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Citations de Lu Xun (83)


Mon pays natal

(...) ma mère m'informa que Runu était là. (...) Un visage rond, des joues d'un rouge sombre, la tête coiffée d'un petit chapeau de feutre, un collier d'argent étincelant autour du cou, ce qui montrait que son père l'aimait beaucoup et que, de peur de le voir mourir, il avait fait un voeu devant le Boudha en lui mettant ce collier. (p. 114)
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Avant-propos

Ecrit entre 1918 et 1922, le recueil de nouvelles intitulé -Cris- est non seulement la première oeuvre de fiction de la langue chinoise à l'heure où elle se débattait douloureusement pour tenter d'échapper à la gangue de ses traditions millénaires. Le succès de ces textes qui donnèrent à leur auteur un renom immédiat vint de ce qu'ils répondaient exactement à l'attente de la jeunesse à qui ils étaient destinés, la jeunesse que ces "cris" voulaient "réveiller", la génération pour laquelle, aux alentours du "Mouvement du 4 Mai" (1919), Luxun forgea la langue neuve indispensable à la pensée nouvelle, la forme d'emblée parfaite dans laquelle la littérature encore à naître allait pouvoir se couler. ---Michèle Loi, janvier 1992 (p. 9)
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Il se mit à observer attentivement les femmes qu'il supposait en quête d'un amant, mais aucune ne lui faisaient de sourire. Il accorda aussi toute son attention aux femmes qui lui adressaient sa parole, mais jamais leurs propos ne comportaient une allusion à la possibilité d'une aventure. Oui, c'est là aussi une particularité haïssable des femmes : il leur faut à tout prix se donner l'air de la vertu.
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-Bravo ! cria la foule, et on aurait dit le hurlement du loup et le jappement du chacal.
La charrette poursuivait sa route. Au milieu des acclamations, Ah Q cherchait du regard Wu Ma, mais elle ne semblait pas l'avoir aperçu ; elle était hypnotisée par les fusils que portaient les soldats.
Ah Q regarda de nouveau la foule qui l'acclamait.
Mille pensées l'agitaient. Quatre ans plus tôt, il avait rencontré un loup affamé au pied de la montagne. Le loup l'avait suivi dans l'intention de le dévorer, mais sans jamais se rapprocher, en maintenant la distance entre eux. Il avait failli mourir de peur. Par bonheur, il avait une hachette à la main et cela lui donna le courage d'arriver jusqu'à Weizhuang. Il n'avait jamais oublié les yeux du loup, féroces et lâches, qui brillaient comme des feux follets ; on aurait dit qu'ils le transperçaient à distance. Cette fois, il voyait des yeux bien plus terribles, des yeux comme il n'en avait jamais vu : des yeux à la fois mornes et pénétrants, qui avaient dévorés ses paroles, qui voulaient, maintenant, dévorer quelque chose de plus que sa chair. Ces yeux le suivaient, toujours à distance.
Ils semblaient s'être fondus en un seul, ils lui dévoraient l'âme.
"Au secours !"
Il n'eut pas le temps de crier ; tout devenait noir, il entendit une détonation, et il eut l'impression que son corps partait en poussière.
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Alors,le biographe rend illustre son personnage et le personnage son biographe, tant et si bien qu'on ne sait plus guère à la fin du compte qui s'appuie sur l'autre.
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Jamais, semble-t-il, il n'avait connu une pareille désespérance. Même sa propre natte roulée sur sa tête ne l'intéressait plus, lui paraissait méprisable. Il conçut l'idée de se venger sur elle et pensa sérieusement à la dérouler sur le champ, mais cependant il n'en fit rien. Il erra jusqu'à la nuit, et c'est seulement lorsqu'il eut dans le ventre deux bolées de vin achetées à crédit qu'il retrouva sa bonne humeur, sa songerie à nouveau jouant avec des bribes de visions heureuses où des hommes arrivaient en armures et casques blancs.
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Kong Soy-mesme

-Soustraire des livres ne peut être considéré comme un vol...Soustraire des livres ! C'est une affaire de lettrés, comment cela pourrait-il être un vol ? répliquait-il.
(...)
Si l'on prêtait l'oreille aux rumeurs , Kong Soy-mesme avait fait des études, mais il n'avait jamais été reçu aux examens et ne savait pas gagner sa vie. Il était devenu de plus en plus pauvre, pour en arriver à la limite de la mendicité. Heureusement, il avait une belle calligraphie et faisait de la copie pour les gens, contre un bol de riz. (p. 48)
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Journal d'un fou

Mon frère est un mangeur d'hommes.
Je suis le frère d'un homme qui est un mangeur d'hommes.
Je vais être moi-même mangé par des hommes, mais je n'en reste pas moins le frère d'un homme qui mange de l'homme. (p. 32)
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Traditionnellement, sitôt qu'un bureaucrate communiste tombe en disgrâce, sa carrière tout entière est réexaminée et présentée de façon à démontrer que, depuis le berceau, il fut toujours un traître contre-révolutionnaire.
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Comme toutes les Églises, le Parti s'entend à la récupération des illustres cadavres; des hommes qui, vivants, pouvaient être quelquefois forts encombrants, deviennent une fois morts, embaumés et canonisés, d'un inestimable appoint pour l'édification des fidèles. Il y avait tout intérêt à faire oublier que Lu Xun était mort en état de révolte.
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Je pris le journal et il m'apparut à la lecture que le malade avait souffert d'une sorte de folie de la persécution (...) Certaines parties n'étaient cependant pas tout à fait incohérentes .Quand au titre j'ai gardé celui que l'auteur lui-même avait choisi après sa guérison.
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Lu Xun
Quelques amis, estimant que la situation n'a guère changé depuis le moment où j'écrivais ces choses, ont pensé qu'il valait la peine de les conserver en un recueil. Cela me navre. Je pense en effet que les polémiques menées contre les vices d'une époque disparaissent en même temps que leurs cibles. Il en va de ces écrits comme des globules blancs du sang qui viennent former une croute sur la plaie : tant qu'ils ne s'éliminent pas d'eux-mêmes, c'est signe que l'infection demeure active.
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Mon pays natal

