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Critiques de Karel Capek (178)
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Voyage vers le nord

Après avoir chroniqué L’année du jardinier de Karel Čapek, je m’étais promis de découvrir un autre titre de cet auteur tchèque majeur du XXème siècle. Je jetais donc mon dévolu sur un récit de voyage rédigé peu avant la Seconde Guerre Mondiale et le décès de l’écrivain, Voyage vers le Nord.



Le voyage vers le Nord conduit Karel Čapek vers le Danemark, la Suède puis les fjords de Norvège. Il effectue ce voyage seul, et même s’il nous gratifie de quelques rencontres plaisantes, c’est bel et bien la nature et les paysages traversés qui font office de personnage principal du roman et auxquels l’auteur n’hésite pas à s’adresser directement.



Il effectue d’abord un bref passage au Danemark, un pays propère où il fait bon vivre et où les gens se font confiance, décrite (comme toujours) avec le sens de la formule :



"Rien à dire, c’est un tout petit pays, quoi qu’il compte plus de cinq cents îles ; c’est une petite tranche de pain, mais bien beurrée. Loués soient ces troupeaux, ces granges, ces pis gonflés, ces clochers émergeant de la cime des arbres, ces ailes de moulins qui tournent dans une brise fraîche…"



N’oublions pas que ce voyage fut effectué en 1936, et Čapek est conscient de la montée de périls. Rédigeant dès 1924 une critique du communisme, il dénonce également le national-socialisme. Les nazis avaient d’ailleurs couché son nom sur la liste des personnes prioritaires pour la déportation après l’invasion de la Tchécoslovaquie. Sa mort prématurée en 1938 lui a évité cette ultime épreuve. Ainsi, dans ce livre, on trouve quelques allusions à la période troublée traversée par l’Europe.



Au fur et à mesure du récit, en concluant son périple et après avoir observé des gens évoluant dans une nature hostile, il perçoit le péril qui monte et la futilité des luttes en cours :



"Un jour, les hommes comprendront qu’aucune victoire n’en vaut la peine ; et, s’il leur faut vraiment des héros, ils pourraient élire ce petit docteur de Hammerfest qui va d’île en île sur son canot à moteur dans la nuit polaire, là où une femme est en train d’accoucher et un enfant de pleurer. Les tambours de la guerre dussent-ils cesser de battre un jour, il y aura toujours bien assez de place pour les hommes courageux et entiers."



Néanmoins, ces quelques lignes ne doivent pas vous détromper sur la nature première de cet ouvrage ; il s’agit d’un récit de voyage où l’on voit défiler devant nous des montagnes, des glaciers, des lacs… le tout servi par un langage très poétique, très imagé. Une lecture qui nécessite une présence de la part du lecteur, une certaine lenteur pour bien savourer. Ajoutons-y un sens de l’humour très développé (ce qui est très tchèque !), illustré ci-dessous par la façon dont il décrit un groupe appartenant à une congrégation chrétienne, ayant pris place sur le même bateau que lui :



"Ils pratiquent avec ferveur l’amour du prochain et s’exercent notamment sur les gens souffrant du mal de mer, les chiens, les jeunes mariés, les enfants, les marins, les autochtones, et les étrangers, en les accostant et en les encourageant, en les apostrophant chaudement, en les saluant, en leur souriant et, d’une façon générale, en les accablant de toutes sortes de prévenances ; ainsi, il ne nous restait plus qu’à nous barricader dans nos cabines pour y balsphémer tout bas, avec acharnement. Que le Dieu de miséricorde prenne nos âmes en pitié !"



Enfin, si L’année du jardinier était richement illustrée par son frère Josef, c’est Karel lui-même qui nous gratifie ici de très jolis croquis des paysages rencontrés.



