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Critiques de Karin Boye (48)
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Kallocaïne

Je vais attaquer cette chronique en vous avouant que c’est avec un énorme sentiment de honte que je referme ce livre de Karin Boye.

En effet, être passé à côté de ce Kallocaïne est une véritable honte, d’autant plus que ce roman est l’un des trois fers de lance de la littérature dystopique avec 1984 d’Orwell et de Le Meilleur des Mondes d'Huxley.

Karin Boye est surtout connue dans sa Suède natale pour ses poésies. Kallocaïne est son 5eme roman, le dernier, puisque la jeune femme est décédée quelques temps après la parution de celui-ci.



Pour le speech, rien de plus simple.

L’État Mondial a pris le contrôle des vies de ses habitants. Omniprésent, l’État pense chaque chose pour que les sujets qui composent la population soient obéissants et disciplinés. Observée et écoutée, la masse subit un endoctrinement depuis l’enfance ne lui laissant que peu de place pour autre chose qu’un dévouement sans faille.

Léo Kall, lui, est un scientifique à la solde du système qui vient de mettre au point une drogue, la Kallocaïne, qui permet de dévoiler les véritables pensées du sujet auquel il est injecté (une sorte de sérum de vérité quoi).

Alors que les derniers vestiges de la liberté sont sur le point de tomber, Léo va devoir faire face à une situation de taille, entendre tout haut ce que les gens pensent tout bas.



Voilà comment pourrais se résumer l’histoire de Kallocaïne, même si quand on touche à ce genre de sujet, rien n’est aussi facile. Les dystopies ont ce pouvoir de faire prendre conscience, d’éveiller les esprits, et le héros comme le lecteur auront justement de quoi faire fonctionner leurs connections synaptiques avec divers sujets comme la liberté (forcement), le rôle de parent ou du fonctionnement de la propagande. Pour le reste, le roman en entier laisse à réfléchir.



Tout commence comme une sorte de journal. Léo livre au lecteur ses intentions d’écrire un livre sur les événements qui lui sont arrivés depuis la création de la Kallocaïne. L’homme écrit depuis une cellule de détention, et la première impression qui se dégage, est que le bonhomme trouve une certaine liberté malgré son emprisonnement bien que celui-ci ai vécu libre pendant une grande partie de sa vie. Le constat est flagrant : malgré son incarcération, il est mentalement affranchi alors que dehors, son esprit était enfermé, bridé. Petit détail important qui prouve à quel point la pression de l’État est forte et ancrée dans ses sujets. Voilà qui met le lecteur dans l’ambiance.

Comme au héros, les informations au sujet de cette société sont distillées au compte goute. Pas de date, pas de localisation géographique, aucun détail sur d’autres systèmes politiques en place, nous savons seulement que l’État est en guerre contre un ennemi frontalier, bref, le flou total.

Au niveau de la ville en elle-même (le lieu principal où se déroule l’action) la seule chose importante à savoir, est qu’elle est divisée en plusieurs "secteurs" (Léo travail dans celui de chimie n°4) et que quand une personne est mutée dans un de ces endroits, les chances de la revoir sont quasi nulles. Les parents ne revoient donc plus leurs enfants, les couples sont défaits à jamais, le tout sans que personne ne trouve à redire quelque chose, pour ne pas faire part d’égoïsme. Ces sacrifices sont faits pour l’État.



Les habitants quant à eux sont forcés d’exécuter des taches policières plusieurs soirs par semaine, ne leurs laissant que peu de temps pour leurs proches. Une tenue spéciale est obligatoire pour les heures réservées aux loisirs, et chaque famille possède une "assistante" qui fait un rapport quotidien aux autorités sur la famille, signalant tout comportement suspect.

Enfin, le système veut que les gens soient unis afin de créer un effet de masse et d’ôter toute personnalité à ses sujets, pour plus d’obéissance. L’inverse de notre époque où l’individualisme est omniprésent.



Pour en revenir à Léo, celui-ci développe la Kallocaïne qui sera utile aux autorités pour inculper les criminels. C’est en effectuant des tests sur des sujets "volontaires", recrutés grâce à la propagande, que Léo et son chef vont s’apercevoir que finalement, les gens gardent leurs rêves et leurs convictions pour eux même, chose considérée comme de la conspiration.

C’est alors que l’escalade va commencer.

De fils en aiguille Léo va se retrouver face à des personnes qui vont lui exposer leurs activités secrètes et leurs points de vue. Toute la réflexion de Kallocaïne viendra de là. Et tout ira très vite.

