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Critiques de Louise Mey (601)
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Petite Sale

En 1969, Catherine travaille pour Monsieur, comme presque tout le village. Pauvre et insignifiante, elle est au bas de l'échelle sociale. Quand la petite fille de Monsieur disparait, Catherine est la dernière à l'avoir vu.

Dans une campagne française d'une autre époque où la modernité n'est pas encore arrivée, ce récit montre la réalité brutale qui régit cette vallée où c'est Monsieur qui décide de tout. Une hégémonie remise en cause par l'enlèvement de sa petite-fille. Avant même l'intrigue policière, ce qui fait le cœur de ce roman, c'est la description de cette société où règne la domination de classe et la misogynie. Un endroit où les femmes n'ont pas besoin de faire d'étude et ne sont bonnes qu'à satisfaire les désirs des hommes. Un endroit où tous doivent obéir à Monsieur.

J'ai beaucoup aimé cette histoire même si j'ai vite compris les tenants et aboutissants de l'enlèvement. Mais l'essentiel est ailleurs, dans cette description d'une société où la liberté n'existe pas, mais dont certains cherchent à s'affranchir. On se rend compte que même les policiers parisiens sont englués dans cette pensée misogyne ("jamais une femme ne ferait çà à une mère") coincés dans des idées toutes faites qui leurs donnent toujours un temps de retard.

Un roman vraiment bien mené à l'intrigue prenante.
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Petite Sale

Ce roman noir nous ramène une cinquantaine d'années en arrière. L'année 1969, dans la France rurale.



Catherine, la petite sale, puisque c'est d'elle que l'on parle dans ces termes et dont le roman porte le titre, est employée au Domaine. Elle est invisible mais elle est partout, ce qui a l'air de lui convenir. Alors, quand Sylvie, 4 ans, la petite fille de Monsieur Demest, le grand patron, disparaît, Catherine, qui est la dernière personne à l'avoir vue, va devoir répondre à quelques questions.



Un gros propriétaire terrien qui emploie une bonne partie du village et tient les gens dans ses serres, un peu comme le Seigneur régnait sur ses serfs, des personnes qui se méfient et ne parlent pas aux étrangers, difficile dans ses conditions pour les gendarmes et le duo de policier parisiens de faire avancer l'enquête, d'autant plus que les moyens disponibles en 1969 ne sont pas les mêmes que de nos jours.



J'ai bien aimé l'ambiance de la fin des années 60 dans la ruralité qui imprègne ce roman et j'ai trouvé un intérêt teinté de nostalgie à me plonger dans cette période. La mise en avant de la différence des classes sociales, le mépris des riches envers les pauvres, leur supériorité écrasante, sont bien traités et rendus.



"Et de manière brouillonne, il pense qu'être riche, c'est avoir le luxe de décider devant qui on doit avoir honte".



Par contre, j'ai trouvé parfois quelques longueurs et le roman vaut plus pour l'aspect sociologique que pour son côté polar.





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La deuxième femme

Sandrine, complexée depuis l'enfance, qui se trouve pas désirable, est tombée raide dingue d'un homme rendu inconsolable depuis la disparition de sa femme...



Un homme qui semble également fou amoureux d'elle et qui va lui laisser une place dans sa vie et dans celle de son fils.. Sauf que la vérité est un peu différente. et que la première femme va revenir , totalement amnésique et que cette réapparition va dévoiler des vérités pas bonnes à entendre...



Alors que les violences conjugales et interfamiliales explosaient pendant le confinement, ce roman très psychologique de Louise Mey nous explique de plus près ce qu'est l'emprise et la domination masculine sur les femmes .



Manipulations et violences conjugales dans ce thriller psychologique, de très haut niveau, documenté et extremement bien construit- les modes de narration se mélangent et les voix intérieures de Sandrine viennent interférer avec le récit



Une intrigue particulièrement retorse machiavélique, pour un thriller particulièrement réussie d'une auteur qu'on découvre avec cet excellent roman !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La deuxième femme

Terminer cette année tumultueuse par un bon livre console de tout!

Ce roman noir est un aimant qui vous tient vissé du début à sa fin.

Encore un livre sur le feminicide, ! Combien faudra- t- il encore en écrire et en lire pour que cesse cette barbarie abominable?



Sandrine vit avec l' homme qu'elle a vu pleurer à la télé, quand sa femme a disparu.. Elle se voue corps et âme à cet "'homme qui pleure" et qui l'aime. Elle l'entoure lui et son jeune fils d'un amour généreux.



Quand sa première épouse refait surface, atteinte d'amnésie .. Tout explose !



Le phénomène d'emprise est finement décrit et analysé.

Les flics pour une fois sont là, et plus que parfaits !

A lire, à partager.



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Petite Sale

J’aime beaucoup les romans de Louise Mey, toujours impeccablement écrits, passionnants et édifiants. Il paraît que c’est la spécialiste du polar féministe.

Peut-être, c’est surtout une autrice formidablement efficace, qui se renouvelle à chaque roman.

