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Critiques de Louis Hamelin (36)
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Les crépuscules de la Yellowstone

Fasciné depuis l’enfance par les planches des ouvrages animaliers anciens, l’auteur a décidé de retracer la dernière expédition du grand naturaliste franco-américain Jean-Jacques Audubon : parti de Saint-Louis en 1843 avec pour guide le célèbre trappeur québécois Etienne Provost, le peintre ornithologue s’était lancé dans deux mille kilomètres de remontée du Missouri en bateau à aube, jusqu’à Fort Union qui, pendant quelques mois, lui servit de camp de base pour une gigantesque partie de chasse aux allures de massacre. Cent-soixante-quinze ans plus tard, alors qu’il nous relate cette aventure survenue dans des espaces alors encore préservés, Louis Hamelin entreprend lui aussi, mais en avion, le voyage jusque dans le haut Missouri : si les derricks de l’exploitation du pétrole de schiste ont remplacé les bisons, c’est toujours la même gloutonnerie humaine qui continue à dévaster ces terres…





L’aventure est au rendez-vous de ce récit, puisque remonter le Missouri à l’époque n’est pas une sinécure et qu’avec tous ses dangers, c’est une terre quasi inconnue qui s’ouvre aux visiteurs non-Amérindiens. L’Histoire que nous relate avec authenticité Louis Hamelin ne prête toutefois guère à rêver, car qui dit naturaliste au XIXe siècle ne doit pas penser ami de la faune et de son habitat, mais plutôt touriste bâfreur lâché sur le buffet des desserts : tout ce petit monde débarque en ce qui ressemble à une terre d’Eden tant les espèces y pullulent, pour y faire main basse et tuer sans vergogne, dans un répugnant carnage le plus souvent gratuit :

"Et les coups de feu qui visaient tous ces oiseaux étaient encore plus nombreux. Presque constamment environné d’un essaim de balles et de petits plombs, le vapeur était une forteresse flottante assiégée par la vie sauvage, pareille à un gros ruminant s’avançant sur le fleuve au milieu d’un nuage de moustiques. Le capitaine Sire avait raison : on se serait cru à Fort Alamo."

Nul n’a alors en tête qu’aucun puits n’est sans fond et qu’à force de jouer à la nuée de sauterelles, plus grand chose ne subsistera bientôt, ni des lieux - mises à part quelques zones protégées -, ni de leurs populations autochtones, hommes ou bêtes.





"Tout le monde connaît le fameux proverbe navajo, peut-être apocryphe, qui dit que nos actes doivent être évalués à l’aune des sept prochaines générations. Ça correspondait à peu près au temps écoulé depuis la dernière expédition d’Audubon. Le legs de sa génération, je l’avais sous les yeux."

Le constat est aussi amer qu’à frémir pour l’auteur qui revient sur les lieux moins de deux siècles plus tard : la grande prairie d’Audubon n’est plus qu’un lointain souvenir, remplacé par un décor d’enfer né de l’exploitation des schistes bitumeux. Pourtant désormais conscient des désastres et des destructions déjà irréversiblement commis, l’homme poursuit en connaissance de cause son grignotage de termite à l’encontre de la planète, gageant l’environnement et l’avenir de sa propre espèce contre une poignée de dollars, comme Faust avait vendu son âme au diable.





Epoustouflant récit d’une aventure historique qui fit partie de la conquête de l’Ouest américain, ce livre doux-amer, qui vient superbement rejoindre les rangs du nature-writing, est aussi une saisissante mise en perspective des radicaux impacts environnementaux de la cupidité humaine. Coup de coeur.


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Les crépuscules de la Yellowstone

Un roman biographique qui raconte une expédition de John James Audubon, un naturaliste réputé du 19e siècle avec en parallèle, l’odyssée de l’auteur qui écrit l’histoire.



Si vous ne connaissez pas Audubon, jetez un coup d’œil sur https://www.audubon.org/birds-of-america. Audubon est célèbre pour avoir dessiné et répertorié les oiseaux de l’Amérique du Nord et une « Société Audubon » continue de nos jours à publier des guides d’observation des créatures ailées.



