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Critiques de Laurence Vilaine (93)
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La Géante

Un jour, dans un village de montagne à l’écart des grands axes, une femme arrive, à pied, porteuse d’un lourd chagrin à mettre en terre malgré le gel. Derrière ses rideaux, une autre femme l’observe, qui ne la connaît pas mais sait le poids de sa douleur et une part de son histoire qu’elle va nous raconter, révélant au passage la dure existence qui est la sienne.

Sur la couverture toute en dents et en pointes, quelque chose interpelle dans ce triangle inversé si reconnaissable des éditions Zulma :@ LAURENCE VILAINE @La Géante. Les mots s’y suivent et s’entrechoquent et l’on ne sait plus très bien qui, de Laurence ou de la Géante, est vilaine, qui, de la Vilaine ou de Laurence, est géante. Et le ton est donné. Dans ce roman caillouteux à la beauté claire comme de l’eau de roche, on se sent tout petit face à la langue qui se déploie comme un paysage et fait rouler ses mots sous nos gros sabots de lecteurs, s’offrant à la lecture sans précautions, les émotions à fleur de page. On y découvre deux femmes, l’une qui marche, l’autre qui l’observe puis lui emboîte les pas, l’une qui voyage, l’autre enracinée depuis longtemps, l’une qui écrit, l’autre qui raconte, l’une qui aime, l’autre qui découvre. Au fil du récit porté par la voix profonde et sans plainte de la narratrice, on en apprendra plus, à la fois sur elle-même qui se croit sans histoire, et sur celle dont, « quand elle est arrivée au village, on aurait dit une légende ». Sous les yeux de cette observatrice qui ignorait qu’elle avait un cœur faute d’en avoir eu l’usage, on verra se raconter un amour qui n’a plus que les mots pour exister et pour durer, puis que la force de l’espoir et le pouvoir de la mémoire. Et puis le courage, le courage de deux jambes qui marchent au rythme obstiné d’un cœur qui bat.

Ce roman court, finement structuré, à l’intensité allant crescendo et qui semble s’éclairer et révéler des pans de lui-même au fil de la lecture comme la lumière gagne en éclat sur une marche entreprise de bonne heure dans un paysage montagneux, attise et module nos émotions en même temps que se déploient celles de la narratrice dont on n’apprendra le nom que plus tard dans l’histoire, comme si son existence et sa propre expérience ne prenaient sens et corps qu’à la lueur et à la chaleur de celles dont elle se fait témoin, dont elle se fait gardien. La plume de Laurence Vilaine est légère mais puissante, tenue mais vibrante, et l’on se sent prêt, avec elle, à gravir des montagnes, fussent-elles des Géantes.

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La Grande Villa

La Grande Villa est avant tout un travail de mémoire fait par l’auteure : elle se rappelle de la moindre pièce de cette villa (en y séjourna une seconde fois), et la villa fait remonter en elle des souvenirs, ceux d’un être cher maintenant disparu : son père.



Mais, cette œuvre est aussi un travail sur soi-même : travail face au devoir d’écrire, travail du deuil…



Et un travail de questionnement pour le lecteur : Qu’est-ce que réellement l’écriture ? Comment continuer à vivre après la mort d’un parent ?



« Est-ce donner de soi-même que d’écrire ou est-ce de l’amour qu’on recherche »



« Tu sais, peut-être qu’écrire, c’est comme aimer »



« L’écriture c’est alors comme un baiser sur le papier, et on veut fermer les yeux, on veut que la rencontre dure »







La Grande Villa est le personnage central du roman, un intime de l’auteure. C’est un lieu qui permet la montée d’un souvenir : « Tu n’es plus là, et il n’y a qu’elle, la Grande Villa, qui sache tout ça » et qui a permis l’écriture de ce magnifique roman !







La plume de Laurence Vilaine est vraiment belle et touchante ! C’est de la douceur et de la sincérité dans chaque mot, chaque phrase, chaque page.... C’est à la fois une œuvre pour le père et un hommage à cette villa.




