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Citations de Leïla Slimani (2066)


.... Bientôt les femmes seront médecins, ingénieures, avocates... Aucune nation ne peut se priver de l’intelligence de la moitié de sa population.

[Gertrude Atherton]
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"Elle marchait dans la rue comme dans un décor de cinéma dont elle aurait été absente, spectatrice invisible du mouvement des hommes. Tout le monde semblait avoir quelque part où aller."
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Ça n’en finit pas, Adèle. Non, ça n’en finit pas. L’amour, ça n’est que de la patience. Une patience dévote, forcenée, tyrannique. Une patience déraisonnablement optimiste. Nous n’avons pas fini
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Elle pensa que c’était le doute qui était néfaste, que c’était le choix qui créait de la douleur et qui rongeait les âmes. Maintenant qu’elle était décidée, à présent qu’aucun retour en arrière n’était possible, elle se sentait forte. Forte de ne pas être libre.
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Les expressions populaires sont aiguisées comme de petits poignards qu'on enfonce dans les plaies de la vie. Les gens disaient : « II n'y a pas de fumée sans feu ». Or, il y a des feux qui brûlent longtemps sans qu'aucune fumée ne s'échappe du foyer. Il y a des flammes qui s'épanouissent en secret. Et puis il y a des fumées noires et poisseuses qui salissent tout, qui étouffent les cœurs, qui repoussent au loin les amis et le bonheur. Des fumées dont on passe des années à chercher de quels feux elles proviennent. Et que parfois on ne trouve j'amais.
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« Papa, ce ne sont que les méchants Français qui sont attaqués, n’est-ce pas ? Les gentils, les ouvriers les protègent, tu ne crois pas ? »
Amine eut l’air surpris et il s’assit sur le lit. Il réfléchit quelques instants, la tête basse, les mains serrées devant sa bouche.
« Non, asséna-t-il d’une voix ferme, cela n’a rien à voir avec la gentillesse ou avec la justice. Il y a des hommes bons dont les fermes sont brûlées et des salauds qui échappent à tout. Dans les guerres, il n’y a plus de gentils, plus de méchants, plus de justice.
— C’est la guerre alors ?
— Pas vraiment », dit Amine, et comme s’il se parlait à lui-même, il ajouta : « En réalité, c’est pire que la guerre. Car nos ennemis ou ceux qui devraient l’être, nous vivons avec eux depuis longtemps. Certains sont nos amis, nos voisins, notre famille. Ils ont grandi avec nous et quand je les regarde, je ne vois pas un ennemi à abattre, non, je vois un enfant.
— Mais nous, est-ce que nous sommes du côté des gentils ou bien des méchants ? »
Aïcha s’était redressée et le regardait avec inquiétude. Il pensa qu’il ne savait pas parler aux enfants, qu’elle ne comprenait sans doute pas ce qu’il essayait de lui expliquer.
« Nous, dit-il, nous sommes comme ton arbre, à moitié citron et à moitié orange. Nous ne sommes d’aucun côté.
— Et nous aussi ils vont nous tuer ?
— Non, il ne nous arrivera rien. Je te le promets. Tu peux dormir sur tes deux oreilles. »
Il attrapa doucement les oreilles de sa fille pour approcher son visage du sien et déposer sur sa joue un baiser. Il ferma la porte délicatement et dans le couloir il songea que les fruits du citrange étaient immangeables. Leur pulpe était sèche et leur goût si amer que cela faisait monter les larmes aux yeux. Il pensa qu’il en allait du monde des hommes comme de la botanique. À la fin, une espèce prenait le pas sur l’autre et un jour l’orange aurait raison du citron ou l’inverse et l’arbre redonnerait enfin des fruits comestibles.
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Elle connaît ce corps et ça la contrarie. C’est trop simple, trop mécanique. La surprise de son arrivée ne suffit pas à sublimer Adam. Leur étreinte n’est ni assez obscène ni assez tendre. Elle pose les mains d’Adam sur ses seins, essaie d’oublier que c’est lui. Elle ferme les yeux et s’imagine qu’il l’oblige.
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Myriam et Paul sont débordés. Ils aiment à le répéter comme si cet épuisement était le signe avant coureur de leur réussite.
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Venise aussi est en train de mourir. La contempier, c'est contempler une agonie. Par la fenêtre, j'aperçois les eaux qui vont bientôt l'engloutir. Je tente d'imaginer les pilotis chancelants sur lesquels elle se tient. Je me figure ses palais ensevelis dans l'eau et la vase, ses souvenirs de gloire oubliés de tous, ses places pavées réduites à néant. Venise porte en elle les germes de sa destruction et c'est peut-être cette fragilité qui en fait la splendeur.
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Tandis qu’elle pénétrait dans la maison, qu’elle traversait le salon baigné par le soleil d’hiver, qu’elle faisait porter sa valise dans sa chambre, elle pensa que c’était le doute qui était néfaste, que c’était le choix qui créait de la douleur et qui rongeait les âmes. Maintenant qu’elle était décidée, à présent qu’aucun retour en arrière n’était possible, elle se sentait forte. Forte de ne pas être libre.
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On la regarde et on ne la voit pas. Elle est une présence intime mais jamais familière.
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Leïla Slimani
[...] Je ne suis pas une petite chose fragile. Je ne réclame pas d’être protégée mais de faire valoir mes droits à la sécurité et au respect. Et les hommes ne sont pas, loin s’en faut, tous des porcs. Combien sont-ils, ces dernières semaines, à m’avoir éblouie, étonnée, ravie, par leur capacité à comprendre ce qui est en train de se jouer ? A m’avoir bouleversée par leur volonté de ne plus être complice, de changer le monde, de se libérer, eux aussi, de ces comportements ? Car au fond se cache, derrière cette soi-disant liberté d’importuner, une vision terriblement déterministe du masculin : « un porc, tu nais ». [...]
Mon fils sera, je l’espère, un homme libre. Libre, non pas d’importuner, mais libre de se définir autrement que comme un prédateur habité par des pulsions incontrôlables. Un homme qui sait séduire par les mille façons merveilleuses qu’ont les hommes de nous séduire. [...]

