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Critiques de Karel Capek (175)
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

« R.U.R. » est une pièce de théâtre écrite en 1920 et originellement sous-titrée « Comédie utopiste en trois actes et un prologue ». La présente version en est la première traduction française, datant de 1924. Dans cette traduction, la version choisie pour l’extension du sigle est « Rezon’s Universal Robots » (il existe plusieurs traductions différentes). Le contexte : « R.U.R. » se déroule dans le futur, alors qu’une usine, dirigée par un certain Domin, vient de mettre sur le marché des humanoïdes, c’est-à-dire des machines ressemblant traits pour traits aux hommes. Ce sont des Robots. On peut sourire de ce terme aujourd’hui, en ayant vu défiler tant et tant. Pourtant, dans cette pièce, non seulement le nom prend une majuscule, mais c’est la première fois qu’il est publié ! En d’autres termes, le mot Robot est inventé dans cette pièce, même si l’idée de départ vient de Josef, le frère de ČAPEK.



Des humanoïdes donc. Fabriqués à des centaines de milliers d’exemplaires pour servir l’Homme, faire les besognes à sa place, les travaux ingrats. Les patrons se les arrachent car leur main d’oeuvre, et pour cause, est bon marché, de plus l’utilisation de Robots pourrait dans un proche avenir rendre l’homme oisif et jouisseur : « Avant dix ans, les Rezon’s Universale Robots auront fait tant de froment, tant de tissus et de tout, que nous dirons : les choses n’ont plus aucune valeur. Que chacun prenne ce dont il a besoin. Il n’y a plus de misère. Oui, ils seront sans travail. Mais il n’y aura plus de travail du tout, car les machines vivantes feront tout. Les Robots nous vêtiront et nourriront. Les Robots feront des briques et construiront des maisons pour nous. Les Robots écriront pour nous des chiffres et balaieront nos escaliers. Le travail sera supprimé. L’homme ne fera que ce qu’il aimera faire. Il sera débarrassé des soucis et de l’humiliation du travail. Il ne vivra que pour se perfectionner ».



L’usine R.U.R. est devenue une vraie curiosité. Ainsi, Hélène, la propre fille du Président du pays va visiter la fabrique. Seuls des Robots y travaillent, exceptés les décisionnaires, c’est-à-dire une poignée de dirigeants. Hélène est membre de la Ligue pour l’Humanité et, à ce titre, souhaiterait que les Robots soient traités comme des humains et non comme des machines. Pourtant les Robots ne semblent avoir ni âme ni sensations.



Ellipse. Dix années ont passé, les Robots ont été perfectionnés, ont même été armés. Ils ont participé à tant de guerres, tué tant d’humains, répondant à des ordres, soldats obéissants et efficaces. Ils ont envahi les lieux de travail. L’Homme devenu inutile a fini par s’ennuyer, la natalité a drastiquement baissé, rendant l’espèce humaine en danger. « On ne daigne même plus allonger son bras pour prendre la nourriture, on la leur met droit dans la bouche pour leur éviter de se lever. Ah ! Ah ! Les Robots de Domin se chargent de tout ! Les femmes n’engendreront pas pour les hommes qui sont devenus inutiles ».



Parallèlement, les Robots se sont émancipés, « humanisés », réclamant leur part de pouvoir, se montant en syndicats. Ils représentent un dixième de la population mondiale.



Le vent tourne. Les Robots se révoltent et leurs inventeurs, les dirigeants de l’usine R.U.R. doivent mettre fin à la jacquerie, alors que désormais les Robots existent depuis une trentaine d’années seulement. Le manuscrit de fabrication des Robots existe en unique exemplaire, or lui seul peut permettre de continuer à développer les humanoïdes…



Ne nous y trompons pas : « R.U.R. » n’est pas un simple récit de science fiction, il est surtout un pamphlet politique et social pacifiste. Écrit au lendemain de la première guerre mondiale, il se dresse contre les guerres, contre les ventes d’armes internationales. Il est une revendication humaniste allégorique et puissante. En somme, en quelques dizaines de pages, il peut être vu comme un petit chef d’oeuvre d’intelligence appuyé par une fin épique. Une dystopie, sans aucun doute, mais sur un ton drôle, qui cependant s’aggrave au fil des pages. Cette pièce de théâtre est un véritable coup de maître, l’un de ces textes qui changent la littérature, à l’instar d’un « Nous » du russe ZAMIATINE, dystopie sortie la même année, et qui pour sa part a influencé ORWELL pour son « 1984 » (écrit près de 30 ans plus tard !) et HUXLEY pour « Le meilleur des mondes ». « R.U.R. » est incontestablement une pierre à l’édifice de la future littérature contre-utopique. La version proposée est la numérique de la Bibliothèque russe et slave, à partir d’une traduction de 1924.