Il m’a manqué peut-être dans ce livre une partie du charme que j’avais tant apprécié dans L’année du jardinier. Je vous conseille néanmoins d’aller découvrir ce livre en l’empruntant dans votre bibliothèque.
Lien : https://evabouquine.wordpres..
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

La curiosité m'a poussée à lire cette courte pièce de théâtre, écrite par un auteur tchèque en 1920. Qu'a-t-elle de si spécial, en effet ? Juste le fait que, pour les besoins de cette pièce de théâtre, Karel Čapek a inventé le mot "robot" (dérivé du tchèque robota, voulant dire corvée). Les robots décrits par Čapek se rapprochent cependant plus de clones que de machines. Ils sont en effet fabriqués en série à partir de matières organiques dans des usines isolées sur une île. Sur cette île prendra part l'intrigue de la pièce qui met en scène les quelques humains travaillant en tant que dirigeants pour l'usine. Ce qui m'a frappée à la lecture de cette œuvre, c'est qu'elle porte déjà en elle le cœur de ce qui donne corps à beaucoup d'intrigues tournant autour des robots : des être aux capacités sensitives et intellectuelles limitées, prenant conscience d'eux même et se révoltant contre leurs créateurs. Si l'auteur manie avec subtilité un humour cynique des plus réjouissants, la fin est convenue et peu intéressante. D'ailleurs, l'intrigue en elle même ne l'est que lorsqu'elle est remise dans son contexte : écrit dans les années 20, R.U.R. est un texte d'une effroyable modernité, qui, en plus de cet apport à lexicologie, énonce une critique virulente du rationalisme économique et pose les bases d'une des thématique centrale de la science fiction.…
Lien : https://atraverslamarelle.org/
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L'Année du jardinier

Ecrit en 1929. Faut le préciser parce que sans doute la permaculture bouleverserait bien des propos du livre. Qui est fort précis dans les conseils, les techniques, et sur la personne du jardinier. Avec pas mal d'humour et d'autodérision appréciable.

A offrir aux amateurs des jardins.
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Lettres d'Angleterre

Ces Lettres relatent le voyage que fait le journaliste tchèque Karel Capek en Angleterre, en Ecosse, au Pays de Galles et (à peu de choses près) en Irlande en 1924 : Lettres, parce qu’elles se présentent sous la forme de textes envoyés au journal praguois Lidové Noviny au cours de ce séjour. Ecrites à destination des lecteurs de ce quotidien lu par l’élite culturelle, leur ton est à la fois léger, amusant et faussement naïf. Capek, qui avait déjà fait de nombreux voyages mais dont c’était le premier sur les îles Britanniques, rend compte un peu en vrac de ses observations : sur les policemen londoniens « semblables à des dieux », sur les arbres centenaires dont il suppute qu’ils ont une grande influence sur le torysme anglais, sur la morosité des dimanches, la circulation dans la capitale ou encore sur les joueurs de cornemuse. Peut-être, s’il était envoyé aujourd’hui en voyage, Capek ferait-il le choix de faire son récit sous forme de story Instagram.
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L'Année du jardinier

Un livre destiné aux initiés au jardinage, aux accros de la petite fleur et du potager, ceux qui se battent avec le tuyau d'arrosage, surveillent la météo et leurs semis comme le lait sur le feu, ceux qui n'ont jamais assez de place pour planter tout ce qu'ils souhaitent, ceux qui bêchent et piochent sur la moindre petite parcelle laissée libre oubliant qu'ils avaient en fait déjà planté là une plante ou un bulbe pas encore sorti de terre !



Où l'on découvre également que l'engouement pour les activités jardinières mais aussi les jardineries ne datent certainement pas d'hier, ce texte si actuel ayant été écrit en 1929. Mais le jardinage est à la fois très dépendant du temps et intemporel...



Offert par ma sœur à Noël dernier, j'ai lu ce livre en janvier 2019, moment idéal car le jardinier y ''cultive surtout le temps"



Quiconque aime trifouiller la terre se reconnaîtra dans cette année du jardinier contée avec poésie et humour par Karel Capek et joliment illustrée par Joseph Capek.
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Contes d'une poche et d'une autre poche

Karel Capek : contes d’une poche et d’une autre poche. Nouvelles traduites du tchèque par Barbora Faure et Maryse Poulette, éditions du Sonneur, 2018

Plus que de nouvelles, ceci est un recueil de contes, comme son titre l’indique. En effet les histoires sont présentées comme des contes par leur forme : elles débutent toutes par une entrée en matière annonçant un récit du style « l’histoire que je vais vous raconter s’est passée en… », et sont relatées par des narrateurs différents.

