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Critiques de Karel Capek (175)
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L'avant-scène théâtre : La Guerre des salamandr..

C'est avec plaisir que j'ai lu ces deux pièces de cet auteur dont j'ignorais l'existence et qui pourtant est bluffant de modernité. Décédé en 1938, ses propos vont loin, très loin et rejoignent certaines de nos préoccupations actuelles. La première, "La guerre des salamandres" est une fable théâtrale et poétique dénonçant un système capitaliste qui sur-exploite la nature. L'écologie est au centre de l'histoire. La métaphore (très improbable) des salamandres fonctionne à merveille et procure une dimension presque ludique au propos terrassant de pertinence. La seconde pièce évoque la question des robots, selon une trame digne de tout bon livre de SF, mais apportant quelques éléments improbables et très bien vus. Le propos va loin, très loin (Je trouve que la série "Real Humans" pourtant pas mauvaise en soi, fait petit bras face à la force de ce texte). La structure de cette pièce est plus lourde, je trouve et souffre du rapport que les pièces dites "classiques" entretiennent sur l'action. Il s'agit de beaucoup de scènes rapportées plus que vécues, surtout à la fin. À la fois, la mise en scène du propos sans discours rapporté serait un sacré défi théâtral. Cette petite remarque n'enlève en rien à la qualité de la dramaturgie, de l'écriture et des questions soulevées. Un grand auteur à découvrir ! Comme quoi que la SF a son mot à dire sur les planches et pas que derrières les écrans avec foison d'effets spéciaux.
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La maladie blanche

Un virus inconnu en provenance de Chine provoque une maladie très contagieuse , incurable et mortelle. Ignorance, égoïsme, égo et panique règnent (tout ceci ne vous rappelle rien ?).

Heureusement un traitement est découvert par un obscure médecin. Mais ce dernier met une condition pour sa généralisation...

Cette pièce de théâtre ,écrite lors de la montée du nazisme, est une charge contre le nationalisme, le cynisme et la bêtise de la foule.

Un must qui a tant de qualités qu'il devrait être intégré dans le programme scolaire.
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La guerre des salamandres

En 1936, Karel Čapek aborde dans « La guerre des salamandres » un sujet grave avec une inventivité caustique : l'esclavage auquel conduit la cupidité des hommes dans un capitalisme effréné.

Ce roman d'anticipation commence comme un livre de Jules Verne. le capitaine van Toch découvre au large de Sumatra des animaux marins intelligents qui vont lui apporter des perles. En contrepartie il va leur apprendre à se battre contre les requins, leurs ennemis. Les protégées du capitaine qui ressemblent à de grandes salamandres vont donc se multiplier. Il y est attaché et va vouloir les déplacer pour agrandir leurs lieux d'habitat, les grottes marines souvent proches des côtes. Pour cela il va faire appel à un ancien camarade de classe devenu un homme d'affaires qui va tirer parti de la situation en exploitant ces néo-humains inattendus, en leur donner une valeur économique. Mais après s'être alliés, les hommes et les Salamandres vont se faire la guerre. C'est assez surprenant parce qu'on ne sait pas finalement qui est le plus humain des deux.

Beau conte philosophique et écologique qui montre que l'homme va à sa perte s'il veut dominer la nature à n'importe quel prix.





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La guerre des salamandres

Excellente satire très visionnaire pour l'époque des excès du libéralisme économique et d'une gestion des "ressources humaines" (ou plutôt salamandresques, ici !) sans scrupules où une nouvelle espèce inteligente (les salamandres) est exploitée par les hommes comme des outils mais cela finit par se retourner contre eux.... L'humour délirant de l'auteur fait mouche !
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La guerre des salamandres

Karel Capek est un écrivain tchèque 1890/1938.

livre proposé pour la réunion de février du Club de lecture.

La guerre des salamandres est publiée 1936 . L'Europe vit la période de tension de l'entre-deux-guerres et la montée du régime nazi.