Bien que l’action ne soit pas le point fort du livre (autant dire qu’il n’y en a pas…), c’est toute autre chose qui tient le lecteur en haleine. Pour Léo, comme pour nous, les événements vont s’enchainer dans sa vie sentimentale comme professionnelle, allant de révélation en révélation. Alors certes, l’auteure garde secret ce qui entoure le héros, tant au niveau du fonctionnement actuel du système à proprement parlé qu’au niveau du passé et de comment l’État est devenu ce qu’il est, mais rien n’empêche d’imaginer ce que les habitants peuvent ressentir. Karin Boye nous livre juste assez de choses pour sentir l’oppression subit par la masse.

L’autre fait intéressant est la répulsion que peut éprouver le lecteur face à ce héros totalement soumis au système. Son dévouement et ses actes sont tout bonnement détestables mais la dimension psychologique est tellement forte que chaque page et un nouvel espoir de voir ce loyal sujet changer d’opinion pour qu’enfin il comprenne qu’il est manipulé.



C’est en 250 pages que Karin Boye arrive à poser les bases de l’une des plus cultes dystopies (peut être la moins célèbre ? Merci 1984 qui fait de l’ombre aux petits copains….) de l’histoire. L’auteure va droit au but, sans créer de monde trop complexe à appréhender pour le lecteur qui sera déjà mis à rude épreuve dans l’analyse et le traitement de certains propos (la discussion entre Léo et sa femme est vraiment prenante). Vu qu’aucun détail n’est vraiment divulgué, il est difficile de placer l’œuvre dans le temps, et donc, je ne me mouille pas trop en affirmant que l’œuvre n’a pas pris une ride… En plus cette réédition d’Hélios bénéficie d’une nouvelle traduction. Voilà donc une bonne occasion de combler vos lacunes si vous êtes passé à côté de cette œuvre pourtant incontournable.



Zoskia




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Kallocaïne

KALLOCAÏNE, Karin Boye

1940



💉Je crois que c’est la première fois que je lis une dystopie où le protagoniste principal, est content du sort que l’Etat propose à son peuple, et qui ne se rend pas compte (de suite) des dérives.

Pire même, car Leo Kall y participe, au proposant sa curieuse découverte chimique, la « Kallocaïne », qui permettrait, tel un élixir de vérité, de ne plus dissimuler nos pensées aux yeux du monde (après avoir été piqué et durant un temps défini).



« Comment les individus pourraient-ils encore les garder pour eux ? Chaque camarade-soldats n’est-il pas la propriété de l ‘État? Dès lors, à qui d’autre qu’à l’État ses sentiments et ses pensées pourraient-ils appartenir ? »



💉Que va apporter cet impudique édifice chimique à un monde déjà bien contrôlé ? Le crime de l’esprit ?



🧪C’était très intéressant de voir le cheminement psychologique d’une personne embrigadée, qui participe même, au déclin des/ses libertés, prôné par l’État (sous couvert de la Sécurité) se rendre compte des choses…

Car dans les autres dystopies que j’ai pu lire c’est plutôt le contraire , le protagoniste principal est souvent conscient des déviances de l’état dans lequel il vit, et tente une approche hypocrite, artificielle pour continuer de vivre.



J’ai beaucoup apprécié cette dystopie et je la conseille à ceux qui apprécient le genre et qui veulent lire un classique.




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Kallocaïne

Ce quatrième pilier de la maison des grandes dystopies est sans conteste un vrai et bon roman. Si, contrairement à 1984 surtout, le meilleur des monde aussi et même Nous (quoi que pour ce dernier dans une moindre mesure), il ne brille pas par son caractère exhaustif, total oserai-je dire, via une "description" complète de ce que pourrait être un nouvel ordre techno-fasciste (ici les ressorts et les décors de la société sont quand même assez floutés), la réflexion qu'offre Kallocaïne sur l'idée de transparence absolue a toutes les raisons de retenir notre attention. Car s'il y a de fortes chances pour que cet accès au monde intérieur de chacun ne se fasse pas via l'inoculation d'un sérum de vérité, le développement des nouvelles techno et de l'hyper connexion pourraient bien (c'est peut-être déjà le cas) finir par avoir les mêmes résultats : comme l'ont brillamment montré Marc Dugain et Christophe Labbé dans L'Homme nu. Avec cet appréciable apport de Kallocaïne réussit à montrer à quel point l'individualisation du rapport au monde est bien le terreau sur lequel peut pousser cette dictature du contrôle absolu des habitants : l'autre face d'une société des individus (dont on prétend vouloir assurer les droits les plus intimes et le bonheur le plus personnel) c'est bien la mise à mort de la communauté, du groupe, du lien social.
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Kallocaïne

