AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Liu Cixin (964)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le problème à trois corps

J'étais parée pour ce livre de hard science-fiction chinoise. Combinaison et lunettes spéciales SF afin d'ouvrir tous mes chakras, enfermée dans ma capsule en ce WE pluvieux. Je savais que ce tome 1 ne bénéficiait pas de critiques aussi bonnes que les tomes 2 et 3, voire qu'il pouvait franchement déplaire. J'avais conscience notamment que son côté scientifique pouvaient constituer un frein, surtout pour moi qui ne suis pas scientifique, que les différents noms et prénoms chinois pouvaient me perdre. Je savais tout cela. J'avais pris soin de ne pas lire la 4ème de couverture, et finalement je ne m'appuyais que sur le conseil dithyrambique (et précieux) de @christophe-bj (trilogie présente sur son île déserte), sur les critiques très bonnes de @paul-c et de @pdefreminville, critiques qui ont le mérite de ne rien dévoiler de l'intrigue. J'étais parée et bien parée sans savoir à quoi m'attendre. Je me suis juste laissé guider. Et l'ai lu presque d'une traite.



C'est l'histoire d'un feu que nous allumons puis que nous ne sommes plus en mesure de contrôler.



Un feu que nous allumons car nous n'avons plus foi en rien, plus foi en l'humanité : la révolution culturelle en Chine a été une source d'horreurs et de barbaries, tout comme les multiples guerres auxquelles se sont livrés ou se livrent encore les humains dans le monde entier, nos carences et contradictions sont sources de destructions : épuisement des ressources, absence d'harmonie avec la nature, notamment avec les autres espèces animales dont certaines ne cessent de disparaitre chaque année à cause de l'Homme : « La civilisation marche toujours sur le même sentier, celui de la destruction de toute vie sur Terre en dehors de la sienne ».



Un feu que nous allumons alors que nous vivons sur une planète extraordinaire, tempérée, sur laquelle les cycles réguliers sont éternels. Un feu que nous allumons car nous avons tendance à oublier la chance que nous avons, le paradis dans lequel nous vivons, toujours à rechercher un autre dieu, une main vengeresse. Un nouvel espoir.



Ne pas en dire plus mais vous dire plutôt ce que j'ai aimé dans cette lecture très inhabituelle pour moi :



- le scénario empli de mystères qui m'a tenu en haleine, je me réjouis par avance des tomes 2 et 3. Je trouve l'histoire originale, fluide, bien amenée et construite de façon passionnante. Il est vrai que je lis très peu de SF, je ne sais si cet enthousiasme est partagé par une personne férue de SF ayant l'habitude de scénarios proches. Personnellement je me suis régalée en sortant de mes sentiers battus et rebattus.



- La structure narrative basée, surtout au début du livre, sur l'alternance des points de vue entre Ye Wenjie, astrophysicienne brillante qui a subi, très jeune, les foudres de la révolution culturelle et Wang Mio, scientifique spécialisé dans les nanomatériaux. Ces alternances de point de vue permettent d'aborder le passé (la révolution culturelle chinoise par la voix de Ye Wenjie), le présent avec Wang Mia (qui est témoin de choses intrigantes et qui cherchent à comprendre) et le futur (avec les questions et les menaces qui pèsent désormais sur les humains) et permettant surtout aux différentes pièces du puzzle de s'imbriquer merveilleusement.



- La présence du jeu de réalité virtuelle des Trois corps qui donne des chapitres passionnants (j'ai beaucoup aimé le chapitre consacré à la constitution d'une carte-mère à l'aide d'une armée gigantesque de 36 kilomètres carrés) et de toute beauté notamment le paysage dévoilé à chaque fois que nous arrivons dans le jeu : « C'était toujours la même plaine baignée par la même aube mystérieuse et sur laquelle se dressait la même pyramide. Mais cette fois, le monument avait retrouvé une architecture plus orientale ».

Ce jeu permet même de dresser un panorama astucieux de l'histoire des sciences en convoquant des personnages comme Newton, Einstein, Aristote, Galilée, entre autres. Quelques allusions liées à l'histoire chinoise sont également subtilement insérées : « Lorsque le soleil se leva, les soldats se figèrent, comme un tapis géant composé de trente millions de soldats en terre cuite. Mais lorsqu'une nuée d'oiseaux ayant pris l'armée pour un véritable tapis vint voler à sa hauteur, les volatiles sentirent aussitôt la puissante odeur de mort qui se dégageait de sous leurs ailes. Saisis d'effroi, ils reprirent de la hauteur et tournoyèrent autour ».

Oui, j'ai vraiment aimé cette découverte d'une nouvelle culture par le biais d'un jeu de réalité virtuelle, moyen de propagation auprès de la population. C'est bien vu, superbement maîtrisé, et les différentes tentatives de résoudre l'énigme proposée sont passionnantes et très intrigantes.



- Les questions sociétales, environnementales, politiques voire philosophiques, multiples, qui émergent du scénario et que Liu Cixin amène avec beaucoup de pertinence. Place de l'humanité, rôle des religions, impact des actions humaines sur les autres espèces et sur la Terre, rôle, puissance et limites de la science, les extrémismes de tout bord côtoyant l'égoïsme, l'individualisme et le déni de l'intérêt général…





Bien entendu avoir des connaissances scientifiques est un plus pour cette lecture, mais ce livre ne nécessite cependant pas d'avoir des prérequis importants en matière de science pour savoir l'apprécier. Je n'ai pas tout compris dans les détails certaines explications mais je n'ai pas perdu le fil de cette histoire incroyable et les explications techniques ne m'ont jamais dérangée.

J'ai la sensation que ce tome 1 a posé brillamment les bases, telle une grande introduction, aux deux autres tomes. Deux autres tomes que je lirai avec un immense plaisir cet été. Comme pour le tome 1, il m'est d'avis qu'il faut les lire par bloc de 50 à 100 pages afin de ne pas être perdu par les noms chinois et la complexité des thèmes abordés.



Pour conclure cette critique, les derniers mots du livre lui-même : « À l'ouest, alors que les rayons du jour semblaient se fondre dans la mer argentée, le soleil fissura les nuages et sa clarté se répandit dans le ciel, l'illuminant d'une magnifique couleur rouge sang. — le crépuscule des hommes, murmura faiblement Ye Wenjie ».

Commenter  J’apprécie          14334
Le problème à trois corps

Si, on peut lire la présentation de l'éditeur.





En pleine révolution culturelle, la science est mise à bas, Ye Wenjie, sa vie son œuvre, désabusée, sera au centre (au sens propre comme au figuré) de l'avenir de l'humanité.





Difficile de faire un pitch d'accroche sans spoiler outrageusement (ce que l'éditeur n'a pas su faire, s'attirant les foudres de nombre de commentateurs). Mais à sa décharge, c'est ce qui m'a donné envie de lire le livre (les derniers prix Hugo et Nebula ne m'attirent plus comme avant).

Tant pis pour le sens of wonder et le mystère lentement dévoilé.

Et c'est là que le bât blesse. Dans un mélange de Wilson, Murakami et de Willis (Spin, 1q84, sans parler du chien) (pour le style plus que pour l'histoire), une lente, trop lente histoire de la Chine et de ses excès de l'époque Mao à peine contrebalancée par le gros saupoudrage hard-science (qui m'a persuadé de ne pas abandonner).





350 longues pages d'ennui, perdu dans les personnages que je n'arrivais pas à différencier (à cause des noms) que seuls sauvaient les passages de science. Et miracle. Les 80 dernières pages, absolument excellentes qui relancent tout mon intérêt dans l'histoire que j'attendais désespérément depuis le début.

Une fin qui aurait été tout à fait raccord avec l'ambiance totale déprime du roman si ce n'est qu'on ne peut même pas y croire car c'est une trilogie annoncée.





Trois étoiles parce que j'espère que le second tome sera du niveau de la fin du premier.
Commenter  J’apprécie          12427
Les futurs de Liu Cixin, tome 1 : La terre ..

"Avant, l'humanité n'avait pas peur du soleil. Au contraire, elle le considérait comme un astre noble et majestueux. Certaines civilisations le vénéraient même comme un dieu."

"Terre errante" du chinois Liu Cixin donna le film "The Wandering Earth" (exaltant les Chinois en sauveteurs du monde), puis cette BD: "La terre vagabonde".





Le narrateur est né le jour où le Terre s'est arrêté de tourner.Le Soleil, et le monde que nous connaissons, va mourir! "Les chalumeaux de Dieu", des moteurs puissants ont été construits ( engendrant des bouleversements météorologiques ) pour déplacer la Terre jusqu'à la constellation du Centaure, afin d'y trouver une nouvelle étoile.

Cependant, le trajet sera long, près de 2500 ans, et complexe...





