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Critiques de Kij Johnson (176)
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Un pont sur la brume

Il y a un registre littéraire que je fréquente très peu celui de la fantasy . Un challenge m'a donné l'occasion de découvrir Un pont sur la brume de Kil Johnson, un roman récompensé par les prix Hugo et Nebula du meilleur roman court, pardonnez du peu.

Il est architecte bâtisseur pour l'Empire, sa nouvelle mission construire un pont sur la brume , relier les deux rives distantes de 400m . Kit Meinem d'Atyar va relever le défi et affronter les géants qui grondent dans le fleuve de brume ..

Ce pont va changer la vie des habitants des deux rives, changer leur regard sur l'autre et surtout changer Kit et son regard sur le monde qui l'entoure et le sens qu'il désire donner à sa vie. Un roman entre deux espaces temporels, passé et futur, un roman où les humains font face aux éléments et à leur destinée, un roman où la construction du pont rythme la narration jusqu'à .plus soif.
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La quête onirique de Vellitt Boe

Auteur prolifique aux États-Unis, Kij Johnson est malheureusement assez peu connue du public français. Et c'est bien dommage, car après l'excellent « Un pont sur la brume », la seconde oeuvre traduite de l'auteur est encore une fois une réussite. le pari était pourtant risqué, l'auteur ayant choisi de s'inspirer d'un texte du maître du fantastique, H. P. Lovecraft, pour le réadapter en donnant aux femmes un rôle bien plus conséquent. le roman s'inscrit par cet aspect dans une mouvance en vogue actuellement qui propose de réadapter des oeuvres de ce monstre de la SFFF tout en prenant le contre-pied de ses opinions concernant les « minorités visibles » (les noirs et les femmes, pour faire court). Outre le roman de Kij Johnson on peut également citer celui de Victor Lavalle, « La ballade de Black Tom », qui vient lui aussi de paraître chez le Belial' et propose pour sa part une nouvelle lecture de « Horreur à Red Hook ». Je n'adhère pas particulièrement à l'idée qui se développe actuellement selon laquelle il serait nécessaire de retoucher des oeuvres du passé afin de les faire correspondre à notre vision actuelle du monde, chose qui commence à se multiplier de plus en plus dans différents domaines (changement de noms de tableau, publication d'oeuvres expurgées...). Ce n'est toutefois pas la démarche choisie ici par Kij Johnson qui, plutôt que se contenter de supprimer les mentions misogynes dans le texte de Lovecraft, propose une véritable réinterprétation de l'oeuvre du « maître », avec une réflexion intéressante sur la place de la femme dans ses textes et dans son univers. N'ayant pas lu le texte d'origine sur lequel se base l'auteur (« La quête onirique de Kadath l'inconnue »), j'ai évidemment du passer à côté d'un nombre important de références que ne manqueront toutefois pas de relever les connaisseurs de Lovecraft.



Le roman reste cela dit tout à fait accessible aux lecteurs néophytes qui apprécieront certainement, comme se fut mon cas, de suivre le voyage mouvementée entrepris par Vellitt Boe. Et quel périple ! Alors qu'elle coulait des jours tranquilles dans le collège de jeune filles d'Ulthar, Vellitt Boe, enseignante vieillissante et ancienne grande voyageuse, découvre qu'une de ses élèves s'est fait la malle avec un garçon. Jusque là rien de très grave. Sauf que le jeune homme en question est un rêveur, ce qui signifie qu'il compte emmener l'étudiante dans son propre monde : le nôtre ! Ni une, ni deux, voilà donc l'énergique cinquantenaire lancée à la poursuite des deux amants. Premier élément qui « jure » carrément dans l'univers de Lovecraft : le protagoniste est une femme. Et qui plus est une femme aguerrie et particulièrement débrouillarde ! Mais ce qui fait de ce roman une oeuvre féministe, c'est avant tout l'ensemble des remarques effectuées par le personnage qui permettent de brosser un portrait à mon sens très pertinent de la place accordée aux femmes dans ces Contrées du rêve. On apprend par exemple que, s'il y a des rêveurs, il n'y a en revanche pas de rêveuses, une preuve selon certains que les femmes « ne rêvent pas en grand », trop obnubilées par les tâches ménagères et les enfants. Charmant... L'auteur se penche aussi brièvement sur la question du viol (l'héroïne jugeant positif de n'avoir été violée « qu'une seule fois »), ainsi que sur le comportement tour à tour condescendant ou méprisant des hommes à l'égard des femmes qui sortiraient un peu trop du rôle qu'on leur a attribué. J'ai pour ma part beaucoup apprécié la personnalité de l'héroïne, une vraie baroudeuse qui sait se débrouiller sans l'aide de personne et qui est capable de faire preuve de beaucoup de recul sur ses expériences de jeunesse ainsi que sur son vieillissement.