Lien : http://voldelivre.canalblog...
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La Géante

Je pense que ce roman n’était pas vraiment pour moi. L’écriture est poétique mais cela ne m’a pas transporté. Les personnages sont taiseux et durs (description très raccourcie des montagnards…)

Je n’ai sûrement pas dû comprendre toutes les subtilités du récit mais finalement il ne se passe que très peu de choses, toutes narrées de façon très elliptiques. Bref, c’est long, c’est lent. Un beau rapport à la végétation et la nature tout de même.
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La Grande Villa

« La Grande villa » est un autre coup de cœur 2022. Je suis tombée dessus par hasard. Peut-être est-ce le nom de l'auteure Laurence Vilaine. Et puis, elle vit à Nantes, donc pas très loin. Ce court texte a été écrit lors d'une résidence d'écriture à Marseille.

La grande villa, elle y retourne après le décès de son père. C'est une expérience intime de la perte. La pensée émerge entre les silences et les longueurs à la piscine. Il y a la lumière qui dessine dans chaque pièce des arabesques, des rides, des démarcations. Il y a la lumière, fenêtre entre le passé des souvenirs et le présent. Cette lumière encourage à toucher puis abandonner les choses agréables, les odeurs, les sons, le vent. Ce que l'auteure voit n'est plus là. Sauf, peut-être la couleur rouge, celle de l'armoire dans le vestibule et une carte postale, copie d'une peinture De Toulouse Lautrec, Rosa la Rouge.

J'ai été captivé par l'étrange attachement de l'auteure à sa maison d'enfance. Sans doute parce que mes parents n'ont jamais été propriétaires et que je ne le suis pas non plus. L'enfance, on fait des réserves de souvenirs pour prévenir le manque. La perte permet aussi de réinventer certains souvenirs. J'ai aimé son style, les ruptures de rythmes dans les scènes de la piscine. L'absence de dialogue, même avec le père absent affaiblit le texte introspectif. "Quand le tournis m'assoit par terre, je souris en rêvant."

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La Géante

Noële est une vieille femme, qui a toujours vécu au pied de la Géante, une montagne qu’elle a nommée ainsi dès son enfance. Elle y vit seule avec son frère, Rimbaud, un garçon qui ne parle pas mais chante avec les oiseaux. Elle gagne modestement sa vie en tant que guérisseuse, pouvoir que lui a transmis sa tante qui les a élevés à la mort de leur mère, puis au départ de leur père.

Un jour, un inconnu arrive dans le village ; il se nomme Maxim, et exerce le métier de journaliste. Atteint d’un cancer des yeux, il a choisi de se retirer du monde et s’est installé dans une maison isolée, la « Maison froide ». Une fois par semaine, il se rend en ville pour transmettre ses articles au journal qui le rétribue.

Il reçoit régulièrement des lettres de la femme qu’il aime, Carmen, reporter photographe parcourant le monde. Un jour, le facteur, souffrant, demande à Noële de le relayer en distribuant le courrier du journaliste à sa place. La vieille femme va alors devenir la « messagère du dernier kilomètre ». Ces lettres vont bouleverser sa vie, elle qui a toujours mené une existence rude et solitaire, elle qui n’a jamais connu l’amour, et le désir.

A la mort de son amant, Carmen se rend dans la maison puis part gravir la montagne. Noële enfile sa parka et la suit. Au cours de son ascension, elle nous livre des bribes de son histoire familiale, nous raconte l’arrivée du journaliste et son séjour au village, sa vie quotidienne, leurs échanges, les lettres reçues et lues … Parvenue au sommet de la Géante, elle va découvrir un secret que partageaient son frère et le journaliste disparu.

Elle va également révéler au lecteur le serment de son enfance.

C’est un très beau roman sur l’amour, la montagne, l’écriture. Roman très profond, qui interroge les traumatismes de l’enfance, évoque la force des sentiments, célèbre la liberté.

Les personnages en effet sont des êtres libres : le journaliste qui s’isole pour ne pas devenir dépendant, Rimbaud le frère qui court dans la montagne en osmose complète avec la nature, Carmen qui parcourt le monde pour témoigner des drames humains, et Noële qui s’affranchira du serment qui la retenait prisonnière.

Et c’est par l’écriture – les lettres lues de Carmen – qu’elle parvient à se libérer.

La structure narrative est originale : l’histoire se déroule au fil de la montée vers le sommet de la montagne. Durant cette ascension, souvent difficile et risquée, l’héroïne nous livre des bribes de son histoire personnelle et familiale, de la présence du journaliste dans le village, de sa relation avec son amoureuse. Elle nous ouvre le paysage de ses souvenirs, de la même manière qu’elle nous fait découvrir les multiples facettes de cette montagne : la Pierre debout, le Bois noir, le Vestibule du diable, le Lac vert …





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Le silence ne sera qu’un souvenir

Une immersion dans une communauté rom près du Danube, qui marque la frontière avec le monde des gadjos.