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La guerre des salamandres

Karel Capek est l’un des pionniers du genre littéraire de la science-fiction, puisque c’est même lui qui a inventé le mot « robot » en 1921. Peu adepte du genre, j’ai décidé de découvrir ce roman sur conseil d’ami et je ne le regrette pas. Mêlant le fantastique, l’humour et le roman social, ce livre est criant de réalisme.



Le roman est découpé en trois livres. Tout commence avec la découverte d’une nouvelle espèce de salamandre, immense, et humanisée. Le livre explore les enjeux sociaux, économiques, politiques, scientifiques, et moraux de l’exploitation de cette nouvelle espèce. En effet, elles peuvent facilement devenir une force de travail pour les hommes. Les salamandres se développent très rapidement, au point que le renversement de l’Humanité ne devienne inévitable. Il y a peu de personnages, donc on ne peut pas vraiment s’attacher à une personne en particulier, on suit l’Humanité entière, Hommes comme Salamandres.



L’écriture est fluide et addictive, avec beaucoup d’humour et de cynisme, pas mal noir. C’est une satire de la société et des rapports entre personnes, que Kapec a écrit en pleine montée du stalinisme, ce que l’on ressent beaucoup dans son écriture avec une critique de l’uniformité. L’addictivité vient également du réalisme du roman : le récit est entrecoupé de faux articles, dessins et schémas, comme si cela se passait vraiment. Il y a un fort ton journalistique.



Un chef-d’œuvre pour moi, qui mérite d’être lu. L’histoire est géniale, et très prenante !
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

Bonsoir, un genre différent ce soir pour mon retour de lecture une pièce de théâtre écrite en 1920. Je vous parle de R.U.R. Rossum's Universal Robots de Karel Capek. Il s'agit d'une pièce de science-fiction.Il s'agit d'un auteur tchèque classique très connu (1890-1938). L'intérêt premier de cette pièce est l'utilisation pour la première fois du mot Robot. Il a inventé ce mot à partir du mot tchèque robota qui signifie travail. La pièce est une pièce utopiste sur un monde où des humains ont fabriqué des robots pour se faciliter la vie et profiter uniquement du temps libre. Bien évidemment les robots fabriqués sont de plus en plus performants jusqu'à se rebeller. C'est aussi un conte philosophique sur la place de l'homme, la nature et la science. C'est une très belle découverte pour moi.

quatrième de couv.Rossum, un scientifique génial, invente un robot. Ses successeurs le perfectionnent et la société Rossants Unirersal Robots commence à les produire en masse. Les robots sont des machines capables de penser qui s'imposent comme une force de travail extraordinairement peu coûteuse, productive et sans prétentions, mais manquent de vie spirituelle et de sentiments. Des millions de robots remplacent progressivement les hommes, et la compagnie R.U.R. gagne des milliards. Les hommes devenus anachroniques et inutiles sont condamnés à l'inactivité et à l'oisiveté. L'humanité tombe vite en décadence. perd sa capacité à se développer, ne procrée plus. Les robots font les guerres et finissent par se révolter contre leurs maîtres, les hommes. Leur but est de tuer tous les hommes parce que les robots s'estiment beaucoup plus parfaits et ne veulent plus être commandés par eux.
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La fabrique d'absolu

Dieu est en tout. Imaginez la chose au sens le plus concret... imaginez qu'en détruisant la matière jusqu'au dernier atome, on libère l'essence divine qu'elle recèle. Imaginez qu'un procédé révolutionnaire - censé à l'origine produire une énergie quasi illimitée à coût dérisoire - se répande à travers le monde, et y déverse à flots la divinité.

