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Citations de Louise Erdrich (880)


On a survécu à la variole, à la carabine à répétition, à la mitrailleuse Hotchkiss et à la tuberculose. A la grippe de 1918 et à quatre ou cinq guerres meurtrières sur le sol américain, et c’est à une série de mots ternes que l’on va finalement succomber ?
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Comme à chaque changement de saison, Thomas donna une pincée de tabac à son père et lui réclama l’histoire de son nom. Cette histoire les liait l’un à l’autre puisque Thomas avait reçu pour nom de famille le prénom que portait son grand-père. Le vrai Wazhashk, l’originel, était un petit rat musqué.
« Au commencement, dit Biboon, le monde était recouvert d’eau. Le Créateur convoqua les meilleurs plongeurs parmi les animaux. Il envoya d’abord Pékan, la martre pêcheuse, qui était le plus forte d’entre eux, mais celle-ci remonta, en manque d’air, sans avoir trouvé le fond. Ensuite ce fut le tour de Mang, le plongeon huard, qui plongea comme plongent les huards.
(…) En dernier vint l’humble rat musqué, à l’appel du Créateur. Wazhashk. Le petit animal plongea. Il partit longtemps, très longtemps, puis son corps remonta à la surface. Il s’était noyé, mais une de ses pattes était fermée. Le Créateur ouvrit les doigts palmés et vit que le rat musqué avait rapporté un tout petit morceau du fond. Du contenu de cette patte minuscule, le Créateur tira la terre entière. »
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Il est difficile pour une femme de reconnaitre qu'elle s'entend bien avec sa mère - curieusement, cela parait une forme de trahison , du moins c'était le cas chez d'autres femmes de ma génération.
Afin d'entrer dans la société des femmes , d'être adultes, nous traversons une période où nous nous vantons fièrement d'avoir survécu à l'indifférence de notre mère, à sa colère, à son amour écrasant ,au fardeau de son chagrin, à sa propension à picoler ou à ne pas toucher à une goutte d'alcool, à sa chaleur ou à sa froideur, à ses éloges ou à ses critiques, à ses désordres sexuels ou .à sa dérangeante transparence . Il n'est pas suffisant qu'elle ait transpiré, enduré les douleurs du travail pour donner naissance à ses filles en hurlant ou sous anesthésie totale ou les deux. Non . Elle doit être tenue pour responsable de nos faiblesses psychiques pour le restant de ses jours.
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Je suis resté sur le seuil envahi d'ombre, pensant avec mes larmes. Oui, les larmes peuvent être des pensées, pourquoi pas ?
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J'alignais les mensonges, et cela me venait naturellement comme autrefois l'honnêteté.
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Comment expliquer ce coup de fusil? Il aurait voulu cesser d'exister pour recommencer à tirer, ou à ne pas tirer. Mais la plus difficile, la meilleure, la seule chose à faire, c'était de rester en vie. De vivre avec les conséquences, au sein de sa famille. D'assumer la honte, même s'il étouffait sous son poids nauséabond.
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Les autres parurent indécis. Dans la langue ojibwé le mot n'existe pas dans le même sens - il y a l'amour par compassion, l'amour par bonté, l'amour qui est particulier aux situations ou au monde des pierres, qui sont vivantes et dénommées nos grands-mères. Il y a aussi l'amour mesquin et cupide que les Blancs appellent l'amour romantique. Cet amour du Christ, cet amour qui avait choisi Agnès et l'avait forcé à renoncer à sa nature de femme, avait forcé le père Damien à paraître sacrifier les plaisirs de la virilité, était impossible à définir en ojibwé.
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Quand je regarde la ville à présent, qui s'amenuise sans grâce, je pense qu'il est bien étrange que des vies aient été perdues pour qu'elle soit créée. Il en va de même pour toutes les entreprises désespérées auxquelles sont mêlées les limites que nous posons sur cette terre. En traçant une ligne et en la défendant, nous semblons penser que nous avons dominé quelque chose. Quoi ? La terre engloutit et absorbe même ceux qui réussissent à bâtir un pays, une réserve.