Le narrateur est un vieil homme, qui dévoile par bribes la terrible histoire d'un enfant, ostracisé au sein des siens en raison de sa blondeur, et attaché viscéralement à son violon, sa seule possession.

La musique est omniprésente, pour le simple plaisir de jouer ensemble, pour gagner quelques pièces auprès de touristes ou dans des restaurants.

Omniprésente aussi, la violence, ancienne lorsqu'il s'agissait des nazis pour lesquels cette race inférieure n'était que chair à expérience, et actuelle quand des néonazis organisent des chasses aux tziganes... et, aujourd'hui comme hier, viol de femmes par des hommes, proches ou inconnus.

Deux femmes, deux générations, deux histoires où se mêlent amour et détresse, sont au centre du livre, et les douloureux liens (de sang) avec celle du petit garçon apparaissent petit à petit.

En refermant le livre, on entend encore le chant de l'enfant, celui du violon, et celui du chnep, "un petit piaf de chez nous"...



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La Géante

Elle s'appelle Noële et vit seule avec son frère silencieux Rimbaud. Ils ont été élevé par une tante depuis longtemps disparue. ils vivent à l'ombre de la géante, la montagne tutélaire du pays. puis un jour arrivent dans leur vie Maxim et Carmen, ou plutôt leur histoire à travers des lettres...C'est un magnifique roman, court mais intense, qui nous transporte dans cette nature rugueuse et dangereuse et dans une une histoire pleine de grâce et de délicatesse. Splendide!
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Le silence ne sera qu’un souvenir

Sur une rive slovaque du Danube, vit une communauté rom. Alors qu'on célèbre les 20 ans de la chute du mur de Berlin et que les journalistes affluent, le vieux Mikluš, lui, est rongé par le passé. Un passé qu'il a toujours tu et dont le poids n'a fait que s'accentuer avec les ans.

Alors le vieil homme va raconter son peuple à l'un d'eux. Il lui narre l'histoire de sa communauté, son quotidien. Puis, peu à peu, sa langue se délie et bientôt c'est le profond secret autour duquel se joue un terrible drame familial que Mikluš confie à son interlocuteur.



Les éditions Gaïa, connues pour leur catalogue nordique, propose ici leur premier roman français. Et quel roman !! Autant vous le dire de suite, il s'agit pour moi de LA perle de la rentrée qui passera certainement entre les mailles des journalistes mais s'avère pour un premier roman totalement abouti et réussi !



Mikluš est donc le narrateur de cette histoire un peu déstabilisante dans ses premières pages mais très vite impossible à abandonner. Notre homme est mort et cette libération lui permet de se libérer du secret qu'il détient. Il s'adresse à la fois au lecteur et au journaliste. Il commence par évoquer sa communauté, les gamins de Supava qui font le singe devant les touristes pour récolter quelques sous, la défiance des gadjé qui les voit comme de "crasseux tsiganes et voleurs de poule".



Il raconte leur tentative de les loger dans des immeubles les coupant de la Terre et de la collectivité amicale, de la stérilisation forcée des femmes, de l'école qui tente d'inculquer une autre culture aux petits roms. Il remonte l'histoire et parle de l'arrivée des nazis et de leurs méfaits sur les tsiganes : tontes, viols, raffles.

Et puis, à travers son récit, un petit garçon apparait par intermittence. Adam, dit le Petit, dit Dilino. Adam qui ne parle pas, qui n'a pas de famille, qui est le souffre-douleur des autres enfants, troublés par sa blondeur et par sa façon de trainer son violon envers et contre tout. On découvrira aussi Chnepki, désormais La vieille, à moitié folle.

Mikluš, bientôt, remonte l'origine du secret. Il raconte le drame de Chnepki qui lui fit perdre sa gaieté originelle puis l'arrivée de celui qui saura réouvrir ses barrières : Lubko, le vagabond violoniste qui lui donnera une jolie fille Maruska. Il raconte le destin qui s'acharne sur cette pauvre Chnepki, son homme qui s'enfuit avec sa fille pour la sauver de la folie de sa mère. Il raconte leur vie à deux, le travail du bois pour créer des marionnettes. Et le drame qui une fois de plus vient les toucher.