Nous sommes en février 1969, dans la campagne boueuse, au nord de Soisson. Monsieur dirige un domaine figé dans le temps d’avant la révolution industrielle. Tout est hiérarchie, tout est patriarcat, toutes et tous appartiennent à Monsieur. On cultive surtout la betterave sucrière, on élève des chevaux. Une terre de non-dits où règnent violences de classe et violences sociales.

Mais boum, tout est perturbé par un terrible événement : on a enlevé Sylvie, la petite-fille de Monsieur.

Sylvie est souvent sous la garde de Catherine, une jeune femme un peu simplette. C’est elle la « Petite Sale ». Elle est bonne à tout faire au Domaine et fait partie des invisibles qui font tourner la ferme. Il y a Mélie qui trône en cuisine, Giovanni et les autres italiens, des bûcherons, un régisseur qui ne régit rien et toute une population inféodée.

On y pratique ce qui a toujours prévalu dans un tel système : domination patriarcale, racisme, bondieuserie, droit de cuissage, enfants illégitimes etc.

Mais tout est bringuebalé par l’arrivée de deux flics parisiens, de gendarmes moustachus et d’une presse vipérine.

Les langues se délient un peu mais guère

Une rançon est exigée, ça ne rigole plus !

L’enquête s’englue rapidement…



J’ai beaucoup aimé cette Petite Sale, l’histoire est absolument passionnante et la révélation finale totalement géniale.

Par contre le dernier chapitre est un peu trop didactique. Louise Mey délaisse la romance et devient sociologue. C’est dommage car ça tourne un peu à la démonstration Cinquante pages en moins et on aurait eu du cinq étoiles cousues main.

La prochaine fois…

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Petite Sale

1968.

Dans un domaine tenu de main de maître par Mr Demest, la petite-fille de celui-ci disparaît, elle a quatre ans.

Elle était avec Catherine, la jeune bonne.

Silencieuse, invisible, corvéable à merci, Catherine.

Elle fait sale cette petite, dit Mme Demest.

Mr Demest lui possède pratiquement tout le village.

Il est dur, intransigeant, insensible.

Pas un homme qui ne travaille pas pour lui.

La gendarmerie est sur le pied de guerre pour retrouver la petite fille.

Deux policiers arrivent de Paris pour les seconder.

Dassieux, proche de la retraite, philosophe.

Gabriel, jeune, fougueux, sentimental et très sensible.



Une ambiance de boue et de froid parfaitement rendue.

Une atmosphère pesante dans ce village où tout passe par Monsieur Demest.

L'enquête piétine.

Des silences, des non-dits, des craintes.

C'est écrit avec beaucoup de minutie et de talent.

L'accent est mis sur les personnages, très travaillés, particulièrement Catherine et Gabriel.

Une forme de répétitions, loin d'alourdir le récit lui donne du rythme.

C'est complètement prenant.

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La deuxième femme

Quelle claque !



La descente aux enfers d'une femme, Sandrine, la deuxième femme, sous l'emprise d'un homme, manifestement un pervers narcissique, qui petit à petit enclenche un mécanisme bien huilé, imparable, de destruction.



La première femme, Caroline, mère d'un petit garçon Mathias, a disparu depuis quelque temps. Alors, Sandrine, la deuxième femme, va prendre sa place. Mais voilà, Caroline réapparaît, frappée d'une amnésie temporaire. La police, un tandem homme/femme, présente depuis l'ouverture de l'enquête suite à la disparition de Caroline, ne lâche rien pour faire plonger cet homme sur qui pèsent de fortes présomptions de violence, voire plus.



Thriller psychologique très fort, percutant, pédagogique également car l'emprise y est décrite de A à Z ; comment elle se met en place, comment la proie est ferrée, silencieusement, insidieusement. Puis la montée en puissance de la maltraitance psychologique, des violences physiques qui peuvent aller jusqu'à la mort de la victime. Tout est décortiqué, répétitif quelquefois, entêtant. On s'agace, on s'impatiente, on est mal, en apnée tout au long du récit et franchement soulagé quand arrive la fin et qu'on en sort. Un roman utile.

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Ceci est mon corps

A la bibliothèque, j'ai emprunté : Ceci est mon corps, un recueil de nouvelles pour adolescentes et jeunes adultes écrit par six autrices.

Ceci est mon corps : puissant ou chétif, d'ébène ou d'albâtre, douloureux ou glorieux, sage ou effronté... Sans constituer ma seule religion, il est sacré et doit être respecté. Il est à moi. Il se métamorphose sans cesse... et je l'assume tel qu'il est !

Fibres de paille de Faïza Guène nous parle des cheveux. Très tôt, l'autrice a intégré que ses cheveux n'étaient pas beaux. Sa grand-mère peinait à les démêler, l'enfant souffrait en silence. Alors elle a commencé à les détester, à les défriser... à les faire souffrir dans le but de se trouver belle...

J'ai bien aimé cette nouvelle qui montre tout à fait comment le regard des autres, les réflexions de nos proches.. peuvent nous conditionner à ne pas aimer un élément chez nous. Elle n'as pas des cheveux moches cette petite fille, elle a juste des cheveux crépus qui ne peuvent pas être coiffés comme des cheveux lisses ! Elle a des cheveux de franco-algérienne, pas des cheveux de française, tout simplement.