Audubon n’a pas hésité à s’enfoncer dans l’Ouest, du Missouri aux confins de la rivière Yellowstone, pour recueillir des spécimens. C’était avant l’appareil photo, ses œuvres reposaient sur l’observation et sur la reconstitution des scènes. Il capturait un oiseau et tentait de donner une forme naturelle à l’aide de fils de fer, pour pouvoir le dessiner avec précision.



Lorsqu’on voit les magnifiques dessins d’Audubon, on pense à un amoureux de la nature, un écologiste avant l’heure. S’il aimait vivre et observer la nature, son comportement était loin de l’équilibre écologique. Pour dessiner les animaux, il avait avec lui une équipe de chasseurs qui tiraient sur tout ce qui bouge. Des cadavres de centaines de bisons pouvaient ainsi pourrir dans la prairie.



Et Audubon n’était pas le seul naturaliste chasseur. Plus une bête était rare, plus les naturalistes et les amateurs tenaient à l’ajouter à leur collection. Ils tuaient ainsi des dizaines spécimens d’espèces en danger, contribuant à leur extinction.



Pour écrire l’histoire, l’auteur raconte aussi comment il est allé aux États-Unis, tentant de retrouver les lieux traversés pas Audubon. Il a constaté que la région était devenue un champ pétrolifère…



Un roman qui mentionne beaucoup d’oiseaux, des listes de noms et des descriptions, il faut être amateur pour vraiment apprécier.

C’est aussi un roman instructif qui expose un pan de l’histoire américaine et montre l’évolution des mentalités face à la nature et à l’écologie.



(Et pour ajouter une note personnelle, je me souviens d’avoir visité le Jardin des plantes avec ma fille, mais devant la grande Galerie de l’évolution, elle m’a dit « Maman, je n’aime pas ça. Les animaux, là, ils ont tous été tués. ». Pour elle, c’était comme un grand cimetière, ça lui donnait envie de pleurer…)

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Autour d'Eva

Un drôle de roman, un mélange de caricatures et d’amour de la nature québécoise.



Si l’héroïne peut être attachante, les autres personnages sont des clichés : l’idole tombeur de femmes, le politicien corrompu, le p’tit gars du coin devenu un riche et avide promoteur, l’activiste écologiste professionnel, etc.



Le décor est aussi une caricature : une petite ville d’Abitibi qui s’appelle Maldoror (!!!), avec un journal local dont le seul rédacteur signe d’un nom différent toutes les chroniques, un lac avec des chalets, des animaux et surtout beaucoup de moustiques.



C’est en général assez amusant, mais connaissant la région, j’ai parfois eu envie de dire « Pousse, mais pousse égal! ». À coup de gelées tardives et d’insectes piqueurs, de citoyens naïfs et de village incestueux, on a parfois du mal à imaginer les bonheurs et les tragédies de réalité à travers les envolées humoristiques.



Un roman à lire pour un brin d’émotion face à la nature, pour les amours et les désillusions des protagonistes, et pour un bain de langue québécoise.

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Les crépuscules de la Yellowstone

« (…) plus d’un an auparavant, j’avais commencé à écrire cette histoire comme on s’avance sur un pont branlant jeté par-dessus un précipice de cent soixante-quinze années et de deux mille six cents kilomètres. » Après Gilles Havard qui retraçait le parcours des coureurs des bois francophones dans L’Amérique fantôme, Louis Hamelin a choisi de revivre le périple effectué vers le Haut-Missouri par John James Audubon, naturaliste et peintre animalier, en avril 1843. En partance de St. Louis, Missouri, le vapeur Omega transporte son lot de voyageurs et de chasseurs, dont la petite équipe d’Audubon, à laquelle s’est greffé le guide chevronné Étienne Provost, un « canayen » connaissant les langues amérindiennes et le territoire des plaines de l’Ouest.