Le second gros attrait de l'ouvrage réside évidemment dans l'étrangeté et la richesse de son univers, ici les Contrées du rêve. Un monde dans lequel presque aucune de nos règles ne s'applique : le temps pour effectuer une même distance varie d'un jour à l'autre, le ciel n'a rien à voir avec notre étendue bleue immobile... Ces vastes territoires sont de plus peuplés de créatures toutes plus étranges les unes que les autres, dont certaines sont vraiment horrifiques. La dernière partie du voyage de l'héroïne est notamment très oppressante, avec des passages assez gores qui nécessitent d'avoir l'estomac bien accroché. La quête prolongée de Vellitt Boe fournit au lecteur l'occasion idéale d'arpenter une bonne partie de cet univers et de ses lieux emblématiques : Ulthar, la forêt des zoogs, Ilek Vad, la mer cérénarienne... On rencontre aussi un certain nombre de personnages dont j'ai cru comprendre qu'ils sont déjà présents dans l'oeuvre d'origine comme le chat d'Ulthar ou encore Randolph Carter, le héros du texte dont s'inspire ici l'auteur. J'ai à ce propos beaucoup aimé le regard que porte Vellitt Boe sur ce personnage qui se révèle au final être assez vide, un « blanc bec sans grande jugeote à qui l'on a donné un vaste terrain de jeu et l'illusion du pouvoir » (dixit l'auteur elle-même). La seule chose qui m'a gêné tient en fait au rythme adopté par le récit qui passe parfois très vite sur des endroits ou des événements à propos desquels j'aurais aimé en savoir plus, tandis qu'il s'attarde trop longuement sur des passages moins captivants (je pense notamment à la dernière partie dans les entrailles de la terre). le tout reste tout de même de bonne facture, et si vous aviez besoin d'un argument supplémentaire pour vous laissez tenter, sachez que l'ouvrage dispose d'un écrin particulièrement soigné, avec une très belle carte en couleur signée Serena Malyon, une couverture et des illustrations intérieures de Nicolas Fructus, et un entretien avec l'auteur qui revient sur l'ensemble de sa carrière et son rapport avec l'oeuvre de Lovecraft.



Kij Johnson propose avec cette « Quête onirique de Vellitt Boe » un roman idéal non seulement pour les connaisseurs de Lovecraft, qui se régaleront des nombreux clins d'oeil à l'oeuvre d'origine, mais aussi pour les néophytes qui souhaiteraient en savoir un peu plus sur l'univers de l'auteur avant de se lancer dans le matériel d'origine. L'auteur livre de plus une réflexion très pertinente de la place des femmes dans l'oeuvre de Lovecraft et met en scène une héroïne débrouillarde et très attachante dont on prend plaisir à suivre le périple. Une belle découverte.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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Un pont sur la brume

Ne m’étant pas associé pour la lecture commune du mois de janvier, je m’étais promis de lire ce très court roman dont il peut se vanter de critiques élogieuses et de ses quatre récompenses (Grand prix de l’imaginaire, Hugo, Nebula et Asimov’s). J’ai fini par le dénicher en occasion, parce que vu l’épaisseur – et mon ressenti final –, je trouve qu’en neuf, il est très cher.



C’est assez rare, puisque d’habitude, j’écris mon petit billet à l’aveuglette en suivant mon ressenti global, mais je ne sais pas trop qu’en penser vu la faiblesse de cet ouvrage. J’ai donc lu un maximum de critiques positives et négatives.



Pour l’histoire, c’est succinct, il s’agit de la construction d’un pont pour réunifier l’empire puisqu’un fleuve de brume la coupe en deux. La mystérieuse substance vaporeuse est, paraît-il mortelle. À cela on ajoute un peuple de géants, des créatures redoutables. Dit comme cela, ça donne des frissons, sauf que… les géants ne sont qu’une légende, aucune trace de ces colosses – si ce n’est qu’une petite dizaine de lignes en fin de roman. La menace de la brume, quant a elle, est inexistante.