Mikluš raconte tout, il se vide de sa honte, de son immobilisme devant le petit Dilino dont il nous confiera l'origine. Un enfant qu'il n'a pas su protéger, aimer. Un enfant à qui il aura caché jusqu'à sa mort la tragédie qui conditionne son existence.



Vous l'aurez compris, ce roman fait le portrait d'une communauté défaite qui peine à survivre devant les soubresauts de l'histoire, la haine de ses voisins (sera évoquée les nouveaux cranes rasés qui errent dans cette Allemagne contemporaine), l'indifférence du monde devant les persécutions passées et non jugées (Nuremberg les a oublié...), tout comme les humiliations d'aujourd'hui. Mais c'est aussi le portrait d'un groupe qui vit au rythme des saisons, qui se refuse à toute porte entre les personnes, pour lesquelles l'entraide n'est pas un vain mot.

C'est un peuple fier qui continue à vivre libre et à s'épanouir dans des travaux manuels et dans ces joyeuses orgies musicales où chacun s'oublie dans le flot des violons.



Le roman est aussi l'histoire d'une famille qui voit construire son histoire dans un drame perpétuel qui dépasse les générations. C'est l'histoire de ce petit Dilino et de ses ancêtres, bousculés par une vie faite de malheurs, d'intolérance et de misère.



Le silence ne sera qu'un souvenir est véritablement un roman magnifique que l'auteur a écrit dans une prose poétique qui reprend les lancinants sanglots du violon tsigane. Laurence Vilaine nous offre ici un condensé d'émotion qu'on penserait écrit par un tsigane lui-même tant cette communauté est si bien décrite et interprétée. Pour un premier roman, je le répète, c'est un coup de maître !



C'est une histoire à la fois dure et douce. Une histoire qui parle d'amour et de souffrance. Une histoire que personne ne pourra oublier après avoir tourné la dernière page de ce roman que vous devez ABSOLUMENT découvrir !



Mais " N'oubliez pas que les fins heureuses n'ont jamais été le fort des histoires tsiganes"...
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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La Géante

Ce roman parle d’amour : l’amour de la nature, l’amour à sens unique, la découverte de l’amour, de l’amour de soit.

Ce roman est un poème, une prose qui vous entraîne, qui vous fait rêver et marcher dans forêt.

Ce roman est puissant, grâce à ses métaphores et ses descriptions.

Ce roman est une pause bienvenue dans un quotidien tendu !
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La Géante

Ce livre court me laisse un peu perplexe.

J’ai adoré l’écriture, ce voyage poétique à travers la nature. J’ai adoré la montagne et la forêt. Cet alchimie qui vous transporte avec pleins de zénitudes. J’avais vraiment ce sentiment d’être dans un univers intemporel. Après l’histoire en elle même manquait pour moi un peu de rythme. Difficile par moment de bien s’imprégner de chaque instant. Je m’attendais à davantage de rebondissement et à une fin moins imagée.
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Le silence ne sera qu’un souvenir

Le Silence ne sera qu'un souvenir est un livre que je devais lire. Un concours d'heureuses circonstances m'y a poussé et je sais ainsi qu'il renferme un message pour moi.



Il est vrai, par ailleurs, que j'ai été touchée par la poésie de la langue de Laurence Vilaine, des langues même, puisque le slovaque et le romani viennent y faire des incursions bienvenues. Certains thèmes comme celui de la mémoire transgénérationnelle, de l'héritage, de la famille, des croyances, me parlent beaucoup.



J'ai été moins convaincue par d'autres thèmes abordés, franchement très sensibles pour moi, et que j'aurais préféré ne pas nécessairement lire. Et puis par un léger manque d'authenticité et des clichés parfois un peu gros sur la communauté Rom, pourtant dépeinte avec une grande tendresse et beaucoup de sincérité dans l'intention.



Une jolie lecture, à ne pas forcément mettre dans les mains de femmes qui ont souffert de blessures de femmes, car le roman est particulièrement lourd de ce point de vue là.
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La Géante

Nul besoin de résumer... les synopsis sont nombreux par ici.

Zulma livre encore une fois une pépite littéraire. A lire sans plus d'attente, à croquer les yeux fermés pour mieux savourer.