Cela pourrait être beau et grand, pensez-vous n'est-ce pas ? tous les hommes enfin réunis par l'essence même du monde. Naïfs que vous êtes ! Outre que l'Absolu, les miracles et les crises de foi qu'il provoque, sont très mauvais pour le commerce (ce qui est fort gênant dans un monde entièrement régi par celui-ci), il est bien évident que si Dieu se révèle, à droite, dans le moteur d'une péniche, et à gauche dans celui d'un manège, les partisans de la Divine Péniche et ceux du Divin Manège ne vont pas tarder à se tataner allégrement la tronche pour prouver à l'autre qu'il possède dans son camp la seule Absolue Divinité.

Et comme la divinité en question est un brin maladroite dans ses manifestations - elle n'a pas l'habitude, la pauvre ! - on se retrouve vite avec un sacré bordel sur les bras.



Basée sur une idée géniale que l'auteur exploite avec autant d'esprit que de justesse, la Fabrique d'Absolu ne m'a pas autant emballée que la Guerre des Salamandres, par laquelle j'avais découvert Čapek il y a quelques mois. J'ai manqué, surtout, de personnages auxquels m'accrocher pour donner du corps, de l'émotion à l'histoire, qui aussi brillante soit-elle m'a laissée assez froide. Mais tel quel, le récit reste bourré de ces petites phrases judicieuses et drôles, de ces remarques impitoyables sur la nature humaine qu'on a envie de souligner et qui confirment le talent et la clairvoyance de l'auteur.
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La guerre des salamandres

Trouver un animal effrayant, découvrir une colonie, s'approcher, entrer en contact, médiatiser, s'intéresser, apprivoiser, civiliser, réduire en esclavage, partir en guerre... "La guerre des salamandres", c'est tout ça à la fois. Une utopie dans la plume d'un des plus brillants auteurs tchèques, européens, mondiaux, du XXe siècle, malheureusement trop méconnu dans nos contrées.



"La guerre des salamandres" se base sur la découverte d'une colonie de ces petites bestioles par le capitaine van Toch puis, progressivement, par ce que l'homme décide d'en faire. Jusqu'à la rébellion. Tout est dit pour l'histoire ; aussi faut-il passer au texte. Je ne l'ai pas lu en français mais en anglais puis, une fois le tout bien apprivoisé, en tchèque (ce qui m'a donné du fil à retordre). Histoire brûlante racontée avec humour, panache, sensibilité, beauté. Quelle langue, et surtout quel langage ! Karel Čapek magnifie ses dialogues et ses descriptions par une déconcertante fluidité, animée d'un sens du symbole que l'on trouvait déjà dans ses précédentes oeuvres. Les mots se percutent et chacun est choisi pour rappeler au lecteur que tout se joue sous ses yeux, qu'il est, comme les hommes, victime impassible de la cruauté qu'ils déploient.



Par-delà la qualité de la narration et la presque perfection de l'utilisation de la langue tchèque - et de son humour ! - au service du rythme, "La guerre des salamandres" brille surtout par son acuité, sa pertinence. Cette guerre inventée entre l'homme et l'animal, c'est, en 1936, tout ce que le monde embrase : le nazisme, l'antisémitisme, la croyance dans le progrès, la vacuité de la SDN (comment ne pas hurler au visionnaire quand Čapek dépeint une conférence de la dernière chance où la Chine, , n'aura pas l'occasion de parler... deux ans avant Munich, il n'y aurait pu avoir pareille similitude et pourtant...), les camps, les alliances, l'espace vital. Qui sont ces salamandres ? Les juifs brisés par la folie humaine ? Les nazis qui conquièrent des territoires ? Les esclaves du capitalisme et de ses groupes monopolistiques ? Les ouvriers du socialisme ("Salamandres de tous les pays, unissez-vous !") ? Elles sont tout cela à la fois.