Dans ces quarante-huit nouvelles, dont plus de la moitié étaient inédites en français, Karel Čapek mêle l’ordinaire à l’extraordinaire, l’humour à la satire ; il est souvent question de crimes, de disparitions, de mystères. Les Contes d’une poche et d’une autre poche sont parfois des paraboles qui font réfléchir, mais aussi beaucoup sourire.

Karel Capek (1890-1938) a écrit plusieurs romans, recueils de nouvelles, pièces de théâtre. Il parle pour la première fois du mot « robot » en 1920, dans un texte de science-fiction, terme inventé par son frère Josef.

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La guerre des salamandres

Un chef d’œuvre de fable géopolitique intemporelle, du récit d’aventure à la dystopie.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/05/26/note-de-lecture-la-guerre-des-salamandres-karel-capek/
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

Étonnamment puissante et actuelle, l’invention sociale et politique du robot en 1920.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/04/10/note-de-lecture-r-u-r-karel-capek/
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Voyage vers le nord

En 1936 Karel Capek met le cap vers le nord, destination le Danemark, la Suède et la Norvège. En train ou en bateau, il admire les forêts à perte de vue, s'arrête fasciné dans les fjords "c'est une chose qui ne fait plus partie de ce monde, une chose indescriptible", salue les vaches noires et blanches, et rêve devant les fermes rouges qui semblent si accueillantes :



"Ce n'est rien qu'un petit pont de pierre qui enjambe une rivière paisible ; et pourtant ce pont semble mener de l'autre côté, vous savez, de l'autre côté, là où les soucis et la hâte n'existent plus, et où, probablement, on ne meurt jamais. Ce n'est rien qu'une maisonnette rouge et blanc entre des arbres verts ; mais, ma foi, on se dit qu'on serait heureux si on y vivait ; je sais bien que ce n'est pas vrai, que ce n'est pas si facile d'être heureux, et que cela ne s'apprend pas, même au paradis ; mais ce pays est ainsi fait que le voyageur y est immédiatement enclin à croire à la paix, à la tranquillité, au calme et aux vertus cardinales." p. 265



Il se laisse peu à peu gagner par la magie de ces lieux en sursis.



"Et j'ai vu des arcs-en-ciel de minuit tendus de rivage en rivage, un coucher de soleil doré et humide se refléter dans la mer par une aube glacée ; j'ai vu les lueurs de l'aurore et du couchant se fondre en un rayonnement palpitant des eaux, le peigne d'argent du soleil caresser la surface étincelante de la mer. Les sentiers brillants des dieux marins se mirent à scintiller furieusement sur les eaux et le jour fut. Bonne nuit, bonne nuit, car c'est le jour, la première heure ; les montagnes se dissimulent derrière un voile de soleil ; au nord, le vaste sund luit d'une blanche clarté, la mer clapote froidement et le dernier passager du bord plonge frileusement dans un nouveau livre." (p. 185)



"Je sais que tout cela ne mérite pas d'être raconté, et que d'autres que moi en ont vu cent fois plus : mais je suis patriote européen et si je ne devais plus jamais rien voir, je dirais jusqu'à ma mort : "J'ai vu la grandeur du monde." Peut-être que notre planète refroidira un jour - ou que nous nous en chargerons, nous les hommes ; nous mettrons alors une telle pagaille qu'il n'y aura même plus de mouettes pour crier au-dessus des mers. Mais, quand bien même nous découperions les uns les autres en petits morceaux nous ne pourrions pas entamer la grandeur du monde. Je sais, ce n'est pas d'un grand réconfort ; nous vivons des heures sombres, et notre coeur est empli d'inquiétude ; mais le monde est grand." p. 199



Son humour illumine le récit, comme dans ces scènes durant lesquels il se retrouve sur un bateau avec un groupe de représentants d'une quelconque Eglise américaine, "cargaison spirituelle" bruyante et omniprésente :