J'ai lu beaucoup de dystopies. Du coup, l'histoire de l'individu qui se dresse contre une société totalitaire et collectiviste, je l'ai déjà lue un certain nombre de fois. Et Kallocaine (1940) de Karin Boye (qui est suédoise) ne fait rien pour sortir du lot, au contraire. La société décrite est classique : c'est un communisme extrême, dans lequel l'individu n'est qu'un rouage au service de l'état, mais il n'y a pas de particularité marquante. La touche d'originalité, c'est la kallocaïne : une substance inventée par le narrateur qui fait office de sérum de vérité. Ceux à qui on l'injecte se mettent à déblatérer sur leur insatisfaction profonde qui est refoulée au quotidien. Ce sont ces passages qui viennent mettre un peu de piment dans le récit : quand des êtes oppressés se retrouvent libres de s'exprimer avec sincérité pour la première fois. Puis les effets de la substance disparaissent et, confus, coupables, ils reviennent sur leur paroles. Ou ils les assument.



Mais à par ça, vraiment, je peine à trouver quoi que ce soit de clairement discernable dans cette trame. Le narrateur est un bon citoyen et ce n'est qu'à la toute fin du livre qu'il prend conscience de ses désirs d'individualité refoulés. Mais il n'a pas le temps de faire quoi que ce soit : paf, l'histoire est terminée. Vraiment : on pourrait imaginer plein de choses, par exemple que la kallocaïne, dont les législateurs décident de répandre l'usage, cause la chute de l'état ou du moins révèle ses failles en mettant à jour à grande échelle l'insatisfaction intime des individus. Ou encore que le narrateur tente de se révolter, mais se fasse prendre avant de devoir subir lui-même une injection de kallocaïne, qui lui donnerait l'occasion d'être enfin au clair avec lui-même et de périr en paix. Mais non : à la fin, le narrateur prend conscience de son désir d'individualité et soudain, sa ville est envahie et il se fait capturer par un état ennemi. Quoi ? Mais ça ne résout rien. Et sa relation avec sa femme, le sort de l'homme qu'il a dénoncé, ses pulsions de révolte, le destin de la kallocaïne ? Au placard.



Cette fin est symptomatique de tout le roman : malgré une écriture élégante, il n'y a guère de flamme narrative. Des enjeux faibles et flous, un protagoniste souvent antipathique, des personnages secondaires qui ne dépassent guère l'état d’ébauche et une progression artificielle. Par exemple, dans les dystopies, la confrontation avec une autorité suprême est souvent un point culminant et l'occasion de révélations (Le Meilleur des mondes en est un exemple canonique). Mais pas dans Kallocaine : quand le narrateur se retrouve face à des équivalents de ministres, il ne se passe rien de particulier et on n'apprend rien de neuf sur l'état. Bref, il est difficile d'extraire de ce roman quoi que ce soit de plus que le classique "le collectivisme c'est pas bien". Ah, signalons tout de même l'idée d'un équivalent des télécrans 9 ans avant 1984 . Il a des bouquins antérieurs qui, bien que pas forcément aussi lisibles, conservent plus de piquant : Lord of the World (1907), Meccania (1918), Nous (1920), Anthem (1938) et bien sûr Le Meilleur des mondes (1932).


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Kallocaïne

Une société nouvelle est créée à l’issu d’une guerre, un État Mondial où chaque citoyen est surveillé, ses faits et gestes sont scrutés par la police, même dans l’intimité de sa chambre à coucher.

Léo Kall, chimiste, va mettre au point une drogue, un sérum de vérité qui permettra à l’Etat de connaître et condamner les pensées et rêves de liberté de chacun, considérés comme dangereux pour la collectivité.

A travers ce roman d’anticipation, Karin Boye va mettre en lumière la psychologie des citoyens face à la privation de liberté. D’une part la peur des autres, des dénonciations mais aussi la peur de leurs idées. Graines qui peuvent germer dans l’esprit de chacun. Ces rêves de liberté qui peuvent s’immiscer dans l’esprit du citoyen qui va tout mettre en œuvre pour les faire taire, une sorte de déni. Le deuil de la croyance que l’Etat Mondial est la meilleure chose qu’il soit. Un certain réveil des consciences se met alors en marche, l’acceptation que l’idée d’un monde nouveau n’est pas absurde, voire même possible. L’idée de liberté est plus forte que le croyances acquises à coup de propagandes.

