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Critiques de Lorenzo Mattotti (73)
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Nell' acqua

Un très beau livre, tant sur le fond que sur la forme, qui fait la part belle aux amoureux de Mattotti. Dans cet ouvrage, on retrouve en effet un thème qui lui est cher puisque ses célèbres amants s'ébattent dans l'eau à chaque page. Et on en sait enfin un peu plus sur eux. Au fil des dessins, le peintre nous raconte leur histoire et leur amour. Les couleurs sont franches et le bleu laisse souvent la place à des couleurs plus chaudes auxquelles j'étais moins habituée chez Mattotti. On comprend mieux la démarche de l'artiste après cette lecture dont on ressort touché, inspiré et apaisé.
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Paroles sans papiers

Onze ans déjà que cette BD existe, et on pourrait sans doute refaire le même tome aujourd'hui. Ou un tome encore plus gore, plus désespéré, plus moralisateur aussi... Un tome qui enfonce les portes ouvertes, ou qui ne va convaincre que les convaincus...



Ce livre part d'un bon sentiment. Montrer les engrenages de l'immigration clandestine, les désespoirs humains, les enjeux individuels, étaler les souffrances, expliciter les choix des gens qui migrent, ou l'absence de choix, car migrer, ce n'est pas juste une partie de plaisir... C'est prenant. C'est souvent fort et ancré dans un quotidien sordide. C'est émouvant et cela prend pas mal dans les tripes.



Mais les bons sentiments ne suffisent pas.



D'une part, on ne touche que les convaincus. Je ne vois pas vraiment le partisan du FN acheter ou même feuilleter un tel tome. Et même, ce beauf bas du front pourra toujours prétendre que les clandestins, vu qu'ils sont illégaux, n'ont "que ce qu'ils méritent"... C'est un discours connu. A qui s'adresse-t-il alors, s'il ne fait rien changer? Voilà une bonne question.



D'autre part, le discours est souvent moralisateur. C'est bobo-gaucho (je signale que je fais partie de cette catégorie aux yeux de beaucoup). On sent le jugement moral. On voit souvent poindre l'idée que penser autrement est anormal.



Enfin, j'aurais aimé un livre avec davantage d'imagination de la part des auteurs. Seule la contribution de Frederik Peeters sort du lot avec une mise en page et une scénographie très imaginative. le reste est fort conventionnel (mention bien pour Cyril Pedrosa et Alfred aussi). Pas spécialement dénué d'intérêt, mais passe-partout.



Je trouve que ce genre d'ouvrage rate un peu sa cible. Personnaliser le discours en montrant des destins, de l'humanité, en faisant preuve d'empathie, c'est faire une bonne partie du chemin. Mais il faut aussi être capable de convaincre, d'aller chercher les indécis, de contrer les arguments des "anti"... j'en demande beaucoup? Peut-être, mais l'humanité est à ce prix.
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Dr Jekyll et Mister Hyde (BD)

On connaît l'histoire de cet honorable Dr Jekyll qui se transforme en Mr Hyde la nuit, un double diabolique de lui-même, attiré par les forces du mal.



La version que nous en offre Mattotti est étonnante. Son inspiration expressionniste nous livre les silhouettes torturées des personnages, sortes de masques grimaçants à la James Ensor, dans un univers cauchemardesque. Quelques scènes marquantes : les transformations de Jekyll en Hyde, les assassinats de femmes, les cauchemars de la fin… Une bande dessinée magnifique.
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Rites, rivières, montagnes et châteaux

Dessinateur italien vivant à Paris, Lorenzo Mattotti nous livre au sein de ce bel ouvrage cartonné un échantillon de dessins extraits de ses carnets.

Pas de texte ici, le lecteur-regardeur s’embarque pour un parcours dont des images de châteaux délimitent les séquences.



Parmi des paysages emportés dans le mouvement de leurs stries ou spirales, des personnages randonnent, ou bien un homme seul, sac sur le dos et décliné en neuf images proches et différentes, le noir et blanc côtoyant la couleur. Les paysages ne sont pas majoritaires dans le livre mais le dessin décliné à l’envi reviendra, comme on rumine un souvenir ou une songerie, tournant l’objet pour l’éclairer de couleurs et de traits changeants, donnant à la scène des aspects multiples, figures itératives d’une image fixe. Les lignes se tordent et les couleurs se mêlent, traversant des crayonnés mono ou multichromes.

Dans un enchevêtrement de gestes esquissés, d’étreintes fougueuses et obsédantes, des personnages surgissent des pages, corps féminins surpris, suspendus ou retenus par des mains-matières prédatrices, objets d’un désir auquel ils voudraient échapper, mais chacun ici interprète à son gré ce qu’il voit, passé au crible de son propre imaginaire.