Jan VanToch, un vieux capitaine, rencontre des salamandres géantes. Ils "sympathisent" . Il leur donne des couteaux pour se défendre contre les requins, elles lui donnent des perles. Pour développer le commerce des perles il apporte l'affaire à l’entrepreneur GH Bondy. Après la disparition de Van Toch, Bondy abandonne le marché des perles et développe l'exportation des salamandres comme main d’œuvre dans de nombreux pays. Les salamandres devenues très nombreuses et puissantes se révoltent. Pour augmenter leur surface de côte elles inondent les continents. Les humains déclenchent une guerre qu'ils perdront.



Le ton d'une grande partie de l'ouvrage est assez léger, avec parfois de l'humour (la starlette et le yacht). La dernière partie est beaucoup plus sombre.Dans le dernier chapitre l'auteur discute avec sa conscience.



L'ouvrage n'est pas qu'un roman de science-fiction , il est surtout une critique des années 30.

Povondra, personnage modeste, prendra conscience de la situation désastreuse engendrée par l'exploitation des salamandres. Portier de la maison de GH Bondy il est celui qui a introduit Van Toch auprès de Bondy. Devant les résultats financier dus au travail des salamandres, il s'enorgueillit, à plusieurs reprises, du rôle qu'il y a joué " le commerce des salamandres...c'est grâce à moi que cela arrive.....c'est moi qui ait fait entrer le capitaine chez M. Bondy". Mais à la fin quand le monde s’effondre il se repent :" je voudrais seulement que ces enfants me pardonnent."



La science-fiction n'est pas mon genre littéraire préféré. Dans le même esprit j'avoue préféré "la ferme des animaux".
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La guerre des salamandres

La guerre des salamandres /Karel Čapek

Une fois l’ancre de son Kandong Bandoeng mouillée devant la petite île de Tana Masa située sur l’Équateur à quelques milles à l’ouest de Sumatra, le capitaine Van Toch, après avoir râlé sur ce coin sinistre peuplé de sauvages Bataks, s’informe discrètement auprès du seul métis de l’île, un cubain-portugais, des possibilités de se procurer des perles, faisant toutefois officiellement commerce d’huile de palme. Le métis lui indique une baie, Devil Bay, où personne ne va et où les huîtres perlières doivent abonder. Seulement, tous les indigènes disent que l’endroit est peuplé de petits diables marins et de requins.

Il n’en faut pas plus à Van Toch pour tenter une expédition vers Devil Bay. Avec son équipage et deux plongeurs cingalais, il fait route vers la baie à la mauvaise réputation. Le premier plongeur ramène rapidement quelques huîtres contenant des perles, mais revient rapidement comme terrorisé, après avoir vu des petits diables ressemblant vaguement à des phoques et se déplaçant comme des pingouins, alors que le second a été attaqué et blessé par un requin. Les faits sont corroborés par Jensen membre de l’équipage qui suit les plongeurs dans un canot, et rapportés à Van Toch qui, le lendemain fait route vers Padang sur la côte de Sumatra où il fait envoi vers Amsterdam d’un petit paquet assuré pour une somme considérable. Il recrute un Dajak de Bornéo tueur de requin au couteau et retourne vivre à Tana Masa.

La suite est racontée soit par Van Toch, soit par divers intervenants faisant de Van Toch une légende qui aurait apprivoisé les « lézards » comme il les appelle, afin de récolter les huîtres perlières et faire sa fortune, grâce aussi à Shark le Dajak qui va faire un massacre au sein de la population de requins, facilitant le travail des « lézards ».

Et Van Toch veut aller plus loin : une fois le site de Devil bay épuisé, il veut se déplacer avec ses « lézards » en aménageant un navire affrété avec l’aide de promoteurs et continuer sa récolte de perles.

Peu à peu l’espèce de salamandre va proliférer et essaimer parmi les îles de la région. Elles vont acquérir des facultés étonnantes et faire la gloire du zoo de Londres qui a réussi en s’en procurer quelques-unes. Le monde va aller de surprises en surprises et les scientifiques s’en mêlent pour expliquer cette évolution ou mutation de la salamandre miocène. Selon leur théorie, c’est un lac salé d’Australie isolé qui serait le berceau de cette espèce qui mena ainsi une existence sporadique jusqu’à ce que l’on en capture deux sujets (des documents en attestent), qui finirent par s’échapper pour finir par réaliser une résurrection évolutive en d’autres lieux et notamment à Tana Masa.