Au cours de la lecture on ne se rend pas forcément compte que le roman est sombre, mais il l’est bel et bien. Je penses qu’il est le reflet de la peur de l’auteure et de ses tourments, d’autant plus que cette dernière s’est donnée la mort après la publication de ce roman.
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Kallocaïne

Léo Kall, un chimiste en captivité, entreprend en cachette d’écrire le récit de la période la plus mouvementée de sa vie. Quand son récit commence, il approche de la quarantaine, est marié et père de trois enfants. Il vit dans un monde futur, qu’on pourrait qualifier de post-capitaliste. Les valeurs communistes semblent en effet avoir triomphé. Les hommes ne sont plus motivés par la course à la richesse. Ils se voient tous attribuer un appartement standard, d’une pièce pour les célibataires, de deux pièces pour les familles, et portent les mêmes uniformes, un pour le travail, un pour les loisirs. Très encadrés, sans cesse contrôlés, surveillés jusque dans leur chambre à coucher par l’Oeil et l’Oreille de la Police, ils vivent dans des districts spécialisés dans une activité professionnelle et entourés de barbelés. C’est dans ce contexte que Léo Kall poursuit avec passion ses recherches en chimie. Ses premiers résultats sont si encourageants, qu’il vient d’obtenir l’autorisation de poursuivre ses expériences sur des humains…



La kallocaïne, l’invention géniale de Léo Kall, est un sérum de vérité qui révèle les pensées secrètes de ceux auxquels on l’administre. Léo Kall a inventé ce produit sans anticiper les utilisations que l’on va pouvoir en faire. Mais il se prend vite au jeu de la collaboration avec la Police. Grâce à son invention, les ennemis de l’État peuvent dorénavant être condamnés à mort pour leurs seules pensées…



Impossible de lire ce roman dystopique sans le situer dans l’époque à laquelle il a été écrit. En 1940, quand paraît Kallocaïne, Karin Boye vit en Suède, dans un pays neutre, alors que le monde est pris en étau entre Staline et Hitler. Consciente du danger que représentent ces deux formes de totalitarisme, elle écrit le monde futur qu’elle redoute avant de mettre fin à ses jours. Deux célèbres dystopies avaient déjà été publiées avant Kallocaïne : Nous autres d’Eugène Zamiatine (en 1920) et Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley (en 1932). On cite généralement Kallocaïne comme étant avec Nous autres une des principales sources d’inspiration de George Orwell pour l’écriture de son roman 1984 (paru en 1948).



Un autre aspect intéressant de Kallocaïne est le féminisme qui s’y révèle à l’occasion des confidences de Linda, la femme de Léo Kall. Linda souffre en effet de sa condition de femme tout juste bonne à enfanter de petits mâles. Quelques années après Le meilleur des mondes, Karin Boye se projette à son tour à travers Linda dans un monde futur où la science serait en mesure d’assurer la reproduction. Mais elle va plus loin que Huxley, imaginant un monde composé exclusivement d’hommes, car les femmes ne seraient plus alors d’aucune utilité.



On ne peut que regretter que Kallocaïne ne soit actuellement plus disponible en français et soit quasiment introuvable (sauf en bibliothèque), car c’est une lecture d’autant plus intéressante aujourd’hui que le genre dystopique est à la mode dans le roman contemporain pour ados.
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Kallocaïne

Quand on découvre ce tout petit livre de 239 pages à peine, c’est la vie de l’auteure elle-même qui interpelle notre attention. Voyez-vous, elle était une femme libre. Mariée à un homme juste avant la seconde guerre mondiale, elle a divorcé de lui pour se mettre en couple avec une femme, juive, de surcroît. Connaissant l’époque dans laquelle elle vivait, rien que cela suffit à susciter mon admiration et à me faire imaginer que Kallocain va être puissant.



Puissant, c’est le mot. Kallocain nous plonge dans la tête d’un scientifique qui invente le sérum de vérité. Il vit dans une société autoritaire qui est en train, sans qu’il ne s’en aperçoive, de glisser dans le totalitarisme et il est malheureux dans son mariage, ressentant un manque qu’il ne sait pas où n’ose pas exprimer. Pour cause, dans cette société qui n’est pas sans rappeler le communisme, l’individu doit s’effacer complètement au profit de la société et cela inclut tout lien, familial ou social. Si je devais vous décrire cette société plus en détails, je remplirais des pages et des pages tant il y a des détails qui m’ont fait réagir. Sachez donc que nous sommes au coeur d’une dystopie.