La fin du soleil et ce nouveau monde est la fin de l'Occident (de la démocratie?) et l'émergence de la Chine... Car l'Etat ( un état totalitaire et militaire) impose son choix...





Les autres propositions semblent disqualifiées. Seuls les professeurs ont des noms, au contraire du personnage principal totalement anonyme. Chacun se soumet au projet commun et l'individu s'efface ( les leçons en classe sont proches d'un bourrage de crâne. )

Et... les matières littéraires et les religions sont écartées.

(On songe à la pénurie alimentaire des 26 millions d'habitants de Shanghai sous confinement depuis plus d'un mois... Bientôt plus de morts de faim que par le Covid?).





Le Soleil n'apporte plus la Vie ,mais la Mort. La Terre est partagée entre les anciens qui rêvent de leur paradis perdu et les plus jeunes qui veulent un autre futur.

Chacun tente de survivre. La Terre s'éloigne du Soleil, le monde se décompose et les sentiments humains disparaissent ...





"Il est mort. Il est mort, le soleil

L'amour et le soleil. C'est pareil" Nicoletta.
Commenter  J’apprécie          11210
Terre errante

J'ai eu la chance de découvrir Cixin Liu il y a quelques mois avec le somptueux Problème à trois corps suivi de la forêt sombre. Avant d'entamer le dernier tome de cette trilogie, dernier tome de plus de mille pages, j'ai eu envie de voir de quoi était capable cet auteur chinois en matière de novella avec « Terre errante ». En moins de cent pages, j'ai pu retrouver les ingrédients qui en font sa pate : des explications scientifiques poussées (ce qu'en science-fiction nous appelons la « hard SF ») enrobées de réflexions passionnantes et de poésie. Oui hard-SF et poésie…Lorsque cette dernière permet, en l'enveloppant de beauté, de me passionner pour la première. Combo étonnant. Voilà pourquoi je trouve Cixin Liu particulièrement talentueux : Que ce soit avec des milliers de pages ou au moyen d'une nouvelle de moins de cent pages, il arrive à passionner ses lecteurs avec des sujets scientifiques assez ardus.



L'idée de ce court récit peut sembler tellement improbable qu'elle en paraitrait ridicule racontée rapidement. Sauf si on le considère comme une fable. Voyez plutôt : Les scientifiques se rendent compte que le soleil devient une géante rouge massive menaçant de s'étendre jusqu'à l'orbite de la Terre et donc de vaporiser notre chère planète, d'un coup d'un seul. Un événement qui doit avoir lieu dans les quatre siècles qui ont suivi les premières observations du phénomène. Depuis, trois cent quatre-vingt années se sont déjà écoulées et une décision a été prise : l'humanité doit émigrer. Concernant la façon d'émigrer pour s'installer sur Proxima du Centaure, les partisans de la Terre se sont opposés aux partisans des vaisseaux. Les premiers considèrent que toute vie en dehors de la Terre est impossible pour les humains, c'est donc la Terre qui doit constituer notre vaisseau, vaisseau titanesque avec ce que cela implique de difficultés et de technologies, tandis que les seconds considèrent que l'humanité doit partir sur différents vaisseaux et abandonner la Terre, solution plus facile, plus rapide.

Les partisans de la Terre ont finalement gain de cause car « Seul un écosystème de la taille de la Terre et son cycle écologique d'une extraordinaire vigueur, sera capable de perpétuer la vie. Si l'humanité part dans l'espace en abandonnant sa Terre, elle sera comme un nouveau-né privé de sa mère au milieu d'un désert ».



Du fait des progrès de la technologie, et au moyen de propulseurs surpuissants, nous assistons aux différentes étapes de l'émigration depuis l'Ere du freinage, lorsque les propulseurs interrompent la rotation de la Terre en générant une poussée de sens inverse du mouvement de la planète, jusqu'à l'Ere néosolaire permettant de rallier l'orbite de Proxima du Centaure. En passant par la fuite, l'errance, dont vous imaginez bien les difficultés…Un exode de deux mille cinq cent ans qui concerne ainsi cent générations d'humains, contraints de vivre terrés.



Au-delà des aspects scientifiques qui expliquent les étapes de ce processus inimaginable, ce qui est passionnant sont les impacts que développe Cixin Liu d'une telle épopée, impacts terrestres, climatiques, phénomènes physiques, mais surtout impacts sur les humains. Désirs, craintes, centres d'intérêt, organisation sociétale sont détaillés et, fait passionnant, la culture chinoise imprègne le récit. Il m'est d'avis, comme nous en discutions avec @Indimoon (dont la critique sur ce livre est selon moi une référence) que nombre de réactions ne seraient pas les mêmes si ce récit avait été imaginé et écrit par un auteur occidental. Que ce soit le respect strict et soumis de protocoles d'urgence pour évacuer les lieux alors qu'une vague de lave se répand dans les souterrains, ou la mise en sommeil des sentiments amoureux en cette période où la survie est devenue la priorité absolue, la culture chinoise donne au récit une coloration singulière.



« A vrai dire, cela ne fait que trois ou quatre siècles que les humains ont peur du soleil. Autrefois, les hommes n'étaient pas atteints d'héliophobie, comme nous. Au contraire, le Soleil était à leurs yeux un symbole de noblesse et de gloire. En ce temps-là, lorsque la Terre tournait encore autour de son axe, les hommes assistaient chaque jour au lever et au coucher du soleil. Ils acclamaient l'aube et admiraient le crépuscule ! ».



Et surtout, surtout, ce livre est beau. Magnifique. Des scènes majestueuses et colorées ponctuent le récit, telles des étoiles scintillantes dans cette épopée somme toute sombre. Nous assistons aux derniers instants du Soleil, aux derniers couchers de soleil, à l'élévation de propulseurs gigantesques qui émettent des lumières bleues, à l'arrêt de la rotation terrestre, les scènes sont grandioses et nous captent dès le début du récit.



« Nous sommes montés à bord d'un « bateau », un ancien appareil de transport maritime. La mer était éclairée par deux sources de lumière : à l'ouest, celle, bleutée, des faisceaux de plasma et, à l'est, celle, rosée, du soleil qui débordait de l'horizon. Ces rayons scintillants scindaient la mer en deux et notre bateau avançait sur la ligne de démarcation entre ces deux mondes aux couleurs irréelles. Au fur et à mesure de notre voyage, la lumière bleue devenait plus pâle et celle du soleil plus intense. Une atmosphère angoissante se répandait à bord. On ne voyait plus d'enfants sur le pont, ils se terraient au fond de leur cabine et tiraient les rideaux de leurs hublots. L'instant tant redouté aurait lieu le lendemain ».



Cette fable sur la fuite n'est pas sans me rappeler certains textes sur l'exode, je pense à ce livre-fable baroque et fantastique de José Saramago, le radeau de pierre, qui imagine le détachement de la péninsule ibérique du continent européen. Un gigantesque navire terrestre. Bon le parallèle s'arrête là puisque Saramago imagine que la péninsule ibérique retrouve ses origines, le berceau de sa nostalgie, à savoir l'Afrique. Mais comme dans ce livre, cette dérive bouleverse l'ordre des choses et, de même, il faut apprendre à vivre avec cette errance, ne pas céder à la panique, s'adapter.



Enfin, fait passionnant et assez rare dans un livre post-apocalyptique pour le souligner et en faire ma conclusion, il y a un immense espoir. La capacité d'adaptation des hommes et celle à s'unir sont bel et bien la clé de cet espoir qui illumine ce texte. S'unir pour un nouveau départ. Malgré la folie de cette épopée. Malgré sa durée qui font des humains vivant l'exode des sacrifiés pour permettre aux générations très lointaines de s'en sortir. Leurs sentiments sont recueillis avec délicatesse. C'est intime, c'est fort et beau.



« Nous devons garder espoir. Peut-être pas parce que l'espoir est réel, mais parce que nous devons rester dignes. A l'époque de l'Ere primosolaire, il fallait posséder de l'argent, du pouvoir ou du talent pour conserver sa dignité. Aujourd'hui, il ne nous reste que l'espoir. L'espoir est le diamant le plus précieux de notre époque. Peu importe combien de temps il nous reste à vivre, il faut le chérir. C'est ce que nous dirons à notre fils demain ».



Commenter  J’apprécie          10435
Terre errante

La nouvelle de Liu Cixin a permis le "SRAS WARS"! Ou le film "The wandering earth"( 44 millions d'euros, Netflix en a racheté les droits) qui montre les Chinois en sauveteurs de la Terre...



Dans une galaxie lointaine, très lointaine... Mais pourquoi les Chinois ont colonisé l'espace, à la recherche d'extraterrestres, semblables au pangolin (comme le "Dewback", reptile utilisé, comme monture, par les Stormtroopers sur Tatouine?) Parce qu'il n'y en a plus sur la Terre?