Je m’attendais à retrouver dans ce récit des pages d’herborisation champêtre, mais c’est plutôt un carnage qui s’est déroulé sous mes yeux. Les coups de feu enterrent le chant des oiseaux, les tirs au canon provenant du navire ébranlent les oreilles des peuplades des rives du fleuve Missouri et les gueulades des chasseurs ivres font fuir les animaux. Ces hommes blancs ne passent pas inaperçus. « Presque constamment environné d’un essaim de balles et de petits plombs, le vapeur était une forteresse flottante assiégée par la vie sauvage, pareille à un gros ruminant s’avançant sur le fleuve au milieu d’un nuage de moustiques. »

Louis Hamelin ressuscite avec brio l’époque où se déroulaient ces voyages exploratoires entrepris dans un but scientifique. Il entremêle aussi, dans les traces d’Audubon et de ses tâtonnantes découvertes animalières, ses réflexions sur sa démarche d’écrivain ainsi que ses tristes constatations sur la disparition des espèces dans un XXIe siècle aux prises avec de bouleversants changements climatiques. Un autre très bel ouvrage qui pose un regard critique sur les déprédations humaines envers la nature.

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Les crépuscules de la Yellowstone

Que voilà un parcours intéressant, le périple de John James (Jean-Jacques) Audubon, l'auteur des magnifiques planches des Oiseaux d'Amérique, sur le Missouri et le Yellowstone, en territoire indien, en dessinant tout du long des espèces sauvages. Audubon, vieillissant, s'aventure en 1843, dans cette contrée mythique, accompagné du trappeur Étienne Provost dans l'espoir de garnir ses cahiers de dessins de quadrupèdes particuliers et d'oiseaux remarquables. Cela se fait dans des conditions qui ne sont pas toujours faciles. S'ils traversent des territoires indiens peu explorés, Audubon, son équipe, Provost et les chasseurs métis qui les accompagnent sont à l'affut des troupeaux de bisons. Les règles respectées dans une expédition naturaliste de l'époque sont à des années-lumière de celles d'aujourd'hui. Le contexte est plutôt celui d'un prédateur en chasse, ce qui anticipe le massacre qui suivra. Beau paradoxe. Mais, cela est magnifiquement raconté par un auteur qui, lui-même ornithologue, manifeste du respect devant le chant d'un oiseau et les lithographies réalisées par Audubon.



D'ailleurs, on accompagne également le narrateur dans sa démarche, ses souvenirs et sa visite des mêmes terres maintenant parsemées de puits de pétrole, la destruction se poursuit. Les crépuscules de la Yellowstone est un roman à nul autre pareil. L'auteur le qualifie de western écologique, c'est aussi un regard sur l'histoire du fait français en Amérique.
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Le joueur de flûte

Si Ti-Luc Blouin est si pressé de se rendre sur la côte ouest, c’est qu’il est à la recherche de son père, un écrivain américain mythique qui vit reclus dans l’île de Mère, au large de Vancouver. Mais il trouvera là bien plus que ce qu’il avait escompté. Hier encore le royaume de la forêt vierge, l’île est aujourd’hui le théâtre de vifs affrontements entre la multinationale qui détient les droits d’exploitation de la forêt et tout ce que l’Amérique compte d’écologistes et de militants

Un livre intelligent, formidable et drôle, qui se lit au pas de course.

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La constellation du lynx

Je vais partir avec un double handicap : vous parler d'un livre de littérature blanche et québécois. Vous ne le trouverez pas en librairie en France, toutefois les lecteurs ayant fait le saut du numérique pourront facilement trouver le livre en PDF.