"Ton pays était comme cela. Il n'a pas fait de progrès, mais peut-être n'est-il pas aussi désolé qu'il en a l'air. C'est ton humeur qui a changé, voilà tout." Il est vrai que pour ce retour au pays, cette fois, le coeur n'y était pas. Je revenais dans mon pays pour le quitter.
(p. 111)
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Chez Lu Xun, le pessimisme radical de la pensée se conjugue avec l’optimisme de la volonté. Le désespoir est la seule certitude raisonnable ; l’absence d’espoir ne saurait toutefois justifier l’inaction. Il faut donc marcher. (Simon Leys)



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"S'il est vrai que la vérité est un trésor, elle n'aurait pas dû devenir pour Zijun ce vide destructeur. Le mensonge aussi c'est du vide, naturellement, mais du moins n'apparaît-il pas ouvert sous elle tel un abîme."
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J'ai encore réfléchi ces derniers jours: même si ce vieillard n'était pas un bourreau déguisé, mais un vrai médecin, il n'en serait pas moins un mangeur d'hommes. Dans ce livre sur les plantes écrit par son prédécesseur Li Che-tchen, il est dit clairement que la chair de l'homme peut se consommer bouillie. Comment oserait-il alors prétendre qu'il ne mange pas de l'homme ?
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Le temple était entouré de rizières, ses murs blanchis à la chaux se détachaient nettement sur la verdure toute fraîche. Par-derrière, un petit mur en pisé entourait le potager. Ah Q hésita un moment, inspecta les environs et ne voyant personne, escalada l'enceinte en s'accrochant à une plante grimpante. Mais le mur s'effritait ; de petits morceaux de terre tombaient dans un léger bruit d'éboulement. Les jambes de Ah Q se mirent à trembler et il ne parvint à sauter dans le jardin qu'en agrippant une branche de mûrier. Les plantes y offraient toute la gamme des verts, mais il n'y avait trace ni de vin ni de pain à la vapeur, ni de rien de comestible. Au pied du mur de l'ouest se trouvait un bosquet de bambous avec beaucoup de jeunes pousses, qui n'étaient malheureusement pas cuites. Les colzas étaient montés en graine, les sénevés allaient fleurir et les choux avaient durci.
Ah Q en fut aussi dépité qu'un étudiant qui vient d'échouer à l'examen. Il arriva à pas lents à la porte du jardin, et quel étonnement et quelle joie quand il se trouva devant un carré de navets ! Il s'accroupit et se mit à les arracher. Une tête toute ronde apparut soudain dans l'embrasure de la porte et se retira aussitôt ; ce devait être la nonne. Auparavant, Ah Q n'aurait pas tenu compte de pareil personnage, mais il y a des points de vue qu'il faut parfois réviser dans la vie, aussi se dépêcha-t-il d'arracher quatre navets, d'en casser la verdure et de les fourrer sous sa veste. Une vieille nonne se présenta à lui :
- Que Bouddha nous protège ! Ah Q, comment oses-tu venir voler les navets dans notre potager ! Aya...Quel péché ! Aya ! Que Bouddha nous protège !
- Quand m'avez-vous vu voler des navets dans votre potager ? protestait Ah Q qui s'empressait de partir tout en la regardant.
- En ce moment même ! Est-ce que ce ne sont pas là nos navets ? répliqua la vieille nonne en pointant le doigt vers sa veste.
- Sont-ils à vous ? Appelez-les donc, on verra s'ils vous répondent ! Vous...
Il ne termina pas sa phrase et prit ses jambes à son cou, car un gros chien noir arrivait en courant. Ce chien gardait d'habitude la porte d'entrée et nul ne sut pourquoi il vint au potager à ce moment-là. Il poursuivit Ah Q en grondant et allait le mordre au mollet lorsque, par bonheur, un navet tomba de la veste. Effrayé, le molosse s'arrêta une seconde, ce qui permit à Ah Q d'escalader le mûrier, d'enjamber le mur de pisé et de dégringoler à l'extérieur avec ses navets. Il ne resta plus au potager qu'un chien qui aboyait contre un mûrier et une vieille nonne qui priait.
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La roue est utile à l'humanité ; voilà ce qui s'appelle du beau travail, du bon travail. Ce qui ne sert à rien est stupide et nuisible.
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Préface à l'édition anglaise de "Mauvaises herbes" (novembre 1931)
Ainsi, on pourrait dire que la plupart de ces textes sont de petites fleurs pâles abandonnées au bord de l'enfer; ils ne sont évidemment pas beaux. Mais même cet enfer, nous allions devoir le perdre. C'est ce que je compris en observant de près les discours et le ton de quelques héros éloquents et farouches qui n'avaient pas encore, alors, pleinement réalisé leurs ambitions. C'est alors que j'écrivis "Le bon enfer perdu".
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Lu Xun
M’étant mêlé d’écrire, j’ai été puni de mon impudence ;
Rebelle aux modes, j’ai offensé la mentalité de mon époque.
Les calomnies accumulées peuvent bien avoir raison de ma carcasse ;
Tout inutile qu’elle soit, ma voix n’en survivra pas moins dans ces pages.
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