"Ils pratiquent avec ferveur l'amour du prochain et s'exercent notamment sur les gens ouffrant d mal de mer, les chiens, les jeunes mariés, les enfants, les amrins, les autochtones, et les étrangers, en les accostant et en les encourageant, en les apostraophant chaudement, en les saluant, en leur souriant et, d'une façon générale, en les accablant de toutes sortes de prévenances ; ainsi, il ne nous restait plus qu'à nous barricader dans nos cabines pour y balsphémer tout bas, avec acharnement. Que le Dieu de miséricorde prenne nos âmes en pitié !" p. 107



Et pas une goutte d'alcool pour supporter cela, on ne vend pas d'alcool à bord des bateaux norvégiens ! Ses portraits sont toujours savoureux, il apprécie ses rencontres, telle ce capitaine de bateau débonnaire qui garde le cap et sa bonne humeur quoi qu'il arrive !







Karel Capek ne se contente pas d'écrire, il dessine et nous enchante de ses esquisses qui célèbre la beauté du monde...
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L'Année du jardinier

Je n'ai qu'un tout petit jardin - et c'est mon mari qui s'occupe du potager -, et pourtant je me suis reconnu dans ce jardinier au fil des mois.

Même si, de nos jours, nous consultons et commandons moins sur catalogues, mais fréquentons les terribles magasins de plantes pleins de tentations, d'où nous revenons les bras chargés de nouvelles pousses pour nous demander où les planter maintenant.


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Contes d'une poche et d'une autre poche

C'est la première fois que je lis Karel Capek, écrivain tchèque né en 1890 et mort à 48 ans, mais j'ai retrouvé dans ces quarante-huit courtes nouvelles le genre d'humour, souvent basé sur l'absurde, de nombre d'écrivains tchèques. Ces "contes" s'enchaînent d'un narrateur à l'autre, que celui-ci soit commissaire, brigadier, juge, ou une fois même écrivain. Ils pourraient relever du genre policier puisqu'il est question d'énigmes, de disparitions et d'enquêtes, mais Capek, en fin observateur, en mêlant à la fois l'humour et la satire, tout en conservant sa part d'empathie, nous emmène vers une réflexion sur la justice, à notre échelle d'humain ordinaire, pétrit de défauts. Le dernier conte ne s'intitule pas : "La part ultime d'humanité" ? Deux de mes contes préférés : "Les pas dans la neige" et "Le chrysanthème bleu".
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La guerre des salamandres

Le livre se compose de 3 parties différentes. Dans la première, on vit une aventure aux côtés d'un capitaine haut en couleurs. Les deux suivantes sont plus portées sur le côté scientifique et politique. J'ai beaucoup aimé cette évolution qui m'a amené à changer ma manière de lire et à réfléchir aux péripéties.

Aussi, ce roman de science-fiction qui date de 1936 est une satire de l'époque tout en gardant une note d'humour. J'adore ces textes qui développent notre imagination et nous font nous poser des questions à chaque page. Encore aujourd'hui, on peut faire le parallèle avec de nombreuses situations (ce qui fait un peu peur).

Après en avoir discuté avec des amis, certains ont expliqué avoir eu plus de mal. Dans la seconde partie, il y a beaucoup d'extraits d'articles qui appuient les faits et beaucoup de données scientifiques. Ça peut parfois alourdir la lecture ou perdre quelques lecteurs.



➡️ En bref, un classique que j'aurais aimé lire à l'école comme 1984 de George Orwell. Bien que le livre ait été édité il y a presque 90 ans, il reste vraiment d'actualité sur certains points...
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Le châtiment de Prométhée et autres fariboles

Karel Capek a signé, dans les années 1930, un ensemble de vingt-neuf histoires empreintes de son regard amusé sur la vie: il a "revisité", comme un cuisinier revisite des spécialités connues, un certain nombre de légendes, mythes, ou récits des évangiles ou de l'Histoire, afin de les faire revivre à sa façon, de porter un sourire sur ces épisodes.