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Kallocaïne

Karin Boye écrit à la première personne et raconte l'histoire via le regard d'un scientifique qui rédige ces mémoires au fond d'une prison. Il s'adresse à son lecteur avec qui il va se montrer le plus honnête possible. Dans la ville des chimistes n°4 de l'Etat Mondial, il développe un sérum de vérité auquel il donne son nom. Léo Kall créé la Kallocaïne qui rappelle d'autres drogues avec un nom semblable. Bien entendu, ce n'est pas monsieur Coc qui a créé la cocaïne. Quelle idée fabuleuse quand on est endoctriné dans un état totalitaire. Grâce à son produit sans effet secondaire, on pourra tout savoir des gens car ils devront être totalement honnête après l'injection. Mais protéger l'Etat des asociaux, des faux-patriotes, des menteurs est-ce si bien? La délation n'est-elle pas le système le plus productif? Progressivement, grâce à son chef et ceux qui testent le produit, le doute s'insinue dans son esprit. Où est la part de libre-arbitre, de liberté, de confiance, de co-construction? Rien qu'en osant penser cela, il a franchi une frontière. Pas le temps de se faire juger car la guerre éclate silencieusement et il se fait arrêter. Par qui? Pourquoi? Où est-il? Qu'importe. Ailleurs, le système est le même seul lui a changé.



On nous dépeint une société archétypale qui fait froid dans le dos et qui rappelle le nazisme, le stalinisme et d'autres régimes totalitaires toujours en place. On trouve les éléments phares avec la surveillance policière dans l'espace privée, la dénonciation, obligation de participations des citoyens aux célébrations et avec sourire et conviction, embrigadement des enfants dès 8 ans, l'endoctrinement comme mode de vie... Il n'y a plus de temps pour réfléchir, prendre des initiatives, avoir des passions, faire confiance... La kallocaïne permet d'identifier les crimes de la pensée. Ce qui glace le sang repose sur ces individus du "service des sacrifices volontaires" qui subissent toutes sortes d'expériences. Ce choix pour la grandeur de la nation les mets au banc de la société. Des personnes qui font partie de ces invisibles qui font tourner le monde et qui parfois s'interroge à l'image de cette secte silencieuse qui teste la confiance dans autrui. un récit qui fascine autant qu'il effraie car le champs du réaliste n'est vraiment pas très loin de nos connaissances et de notre monde.
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Kallocaïne

Mais pourquoi ce roman n'est-il pas plus connu ? Coincé entre Le meilleur des mondes et 1984, cette utopie ( vous verrez pourquoi je dis ça) vaut vraiment le détour.



Certes, l'auteure utilise brillamment les ressorts habituels de la dystopie : entraînement militaire et menace permanente de guerre, conditionnement précoce à se penser comme propriété de l'Etat et non comme individu, surveillance permanente, emploi du temps sans liberté, manipulation mentale par la peur, délation quotidienne... Mais elle y ajoute une touche profondément pessimiste : l'homme a totalement admis sa condition. Il n'y a aucune once de rébellion, aucun embryon de révolte. La vie, la mort, la liberté, la réclusion, l'amour, la méfiance, tout se ressemble ici, tout est uniforme, sans bonheur ni malheur, juste la vie.

Alors quoi? Où est la leçon de vie ?



C'est la découverte de la kallocaïne par le camarade-soldat Léo Kall qui va tout bouleverser. En voulant offrir à l'État-Mondial l'arme ultime contre le dernier bastion de l'individualité, la pensée intime, Léo va découvrir l'humanité.

Les tests vont révéler à Kall la beauté et la richesse du monde intérieur et faire naître en lui l'espoir et le désespoir au terme d'un long et douloureux chemin.

Cette drogue du violeur, car c'est bien de viol psychique qu'il s'agit, sera à la fois le mal et la révélation.

C'est sombre, oui, mais l'espoir ressenti à la fin du roman pousse à s'interroger sur le sens de la vie et sur notre être au monde. Le récit à la première personne permet l'identification et la réflexion.

Utopie ou dystopie ? On n'atteindra peut-être jamais le bout du tunnel mais la lumière est bien là. Elle prend son sens dans cette citation : "je sais que ce que je suis subsistera quelque part".

Dystopie ou utopie ? A vous de décider quand vous l'aurez lu !

Alors, Messieurs Huxley et Orwell, poussez-vous un peu, s'il vous plaît, et laissez à kallocaïne et à Madame Boye la place qu'elles méritent.

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Kallocaïne

Kallocaïne est vraiment un livre intéressant. Oppressant, certes, mais intéressant.