Pourquoi vouloir que tous les cheveux se ressemblent et soient coiffés de la même façon, sous prétexte que l'ont vit en France ? Ici l'enfant est française, mais c'est transposable dans tout les pays. Une enfant aux cheveux lisses ne pourra pas avoir les mêmes coiffures que si elle a les cheveux épais. Et mine de rien, quand on est enfant beaucoup se focalisent sur notre chevelure. Je voulais avoir les cheveux longs, ma grand-mère n'a jamais voulu disant qu'ils étaient trop épais et trop ternes.. Du coup j'ai eu les cheveux courts une partie de mon enfance car c'était plus pratique à coiffer !

C'est une bonne nouvelle. J'ai aimé le ton de Faïza Guène, ses réflexions et elle mérite quatre étoiles.

Nichons ni soumis.e.s de Louise Mey nous parle des seins. Il y a des témoignages, différentes réflexions sur la façon dont on voit leur développement à l'adolescence, comment le regard des autres changent...

Je me suis retrouvé dans certaines parties, il y a de très bonnes réflexions et ça m'a plu. Je pense que les adolescentes devraient lire cette nouvelle, elle est pas mal du tout et peut aider à dédramatiser la pousse des nichons.

Petit plus pour cette phrase : Le temps passé à se détester est le temps le plus long de tous les temps. La vie est vraiment trop courte pour ne pas s'aimer.

Ma note : 4 étoiles

Transition de genre de Anna Cuxac est une nouvelle très touchante car nous y découvrons le témoignage de Timothée, un jeune homme transgenre. Né fille il a rapidement compris qu'il était surtout un garçon.

J'ai été touché par ce jeune homme qui nous relate son histoire, ses difficultés avec sa maman. Elle a mis au monde une fille, cela ne sera pas évident pour elle d'accepter le changement.

Là encore il y a de très bonnes réflexions, ce n'est pas larmoyant, à aucun moment de reproches sont faits alors que son comportement n'a pas toujours été irréprochable. Il y a beaucoup de bienveillance dans ce témoignage, retranscrit par Anna Cuxac.

Ma note : 5 étoiles

Les gros bras d'Ovidie parle du harcèlement, des moqueries incessantes sur le physique quand on est adolescente. L'autrice nous explique le comportement d'un de ses anciens camarades de classe et il m'a, malheureusement, été facile de m'identifier à ce que cette femme nous relate.

J'ai trouvé cette nouvelle poignante, et que je la comprends cette adolescente mal dans sa peau !

Ma note : 5 étoiles

Le ventre d'intestine de Lauren Malka nous raconte les malheurs intestinaux de la jeune Intestine. Il y a de l'humour, c'est bien écrit mais je suis un peu passée à coté de cette nouvelle.

Ma note : 3 étoiles

Le sexe et ses mots – Histoire d'épiphanies de Alizée Vincent clos ce recueil.

L'autrice parle du sexe féminin, des différents noms qu'on leur donne quand on est enfant ou adulte ; comment certaines d'entre nous ont découvert qu'elles étaient une fille..

J'ai apprécié le ton très libre, c'est assez rare de parler ainsi du sexe féminin. Il y a des témoignages et j'ai trouvé ça très intéressant.

Ma note : 4 étoiles.

Même si je n'ai pas eu un coup de cœur pour Ceci est mon corps, je le recommande pour toutes les jeunes filles.

L'adolescence n'est pas une période facile et lire ses nouvelles peut aider à s'accepter un peu mieux.

Ma note : quatre étoiles
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La deuxième femme

C’est la première fois que je lis un roman de Louise Mey et je reconnais que sa popularité est méritée.



Ce thriller psychologique met en scène Sandrine, qui est une jeune femme timide, complexée par son corps, élevée par un père qui la traitait de « grosse vache » et qui avance dans la vie de la manière la plus discrète possible, embarrassée par son corps : « Elle a encore dû grossir, cette pensée lui coule dessus comme un souffle sur un cygne. Elle devrait se recroqueviller toute entière, paniquer, perdre pied à cette idée, mais comment faire tomber quelqu'un qui se débat déjà, à genoux, lentement et avec des gestes patauds, dans des méandres de sable mouvant ? »



Un jour, elle tombe sous le charme d’un « homme qui pleure » à la télévision parce qu’il a perdu sa femme, disparue mystérieusement alors qu'elle faisait son jogging quotidien. Sandrine va tout mettre en œuvre pour le rencontrer, pour se rendre indispensable, elle qui ne rêve que de donner de l’amour. L’homme est sous le charme de Sandrine. Il lui fait même une place chez lui, auprès de Mathias, son fils.



Mais voilà que quelques mois plus tard, la première femme réapparaît. Elle est vivante. Elle va donc revenir auprès de son homme, auprès de son fils. Que va alors devenir Sandrine, la « deuxième femme » ?



De fil en aiguille, c’est une réalité qui n’est pas belle à voir qui va se révéler. Le phénomène #Metoo a débloqué la parole des femmes victimes de violences conjugales dont l’emprise, manipulation psychologique, est une forme. L'homme positionne la femme plus bas que terre : « elle n'est pas cultivée, non, il le lui répète assez, elle vient de la crasse et elle n'a pas à péter plus haut que son cul ». C'est d'une violence inouïe...