Le résultat est plutôt inégal selon ses "fariboles", comme il les nomme lui-même. Certaines sont plaisantes à lire, elles nous rendent ces faits plus humains et les démystifient. D'autres me semblent plus embrouillées, comme si Capek s'était cherché. Néanmoins j'ai retenu de ce "châtiment de Prométhée et autres fariboles" quelque chose de plaisant à lire, sans que ce soit époustouflant, juste de bons moments. J'ai noté ici la patte d'un poète autant que celle d'un conteur marqué d'anticonformisme.
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L'empreinte

Je n'ai pas été convaincu par cette nouvelle, ni par sa forme ni par son fond.

On pourrait dire qu'il s'agit d'un conte fantastique-philosophique. Mais traiter de la vérité et de la réalité des choses versus l'insondable en vingt-cinq pages n'est, pour moi, pas un pari réussi ici.



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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

Karel Čapek, R.U.R (Rossum’s Universal Robots), @editions_de_la_difference



Vous le savez, j’aime la littérature d’Europe centrale (noooon, c’est vrai Marie ? On ne savait pas du tout 😱) et j’aime Karel Čapek, le grand auteur tchèque du XXe siècle (gros coup de cœur : Le Châtiment de Prométhée et autres fariboles, chez @editionsnoirsurblanc) qui frappe toujours par sa culture, sa pertinence, sa finesse de regard sur l’espèce humaine et la fluidité de sa langue.

Cette pièce, écrite dans les années 20, nous interpelle sur l’humanité, le progrès, le concert des nations, les guerres perpétuelles, l’utopie, la volonté de pouvoir… On sent une veine qui donnera par exemple « Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny » (Brecht, 1930), il y a la question de la révolte comme dans « Les Justes » (Camus, 1939) le tout avec un zeste de Zweig et de Kafka (et peut-être même de Barjavel ou d’Orwell), et dans nos esprits les images de Metropolis (Fritz Lang, 1927). Vous l’aurez compris je recommande vivement 😉
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Voyage vers le nord

Ce livre attire le regard tant la couverture est belle et mystérieuse. Avec ses pages intercalaires toute noires, et une impression parfaite, ce livre est très beau. Je remercie sincèrement l'ami qui me l'a offert. Je me rends compte qu'il me connaît bien car il m'a touchée sur un sujet que j'adore : les pays nordiques. Là, je peux vous dire que le Danemark, la Suède et la Norvège, vus par Karel Capek en 1936, c'est tout simplement magique. Je me suis laissée emportée par la grâce de ses mots, la franchise de ses croquis. Ses appréciations parfois ironiques et même acides tempèrent l'extase devant des paysages magnifiques à couper le souffle. J'ai eu l'impression de voyager à ses côtés et j'ai adoré. Triste d'être arrivée au bout de cette lecture et devoir atterrir dans ma réalité.
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Lettres d'Italie

Après les Lettres d'Angleterre, Les éditions La Baconnière publient Lettres d'Italie, le tout premier récit de voyage que Karel Capek ait publié. C'est lors d'un congé sabbatique (en 1923 il venait de démissionner d'un poste de dramaturge dans un théâtre) qu'il entreprend ce voyage dont la première relation a paru en feuilleton. Si avant ces Lettres d'Italie vous aviez lu les Lettres d'Angleterre dans lesquelles Capek vous régale d'un humour en parfaite harmonie avec son sujet d'observation, vous vous attendrez avec ce voyage au pays de Michelangelo et de Pirandello à la réjouissante alacrité d'un Lawrence Sterne dans le Voyage sentimental.

Or l'Italie où Capek a voyagé est un pays qui vient d'entrer sur la voie du fascisme. Il évoque très peu celui-ci mais on se demande si à travers le dénigrement de l'esprit baroque qu'il reprend tout le long du récit, ce ne sont pas les rodomontades fascistes qui sont visées.



Ces lettres composent une vision binoculaire de l'Italie dont la profondeur est donnée par le décalage entre la très grande érudition de l'auteur et la culture convenue du Beadecker qu'il semble n'avoir jamais lâché durant son séjour.