Au Québec, nous nous souvenons en ce moment d'un évènement qui s'appelle la crise d'octobre. Je vous mets rapidement en contexte. C'est l'année 1970. Le Québec entre enfin dans la modernité en tournant le dos à l'Église et en commençant à s'intéresser à plusieurs -isme : féminisme, nationalisme, marxisme... Alors qu'ailleurs dans le monde, certains font la révolution à coup d'AK47, une frange du mouvement indépendantiste québécois franchit le Rubicon en prenant en otage deux hommes : un attaché commercial britannique (James Cross) et le ministre provincial du travail (Pierre Laporte). C'est le FLQ, le Front de Libération du Québec. Et les felquistes pondent des revendications tandis qu'ils se terrent quelque part. Le gouvernement provincial panique et se tourne vers le fédéral, qui a une réponse toute simple : imposer les lois des mesures de guerre, qui permettent aux forces de l'ordre de mettre en prison n'importe qui, sans avoir à se justifier. L'armée canadienne se déploie à Montréal. On finit par retrouver le ministre Laporte dans le coffre d'une voiture, mort étranglé. James Cross sera libéré plus tard contre la promesse que ses kidnappeurs puissent trouver refuge à Cuba. Je fais des raccourcis énormes, mais les plus curieux pourront en apprendre plus sur la page Wikipédia.



C'est un épisode marquant de l'histoire moderne du Québec. Au départ, les felquistes sont soutenus par les Québécois dans un mélange de fascination entre lutte sociale et romantisme fiévreux. La mort de Laporte détruit toute forme d'adhésion populaire. Mais les petits gars qui en sont arrivés à de telles extrémités ne sont pas des fils à papa qui s'ennuient : issus des quartiers miséreux de Montréal, ils sont véritablement animés d'une colère folle. L'Anglais, qui possède le capital et exploite les nègres blancs d'Amérique, est l'ennemi de classe. C'est viscéral. Le ministre Laporte n'est pas du tout l'agneau innocent sacrifié sur l'hôtel de la barbarie : il est à l'époque sous écoute téléphonique policière car il est en cheville avec des clans italiens du crime organisé. Sa mort arrange trop de monde en haut lieu. Et quand les droits civiques des Québécois sont suspendus pour que la police puisse mieux mener son enquête (alors que l'on apprendra plus tard qu'elle savait déjà où se cachait la poignée de felquistes), c'est tout ce que Montréal compte de chevelus, de barbus, de gauchisant, de pas comme il faut qui finira en prison, sans explication. Des pères et des mères embarqués sous les yeux des enfants, eux-même laissés à l'abandon, tout ça parce que papa était syndicaliste. Tout ça au Canada, le plus meilleur pays au monde.



Et donc, à l'occasion des 40 ans de cette crise d'octobre, c'est une avalanche de souvenirs qui nous tombent dessus. Car beaucoup d'acteurs de ce drame sont encore en vie. Les felquistes échappés à Cuba puis en France sont revenus au pays il y a bien longtemps. Certains y vont d'une biographie. C'est bien simple : tout le monde à une anecdote sur la crise d'octobre, même ceux qui n'étaient pas encore nés en 1970. Ils décrivent les felquistes tantôt comme des terroristes, tantôt comme des gamins perdus. La mort même de Laporte, gauchement étranglé, laisse la porte ouverte aux conspirationnistes.



La constellation du lynx de Louis Hamelin est une version totalement romancée des évènements. Pour bien montrer que ce n'est pas la réalité, l'auteur a changé les noms de tous les protagonistes. Il raconte, dans un désordre chronologique total, comment une bande d'étudiants réunis autour d'un prof universitaire flamboyant mènent l'enquête sur la tragédie à partir d'un tas de documents officiels ou officieux. Le récit est donc à plusieurs couches. On suit aussi bien les felquistes dépassés par la tournure des évènements que des acteurs secondaires de l'histoire. Louis Hamelin propose une vision de la crise, essaye de combler les trous de cette histoire, car elle est rempli de vide, cette rocambolesque période. En reprenant certaines déclarations contradictoires, en fouillant dans le merdier que tout le monde veut laissé enfoui, il se dessine une vérité toute subjective qui n'est pas moins intéressante que la version officielle. Et comme en plus, Louis Hamelin a une parlure riche et vivace, la virée dans la crise d'octobre est séduisante en maudit. Il avait 11 ans au moment des faits, il n'est donc pas empêtré dans des souvenirs déformés, c'est réellement une vision d'écrivain sur les choses.