Si je comprends bien le succès de ce court roman ou longue nouvelle, c’est en partie son lyrisme poétique et ses personnages. Pour ma part, il n’y a aucune histoire, heureusement que la quatrième de couverture est plus attrayante que le récit en lui-même. L’élément central de la brume est inexistant (je sais, je me répète). En revanche, on suit la construction du pont.

Le récit se termine sur une fin ouverte qui laisse présager à une suite. Je dois avouer que le final m’a donné l’eau à la bouche. En gros, on nous promet, mais on n’a pas grand-chose. Et si c’était le genre d’œuvre qui faisait travailler son imagination…



« Un pont sur la brume » n’est qu’une ébauche, un peu comme si on sentait une odeur des mets les plus exquis et que l’on nous servait un plat industriel réchauffé au four à micro-ondes. L’univers si prometteur s’est transformé en un monde classique et banal. Outre le scénario limité, il ne se passe pas grand-chose, pour ne pas dire rien du tout. À cela on rajoute l’élément primordial qui ne sert à rien : la brume mais juste un prétexte pour la construction de ce pont ; ce qui me donne presque envie de me relire « Fog » de James Herbert, pour avoir ma dose de brouillard toxique. Bref, je me pose même la question de sa place dans la littérature de l’imaginaire. Tout cela pour dire que j’ai été, à juste titre, déçu par ce texte et je ne comprends pas ses élogieuses récompenses.
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Un pont sur la brume

Soit un monde qui rappelle vaguement la fin de notre Moyen Age. Le progrès s’invite doucement dans la société. Pour unifier l’empire, des infrastructures sont lancées, dont la construction d’un pont au-dessus d’un fleuve. Un architecte est dépêché sur les lieux pour superviser le chantier qui va mettre en péril le sacerdoce de la batelière chargée de faire passer les gens de l’autre côté du fleuve.

Nous suivons donc par ellipse ce chantier, l'amourette de l’architecte (Avec qui ? Quelle suspense !), et les changements impliqués par l’édification du pont sur les deux bleds jouxtant le fleuve.

Le tout pour illustrer la symbolique du pont et saupoudrée d'une ode au progrès.

Mouaih !



Ah si, j’oubliai, nous sommes dans les genres de l’imaginaire, donc l’auteure a eu la bonne idée de remplacer l’eau du fleuve par une brume mystérieuse hantée d’ombres animales esquissées rapidement et de doubler la lune.

C’est tout.

Et c’est trop peu pour moi.



"Une Heure-Lumière, ce sont des romans courts et de facture élégante : assez brefs pour être lus d'une traite, mais riches en sense of wonder, faisant la part belle à une science-fiction ambitieuse, celle du vertige et de l'émerveillement. "

Voici la présentation de cette collection. Pour le sense of wonder, j'ai du louper la ligne qui en avait. Pour la science fiction ambitieuse, la symbolique du pont est usée jusqu'à la corde. Pour le vertige, il y a bien un personnage à un moment qui le subit. Pour l'émerveillement, j'ai raté le passage.

Je ne dis pas que c'est mauvais, mais la quatrième de couverture laisse présager des monstres merveilleux et la collection de la SFFF dans laquelle est publiée ce texte me laissait augurer d'autres émerveillements.



En achetant ce bouquin, c'était la brume qui m'intéressait : d'où vient-elle, pourquoi, que cache-t'elle ? Sur toutes ces questions, l'auteure n'apporte aucune réponse, préférant s'attarder sur le personnage de l'architecte. Je ne suis pas contre le fait de laisser l’imagination du lecteur travailler, parier sur son intelligence, mais de là à ce que le lecteur construise lui même l'ensemble de l'imaginaire par les deux trois pavés donnés par l'auteure, il y a un pont que je ne franchirais pas.
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Un pont sur la brume

En résumé : J’ai passé un très bon moment avec cette novella, Un Pont sur la Brume. On plonge dans une tranche de vie attachante, pleine d’émotion et touchante d’un architecte qui a pour objectif de construire un pont au-dessus d’un fleuve de brume mortel et ainsi relier plus facilement les deux côtés de l’Empire. L’univers, mélange de Fantasy et de Fantastique, se révèle vraiment captivant, laissant la part belle à l’imagination et offrant une ambiance douce et étrange, le fleuve étant là pour amener une légère angoisse et de nombreuses questions. De nombreuses réflexions sont aussi proposés que ce soit sur notre société, soi-même ou encore sur le changement. Les personnages sont humains, marquants, soigné et même si j’aurai aimé en voir un ou deux plus développés, ils happent le lecteur facilement. Une novella qui sonne juste, offrant de nombreuses émotions et que j’ai lu rapidement et avec grand plaisir. La plume de l’auteur est simple, efficace, soignée et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Un pont sur la brume