Le génie de cette utopie, autrement dit, est de ne pas en être une. Brillante par sa narration, éblouissante dans sa prose, scandaleusement novatrice par le mélange des genres (notes de bas de page, journaux découpés, articles scientifiques, dialogues au style direct ou indirect, intervention de l'auteur), elle dépeint surtout le monde tel qu'il est. La métaphore ne souligne qu'une réalité qui ne peut être dévoilée que par des salamandres, qui nous font horreur, que nous prenons en pitié. "La guerre des salamandres" est à ranger au panthéon des fictions qui reflètent l'agonie de l'humanité, aux côtés de "1984", du "Meilleur des mondes" et de "Fahrenheit 451".
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

Du point de vue des divers idées et formes dans le domaine de la science fiction, cette pièce de théâtre écrite en 1920 est encore aujourd'hui en avance. Non seulement il y a l'invention du terme robot, mais en plus, ci-ceux sont organiques et non mécaniques, et leur fabrication est décrite dans le menu détail, à l'exemple de la "filature de nerf, de veine. La filature où on déroule des kilomètres et des kilomètres de tube digestif. Je suis persuadé qu'un passionné de cinema bis pourra me trouver le premier film avec des robots organiques, je crois pour ma part que c'est la première fois que je rencontre ce type de récit, qu'en plus cela apparaisse en 1920 sous la plume de l'inventeur du mot robot, on s'aperçois ici que les inventeurs de mythes moderne sont souvent plus créatif quand il s'agit de leurs créatures que quand elles sont reprises par d'autres auteurs, même si Assimov à écrit des livres de robots absolument génials.

Si l'on en vient au fond, "RUR : Rossum's Universal Robots" est un livre moraliste, anti-progressiste, qui ne croit pas a l'émancipation et qui pense que l'homme est fondamentalement mauvais. Il y a des citations de la bible et des considérations sur le travail qui, si elle ne son pas du goût de tout le monde, sont bien formulées et peuvent stimuler des réflexions.



La morale du livre est conservatrice mais cette histoire, une industrialisation de Frankenstein nous emporte et nous stimule.
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

ALQUISTE



Mais Harry, ce que vous dites, ça ressemble trop au paradis ! Il y a quelque chose de beau dans la servitude et quelque chose de grand dans l’humilité. Je crois en la vertu du travail bien fait et de la fatigue.



"DOMIN



Je ne l’exclus pas. Mais ce qui est perdu est perdu, si nous voulons refaire le monde à partir d’Adam. Désormais Adam ne mangera plus son pain à la sueur de son front, il ne connaîtra ni la soif, ni la faim, ni la fatigue, ni l’humiliation, il reviendra au paradis où la main du Seigneur le nourrissait. Il sera libre et souverain. Son unique tâche, son unique travail et soucis sera d’être le meilleur possible. Il sera enfin le maître de la création.



BUSMAN



Amen.



FABRY



Ainsi soit-il."





Non, l’utopie humaine de ne plus rien faire et gagner de l’oseille n’est pas un mythe. Et cette pièce de théâtre écrite en 1920 par un tchèque ne fait qu’appuyer les plus grands théoriciens de l’évolution.



Et si Dieu était réellement mort ? Si Nietzsche avait raison ?



Harry Domin est sur une île déserte avec quelques scientifiques avec qui il partage beaucoup d’idées. Ensemble ils oeuvrent à créer une nouvelle race, une oeuvre qui n’est déjà plus un prototype. Ensemble, ils travaillent à la robotique.



Mais lorsque la jeune Héléne, la fille du président Glory, arrive pour montrer aux hommes que les robots peuvent avoir une âme, les choses se compliquent.



Je ne vous résumerai pas plus le livre. Tout simplement parce que je ne saurais pas le faire.



Ca faisait maintenant longtemps que je n’avais pas lu une pièce de théâtre. Et celle-ci n’est pas n’importe laquelle, puisque rappelons-le, en 1920 le terme de robot était inexistant.



Cette pièce est classée en science-fiction. Aujourd’hui, on pourrait réfléchir à la mettre en anticipation. Tout ça pour vous dire que Karel CAPEK est le premier homme à avoir employé le mot robot, qui, en Tchèque, ne signifie rien d’autre que corvée.



L’Homme serait-il assez fou pour penser pouvoir remplacer Dieu ?



Avec beaucoup de réflexion sociologiques, psychologiques et humanistes, l’auteur nous propose un éventail bien réfléchi de personnages tous différents. Du créateur un peu fou à l’architecte humaniste, le tout en passant par le docteur influençable et la belle Hélène qui fait tourner les têtes sur l’île qui fait frémir.