Quoiqu’il en soit, lés salamandres rendent bien service et l’élevage intensif se développe un peu partout en bord de mer et un trafic et commerce illégal s’instaurent qui échappe aux autorités. À présent, il est certain que l’avenir des Travailleurs de la Mer, comme on appelle les salamandres, semble assuré pour des siècles.

Plus on avance dans cette histoire plus on songe à la traite des esclaves noirs dans les siècles passés. Et cela va même plus loin puisqu’une distinction va apparaitre entre peau noire originelle et peau plus claire de salamandre plus évoluée, une mutation apparue en Allemagne. Le top de la civilisation salamandrienne, c’est la salamandre nordique, claire et droite au crâne plus allongé… !

Plus de vingt milliards de salamandres dans le monde vont finir par poser des problèmes et la révolte gronde des deux côtés, humain et salamandrien avec des expéditions punitives de chaque côté ! Les salamandres vont peu à peu grignoter l’espace vital de l’Homme, car elles ont su laisser de côté tout ce que la civilisation humaine comporte de gratuité, de jeu, de fantaisie, et n’en ont adopté que le côté pratique, technique et utilitaire, pour offrir une piteuse caricature très prospère de notre civilisation. Et le bonheur alors ?

Jusqu’où iront-elles ?

Une uchronie étonnante et originale pleine d’imagination publiée en 1935, une fable, une parabole tout à la fois pleine d’humour et de malice, une fresque parfois burlesque, une parodie des genres, une allégorie de l’homme sans aucun doute.

Il faut reconnaître que la lecture des 400 pages de ce livre est rendue délicate pour ne pas dire fatigante pour les yeux par les changements fréquents de police, souvent minuscule dans la deuxième partie, se rapportant à des encarts, des digressions souvent parodiques concernant diverses remarques sur les salamandres.

Malgré cette remarque restrictive, un très bon livre d’aventures et de réflexions.





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L'Année du jardinier

Passionné de jardinage, Karel Capek, dresse dans ce livre de 1929 un portrait drôle et quelque peu ironique d'un jardinier de son époque.

Comment nait un jardin, comment devient-on jardinier et comment se compose une année au jardin.

Mois par mois avec humour et poésie, se déclinent les travaux au jardin accompagnés de réflexions sur le monde du jardinier (ah ! la recherche du voisin qui va arroser le précieux jardin pendant la période de villégiature...) et de dessin du frère de l'auteur.

Ce livre de presque 100 ans donne l'impression d'avoir été écrit de nos jours ! Les tics des jardiniers non pas changés ! (tiens, il faudra que je pense à demander au voisin d'arroser les fleurs cet été...)
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La maladie blanche

Un virus venant de Chine frappe les gens âgés de plus de 40 ans..

Un médecin propose de de tester un médecin pouvant éradiquer cette maladie blanche.

Une condition cependant est mise en place pour administrer ce nouveau traitement.

Je ne vais pas en dire plus.

Cette pièce de théâtre 80 ans après est extraordinaire et l anticipation de Karel capek

Un auteur a découvrir et qui devrait être étudié dans toutes les écoles.

Plaisir de lecture et découverte 9/10

Impossible à lacher
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La guerre des salamandres

Publié en 1936, ce roman est, sous des abords assez légers et drôle, une critique radicale de l’exploitation capitaliste (des ressources naturelles et humaines), de l’impérialisme et plus largement de la bêtise humaine.



Le bouquin se divise en trois parties. La première tient du récit d’aventure et raconte la découverte par le capitaine Van Toch, d’une salamandre très évoluée, capable d’apprendre et de collecter des perles en quantité industrielle. L’appât du gain est la chose la mieux partagé dans le genre humain. Moteur originel de cette petite entreprise, l’avidité est également la motivation du majordome introduisant Van Toch auprès du richissime Bondy (pourboire espéré) qui, en bon capitaliste, fera passer cette collecte artisanale au stade industriel afin de s’en mettre plein les poches. Les salamandres sont exploitées mais également armées pour se défendre des requins dont les mâchoires font sensiblement baisser la productivité et nuisent à l’investissement. La seconde partie se présente comme une somme d’article de journaux permettant de décrire l’essor de la civilisation des salamandres. Elle est aussi l’occasion de ridiculiser l’espèce humaine incapable de voir plus loin que son intérêt immédiat, pétrie de (fausses) certitudes, arrogante au dernier degré. La dernière partie est consacrée à la guerre annoncée dans le titre et à nouveau l’occasion d’une satire des travers humains (qu’ils soient ceux des hommes ou ceux des salamandres qui ne valent guère mieux).