Rappelant la nature menaçante mais pleine de douce poésie d'un Claudio Morandini ou d'une Bérengère Cournut, ce court roman de Vilaine est (comme sa couverture l'indique) une ode à la nature, au féminin, à la force tranquille de ces géantes.

Les personnages sont magnifiquement développés, sans fioritures. Ils sont réels, vivants. Ils découvrent, grandissent, apprennent et désirent. Ils ont soif de vie.

Incontournable de la rentrée littéraire 2020, ce récit excelle et se détache pour sa clarté. Rien n'y est de trop et tout y est.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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La Géante

L’histoire, ou plutôt, les histoires, celle de l’enfance de la narratrice et celle de sa rencontre avec l’autre femme, me laissent sur ma faim. J’ai eu la sensation de lire des ébauches d’histoires qui ne sont pas complètement exploitées. Les personnages eux aussi sont comme de pâles reproductions de ce qu’ils pourraient être.

Je n’accroche pas non plus au style de l’écriture, à se vouloir trop poétique il m’a perdue.
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La Géante

Au pied de la Géante, sommet à la fois protecteur et inquiétant, Noëlle récolte les plantes, les trie soigneusement avant les sécher pour en faire des tisanes ou des onguents. Un peu rebouteuse, un peu sorcière, elle vit loin de toute communauté humaine en compagnie de son frère qui ne sait que chanter en duo avec un petit-duc.

Cette vie de quasi ermite s’interrompt avec l’arrivée de deux inconnus. Leur venue s’accompagne de sentiments, d’attentes et de désirs. Et puis surtout, dans un domaine où régnaient le chant des oiseaux, le bruit du vent et le silence, arrivent les mots et leurs conséquences funestes.

A l’instar des grands écrivains américains du Natural writing, Laurence Vilaine mélange l’onirisme à une nature incarnée, les gestes quotidiens aux réflexions existentielles. Elle publie avec sa « Géante » un roman totalement original, puissant et poétique.

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La Géante

Noële a connu très tôt les vicissitudes de la vie. La mort de sa mère marque le départ de son père. Elle et son frère vont être recueillis en toute simplicité par leur tante, une femme à l’aspect rude qui apprendra à sa nièce l’usage des plantes. Noële, grande solitaire, vit dans l’ombre bienfaisante de « la Géante », un roc immuable qui la fascine. La venue de Maxime dans sa vallée, va la questionner sur ses sentiments profonds. Laurence Vilaine possède une écriture envoûtante et se révèle être une conteuse hors-pair.
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La Grande Villa

« La Grande Villa » Laurence Vilaine (79p, Gaïa).

Un très court roman ; c’est écrit dessus. Mais si un roman nous raconte une histoire, comme les aiguilles à tapisser finissent par dessiner un paysage cohérent, alors peut-être est-ce autre chose qu’un roman, et même pas exactement un récit ; on a l’impression que LV tire sur la pelote emmêlée, défait les nœuds du fil d’une vie comme ils lui viennent à la mémoire, à partir d’un évènement très précis et douloureux, celui de la perte, du deuil.

J’ai eu un peu de mal dans les vingt premières pages, car je n’ai pas vu où l’auteur voulait m’emmener ; comme s’il y avait une intention délibérée de brouiller les pistes, de retenir quelque chose (et dans ces situations de lecture, je résiste à lâcher prise, à me laisser guider sans savoir où l’on va). Malaise assez vite dissipé, car le voile se lève petit à petit sur l’objet de ce texte, et on est, alors, gagné par la bouleversante intensité qui s’en dégage.

Les observations, fines, font mouche : le malaise du vieil homme et ses stratégies pour masquer ses ignorances ; le moment, poignant, où il prend conscience de ses égarements de plus en plus importants. Et quand LV file la métaphore, c’est très parlant ; telle celle de l’enfant qui préfère les fraises aux cerises pour camoufler sa crainte de monter à l’arbre. Et puis il y a l’écriture comme exigence absolue, qui s’abreuve ici pour Laurence Vilaine de la perte et du manque, de la souffrance ; ou l’écriture comme violence lorsque, tel un amant lassé, elle se refuse, et il n’y a plus qu’impuissance.