• extrait de « Un porc, tu nais ? », tribune dans 'Libération' du 12/01/2018
http://www.liberation.fr/france/2018/01/12/un-porc-tu-nais_1621913
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"Tous les dictateurs du monde le savent bien :en éduquant les hommes, on prend le risque qu'ils vous renversent et qu'ils défilent un jour, un stylo à la main"
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Quand ils font l’amour, les hommes regardent leur sexe. Ils prennent appui sur leurs bras, penchent la tête et observent leur verge pénétrer la femme. Ils s’assurent que cela fonctionne. Ils restent quelques secondes à apprécier ce mouvement, à se réjouir peut-être de cette mécanique, si simple et si efficace. Adèle sait bien qu’il y a aussi une forme d’excitation dans cette auto-contemplation, dans ce retour vers soi. Et que ce n’est pas seulement leur sexe à eux, mais aussi le sien qu’ils contemple
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Beaucoup pensent qu’écrire c'est reporter. Que parler de soi c'est raconter ce qu'on a vu, rapporter fidèlement la réalité dont on a été le témoin. Au contraire, moi je voudrais raconter ce que je n'ai pas vu, ce dont je ne sais rien mais qui pourtant m'obsède. Raconter ces événements auxquels je n'ai pas assisté mais qui font néanmoins partie de ma vie. Mettre des mots sur le silence, défier l'amnésie. La littérature ne sert pas à résumer le réel mais à combler les vides, les lacunes. On exhume et en même temps on crée une réalité autre. On n'invente pas, on imagine, on donne corps à une vision, qu'on construit bout à bout, avec des morceaux de souvenirs et d'éternelles obsessions.
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On me demande de quelle origine je suis et je réponds parfois que n’étant ni une pièce de viande ni une bouteille de vin, je n’ai pas d’origine mais une nationalité, une histoire, une enfance.
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Leïla Slimani
Le confinement ? Pour un écrivain, quelle aubaine ! Soyez certain que dans des centaines de chambres du monde entier s'écrivent des romans, des films, des livres pour enfants, des chansons sur la solitude et le manque des autres. Je pense à mon éditeur qui va crouler sous les manuscrits. « Chronique du coronavirus », « Quarante-cinq jours de solitude ».
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Leïla Slimani
- Vous avez quitté cet automne les réseaux sociaux, fermé vos comptes Instagram et Facebook. Pourquoi ?
- Je n’y étais pas très active, relayant plutôt des actions que je voulais mettre en avant, ou parlant de livres que j’avais aimés. Malgré tout, vous n’échappez pas aux commentaires agressifs et aux insultes. (...) Je n’ai pas eu envie de m’habituer à cela, de finir par trouver normal de recevoir ainsi chaque jour des torrents de haine dans mon téléphone. Le plus simple, c’était de sortir de ce monde virtuel. Vous vous rendez compte alors qu’il n’existe pas vraiment. Et qu’on n’est pas obligé d’accepter toute cette violence. Cela rejoint la base de tous mes combats : ne jamais consentir à ce qui nous abîme, à ce qui porte atteinte à notre dignité.
(dans Télérama no 3706 20 janvier 2021)
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Elle doit admettre qu’elle ne sait plus aimer. Elle a épuisé tout ce que son cœur contenait de tendresse, ses mains n’ont plus rien à frôler.
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Dans son amnésie flotte la rassurante sensation d'avoir existé mille fois à travers le désir des autres.
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