L’histoire d’un pont sur la brume est celle de la construction d’un pont tout d’abord puis de plusieurs destins. Les faits se déroulent dans un empire coupé en deux par un fleuve constitué de brume qui héberge des créatures étranges parmi lesquels les géants, des êtres dont on sait peu de choses à part qu’ils sont dangereux. Les traversées du fleuve sont périlleuses et effectuées par des passeurs qui connaissent bien le fleuve mais meurent souvent jeunes. Dans ce contexte, on comprend pourquoi l’empire veut construire un pont pour faciliter les déplacements du peuple. La construction du pont est le point de départ du roman qui va nous raconter cette aventure humaine par les yeux de son architecte Kit Meinem d’Atyar. Bien entendu, il n’est pas seulement question de travaux dans le roman mais surtout de relations humaines et de ce que la construction du pont engendre.



Le début du roman est un peu déroutant et on se demande un peu où on va mais on est très vite happé par cette histoire et par l’émotion qui s’en dégage. On s’attache très vite au personnage de Kit ainsi qu’à tous les protagonistes de l’histoire. Et en finissant le livre, on est triste de tourner la dernière page et de dire au revoir à ces personnages. En peu de temps, l’auteure arrive à nous envouter et on tourne les pages très vite pris par la très belle écriture de l’auteure et l’univers presque onirique qu’elle a créé.



Le roman même si il est d’un format court suit les travaux du pont sur plus de 5 ans et encore sur de nombreuses années par la suite. L’univers en lui même n’est pas très développé. On sait peu de choses sur l’empire, les noms des villes sont assez communs (Loinville et Procheville) mais collent tout à fait avec le climat créé. La brume, le fleuve, les créatures très peu décrites contribuent à donner au roman un aspect de rêve un peu étrange, fascinant et poétique à la fois.



L’auteure s’attache à décrire les bouleversements que la construction du pont peut avoir sur les habitants de l’empire et en particulier sur Rasali, une pilote de bac qui officie à l’endroit des travaux. Rasali est un personnage féminin fort et intrigant et la relation entre Kit et elle apporte beaucoup d’émotion à l’histoire.



Ce court roman est vraiment d’un très bon niveau, il est très bien construit et écrit. Il se lit très vite, et on s’immerge totalement dans cet univers sans vraiment s’en rendre compte. L’histoire est assez simple mais le travail sur les personnages et le côté onirique de l’univers en font une grande réussite. J’aimerai lire les autres romans de cette collection car les 2 que j’ai lus sont vraiment très biens.
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Un pont sur la brume

L’Empire décrit par Kij Johnson est coupé en deux. En effet un obstacle naturel extrêmement difficile à franchir sépare les deux contrées. Une gorge large et profonde est emplie d’une brume dense et corrosive qui ne permet aux voyageurs de traverser cette balafre ancestrale qu’à leurs risques et périls. Non seulement, rien ne résiste à cette vapeur acide et tourbillonnante, mais l’abîme est peuplée d’une faune étrange et mystérieuse dont des géants qui renversent tout sur leur passage.



Le gouvernement de l’Empire décide de remédier à ce frein naturel en construisant un pont sur la brume. Les conditions étant particulièrement ardues à « contourner« , il embauche un architecte de renom, Kit Meinem d’Atyar. Les travaux vont durer 5 ans et exiger de passer d’une rive à l’autre sur un bac piloté par l’impétueuse Rasali Bac.



Ces années à vivre parmi les autochtones permettrons à Kit d’apprendre à les connaitre, à les comprendre, à les apprécier et finalement à les aimer. Surtout l’une d’entre eux, la plus téméraire et la plus vivante, celle qui a tout à perdre avec l’achèvement du pont sur la brume. Arrivera-t-il à briser la carapace de Rasali et à établir une connexion avec la jeune pilote du bac? A travers quelques flashbacks, Kij Johnson étoffe son personnage principal, pour lequel l’achèvement de cette infrastructure permet de faire le lien entre son passé et son futur, tout en ouvrant une voie nouvelle pleine de promesses et de piment.