Et dès les premières lignes, j’ai été saisi par une langue très soignée, poétique et vivante, très imagée aussi, et c’est sans doute là que ce livre prend toute son épaisseur. Pas de démonstration, juste quelques citations :

« - (…) la chaleur, ramassée dans les murs et entre les lattes du vieux parquet, assoupie dans les grands rideaux épais ou juste posée sur les tomettes grâce à elle toujours tièdes… »

« - Peut-être que je combats des tourments qui ne sont pas les miens et que je pleure à éplucher les oignons des autres. »

« - Ecrire n’est plus à ma portée (…) Pas un mot. Que je gratte à sa porte, ou que je cogne, l’écriture ne répond pas, et quand je cours et la rattrape, elle change de trottoir et chausse les lunettes noires. Je perfore mes pages de blancs, de « peut-être « et de « sans doute ». Ça répond absent. »

« - Peut-être faut-il des nuits comme celles-ci qui ne veulent pas du matin, parce qu’elles donnent aux mots le temps de dormir un peu, et la chance de renaître. »

Un livre de la souffrance, celle de perdre l’être cher ou de se heurter aux mots qui ne veulent pas, de la difficulté de « faire littérature », mais un livre aussi où la nature est évoquée avec une très belle sensualité.

Intense, très bien écrit, et très émouvant, c’est une belle petite pépite.

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La Grande Villa

La Grande Villa, c'est la villa dans laquelle retourne la narratrice après le décès de son père. C'est seulement la deuxième fois qu'elle y va mais ce retour est un prétexte pour faire revivre ses souvenirs. Elle profite de son séjour pour aller se baigner à la piscine ou à la mer, encore un prétexte pour se plonger dans ses pensées et se replonger dans ses souvenirs.



C'est plus un récit qu'un roman. C'est court et ça se lit d'une traite mais c'est intense. Il y a de très beaux passages, émouvants et poétiques… C'est un texte qui reste…

A découvrir !



Merci aux éditions Gaïa et à Babelio pour cette belle découverte ! Laurence Vilaine m'avait déjà conquise avec "Le silence ne sera qu'un souvenir", je vais continuer à la suivre avec intérêt...

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La Grande Villa

J'ai pénétré dans cette grande villa un peu intriguée. La visite fut courte mais belle et intense. En sortant, j'ai laissé la porte entrouverte, pour à l'occasion, m'y glisser de nouveau. Magnifique roman.
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La Grande Villa

L’auteure a la chance d’être en résidence d’écriture à Marseille dans la Grande Villa. Mais la deuxième fois qu’elle s’y rend, son père vient de mourir. Ce petit livre est à la fois un hommage au défunt, mais également une ode à la villa, à la vie calme et en communion avec la nature, l’eau, dont elle profite.



J’ai été un peu gênée par ce texte, parce que je trouve un peu facile d’écrire un livre sur les sensations, les souvenirs et la perte d’un proche. Un peu facile d’écrire un livre de moins de 100 pages sans véritable histoire.



Mais au-delà de mes réticences et à priori, je me suis finalement laissée prendre au jeu. Les descriptions sont très justes et j’y suis particulièrement sensible. Décrivez-moi un rayon de soleil, le clapotis de l’eau, l’odeur des feuilles de tomate et je pars directement en vacances. J’ai donc beaucoup aimé les ambiances qui se dégageaient de ce livre, écho à de propres souvenirs d’étés dans le sud, j’ai moins été séduite, comme vous le comprenez par l’absence de véritable histoire.



Néanmoins, avec un texte aussi court, on peut tenter la lecture et partir quelques heures au soleil, nager avec l’auteur et parcourir pieds nus la grande villa, personnage à part entière de ce petit livre.
Lien : https://girlkissedbyfire.wor..
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Le silence ne sera qu’un souvenir

Sublime écriture qui nous emporte sur les airs mélancoliques d'une mélodie manouche. Je ne suis pas particulièrement proche de l'histoire du peuple Rom. J'ai ouvert ce roman avec réticence. Cependant, après quelques pages pour me mettre au diapason de l'écriture, j'ai été happée. La parole libérée uniquement par sa mort, le vieux Mikluš nous livre peu à peu la terrible histoire de quelques membres de son peuple. Au-delà de l'inscription dans cette communauté particulière que cette fiction nous fait découvrir pudiquement, ce roman évoque le mur du silence qui recouvre les secrets de famille, et la difficulté d'en faire éclater les briques. Une mélodie aux accords discordants, comme toute vie.
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