On ne sait pas trop la confiance qu'il faut donner au paragraphe liminaire de l'introduction ; "Avant mon départ, de bons amis m'avaient envoyé de gros livres sur l'histoire italienne, la Rome antique, l'art en général et d'autres sujets, en me conseillant vivement de tout lire. Je n'en ai rien fait, malheureusement, et ce petit livre est le résultat de ma négligence." S'il n'en a rien lu c'est probablement qu'il était déjà bien trop versé dans tous ces sujets là. Car ses pérégrinations italiennes sont truffées d'histoire de l'art jusqu'à saturation. Et il en semble lui-même le premier agacé.



Par ailleurs, il ne fait pas de doute qu'un esprit aussi prévenu contre les idéologies, qu'un homme qui avait anticipé très tôt les dérives tant nazies que communistes, avait bien identifié la nature du nouveau régime italien. En moquer les outrances lui eût été facile. Il trouva plus fin d'en esquisser une généalogie à travers une réinterprétation non conventionnelle de l'histoire de l'art.



En effet, Karel Capek développe une conception personnelle du baroque en assumant l'anachronisme qui le lui fait remonter à la Rome des Césars : pour lui, le gigantisme du Colisée relève du baroque au même titre que la pompe catholique de la Contre-Réforme. Admirateur enthousiaste de Giotto, Karel Capek s'agace du génie d'un Michelangelo dont il admire la maîtrise artistique aboutie tout en étant navré de ses démonstrations de force.



À ce baroque, perversion d'un art asservi au pouvoir des Princes, Karel Capek oppose un art contemplatif et humble; un art populaire dont il fait remonter la généalogie aux étrusques qu'il oppose aux Romains.

Il y a dans ce livre comme un échos inversé aux Regrets de du Bellay ; car quand celui-ci regrette la grandeur déchue d'une romanité fantasmée, l'autre s'éfare des fantasmes d'un pouvoir dont l'âpreté prend le masque populiste de la vertu. Au fantasme de la grandeur Antique, Karel Capek oppose la simplicité rustique et à ceux qui ne retiennent des siècles qui la suivirent que l'obscurantisme borné qu'on leur prête il affirme (p.94): "Et croyez-moi, nous ne comprendrons jamais la disparition de l'Antiquité superbe, tant que nous ne trouverons pas assez de vertus dans la simplicité de l'époque qui l'a dépassée."
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La fabrique d'absolu

La traduction par Jean Danès de La fabrique d'absolu n'est, je crois, pas très récente. Il me semble que traducteurs ne se permettent plus ce genre de chose depuis un moment : « Souhaitant éviter de décourager les lecteurs français, le traducteur a francisé le nom des personnages et a adapté le cadre du début en le transportant à Paris, "pensant que Capek aurait agi ainsi s'il s'était adressé directement au public français".» Mouais. Déjà, c'est prendre les lecteurs pour des imbéciles en partant du principe qu'ils seraient déstabilisés par un roman ne se passant pas en France. Ensuite, cela introduit le doute en permanence. On se demande régulièrement si ce que l'on lit a un quelconque rapport avec l’œuvre originale. Enfin, passons.



Les fabriques d'absolu, ce sont de nouveaux types de réacteurs qui ont la capacité d’annihiler l'intégralité de la matière. Conséquence : ils libèrent ainsi l’essence divine contenue dans toute chose. Et cette essence divine, cet Absolu, n'a pas l'intention de rester inactif. L'Absolu, c'est Dieu en version gazeuse. Les effets se font rapidement sentir : conversions en masse, illuminations, miracles... On pourrait penser que le monde n'est pas prêt pour une telle technologie, mais l'industriel Bondy est au-delà de ce genre de détail. Ce qu'il voit, ce sont des réacteurs extrêmement performants, et donc des bénéfices renversants. Les réacteurs envahissent donc le monde, et l'Absolu avec lui.