De celui du dessinateur émergent aussi d’inquiétantes créatures humanoïdes aux extrémités griffues et portant de hautes coiffes pointues, dansant des danses sauvages aux allures rituelles. La violence sourd là où on ne l’attendait pas, couteau brandi du pli d’un rideau au détour d’une page. Et cet homme qui pleure, ses mains en jaillissement d’une fontaine de larmes.



Déambulation surréelle hors du commun, offrant souvent des images surprenantes ou dérangeantes, ce recueil dégage un puissant souffle poétique.

Lorenzo Mattotti est un passeur de rêves.
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Dr Jekyll et Mister Hyde (BD)

Quel bonheur de se replonger dans ce classique de la littérature de science-fiction ! Un des premiers du genre, après Frankenstein de Mary Shelley (que je viens de me procurer). J'ai lu ce roman il y a environ 25 ans (et là, ça pique sévère !!) quand j'avais une petite dizaine d'années et évidemment, je suis passée à côté de tout le côté philosophique de dualité.



Sans non plus faire un cours de philo, je ne peux pas chroniquer ce grand classique sans parler du duo "bien/mal" qui est un point essentiel dans cet ouvrage. Le Docteur Jekyll fabrique une potion qui lui permet de faire sortir le Mal en lui et le personnifier en la personne de Mister Hyde. Mais le Bien ne peut exister sans le Mal et inversement. La duplicité est obligatoire chez tout être humain pour exister dans notre société.



Le roman est construit sous forme d'enquête menée par le notaire du Docteur Jekyll. Il s’interroge sur le comportement étrange de son ami et sa nouvelle relation hideuse. En discutant avec les proches du Docteur, il va petit à petit dénouer le mystère. Le roman est très court et se lit plutôt vite. La traduction de la version du Folio Classique que j'avais entre les mains était très bien. Probablement différente de la version Folio Junior que j'avais il y a 25 ans !
Lien : https://www.loeildeluciole.c..
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Paroles sans papiers

Sur la couverture, aucun nom d'auteur. Juste ces trois visages barrés de baillons aux couleurs de la France, et le titre : Paroles sans papiers. Au dos, une affiche du collectif SOS Refoulement, qui date de 1980 : noires sur fond rouge, les silhouettes face à face d'un gendarme et d'un homme, et cette recommandation : « N'allez jamais seul à la police, photocopiez vos papiers. » Déjà en 1980…



L'album réunit neuf dessinateurs, chacun se chargeant de donner des images aux témoignages de neuf réfugiés, sans-papiers, immigrés, clandestins – quel que soit leur nom, neuf êtres humains qui évoquent leur trajet douloureux, de l'abandon en plein désert par des soldats marocains à la prostitution, des persécutions subies dans le pays d'origine aux peurs et vexations qui forment le quotidien de leur vie en France. Et on a beau avoir lu livres et articles en nombre, on se raidit devant les réalités qu'évoquent ces récits.



Les témoignages, nous indique-t-on, ont été adaptés par les directeurs de l'ouvrage, Alfred & David Chauvel, et Michael Le Galli. Mais la langue, elle, n'a pas été adaptée, et j'entends, dans les constructions maladroites et passionnées, tous ces accents que j'aime tant, et la vivacité d'une langue toujours en mouvement. Face à ces mots vrais, la laideur froide du langage officiel, car chaque récit est précédé d'une citation empruntée à l'un ou l'autre de « nos » hommes politiques.



Outre ces tranches de vie, l'ouvrage comporte des préfaces d'Emmanuelle Béart et du dessinateur José Munoz, et s'achève sur quelques pages de dossier à propos de l'immigration en France.



A mettre entre toutes les mains, ces paroles et images qui répondent à l'appel de Lucie Aubrac, cité en exergue : « Créer, c'est résister. Résister, c'est créer. »
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Docteur Jekyll et Mister Hyde

J'ai pas eu la force de finir le premier chapitre, mais je valide.

Je suis né dans le purgatoire du nord-est de la France, j'ai eu des parents bipolaires, et en prime assez intelligents pour tromper les flics, les psy et les juges. La psychose bipolaire est une horreur. Les psy baissent les bras, c'est des cas désespérés, et qui en prime savent s'incruster dans la médecine et autres métiers scientifiques.
Lien : http://punkcoders.free.fr/
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Paroles sans papiers

Publié en 2007.

Il y a eu 3 élections présidentielles depuis et donc certainement beaucoup de changement dans la législation. Mais je ne sais pas pourquoi, je doute que ce soit améliorer pour les personnes sans-papier.

Chaque témoignage est mis en image par un dessinateur différent, et chaque témoignage est une histoire unique. C'est intéressant, effrayant, glaçant parfois.



C'était il y a 15 ans, mais que sont ils tous devenus aujourd'hui ?
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Nell' acqua

Nell'acqua, c'est l'histoire d'un couple d'amoureux qui s'enlace sous l'eau. Un homme et une femme, nus, qui se caressent, s'embrassent, ne font plus qu'un, ignorants du monde qui les entoure. On ne distingue pas leur visage, ils pourraient donc être n'importe qui, protégés par l'eau.