Autant dire que le paysage laisse à désirer, que ce huis clos peut faire office d’un bon film d’horreur, mais qu’on en redemande. Pourquoi ? Parce qu’il est totalement fou d’imaginer un type qui parle du futur comme CAPEK en 1920. Les problèmes salariales étaient déjà en jeu, tout comme l’économie capitaliste et l’envie de diriger le monde.



Evidement, on se croirait dans une tragédie Shakespearienne où tout est annoncé dés le début, où tout est prévu, où aucune place n’est laissée au hasard. Et le fait que les personnages ne croient plus en Dieu renforce l’effet que veut donner CAPEK a sa pièce, à savoir un soupçon d’humour noir, et une prise de conscience face à l’humanité… "Il n’y a rien de plus étrange pour l’homme que son image", nous dévoile Damon, le chef des robots, alors qu’Hélène voit le malheur s’abattre sur l’île avant même que les autres ne le soupçonnent. A moins que ?



"DOMIN, en la prenant par les mains



De quoi as-tu peur, Hélène ?



HELENE



Je ne sais pas. Comme si quelque chose allait s’abattre sur nous… S’il te plait, fais-le ! Emmène-nous loin d’ici. On trouvera bien un endroit où il n’y a personne."



R.U.R. est un livre qui interroge. Il a été traduit en une vingtaine de langues et la pièce se joue dans le monde entier.
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L'Année du jardinier

J'aimais jardiner... quand j'étais plus jeune.Je manque de temps et j'ai beaucoup de chats. Néanmoins, j'ai lu ce livre qui était dans ma PAL depuis deux ans avec beaucoup d'intérêt car ce n'est pas un livre de jardinage comme les autres.

Jardinage, ai-je dit ? Non, plutôt monomanie du jardin. Nous avons affaire à un passionné, qui ne pense, ne vit que pour son jardin, ne supporte pas d'être éloigné de lui très longtemps, et quand il est obligé (quelle horreur !) de partir en vacances, il écrit chaque jour des lettres passionnées au malheureux qui en a la charge. Il m'a rappelé quelqu'un (moi, et les compte-rendus téléphoniques au sujet de mes chats quand je m'absente).

Comme un vrai livre de jardinage, il est découpé en mois et entre chaque bréviaire mensuel se trouve un chapitre centré sur une spécificité du jardin : les semences, les bourgeons, et même la pluie. Ce livre a près de quatre-vingts ans, il ne connaît donc pas les engrais, les insecticides, et les recettes préconnisées sont parfois à mourir de rire (ne ratez pas les méthodes pour se débarrasser des pucerons au mois de juin). Karel Capek a de l'humour, certes, mais aussi beaucoup de tendresses pour ses monomaniaques, ses obsédés de la plante rare, ceux qui ont toujours peur d'écraser une pousse fraîchement sortie de terre, ceux qui ont mal au dos à force de se courber sur leur plante favorite.

Le dernier point qui m'a séduite à cette lecture sont les illustrations, conçues par le frère de l'auteur, Josef : j'aime les histoires de famille.
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La maladie blanche

« Je ne laisserai pas s’étendre ici cette peste pacifique. »

« Une paix éternelle? C’est un crime. »

« Renoncez à la richesse. Devenez pauvre pour pouvoir guérir. »

Le livre est un pamphlet puissant grâce aux phrases assassines que l’auteur distille dans ses discours.

Les trois maximes ici sont tout simplement extraordinaires de cynisme et en même temps quelle utopie incroyable à laquelle on ne peut croire non plus.

C’est tout simplement génial et c’est à rapprocher d’Ibsen avec « un ennemi du peuple »
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

On peut se poser la question pourquoi cet auteur tchèque n'est pas devenu aussi célèbre ou aussi adapté au cinéma que des Asimov, Huxley ou Orwell.

