer deux univers très actuels pour faire vivre deux personnages que tout oppose à part l’appât du gain.



A ma gauche : Malik Rojas, tête de pain d’épices, enfant du quartier, bicraveur de fines herbes depuis son plus jeune âge, squatteur de ter-ter, a gravi tous les échelons pourtant son CV tient sur une feuille OCB.

A ma droite Sam, blanc bec bon shit bon genre, Ex-marketeux, nourri au bullshit job à grand renfort d’anglicismes et de sigles façon Gilles de la Tourette, ses godasses coutent un smic, mais lassé du banc de squales que forme à tour de bras nos grandes écoles de commerce, il souhaite mettre un talent blasé au service d’un nouveau type de commerce.

Voici donc une alliance surprenante pour un bizz qui promet. Disruptif, non ?

Le roman est bien documenté et si vous ne savez pas comment l’origan arrive si facilement dans les roulées de votre petit neveu que la poudre dans la narine de votre courtier, vous pouvez laissez votre télécommande dans la poubelle et faire chauffer votre index préalablement humecté pour faire défiler les pages de ce livre. Vous aurez une synthèse efficace sans ces voix insupportables de journalistes TV, le tout parsemé d’opinions discutables etayées par des faits qui ne le sont pas.



Julien Hervieux a filé quelques cours et son esprit de synthèse est d’une efficacité agréable car elle sécrète de précieuses ellipses qui nous gardent de l’ennui. Cela dit, y’a comme un petit gout de pas assez, j’aurai apprécié un peu plus de développement, d’ornement, de détails, dans les développement du récit, de l’histoire des personnages, les digressions sur les réalités sociétales sont kiffantes mais elles aussi trop essentielles et pragmatiques, il restait de la marge pour étoffer un peu et rajouter du plaisir du lecture.

Un bon moment car lecture d’un polar qui peut servir de cas d’école ( de commerce ou celle de street) si on cligne des yeux sur de rares éléments manquants un peu de crédibilité mais n’enlevant rien au récit.



Jeune auteur s’étant déjà illustré de brillante manière de biens d’autres façon, allez donc fouiner sur le web, voir son blog “ un odieux connard” ou fouiller Youtube pour ses internventions ou scruter chez votre libraire pour y trouver "Le petit théâtre des opérations" si vous aimez les fun facts historiques, vous y trouverez du contenu soigné bien imbibé d’humour et de créativité gage d’une évolution qui ne peut aller que dans le bon sens.

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Le petit théâtre des opérations, tome 2 : Faits..

Village de Stonne. 16 mai 1940.

Les Allemands adorent la France, c’est bien connu. Comme ils redoutent les routes françaises mal entretenues par les cantonniers, pensent-ils, ils préfèrent se déplacer avec des engins à chenilles, ce qui abîme quelque peu le revêtement de la chaussée de Stonne, village fleuri, et énerve passablement Pierre Billotte qui décide d’aller corriger ces touristes si peu respectueux. Il monte sur sa monture, un petit char B1 Bis de 31,5 tonnes… Et dégomme une colonne de chars allemands de 13 véhicules (comme quoi, 13 ça peut porter malheur) et tant qu’à faire, 2 canons antichars ! Son char, l’Eure, a reçu 140 obus, pas un n’a percé…

Les problèmes des touristes allemands ne s’arrêtent pas là…



Années 1930. Royaume-Uni.

Douglas Bader est un sacré pilote un peu casse-cou. Il se crashe. Résultats : deux jambes amputées !

1939.

L’Angleterre a besoin de tous ses pilotes. Tous… Heu… M’enfin, Badder n’a pas de jambes… Démonstration à bord d’un avion ! Hop ! Hop ! Recrash ! Dans l’affaire, il a perdu ses deux jambes, mais il n’a pas fallu l’amputer ! Qu’à cela ne tienne ! Un avion ! Vite ! Et il abat plusieurs avions allemands…



30 novembre 1939.

L’URSS envahit la Finlande (non, ce n’est pas Poutine qui l’a décidé, il n’était pas encore né).