Tout d'abord, malgré la date d'écriture du livre (environ 1940), cette dystopie est tout à fait d'actualité. Le moderne n'est pas "dépassé", comme dans Matrix ou dans Star Trek, et garde un certain réalisme. Même si les personnages ne consultent pas d'écran et n'utilisent pas d'hologrammes, on peut aisément imaginer la même situation dans quelques décennies.

De plus, le point de vue interne adopté par Karin Boye m'a assez bluffé. Pas une seule ligne de dialogue ne laisse entrapercevoir sa véritable opinion sur la situation, et pourtant le livre délivre un message fort sur les dangers de l'hypersurveillance et de l'endoctrinement.

Enfin, j'ai appris dans les quelques indications autobiographiques laissées par le traducteur en fin de roman que Karin Boye a beaucoup souffert lors de l'écriture et j'en imagine facilement la raison. Écrire une telle dystopie demande une réelle implication, elle devait imaginer les dérives de sa propre société. Et compte tenu du futur qui s'annonçait alors (communisme, nazisme...), l'histoire prenait un tout autre sens. Il ne s'agissait plus d'imaginer une possible dystopie mais une probable dystopie...
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Kallocaïne

La Kallocaïne de Karin Boye est considérée comme l'une des principales dystopies du XXe siècle, et à juste raison.

Dans une société où tout est sous contrôle, un scientifique fait la découverte d'une substance permettant de découvrir les pensées secrètes des individus.

Inspirée par les régimes totalitaires de son époque, l'autrice, à travers son personnage, pousse à de nombreuses réflexions.

A travers Leo Kall, on y lit un réel lavage de cerveau, où les pensées sont dictées et où tout être ordonné pour et par l'état. Pourtant, à la suite de sa découverte, on devine peu à peu les fissures qui existent chez les uns et les autres. L'esprit ne peut être totalement contrôlé, et il ne demande qu'à se libérer.

Le ton est sombre, les descriptions des pensées de son personnage principal longues mais tellement justes. La perception de l'Etat imaginée par Karin Boye est révélatrice d'une époque où le totalitarisme est une réalité qui fait peur.

La Kallocaïne mérite d'être lue, et d'être appréciée à sa juste valeur, à l'instar des autres dystopies mieux connues dans le monde.
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Kallocaïne

Bizarre, les hasards du destin... Qu'est-ce qui permet de passer, ou pas, à la postérité ?



Regardez : Huxley et Le meilleur des mondes ? Au panthéon de la littérature ! Orwell et 1984 ? Un des sommets du roman du XX° siècle. Enseignés dans les écoles, adaptés mille et mille fois.



Et Karin Boye et son Kallocaïne ? Passés à la trappe, inconnus au bataillon, même pour un grand lecteur comme votre serviteur !



Alors qu'après ma lecture tardive de cette oeuvre majeure, je pense sans le moindre doute que le roman de cette auteure dont la courte vie s'est terminée par un suicide durant la seconde guerre mondiale est une dystopie à la portée aussi importante que les deux romans cités plus haut.



Comme quoi, à quoi ça tiens, la gloire...



Une vie trop tôt interrompue, une origine scandinave plutôt que britannique... Allez savoir...



Sur ce, trêve de considération philosophique : courrez lire cette petite merveille désespérée rééditée grâce à la ténacité de l'éditeur Les moutons électriques, dans sa collection Hélios !



En un peu plus de 200 pages denses, serrées, puissantes comme un double petit noir italien, Karin Boyle tire la substantifique moelle des conséquences de la montée des totalitarismes en Europe durant l'entre deux guerres.



Lire la suite sur le site Le Tourne Page
Lien : http://www.letournepage.com/..
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Kallocaïne

On retrouve dans cette oeuvre l'ambiance angoissante des grands romans d'anticipation. L'originalité, le titre, l'élément déclencheur, est la kallocaïne. Cette substance qui s'apparente à une drogue, révèle les pensées profondes de l'individu à qui on l'injecte. Ce dernier se livre sans pudeur ni faux semblant et répond sans résistance aux questions qu'on lui pose, ce qu'on appelle par abus de langage, un sérum de vérité. Un récit court mais intéressant qui suscite la réflexion et soulève de nombreuses questions.
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Kallocaïne

Une dystopie étouffante et glaciale qui nous donne à voir une société dans laquelle tout est verrouillé, organisé, observé.



Léo, le narrateur est un chercheur qui vient de mettre au point une sorte de sérum de vérité, la "kallocaïne" afin de débusquer tous les secrets les plus enfouis de ces concitoyens.