Ils avaient mangé tous les animaux sur la Terre (scorpions, "crevettes ivres", poisson Fugu, cervelle de macaque vivant et même des pangolins...) Alors, ils ont recherché dans l'Espace, d'autres espèces à consommer, comme les "Ewoks" sur la planète Endor, les "Mon Calamari "de l'amiral Ackbar, ou les insecticoïdes Géonosiens...



Mais, à force de bouffer n'importe quoi, l'équipage chinois a attrapé un Virus Sras.

- C'est parce que vous avez dévoré "Jabba le Hutt". Fallait pas manger la grosse limace!"



Oups! Erreur, c'est à cause du soleil qui va se transformer en géante rouge, que les Nations construisirent d'immenses propulseurs plasma (plus hauts que l'Everest!) qui arracheront la Terre, à son orbite, pour un voyage millénaire vers Proxima du Centaure!



L'auteur montre l'humanité confrontée à un Destin tragique (disparition de l'atmosphère, des saisons, et pour certains, la folie...)

La Terre subira des tsunamis monstrueux et des catastrophes terribles, irruptions de magma dans les cités souterraines, en s'arrachant à son orbite...



" L'ère du freinage venait tout juste de s'achever, et ses terribles effets sur la Terre étaient encore apparents: les marées provoquées par la terrible poussée des propulseurs... tandis la fonte des glaciers polaires dont l'eau était retombée en déluge sur l'hémisphère Sud..."



Dans la réalité, la Chine a construit une grande station spatiale qui pourra remplacer la Station spatiale Spatiale Internationale (made in China, pourvu qu'elle résiste au Temps) en 2022. Et, a réussi le 03/01/2019, un atterrissage sur la face cachée de la Lune, avec "Change4 " du CNSA Chinois (pour bouffer les " Sélénites" de Georges Méliès ?)
Commenter  J’apprécie          1006
Le problème à trois corps

WAOUH !!!!!!!!!!!



"Le problème à trois corps" est le premier tome d'une trilogie et même si je m'attendais à quelque chose de bien, voir de très très bien au vu de tous les avis élogieux... c'est encore meilleur que ce que j'en attendais !



Je ne vais faire aucun résumé car le 4ème de couverture condense parfaitement les cent premières pages... libre à chacun et chacune de le lire ou pas !



En revanche, ce que je peux dire sur ce livre c'est qu'il contient une véritable réflexion sur notre monde et les problèmes liés à la destruction de l'environnement par l'humanité. Il y a même une critique sur la révolution culturelle chinoise (et c'est là où je me dis que je connais bien mal la Chine d'aujourd'hui car je ne pensais pas qu'un auteur chinois pouvait aborder de tels sujets aussi ouvertement, même sous couvert de la Scence-Fiction).



En terme de technologie, c'est vraiment pointu tout en restant compréhensible. Liu Cixin connaît et maîtrise parfaitement son sujet.



Pour être honnête, je fais partie de cette génération (déjà ancienne) qui ne ratait aucun Temps X (l'émission des frères Bogdanoff) et restait scotchée devant le Cosmos de Carl Sagan. Alors ce n'est pas vraiment étonnant que je sois aussi enthousiaste pour "Le problème à trois corps"...



... mais Barack Obama lui-même a avoué dans une interview qu'il avait été conquis par la trilogie de Liu Cixin. Donc, c'est que c'est vraiment bon puisque c'est Barack qui le dit ! (j'avoue manquer légèrement d'objectivité face à cet homme et ses choix littéraires...).



Le problème à trois corps de Liu Cixin

Traduit par Gwennaël Gaffric

GF : Actes Sud / Poche : Babel
Commenter  J’apprécie          967
La forêt sombre

Les multiples ramifications de cette fable écologique de SF chinoise m'auront permis pendant des heures et des heures de cheminer. Ce livre est une forêt touffue et luxuriante. Certaines feuilles m'auront caressée, quelques branches m'auront griffée en me sortant de ma zone de confort. Je ne m'y suis jamais perdue malgré sa densité, la complexité de ses méandres. Certaines clairières auront su apporter des moments de respiration bienvenus car parfois le chemin s'est avéré être long.

La panoplie des couleurs rencontrées fut vaste : le timide vert tendre de l'espoir, le kaki foncé du militaire, le vert généreux du message écologique, le brun de la terre convoitée, le rouge flamboyant des soleils couchants, le bleu profond permanent d'un ciel virtuel stratosphérique, le noir mystérieux du ciel la nuit, ouverture sur cet espace si menaçant, le blanc scintillant des étoiles et des vaisseaux…mais aussi le rose pur de l'amour et de la beauté, sans doute la couleur la plus claire du roman par pétales oniriques et idéalistes posés ça et là sur les sentiers. Car oui globalement le roman est plutôt sombre.



Après « le problème des trois corps », je n'ai pu m'empêcher d'enchainer aussitôt avec ce tome 2 de la trilogie du chinois Cixin Liu, « La forêt sombre ». La structure narrative est assez différente du tome 1 et peut déstabiliser au début du livre car l'alternance des voix par chapitre du 1er tome, qui a le don de bien rythmer la lecture, laisse place cette fois à de longs chapitres dans lesquels s'entremêlent les vécus et pensées des différents protagonistes. J'ai compris peu à peu cependant que le déroulé des chapitres constituait un compte à rebours. A chaque chapitre nous avançons un peu plus dans le futur vers le RDV ultime. Une fois ce processus compris, la lecture en devient vraiment passionnante. Et quelle profondeur, quelle intelligence ce scénario !! Les questionnements associés sont épatants et ne manque pas d'imagination, d'originalité et de crédibilité. de poésie parfois aussi tant dans la description des paysages que dans les réflexions humanistes de l'auteur.

De poésie spatiale notamment : « Les deux tiers du Soleil avaient maintenant déjà sombré derrière l'horizon, le tiers restant ne semblait plus être qu'un objet lumineux incrusté sur la Terre. Sous les rayons du crépuscule, les océans ressemblaient à des miroirs lisses, à moitié bleu foncé et à moitié orangés, tandis que les nuages, gorgés de soleil, avaient l'aspect de plumes roses ».



Restons avec l'image apaisante de cette forêt et imaginez à l'intérieur une communauté, mélange d'espèces, certaines plus puissantes que d'autres. Un ennemi extérieur vient à la menacer dans un futur assez lointain. Cet ennemi, très différent de la communauté, possède des pensées complètement transparentes, lui ne connait pas la ruse, la machination ou le mensonge. Cette société ennemie, plus évoluée technologiquement, peut comprendre le langage de l'espèce sylvestre, lire à une vitesse ultra-rapide des textes imprimés et toutes sortes d'informations contenues dans des supports de stockage. Ses yeux sont en effet partout, invisibles mais bien présents entre tous les interstices. Elle n'est en revanche pas capable de déchiffrer les pensées de la communauté, pas en mesure de comprendre la ruse, le détournement, ne connaissant pas la différence entre penser et dire : le contenu de leur communication exprime leur pensée véritable. Chaque être reste ainsi un mystère. Pour tenter d'élaborer un plan de défense, la communauté a alors l'idée de tenter de s'appuyer sur son trait caractéristique dans laquelle elle excelle depuis toujours : les non-dits, les secrets, la ruse, le mensonge. Quatre « Colmateurs » sont ainsi désignés. Ils seront « à l'image de ces ermites orientaux des temps anciens qui méditaient silencieusement devant des murs ». Durant les processus de mise en oeuvre de leurs plans, les pensées et les comportements des Colmateurs devront induire en erreur ce monde extérieur, ils devront soigneusement faire usage de déguisements, de mensonges, de fausses pistes, et ce quoi qu'il en coute et sans justification. Ces stratégies devront non seulement tromper l'ennemi, mais le monde entier avec lui.



Voilà une partie de l'intrigue qui génère, vous le devinez, des situations cocasses, depuis les rivalités entre Colmateurs, l'impossibilité de communication (chaque parole prononcée par un Colmateur est-elle destinée à cacher quelque chose ?) ou encore les dépenses fastueuses et superflues, tout étant bon sous prétexte que cela fasse partie « du plan des Colmateurs ». Ils feront l'objet peu à peu d'un culte de la part de la communauté qui voit en eux des sauveurs…mais c'est sans compter l'arrivée de Fissureurs…



Je ne dévoile que cette brique, parmi tant et tant d'autres, de ce space opera, et vous aurez compris bien entendu que la communauté évoquée est celle de l'espèce humaine. J'ai apprécié cette idée des Colmateurs, elle est surprenante : se baser sur ce défaut si présent, la ruse et les secrets, le mensonge, sources de tant de conflits et d'incompréhensions, pour en faire une force face à un ennemi commun. Quant à la forêt ce n'est pas celle que nous connaissons, vous aurez la chance de découvrir, au deux tiers du livre, une forêt aux allures futuristes (qui n'est pas sans rappeler d'ailleurs de prime abord un blockbuster écologique aux beaux êtres bleus…), voire une forêt cosmique dans "laquelle chaque civilisation est un chasseur armé d'un fusil" et une menace pour les autres.



