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Citations de Luis Sepúlveda (1558)


Je me souviens d'une histoire que m'ont racontée des muletiers en Patagonie. Il y a deux ans, un front de mauvais temps a interrompu les manœuvres d'un régiment d'infanterie à la frontière avec l'Argentine. Il avait plus trente jours et trente nuits sans interruption et un lieutenant est venu demander à un groupe de muletiers comment ils faisaient, eux, pour soulager leurs problèmes de braguette. Ils ont répondu : de la façon la plus connue, et si ça le travaillait beaucoup ils pouvaient lui amener une mule près de la rivière. Le lieutenant refuse, et d'un air dégoûté les traite de vicieux. Un autre mois passe, la neige s'ajoute à la pluie, et le lieutenant revient voir les muletiers. Mort de honte il leur demande de lui amener une mule près de la rivière. Sans comprendre les raisons de cette pudeur, les muletiers lui disent que le lendemain la mule l'attendrait près de la rivière qui continuait à monter. Le lieutenant est là, ponctuel, et après avoir ordonné aux muletiers de se tourner, il baisse ses pantalons et commence à forniquer avec la bête. Alors un muletier tourne la tête et lui dit : Mon lieutenant, la mule c'est pour traverser la rivière. Le bordel est de l'autre côté.
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La femme, Dolores Enarnacion del Santisimo Sacramento Estupinan Otavalo, portait des atours qui, eux, avaient existé et existaient toujours dans ces recoins obstinés de la mémoire où s'enracine le chiendent de la solitude.
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...et la tortue, en recherchant les mots au fond de sa mémoire, lui expliqua que ces humains étaient en train de construire les maisons dans lesquelles allaient vivre d'autres humains, grands et petits, qui viendraient porter leurs affaires sur de grand animaux avec des pattes circulaires fortes, rapides et poussées par des cœurs de métal.
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Il reçut le choc des pattes de devant et roula le long de la pente en tournoyant sur lui-même.
Nauséeux, il se releva en brandissant sa machette à deux mains, et attendit le combat final.
Au-dessus de lui, la femelle agitait frénétiquement la queue. Ses petites oreilles vibraient, captant tous les bruits de la forêt, mais elle n'attaquait pas.
Surpris, le vieux bougea doucement pour récupérer son fusil.
- Pourquoi tu n'attaques pas ? c'est quoi, ce jeu ?
Il arma les percuteurs et visa. A cette distance, il ne pouvait la rater.
Là-haut, la bête ne le quittait pas des yeux. Soudain, elle poussa un rugissement triste et fatigué, et se dressa sur ses pattes.
La réponse affaiblie du mâle se fit entendre, tout près, et le vieux n'eut pas de mal à le repérer.
Plus petit que la femelle, il était étendu à l'abri d'un tronc d'arbre mort. Sa peau collait aux os et un coup de feu lui avait presque arraché une cuisse. Il respirait à peine et l'on voyait que son agonie était très douloureuse.
- C'est ça que tu voulais ? Que je lui donne le coup de grâce ? cria le vieux, et la femelle disparut dans la végétation.
Il s'approcha du mâle blessé et lui caressa la tête. L'animal souleva lourdement une paupière. En examinant plus attentivement la blessure, le vieux vit que les fourmis avaient commencé à le dévorer.
Il posa les deux canons du fusil sur le poitrail de l'animal.
- Excuse-moi, camarade. cette ordure de gringo nous a tous gâché la vie. Et il tira.
Il ne voyait pas la femelle, mais il la devinait au-dessus de lui, cachée, secouée par des sanglots presque humains. p.124
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C'était l'amour pur, sans autre finalité que l'amour pour l'amour. Sans possession et sans jalousie.
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( Les chats veulent entrer dans le bazar d'Harry et voient Matias, le chimpanzé qui en garde l'entrée. )