Quelques années après cette agitation, le Parti Québécois a pris le pouvoir sous la houlette de René Lévesque. L'indépendance devait dès lors emprunter la voie démocratique. Pourtant, nous sommes en 2010 et le Québec n'est toujours pas un pays. Dès lors, la révolte de ces idéalistes prend un drôle de goût en bouche. Ils ont tort, mais l'Histoire s'amuse à ne surtout pas les contredire.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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Un lac le matin

Le 4 juillet 1845, Henry David Thoreau emménage dans une cabane sur le bord du lac Walden au Massachusetts pour lire, observer les animaux et s’adonner à la rêverie. Il rencontre un Canadien français, Alex Therrien, un homme simple, bûcheron et poseur de clôtures. Cette rencontre marque Thoreau car son ami illettré aime la nature et il vit dans le moment présent. ll n’a besoin de rien sauf de l’air frais qu’il respire. Thoreau passera deux ans, deux mois et deux jours dans sa cabane. Il reçoit des visiteurs et il rend visite aux siens lorsqu’il a besoin, entre autres, de faire laver son linge sale. Thoreau, en choisissant de vivre dans les bois souhaite surtout se confronter aux nécessités de la vie.



Il y a aussi le vécu de l’auteur qui entrecoupe les chapitres sur Thoreau. Ces incursions dans les années 2020 permettent au narrateur de constater l’urgence qu’il y a à préserver la planète par rapport aux changements climatiques et à la surconsommation. Le narrateur, en l’occurence Hamelin, essaye d’adopter certains éléments tributaires de la vie de Thoreau comme l’observation de la nature.



Mes impressions



Pendant la pandémie, j’ai changé ma façon de vivre. Je ne travaille plus, j’ai déménagé dans une petite maison (avant j’avais une immense propriété avec piscine creusée et maison d’invités), je vis sur le bord d’un lac et souvent, je m’assois pour observer les canards, le grand héron arpentant notre baie et mes jolies mélèzes se dandinant dans le vent. J’ai des mangeoires à oiseaux où défilent les gentilles mésanges, les possessifs geais bleus, les curieux cardinaux et les splendides gros-becs errants. Je crois fortement qu’il faut revenir à la simplicité volontaire, à ralentir le rythme fou dans lequel les gens sont entraînés, à prendre soin de notre planète car nous ne sommes que des «poussières d’étoiles». En ce sens, ce livre parle de ce que je viens d’énoncer. Comme il est mentionné : «Dans ce pays qu’on dit libre, les gens vivent comme des machines!» (p. 113)



Quel est notre rapport à la nature? Thoreau invite à l’observation et à vivre en symbiose avec elle. Ainsi, alors qu’il est sur un bateau durant la nuit, il sort son pipeau :



«Tandis qu’il improvisait un air, il eut l’impression de s’ouvrir à la vaste sympathie de la nature autour de lui. Les sons qu’il tirait de son instrument le rapprochaient de l’hirondelle et du granit, du ouaouaron et de la pruche, il était le parent de la moufette et du pourpier, de la larve de la phrygane et de la vaguelette sublunaire. La moindre aiguille de pin dans son élan vital lui manifestait plus de bienveillance que ses distants concitoyens. Non, il n’était pas seul, et encore moins étranger au Walden.» (p.68-69)



Vous l’aurez compris, ce livre regorge de magnifiques citations sur la nature. J’ai, en ce sens, pris le temps de le savourer. Comme le relève Thoreau à son ami :



«Le temps, Waldo… c’est la rivière dans laquelle je pêche». (p.224).



