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Citations de Luis Sepúlveda (1554)


Le commandant du régiment Tucapel - je ne cite pas son nom par un élémentaire respect du papier - était un admirateur fanatique du maréchal Rommel. [...] Lorsqu'il parlait de lui, il se métamorphosait en une caricature du sbire hitlérien.

p. 24
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Peut-être que ce flic avait fait une partie de sa carrière dans ces prisons qui n'ont jamais existé ou dont il est impossible de se rappeler l'emplacement, et qu'il y avait interrogé des femmes, des vieillards, des adultes et des enfants qui n'ont jamais été arrêtés et dont il est impossible de se rappeler les visages, puisque, quand la démocratie a ouvert ses cuisses au Chili, elle a d'abord annoncé le prix et que la monnaie dans laquelle elle s'est fait payer s'appelle oubli (p. 141).
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J'ai toujours éviter d'évoquer la prison pendant la dictature au Chili. J'ai évité d'en parler parce que la vie m'ayant toujours paru passionnante et digne d'être vécue jusqu'au dernier soupir, évoquer un accident aussi obscène me semblait une façon méprisable de l'insulter. Et puis parce que trop de livres de témoignages - la plupart très mauvais, malheureusement - ont été écrits sur le sujet.
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Les gens courageux n'existent pas, il y a seulement ceux qui acceptent de marcher coude à coude avec leur peur.
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La différence était immense entre un Shuar hautain et orgueilleux, qui connaissait les régions secrètes de l'Amazonie, et un Jivaro tel que ceux qui se réunissaient sur les quais d'El Idilio dans l'espoir d'un peu d'alcool.
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Pour tuer un souvenir