A travers ces dessins, j'ai eu l'impression d'entrer dans l'intimité de ce couple, ce qui nous met, lecteurs, dans une position de voyeurs pas forcément agréable.



Un livre qui respire la volupté, la sensualité et l'amour. Dans des dessins parfois très colorés et aboutis, alors que d'autres sont comme des esquisses en noir et blanc où l'on distingue nettement les traits de crayon, de marqueur ou d'encre. Quelques mots accompagnent les dessins, comme une poésie.



Mattotti explore la répétition autour d'un thème unique mais avec des techniques artistiques différentes, les dessins sont en effet lancinants comme une obsession.

Un très beau livre complété d'une interview de Mattotti, dans laquelle il explique l'origine de ce thème et de sa méthode, issue de la pratique du carnet méditatif.



Remerciements à Babelio et aux Editions Casterman pour cette très belle découverte!
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Docteur Jekyll et Mister Hyde

Un livre qui a bouleversé mon adolescence!!! Si je l'avais abordé à reculons car il s'agissait d'une lecture scolaire imposée, cette histoire m'a suivie pendant très longtemps.

Elle a profondément bousculé mes préjugés sur le bien et le mal, l'ombre et la lumière qui composent chacun d'entre nous car finalement la frontière entre ces deux parties de l'être est souvent bien plus mince qu'il n'y paraît...

A lire à la lumière d'une bougie pour voir danser les ombres sur les pages ;-)
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Guirlanda

Je pense être passé à côté de quelque chose. Je suis très peu sensible à la poésie comme forme littéraire, et je crois que j'ai le même défaut en ce qui concerne le 9ème art.



J'ai aimé la voracité des courbes, la fulgurance des lignes, ce dessin à la plume aussi sauvage que sophistiquée mais je n'ai pas vécu la transcendance attendue. La faute au texte, peut-être, un peu naïf et forcément limitatif face à la profondeur onirique d'un dessin fantasmagorique.



J'ai pris plus de plaisir à feuilleter cet ouvrage et à me raconter mes propres histoires que de lire celle voulue par les auteurs.



Dommage ( pour moi).
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Guirlanda

Un conte initiatique servi par une plume stupéfiante.





L'histoire :



Guirlanda est une contrée lointaine, un écrin de verdure vallonné où vivent le peuple des Guirs. Un peuple de créatures anthropomorphes pacifiques et bienveillantes sous la protection d'un chamane. Son fils, Hippolyte, reçoit un jour une heureuse nouvelle : sa compagne, Cochenille, disparue depuis plusieurs jours, est allée vers la Lagune au nid, lieu de délivrance des guiresses enceintes.





Immédiatement, Hippolyte traverse des contrées peuplées de créatures extraordinaires afin de rejoindre sa dulcinée. Mais chemin faisant, il passe par le Mont Rauque et fait montre d'un tel manque de respect que la montagne tonne et provoque des bouleversements dans l'ordre paisible des choses. Notre héros et sa famille se lance donc sur des chemins périlleux en quête du cœur de la montagne ...

Mon avis :



Le livre en lui même est surprenant car la couverture en carton épais lui donne l’allure d'un joli carnet à dessin. Sans compter les belles feuilles ivoires qui le divisent.



Le trait est éblouissant, réalisé à la plume et à l'encre mais c'est normal Mattotti est un maître dans son domaine. Là il est d'une élégance et d'une finesse rare et même si on reconnait les ondulations spécifiques de l'artiste, sa légèreté, est une invitation au voyage.



Un voyage dans lequel on reconnait tantôt des contes et légendes d'autrefois, la mythologie et les mondes et personnages crées par d'autres auteurs : Fred et Moebius. Ce livre est un hommage qui leur ai rendu.



C'est un magnifique voyage qui nous est conté faite de rêves, d'hallucinations, d'onirisme, de poésie mais suffisamment bien construit pour qu'on ne s'y perde pas et vive totalement l'aventure à côté de notre héros. Les émotions sont intenses ; on passe du sourire à l'inquiétude. Le plaisir ne nous quitte plus même une fois le livre fermé. On aurait juste voulu que ça dure un peu plus longtemps !
Lien : http://depuislecadredemafene..
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Les Aventures de Huckleberry Finn : d'après l..

Je n'ai jamais lu Mark Twain.... et là, je me dis qu'il me manque quelque chose... Alors certes ce livre est une adaptation, m'ai j'ai beaucoup aimé ce côté Road Movie.

Et j'ai aussi été très étonnée de découvrir qu'il s'agit d'une réédition de la BD de 1978.... ouaouh ! J'ai adoré ce dessin et comme d'habitude je ne sais pas trop pourquoi, même si parfois je confondais un peu les personnages entre eux.