« La Guerre des Salamandres » est un très bon roman, fantaisiste et satirique, une œuvre majeure de la littérature tchèque.

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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

Cette pièce a été créée il y a 100 ans en 1921, et traduite du tchèque en une vingtaine de langues. Ça vaut bien qu’on y revienne pour son centenaire, d’autant que c’est à cette pièce que la langue française doit le mot robot. La pièce de Karel Čapek (1890-1938) s’appelle R.U.R. ou Russumovi univerzálni roboti, qu’on peut traduire par Robots universels de Rossum. Rossum est le nom de l’ingénieur qui fabrique ces robots. Son patronyme vient du mot tchèque rozum dérivé du français raison. Ainsi, chacune des deux langues aura donné un mot à l’autre. Ce néologisme, qui en français a remplacé le mot automate, en attendant androïde, vient du tchèque robota, travail et robotovat, travailler, issu de rob, esclave en slave ancien. Robotnik veut dire ouvrier dans plusieurs langues slaves. La pièce, qui est beaucoup plus que de la science-fiction, se déroule dans une fabrique de robots dont certains ont été imprudemment dotés de sensibilité. Un atelier fabrique les cerveaux, un autre des bobines de fibres nerveuses, des tubes artériels, des os, etc., en attendant d’être assemblés comme dans une chaîne de montage automobile. La société fabrique des milliers de robots et les humains n’ont plus besoin de travailler, deviennent oisifs et décadents, n’ont que la guerre comme passe-temps, et un jour, comme en 1789, les robots finissent se révolter contre leurs maitres et anéantir l’humanité. Le secret de leur fabrication a été brûlé, mais à la fin de la pièce, deux d'entre eux découvrent l'amour, redeviennent donc humains, et Alquist, le dernier humain, remet la responsabilité du monde à ces nouveaux Adam et Ève. La pièce est une satire de la foi aveugle dans le machinisme, bien avant Les Temps Modernes de Ch. Chaplin (1936), et déjà une mise en garde contre le totalitarisme, raison pour laquelle elle a été interdite en Tchécoslovaquie à l’ère communiste. Après l’invasion des Sudètes par Hitler, l’auteur n’a été sauvé de l’arrestation par la Gestapo que parce qu’il est mort quelques jours avant.
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La guerre des salamandres

La Guerre des salamandres est une histoire à la fois atypique, surprenante, drôle (de cet humour cocasse, souvent pince sans rire) et, osons le dire : visionnaire !



Cette satire sociale, condamnée à sa parution (ndlr : en 1936), reste d'une incroyable actualité. Si vous lisez bien entre les lignes, chacun en prend pour son grade : du capitalisme aux régimes totalitaires, en passant par la ségrégation ou encore la mondialisation… Et tout le monde y joue son rôle : du m'as-tu vu, du blanc bec, du profiteur ou bien du tire au flanc, il y en a pour tous les goûts. Mais pourquoi diable ce titre ? Eh bien ! Pour les salamandres, pardi.



Andrias Scheuchzeri est une race de salamandres géantes aux écailles noires luisantes. Si, au premier abord, elles semblent être des démons tout droit sortis des flots, ces lézards aquatiques s'avèrent bien vite davantage que cela.

Dotées d'une intelligence prodigieuse, les salamandres apprennent (très) rapidement. Elles développent ainsi une faculté du langage, mais disposent également d'une capacité à l'apprentissage — quel qu'il soit.

La particuliraté de cet ouvrage (et ce qui en fait toute son incongruité) c'est la pluralité des voix et sa chronologie. Car nous ne suivons pas un personnage en particulier — le marin aux airs de Capitaine Haddock qui découvre ces bêtes phénoménales, par exemple — mais toute une ribambelle de personnalités, qui relatent l'arrivée puis la propagation des salamandres à travers le monde et au fil du temps.



