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EAN : 9782743646172
128 pages
Payot et Rivages (06/02/2019)
3.85/5   33 notes
Résumé :
Un roman sur l'exil et le déracinement à travers le récit poignant d'une famille qui fuit une Babylone cauchemardesque. L'amour infini d'un père pour sa fille, prêt à braver tous les obstacles.

Une mystérieuse épidémie condamne la ville-état de Kok Tepa à l'isolement et à l'autarcie. Si ses dirigeants, les Moines, reçoivent quotidiennement une livraison de sérum qui les protège de la maladie, les autres castes, elles, sont touchées de plein fouet. Ro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Kok-Tepa est une cité millénaire isolée du monde, divisée en castes et soumise à l'autorité d'un ordre monastique qui outre le pouvoir spirituel possède la majeure partie des richesses parmi lesquelles un traitement couteux,seul capable d'enrayer et de soigner le virus qui contamine une partie de la population, obligeant les malades à partir se faire soigner vers l' « Outre Mer ».
Rostam gagne sa vie comme passeur vers ce continent inconnu, où un destin incertain et l'espoir d'une santé retrouvé sont le moteur des candidats à l'exil.
Mais quand la fille de Rostam est touchée par l'infection, c'est lui qui doit entreprendre le voyage, pour lui-même et sa famille. Alors, la perspective s'inverse : Rostam va découvrir l'envers des promesses et des garanties sur lesquelles il a construit sa réputation, et le confort matériel de son existence. Mû par son amour paternel, il passera ainsi lui-même de « l'autre côté » : du côté des migrants, de l'errance ; de l'attente et de l'impuissance, face à ceux qui font la loi, dressent les frontières, à ceux aussi qui tirent profit de la détresse humaine.

« L'autre côté » est un roman étrange et inclassable qui fait écho à notre monde actuel et aux tourments des milliers de migrants qui abandonnent leurs bien dans l'espoir d'un improbable Eldorado.

J'ai été dans la première partie du livre un peu dérangée par le côté imaginaire choisi par l'auteur, mais peu à peu cette gêne a disparu tant le récit colle à notre époque et à ses drames humains.

« L'autre côté » fait partie de ces livres dont on parle peu et qui méritent grandement d'être découverts.

Merci à Babelio et aux Editions Rivages qui m'ont permis ce voyage littéraire.

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Dans un pays apparemment prospère mais extrêmement hiérarchisé et en proie à une épidémie, un passeur se retrouve de l'autre côté pour sauver sa fille.
L'auteur a mélangé plusieurs récits de migrations dramatiques pour écrire ce petit livre, sorte d'allégorie.
Les phrases sont courtes et hachées, ce qui renforce l'atmosphère oppressante de l'histoire. Il m'a laissée sur une impression de tristesse infinie et de grand désespoir.
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C'est le premier livre en collection blanche de cet auteur qui a déjà beaucoup écrit ; son univers semble être l'imaginaire et la dystopie...Ici, on est aussi dans des lieux imaginaires mais qui évoquent des faits actuels: migrants et passeurs.
Une épidémie frappe KokTepa qui est à l'isolement; tous risquent d'être atteints sauf la caste des Moines qui est immunisée grâce à un sérum.
Rostam, le héros est passeur des familles qui fuient refusant la maladie et la mort et qui espèrent atteindre l'Outre-mer pour y être soigné: ses derniers clients sont quatre frères et soeur et leur grand-mère.
En rentrant chez lui, Rostam découvre que sa femme a tout préparé pour un départ précipité: leur fillette a les symptômes de la maladie. La famille va migrer et connaître un univers de cauchemars. Ils sont fait prisonniers par des mercenaires; leur cellule est sordide et surpeuplée; Rostam travaille tandis que sa femme reste prostrée: la petite va de plus en plus mal, sa mère va se prostituer pour qu'on l'emmène à l'hôpital...Resté seul le père est gravement blessé par un ado qui un peu plus tard exigera d'être guidé par lui hors de la prison en feu; il lui ordonne d'abattre tous ceux qui s'opposeraient à leur fuite. Rostam lui fausse compagnie et erre jusqu'à être recueilli par une bistrotière qui le met au travail. Il apprend que sa fille et sa mère sont arrivées en Outre-mer: il peut les rejoindre au prix d'une traversée périlleuse, d'abord en barque puis à la nage, plus d'un an après car, après avoir failli être rapatrié à Kok Tepa, il travaille en méditant son évasion.Le dernier chapitre rejoint le tout premier: Rostam nage...
Ce roman est "vendu" comme poignant mais je n'ai pas vraiment été émue sans savoir pourquoi; peut-être le fait qu'on soit dans un monde imaginaire?
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L'autre côté est un très court roman (une novella) de Léo Henry. Auteur français assez prolifique, ses écrits abordent de nombreux thèmes et balayent l'ensemble de la planète imaginaire. Je n'ai lu que sa nouvelle Pour toujours l'humanité parue dans Bifrost, un texte poignant et une belle écriture.