Ce pont va également bouleverser la vie et l’avenir des habitants de l’Empire, mais sans doute plus profondément encore pour la jeune Rasali qui perd, du fait de cette prouesse technique, sa raison d’être. En effet, jusque là sa fonction de pilote de bac la définissait forçant l’admiration de ses compatriotes. Mais paradoxalement, cette perception la cantonnait dans ce statut (tout comme pour Kit) et l’enfermait dans une attitude téméraire. En fait, les protagonistes sont à peine conscients de ce cloisonnement, ils ne font que remplir un rôle pour lequel ils sont attendus, comme tout les autres pour qui tout est écrit et tracé. C’est l’achèvement du pont qui leur ouvre d’autres opportunités comme la prise de conscience de leur potentiel. La liberté, Rasali ne la trouvait que dans le danger, dans l’affrontement avec les éléments qui la dépassaient aux commandes de son bac. Son bac : contour et limite de son être social !



Rien d’étonnant à découvrir une ville nommée Procheville sur une rive, et Loinville sur l’autre, à l’image de la symbolique mise en place par Kij Johnson, puisque dans cette contrée, chaque chose et chaque être est défini par sa fonction première. Un monde comme beaucoup d’autre, où la population ne voit pas plus loin que son horizon proche. Il faut donc un pont pour franchir cet obstacle naturel et psychologique.



Les symboliques liées à ce pont sont nombreuses et offrent des thématiques intéressantes à cette novella, il appartiendra au lecteur de les faire siennes.



J’avoue que les 20 premières pages m’ont laissée perplexe, surtout après la lecture de L’homme qui mit fin à l’Histoire de Ken Liu. J’avais entre les mains le récit de la construction d’un pont entre deux rives séparées par un cordon corrosif de matière évanescente. Et lors de la lecture de ces quelques pages, je me demandais bien : comment la description de la construction d’un pont pouvait avoir soufflé le prix Hugo à Ken Liu…?



Mais voilà, Kij Johnson parvient à envoûter le lecteur malgré lui. L’auteur possède une magie qui lui permet non seulement de charmer notre esprit mais aussi de nous toucher au plus profond de notre âme.



Un moment magique pour une histoire intemporelle. Avec ces deux derniers titres, voilà une collection bien lancée!



PS : si j’en avais les moyens je recommanderai la lecture de cette novella à tous les aspirants managers (ainsi qu’aux écoles et organismes de formation en management) afin qu’ils fassent la différence entre autorité et autoritarisme, leadership et tyrannie.
Lien : https://albdoblog.wordpress...
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Un pont sur la brume

Un petit break fantasy dans la brume.



La brume, son opacité et sa turbidité, cache ou révèle bien des secrets et colle super bien avec l'ambiance un peu mystérieuse de la Fantasy. C'est peut-être pour ca qu'elle a également été utilisée par Brandon Sanderson dans sa série Mistborn / Fils-des-brumes.



Ici placée sur un fleuve qui sépare Procheville de Loinville, elle est objet du quotidien, d'origine inconnue et à l'apparence un peu changeante, irritante sur la peau, elle est l'abri de créatures dévoreuses qui gênent un peu le passage entre les deux bourgades.



Nous allons donc assister à la construction d'un pont, morceau de vie pour les locaux et nos héros qui doivent composer au quotidien avec cette brume qui empêche quotidien puisque comme une condition météorologique, elle doit être favorable pour se révéler sans risque pour celui qui souhaite traverser par voie fluviale, au moyen d'un bac mené à la rame.



Menée par une plume discrète et agréable, habile dans ses descriptions et un poil fatiguante sur le plan technique, le récit est immersif car l'auteur et le traducteur font des choix judicieux sur le choix des noms de lieux ou de personnage, mais le récit, comme une traversée de la brume, est peu ponctué d'évènements marquants et se poursuit très souvent dans le calme un poil trop morne par rapport à mes attentes en matière de fantasy.



Comme une conduite ou une navigation dans le brouillard, on y rentre donc à petits pas feutrés et on est quand même contents d'etre débarassés une fois la brume esquivée.























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Un pont sur la brume

Fascinant et court roman qui se déroule dans un univers sans doute parallèle, entre la fantasy médiévale et l'anticipation... Il s'agit de construire un pont pour traverser cette mystérieuse brume, vaguement dangereuse, mystérieuse, peuplée de monstres inconnus... On suit le trajet de l'ingénieur du chantier, mais également des passeurs en bateau.

Un monde hypnotique, une lecture hyper prenante, magique !
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Un pont sur la brume

J'avoue que ce n'est pas du tout un coup de cœur. Je n'avais entendu que du bien de cette collection (sur Instagram). Mais je suis passé à côté, je pense... 