Les chapitres sont entrecoupés non seulement de pensées, de souvenirs ou de correspondances entre plusieurs individus mais également de coupures de presse, de traités scientifiques, de discours politiques etc. etc. Chaque document "retranscrit" à ses propres codes typographiques, de manière à ce que le lecteur soit toujours agréablement surpris, mais jamais perdu dans les innombrables fils de cette histoire hors du commun (faisant écho à plus d'un épisode de notre propre Histoire).



C'est un livre multiforme sans doute aussi malin que ses salamandres savantes dont il se fait le porte-parole, et qui pose cette grande question : l'homosapiens est-il maître de la Terre ?
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La guerre des salamandres

Quelle belle découverte. L'histoire de l'évolution remaniée ou anticipée? j'ai tout adoré de ce roman. Le style, très agréable et qui nous plonge dès la première page dans cet univers romanesque juste génial, entre l’île au trésor, le meilleur des mondes et un brin de "fleurs pour Algernon".

Les annotations, dessins, schémas, articles de presse et autres documents qui ponctuent le livre en font presque un objet précieux.

Les personnages, l'histoire et la réflexion sont bien poussés sans être trop et en restant parfaitement crédible.

Une pépite que j'ai découvert par hasard, comme un trésor précieux. :-)

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La fabrique d'absolu

Avec La Fabrique d'absolu, Karel Čapek confirme son talent pour la fantaisie satirique, sa plume féroce, son imagination débridée et son talent. J'ai mis la note de 5 à ce livre, mais je continue de penser que sa meilleure oeuvre est La guerre des salamandres ( courrez l'acheter! Là, maintenant), simplement, je mets 5/5 ici, et j'aurai bien mis 10/5 à l'autre!

Il s'attaque ici au fanatisme religieux sous toutes ses formes, y compris sous celle du fanatisme d'athéisme, et au besoin humain de détenir la vérité et de taper sur le voisin pour l'imposer, dans un roman avec un étonnant postulat de départ. Songez donc: un scientifique découvre une méthode de combustion révolutionnaire qui dégage une énergie folle en brûlant totalement la matière. Et quand je dis totalement: pas de gazes, pas de cendres, plus rien...sauf une étrange émanation, l'Absolu, qui donne des crises mystiques à qui se trouve à proximité et les amène même à faire des miracles !Voilà que les gens marchent sur l'eau, prophétisent, guérissent par imposition des mains...

Par ce qu'on est chez Karel Čapek, ça tourne mal évidemment dans une satire merveilleuse et brillante que j'ai beaucoup appréciée. Cela ne ressemble vraiment pas à grand chose d'autre, il y a de l'humour là dedans et je le recommande chaudement !
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La maladie blanche

Ce commentaire suit une relecture et cette pièce est toujours aussi instructive.

Critique du totalitarisme, critique des sociétés où l'ignorance et la superficialité dominent, Capek par un style léger appuie là où cela fait mal.

Le style est toujours ironique, ridiculement emphatique par moment, on est dans la comédie dramatique si l'on peut dire, les personnages sont blasés pour parler d'horreurs et très égocentriques en général, une façon d'insister sur cette superficialité destructrice d'idée.

Le héros le seul à avoir une idée, est le seul au tempérament linéaire, le seule conscient des enjeux, le seul inquiet.

Une jolie leçon qui serait très adaptée à un cours au collège.
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L'Année du jardinier

L'Année du jardinier est un petit livre très plaisant, plutôt pour ceux qui ont un coin de jardin à entretenir régulièrement, mais aussi pour ceux qui rêvent d'en avoir un, ou qui ont un coin de balcon, ou qui en ont eu, ou en auront un à jour... Si vous ne rêvez que de béton , vous serez perdu dans cet ouvrage plein d'humour qui retrace à la fois l'année d'un jardinier et différents thèmes propres au jardinage. C'est plein de malice et l'auteur déborde d'affection pour cette étrange race de monomaniaques que sont les jardiniers, dont il avoue lui même faire partie.