Louise Mey utilise une narration particulière : les voix de la narratrice et du personnage de Sandrine s’entremêlent, sans indications concernant les personnages qui parlent, sans la typographie habituelle des dialogues, avec parfois des paroles relatées telles qu’elles le seraient dans le réel, avec des hésitations marquées… Cela permet au lecteur d’avoir l’impression d’entrer dans la tête de Sandrine afin de disséquer ses pensées, de comprendre son cheminement… de ressentir la violence de sa souffrance aussi... mais c’est parfois déstabilisant !



Ce qui est sûr, c'est que j'ai désormais très envie de lire les autres romans noirs de cette auteure talentueuse !
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Petite Sale

La petite fille d'un grand propriétaire terrien de l'Aisne a été enlevée. Le roi de la betterave qui presse son monde, employés comme famille, a été attaqué car aucune illusion, c'est bien lui qui est visé par ce rapt.



Les gendarmes locaux n'étant pas assez efficaces pour lui, il obtient via ses relations la venue de deux flics parisiens. Duo étonnant que ces deux policiers, un vieux désabusé et un jeune frétillant, l'un qui s'enfonce dans la solitude et l'alcool, l'autre qui ne rêve que de sa Claudia et d'avenir, néanmoins leur tandem fonctionne . Ils vont intelligemment travailler avec les gendarmes . Ils vont aussi découvrir le "charme" de la campagne dans la fin des années 60 ...



Il y a là une très belle étude de cette société à peine touchée par mai 68, le rapport au patron tire encore un peu du côté féodal, la place des femmes est à faire, les abus sexuels contre les femmes sont la norme et les responsables les filles, le racisme un comportement valorisé. On se rend aussi compte de l'aisance matérielle dans laquelle nous vivons un demi-siècle plus tard.



L'enquête elle-même est bien amenée, on est promené juste ce qu'il faut et amené, petit à petit, à douter de l'innocence de certains personnages. Personnages par ailleurs parfaitement crédibles, avec un magnifique portrait des principaux décrits tout en finesse, par petites touches, mention spéciale pour la Petite sale qui est un personnage superbe.



Ce roman est une parfaite réussite, j'ai complètement adhéré à l'histoire et aux personnages, apprécié que les dénonciations, racisme, place des femmes, violences sexuelles, classes sociales et abus de pouvoir, soient faites dans le cadre de l'histoire, les rendants vivantes et crédibles . Scotchée à mon livre jusqu'à tard la nuit cette lecture a été un vrai plaisir, un excellent polar social comme je les aime .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Petite Sale

Catherine travaille comme la quasi totalité des habitants de la commune, pour "Monsieur", cet agriculteur spécialisé dans la betterave mais qui a rebaptisé sa ferme " Le domaine ". Nous sommes en 69 mais l'attitude de ce patron et les conditions de vie de "ses gens" pourraient laisser croire que nous sommes au moyen âge. Directement ou indirectement tout le monde est dépendant des Demest et sous le joug de leur mépris. Madame a accueilli Catherine à son service en la qualifiant de " petite sale" et en lui interdisant de servir à table avec un ton de dégoût et un regard dédaigneux.

Lorsque la petite fille des maîtres disparaît en quelques secondes alors qu'elle était sous la responsabilité de Catherine, c'est toute la commune qui est en branle bas de combat !

Les Demest exigent la venue de deux policiers parisiens pour venir en renfort de la gendarmerie. Dassieux est un vieux de la vieille, Gabriel de la jeune génération mais ils forment un duo attachant. Ils ont bien du mal à s'acclimater à la région,au sens propre comme au figuré. Ils ont froid,se frottent à l'abus de pouvoir de " Monsieur" ,aux non dits des habitants et aux secrets qui se dévoilent à leur grand désarroi par un journaliste qui leur tient la dragée haute!

Le décalage entre ces deux policiers parisiens et cet univers rural d'un autre temps, m'a rappelé le roman de Romain Puertolas " la police des fleurs,des arbres et des forêts ". Cependant le sujet est bien plus sombre car Louise Mey nous parle d'injustice sociale,d'abus de pouvoir, d'autoritarisme, d'exploitation, de la place de la femme qui est toujours la prolétaires du prolétaire!

C'est un roman qu'on ne lâche pas car il a le rythme et l'intrigue d'un bon polar et en même temps les qualités d'un beau portrait social. L'issue de l'histoire me convient parfaitement!