Ce livre n’est pas un plaidoyer pour revenir à un mode de vie ancien. Il se veut plutôt un appel à prendre conscience, par exemple, du bruit tributaire des «bébelles» de notre quotidien (je peux citer les nombreuses motomarines, les bateaux aux moteurs puissants, les pontons, etc. sur le lac et qui polluent autant par l’essence et l’huile s’échappant dans l’eau que par leur brouhaha). Je ne comprends pas cette autre folie à arpenter les lacs à toute vitesse…Et que dire de la ville? Je vous laisse y réfléchir…



À l’image du narrateur vivant dans une banlieue au milieu de «maisons toutes pareilles» et des «automobiles que l’on trouve partout», il faut prendre le temps d’observer, malgré tout, un faucon venant se poser pour manger un oiseau et après, le regarder prendre son envol pour rejoindre Thoreau. Qui sait?



Je vous invite à lire ce roman si vous avez envie d’en apprendre un peu plus sur Thoreau et son mode de vie axé sur la simplicité volontaire.



https://madamelit.ca/2023/10/23/madame-lit-un-lac-le-matin-de-louis-hamelin/
Lien : https://madamelit.ca/2023/10..
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La constellation du lynx

La brique est terminée depuis quelques jours et je suis encore incapable d'en parler de façon très cohérente. le roman lui-même manque un peu de cohérence, à mon goût du moins... D'ailleurs est-ce bien un roman? On reconnaît le genre à quelques ficelles un peu grosses au demeurant : l'histoire d'amour ou encore la rencontre improbable de l'enquêteur-narrateur avec un des protagonistes du FLQ au hasard d'un voyage dans le sud. Aussi, pour déguiser son essai en roman, l'auteur à pris le soin de changer les noms des protagonistes et ceux de certains lieux mais, la correspondance est claire pour qui connaît un peu les faits ou, au pire, avec l'aide de Google, on y retrouve assez facilement ses petits: un mal sans doute nécessaire mais qui a ajouté inutilement un peu de confusion dans mon esprit mal préparé. L'auteur est bien documenté et intelligent de façon évidente. Il semble écrire facilement et je retiens de lui d'abord les trouvailles de ses images décapantes. le revers de la médaille, c'est qu'il y en a tellement que ça en devient fatigant; un tic d'écrivain, un peu dérangeant. Dérangeant aussi le parti pris de l'auteur et la succession des chapitres dans un ordre dont je n'ai pas compris la logique et qui ont limité ma compréhension de la chronologie; certains passages m'ont carrément paru hors contexte et la démonstration, si c'est bien ce que l'auteur voulait faire, n'est pas sans quelques manques. Je reste donc avec l'impression qu'une bonne partie du propos m'est passé au dessus de la tête et je ne sors pas de la lecture avec une compréhension claire de cet épisode si important pour le Québec. Néanmoins, je me sens un peu moins ignorante, avec une opinion encore confuse mais peut-être... à un niveau supérieur.

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Les crépuscules de la Yellowstone

Comme j𠆚i aimé ce livre. Aimé? Le mot est faible. J𠆚i adoré.

Le roman tourne autour de l𠆞xpédition de 1843 du célèbre naturaliste John James Audubon, qui cherche à compléter sa collection de quadrupèdes vivipares pour son prochain livre. Audubon descend le Mississipi sur un grand bateau à aube de l’époque, puis la Yellowstone accompagné du célèbre trappeur canadien Étienne Provost. C𠆞st un livre envoûtant, qui me hante encore après 24h. ... la plume de Hamelin nous convie au spectacle d’une nature extraordinaire, riche, au cœur d’un territoire mythique qu𠆞st l’ouest américain, où l’on assiste impuissants au carnage que nous connaissons aujourd’hui: massacre des bisons, destruction des habitats, agonie des peuples autochtones, avec en filigrane Audubon, qui justifie ces carnages en prétextant l𠆚vancement des sciences naturelles. Le pire c𠆞st que ce sera le cas! Les livres d𠆚udubon auront grandement contribué aux connaissances de l’époque.

En parallèle nous suivons l𠆚uteur, qui reconstitue le fil des événements et ira jusqu’à tenter de suivre la trace d𠆚udubon jusqu’à Yellowstone.

Brillamment écrit, il s𠆚git certainement d’un grand coup de cœur pour moi, et j𠆚ttend avec impatience les deux autres livres sur le même thème qui devraient suivre.