C'est l'occasion pour le futur auteur de La guerre des salamandres de multiplier les situations croustillantes :



« Oui, j'ai essayé toues sortes d'isolants imaginables pour empêcher l'Absolu de sortir de la cave : les cendres, le sable, les blindages d'acier, rien n'est efficace. J'ai essayé d'entourer toute la cave avec les œuvres complètes d'Auguste Comte, de Spencer, d'Haeckel, et de toutes sortes de positivistes. Pense donc que l’Absolu traverse même cela ! »



Alors que Dieu envahit le monde, la société humaine tremble sur ses fondations et Capek déploie tout son talent humoristique et satirique. Les religieux eux-mêmes ne sont guère enchantés de la venue d'un Dieu un peu trop réel, bien plus encombrant et difficile à gérer que celui, plus passif, dont ils avaient l'habitude. Petit à petit les hommes sombrent dans la fièvre de la piété, et si pendant un moment on peut imaginer un monde uni dans la bonté, la réalité se révèle toute autre :



« – Je le dis pour la deuxième fois : décampez, ou bien, au nom du Seigneur, je démolis votre baraque.

– Et vous, dit Jean Binder, rentrez chez vous, ou bien, au nom du Seigneur, je vous casse la figure. »



Eh oui ! Chacun s’approprie un petit morceau de la divinité et est persuadé de l'avoir toute entière. Dans la seconde partie du roman, c'est la guerre. La guerre totale. Capek a d'ailleurs un peu tendance à s'éparpiller. Si auparavant on restait vers Paris (donc Prague en version originale) avec quelques personnages récurrents, Capek passe ensuite à une échelle mondiale. Du coup, les chapitres n'ont que peu de liens entre eux et il est plus difficile de suivre et d’apprécier la situation. Malgré ce petit regret, La fabrique d'absolu n'est est pas moins une fable débordant d'intelligence et d'humour, une satire brillante des phénomènes religieux. Ceux-ci ayant tendance à ne guère changer au fil des époques, le roman de Capek possède une puissante dimension intemporelle.


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Récits apocryphes

Une trentaine de courts récits écrits entre 1920 et 1938 qui réinventent l'histoire et les mythes, de la préhistoire à Napoléon. Parmi les diverses époques explorées par Čapek, j'ai été particulièrement sensible à l'antiquité et aux balbutiements du christianisme, et un peu moins aux réécritures shakespeariennes. Mais quoi qu'il en soit, l'ensemble est remarquable. La plupart des récits prennent la forme de dialogues, et Čapek met en avant l'humain et sa parole. Souvent on est face à des personnages connus, mais d'autres fois ce sont d'illustres inconnus qui commentent leur époque. Et c'est pour le mieux, ces visions apocryphes sont délicieusement drôles. Par exemple, autour de Troie, les soldats se plaignent de « ce gandin d'Achille », « cette canaille d'Ulysse » et de ce « vague chanteur de foire, un dénommé Homère, ou je ne sais au juste comment s’appelle ce vagabond » qui « se laisse soudoyer avec quelques deniers pour chanter la gloire des plus grands traitres de la nation grecque ». Il est tentant d'évoquer chacun de ces petits récits tant ils ont pour la plupart leur propre force indépendante. Au-delà de l'humour terriblement efficace de Čapek et de sa maitrise de la langue, la façon dont il parvient à chaque fois en quelques pages à imposer une idée forte qui laisse à la fois troublé et souriant est impressionnante. En haut de cette édition on trouve le nom de la collection : classiques slaves. En effet, je veux bien croire que c'est un classique. Le genre de livre que l'on a envie de garder près de soi pour pouvoir en relire quelques pages régulièrement.



« — Il n'existe pas de vérité mienne, dit Joseph d'Arimathie. Il n'est qu'une seule et unique vérité valable pour nous tous.

— Et quelle est-elle ?

— Celle en laquelle je crois.

— Tu vois bien, prononça lentement Pilate. Cette vérité, ce n'est rien d'autre que la tienne. Vous êtes semblables à des enfants qui croient que le monde prend fin avec les limites de leur horizon, et qu'après il n'y a plus rien. Le monde est grand, Joseph, et beaucoup de choses y peuvent trouver place. »


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La guerre des salamandres

Indéniablement une trouvaille! multiple, lisible, inventif...
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