J'ai pourtant bien apprécié le style, l'univers a du potentiel. Mais l'histoire est banale 🙈 je suis désolé de dire ça, mais je me suis ennuyé. Je pense que je ne l'aurais pas terminé si ce n'était pas dans le challenge d'evasion_litteraire ! 



En plus, on ne sait rien de spécial sur la brume, c'est dommage, car c'est une partie centrale de l'histoire.



Je rejoins d'autres avis Babelio : c'est frustrant, mais poétique.
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La quête onirique de Vellitt Boe

Un nouveau titre de cette auteure dont j'avais beaucoup aimé "Un pont sur la brume". Je l'avoue mon avis est plus mitigé pour ce titre. J'ai retrouvé le style poétique et nébuleux auquel j'avais accroché.

Dans cette quête, on suit Vellitt Boe, une vieille professeur de mathématiques qui part à travers les contrées du Rêve jusqu'au monde de l'Eveil pour retrouver l'une des ses étudiantes en fuite, Clarie Jurat. Je reste assez perplexe des paysages et créatures rencontrés, les mots propres à l'univers du Rêve sont nombreux et je m'y suis parfois un peu perdue. Et j'avais comme l'étrange impression qu'il me manquait quelques clés pour comprendre pleinement les références distillées par l'auteure. N'ayant jamais lu Lovecraft (à part La maison de la sorcière), je n'ai su retrouver l'atmosphère qui visiblement imprègne ce roman. Le personnage du chat noir m'a intriguée tout du long et finalement un peu laissée sur ma fain, est-ce une incarnation d'un dieu, à l'image des avatars de Bastett dans American Gods ?

J'ai aimé la poésie du style mais reste un peu frustrée de cette histoire trop simple et de ce vocabulaire trop hermétique pour moi. Je m'attendais à mieux même si ce fut une agréable lecture.
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Un pont sur la brume

Un pont sur la brume, un pont entre deux terres, un pont qui amène le changement, un pont qui rejoint le passé, un pont qui mène vers l'avenir, un pont qui relie les êtres : dans cette histoire à peine fantastique (la brume et ses poissons-qui-n'en-sont-pas), on apprend beaucoup sur la manière de construire un pont et de vivre sa vie.
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La quête onirique de Vellitt Boe

Lovecraftien... et féministe !



S’inscrivant dans une mouvance littéraire qui a pris de l’ampleur ces dernières années, et qui consiste à donner une voix à ceux qui n’en ont pas dans les univers Lovecraftiens (la personne de couleur, ou la femme ici) tout en rendant hommage à ces derniers, La quête onirique de Vellitt Boe est évidemment une sorte de contrepartie féminine (et féministe, progressiste) à celle de Randolph Carter chez l’écrivain de Providence. Son sous-texte interroge donc la place de la femme, que ce soit dans les Contrées du rêve, l’oeuvre de Lovecraft ou nos sociétés bien réelles. Son texte principal, lui, offre une aventure sympathique (et vaguement young adult) s’inscrivant avec aisance dans les codes oniriques Lovecraftiens tout en n’atteignant pas la puissance évocatrice de La quête onirique de Kadath l’inconnue (à part dans les dernières pages) ou d’autres textes oniriques de l’américain. D’ailleurs, si le roman de Johnson est lisible sans rien connaître du volet Fantasy de la bibliographie de Lovecraft (voire sans avoir jamais rien lu écrit par ce dernier), il ne prendra cependant son plein sens qu’en connaissant ses textes centraux, dont celui consacré à Randolph Carter, aux Chats d’Ulthar, à la Malédiction de Sarnath ou aux Autres dieux. Et évidemment, difficile d’établir la pleine mesure du « négatif » (au sens photographique du terme, comme le déclare très justement l’auteure) établi par Johnson si on ne connaît pas l’original. En tout cas, j’en ressors plutôt satisfait dans l’ensemble (aussi bien sur le volet aventure que sur celui « je revisite Lovecraft dans une perspective féministe » ou encore sur le plan d’une construction très astucieuse).