J'ai cependant trouvé plus de profondeur et de psychologie dans " La deuxième femme " qui a été un coup de cœur.
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Embruns

La famille Moreau décide de partir sur une île bretonne perdue dans l’Atlantique le temps d’un week-end. Si le début du séjour est parfait, les choses vont vite se gâter. Lors d’une soirée de tempête, alors que le couple et leur fils se baladent, Marion, leur fille, disparaît en laissant derrière elle un couteau tâché de sang. Que s’est-il passé sur cette île dont les habitants se connaissent tous et qui est coupée du monde avec le temps ? Les apparences sont parfois trompeuses et les tortionnaires ne sont parfois ceux qu’on croit…



Ce roman commence sur les chapeaux de roues avec la disparition de la fille de la famille « parfaite ». On suit les recherches, puis les retournements de situation. Mais très vite j’ai été déçue de la tournure des événements. Il y a beaucoup de longueurs (voulues peut être par l’auteur ?) où mon esprit vagabondait. Et puis je ne comprenais pas où la fin allait nous mener et réellement même si j’ai été surprise, c’est un peu tiré par les cheveux. Honnêtement, j’ai terminé le roman pour connaître la fin mais pour un thriller, j’ai eu du mal à continuer la lecture. C’est dommage car le huis-clos de cette île était parfait pour rendre le roman sensationnel.
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Embruns

Nous partons en week-end sur une petite île en Bretagne avec les Moreau, une famille à qui tout réussit. Les parents, Chris et Béatrice, et les enfants, Marion et Bastien, sont beaux, intelligents, mangent aussi bien que bio. Ils s'entendent tous à merveille, se chamaillent gentiment, adorent se moquer des gens qui utilisent des expressions toutes faites et d'incompréhensibles anglicismes. Une famille comme on en voit dans les publicités de corn-flakes et de Nutella, vous avez l'image ?



Ce week-end en famille, ils l'attendaient avec impatience pour se retrouver, se ressourcer. Alors évidemment, on se doute que rien ne va se passer comme prévu, on le sent dans les descriptions d'une atmosphère qui nous met d'emblée mal à l'aise, nous prend à la gorge petit à petit, pour finir par nous étouffer carrément.



Un soir de tempête, Chris et Béa décident d'aller assister au spectacle de la nature déchaînée - leur côté "peur de rien -, pendant que Bastien est à son rencard avec Fanny, une jolie jeune fille de l'île. Seule Marion reste à la maison. Quand ils rentrent, elle a disparu. Morts d'inquiétude, les membres de la famille Moreau et les habitants s'organisent pour ratisser l'île, la retourner s'il le faut, fouiller toutes les maisons, interroger chacun de ses habitants, attraper l'enfoiré qui a cru qu'on pouvait mettre la main sur un Moreau sans en redouter les conséquences. Et puis, enfin, Chris la retrouve. Et là, tout s'enchaîne, il est pris au piège à son tour, cerné par ceux avec qui il menait une battue effrénée quelques minutes plus tôt. On comprend alors que les insulaires ne sont pas aussi bienveillants qu'ils en ont l'air...



Je m'arrête là avant de trop en dire. J'ai été sidérée par le retournement de situation final, que je n'avais VRAIMENT pas vu venir, et qui a donné tout son sens aux premières pages du livre qui constituent un glaçant retour en arrière. Mes craintes de lire un livre présentant une famille de super-héros qui n'en sont pas à leur premier coup d'essai se sont vite dissipées pour laisser place à la fascination devant un twist si formidable.



Je l'ai lu avec avidité, sans avoir envie de le lâcher, de le relire pour retrouver la page où tout avait basculé, dénicher les éventuels indices distillés dans les pages précédentes. Alors oui, c'est sans hésitation, que j'ai voté pour ce titre. Chapeau, Louise Mey, j'ai d'ailleurs mis votre nouveau livre, les Hordes invisibles dans ma PAL.
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La deuxième femme

Ce livre est une claque monumentale.



Sandrine ne s'aime pas.

"Une sale moche, trop grosse, tête de conne » pense Sandrine d'elle-même.

Sandrine vit seule et se sent seule. Repoussante, inintéressante. C'est ce que son père lui a toujours répété. Secrétaire juridique dans un cabinet d'avocats, elle évite ses collègues car de toute façon, à quoi bon, elle n'a rien à dire d'intéressant.

Elle vit une petite routine de femme célibataire qui n'intéresse personne jusqu'au jour où elle croise « l'homme qui pleure », celui dont la femme a disparu.

« L'homme qui pleure » la regarde, lui parle, l'écoute. Jamais un homme ne s'était comporté de cette façon avec elle. Il l'accueille dans son foyer, auprès du petit Mathias. Sandrine a enfin trouvé sa place. Mais un jour, la première femme revient…

Pourtant, ce n'est pas elle le problème.



Louise Mey nous décrit avec un immense talent les violences d'un homme sur une femme ou comment les mécanismes de l'emprise se déploient au sein d'un couple. le thème des violences domestiques et conjugales est de plus en plus traité dans la littérature mais il est ici abordé d'une manière à couper le souffle grâce à un personnage avec qui le lecteur ne fait qu'un, Sandrine.

Sandrine, la deuxième femme, a été conditionnée depuis son enfance par les violences d'un père humiliant et cassant. Sa vison masculiniste de la vie est très claire : les hommes sont supérieurs aux femmes, ils ont des métiers importants - docteur, policier – et lorsque Sandrine découvre que des femmes exercent ces professions, c'est qu'elles le font moins bien car elle le sait, elles sont incompétentes, inutiles. Et ce n'est pas l'homme qui pleure qui la contredira, bien au contraire. Car très vite, après les premiers temps, Sandrine va déchanter. La surveillance paranoïaque, les punitions, les insultes, l'isolement progressif, les viols puis les coups. La machine est en route, la petite voix en colère le dit dans la tête de Sandrine, pourtant, elle veut y croire encore. Pour Mathias et pour le petit haricot qui grandit en elle. Alors Sandrine se retire en elle-même et voile la réalité, scindant en deux hommes celui qui n'en est qu'un : l'homme qui pleure et qui l'aime, et Monsieur Langlois, qui est violent.