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C'est une femme agréable, à la mâchoire carrée, aux cheveux brun clair et aux yeux bleus, une femme dans les trente-cinq ans, bien plus jeune que moi, le genre de mère qui se propose pour surveiller la récréation ou élaborer les projets artistiques de l'école élémentaire. Le genre à militer en faveur de la sauvegarde des sites historiques et des emprunts obligataires pour financer les écoles. Je connais ce genre-là. Je m'y suis essayée. Ma mère aussi. Mais notre fascination pour les choses de la vie, ou plus précisément, la seconde vie des choses, nous a toujours mises en marge.
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Il avait conscience de sa jalousie. Il savait qu'il voulait Irène tout à lui. Ils avaient tous deux été élevés par une mère célibataire, et le lien, qui les unissait n'avait d'abord pas fait de doute- leur rôle l'un envers l'autre serait autant celui de parents que d'amants. (p. 60)
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Et voilà ce que je n’ai pas compris à l’époque, mais que je comprends aujourd’hui – la solitude. J’avais raison, dans cette histoire, il n’y avait que nous trois. Ou nous deux. Personne d’autre, ni Clemence, ni même maman, ne se souciaient autant que nous de ma mère. Personne d’autre ne pensait à elle jour et nuit. Personne d’autre ne savait ce qui lui arrivait. Personne d’autre ne voulait à tout prix autant que nous deux, mon père et moi ,retrouver notre vie. Revenir au Temps d’Avant.
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Je me suis allongé par terre, j'ai laissé la peur me recouvrir, et essayé de continuer à respirer pendant qu'elle me secouait comme un chien secoue un rat.
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Les femmes indiennes, quel que soit leur pourcentage de sang indigène, choisissent très soigneusement les hommes avec qui elles ont des enfants, pas seulement à cause des gènes et tout ça, mais pour des questions d’appartenance tribale et d’avantages accordés par le gouvernement, en vertu des traités, qui peuvent aller jusqu’à la priorité pour l’entrée à l’université. Avoir des enfants, c’était la grande affaire.
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On ne se remet pas de ce qu'on a fait aux autres aussi facilement que de ce que les autres nous ont fait.
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«  Le coup de l’aïeule honteuse était un autre cliché .

Quand j’ai demandé à quelle tribu elle appartenait , Flora est restée vague.
Les Ojibwés ou les Dakotas ou les Ho- Chunks —— elle n’avait pas fini ses recherches .
J’étais à peu près sûre qu’elle avait trouvé la photo dans la poubelle d’une brocante , même si elle prétendait avec insistance qu’on la lui avait donnée , puis qu’elle en avait «  hérité », …..
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-Et ta mère, elle est toujours vivante ?
- Je ne sais pas si elle a jamais vraiment été vivante.
Aujourd'hui en tout cas elle est morte.
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Pendant toute ma vie, jamais je n'ai cru aux mesures humaines. Nombres, temps, centimètres, mètres. Rien que des trucs pour rabaisser la nature. Je sais que le grand plan du monde dépasse ce que notre cervelle est capable de comprendre, alors je n'essaie pas, je le laisse simplement entrer. Je ne crois pas qu'on puisse dénombrer les créatures de Dieu. Je ne laisse jamais les agents recenseurs des États-Unis passer ma porte, même s'ils disent que ça profite aux Indiens. Bon, vous pouvez me citer. Moi, je dis que chaque fois qu'ils nous ont comptés, ils ont su le nombre exact dont ils avaient à se débarasser.
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« Je parle de notre propre religion, celle de notre tribu, poursuivit Louis. Nous sommes reconnaissants d'avoir la place que nous avons dans le monde, mais nous n'adorons personne au-dessus de... » Il montra par la fenêtre le ciel qui s'assombrissait, les nuages pétrifiés, le soleil qui se dissolvait en s'y abîmant.
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Or vif sur fond vert, luisantes sous les trombes d'eau, les feuilles matelassaient les sentiers des bois.
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Et puis il y avait ça, aussi : le sénateur avait demandé à chaque témoin son degré de sang indien. Et le plus drôle, c'est qu'aucun ne le savait vraiment. Personne n'avait donné de chiffre. Ils ne faisaient pas tellement attention à ça et, à vrai dire, Thomas lui-même n'avait jamais décortiqué son ascendance déterminé qui, parmi ses ancêtres, était un quart indien ou moitié ou trois quarts ou pure souche. IL connaissait personne qui l'ait fait.
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