Ceci n'est que résumé de ma critique complète, que vous pouvez lire sur mon blog.
Lien : https://lecultedapophis.com/..
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Un pont sur la brume

L'histoire de deux villes, séparées par un fleuve. Tout serait si simple s'il n'y avait cette brume. Opaque et tout aussi dangereuse qu'obsédante. Des géants s'y cachent, moyennement ou assez géant, selon les dires de ceux qui en ont réchappé....mais rare le sont, et il n'existe de fait pas de description précise de ces créatures. Quelques passeurs sont chargés de faire traverser les téméraires d'une rive à l'autre parce qu'il faut bien que la vie et le commerce se fassent. Kit, architecte débarque un jour pour construire un point et relier Procheville et Loinville. Un chantier colossal. Le changement se prépare, s'impose plus ou moins à chacun et entraîne tout autant de drames que de bonheurs. Comment sera la vie sans la confrontation au fleuve, sans la peur des géants, sans l'attente d'une brume clémente? Différente et semblable en même temps.

Une nouvelle qui nous transporte avec délice des descriptions techniques architecturales, à la brume poétique et effrayante mais fascinante.

Merci à Babelio et à Le Belial pour cette Masse Critique!
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Un pont sur la brume

Un fleuve de brume moitié liquide, moitié solide, aussi changeante que le temps, contenant créatures et autres géants dangereux, coupe l'empire en deux. Les habitants sont contraints d'effectuer la traversée par bateau en surfant littéralement sur cette brume, et en y laissant la peau parfois. Kit Meinem d'Atyar, architecte de l'empire, est chargé de construire un pont. Aventure épique et humaniste, une Odyssée moderne à bien des égards, ce petit roman doit nous inspirer à titre personnel. Construire malgré les peines, les drames. Et aimer.
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Un pont sur la brume

Entre Procheville et Loinville coule un fleuve à la brume épaisse et inquiétante peuplée de créatures énigmatiques. Seuls quelques passeurs se risquent à relier les deux rives avec le bac.



« Il passa beaucoup de temps à observer la brume. Elle changeait de façon imprévisible : d’un flot égal et ridé, elle se muait bientôt en une étendue accidentée d’écume s’effilochant, puis évoluait quelques heures plus tard en un champ de dunes escarpées se rapprochant et s’écartant sans cesse. »



Pour en sécuriser la traversée, l’architecte Kit Meinem d’Atyar est mandaté par l’empire pour bâtir un pont monumental.

Au-delà du défi technique, ce projet va être l’occasion pour lui de mesurer combien ses constructions changent la vie des gens, et de considérer différemment la finalité de son métier.



Malgré un format court, un roman contemplatif qui arrive à prendre le temps d’installer une atmosphère forte, à la fois mystérieuse, mélancolique et parfois troublante.

J’ai aimé le rythme lent de ce récit intimiste et introspectif.



Je découvre la collection Une Heure Lumière des éditions Le Bélial` avec cette novella (très belle illustration en couverture d’Aurélien Police).
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La quête onirique de Vellitt Boe

Ce court roman débute avec une bonne idée. Il s'agit d'explorer l'univers de Lovecraft, mais d'un point de vue féminin.



Un peu comme l'a fait Lovecraft Country sur les questions raciales.



On y suit Vellitt Boe, une aventurière devenue professeure de mathématique au seul collège pour femme du monde des rêves. Une étudiante s'enfuit avec un rêveur (un humain de notre monde), et Boe doit la retrouver.



Et le début du livre est intéressant, ainsi que sa fin. Donc le gros défaut de ce roman est d'avoir sa partie centrale, où l'histoire stagne, où rien n'a vraiment d'impact sur aucun personnage.



Ce qui aurait pu être une excellente nouvelle devient ici un roman moyen.
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Un pont sur la brume

Un très beau livre.

Beaucoup de poésie se dégage du roman, de l'usage de patronymes originaux à celui du noms des villes tout aussi intéressants, Un Pont sur la Brume instille un climat éthéré d'une grande paisibilité.

Pourtant à la base de ce roman il n'y a pas grand chose : Kit Meinem d'Atyar doit construire un pont entre Procheville et Loinville, deux bourgades séparées par un fleuve de brume. On meurt dans cette brume de toute éternité. Ce pont va changer le monde. Il va relier deux faces de l'empire et permettre à ceux du fleuve de vivre sans redouter de sombrer dans la brume.

La rencontre avec Rasali Bac de Loinville va s'avérer déterminante. Elle est ce qui relie Kit aux gens du crû, elle est la voix de la brume. Tout le monde meurt de la brume dans sa famille depuis des générations, elle peut mesurer l'impact du pont.