C'était une lecture très agréable.
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Lettres d'un temps éloigné

Plus je l'ai lu, plus je me suis enfoncé en moi-même. Alors je le relis de temps en temps.
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Les Aventures de Huckleberry Finn : d'après l..

Tout le monde connait plus ou moins les aventures d'Huckleberry Finn, le célèbre compagnon du non moins célèbre Tom Sawyer (je vous vois fredonner "Tom Sawyer, c'est l'Amériqueuuu pour tous ceux qui aiment la libertééééé", oui, oui , ne niez pas). Et bien ses aventures sont mises ici en images par Lorenzo Mattotti. C'est une republication, après 30 ans, en version colorisée.



Le choix du format à l'italienne colle bien aux planches de dessins, à l'histoire, au panorama que traverse Huck et son ami Jim, esclave en fuite, sur le Mississippi. Les couleurs, assez sombres, ocres, grises, un peu "sales" reflètent bien la boue, la poussière de l'ouest sauvage, le fleuve et ses abords. Au niveau du style de Mattotti, le trait capte parfaitement les dégaines classiques des personnages de l'Amérique miséreuse et rustre : barbes hirsutes, grandes bottes, pantalons et cache poussière informes et sales. Le trait peut paraître flou parfois mais il est mouvant, comme les eaux du Mississippi et j'ai ressenti cet esprit de liberté, dans le trait comme dans l'histoire, assez fortement. Ce n'est vraiment pas un style qui me parle, j'ai parfois même trouvé certains dessins "moches" mais l'ensemble est si cohérent que je n'ai pu qu'adhérer!



Je n'ai pas (encore) lu le roman donc je n'ai pas trop de point de comparaison même si je connais l'histoire "en gros". La difficulté dans l'adaptation d'un roman assez épais en BD est de trouver un rythme sans perdre la trame de l'histoire. Certains passages ont certainement du être omis volontairement, les auteurs étant limités par le format BD mais cela ne nuit en rien à la lecture ou à la compréhension. En ce qui concerne l'histoire en elle même, nous suivons Huck et Jim l'esclave, qui, épris de liberté, voguent sur le Mississippi à bord d'un radeau et affrontent les bateaux à vapeur, les chasseurs d'esclaves, deux familles qui mènent une véritable vendetta l'une contre l'autre (mais personne ne sait plus pourquoi), des charlatans fantasques férus de pièces de théâtre...



J'espère que cette BD pourra faire découvrir aux jeunes lecteurs (et aux autres!) un classique de la littérature américaine et susciter peut être l'envie de lire l'original. En tout cas, pour moi, c'est prévu!
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Dr Jekyll et Mister Hyde (BD)

Tandis qu’il ecrivait “Docteur Jekyll & Mister Hyde”, RL Stevenson soupconnait-il l’incroyable universalite de son recit ? Plus d’un siecle plus tard, le calvaire de Jekyll reste d’une brulante actualite.

Qui est Henry Jekyll ? Un savant brillant qui, a la maniere de Frankenstein, viole toute regle ethique pour faire avancer ses recherches. Si ses intentions sont louables, les consequences seront catastrophiques.

C’est aussi un homme prisonnier des conventions d’une societe puritaine. A trop reprimer ses instincts, il sera incapable de les controler quand il leur entr’ouvrira la porte.

C’est enfin un drogué. Au nom de l’experimentation, il se laisse entrainer dans la spirale de la dependance, jusqu’a en perdre son ame.

Autant de sujets de reflections: l’ethique scientifique et le danger de la trangresser, la dualite de l’homme, l’abus drogue qui, au lieu de liberer l’homme, l’annihile.

Adapter en BD cette descente aux enfers relevait de la gageure. Mattotti et Kramsky ont plus que brillamment releve le defi. Mattotti rend palpable le calvaire de Jekyll et la perversite de Hyde. Son dessin colle parfaitement a l'ambiance sombre de l'histoire. Il fait la part belle cette la zone d'ombre que Jekyll libere. Quant au rouge, omnipresent, il accentue encore la violence du recit.

Mattotti a parfaitement cerne les personnalites de Jekyll et Hyde. L'un est un homme conventionnel, soucieux de l'etiquette qui se fond de le moule de respectabilite. Mattotti traduit ces caracteristiques par un maintien impeccable, proche du statuesque. A l'inverse, Hyde est un pervers qui porte le mal en lui. Il apparait toujours en mouvement, tel un predateur a l’affut. Lors de l'ultime transformation, quasi surrealiste, Mattotti a exacerbe l’aspect organique de la metamorphose. Jekyll/Hyde n’est plus qu’un amas de chair bouillonnant, incapable de retrouver son ‘equilibre’.

Mon seul bemol concerne les phylacteres qui s’integrent mal dans les cases. Trop blancs, ils font l’effet de pieces rapportees. Un traitement a la Mack ou McKean, ou les textes se fondent litteralement dans le dessin, aurait ete plus approprie.