Il est vrai que la plume est littéraire, pour certains c𠆞st plus ardu à lire. Mais pour tout amateur d’histoire, de nature, et de roman bien construit, c𠆞st un must. Un grand roman !
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La constellation du lynx

Dans cette extraordinaire fresque, premier grand roman sur la crise d'Octobre, Louis Hamelin réinvente l'histoire du terrorisme au Québec et fait le portrait, souvent très drôle, d'une société entre deux époques. Roman historique ? Polar ? Thriller politique ? Tout cela et bien plus encore!



Polar historique que l'auteur situe dans le Québec des années 70. Son intrigue s'appuie sur un fait réel : l'enlèvement et l'assassinat du ministre du travail de l'époque, Pierre Laporte.

Louis Hamelin aura passé huit ans à mener ses recherches. Ce travail de longue haleine nous entraîne au cœur de l'histoire trouble et oubliée du Québec du Front de libération.

Un roman puissant, remarquablement bien écrit.

En 2011, La Constellation du Lynx remporte successivement le Prix littéraire des collégiens, le Prix des libraires du Québec, le Grand Prix littéraire de la Presse québécoise et le prix Ringuet.
Lien : https://collectifpolar.com/
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La constellation du lynx

10 Octobre 1970, début de la "Crise d'octobre", j'avais 21 ans depuis trois jours et mes hormones étaient plus éveillés que ma conscience politique. N'empêche que je me souviens de cette époque et de son impact sur la société québécoise et sa politique. Depuis quelques années le Québec était entré dans ce qui fût appelé la Révolution Tranquille, qui parmi ceux qui ont vécu cette époque, ne se souvient pas du :"Maîtres chez-nous " de Jean Le sage.



C'est dans tous ces souvenirs que la lecture de La constellation du lynx m'a plongé. Louis Hamelin aborde ces événements d'une façon originale et en tire des conclusions qui en valent bien d'autres. Sa présentation des membres du FLQ est bien loin de l'image très sombre dont on nous avait abreuvés à l'époque. Ici ils ont plutôt l'air d'une bande d'idealistes exaspérés mais très peu organisés, pas entraînés, mal équipés et un peu beaucoup naïfs. Les personnages politiques n'ont pas l'air très brillants non plus et jusqu'à René Levesque qui est dépeint sous un jour pas très flatteur. Quant aux policiers, militaires et autres espions, ils sont les méchants de l'histoire et semblent beaucoup plus aguerris que nos supposés terroristes et surtout infiniment plus retors et machiavéliques.



J'ai bien aimé la lecture que fait l'auteur de cette époque et des événements même si au début j'ai trouvé l'ordonnancement des chapitres un peu déroutant mais une fois habitué le livre se lit très bien surtout si on est familier avec les expressions québécoises.



C'est mon prémier roman de cet auteur et C'est certain que je lirai d'autres ouvrages de cet auteur à l'imagination fertile , à l'humour intéressant et à la belle plume agile et efficace quand il s'agit de tordre un peu les expressions populaires pour leur donner un autre sens, il sait très bien jouer avec la langue.

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La constellation du lynx

Les « événements d’octobre » 1970 ont marqué le Québec : des prises d’otages se sont soldées par la mort d’un ministre, les mesures de guerre ont suspendu les libertés civiles, etc. Des tels bouleversements laissent des traces et comme l’assassinat de Kennedy aux États-Unis, ces émotions nourrissent les rumeurs et sont la source de bien des légendes. C’est de cet univers que traite la « Constellation du lynx » dans une version romancée. Pour les Québécois qui ont connu l’époque, un des défis de la lecture est de tenter d’en rattacher les différents personnages du roman aux protagonistes réels de ce drame.