Néanmoins, Karel Capek est passé à la postérité grâce au mot "robot" que l'on utilise quotidiennement et qui apparaît pour la première fois dans ce livre.
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L'Année du jardinier

Je n'ai pas réussi à rentrer dedans. Dès la préface, j'ai eu le sentiment que celui qui l'avait écrite voulait nous donner envie parce que cela n'allait pas être facile....Donc ça me mettait déjà dans un drôle de sentiment. Et ensuite....Bah je l'ai pas trouvé mauvais, mais je n'y ait pas vu une qualité littéraire absolue. Les dessins sont jolis, mais le récit je l'ai trouvé plat. On sent quand même l'amour de l'auteur pour la terre, une envie de nous transmettre le gout du temps qui passe, des saisons, de la nature mais je n'avais pas besoin de lui pour cela. Bref , je suis dubitative.
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La vie et l'oeuvre du compositeur Foltyn

LA VIE ET L’ŒUVRE DU COMPOSITEUR FOLTYN de KAREL ČAPEK

Écrivain tchèque né en 1890 un peu oublié, Čapek fait dans ce livre la narration de la vie de Foltyn à travers des témoignages de gens qui l’ont connu. Beaucoup d’humour et de finesse dans ce livre magnifique, une belle découverte pour moi.
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L'Année du jardinier

Dans l'Année du jardinier, édité en 1929, Karel Capek, observe avec humour, tendresse et poésie, au fil des mois et des saisons qui s'égrènent au rythme d'un almanach, l'étrange comportement du jardinier qui apparaît comme un combattant de l'impossible. L'auteur décrit sa lutte éternelle contre la météo, trop sèche ou trop pluvieuse mais jamais idéale, contre les gelées tardives ou les printemps précoces qui saccagent ses espérances, contre les pucerons et même contre son tuyau d'arrosage récalcitrant. Il fait partager aux lecteurs ses joies loupées de peu, comme la floraison du premier bouton de forsythia annonciateur du printemps, qui choisit d'éclore alors que le jardinier a le dos tourné, ou la récolte miraculeuse de ses radis, qu'il est le seul à apprécier chez lui et qu'il doit manger jusqu'au dernier pour ne pas les perdre. Et lorsqu'enfin arrive la période des récoltes, de l'abondance, en été, quel crève-coeur de devoir partir en vacances !





Mais sous la légéreté et la drôlerie accentuées par les dessins naïfs de son frère Josef, sommeille le docteur en philosophie qui sous couvert de jardinage, distille en filigrane quelques sujets de réflexion ou de méditation, qu'il faut débusquer comme des fleurs rares bien cachées sous leur emballage horticole : « Nous ne voyons pas les germes parce qu'ils sont sous la terre ; nous ne connaissons pas l'avenir parce qu'il est en nous. Parfois, il nous semble que nous sentons la pourriture, encombrés que nous sommes de vestiges desséchés du passé ; mais si nous pouvions voir tous les rejets gros et blancs qui se frayent un chemin à travers cette vieille terre de civilisation qui s'appelle « aujourd'hui », toutes les graines qui germent en secret, tous les vieux plants qui se rassemblent et se ramassent pour former un germe vivant, qui un jour éclatera pour créer une fleur vivante, si nous pouvions voir ce fourmillement caché de l'avenir au milieu de nous, il est sûr que nous dirions que notre mélancolie et notre scepticisme sont de grandes sottises et que le meilleur de tout, c'est d'être un homme vivant, je veux dire un homme qui croît ».



Noter l'accent circonflexe primordial sur le î de croît.

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L'Année du jardinier

Un opuscule absolument délicieux, illustré par Josef Capek (le frère), qui égraine les aventures et labeurs d'un jardinier amateur tout du long de l'année. Ne pas prendre cela comme un guide sérieux, quoique ce soit fidèle au quotidien, et bien vu dans les détails, l'auteur usant d'empathie avec cette catégorie de personnes, et d'un humour plein de gentille ironie.Un opuscule absolument délicieux, illustré par Josef Capek (le frère), qui égraine les aventures et labeurs d'un jardinier amateur tout du long de l'année. Ne pas prendre cela comme un guide sérieux, quoique ce soit fidèle au quotidien, et bien vu dans les détails, l'auteur usant d'empathie avec cette catégorie de personnes, et d'un humour plein de gentille ironie.
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L'Année du jardinier

e dois la découverte de cet auteur à Patrice et, comme lui, depuis, j’ai très envie de lire d’autres livres de cet auteur, pourquoi pas « Voyage vers le Nord » . Ce petit livre sur les amoureux des jardins est un petit concentré d’humour. Dès la première phrase, j’ai souri et je savais que je le lirai jusqu’au bout :