J'ai particulièrement aimé toutes les questions qui émergent d'un tel scénario de menace, questions sociétales et écologiques d'une part : est-il opportun de continuer d'avoir des enfants si nous disparaissons dans quatre siècles, sachant que nous ne savons pas, dans notre société actuelle, ce que nous serons dans quelques centaines d'années…cette menace en est-elle vraiment une à l'aune du réchauffement climatique et de ses conséquences à moyen terme ? Doit-on s'inquiéter pour sa descendance ou devons-nous, comme nous le vivons actuellement, le vivre comme une menace lointaine donc incertaine et se réjouir simplement de pouvoir se prolonger sur une dizaine de générations ? Dans ce contexte de menace, doit-on protéger l'environnement ? Si la Terre devient un jardin, est-ce que ça ne revient pas à la préserver pour les envahisseurs futurs ?



Mais aussi, et surtout, les questions et tensions géopolitiques qui ne manquent pas d'ores et déjà de se poser : Doit-on « s'évader », si oui comment ? Qui en priorité ? Devons-nous mettre en commun les technologies afin que pays riches et pays pauvres soient sur un même pied d'égalité dans ce plan d'évasion? « L'inégalité devant la survie est la plus grande des inégalités. Les individus ou les nations qu'on obligerait à rester ne pourront pas attendre patiemment la mort en voyant leurs congénères emprunter le chemin de la survie. Deux camps s'affronteraient de plus en plus violemment et plongeraient le monde dans le chaos, et personne ne pourrait plus sortir ».



Les réflexions sur la stratégie militaire sont riches et passionnantes : est-ce le niveau de développement technologique qui importe avant tout et qui détermine la victoire, ou alors la foi et l'honneur des soldats sont-ils les ingrédients prépondérants à tout combat à venir, en plus face à un ennemi a priori plus fort ? le plan de bataille doit-il se construire sur la base du seul progrès technologique et des ordres ou mérite-t-il une réflexion plus subtile et poussée fondée sur l'humain, l'esprit et l'initiative individuelle dans un conflit ? Dans quelles conditions spirituelles et mentales sont et seront les forces de l'armée spatiale ?



Un roman somptueux mais exigeant, ardu si on le lit négligemment. Vous risqueriez alors de tomber dans un nid de ronces et de racines vous empêchant d'avancer. Cette fable sociétale et écologique nécessite de s'aventurer vraiment dedans, machette à la main, de prendre le temps. Alors seulement l'épopée au sein de cette forêt vous permettra d'en capter toutes les odeurs et les bruits, de percevoir tous les détails, de la voir dans son ensemble dans toute sa majesté, et d'en mesurer les différentes profondeurs. Notons quelques longueurs, longueurs nécessaires cependant, concernant la science (neuroscience, astronomie, physique), véritable âme du livre, amenée avec beaucoup de pédagogie et de réalisme.



Le futur de l'humanité proposé par Cixin Liu m'a laissée songeuse, rêveuse, glacée par moment. C'est à la fois troublant de réalisme et complètement original. Je ressors de cette aventure hors norme, ébouriffée, l'âme poinçonnée à la beauté et aux prédictions de la SF, réellement épatée par le talent de l'auteur, avec des traces qui à mon avis ne sont pas prêtes de s'effacer, notamment une maxime : « Donner de la vie au temps lorsqu'on ne peut plus donner de temps à la vie, donner de la civilisation aux jours lorsqu'on ne peut plus donner de jours à la civilisation ».

Commenter  J’apprécie          9632
Les futurs de Liu Cixin, tome 2 : Pour que ..

La Chine veut faire la pluie et le beau temps...

"L'ensemencement des nuages est communément utilisé par la Chine. L'introduction d'iodure d'argent dans les masses nuageuses provoque par réaction chimique la condensation de la vapeur d'eau qu'elles contiennent et déclenche ainsi les précipitations ( sur les plateaux du Tibet...) le Monde.fr le 10/02/11.





Mais ce type d'effort sur la durée peut "déstabiliser le climat dans la région", avertit Janos Pasztor, directeur de Carnegie Climate Geoengineering Governance Initiative, interrogé par le Guardian. Un risque pris très au sérieux par les Indiens, qui ont commencé à se plaindre que la Chine mène, sans leur accord, des expériences qui peuvent potentiellement altérer aussi leur climat...

Une Chine à manipuler avec des baguettes, depuis Xi Jinping?





C'est l'histoire de YuanYuan, une petite fille rêveuse, qui va tenter de trouver une solution en grandissant, sans oublier de s'amuser… Les plus grandes découvertes ne sont-elles pas souvent des accidents ?





L'insouciance de cette petite est le fil rouge de cette histoire, dans un monde aride où le Rêve n'a plus sa place. Sa maman est morte en ensemençant le désert, à bord d'un avion, avec des "bombes de glace porteuses de graines"...





Mais la superficialité de YuanYuan ( qui souffle des bulles de savon à l'enterrement de sa mère) est un espoir pour l'avenir .

Elle imagine une énorme bulle qui, au-delà du pari technologique, résoudrait la question de la sécheresse. C'est une fable qui pose des questions sur la Géopolitique, le Futur à venir et sur l'urgence climatique.





L'altération de la météo est aussi une arme: ( l'homme absorbe l'iodure d'argent par la respiration :poumons, narines et par la peau). Une légère exposition peut causer des irritations, des lésions rénales et pulmonaires et aussi l'argyrisme.(décoloration bleue de la peau).





Américains et Soviétiques se sont accordés pour adopter un code de bonne conduite, la convention internationale ENMOD depuis 1960! Mais, La Chine s'y refuse et a son " Bureau de modification du temps", depuis 2000.
Commenter  J’apprécie          8611
Le problème à trois corps

Comme vous le savez peut être j’aime les voyages. Mais là pas de combi Volkswagen. « En avant vers l’infini et au delà !!! » comme dirait Buzz l’éclair.

En 1967 la Chine a commencé sa révolution culturelle, et comme toute révolution il va y avoir des purges . Dans celle ci les fautifs aux yeux de Pékin ce sont les savants, qui auraient fait les yeux doux à la science impérialiste.

Ye Wenjie a perdu son père lors de ces procès. Wenjie a grandi, elle est devenue astrophysicienne et travaille dans un site militaire. Wenjie attend son heure.

1185:11:34, 1185:11:33, 1185:11:32…

Wang Miao est un chercheur en nanomateriaux, il ne sait pas encore que sa vie va croiser le problème à trois corps.

Êtes vous prêt pour le voyage ? Enfilez la V-combinaison et mettez le casque à visée panoramique.

Le but du jeu, résoudre le problème à trois corps.

Le premier tome de l’auteur Liu Cixin « le problème à trois corps « est sur tous les médias, télé, radio…, on ne peut pas y échapper si la science fiction vous intéresse, même France Culture et son émission cqfd en a parlé.

Le problème à trois corps m’a fait souffrir, c’était comme monter le Galibier en tricycle, n’étant pas scientifique ni Thomas Pesquet, encore moins astrophysicien j’ai eu des passages à vide.

Si comme moi vous avez ce genre de lacunes, ne laissez pas tomber, accrochez vous car l’histoire est prenante mais faites abstraction de ces passages scientifiques .

Bon voyage inter galactique et rendez-vous pour l’épisode deux « la forêt sombre «
Commenter  J’apprécie          8511
Le problème à trois corps

Je trouve toujours compliqué de parler d’un livre que j’ai aimé – et surtout, d’un livre que j’ai aimé à un point tel que mon cerveau en a balayé tous les défauts et maladresses pour n’en garder que le souvenir d’avoir été complètement subjuguée, hypnotisée, interloquée, insérez ici la liste complète des synonymes adéquats. Mais voilà que la sortie de l’adaptation en série télé m’invite à me replonger dans ce qui m’a tant plu – mais qui a déplu à d’autres ou pourrait leur déplaire.