Avec L'autre côté, Léo Henry s'attaque au douloureux sujet des migrations. Il choisit de faire dérouler son action dans une cité imaginaire Kop Tepa, la plus vieille ville du monde. Une façon de dire que cela peut être partout et nulle part à la fois, ici et ailleurs. Son récit n'est pas non plus daté, hier, aujourd'hui ou demain, qu'importe... Au final, son histoire s'applique à tout le monde et au-delà des barrières temporelles, le personnage principal pouvant être chacun d'entre nous.

Ceci étant dit, Léo Henry nous raconte l'histoire de Rostam, un passeur qui permet aux citoyens de quitter la cité close de Kop Tepa. Dans cette ville, le peuple se meurt d'une étrange maladie, seuls Les Moines (les dirigeants de la Cité) en réchappent grâce au sérum qu'ils gardent précieusement. le seul espoir de guérison pour les autres est de passer de l'autre côté, rejoindre l'Outre-Mer.

La fille de Rostam tombe à son tour malade et le passeur doit emprunter les chemins qu'il proposait à ses concitoyens. le début du calvaire commence alors. Idéaliste il pensait que son réseau était "sûr", et que tous ses contacts lui permettraient de traverser le delta, synonyme de liberté et rétablissement pour sa fille. La réalité est bien entendu tout autre...

Un roman court, les chapitres et les phrases aussi. le texte est nerveux et saccadé. On sent la pression monter tout doucement. Léo Henry y va à l'économie mais ne s'affranchit pas de belles descriptions et d'une contextualisation précise. Sans tomber dans le larmoyant ou le voyeurisme l'auteur nous narre l'histoire de la vie d'un citoyen lambda qui pourrait être n'importe lequel d'entre nous. Sans fioritures ni froufrous, il va à l'essentiel, les mots sont durs, terribles parce que réels.

Bref un texte à faire lire au plus grand nombre, un récit qui touche au coeur... et, qui sait, pourra peut être amener à changer le regard que l'on a sur ces hommes et femmes qui viennent de loin !


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« L'autre côté » c'est un roman (novella plutôt) de Léo Henry.
« L'autre côté » c'est l'espoir pour les malades de la ville de Kok Tepa que Rostam aide à passer.
« L'autre côté » c'est l'espoir d'une ville sans caste dominante seule à pouvoir s'immuniser contre le virus mortel.
« L'autre côté » c'est la destination où Rostam devra aller lui-même pour espérer sauver sa fille.
« L'autre côté », c'est finalement un parcours que l'on connait, hélas, tous.