Tu as la photo entre les mains et tu trouves trop artificiel le paysage aux couleurs polaroïd. Trop bleue la mer, trop transparent le ciel, trop incendié cet horizon, trop de brillance dans les regards des deux personnages qui s'enlacent au mépris du vent, vêtus de pull-overs semblables.
Tu regardes dehors et la seule chose que tu vois c'est le reflet que la vitre te renvoie comme une gifle, parce qu'il fait nuit et qu'à cette heure les fenêtres se transforment en miroirs qui renvoient la solitude, les intérieurs accablants, les maisons comme la tienne, maisons vides, maison avec café sans sucre le matin, café rapide et la voiture qui ne démarre pas et les minutes qui passent, maisons où tu découvres le matin des signes de déprime qui te signalent à cor et à cri que tu es en train de perdre la grande bataille.
La photo reste dans tes mains. Elle était dans un tiroir que tu n'avais pas ouvert depuis des mois, mais elle est aujourd'hui dans tes mains et tu sens que le moment est venu d'assassiner ces souvenirs anciens.
Alors tu dois prendre la photo comme un parallélépipède parfaitement horizontal et, c'est le plus important, devant une de ces fenêtres qui semblent reprocher à la pièce sa lumière blafarde.
Ce n'est pas toi qui déchireras la photo. C'est quelqu'un d'autre, quelqu'un de plus courageux ou de plus impersonnel, un autre je-tu qui flotte dans le vide derrière les vitres.
Tu verras cette personne faire un mouvement de crabe avec les doigts, ses mains s'écarter de chaque côté et chacune emporter un morceau presque semblable de la photographie. Puis cette même personne rassemblera les morceaux et refera le même geste une, deux, trois fois, plus si elle l'estime nécessaire, jusqu'à ce qu'inexplicablement tu sentes la fatigue dans tes doigts.
Par la vitre, tu verras tomber des flocons de neige trop gros pour être graciles et violeurs des lois de la gravitation. Ils tomberont vite et, quand tu regarderas le tapis, tes yeux verront les vestiges mutilés d'un souvenir dont rien ne peut plus être sauvé.
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La steppe patagone invite les humains au silence car la voix puissante du vent raconte toujours d'où il vient et, chargé d'odeurs, dit tout ce qu'il a vu.
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Pour votre gouverne, Venise est une ville construite sur une lagune. Et elle se trouve en Italie, beugla-t-il de son lit.
- ça alors ! Et les maisons flottent comme des radeaux, renchérit quelqu'un.
- Si c'est comme ça, pourquoi des bateaux ? Ils ont qu'à se servir de leurs maisons pour naviguer, fit remarquer un autre.
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Tout arriva très vite, parce que le ciel est parfois pressé. Quelque chose se déchira dans l'air, les nuages déchargèrent leur violence et en un instant je me retrouvai trempé au beau milieu de l'avenue.
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Antonio José Bolivar ôta son dentier, le rangea dans son mouchoir et sans cesser de maudire le gringo, responsable de la tragédie, le maire, les chercheurs d'or, tous ceux qui souillaient la virginité de son Amazonie, il coupa une grosse branche d'un coup de machette, s'y appuya, et prit la direction d'El Idilio, de sa cabane et de ses romans qui parlaient d'amour avec des mots si beaux que, parfois, ils lui faisaient oublier la barbarie des hommes.
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Rien de plus immobile que le soir avec sa routine mortelle de rideaux tirés aux fenêtres, de lueurs moribondes qui éclairent des intérieurs assoupis, de grilles qui répriment tout désir de sortir acheter des cigarettes, de rues aux lumières blafardes qui projettent des obélisques sur le pavé. Le soir colle à la fumée de la cigarette, prend une teinte bleue si fine qu'elle se déchire quand il se souvient qu'il vient de lire un article sur la mort de Thelonious Monk, et il lui semble stupide de s'être laissé surprendre en pleine rue par l'annonce du décès d'un homme qu'il n'a jamais connu et dont il a toujours été séparé par une telle distance que se mettre maintenant à la calculer, peut-être en consultant l'Encyclopédie ne servirait qu'à renforcer ces ombres immobiles et cette odeur d'urine.
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A quoi peut encore être bon un ex-guérillero de quarante-quatre ans? A l'Agence pour l'emploi de Hambourg, on regarderait d'un drôle d'oeil ma demande de stage de formation, si je mettais à la rubrique 《que savez-vous faire?》: expert en filatures et contre-filatures, sabotages et actions similaires, faux-papiers, production artisanale d'explosifs, docteur-ès défaites.
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Les colons, attirés par de nouvelles promesses d'élevage et de déboisement, se faisaient plus nombreux. Ils apportaient aussi l'alcool dépourvu de tout rituel et, par là, la dégénérescence des plus faibles. Et, surtout, se développait la peste des chercheurs d'or, individus sans scrupules, venus de tous les horizons sans autre but que celui d'un enrichissement rapide.
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[...] les humains grandissent... et .. oublient, soupira la tortue et elle lui rapporta comment, avec le temps, à mesure que les petits d'humains devenaient des jeunes puis des adultes, les attentions se firent rares, la nourriture manqua, jusqu'à ce qu'on la considère comme une présence gênante dont il fallait se séparer, et on finit par l'abandonner dans la prairie.
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Il est tellement con qu'il va s'asseoir sur une fourmillière en la prenant pour un trône.
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Nul ne peut s'emparer de la foudre dans le ciel, et nul ne peut s'approprier le bonheur de l 'autre au moment de l'abandon.
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(…) l'amour ne consiste pas seulement à faire le bonheur de l'être que nous aimons, mais aussi à lui éviter de souffrir et à préserver sa dignité.


(dans "L'amour et la mort")
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" il nous a manqué au moins deux générations pour nous libérer du cancer nationaliste dont l'unique symptôme est la haine. "
(…)
Je connais l'histoire des Balkans mais je n'arrive pas à comprendre le problème actuel, et je suis sûr que la plupart des Serbes, des Croates, des Monténégrins, des Kosovars, des Slovènes, des Bosniaques et des Macédoniens ne le comprennent pas non plus, car ils n'ont connu que l'efficace manipulation de l'histoire officielle, celle qu'écrivent les vainqueurs.


(dans " L'Ile perdue")
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- Et qu'est-ce qui te fait penser qu'un humain sait voler ? voulut savoir Secrétario.
- Il ne sait peut-être pas voler avec des ailes d'oiseau, mais en l'entendant j'ai toujours pensé qu'il volait avec ses mots, répondit Zorbas.
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Aussi vrai qu'on dit qu'une main lave l'autre et que les deux lavent le cul, on doit s'entraider.
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