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Citations de Leïla Slimani (2066)


Toute sa vie, elle avait eu l'impression de gêner. Sa présence dérangeait Jacques, ses rires réveillaient les enfants que Louise gardait. Ses grosses cuisses, son profil lourd s'écrasaient contre le mur, dans le couloir étroit, pour laisser passer les autres. Elle craignait de bloquer le passage, de se faire bousculer, d'encombrer une chaise dont quelqu'un d'autre voudrait. Quand elle parlait, elle s'exprimait mal. Elle riait et on s'en offensait, si innocent que fût son rire. Elle avait fini par développer un don pour l'invisible et logiquement, sans éclats, sans prévenir, comme si elle y était évidemment destinée, elle avait diparu.
p90
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Arrivée au coin de sa rue, pourtant déserte, elle sent qu'on l'observe. Elle se retourne, mais il n'y a personne. Puis, dans la pénombre, entre deux voitures, elle aperçoit un homme, accroupi. Elle voit ses deux cuisses nues, ses mains énormes posées sur ses genoux. Une main tient un journal. Il la regarde. Il n'a l'air ni hostile ni gêné. Elle recule, prise d'une atroce nausée. Elle a envie de hurler, de prendre quelqu'un à témoin. Un homme chie dans sa rue, sous son nez. Un homme qui apparemment n'a même plus honte et doit avoir l'habitude de faire ses besoins sans pudeur et sans dignité.
p152
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Leïla Slimani
L’expérience du confinement, de l’enfermement, de l’immobilité fait partie de l’histoire des femmes.
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« Tu vois, tout se retourne et tout s’inverse. Son enfance et ma vieillesse. Ma jeunesse et sa vie d’homme. Le destin est vicieux comme un reptile, il s’arrange toujours pour nous pousser du mauvais côté de la rampe. »
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On se sent seul auprès des enfants. Ils se fichent des contours de notre monde. Ils en devinent la dureté, la noirceur mais ne veulent rien savoir.
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On lui a toujours dit que les enfants n'étaient qu'un bonheur éphémère, une vision furtive, une impatience. Une éternelle métamorphose.
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Les squares, les après-midi d'hiver. Le crachin balaie les feuilles mortes. Le gravier glacé colle aux genoux des petits. Sur les bancs, dans les allées discrètes, on croise ceux dont le monde ne veut plus. Ils fuient les appartements exigus, les salons tristes, les fauteuils creusés par l'inactivité et l'ennui. Ils préfèrent grelotter en plein air, le dos rond, les bras croisés. A 16 heures, les journées oisives paraissent interminables. C'est au milieu de l'après-midi que l'on perçoit le temps gâché, que l'on s'inquiète de la soirée à venir. A cette heure, on a honte de ne servir à rien.
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Les habits de père lui semblait à la fois trop grands et trop tristes… Il avait envie, parfois, d’être enfant avec eux, de se mettre à leur hauteur, de fondre dans l’enfance.
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Nous ne serons heureux, se dit-elle alors, que lorsque nous n’aurons plus besoin les uns des autres. Quand nous pourrons vivre une vie à nous, une vie qui nous appartienne, qui ne regarde pas les autres. Quand nous serons libres.
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Une armée de plumes

C'est parce qu'elle peut tout dire que la littérature est un exercice si difficile. C'est parce qu'elle ne peut se contenter de pensées schématiques, de généralités, de clichés, qu'elle est importante et essentielle. (p. 24)
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Le destin est vicieux comme un reptile, il s'arrange toujours pour nous pousser du mauvais côté de la rampe.
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Elle ferme les yeux et convoque des souvenirs de plages grecques, de couchers de soleil, de dîners face à la mer. Elle invoque ces souvenirs comme les mystiques en appellent aux miracles.
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Leïla Slimani
Si les romans ne changent pas le monde, ils modifient la vision que l'on en a.
Ils la questionnent, l'affinent, ils interrogent ce que l'homme sait du fait d'être.
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La vie est devenue une succession de tâches, d'engagements à remplir, de rendez-vous à ne pas manquer. Myriam et Paul sont débordés. Ils aiment à le répéter comme si cet épuisement était le signe avant-coureur de la réussite.
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Elle adore [...] ces deux enfants qu'elle passe des heures à observer. Elle en pleurerait, de ces regards qu'ils lui lancent parfois, cherchant son approbation ou son aide. Elle aime surtout la façon qu'a Adam de se retourner, pour la prendre à témoin de ses progrès, de ses joies, pour lui signifier que dans tous ses gestes il y a quelque chose qui lui est destiné, à elle et à elle seule.
(p. 211)
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Les justifications nourrissent les soupçons.
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Une armée de plumes

Dans le monde arabe, on compte 60 millions d'illettrés sur une population de 280 millions. Selon l'ALESCO (Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences), chaque habitant ne consacre que six minutes par an à la lecture d'un livre, et la grande majorité des livres édités parlent de religion. Tous les dictateurs arabes le savent bien: en éduquant les hommes, on prend le risque qu'ils vous renversent,. Et qu'ils défilent un jour, un stylo à la main. (p. 26)
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(...) la maîtresse aux cheveux gris a fait un large geste de la main. « Si vous saviez ! C’est le mal du siècle. Tous ces pauvres enfants sont livrés à eux-mêmes, pendant que les deux parents sont dévorés par la même ambition. C’est simple, ils courent tout le temps. Vous savez quelle est la phrase que les parents disent le plus souvent à leurs enfants ? “Dépêche-toi !” Et bien sûr, c’est nous qui subissons tout. Les petits nous font payer leurs angoisses et leur sentiment d’abandon. »
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Vous ne devriez pas chercher à tout comprendre.
les enfants, c'est comme les adultes.
Il n'y a rien à comprendre.
p127
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Ce qui me touche chez les grands écrivains, c'est leur considération. Dans les livres qui m'ont éblouie, les auteurs semblent animés d'une telle empathie que les existences les plus triviales, les sentiments les plus quotidiens se parent de magie. Quelque chose de grand semble sortir de nos vies misérables. Ils m'ont donné l'espoir ou l'illusion qu'on pouvait se comprendre, qu'on pouvait même se pardonner ou ne pas se juger. Que nous n'étions pas condamnés à la froide et interminable solitude.
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