Ce “Docteur Jekyll & Mister Hyde” n’est pas une simple BD, c’est de la Bande Dessinee dans le meilleur sens du terme !
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Feux / Murmure



Ce tome regroupe 2 récits complets en bandes dessinées, et un entretien d'une demi-douzaine de pages avec Lorenzon Mattotti, conduit par Jean-Christophe Ogier, intercalée entre les 2.



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- Feux -

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Il s'agit d'un récit complet, indépendant de tout autre, décomposé en 6 chapitres. Il est paru pour la première fois en 1984. Il a entièrement été réalisé par Lorenzo Mattotti, un artiste italien.



L'état de Sillantoe est composé d'un archipel d'îles. Il a dépêché un navire militaire (l'Anselme) pour aller enquêter sur les phénomènes inquiétants se déroulant sur l'île de sainte Agathe. Le lieutenant Absinthe fait partie du premier groupe à débarquer pour une mission de reconnaissance. La nuit précédant l'expédition, il fait des rêves étranges où apparaît le symbole du feu. Lors de l'exploration il tombe nez à nez avec une étrange créature indigène. De retour sur le navire, il n'en dit mot à son supérieur. En son for intérieur, il ressent comme un attachement pour cette île.



Il est un petit peu intimidant d'ouvrir "Feux" qui a connu un écho retentissant lors de sa sortie, qui est classé parmi les chefs d'œuvre du neuvième art, qui a donné naissance au courant baptisé "bande dessinée picturale". Le lecteur se demande s'il va bien tout comprendre, sans même aller jusqu'à identifier les éléments narratifs novateurs.



L'intrigue s'avère très linéaire et simple. Le lieutenant Absinthe est en quelque sorte contaminé par quelque chose qui se trouve sur l'île. Son point de vue sur la nature de l'île s'en trouve radicalement modifié, ce qui l'oblige à appréhender autrement la mission de l'équipage, et à prendre parti pour l'île. De ce point de vue, il n'y a rien de très compliqué.



Les années ayant passé depuis 1984, la découverte des planches de Mattotti n''est pas traumatisante. Les lecteurs ont intégré dans leur esprit, que l'approche picturale dans la bande dessinée n'est pas unique, que certains artistes disposent d'une culture en peinture qu'ils sont en mesure de mettre au service de leur récit.



Les planches de "Feux" n'en restent pas moins saisissantes. Le temps n'a pas diminué la force de leur impact. D'un point de vue formel, Mattotti se plie à la composition de planche découpée en cases, en moyenne 6 par page, avec quelques dessins pleine page, essentiellement en tête de chapitre. Les images qu'il créée évoquent les peintres illustres de la fin du dix-neuvième siècle et du début du vingtième (par exemple Cézanne, Van Gogh, Picasso période Demoiselles d'Avignon, Edward Hopper). Certaines cases empruntent également des idées de compositions à Roy Lichtenstein, en particulier la façon de représenter les canons comme des objets géométriques, détachés de leur support.



Certaines cases prises hors de la trame narrative s'apparentent à une image abstraite, dont le sens ne peut se déduire qu'à partir des cases qui la jouxtent, pour identifier à quel élément figuratif cette composition géométrique appartient. Il ne s'agit cependant pas d'un exercice de style qui viserait à contraindre la peinture académique au cadre de la bande dessinée. Il s'agit bel et bien de raconter une histoire en exprimant au mieux les sentiments, les sensations et la vie intérieure du personnage par des images, le choix du mode de représentation étant asservie au récit.



Dans un entretien avec Jean-Christophe Ogier, Mattotti a dit de manière explicite que chaque case a été pensée, conceptualisée pour apporter quelque chose au récit. Ce besoin d'explication en dit long sur les réactions qu'a dû susciter l'ouvrage à sa sortie, tellement il sortait des normes de l'époque. Il explique également qu'il a écrit les textes après avoir conçu la bande dessinée. Là aussi, Mattotti utilise le langage pour servir son histoire. Il respecte syntaxe et grammaire. Il utilise des phylactères pour le dialogue, et il développe le flux de pensées intérieur du lieutenant Absinthe, créant ainsi une forme de poésie dans la façon d'appréhender les événements. Même dans la forme des phylactères, Mattotti insère du signifiant. Il a choisi des contours de phylactère en forme de polygones irréguliers, plutôt que les traditionnelles ellipses. Cet aspect induit une forme d'agressivité due aux angles, ce qui teinte les propos eux-mêmes parfois de brutalité, d'autre fois d'hésitation du fait de ce contour irrégulier.



Au-delà des références artistiques, la grande innovation de Lorenzo Mattotti est de donner une importance prépondérante aux couleurs, comme expressions des sensations et des sentiments. Les couleurs ne sont pas cantonnées au rôle reproduire la teinte réelle des éléments dessinés. Elles deviennent expressionnistes. Dans certaines pages elles prennent la première place, reléguant les contours des formes au second plan.