Il y a cent manières de créer un jardin : la meilleure est encore de prendre un jardinier



Ecrit en 1929, ce conseil me encore va très bien, derrière tout beau jardin bien fleuri se cache un jardinier compétent (ce que je ne suis pas) et qui doit passer cent pour cent de son temps libre à travailler la terre. J’adore les fleurs mais je déteste les cultiver. Pourtant, quelle merveille quand les roses s’éveillent et parfument l’entrée de la maison ! Dans ce petit livre, écrit comme un almanach, chaque mois, l’auteur précise les différentes tâches qui attendent tout bon jardinier. Tout cela est raconté avec un humour délicieux. Mais j’avoue que l’accumulation des noms de fleurs et de plantes a fini par me lasser. Karel Čapek aime le comique d’accumulation et cela m’a semblé un procédé trop répétitif. Surtout ne vous arrêtez pas à ce bémol, car dans l’ensemble vous trouverez que le jardinier de 1929 a beaucoup de points communs avec celui de 2020 . Et jamais, au grand jamais, vous n’accepterez de surveiller le jardin d’un ami qui part au mois d’août en vacances. Ce « presque rien que vous aurez à faire » peut se terminer par une vraie galère tous les jours. Le jardinier de 1929 écrivait une lettre par jour pour s’inquiéter de l’état de son cher jardin et donner ses précieux conseils, je vous laisse imaginer ce que le jardinier d’aujourd’hui ferait avec son téléphone portable grâce Facebook, Whatsapp et autres façon de s’inquiéter de ses trop chères petites plantes…
Lien : https://luocine.fr/?p=11873
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Le châtiment de Prométhée et autres fariboles

« Le châtiment de Prométhée et autres fariboles » de Karel Čapek. On trouve ici un ensemble de nouvelles joyeusement anachroniques, ironiques, sarcastiques sans jamais être cruelles ni idiotes. Il faut une solide culture classique pour apprécier pleinement cet ouvrage, sans la connaissance des mythes originels, on perd beaucoup du sel de l’écriture. Le style est fluide, la traduction impeccable... pour faire un parallèle, il s’agirait de court-métrages d’époque dialogués par Audiard, vous voyez le genre ? De plus, le regard sur les travers humains est d’une actualité mordante... un gros coup de ♥️ pour moi.
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

Une très belle réédition d'un texte fondateur de la SF et plus particulièrement de la figure du robot (terme qui apparaît d'ailleurs dans cette pièce de théâtre pour la première fois).



Les robots Rossum ont remplacé les hommes au travail. Mais après plusieurs années de servitude, les robots - légèrement modifiés- éprouvent des sentiments et finissent par se rebeller...



Un texte qui fait penser à Metropolis ou plus récemment Westworld.
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Voyage vers le nord

Après avoir chroniqué L’année du jardinier de Karel Čapek, je m’étais promis de découvrir un autre titre de cet auteur tchèque majeur du XXème siècle. Je jetais donc mon dévolu sur un récit de voyage rédigé peu avant la Seconde Guerre Mondiale et le décès de l’écrivain, Voyage vers le Nord.



Le voyage vers le Nord conduit Karel Čapek vers le Danemark, la Suède puis les fjords de Norvège. Il effectue ce voyage seul, et même s’il nous gratifie de quelques rencontres plaisantes, c’est bel et bien la nature et les paysages traversés qui font office de personnage principal du roman et auxquels l’auteur n’hésite pas à s’adresser directement.



Il effectue d’abord un bref passage au Danemark, un pays propère où il fait bon vivre et où les gens se font confiance, décrite (comme toujours) avec le sens de la formule :



"Rien à dire, c’est un tout petit pays, quoi qu’il compte plus de cinq cents îles ; c’est une petite tranche de pain, mais bien beurrée. Loués soient ces troupeaux, ces granges, ces pis gonflés, ces clochers émergeant de la cime des arbres, ces ailes de moulins qui tournent dans une brise fraîche…"



N’oublions pas que ce voyage fut effectué en 1936, et Čapek est conscient de la montée de périls. Rédigeant dès 1924 une critique du communisme, il dénonce également le national-socialisme. Les nazis avaient d’ailleurs couché son nom sur la liste des personnes prioritaires pour la déportation après l’invasion de la Tchécoslovaquie. Sa mort prématurée en 1938 lui a évité cette ultime épreuve. Ainsi, dans ce livre, on trouve quelques allusions à la période troublée traversée par l’Europe.