Les Russes écrasent les navets d’un petit fermier de 1,52m, Simo Häyhä. Et Simo, il n’aime pas qu’on vienne piétiner sa terre ! Simo est très fâché ! Il prend son fusil et commence à tirer les Soviétiques comme à la foire. Il est revêtu de blanc pour se fondre avec la neige, se tient parfaitement immobile et met de la neige en bouche pour ne pas dégager de buée. Il va abattre 505 ennemis au fusil et près de 200 à la mitraillette. La morale : faut pas piétiner les navets d’un petit fermier finlandais d’1,52m !



20 septembre 1918.

Comme tout le monde le sait, déjà en 1914, la cavalerie, c’était une arme dépassée, complètement obsolète… Heu… Avez-vous entendu parler du général Jouinot-Gambetta et de ses 3000 spahis et chasseurs d’Afrique ? Uskub, vous connaissez ? C’est en Bulgarie… C’est là qu’ils vont faire prisonniers 50.000 Bulgares… Et ce n’est pas tout…



1905.

La danseuse « orientale » Mata Hari fait rêver le tout-Paris et pas que ! Elle gagne des fortunes, dépense beaucoup, et… se retrouve sans le sou lorsque la guerre arrive car elle a oublié un petit détail : avec le temps, elle a vieilli et ses charmes sont moins aguichants. Les services secrets allemands se disent qu’elle ferait une excellente recrue, vu qu’elle connaît bien du monde en France…



Nuit du 15 au 16 mai 1940, à proximité de l’Escaut.

Jules Beaulieux reçoit un appel. Il est seul dans sa tourelle plantée dans le sol. Il doit arrêter les Allemands ! Avec sa mitrailleuse, il tient les Allemands en échec ! Tout seul ! Comme un grand ! Les Allemands font venir un canon automoteur qui ne détruit pas la tourelle mais la bloque…



19 mai 1915. Gallipoli (actuelle Turquie).

Ils ne sont plus que trois Australiens dans leur tranchée. Deux sont blessés. Le troisième s’appelle Albert Jacka. Se rendre ? M’enfin ! Vous êtes fou ! Et si Albert allait rendre une petite visite aux Turcs ? Quand les renforts arrivent, Albert a déjà pris la tranchée turque et mis ses hommes hors de combat !

7 août 1916. Pozières (France).

Les Allemands prennent la tranchée australienne. Albert dort dans un abri. Les Allemands balancent une grenade. Sur les trois occupants, deux sont tués ; le troisième est très en colère. Il s’appelle Albert. Albert Jacka ! Il flanque une pâtée aux Allemands, récupère quelques soldats australiens et reprend la tranchée. Petit détail : dans l’affaire, Albert a pris 7 balles dont deux dans la tête ! Techniquement, il devrait être mort…



1912.

Eugène Bullard est noir. Aux USA, ça compte ! Il est obligé de fuir en 1912 et embarque sur un bateau qui le débarque en Ecosse. Il aurait préféré la France, mais il y a des situations où le choix est très limité. Pour gagner sa vie, il sert de cible humaine à un lanceur de couteaux dans des spectacles, puis devient boxeur professionnel et s’installe en France.

Pas de bol, la guerre éclate. Eugène s’engage dans la légion étrangère et y combat durant deux ans. Puis, pas de chance, il est blessé deux fois et déclaré inapte à l’infanterie. La guerre est finie pour lui ! Oh ! Oh ! Oh ! Pas si vite ! L’infanterie c’est fini, alors il devient pilote dans le corps de volontaires américains de l’escadrille Lafayette…



Critique :



Une fois encore, Julien Herveux nous narre des péripéties guerrières d’individus hors du commun et, pour aussi invraisemblables qu’elles puissent paraître, ces histoires n’en sont pas moins véridiques. Plusieurs de ces hommes ont été complètement oubliés par leur pays, parfois volontairement.

Les dessins de Monsieur Le Chien sont toujours aussi bien adaptés à l’humour dérisoire et noir de cette série.

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