Kij Johnson est une très belle écrivain et offre à ce court roman de très beaux atours. Un phrasé simple et efficace, une intrigue qui avance à mesure que l'on tourne les pages.

Un reproche ? Des personnages peut-être fondamentalement tous trop bons, même leurs fêlures ne semblent que légères cicatrices.

Dans le ton, je rapprocherais évidemment kij johnson d'Ursula le Guin mais aussi du formidable roman le dernier arbre de Tim Gautreaux. Chez l'un et l'autre il y a ce soucis du travail d'ingénieur, le souhait de l'écrivain de montrer la façon, l'action de faire, de construire, et de les inclure dans la difficulté de vivre.
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La quête onirique de Vellitt Boe

A bas le jeunisme : les vieilles aussi ont le droit à leur quête initiatique !



Suite à la fugue d'une de ses élèves dont, malheureusement, le père est un riche donateur, une vieille prof prend son ballot et part à la recherche de sa protégée. Le pitch aurait pu faire un magnifique téléfilm américain diffusé l'après midi sur M6 ou TF1, mais Kij a préféré en tirer une nouvelle fantastique se déroulant dans les contrées du rêve. Ouf !



Faire d'une vieille marcheuse une nouvelle qui tient le lecteur en haleine n'est pas donné à tout le monde. Avec le mystère entourant le passé de la voyageuse, les contrées plus fantasmatiques les unes que les autres ou encore ce chat noir qui ne quitte pas les pas de Vellitt, on prend le pas de cette prof et on se demande vers où veut nous emmener l'autrice.



Les clefs de ce monde fantasmagorique nous sont livrés peu à peu, comme le passé de cette bourlingueuse. Ceci dit, l'histoire est assez linéaire : malgré la profusion d'ennemis lancés à ses trousses, dont les Dieux eux mêmes, Vellitt sans sort à peu près sans égratignures. Et la fin n'est pas à la hauteur du reste, me laissant un tout ça pour ça !



Avec une chatte en couverture, je pensais que la présence féline allait être bien plus importante. En lisant les avis des uns et des autres, pour comprendre cette place du chat, la connaissance de Lovecraft reste indispensable. En effet, ce texte est une réécriture de La Quête onirique de Kadath l'inconnue. Ce dernier était raciste et ne laissait que peu de place aux femmes, Kij en fait un texte féministe, en mettant une héroïne forte accompagnée de quelques égratignures à la société patriarcale. Mais je l'ai trouvé plus intéressante dans sa critique de la religion. Pour moi, il est nécessaire de connaitre le texte original pour apprécier pleinement cette quête.

J'ai pensé à Christopher Priest et son archipel du rêve en lisant ce livre, surtout dans sa partie sur l'eau, car le temps s'écoule différemment dans les contrées du rêve.



Cette édition est illustrée par Nicolas Fructus et se termine par un entretien de l'autrice. Des petits plus toujours bien sympathiques.
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La quête onirique de Vellitt Boe

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec cette novella qui nous offre un voyage qui va s’avérer dépaysant et fascinant, porté par une héroïne charismatique et des thématiques qui ne laissent pas indifférent. Entre récit d’aventure, quête pour sauver le monde et récit intimiste et intelligent, l’auteur brasse de nombreux aspects dans son récit le tout avec justesse et finesse qui rendent l’ensemble efficace, entraînant et captivant. Kij Johnson reprend efficacement dans son univers les canons Lovecraftien, tout en y apportant sa touche personnle ainsi qu’une ou deux originalités. On y découvre ainsi un monde merveilleux, à l’esthétisme poétique et envoutant tout en oubliant pas de se révéler dangereux, violent et sombre. Un univers qui donne envie d’en apprendre plus. Mais le gros point fort vient de l’héroïne, Vellitt Boe, professeure de 55 ans qui part dans ce long voyage et qui offre un point de vue intéressant et efficace. On est loin de la jeune et fringante jeune fille qui part en quête, on découvre ainsi une personne qui a déjà vécue une partie de sa vie, qui va faire le point et nous offrir une réflexion et position intéressante sur la vie, l’âge, l’amour et autres. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste, offrant leur pierre à l’édifice que construit l’auteur. La conclusion s’avère intéressante dans ce qu’elle soulève, ses réflexions et son ouverture. Alors après, je regretterai peut-être un petit goût de trop peu, mais je chipote tant j’ai été emporté par ce livre le tout porté par une plume soignée, envoutante et entraînante. Je lirai d’autres écrits de Kij Johnson avec plaisir.





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