Aussi plaisant que cela soit, cela n'est pas non plus la claque qu'avait constitué "La guerre des salamandres " du même auteur, cela ne se hisse pas à la même hauteur faute d'un thème aussi profond, je conseillerai donc l'autre en premier en réservant celui ci pour les amateurs de jardinage ou les lecteurs en recherche d'humour mais c'est tout à fait délicieux, drôle et distrayant.
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La guerre des salamandres

Ce roman difficilement catégorisable (aka OLNI) est paru en feuilleton dans les années 30 vraisemblablement, il est paru assez récemment chez Cambourakis (11 euros), et même s'il n'est pas LE chef d'oeuvre absolu, il mérite amplement lecture et n'a absolument pas vieilli!



Première partie, au parfum de livre d'aventures, où comment l'on découvrit dans les îles du fin fond du Pacifique des salamandres de bonne taille, dociles, pacifiques, bosseuses, apprenant vite, pourquoi elles essaimèrent dans le monde entier suite à un appât du gain fort capitaliste de la part des hommes.

Beaucoup d'humour, d'action, c'est pas mal barré.



Deuxième partie, quasi consacrée à l'histoire des salamandres, offrant des notes de bas de page et différents points de vue, là c'est bourré d'ironie et d'humour noir. On ne peut s'empêcher de penser, au vu du traitement infligé aux salamandres, à la traite des noirs et aux mouvements anti esclavagistes.



Dernière partie, plus sombre, plus philosophique, où la situation se dégrade, les salamandres se révélant obligées de lutter pour un espace vital suffisant, au grand dam des hommes n'ayant pas vu venir grand chose en dépit de mises en garde de certains intellectuels.



Ce qui frappe en premier lieu dans ce roman, c'est avec quelle facilité, en dépit d'un thème sérieux, il se lit avec aisance et plaisir, grâce aux changements de genre, roman classique, dialogues, compte-rendus, essais, etc..., le tout assaisonné d'ironie.



En plus des références à la traite des noirs, on peut y voir aussi des préoccupations écologistes, une réflexion sur la démocratie, et bien sûr chercher les clins d'oeil à la situation en Europe dans les années 30. Capek égratigne avec humour les caractéristiques (supposées) des anglais, français, et surtout on ne peut s'empêcher de penser à l'Allemagne de l'époque:



"Sur ce, la presse allemande commença à faire beaucoup de bruit autour de la salamandre balte. On soulignait surtout que c'était grâce au milieu allemand que cette salamandre avait évolué vers un type racial différent et supérieur, qu'il convenait de placer au-dessus de toutes les salamandres. On parlait avec mépris des salamandres dégénérées de la Méditerranée, au corps et à l'esprit atrophié, des salamandres sauvages des tropiques et en général des salamandres inférieures, barbares et animales, des autres nations.Une formule fit fortune à l'époque 'de la Grande Salamandre à la Sursalamandre allemande!' "



Un mot sur l'auteur (merci wikipedia)

Karel Čapek, né en 1890 en Bohême et mort à Prague en 1938, est l'un des plus importants écrivains tchécoslovaques du 20ème siècle. Le mot robot, qui apparaît pour la première fois dans sa pièce de théâtre de science-fiction R. U. R. (Rossum's Universal Robots), sous-titre en anglais du titre tchèque "Rossumovi univerzální robotia", a été inventé par son frère Josef et signifie "travailleur dévoué, esclave".
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

Voilà bien longtemps que je voulais plonger dans la lecture de "R.U.R.", l'origine même du mot Robot par le philosophe tchèque Capek.



Cette pièce, écrite en 1920, est superbement contemporaine. Dans une société où le profit dicte les lois, une entreprise décide de proposer des robots pour remplacer les ouvriers et ainsi, proposé une vie sans emploi où les biens seraient totalement gratuit.



Malheureusement, il suffit de 3 actes et de quelques années pour que tout parte de travers! Cette société utopique vire à la dystopie voire, au pire qui pouvait arriver à l'humanité.



Une pièce d'anticipation qui inspirera bon nombre de roman, série et film de Science-fiction. Elle aurait pu être écrire en 2024. Les dialogues sont intéressants, philosophiques et très bien écrits.



Une pièce que se doit de lire, tout fan de Science-fiction!