1967. En pleine Révolution culturelle chinoise, une jeune physicienne, Ye Wenjie, est envoyée en camp de rééducation après avoir vu son père, éminent scientifique, mourir sous ses yeux. Elle est affectée à un mystérieux projet dans la base de Côte-Rouge. En 2006, quarante ans plus tard, alors qu’une série de suicides frappe la communauté scientifique, Wang Miao, chercheur en nanotechnologies, se voit confronté à d’étranges phénomènes. Cela pourrait être lié à la popularité d’un nouveau jeu vidéo aux règles nébuleuses…



Si vous lisez de la fiction pour vibrer avec les personnages, ne vous lancez pas dans Le problème à trois corps. Ceux-ci sont, le plus souvent, des silhouettes en carton-pâte, avec quelques rares exceptions : j’ai trouvé le portrait psychologique de Ye Wenjie bien réussi et même parfois touchant. Shi Qiang se démarque aussi par son sarcasme coloré bien qu’il soit assez archétypal en tant que détective aussi cynique que doué. Les autres personnages sont assez oubliables, mais la force du roman ne repose pas sur eux. En fait, je vois Liu Cixin comme un auteur dans la veine d’Asimov, qui s’intéresse à l’humanité dans ses aspects sociologiques plutôt que psychologiques. Et même si j’aime les histoires avec de bons personnages bien travaillés, certains romans n’en ont pas besoin pour être excellents voire géniaux.



Si vous aimez les techno-thrillers, Le problème à trois corps pourrait peut-être vous plaire… ou au contraire, vous rendre perplexe et vous donner l’impression de virer en grand n’importe quoi. Le roman a en effets quelques accointances avec ce sous-genre, au point qu’on pourrait penser, parfois, que l’intrigue va s’en aller dans cette direction… avant de partir complètement ailleurs, dans les délires scientifiques les plus fous. Je crois avoir déjà dit quelque part que Liu Cixin gère de façon époustouflante la suspension de l’incrédulité : il parvient à rendre crédibles de bout en bout les scènes les plus abracadabrantes, dans une superbe combinaison d’explications scientifiques détaillées et de sense of wonder. En fait, le roman est émaillé d’une poignée de scènes géniales qui restent longtemps en mémoire, même quand on a oublié les détails de l’intrigue. Et qui font du sens dans l’histoire, même si elles auraient l’air grotesque à raconter hors contexte…



Bon, je m’emporte : quoi que je dise sur ce roman, je me retrouve à l’encenser. Allons-y gaiment, alors : Le problème à trois corps est une histoire de science-fiction de très haute volée, un puzzle à trois niveaux d’intrigue (passé, présent et virtuel) dont l’assemblage progressif met le cerveau dans un état d’exaltation sans bornes. On y aborde avec un œil neuf un thème de science-fiction rebattu dont je ne dirais rien, pour ne pas spoiler celleux qui voudraient encore garder la surprise. On y réfléchit profondément sur la science et la technologie et la défiance envers elles sans tomber dans les platitudes habituelles – aussi, j’ai lu ce roman pendant la pandémie, en pleine vague antivax, autant dire que les thèmes abordés ont piqué un peu fort. Je crois que c’est le troisième meilleur roman que j’aie lu, parce que, surprise, les deux tomes suivants sont encore meilleurs. (J’ai un peu triché en indiquant celui-ci pour mon île déserte, juste pour dire que j’emporterais la trilogie complète).



Bref. C’est juste génial. J’aimerais pouvoir le relire pour la première fois.



La série m’a un peu déçue, je n’irai pas jusqu’à la déconseiller, mais je crois que c’est la première fois que je m’offusquais autant de changements apportés d’un medium à l’autre – petit message aux critiques qui se plaignent des adaptations massacrant leurs œuvres préférées : je vous comprends, à présent. Mon ressenti global rejoint celui de FeydRautha, du blog L’épaule d’Orion, que je vais citer ici directement parce que je n’aurais pas mieux pu exprimer ma pensée :



« Elle fonctionne bien en tant que série Netflix, avec tout ce que ça implique en termes de choix narratifs, de décentrage culturel et de casting. Mais nous sommes très éloignés du roman de Liu Cixin, et par certains aspects, notamment la mise en avant des personnages lorsque le roman s’intéresse plus à l’expérience collective, elle relève presque du contre-sens. La dimension purement science-fictive passe en arrière-plan et la série allège la prise avec la science, sujet central dans le roman. Bref, […] une réduction forte du propos et de l’intrigue. » (Citation tirée de sa critique de l’adaptation BD).
Commenter  J’apprécie          817
Le problème à trois corps

La rencontre improbable de l’histoire de la Chine, de l’astrophysique et de la poésie !



À l’heure de la révolution culturelle, le régime chinois a autant besoin que peur des travaux de ses scientifiques. Trente-huit ans plus tard, d’éminents chercheurs mettent inexplicablement fin à leurs jours. Que se passe-t-il ? Que trame la société des frontières de la science et pourquoi la police s’intéresse-t-elle d’aussi près à ses activités ? Et comment expliquer les expériences perturbantes traversées par Wang Miao, spécialiste des nanotechnologies ?



Liu Cixin, c’est LA sensation SF de ces dernières années – et pour avoir terminé le premier tome de sa trilogie culte, je peux vous confirmer qu’on n’a pas fini d’entendre parler de lui ! Le problème à trois corps coche haut la plume toutes les cases de ce qui fait, à mon humble avis, un excellent roman de science-fiction : une prémisse qui soit plausible mais aussi stimulante, c’est-à-dire avec le potentiel de nourrir une bonne intrigue et de sonder des dilemmes intéressants. Il y a souvent une tension entre les deux, un équilibre délicat à trouver entre crédibilité et originalité de l’univers. Rarissime, donc, de voir ces qualités aussi parfaitement réunies qu’ici.



Liu Cixin n’y va pas par quatre chemins : son hypothèse repousse toutes les limites du concevable, faisant vaciller jusqu’aux propriétés les plus élémentaires de la matière. Et pourtant, tout se tient, on ne doute pas un seul instant en dévorant d’un trait les 500 pages de ce premier volet.



Comment fait-il ? L’auteur tire partie d’un art inouï de la description (de l’académie nationale des sciences à la base militaire classée et aux autres lieux intrigants du roman, on s’y croit) et surtout d’une construction magistrale. Le roman part d’un propos réaliste ancré dans la Chine maoïste pour ensuite opérer une hallucinante série de basculements (le mot est faible) qui nous font fluidement glisser, par paliers, dans une autre dimension avec, à chaque fois, une dose savante de révélations qui font monter la tension.



Les aller-retours entre présent et flashbacks permettent de varier les perspectives sur le scénario qui se dessine, alternant roman historique, fable science-fictionnelle, enquête policière et méditation sur la civilisation, les tensions entre science et politique, les dérives humaines et les dégâts infligés notamment à notre planète – dont on se dit d’ailleurs, à lire ces pages, qu’on oublie trop souvent qu’elle est ce que l’humanité a de plus précieux. C’est vertigineux, tour à tour terrible et drôle, avec un soupçon de poésie.



Hâte de découvrir comment le tome 2 exploitera la sidérante expérience de pensée qui se profile au crépuscule du tome 1 !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
Commenter  J’apprécie          7721
Boule de foudre

C'est en présence du fantôme de l'immense Lu Xun que s'ouvre cette exploration d'un des plus prometteurs romanciers contemporains chinois, vague paronyme assonant, Liu Cixin.

Dans « Une brève histoire du roman chinois » (1930), l'auteur — qui fit basculer la littérature nationale dans la Modernité — pressentait les conséquences des profondes transformations qu'allait subir son pays ( tant en avantages qu'en inconvénients ) sur son expression culturelle, sa singularité comme possible frein à son épanouissement.

En passant, il concluait à demi-mot que le côté « folklorique » attaché aux mythes et légendes de sa civilisation empêchait l'établissement d'un véritable art du roman, ce que le siècle de tous les bouleversements ne viendra pas aider, bien au contraire, laissant une des cultures mondiales prédominantes plutôt pauvre en proportion d'écrivains talentueux.



Impossible alors de ne citer Mo Yan, premier Prix Nobel de littérature, bien qu'ici la rencontre n'ait pas encore donné de fruits mûrs…

Est-on en présence d'un « Grand », à même de renouveler, voire de sublimer aussi bien un genre qu'une nation plutôt en mal d'excellence ou d'avant-garde ?

La Science-Fiction profitera-t-elle d'un front venu d'Orient ? La trilogie initiée avec « Le problème à trois corps » semble plaider en sa faveur, mais commençons cette découverte par son roman le plus « réaliste », répondant au genre d' « Hard-Science » comme gage de rigueur narrative.



On pourra tout d'abord remercier ou brocarder, c'est selon, la théorie quantique actuelle qui, par son incomplétude et sa large porte ouverte à une forme de « magie » relativiste, permet à notre auteur de développer son intrigue à nous en arracher le scalp sans jamais sortir des codes du genre, à savoir un rapport de causalité scientifique « plausible ».

On regrettera qu'un chercheur comme Gerard 't Hooft ( entre autres torrents de médailles, lauréat du Prix Nobel de Physique 1999 ) grand critique de « l'indétermination », ne soit pas plus populaire chez les romanciers, bien qu‘on comprenne volontiers l'intérêt d'une théorie offrant ses palmes au « tout et son contraire » en même temps, le charlatanisme post-moderne en faisant bien son fond de commerce.