C'est pourquoi ce roman est difficilement classable. Par son univers, il faudrait le mettre en fantasy ou en science-fiction. Mais on se rend compte que l'exil, les problématiques des migrants sont exactement les mêmes que dans notre monde actuel. Seule la cause change.
Curieusement, c'est ce qui m'a déçu dans ce roman alors que je trouve cette idée très intéressante.
Dès qu'on sort de la première partie du livre nous expliquant le fonctionnement de la ville-Etat de Kok Tepa, j'ai eu l'impression de perdre la « magie » que j'aime tant dans les romans de fantasy en retombant sur des thématiques « terriennes » et actuelles.
Le roman reste très intéressant et remarquablement bien écrit.
Je remercie Babelio et Rivages pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une Masse Critique.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L’arrière-salle du Paon de Colchide est à demi ouverte sur la ruelle, d’où entrent, par bouffées, des odeurs de métal chaud, de pisse fraîche et de malt grillé de la brûlerie voisine. Les murs sont décorés de carreaux de faïence à motifs floraux, bleus, beiges et vert pâle – bourgeons, pétales, épines, une efflorescence peinte d’oasis imaginaire.
Rostam sert lui-même le thé à ses clients. Le liquide grelotte et mousse dans les petits verres évasés aux paraisons gravées d’arabesques. La plus grande des sœurs en saisit un, manque de se brûler, le repose avec précaution.
« Et une fois arrivés à Merv ? Qu’est-ce qui nous garantit qu’ils nous laisseront embarquer ? »
Ils sont venus à quatre, mais il n(y a qu’elle qui parle. Châle prune, robe fuchsia, des bagues à tous les doigts, une chaînette relie l’index au majeur droit. Des pattes d’oie au coin des yeux, des paillettes sur les paupières. Trente-cinq ans environ. Les trois frères sont également apprêtés, en habits de cérémonie dans les tons jaune et orange des Commerçants. Le plus jeune est à peine nubile, tous sont très sages, attentifs.
Rostam réinstalle la lourde théière sur son socle et revient à la carte dépliée sur la table, laisse planer une main au-dessus comme un magnétiseur.
« Je le répète, nous ne pouvons rien garantir. Une fois franchie la muraille tierce de Kok Tepa, il faudra vous fier à nos transporteurs, et toutes les voies de passage qu’ils empruntent peuvent être sujettes à des changements. Cela étant, nous avons toutes les raisons de penser que nos routes actuelles sont fiables pour quelques semaines encore. Tous ceux qui sont partis cette année sont arrivés à Merv dans les dix jours. Les trois quarts d’entre eux ont envoyé des messages annonçant qu’ils avaient ensuite rejoint l’Outre-Mer. Nous n’avons aucun pouvoir sur les conditions d’accès, elles peuvent varier d’un mois à l’autre. C’est la roulette. »
Rostam parle posément, en insistant sur les mots-clés. Il a une voix grave et douce dont il a appris à jouer. Une voix réconfortante, dans laquelle on a envie de se lover, mais qui casse facilement, se brise dans les aigus quand il la presse, s’énerve, ou lorsqu’il est surpris.
Rostam prend le temps de les regarder tous à nouveau, l’un après l’autre, et le benjamin baisse alors le menton par réflexe, pour dissimuler les roseurs sur son cou, juste sous la barbe. Une dermatite bénigne, ou les signes premiers d’une infection.
« Évidemment, en cas de refus d’admission, notre prestation inclut la mise en œuvre de moyens de contournement. »
La femme reprend sa tasse pour boire l’infusion amère aux fleurs de cerisier. Elle ne quitte pas Rostam des yeux.
« Expliquez-nous.
– Des pécheurs, spécialisés dans le cabotage. Ils ont de petites embarcations robustes, avec des cales frigorifiques dont on peut débrancher le thermostat. Nous connaissons bien, également, les nomades du Delta. Il y a d’autres options encore. Merv n’est plus un verrou depuis des années. »
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Nisa enserre de ses deux mains les grands verres de bière noire et amère, puis les vide posément, l’un après l’autre. C’est une bonne buveuse. Elle fixe Rostam sans pudeur, de ses yeux transparents et curieux. Elle le fait parler.