Les modalités picturales de narration confèrent un impact émotionnel inoubliable au récit, jusqu'à presqu'en faire oublier les péripéties et le thème. L'intrigue est donc très linéaire et très simple, avec ce lieutenant qui change de point de vue suite à une rencontre et qui assiste au conflit entre 2 parties (les militaires contre l'île) qui ne s'entendent pas. D'un côté l'armée est venue avec pour mission de civiliser les lieux ; de l'autre la force vitale de l'île ne se laisse pas dompter.



Toutefois, la formulation des réflexions issues du flux de pensée intérieure d'Absinthe ouvre la possibilité à une interprétation moins littérale des événements. Ces phrases indiquent que "les feux s'agitaient dans le noir et lui échauffent l'esprit". Absinthe écrit que " Cette nuit là, j'étais passé de l'autre côté… dans une région où les choses sont comme on les sent.". Plus loin, les soldats essayent de le ramener au monde normal, c'est-à-dire sur le navire. Absinthe est passé par une initiation qui a provoqué en lui une transformation, ou tout du moins un éveil, qui a changé sa façon de voir le monde.



Plus loin, il est dit qu'il avait tué pour défendre ses émotions et qu'il était incapable de distinguer la raison de l'instinct. Mais ces phrases ne permettent pas de déterminer la nature de ce changement, ou ce que ce nouveau point de vue lui permet de voir. Il faut alors que le lecteur lui-même considère autrement certains passages. Absinthe écrit encore : "Je ne t'envoie pas des mots, mais des signes. Observe les pendant que moi je les touche.". Il évoque également qu'il éprouve "de l'amour peut-être pour ces couleurs que je ne voyais plus depuis si longtemps".



Mises dans la perspective du caractère novateur de "Feux", ces 2 réflexions semblent s'appliquer à Lorenzo Mattoti lui-même, créant une bande dessinée se nourrissant de l'amour qu'il porte pour les couleurs, charge au lecteur d'interpréter ces signes de couleurs. À la lumière de ce rapprochement, cette œuvre peut être considérée à la fois comme la métaphore de l'initiation d'un individu à une idée, un point de vue, un mode de vie, une culture différente, et comme l'allégorie de la création d'une forme de bande dessinée rejetant les conventions établies qui veulent que le trait du contour asservisse les couleurs de la forme.



Cette interprétation semble validée par les dernières phrases du récit : "Je ne veux plus ces feux qui éclaircissent la nuit. Dans ma tête, je veux le jour.". Pour Mattotti, il n'y a pas de retour en arrière possible : Absinthe et sa nouvelle façon de voir les choses vont provoquer la ruine de ses coéquipiers. " Ces couleurs le brûlaient, toujours plus." : il est impossible d'oublier cette façon de voir. Les étranges personnages vus par Absinthe sur l'île sainte Agathe sont autant des muses que des divinités incarnant le destin : il est impossible de s'y soustraire. C'est une vraie profession de foi de l'artiste.



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- Murmure -

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Il s'agit d'une histoire complète et indépendante de toute autre, initialement parue en feuilleton dans un journal indépendant "La dolce vita". Les différents chapitres ont été regroupés en album en 1989. Le scénario est de Jerry Kramsky (nom de plume de Fabrizio Ostani), et les dessins de Lorenzo Mattotti. Il s'agit d'un récit de 42 pages de bandes dessinées.



Quelque part sur une grande plaine herbeuse battue par les vents, Murmure se réveille et voit 2 silhouettes au dessus de lui, 2 personnages à la peau bleue et aux formes bizarres qui s'appellent Hanz et Fritz. Ce sont eux qui lui donnent le nom de Murmure à cause de la manière dont il s'exprime. Son visage présente une grande trace rouge, comme une brûlure.



Hanz et Fritz se mettent à courir pour aller plus vite qu'un pétrolier qui navigue au loin. Ils croisent le sinistre pêcheur noir qui s'exprime dans un sabir évoquant un mélange de français, de latin et d'allemand. C'est un pêcheur de poissons-cerfs. La nuit arrive, Murmure et ses 2 compagnons se mettent à jouer aux cartes, en utilisant comme mise, les bandes dessinées d'une vieille collection.



Dans une interview, Lorenzo Mattotti a précisé le mode conception de l'histoire, ainsi que les intentions des auteurs. Il indique : "J'ai dessiné la nature et placé dans le décor deux petits personnages de gomme. [...] Il s'agit d'un récit découpé en courts chapitres comme autant de rêves. [...] Nous ne savions pas vraiment où nous allions. [...] Il n'était pas question de composer une histoire classique. Chaque fois que la piste d'une aventure se précisait, il nous fallait bifurquer pour aller nulle part. [...] Le personnage ne trouve rien, si ce n'est le vide, la solitude, l'attente. C'est un départ permanent."