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L'Année du jardinier

L’année du jardinier Karel Capek (10/18 ; 150P)

Karel Capek (1890-1938), écrivain tchèque, metteur en scène, philosophe… et jardinier, homme donc aux multiples talents, a écrit ce petit livre en 1929. Déroulant les 4 saisons du jardin (et plus particulièrement du jardin floral) en suivant le fil des 12 mois de l’année, il nous dévoile en détails les aventures et mésaventures quotidiennes du jardinier, son dos cassé, les cals des mains, son manche de bêche qui se brise, ses obsessions, la terre qui n'est pas assez bonne, le temps qui n’est jamais celui qu’il devrait être. Si dans un parti-pris drôle, il prend le contre-pied d’un récit bucolique et joyeux, c’est pour mieux nous faire partager la passion d’un homme des sens et de cœur, le bon jardinier de l’image d’Epinal. D’une écriture légère, c’est plein d’humour, vite lu (à condition de ne pas chercher sur la toile les clichés des centaines de fleurs citées sous leurs noms latins), et illustré de petits croquis enfantins de l’auteur.

Les passionnés de la bonne terre, des fleurs et de l’effort que cela demande se réjouiront, les autres trouveront sans doute cet opuscule assez anecdotique.

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La guerre des salamandres

16 ans après « R.U.R. », en 1936 ČAPEK reprend en quelque sorte son chantier, en format roman, c’est-à-dire plus ample, plus ambitieux, plus spectaculaire, plus varié aussi.



Le livre démarre comme un gentil petit roman d’aventures sans prétention. Un capitaine de cargo au long cours, Van Toch (que l’on pourrait penser échappé d’une histoire de Robert-Louis STEVENSON), alors à la pêche d’huîtres perlières, se trouve nez à nez avec des sortes de bêtes du diable près de l’île de Tana Masa. Bestioles d’allure hybride, un peu poissons, un peu mammifères, avec des caractéristiques tout humaines. Cette découverte va faire basculer le monde.



En plein été, et alors que la planète semble se reposer sur ses lauriers, deux journalistes partent en chasse de scoops afin d’alimenter leurs colonnes. Ils ont vent de cette découverte d’animaux antédiluviens par le capitaine. Sont-ce des lézards ? Quoi qu’il en soit, les reporters rencontrent Van Toch. Qui souhaiterait apprivoiser ces animaux. Qui par ailleurs ne va pas tarder à quitter le plancher des vaches. Alors que les animaux vont enfin être appelés salamandres.



Dans ces personnages hauts en couleur se distinguent quelques figures, notamment celle d’une femme de théâtre, dans un roman lui-même fortement imprégné de jeu théâtral. Elle assiste à l’évolution de ses salamandres, des êtres qui savent parler et apprendre par cœur, les journaux notamment. Un vaste projet de développement et d’exploitation de la main d’œuvre des salamandres est monté. Il va falloir fabriquer des salamandres qui accompliront les travaux les plus pénibles à la place de l’homme. Elles sont endurantes, solides et pleine d’ardeur. Des élevages vont se former un peu partout.



« Grâce à leur instinct naturel et à leur remarquable sens technique, les salamandres se prêtent surtout à la construction de digues, de levées et de brise-vagues, à creuser des ports et des canaux, à nettoyer les bas-fonds et à déblayer les voix fluviales ; elles peuvent contrôler et aménager les côtes, élargir les continents, etc. Dans tous ces cas, il s’agit de grands travaux, exigeant des centaines et des milliers de travailleurs ; des travaux si étendus que la technique la plus moderne ne s’y attaquera que lorsqu’elle disposera d’une main d’œuvre infiniment bon marché ».



D’un ton léger, aventurier, délicieusement kitsch, pas très éloigné d’un Jules VERNE aux accents H.G. Wellsiens, le récit se dramatise tout à coup, pour devenir parfois étouffant. Un certain Povondra a permis la publicité sur cette découverte majeure. Depuis, il collectionne chaque coupure de journaux en faisant état. Il possède une véritable encyclopédie chez lui et réalise pleinement l’essor des salamandres, leur potentielle révolte, car « Seuls les puissants de ce monde peuvent faire le bonheur des autres sans dépenser un sou ».