L’ensemble du texte est un peu un fouillis de flash-back, d’anecdotes et d’imaginaire qu’il n’est pas toujours facile de suivre. On lira ce texte pour retrouver l’effervescence d’une époque pas si lointaine…

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Autour d'Eva

Une fable écologiste et politique aussi brillante que jouissive qui n'épargne personne.
Lien : http://www.lapresse.ca/arts/..
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La constellation du lynx

Un roman magistral sur les événements ayant mené à la Crise d'Octobre en 1970 au Québec. Par de courts chapitres percutants, Louis Hamelin revisite les faits avec des personnages, certains fictifs d'autres réels mais au nom d'emprunt, qu'on peut tout de même clairement associer aux protagonistes de l'époque. Un auteur que je viens de découvrir qui m'a sidérée par son écriture autant érudite que bâtarde.
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La constellation du lynx

Si ce livre ne vous jette pas sur le cul, vous n'êtes pas Québécois!
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Autour d'Eva

Autant j’avais aimé son précédent roman, La Constellation du lynx (2011),

autant je n’ai pas aimé celui-ci de 2016. Que c’est-il passé? De facture bien plus légère que La Constellation du lynx, vous détesterez tous les personnages, sans aucune exception. Ils sont différents que selon où ils se trouve dans la « chaîne alimentaire animale ». Car la vision de l’humain dans ce livre y est vu comme tel, juste un peu plus crosseur ou individualiste qu’un autre… ouf! qu’elle vision réductionniste.

La meilleure critique de ce livre, qui le décrit le mieux, je l’ai retrouvé dans le Blogspot de Yvon Paré (https://yvonpare.blogspot.com/2016/12/hamelin-dresse-un-portrait-sombre-de-la.html), qui m’était inconnu.

Bon, à moins que ce soi dans le cadre d’une analyse littéraire, dans un contexte de Lettres, je vous inviterais à vous diriger (lire) vers son roman de 2011 au lieu de celui d’Autour d’Éva.
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La constellation du lynx

Première question: Est-ce que la reconstitution des faits par l’auteur de La constellation du Lynx est plus crédible que la «Version officielle»?



Réponse: Oui, et ceci sans aucune incertitude.



Deuxième question: L’auteur a-t-il raison de trouver cette «Version officielle» bourrée de trous et d’invraisemblances?



Réponse: Oui, tout à fait!



Troisième question: Est-ce que l’auteur est toujours dans la rectitude quand il affirme que les machinations du pouvoir et des forces de l’ordre ont joué un rôle beaucoup plus important dans cette affaire que ne le reconnaissent les ex-felquistes et les autorités?



Réponse: Oui, assurément, voire: ben voyons donc tabarnak!



S, ancien de la GRC (S & I)



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Bien avant Louis Hamelin, il y a aussi Giles Blunt, un ontarien, qui a bien résumé l'affaire dans

The Delicate Storm (2002) / Sous un ciel de tempête / (2004).
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La rage

Excellent roman dont le titre dit tout. Certains trouveront peut-être le style lourd, mais pas moi. Il s'agit d'une lecture obligatoire pour quiconque veut comprendre la littérature québécoise des années 1980 et la nouvelle générations d'auteurs qui émerge à cette époque.
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Les crépuscules de la Yellowstone

J'avais un avis d'abord mitigé sur ce roman. Je trouvais le style trop "scolaire". L'auteur restait dans les faits et ça ne me permettait pas d'en apprendre plus sur la personnalité de protagoniste (que j'avais de la difficulté à différencier à un certain point). Par contre, l'auteur explique aussi sa démarche dans des chapitres dispercés au cours du roman. Je dirais que l'un de ses segments à changer ma perception ver le 3/4 puisque l'auteur parle de ses difficultés face à ce projet. Je trouve d'ailleurs que sa vision est plus assumé par la suite et donne un meilleur rythme. C'est dommage que ça arrive si tard dans le livre par contre!
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Quel est le nom du roman de Marie NDiaye qui lui a valu le prix Goncourt en 2009 ?

Alabama song
Trois femmes puissantes
Les Heures souterraines
Trois jours chez ma mère

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Thèmes : Femmes écrivains , femmes , HéroïnesCréer un quiz sur cet auteur

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