Ainsi prévenu le lecteur sait qu'il s'agit d'une lecture exigeante, dans laquelle il devra s'investir pour interpréter ce qui lui est montré. "Murmure" a été réalisé après "Feux", en intégrant d'autres expériences professionnelles réalisées par Mattotti dans l'entredeux, en particulier des dessins de mode. Effectivement au départ, le lecteur nage dans l'expectative. Murmure s'éveille auprès de diablotins dont il est impossible de connaître la nature, il n'a pas idée de comment il est arrivé là et il n'est pas soumis aux contingences matérielles, si ce n'est le sommeil.



En termes d'intrigue, le lecteur est amené à suivre Murmure du début jusqu'à la fin, dans ses déambulations et découvertes, ainsi que dans ses souvenirs très partiels et ses réflexions. Il y a bien une forme clôture au récit. Néanmoins de nombreux événements relèvent du surnaturel ou de la fantasmagorie, comme une image dans un miroir déformant fortement la réalité, ou participant de l'inconscient du personnage.



En suivant les pistes données par Mattotti dans son interview, le lecteur peut dans un premier temps se concentrer sur les images, non pas comme une suite participant à une narration, mais pour leur valeur unitaire, détachée du récit. Page après page, le lecteur contemple des visions enchanteresses, oniriques ou sourdement inquiétantes, où la couleur est très présente, mais moins que dans "Feux". Quelques exemples : l'herbe en train d'ondoyer sous le vent en page 1, vu de dos et de loin Murmure se tenant la tête entre les mains en contemplant l'avancée de noirs nuages en page 2, les traits exagérés du visage de Safran en page 3, etc. Certaines images sont plus fortes que d'autres : les poissons-cerfs dans la mer, l'hôtel dans la lumière rougeoyante du soleil couchant, le soleil noir sur la façade de l'hôtel, sous le lierre, etc.



Comme dans "Feux", Mattotti réalise plusieurs cases s'apparentant à des œuvres d'art abstraites (ne prenant leur sens que dans le contexte des autres cases), ainsi la forme des nuages contre le ciel, une giclée de blanc sur une surface rouge, une coulée de rouge sur fond noir, etc.



Une autre manière d'aborder cet ouvrage est de l'aborder en suivant les conseils de l'auteur : lire un chapitre à la fois, comme autant de voyages différents, sans trop se préoccuper de l'itinéraire complet. Chapitre 1 - Le lecteur reste indécis devant le sens des éléments symboliques. Un pétrolier : l'image d'un long voyage maritime, mais il ne s'agit pas d'un voyage d'agrément. Cette impression que le récit est sous le signe de l'utile est confortée par l'image des 2 diablotins qui s'apparentent plutôt à l'insouciance de la jeunesse. Cette lecture opposant monde adulte et vestiges de l'enfance est confortée par Mattotti qui envisage cette œuvre comme son adieu à l'adolescence. Par contre, le symbole qui se cache dans les poissons dotés de bois de cerf reste impénétrable au regard des autres éléments de ce chapitre (et des suivants).



Dans le chapitre 2, Murmure pénètre dans une bâtisse évoquant aussi bien une forteresse qu'un foyer, et il fait face à la figure du père, puis à la figure de la mère. Là encore, la mise en situation évoque la position de l'enfance, observer son père avec crainte sans bien comprendre ses activités, éprouver le réconfort prodigué par la mère. Chapitre 3, Murmure est à nouveau confronté aux activités de l'inquiétante figure paternelle, sans réussir à établir un début de communication. Il est possible d'y voir l'opposition adolescente systématique et bornée.



Chapitre 4 - Il s'agit certainement du plus poignant car Murmure observe sa mère avec déjà une forme de détachement, en constatant que "elle mettait de l'ordre dans la cuisine comme seule une maman sait le faire". En fin de ce chapitre, il constate que "Il faut avoir couvert une certaine distance pour pouvoir se retourner sans se bercer de l'illusion que l'on peut encore revenir en arrière".



Chapitres 5 & 6 : une forme de réalité reprend ses droits. Le lecteur découvre des explications prosaïques sur la situation de Murmure, les marques sur son visage, le rôle de sa mère. Mais aussi, Mattotti réalise les pages les plus abstraites et les plus conceptuelles dans ces chapitres. Le lecteur de "Feux" pourra retrouver la flamboyance des couleurs, les formes abstraites, et la prise directe avec les éléments primordiaux de la nature (lave, vent, mer, terre).