Et pour continuer sur l'appréciation de l'intrigue en elle-même, bien que l'auteur sache assez bien la mener, son rythme apparait quelque peu désincarné, la faute sans doute à une galerie de personnage à la saveur robotique, particulièrement son héroïne, fantasme guerrier de Monique Wittig, le souffle en moins ; ou bien esquisse d'une héroïne de manga sans grande imagination, voire marketing sexiste autodestructeur… bref cette « mystérieuse et séduisante » Lin Yun s'avère décevante, plus proche d'une IA ou d'une Lara Croft que d'un réel personnage bien campé.

Le narrateur n'est pas en reste : il rappelle vaguement la saveur d'un kroupouk… sûrement sa texture spongieuse et son éclat de polystyrène expansé.



Il réussit pourtant quelques belles descriptions, dont une saisissante, digne de l'incroyable armada, avec l'arrivée de la flotte ennemie en Mer de Chine, celle de l'adversaire dont jamais le nom n'est prononcé, le Mordor arborant sûrement la bannière étoilée.



C'est bien sur ce point que ce roman reste remarquable, forcément du fait de la nationalité de son auteur ; car la Chine, plus que les Etats-Unis à présent, est la nation ayant la plus grande confiance en elle.

Alors que l'Occidental est à présent pris dans des débats autodestructifs, agité de remords jusqu'à la négation de son être, ne croyant plus à sa capacité à améliorer les choses, parfois comprenant la possible impasse du Progrès , le Chinois ne le remerciant jamais assez pour la place laissée.

Dans l'écriture de Liu Cixin, il y a cette confiance en soi et en l'avenir ( technologique, politique, etc. ) que l'on ne retrouve plus dans nos contrées, à part pour quelques illuminés qui ont séché les cours de thermodynamique, ou pour qui Jancovici est sans doute une marque de viande en barquette. le plus connu étant l'infâme Laurent Alexandre, mais il y en a de plus dangereux…



Cette sensation paradoxale est sûrement le sel de ce roman ; l'humaniste ne pouvant que s'incliner devant l'avénement international à présent bien confirmé de cette nouvelle culture de masse, produit d'une acculturation parfois surprenante, les empires s'interpénétrant beaucoup plus qu'on ne le pense.

Il va peut-être falloir s'habituer à ce que notre principale source de Divertissement vienne d'ailleurs…

En attendant, lisons davantage Lu Xun, son oeuvre essentielle et si peu prolifique, avec la certitude de toucher cette fois-ci l'acmé de la culture littéraire d'une immense nation.
Commenter  J’apprécie          767
Le problème à trois corps

Liu Cixin, auteur chinois dont je ne connaissais pas le nom il y a encore deux mois (pourtant le livre à été écrit en 2008 mais non traduit jusqu'à present, merci aux éditions Actes sud d'avoir comblé cette lacune), il a un style d'écriture et de raisonnement très recherché.

Je peut dire que c'est le meilleur roman de SF/Hard Science que j'ai lu jusqu'à présent, je ne m'y attendais pas et je suis subjugué par la complexité et la ligne de conduite du scénario, de l'écriture, de l'univers fouillé et des personnages charismatiques de ce roman.



Alors oui c'est une lecture assez complexe car l'histoire et toutes les parties de l'intrigue sont très développées, s'imbriquent parfaitement, et le suspense est omniprésent, les éléments scientifiques eux sont extrêmement détaillés (de manière forte agréable), donc oui c'est compliqué mais si l'ont prend le temps de lire en étant concentré sur le récit alors la complexité devient un atout qui en fait un livre intelligent et divertissent ou plusieurs grands thèmes sont abordés tel que la politique en Chine, les sectes et déviances religieuses et encore d'autres sujets divers, le tout mené comme un polar.



Pour le côté scientifique (oui j'insiste mais c'est le sujet principal du livre), ont parle beaucoup d'astronomie, d'accélérateur de particules et de l'atome, de communication, de macro technologie, de la possibilité de forme de vie dans l'univers, de physique quantique, de réalité virtuelle et autres.



Je ne dirait rien sur le scénario lui même car on ne peut pas en parler sans spolier, d'ailleurs le quatrième de couverture est un peu trop révélateur à mon goût, c'est dommage.



Par contre, je ne pense pas que ce soit le meilleur roman pour les personnes voulant découvrir la science-fiction, ou même pour ceux qui veulent passer de la SF Young Adult a un récit plus travaillé.



J'ai très envie de lire la suite et espère que le deuxième tome sorte en français très bientôt !



Voir la chronique sur mon blog :
Lien : http://unbouquinsinonrien.bl..
Commenter  J’apprécie          744
Les Futurs de Liu Cixin, tome 13 : L'Humani..

On arrive presque au bout de cette collection des futurs de Liu Cixin qui comportera 15 volumes qu'on peut lire d'ailleurs séparément. On en est au 13ème tome, celui qui est censé porté bonheur ce qui est bien le cas en l'espèce après quelques nouvelles plutôt décevantes.



Le titre est un peu trompeur car on croit que l'humanité est devenue invisible. Sans doute à l’œil nu. Il est vrai que les progrès des nanotechnologies ont permis la miniaturisation ce qui présente pas mal d'avantages comme consommer moins de ressources. Il fallait y penser. Plus on est petit, moins on détruit la planète. Bref, c'est sans doute la voie d'un futur possible de l'humanité avant la destruction totale.



Il est justement question d'avenir de l'humanité avant l'anéantissement. Là, il s'agit d'un rayonnement solaire qui va carboniser la planète. Mais bon, on se doute qu'il n'y aura sans doute pas besoin d'un événement cosmique pour que la race humaine disparaisse. L'homme peut s'en charger lui-même.



Alors qu'on est sans doute dans l'un des titres les plus sombres de par son sujet, on va avoir droit à une leçon d'optimisme sans précédent qui apparaîtra comme presque féerique. Pour autant, les explications données semblent être très convaincantes ce qui rend ce titre assez particulier.



Certes, c'est de la science-fiction mais qui interroge sur le moyen de pouvoir survivre à une catastrophe de grande ampleur voire à une éradication complète. Faut-il coloniser d'autres planètes ou tout simplement devenir encore plus petit ? C'est quand même assez ingénieux dans les solutions apportées.



J'ai vraiment été séduit par cette lecture car elle donne foi en l'humanité malgré tout et procure un certain espoir de recommencement.

Commenter  J’apprécie          640
La forêt sombre

Si vous avez lu Le Problème à Trois Corps, vous brûlez sans doute de savoir comment l’humanité va se débrouiller face aux menaces qui se profilent à l’horizon ! Les quelques siècles de sursis qui restent suffiront-ils pour prévenir la catastrophe ? Une longue partie d’échecs s’annonce, avec pour enjeu le destin de l’humanité…



« Le plus grand obstacle à la survie de l’humanité, c’est l’humanité elle-même. »



Ce deuxième tome développe une vertigineuse expérience de pensée. Que ferions-nous face à la menace existentielle d’une invasion de la Terre ? Liu Cixin explore de manière fascinante les dilemmes d’action collective déclenchés par cette perspective. Je n’en dis pas plus sur leur nature ni sur la métaphore de la forêt sombre pour ne pas divulgâcher. Mais sachez que l’auteur jongle magistralement entre sciences physiques, réflexion philosophique et questionnements moraux et sociaux pour imaginer les réponses humaines. Et cela fournit un terreau romanesque sidérant. Ce n’est pas spécialement réjouissant, mais intellectuellement très stimulant et vraiment crédible (l’implacabilité des prophéties autoréalisatrices, l’arrogance et la naïveté des humains, les difficultés de coordonner leur réponse…).



Si les débuts du roman m’ont semblé un peu laborieux – la panique déclenchée par la crise imminente n’aide pas à trouver ses repères parmi la foule de personnages et de lieux – le roman devient véritablement captivant à partir de la mise en place du programme « Colmateurs ». Ce dernier donne une dimension personnelle à cette fresque développée à très grande échelle. On essaie de percer à jour le point de vue et le plan de chacun des Colmateurs, on suit anxieusement leur trajectoire et le déroulement des choses et c’est très, très prenant.



Les descriptions sont toujours grandioses, l’univers toujours aussi original, les personnages fascinants.



Une fable science-fictionnelle dont on ne se défait pas facilement, bientôt adaptée en série par Netflix !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
Commenter  J’apprécie          6115
Le problème à trois corps

Un très bon livre de Hard SF, faisant la part belle au mystère et au sense of wonder… à condition de ne pas lire la quatrième de couverture



Il y a trois choses à savoir sur ce roman :



1/ Ne lisez pas la quatrième de couverture.