Au fur et à mesure du récit, en concluant son périple et après avoir observé des gens évoluant dans une nature hostile, il perçoit le péril qui monte et la futilité des luttes en cours :



"Un jour, les hommes comprendront qu’aucune victoire n’en vaut la peine ; et, s’il leur faut vraiment des héros, ils pourraient élire ce petit docteur de Hammerfest qui va d’île en île sur son canot à moteur dans la nuit polaire, là où une femme est en train d’accoucher et un enfant de pleurer. Les tambours de la guerre dussent-ils cesser de battre un jour, il y aura toujours bien assez de place pour les hommes courageux et entiers."



Néanmoins, ces quelques lignes ne doivent pas vous détromper sur la nature première de cet ouvrage ; il s’agit d’un récit de voyage où l’on voit défiler devant nous des montagnes, des glaciers, des lacs… le tout servi par un langage très poétique, très imagé. Une lecture qui nécessite une présence de la part du lecteur, une certaine lenteur pour bien savourer. Ajoutons-y un sens de l’humour très développé (ce qui est très tchèque !), illustré ci-dessous par la façon dont il décrit un groupe appartenant à une congrégation chrétienne, ayant pris place sur le même bateau que lui :



"Ils pratiquent avec ferveur l’amour du prochain et s’exercent notamment sur les gens souffrant du mal de mer, les chiens, les jeunes mariés, les enfants, les marins, les autochtones, et les étrangers, en les accostant et en les encourageant, en les apostrophant chaudement, en les saluant, en leur souriant et, d’une façon générale, en les accablant de toutes sortes de prévenances ; ainsi, il ne nous restait plus qu’à nous barricader dans nos cabines pour y balsphémer tout bas, avec acharnement. Que le Dieu de miséricorde prenne nos âmes en pitié !"



Enfin, si L’année du jardinier était richement illustrée par son frère Josef, c’est Karel lui-même qui nous gratifie ici de très jolis croquis des paysages rencontrés.



Il m’a manqué peut-être dans ce livre une partie du charme que j’avais tant apprécié dans L’année du jardinier. Je vous conseille néanmoins d’aller découvrir ce livre en l’empruntant dans votre bibliothèque.
Lien : https://evabouquine.wordpres..
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

La curiosité m'a poussée à lire cette courte pièce de théâtre, écrite par un auteur tchèque en 1920. Qu'a-t-elle de si spécial, en effet ? Juste le fait que, pour les besoins de cette pièce de théâtre, Karel Čapek a inventé le mot "robot" (dérivé du tchèque robota, voulant dire corvée). Les robots décrits par Čapek se rapprochent cependant plus de clones que de machines. Ils sont en effet fabriqués en série à partir de matières organiques dans des usines isolées sur une île. Sur cette île prendra part l'intrigue de la pièce qui met en scène les quelques humains travaillant en tant que dirigeants pour l'usine. Ce qui m'a frappée à la lecture de cette œuvre, c'est qu'elle porte déjà en elle le cœur de ce qui donne corps à beaucoup d'intrigues tournant autour des robots : des être aux capacités sensitives et intellectuelles limitées, prenant conscience d'eux même et se révoltant contre leurs créateurs. Si l'auteur manie avec subtilité un humour cynique des plus réjouissants, la fin est convenue et peu intéressante. D'ailleurs, l'intrigue en elle même ne l'est que lorsqu'elle est remise dans son contexte : écrit dans les années 20, R.U.R. est un texte d'une effroyable modernité, qui, en plus de cet apport à lexicologie, énonce une critique virulente du rationalisme économique et pose les bases d'une des thématique centrale de la science fiction.…
Lien : https://atraverslamarelle.org/
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L'Année du jardinier

Ecrit en 1929. Faut le préciser parce que sans doute la permaculture bouleverserait bien des propos du livre. Qui est fort précis dans les conseils, les techniques, et sur la personne du jardinier. Avec pas mal d'humour et d'autodérision appréciable.

A offrir aux amateurs des jardins.
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