Avec cette histoire, Lorenzo Mattotti ne refait pas "Feux", ne lui donne pas une suite. Par contre, il continue de construire sur la profession de foi que constitue "Feux", quant à l'importance prioritaire de la couleur dans sa façon d'aborder la bande dessinée. Il est possible de parler d'intrigue au travers de ces 6 chapitres, l'évolution progressive d'un personnage au travers d'épreuves de nature psychologique et même psychanalytique. Il est aussi possible d'isoler chaque chapitre comme autant d'unités, évoquant la vie intérieure du personnage, à chaque fois un état d'esprit différent aboutissant à une appréhension du monde différente, à des significations différentes, dont certaines indéchiffrables (les poissons-cerfs, l'avion). Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une aventure de lecture peu commune, enchanteresse, vaguement inquiétante, une redécouverte du monde qui nous entoure au travers de cet individu esseulé, rebelle et fragile.
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Attraper la course

Passage de relais entre l'art et le sport, "Attraper la course" témoigne de l'exposition dédiée à l'art de courir au Musée d'Angoulême. Lorenzo Mattoti y décline en une centaine d'œuvres des corps dans l'effort.







Sportifs seuls ou dans la mêlée, porteur de flamme ou joggeurs anonymes, travail en noir et blanc ou coloris flamboyants ... D'un bout à l'autre de l'album, le geste reste le même et pourtant Lorenzo Mattoti trouve le moyen de le sublimer à chaque page.









La participation de Maria Pourchet, sous forme de nouvelle, retrace le destin de deux sœurs que la course guide dans la vie. Elle nous offre un texte ardent et libérateur, qui rejoint avec bonheur le talent de Lorenzo Mattoti dans ses époustouflantes déclinaisons.



Au final, un bel album: énergique et vivifiant !
Lien : https://nahe-lit.blogspot.co..
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Attraper la course

Des 1ers mouvements aux grandes traversées (échappées ?) en passant par les accélérations, Lorenzo Mattoti tente de croquer les corps en mouvements, seuls ou en nuées, les muscles qui se bandent, les enjambées prodigieuses, les foulées envolées... L'art de courir par Mattoti, c'est une danse le nez au vent, sur le bitume ou dans la verdure. Un trait comme un souffle. C'est sublime. Et alors que la course est lancée, tandis que l'on tourne les pages à la poursuite de ces coureuses et coureurs en plein effort, une escale : une nouvelle inédite de Maria Pourchet ! Le rythme des dessins est brisé par celui de l'écriture de l'autrice, qui mérite que l'on s'attarde et que l'on ralentisse l'allure. Une écriture précise et cadencée. Une histoire de jumelles qui accordent leur souffle. Puis la course des dessins reprend et nous immerge. A la manière du paysage en pleine course. A la manière de la vie. C'est vraiment sublime.



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Les Aventures de Huckleberry Finn : d'après l..

Je ne connais pas l'auteur, qui semble avoir sorti plus de BD depuis cette œuvre de jeunesse. Par contre j'avais bien envie de lire celle-ci, BD s'inscrivant dans la continuité des aventures de Tom Sawyer dont j'ai entendu longuement parler enfant dans plusieurs adaptations différentes. Le personnage de Huck m'est donc connu mais je ne savais pas qu'il avait un roman à part, contant ses propres aventures dans l'Amérique du XIXe.



La Bd raconte une histoire assez peu pour enfant, puisqu'on découvre l'alcoolisme, la violence envers les enfants, les querelles de familles et les meurtres arbitraires. Et l'ensemble est franchement teinté du racisme ordinaire du vieux sud des Amériques, avec ce noir fuyant son esclavage en compagnie de Huck. Le récit explore la rivière du Mississipi que nos deux compères descendent en radeau, progressivement. En se posant à différents points au bord du fleuve, on découvre différents aspects de cette Amérique là. Entre les villages où des familles se détestent, des clochards mythomanes qui arnaquent les gens en vendant du rêve, les chasseurs de "nègres en fuite" … C'est franchement un beau morceau de connerie humaine qui défile devant nos yeux !

Le tout est traversé par Huck, enfant orphelin de mère et dont le père est un alcoolique violent. Son périple est avant tout un moyen d'échapper à l'école et à son éducation qu'il appelle "civilisation". J'aime bien le parallèle entre la proposition de civilisation qui agace le jeune homme qui aime la nature, l'extérieur et l'absence de règles, tandis que le monde civilisé s'oppose au monde Sauvage de ces blancs qui semblent presque tout cinglés.



Le gros hic que j'ai, c'est le dessin. Je ne sais pas si c'est dû à sa jeunesse, et je note que d'autres posteurs l'ont sacrément bien aimé, mais pour ma part j'ai trouvé ce côté très souple dans les corps assez dérangeant. Je pense que c'est principalement une question de goût. Pour moi, la représentation et la façon dont le dessin traite les corps me parait souvent trop artificiel et forcé, notamment lors des scènes de tensions. C'est dommage, parce que le récit est plutôt bon, mélange de jeunesse impertinente et de bêtises crasses. Amusant et choquant (sans doute plus qu'à l'époque), le récit est un bon rappel de ce qu'a pu être la vie en Amérique, bien loin des images d'Epinal des grandes villes que l'on a souvent en tête.
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