2/ Ne lisez pas la quatrième de couverture.



3/ Ne lisez pas la quatrième de couverture.



Sinon, il s’agit d’un roman de Hard SF très ambitieux (astronomie, astrophysique, physique des particules, informatique, nanotechnologies, topologie), alternant entre la période de la Révolution culturelle et la Chine du milieu des années 2000. Même s’il n’est pas dépourvu de défauts mineurs (des personnages -à l’exception du principal- un peu faibles, des Deus ex Machina), il mérite amplement son prix Hugo du fait du sense of wonder prodigieux distillé, particulièrement dans les dernières dizaines de pages. L’auteur (le plus fameux et titré des écrivains de SF chinois) croit fermement à la valeur du mystère (et de sa résolution) en SF, et il construit un jeu de pistes passionnant, au rythme des révélations fermement maîtrisé. Bref, cette lecture a été une vraie claque, sans doute la meilleure en Hard SF depuis… longtemps. Créer une histoire, un univers, avec l’ambition d’un Egan mais sans sa complexité et son aridité de lecture… chapeau.



Ah, j’allais oublier : ne lisez pas la quatrième de couverture, elle vous dévoile 95 % du mystère voulu par l’auteur…



Vous trouverez une version détaillée de cette critique (sans spoilers sur l'histoire) sur mon blog.
Lien : https://lecultedapophis.word..
Commenter  J’apprécie          617
La forêt sombre

Après un premier tome qui m'avait enchantée malgré de nombreux aspects trop scientifiques et trop complexes, j'étais impatiente de poursuivre cette aventure.

Difficile de faire une critique de ce roman sans divulgacher quant au premier tome, alors je vais essayer de rester très succincte quant à l'intrigue.



*

Cixin Liu a appliqué le paradoxe de Fermi au concept de la forêt sombre, ce qui explique le très beau titre de ce livre.



« Premièrement : la survie est la nécessité première de toute civilisation ; deuxièmement : une civilisation ne cesse de croître et de s'étendre, tandis que la quantité totale de matière dans L Univers reste constante. »



D'après cette théorie, toutes les formes de vie désirent rester vivantes. La seule alternative possible est alors de détruire toutes les autres espèces rencontrées avant que celles-ci n'aient la même idée.

L'auteur compare l'univers à une sombre forêt dans laquelle chaque civilisation est un chasseur qui se déplace silencieusement parmi les branches des arbres et élimine toute présence avant de devenir lui-même une proie.



« L'Univers est une forêt sombre dans laquelle chaque civilisation est un chasseur armé d'un fusil. Il glisse entre les arbres comme un spectre, relève légèrement les branches qui lui barrent la route, il s'efforce de ne pas faire de bruit avec ses pas. Il retient même sa respiration. Il doit être prudent, car la forêt est pleine d'autres chasseurs comme lui. S'il remarque une autre créature vivante – un autre chasseur, un ange ou un démon, un bébé sans défense ou un vieillard boiteux, une magnifique jeune fille ou un splendide jeune homme, il n'a qu'un seul choix : ouvrir le feu et l'éliminer. Dans cette forêt, l'enfer c'est les autres. Une éternelle menace. Chaque créature qui dévoile son existence est très vite anéantie. Voici la cartographie de la société cosmique. C'est la réponse au paradoxe de Fermi. »



*

Dans ce deuxième volume de la trilogie de Cixin Liu, « La forêt sombre » examine les quatre siècles dont dispose l'humanité avant l'invasion de la Terre par la flotte Trisolarienne. L'intrigue est donc principalement centrée sur la préparation de l'invasion extraterrestre.



Mais les Trisolariens ont un avantage majeur, leur technologie est beaucoup plus avancée que la notre. Grâce à des « intellectrons » qui ont infiltré les communications du monde entier, ils sont capables d'intercepter toutes les conversations, et de connaître toutes les décisions stratégiques envisagées par les humains pour les combattre. Seules, les pensées humaines restent un secret.

Face à la transparence de notre monde, les humains décident alors de lancer le programme « Colmateur » en sélectionnant quatre hommes, dotés d'une intelligence fine et retorse, pour élaborer en secret, chacun de leur côté, un plan audacieux, en vue de la prochaine bataille contre les Trisolariens.

Trois d'entre eux sont des hommes d'État ou des scientifiques reconnus, mais le quatrième est un parfait inconnu. Il se nomme Luo Ji, et contre toute attente, cet astronome et sociologue chinois va être propulsé au centre de l'intrigue, alors qu'il est effacé et indolent.



Ainsi, l'arc dramatique passe essentiellement par les quatre Colmateurs. L'intrigue devient une gigantesque partie de poker où tous les coups sont permis, le bluff, la dissimulation et le mensonge étant essentiels pour emporter la partie. Certaines stratégies élaborées font froids dans le dos.



*

« La forêt sombre » est un récit plutôt sombre. Liu Cixin profite de l'invasion future la Terre pour dresser un portrait psychologique, politique et sociologique des hommes, lorsqu'ils sont confrontés à un danger ultime, ici, rien de moins que l'extinction de la race humaine.

L'auteur exploite certaines attitudes humaines avec beaucoup d'ingéniosité, comme le défaitisme, et considère leurs capacités d'agir pour le meilleur comme pour le pire.



« le plus grand obstacle à la survie de l'humanité, c'est l'humanité elle-même. »



*

L'écriture est toujours aussi riche. Certains chapitres sont vraiment magnifiques, comme par exemple, le prologue avec le voyage de la fourmi. Etonnant.

Mais « La forêt sombre » est un récit totalement différent de son prédécesseur, par son approche narrative, par sa dimension plus futuriste.



Tout d'abord, il devient plus accessible : les aspects scientifiques sont moins complexes à comprendre et surtout, beaucoup moins présents. Malgré cela, il fourmille d'excellentes idées, aussi ingénieuses que stupéfiantes.



Il est aussi palpitant car il se déploie sur plusieurs siècles. Grâce au sommeil cryogénique, les protagonistes principaux font des bonds dans le temps, nous permettant de les retrouver pour la bataille finale, quatre siècles plus tard.



« La route du temps couleur de plomb s'ouvrait lentement devant eux sans qu'ils puissent distinguer l'autre bout, rendu flou par le brouillard de l'avenir, dans lequel ils ne parvenaient à voir chatoyer que des flammes et la lueur du sang. Jamais la nature éphémère de la vie humaine ne les avait autant fait souffrir. Leurs coeurs s'envolèrent par-delà la voûte du temps pour rejoindre la dixième génération de leurs descendants et s'abîmer avec eux dans le sang et le feu de l'espace glacial, là où se rassembleraient au jour dernier les âmes de tous les soldats. »



Le monde a alors bien changé au moment du réveil des Colmateurs et nous découvrons une humanité qui s'est adaptée aux stratégies de survie face à l'invasion, au paysage géopolitique en mutation, à la dégradation de l'environnement, aux changements climatiques,... L'auteur en profite alors pour dresser le portrait d'un monde futuriste très différent du notre, développant des aspects sociaux, économiques, gouvernementaux, technologiques.



C'est aussi un grand récit épique qui prend de l'envergure tant au niveau du temps que de l'espace, adoptant des allures de voyage dans l'espace. Les scènes d'action sont assez peu présentes, mais les batailles spatiales et la rencontre entre les terriens et les Trisolariens sont particulièrement incroyables et jubilatoires.



Il est enfin d'une grande intelligence et d'une grande finesse quant aux stratégies élaborées par les Colmateurs. Tout est fait pour tromper l'ennemi, elles sont donc obscures autant pour les Trisolariens que pour le lecteur. Ainsi, chacun des plans de défense de la Terre ne se dévoile qu'au tout dernier moment et crée de véritables surprises lorsque les intentions de certains personnages nous sont révélées.



*

Mais, j'ai aussi quelques regrets.



Le développement des personnages principaux, exclusivement masculins (c'est dommage) est plus important mais reste encore insuffisamment développé d'après moi. Les protagonistes sont là dans un but bien précis, ne servant qu'à mettre en valeur l'intrigue et les stratégies de défense mises en place.

Cependant, cela ne m'a pas vraiment dérangée car l'intrigue est suffisamment complexe et prenante pour que l'on ne s'y attache pas.



Malgré tout, deux personnages sortent du lot.

Luo Ji, le personnage principal de ce livre, capte l'attention. Au premier abord, il n'apparaît pas particulièrement sympathique, de par son comportement plutôt flegmatique et égocentrique. Mais il m'a intriguée par ses décisions surprenantes, parfois insensées.

Au contraire, le personnage de Shi Qiang, déjà rencontré dans le premier tome, est plaisant. Cet officier de défense planétaire met une touche d'humour et de gaieté par son esprit rusé et débrouillard, son attitude ouverte, honnête et efficace.