Ils sont dans une cave des bas quartiers, le troisième bar depuis le début de la virée. L’espace est étroit, les tables rapprochées, les clients s’expriment fort et jettent haut leurs osselets, qui retombent en crépitant sur la feutrine usée des dessus de table. Il faut se pencher l’un vers l’autre pour s’entendre.
« De ce côté du mur, la tradition fixe la séparation des populations en castes héréditaires. Les Guerriers, les Commerçants et les Paysans sont considérés comme à peu près égaux et peuvent entretenir des échanges. On peut commercer, conclure des contrats, se marier entre nous. On peut même parfois choisir la caste de nos enfants. Les Moines, eux, restent à part. Ils ont la charge du pouvoir spirituel et temporel et sont soumis à d’autres règles. Comme ils sont dépositaires des formules d’immortalité, ce sont eux qui se partagent les traitements venus de l’Outre-Mer.
– Et personne ne leur conteste ce privilège ?
– Les conditions sanitaires de Kok Tepa condamnent la cité à l’autarcie. Nous importons la moitié de notre nourriture et presque tout notre équipement. Les Moines gèrent les relations extérieures, ce sont eux qui tiennent la ville. Et vu qu’ils sont les gardiens des traditions religieuses, remettre leur autorité en cause est absolument impensable pour mes concitoyens.
– Tu ne te comptes pas dans leur nombre ? »
Rostam boit au lieu de répondre. À sa grande surprise, il aime la franchise de l’Ambassadrice. Il aime se sentir embarrassé à chaque nouvelle question qu’elle pose.
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Et puis, trinquant avec l’Ambassadrice, cette femme de l’Outre-Mer venue s’encanailler une nuit dans les bas-fonds de Kok Tepa, venue tourner la tête, quelques heures, aux bouseux obscurantistes de la ville sacrée, il déclare :
« Je sers de soupape à la cité. Je suis la porte de sortie officieuse. Je suis le passeur. »
Plus tard, la nuit bascule.
Nisa et Rostam, affalés dans des fauteuils de bois noir luisant, tirent sur de courtes pipes de cannabis.
Dans l’arène du grand aquarium, les poissons mâles se mordent à mort, c’est un ballet silencieux. Long froissement de voiles multicolores. Le sang, dans l’eau, dessine des précipités sombres.
Épisodiquement, avec des gestes las et lents, l’arbitre plonge une écimoire pour repêcher le corps déchiqueté d’un animal vaincu.
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Certains disent de Kok Tepa qu’elle est la plus ancienne ville du monde. Il est difficile de savoir si c’est vrai. Les Moines, gardiens des traditions et des récits, sont aussi les détenteurs du pouvoir temporel sur la cité, et ils ont toute latitude pour tourner l’histoire à leur avantage. Même chose pour les formules de l’immortalité, prétendument offertes par les dieux aux habitants de Kok Tepa il y a dix fois mille ans, en récompense d’un sacrifice oublié.
Kok Tepa, cité sainte, juste parmi les justes.
Kok Tepa, ombilic de la foi.
Kok Tepa, rétine de l’œil divin.
Etc.
Rostam s’est fait une raison : il ne saura jamais ce qu’il en est réellement. Il connaît assez bien les basses castes pour être familier de leur piété, faite de fatalisme et d’un goût profond, presque déraisonnable, pour la complexité et la multiplicité des rituels. Mais il a aussi assisté à suffisamment de cérémonies au Dilgûsha pour ne rien ignorer du rapport érudit et cynique que les Moines ont à leurs traditions, de leur penchant pour le pouvoir et l’arbitraire.
Aux yeux de Rostam, une chose demeure certaine : quand le soleil décline sur le haut-plateau, au-delà des frontières de la ville, vers six heures du soir, et que la brise du nord se prend à souffler, purgeant les fumées et les miasmes, Kok Tepa est le plus bel endroit sur terre.
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"Certaines personnes n'ont aucune pitié. Elles ne voient, dans la vulnérabilité des autres, qu'une façon de renforcer leur propre pouvoir."
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Moderateur : Antoine Mottier Intervenants : Gwen de Bonneval, Léo Henry, Pascal Peu, Éric Sauquet
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