Etre Sandrine, c'est également s'interroger sur le rapport qu'a la femme avec son corps, cette masse dissociée de nous-même qui ne correspond jamais à ce que l'on est véritablement mais que les autres voient en premier. Et que l'on malmène le plus souvent.



Le style de Louise Mey, une narration saccadée, totalement introspective, nous glisse dans la peau de Sandrine. Nous sommes Sandrine, nous sommes cette barre à la nuque de Sandrine. Nous devenons un bloc de frayeur comme elle.



Sandrine n'est pas une caricature des femmes battues, l'auteure prend soin de le souligner en parlant d'une autre femme battue, importante, avec du pouvoir, bien installée dans la vie... Peu importe d'où l'on vienne, peu importe sa personnalité, peu importe sa CSP. Car toutes les femmes sont des victimes potentielles.

Ce n'est pas Sandrine, Caroline et toutes les femmes, le problème. le problème, c'est lui, l'homme qui pleure sur lui-même, Mr Langlois, l'homme qui humilie, frappe et violente. L'homme qui ne mérite pas de prénom.



Un roman à la tension psychologique incroyable omniprésente dès les premières lignes, une ambiance oppressante et glaçante, un livre impossible à lâcher. Jamais je n'ai lu une histoire qui immerge le lecteur à ce point dans l'histoire.

Bravo Louise Mey.

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Mystère & Pyjamas-Chaussettes, tome 1 : L'inc..

C'est bientôt la rentrée. Camille, dix ans, connaît tout le monde dans son immeuble - sauf le nouveau voisin du cinquième étage qui a emménagé de nuit et qui lui paraît bien louche.

Alors que Papa-Tom et Papou-Max, ses pères, souhaitent engager une baby-sitter pour la surveiller quelques heures le jeudi soir, elle se rend compte que le fantôme d'une petite mamie apparaît régulièrement dans sa chambre.

Comment faire pour que mamie-fantôme soit engagée comme baby-sitter, et que Camille puisse enquêter tranquillement sur le voisin du cinquième ?



C'est Camille qui nous raconte cette histoire. L'histoire personnelle de Camille, nous la devinons, par de petites allusions. Nous savons qu'elle est d'origine vietnamienne, qu'elle marche avec une béquille, qu'elle vit avec ses deux papas. Son avenir, elle le voit en Chevaleresse en armure, Testeuse de cabanes, Présidente du monde ou bien soigneuse de bébés paresseux.

Le ton est donné : humour et joie de vivre. Camille intègre joyeusement à sa vie un petit fantôme de mamie, une mamie-fantôme qui répond au doux nom d'Eglantine, et qui change de couleur et d'odeur au gré de ses apparitions.



J'ai beaucoup aimé le style et la tonalité de ce roman jeunesse, destiné aux enfants de 8 à 12 ans, qui peut également être lu à voix haute, en lecture suivie. Les illustrations d'Eglantine Ceulemans sont superbes.



J'ai fait la connaissance de Louise Mey, l'autrice de Mystère & pyjamas-chaussettes, tome 1: L'inconnu du 5ème étage, lors d'une rencontre organisée par la médiathèque de ma ville samedi dernier.

Louise Mey possède "deux casquettes" littéraires bien distinctes. C'est à la fois une autrice engagée et féministe qui écrit des romans policiers destinés aux adultes, et une autrice de littérature jeunesse. J'ai lu les deux romans policiers, et la différence de tonalité, de style d'écriture entre les deux genres de roman est vraiment impressionnante. D'une part des romans très sombres qui donnent à réfléchir sur des thématiques liées aux violences faites aux femmes, et de l'autre, ce roman jeunesse dont j'ai aimé la fraîcheur de ton et l'enthousiasme.

A titre personnel, j'ai hâte de retrouver Camille qui, je vous le dis en secret, a convaincu mamie-fantôme de partager sa vie le temps d'un nouvel épisode !

Un roman jeunesse sympathique très vitaminé.















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Petite Sale

Février 1969. Pauvre et taiseuse, Catherine, la «petite sale», est domestique pour la très riche et puissante famille des Demestre. Quand la petite-fille d’Augustin Demestre disparaît, le village refuse de révéler quoi que ce soit aux deux flics venus de Paris. La famille embauche la majorité des habitants et contrôle la vie des gens, elle règne depuis longtemps. Catherine, qui est partout mais que personne ne voit jamais, est la dernière personne à avoir vu la petite Sylvie. Une suspecte ? Cette histoire défraie la chronique et de paire avec les gendarmes et les journalistes, tous tentent de percer le mystère de cette disparition. Kidnapping ? Assassinat ?



Un polar rural plutôt efficace et qui arrive à tenir en haleine. L’atmosphère poisseuse de boue et l’odeur douceâtre de la betterave nous permettent une immersion rapide dans cette région imaginaire qui ressemble à l’est de la France, un peu dans l’ambiance du roman «les âmes grises» ou du film «la prochaine fois je viserai le coeur».