La prolifération des salamandres entraîne une refondation totale de la société. Elles se multiplient tellement qu’elles ont de plus en plus besoin d’espaces côtiers vitaux, donc elles rognent les côtes, font des canaux pour obtenir plus de place. Elles se comptent désormais en plusieurs dizaines de milliards d’individus, se rebellent contre l’homme, totalement dépassé par ce que pourtant il a développé.



ČAPEK sait se faire philosophe et sociologue : « L’homme est-il, a-t-il jamais été capable de bonheur ? L’homme certes, comme tout être qui vit, mais pas le genre humain. Tout le malheur de l’homme réside dans le fait qu’il ait été obligé de devenir l’humanité ou qu’il l’est devenu trop tard, quand il s’était déjà irréparablement différencié en nations, races, croyances, castes et classes, en riches et en pauvres, en hommes éduqués et en ignorants, en maîtres et en esclaves. Rassemblez de force en un même troupeau des chevaux, des loups, des brebis, des chats, des renards et des biches, des ours et des chèvres ; parquez-les dans un même enclos, forcez-les à vivre dans cette mêlée insensée que vous appellerez l’Ordre Social et à respecter les mêmes règles de vie ; ce sera un troupeau malheureux, insatisfait, fatalement divisé, où nulle créature ne se sentira chez elle ».



Ce récit, à première vue de science fiction, est en fait un puissant roman politique. En 1936, ČAPEK voit son pays la Tchécoslovaquie de plus en plus menacé par l’Allemagne nazie. Les salamandres du livre, c’est le peuple tchécoslovaque, le nazi étant représenté par l’homme. Dans cet ouvrage, ČAPEK imagine l’invasion du pays par les forces ennemies (qui se réalisera un peu plus de 2 ans plus tard). « La guerre des salamandres » est un pur chef d’œuvre tout en variations : de roman d’aventures quasi picaresque aux accents théâtraux, il se transforme en récit d’anticipation, allégorique sur la politique européenne de son temps, sous couvert de science fiction. Il se fait aussi visionnaire et en fin de volume, l’auteur Karel ČAPEK se met en scène dans un style d’essayiste : en effet, il s’interroge sur la chute de son roman, la jugeant trop dure, il fait part de ses pensées, ses ressentis. « La guerre des salamandres », pour tout ceci, est une clé majeure de la littérature dystopique du XXe siècle. Souvent réédité, il le fut par exemple en 2012 par les éditions Cambourakis.



Mais son histoire ne se termine malheureusement pas là. Les ténors nazis verront la moutarde leur monter au nez après diverses parutions de livres de ČAPEK, dont cette « guerre des salamandres ». Ils mettront tout en œuvre pour le détruire. En 1939, ils arrêtent ČAPEK, ignorant qu’il est décédé l’année précédente. C’est Josef, son frère, qu’ils traînent, croyant avoir à faire à Karel. Josef est déporté, il mourra en détention quelques années plus tard, pris pour son frère.



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Le châtiment de Prométhée et autres fariboles

29 courtes nouvelles ,29 excursions dans les mythes et l’histoire ,un casting d’enfer (Alexandre le Grand, Archimède, Loth ,Pilate, Dioclétien, Hamlet, Napoléon) , du beau monde mais aussi Jeannot le Cro-Magnon , Lucius dit Macer , soldat de César, un boulanger de Judée. Chaque nouvelle décentre notre regard de l’évènement « historique » vers une autre manière de le voir (le boulanger se plaint qu’en multipliant les pains Jésus va le mettre au chômage , le Cro-magnon regrette le bon vieux temps du silex ) , le héros ou le puissant révèle ses failles ( Hamlet se demande « être ou ne pas être comédien », Napoléon doute de lui-même..) .De l’humour subtil et savant mais aussi un reflet du monde des années 30 et de ses angoisses :procès politiques (« Le châtiment de Prométhée »,complotisme (Thersite) ,menaces d’invasion ou de guerre ( « La mort d’Archimède ») recherche de boucs émissaires ( « Attila ») , fake news ( « Ophir », « Romeo et Juliette ») . Et ces angoisses-là sont aussi les nôtres . Capek fait le choix de l’humain contre la loi des dieux (« Le Pseudo-Loth ») même si il ne méconnaît pas la mesquinerie et la vilénie de l’individu (« Iconoclasme ») . C’est remarquable de lucidité et d’intelligence.
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