Le parcours intérieur de ce personnage avec ses contradictions, ses doutes nous montre à quel point la liberté trouve toujours son chemin même dans un contexte aussi coercitif que celui-ci.



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Kallocaïne

Ce roman est écrit sous la forme des mémoires de Léo Kall, citoyen de l’Etat mondial, aujourd’hui emprisonné. Il nous explique comment il en est arrivé là, à partir de sa découverte révolutionnaire: la Kallocaïne. Cette drogue est un sérum vérité imparable, qui permettra de punir les crimes de pensées des citoyens-soldats, pas assez dévoués à la réussite collective. Il espère grâce à cela montée les marches dans la hiérarchie de sa ville Chimie n°4.



Le monde dans lequel évolue Léo Kall est totalement contrôlé. Les gens vivent et travaillent sous terre, il leur faut un permis pour sortir à l’air libre. Leur vie est surveillée et espionnée en permanence. Ils sont tellement prudents qu’une conversation ne doit jamais être faite à 2, pour toujours avoir un témoin des dires de l’autre personnes, en cas d’accusation de conversation subversives d’une des deux parties. La propagande collectiviste est partout, de plus en plus forte avec le temps qui passe.



Le paradoxe du héros est qu’il ne prend pas conscience que sa propre création pourrait lui faire du tort, persuadé qu’il est d’être le parfait citoyen soldat, insoupçonnable. Cette société dystopique broie la liberté dans tous ses aspects, même les plus intimes. Oui, il y a une caméra dans la chambre conjugale! Le style, et la traduction, sont très fluide, malgré des discours de propagande et d’argumentation du héros parfois emphatiques. Ils ne gênent pas et se lisent facilement. Le récit exerce une fascination particulière: le héros ne remet pas en cause l’idéal collectiviste et le défend même avec véhémence. Je me suis demandée s’il y allait avoir une prise de conscience de l’absurdité des règles de son monde ou non, mais également si sa création allait avoir un effet boomerang et le faire condamner.



Cette lecture résonne tout particulièrement avec une autre de mes lectures en cours, L’Archipel du goulag de Soljenitsyne. On retrouve le système totalitaire collectiviste, l’effacement de l’individu, l’encouragement à dénoncer même ses proches, la criminalisation excessive de tout élément hors norme,… Ce n’est bien sur pas un hasard vu que l’auteure s’est apparemment inspirée de l’Allemagne nazie et de ses visites en URSS pour écrire ce dernier ouvrage (paru en 1940). Cette œuvre aurait influencé Orwell dans l’écriture de 1984 et il est vrai qu’on retrouve de nombreux points communs dans les régimes totalitaires inventés par les deux auteurs.



Ce roman n’a, à mes yeux pas vieilli, il est très peu connu, mais mérite amplement une place au sein des classiques du genre. Comme toutes les dystopies, ce récit est effrayant. Ce régime où les individus n’ont leur place qu’en tant que partie d’un tout qui les domine, l’État mondial, fait vraiment penser aux totalitarismes du XXème siècle, mais peut également être utilisé pour critique une société où la liberté doit laisser la place à la sécurité. Il y a cependant une touche d’espoir dans ce livre: les individus, mêmes les plus obtus et embrigadés, peuvent ressentir spontanément ce besoin de liberté, d’aimer, de réfléchir ou tout simplement de petits plaisirs « égoïstes », qui les amènera à se rebeller, au moins en pensée. Le totalitarisme ne pourrait jamais totalement gagner face à l’esprit Humain.



Comme je vous l’ai dit, j’aime énormément les dystopies et celle-ci est une référence. Si ce genre vous plaît, je vous recommande vraiment de découvrir cette histoire, qui vous fera réfléchir sur l’Homme, la liberté, l’individu et le collectif. J’ai eu un coup de cœur pour ce roman, intéressant et édifiant.
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Kallocaïne



Alors oui, Kallocaïne n’est pas un ouvrage, qui respire le bonheur. Son narrateur est l’inventeur d’une drogue révolutionnaire qu’il va appeler Kallocaïne. Que fait donc cette mystérieuse drogue ? Oh pas grand-chose, elle se contente juste d’aider les gens à révéler leurs pensées les plus intimes, celles qu’ils n’oseraient même pas avouer à leurs proches. Enthousiasmé par sa découverte, soucieux d’être apprécié, le narrateur va donc tenter de convaincre le gouvernement du bien-fondé de sa recherche. Il va alors se heurter à son contrôleur-en-chef, qui va essayer de lui expliquer, que tout le monde a quelque chose à cacher et qu’il faut préserver. Ce sage conseil sera-t-il écouté ? Ou le narrateur va-t-il poursuivre son objectif pour accentuer le pouvoir de surveillance (déjà très important) du gouvernement sur ses citoyens ?