L’opposition entre gendarmes et policiers ne m’a pas dérangé. Les personnages des enquêteurs sont réalistes bien qu’un peu cliché. On retrouve le jeune flic fougueux Gabriel et son acolyte plus vieux, bourru et blasé.



Malgré tout, je n’ai pas vibré. C’est une enquête classique, sans trop de surprises. J’ai eu l’impression de regarder un téléfilm, dans le sens où je n’ai pas passé un mauvais moment, mais je ne garderai pas grand-chose de cette œuvre.



Je n’ai pas retrouvé la puissance de son premier roman «la deuxième femme», un huis-clos oppressant qui avait été un véritable coup de cœur !



Mention spéciale à Marie du Bled, qui est une de mes lectrices préférées ! Elle arrive à interpréter toutes les voix avec naturel.
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La deuxième femme

Merci merci Iris pour m'avoir orientée vers cette auteur et ce roman ! Tu avais raison,impossible de lâcher ma lecture. La deuxième femme est le récit terrifiant mais hyper réaliste d'une femme sous l'emprise d'un homme et du processus de violence qui va se mettre en place de façon implacable. Petite le désamour de ses parents avait bien préparé le terrain: mauvaise estime d'elle même, honte,peur de la solitude, quête d'amour. Alors,lorsqu'elle voit à la télévision "l'homme qui pleure" car sa femme à disparu,son fils prostré à ses côtés, elle est bouleversée et voudrait réparer cette souffrance. La souris était facile à attraper pour ce chat ,mais l'homme est bien plus pervers que le chat !

Par cette fiction ,Louise Mey rend compte avec une infinie sensibilité et une psychologie fine de la relation d'emprise et de violence dont sont victimes près de 300 000 femmes par an.

J'ai déjà hâte de recevoir son dernier roman " petite sale".
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Les Ravagé(e)s

C'est mon premier roman de Louise Mey, et ce ne sera pas le dernier car J'ai beaucoup aimé.

On est ici dans une brigade en région parisienne qui est spécialisée dans les délits sexuels. C'est un roman résolument féministe qui dénonce les faits machistes au quotidien, ce que les femmes endurent tous les jours. C'est remarquablement écrit, ce récit est très ancré dans la réalité. Ce qui les rends très crédible. Le récit alterne entre les faits sordides commis sur des hommes, les violences faites au femmes et le quotidien et les relations humaines à l'intérieur de cette brigade très spéciale. L'auteure sait aussi, dans cet univers pesant et sordide, distillé des traits d'humour. C'est vraiment excellent.

Les personnages sont très attachants. On vit ce récit à travers le personnage d'Alex qui est une femme séparée, mère d'une jeune fille en garde alternée. Elle est accro à l'alcool et en est pleinement consciente. Il y a les semaines avec Ana, sa fille et les semaines sans Ana ... Et là, elle est seule .... On ressent ses angoisses et ses questionnements. Ce qui en fait un personnage très addictif et très immersif.

Seul bémol, la fin de ce roman est peu crédible. C'est dommage. Mais ça reste de très bonne facture, j'ai passé un très bon moment. A lire sans modération.

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La deuxième femme

Thriller psychologique très réussi ! On se rapproche de l'histoire de "la barbe bleue"...

Sandrine est mal dans sa peau... Elle est seule, isolée... en manque d'amour. Il faut dire qu'elle n'en a pas beaucoup reçu de la tendresse et de l'amour jusqu'ici... Alors, bien naïvement, elle va être attendrie par "l'homme qui pleure" et tomber dans les mailles de ses filets...

La tension monte... petit à petit... On peine à lire... tellement l'emprise est forte et que les manipulations sont écœurantes.

Ce roman est fort et ne laisse pas indemne... L'autrice n'hésite pas à être très pédagogue et à rappeler quelques chiffres sur les violences domestiques...
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Les Hordes invisibles

L'héroïne du roman de Louise Mey, Alexandra Dueso est OPJ à la BDCS, « la Brigade des crimes et délits sexuels (basée) dans le nord de Paris (et intervenant) dans toute l'agglomération ; jusqu'à la Grande Couronne et bien sûr dans tout le pays, si les services de gendarmerie (y) font appel. La BCDS intervient dans tous les cas d'agression sexuelle, de viol, de harcèlement… »

A la tête de la BDCS, le commissaire Blondeau, « un air de Droopy, la bajoue légèrement tombante et l'oeil épuisé. »

Les collègues d'Alex sont, Elise Wantz et Martin, Polaski, Fatia Favier et Clémence Audain, Aubrey, Laetitia Eliès et Sébastien Daumet, son partenaire et compagnon Marco Cantera.

Le préfet de police Debreuil, les tient à l'oeil.