Mon plus grand regret est certainement l'absence des Trisolariens dans ce volume. Ce que j'avais particulièrement aimé dans « le problème à trois corps », c'était ma rencontre avec ces extraterrestres. J'avais été captivée par la description de leur civilisation décadente et du jeu des trois corps.

Ici, toute la trame de l'histoire est focalisée sur leur arrivée sur Terre, mais ils sont totalement absents du récit.



*

Dans « La forêt sombre », l'auteur chinois de science-fiction plusieurs fois primé, excelle à construire un univers unique et original, une intrigue dense et imprévisible d'où foisonnent des idées vraiment extraordinaires, mais aussi parfois très complexes.



L'histoire peut paraître assez énigmatique au moment de la lecture mais, lorsque l'on referme ce livre et qu'on le regarde à la lumière de toutes les révélations qu'il contient, on ne peut qu'être impressionné par la conclusion.

Après un tel dénouement et malgré le nombre de pages ahurissant, je suis maintenant impatiente de lire le troisième et dernier volume de ce magnifique récit épique.
Commenter  J’apprécie          5926
La mort immortelle

Je viens de terminer "La Mort immortelle" de Liu Cixin... et je ne sais vraiment pas ce que je vais pouvoir dire dessus tellement l'immensité de ce livre me dépasse ! J'en ressort avec l'impression que Liu Cixin a ouvert tout un champ des possibles dans lequel construire sa future œuvre de façon à ce qu'elle ne forme qu'un seul ensemble ; un peu à la manière de Tolkien, voir d'Isaac Asimov (où les séries des Robots et de Fondation s'entremêlent).

Autant je trouvais que "La Forêt sombre" répondait à toutes les questions, autant "La Mort immortelle" en pose de nouvelles qui peuvent donner matière à d'autres tomes.



Sinon, j'ai adoré toutes les référence littéraires qui truffent "La Mort immortelle". Je les ai toutes trouvées assez évidentes mais le texte ou une note de bas de page de l'auteur ou du traducteur (Gwennaël Gaffric... dont il faut souligner l'excellence de sa traduction) en donnent souvent la clé : Asimov, Tolkien, Margaret Mitchell, Poe,... Liu Cixin est quelqu'un de cultivé mais je pense que tous ces rappels à la littérature ne sont pas anodins...



Liu Cixin reprend à sa sauce la physique quantique (j'avoue qu'avoir déjà lu Hubert Reeves, Trinh Xuan Thuan, Christophe Galfard, Carl Sagan, ... m'a bien aidée) ! Et je pense que c'est là où toutes les références littéraires prennent leur sens : pour rappeler que tout le baratin scientifique, même s'il tient la route, est approximatif ! On lit de la fiction et il ne faut pas prendre au pied de la lettre toutes les théories quantiques qui y sont décrites. Pour moi, l'exemple le plus frappant, c'est le maelström de Mosken (Moskstraumen)... Edgar Allan Poe le décrit comme un immense tourbillon (difficile de ne pas y voir une allusion à un trou noir). Dans sa description Liu Cixin est un peu plus modeste mais cela reste un tourbillon surdimensionné par rapport à la réalité ! (Allez donc voir sur internet à quoi ressemble le VRAI Moskstraumen !). Liu Cixin le rappele constamment : on est dans de la fiction et tout est exagéré !



En revanche, je me pose des questions sur le regard que porte Liu Cixin sur les femmes... Dans cette trilogie, il y a deux personnages féminins principaux : Ye Wenjie et Cheng Xin... qui toutes deux trahissent l'humanité ! Je pourrais y voir un semblant d'explication si c'est une référence biblique. Peut-être que Ye Wenjie représente Ève qui fait perdre à Adam la sécurité du Jardin d'Eden et Cheng Xin ne serait autre que la "femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête" de l'Apocalypse (Ga 4:19, 26; Ap 2:26, 27; Jn 8:44; 1 Pi 5:8) ? Autre élément qui pourrait étayer cette supposition, c'est la présence d'un autre personnage qui s'appelle Jonas et qui donne l'explication du titre "... la mort est le seul phare qui reste à jamais allumé. Peu importe où tu navigues, tu finis toujours par te rendre dans la direction qu'il t'indique. Tout à une fin. Seule la mort est immortelle" (Babel P581).



En plus de la littérature, Liu Cixin évoque beaucoup la peinture. De nombreux tableaux sont cités ou sont mis en scène... j'en ai repéré quelques uns mais, à tort, je ne m'y suis pas suffisamment intéressée et ce sera un excellent argument pour une relecture.



Pour finir, je voudrais remercier Gwennaël Gaffric pour sa traduction. Sans des traducteurs de grand talent comme lui une grande part de la littérature nous échapperais.
Commenter  J’apprécie          5710
Le problème à trois corps

Première incursion en SF chinoise… je dois dire que le premier volume de cette trilogie des Trois Corps m'a ravie. Cela faisait un bon moment qu'il me faisait de l'oeil à la bibliothèque. Je l'aurai bien dévoré mais pour le moment j'ai mal aux yeux et je suis passée à un rythme de lecture très lent.



On suit donc l'histoire via deux personnages principaux : Ye Wenjie et Wang Miao.



Celle de Ye Wenjie débute à la fin des années 60 en pleine Révolution culturelle chinoise (qui a fait des centaines de milliers de morts). Sa vie va être jalonnée par des évènements qui vont faire d'elle une pièce majeure dans le destin de l'Humanité.



Wang Miao est un spécialiste des nanomatériaux du 21ème siècle. Les autorités lui demandent d'infiltrer la Société des frontières de la science afin d'élucider une série de suicides d'éminents scientifiques.



La quatrième page de couverture en dit déjà assez. Je me contenterai de dire que le lecteur est plongé dans une ambiance thriller sur fond de hard SF (il faut aimer la physique). J'ai trouvé la mise en place de l'intrigue excellente. J'ai obtenu les réponses à toutes mes questions et je n'ai qu'une hâte : lire la suite. C'est passionnant sans dégouliner de suspense. Le seul petit bémol est que j'ai moins aimé les quelques passages qui se déroulent dans le jeu virtuel. Mais bon… dans l'ensemble j'ai trouvé ce livre excellent.



A suivre…





Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) (13)

Challenge multi défis 2018 (12)





Commenter  J’apprécie          572
Boule de foudre

Après avoir dévoré l'hyper-excellentissime trilogie du Problème à trois corps, j'avais très envie de retrouver Liu Cixin ailleurs, tout en m'attendant à être déçue. Et Boule de foudre ne m'aurait sans doute jamais tentée s'il ne s'agissait pas de cet auteur. Il faut dire que la présentation évoque une aventure de type techno-thriller pas très folichonne (en tout cas pour moi) : un jeune homme traumatisé par la mort de ses parents, tués par une boule de foudre, qui devient obsédé par ce phénomène météorologique. Après des années d'étude sur le sujet, il est recruté par l'armée pour mener d'étranges expériences.



Avec une telle entrée en matière, on croit savoir exactement où on met les pieds. Mais ça serait oublier qu'on est chez Liu Cixin. Cet auteur a honnêtement un don incroyable pour gérer la suspension de l'incrédulité. On part dans des délires scientifiques et technologiques complètement abracadabrants, et on y croit de bout en bout. Peut-être que d'autres lecteur·ices y seront moins sensibles que moi, mais pour ma part, il m'a toujours ébahie. J'aime mieux ne rien dire de plus pour ne pas spoiler, mais disons que la foudre en boule a des propriétés pour le moins… étonnantes.



Comme souvent chez cet auteur, on retrouve une réflexion sur la technologie et notamment son accointance avec la guerre : peut-on réellement séparer les deux? Et la façon dont Liu Cixin présente cette question peut paraître assez déroutante à des yeux occidentaux. C'est ce qui en fait tout l'intérêt à mon sens, mais c'est un point à ne pas négliger si vous souhaitez vous lancer dans cette lecture.



Les personnages ne sont pas nécessairement la force de Liu Cixin et j'ai trouvé le narrateur plutôt oubliable. Par contre, le personnage (féminin) de Lin Yun est plutôt complexe, voir presque inquiétant, bien qu'elle n'échappe pas à quelques clichés sexistes. On retrouve également Ding Yi, sous un jour un peu différent de ce qu'on en avait vu dans la trilogie du Problème à trois corps – il faut dire qu'il n'en est pas tout à fait au même stade dans sa vie…



Une plutôt bonne surprise dans l'ensemble. Maintenant, il ne me reste plus qu'à m'attaquer à ses nouvelles et à ses adaptations BD…
Commenter  J’apprécie          561




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Liu Cixin Voir plus

Quiz Voir plus

Compléter les titres

De Diderot : "Les bijoux …...."

volés
indiscrets
de la reine
précieux

15 questions
87 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}