Avec Kallocaïne, j’ai été plongé dans un univers oppressant. Son narrateur était intéressant à suivre. Ce n’est clairement pas un héros. Il n’est pas spécialement sympathique, il devient imbuvable avec son incessante quête de reconnaissance. Pour parvenir à être accepté comme un bon citoyen, il n’hésite pas à fournir au gouvernement de quoi violer psychologiquement les individus. Il ira même jusqu’à s’en servir à des intérêts privés, ce qui a achevé toute compassion ou pitié que je pouvais éprouver à son égard.



Karin Boye dresse donc le portrait peu glorieux d’un être humain, qui va fournir à son gouvernement oppressif de quoi l’aider à lutter contre ses ennemis. Sauf que ce n’est pas aussi simple. Avec le narrateur, nous découvrons les limites de sa drogue, le danger qu’elle va représenter, car elle révèle les pensées intimes de tous les individus. Elle ne fait pas de distinction de classes. Résultat, elle va réussir à fragiliser les autorités en dévoilant qu’eux aussi peuvent éprouver des réflexions contre l’état qu’ils sont censés servir. Comme le dit si bien Rissen, peut-on vraiment avoir une conscience irréprochable passé un certain âge ?



En conclusion, Kallocaïne est une dystopie glaçante, qui n’a pas pris une ride et qui demeure d’actualité dans une société où la question de la surveillance se pose. J’en recommande donc sa lecture à toute personne susceptible de vouloir réfléchir sur le sujet.

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Kallocaïne

Un roman d'anticipation en même temps qu'une réflexion politique philosophique et psychologique. dans la lignée de 1984 ou du meilleur des mondes mais ici le narrateur ne souhaite que servir son oppresseur afin d'y trouver un sens voir le bonheur. Une écriture limpide et originale, qui dépose en vous un fond d’angoisse mais suscite un regain de réflexion salvateur. A lire,percutant intelligent.
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Kallocaïne

Un livre époustouflant sur le totalitarisme vu de l'intérieur, vu par ceux qui y sont nés et le vivent au quotidien comme étant la normalité. Un livre sur tous les totalitarismes. Un livre de la première moité du XXe siècle mais un livre si actuel. Je le recommande vivement !
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Kallocaïne

Si La Kallocaïne ne vous dit rien, ce n’est pas anormal : la dernière édition de ce classique de la littérature dystopique datait de 1988, toujours aux éditions Ombres. Pourtant, malgré son importance dans la littérature suédoise, cette œuvre majeure de l’auteure, est légèrement passée inaperçue en nos chères contrées, bien qu’il ait fortement influencé George Orwell pour son fameux 1984. On retrouve d’emblée la notion d’enfermement présente dans le classique du romancier anglais, avec la figure d’un ingénieur chimiste, Kall, qui, à la première personne et sous forme de témoignage, raconte son histoire , alors qu’il a été incarcéré dans ce monde où un Etat Mondial contrôle et surveille tous les citoyens… dans un bonheur, il va de soi, absolument total..itaire (hum). Et notre chimiste, tout joyeux et dévoué, a imaginé une drogue de vérité qui va parachever la puissance de ce gouvernement liberticide… encore mieux, Kall va tester son produit sur sa femme. Le début des ennuis et des doutes ! Sobrement (mais délicatement) écrit, La Kallocaïne nous impressionne par la qualité de sa réflexion, d’une modernité saisissante, et la force de son personnage central qui, par de nombreux aspects (moraux et physiques – d’ailleurs les deux approchent de la quarantaine), rappelle fortement le Winston Smith d’Orwell. Une réédition tout bonnement indispensable, à ranger parmi les grands livres (et on ne parle pas de taille ici) de votre bibliothèque !
Lien : http://actusf.com/spip/L-ins..
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Kallocaïne

Ce n'est pas la meilleure dystopie qu'il m'a été donné de lire, il manque un peu de suspens et j'ai eu du mal à réellement m'attacher aux personnages. Le livre ne m'a rien fait "ressentir" : pas de tension, ni de pression particulière. Un certain flou sur l'univers lui-même.

Des réflexions intéressantes sont cependant soulevées par l'auteur et ce livre permet de nous faire réfléchir.



Un livre à lire pour les fans de dystopie (écrites par des auteurs plus anciens).

Mais je ne le recommande pas pour les novices dans le genre.

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