Pour ces policiers, « Travailler aux Crimes et Délits Sexuels, c'était côtoyer au plus près la laideur de l'envie brute, là où le pouvoir et la cruauté prenaient le pas sur tout ; et les membres de la brigade avaient tendance à se serrer les uns contre les autres pour éviter la noyade. » « L'équipe de la BCDS était à l'image des murs de pierre qu'on décapait sans tendresse : il fallait creuser loin pour trouver l'apparence du neuf. »



Le lecteur se retrouve face à la même réalité que les agents de la BDCS et la lecture n'est pas toujours facile tant l'auteur apporte des éléments factuels bruts tirés d'une réalité que l'on ignore souvent :



Allemagne, Canada, États-Unis : « 61 % à 91 % des personnes prostituées interrogées avaient déjà été physiquement agressées. de 63 % à 76 % avaient déjà été violées dans l'exercice de leur activité »

« 90 % des personnes prostituées en France étaient étrangères, souvent en situation irrégulière) »

« Seuls 10 % des viols faisaient l'objet d'une plainte. »

« 67 % des viols avaient lieu au domicile de la victime ou de l'agresseur ; et 37 % étaient commis par le conjoint. »

« En France, on estimait que près de 230 femmes étaient violées chaque jour, »

« Savoir qu'on tuait les femmes pendant que la tour Eiffel clignotait sous les yeux des touristes laissait toujours à Alex une impression étrange. » 

Dans leur travail quotidien les agents de la BDCS sont confrontés aux clichés sur le viol. Les juges sont parfois « compréhensifs » avec les agresseurs :



« le problème de Groyon… enfin notre problème à nous avec le juge Groyon, c'est qu'il a visiblement décidé que le XXIe siècle était surfait. Il a dû s'arrêter en 1960, peut-être un peu avant. Quand le viol conjugal n'était pas reconnu. Quand les femmes avaient besoin de l'autorisation écrite de leur mari pour ouvrir un compte en banque.

— Il a quel âge ?

— Oh, il est pas vieux. 50 ans, par là. »



« La victime des quatre jeunes gens avait attendu son procès pendant près de trois ans. le procureur de la République venait de requérir des peines allant de huit à quinze mois de sursis. »



« — Nous parlons, encore une fois, de 355 000 atteintes sexuelles, agressions sexuelles et viols chaque année, d'un côté. de l'autre, une moyenne de 5 000 à 7 000 condamnations annuelles pour violences sexuelles. Ces chiffres proviennent du ministère de la Justice. »



Et même lors d'une conférence intitulée « les 10 mythes sur le viol », Alex remarque parmi les participants une tablée estimant « que la priorité d'une femme parlant du syndrome de sidération qui touchait les victimes de viol et du choc profond que l'agression entraînait dans leur psyché, dans la chimie même de leur cerveau, était, non pas d'être claire ou pédagogue, mais de paraître attirante. Trois hommes, deux femmes, blancs, la trentaine, rien de spécial. »



La BDCS subit le manque de moyens, « Les enregistrements d'une des caméras de surveillance dont ils demandaient en vain les images avaient pu être saisis. Tout comme les analyses de leurs prélèvements, les commissions rogatoires que demandaient Eliès et Daumet, même dûment validées par Blondeau, étaient tout en bas sur la liste des priorités »



Dans les cas de cyber harcèlement, l'hypocrisie des hébergeurs de sites et de services confine au cynisme :

« — Il faudrait une vraie modération. Des bannissements systématiques en cas de propos violents, des filtres automatiques sur certains mots-clés. Mais dans ce cas, le risque, c'est qu'une partie de tes abonnés se barre. D'où une communauté plus faible. Et une perte d'argent. Donc concrètement, le noeud du problème, c'est que ça arrange bien Allcom que les choses restent comme elles sont.

On y était. le nerf de la guerre. Des femmes harcelées d'un côté, de l'argent de l'autre. »



Au quotidien, l'accueil des femmes victimes de cyber harcèlement se résume souvent à :

« Quelqu'un vous a frappées ? Quelqu'un vous a suivies ? Quelqu'un vous a agressées ? Non, ben partez et laissez-nous bosser tranquilles, alors. »



Les pouvoirs publics ont renoncé depuis longtemps à considérer cette réalité nouvelle : « Mais au-delà de cela, Internet contribue à démocratiser et normaliser des idées dont l'expression, selon les lois françaises, relève de l'illégalité.

Car en théorie, la tenue de propos racistes, sexistes, homophobes était interdite. »



Le roman policier de Louise Mey répond aux codes du genre : personnages attachants, enquêtes à rebondissement, inspecteurs submergés par le travail qui déborde sur leur vie privée, guerre police justice, poids de la hiérarchie, pétages de plombs, tout y est et y est conforme.

Louise Mey a également fait le choix d'en faire un roman didactique, pédagogique et engagé qui reflète avec justesse le débat actuel sur la relation hommes femmes mais aussi sur la façon dont notre société accueille les orientations différentes de la norme hétérosexuelle.

Dans les affaires que traite Alexandra Dueso, les agresseurs, ceux qui forment les « Hordes invisibles » « pensent sincèrement vivre dans un monde post-féministe. Pour eux, les femmes ont gagné la « guerre des sexes », et ils sont dans une sorte de… de reconquête du statut de dominant. »

Argument défendu par quelques débatteurs dont on mesure chaque jour les dégâts dans l'opinion.

Livre à lire. Autrice à découvrir.

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