-Un instant sacs à puces! Vous oubliez de payer l'entrée! glapit Matias.
-Et depuis quand est-ce qu'on paye, nous les chats ? demanda Secrétario.
-Sur la porte il y a : entrée deux marks. Nulle part il est écrit que les chats entrent gratis. Huit marks ou vous fichez le camp ! glapit énergiquement le chimpanzé.
-Monsieur le singe, je crains que les mathématiques ne soient pas votre fort, miaula Secrétario.
-C'est exactement ce que j'allais dire. Une fois de plus et vous m'enlevez les miaulement de la bouche, protesta Colonello.
-BLABLABLA! Payez ou fichez le camp! cria Matias.
Zorbas sauta sur le comptoir et regarda le chimpanzé dans les yeux. Il soutint son regard jusqu'à ce que Matias cligne des yeux et commence à pleurer.
-Bon, en réalité ça fait six marks. Tout le monde peut se tromper, reprit timidement Matias.
Sans cesser de le regarder dans les yeux, Zorbas sortit une griffe de sa patte droite de devant.
Ça te plaît Matias ? J'en ai neuf autres pareilles.
Tu peux les imaginer plantées dans ce cul rouge que tu as toujours à l'air ? miaula-t-il tranquillement.
-Pour cette fois, je ferme les yeux. Vous pouvez passer, glapit le chimpanzé en prenant un air calme. Les trois chats, la queue orgueilleusement dressée, disparurent dans le labyrinthe de couloirs.
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Il passa toute la saison des pluies à ruminer sa triste condition de lecteur sans livre, se sentant pour la première fois de sa vie assiégé par la bête nommée solitude. Une bête rusée. Guettant le moindre moment d’inattention pour s’approprier sa voix et le condamner à d’interminables conférences sans auditoire.
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Les Jivaros. Des indigènes rejetés par leur propre peuple, le peuple des Shuars, qui les considérait comme des êtres avilis et dégénérés par les habitudes des "Apaches", autrement dit les Blancs.
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Quand j'avais lu pour la première fois le livre de Chatwin, j'avais été pris de la nostalgie du retour, mais la Patagonie était trop loin des simples désirs, et les distances ne font souffrir que lorsqu'elles sont associées à des souvenirs.

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Le jour, il y a l'homme et la forêt. La nuit, l'homme est forêt. (p. 97)
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Il savait lire. Ce fut la découverte la plus importante de sa vie. Il savait lire. Il possédait l’antidote contre le redoutable venin de la vieillesse.
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Un matin, nous le trouvâmes mort dans son sac de couchage. L'expression de ses traits rendait une autopsie inutile : Rudi Weismann était mort de tristesse.
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Alors, cet homme contemple comme tout change, se transforme à l’instant précis où le soleil se fatigue d’être réduit en milliers de particules, multiplié dans les paillettes d’or que charrient les ruisseaux.
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Il savait lire. Ce fut la découverte la plus importante de sa vie. Il savait lire. Il possédait l’antidote contre le redoutable venin de la vieillesse.
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L'écureuil crie et saute rapidement de branche en branche. Le chardonneret et la pie volent vite, l'un chante, l'autre croasse, le chat et le chien courent vite, l'un miaule, l'autre aboie mais nous, nous sommes lents et silencieux, c'est la vie et il n'y a rien à faire, avaient coutume de murmurer les plus vieux.
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Le roman commençait bien.
" Paul lui donna un baiser ardent pendant que le gondolier complice des aventures de son ami faisait semblant de regarder ailleurs et que la gondole, garnie de coussins moelleux, glissait paisiblement sur les canaux vénitiens."
Il lut la phrase à haute voix et plusieurs fois.
- Qu'est ce que ça peut bien être des gondoles ?
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Quelqu'un, je ne sais plus qui, m'a dit que les humains passent leur vie à répéter des choses, des mouvements et des conduites, et ils appellent ça des coutumes, indiqua un vieil escargot.
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Couché sur le dos, il eut d'abord un soupir, puis laissa échapper de sa gorge un murmure incompréhensible, celui d'un homme à qui le poids des ans fait confondre ses douleurs avec ses joies.
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C'était un voyage ennuyeux. La pampa du salpêtre était morte depuis trop longtemps et les villages abandonnés, jusque par les fantômes des mineurs, n'offraient aucun spectacle digne d'intérêt. Même les guanacos languissants qui regardaient parfois passer le train avec une expression idiote, s'ennuyaient. Il suffisait d'en voir un pour les avoir tous vus.
Si bien que dormir à poings fermés, une fois épuisés le vin et la conversation, était ce qu'il y avait de mieux à faire.
(Rendez-vous manqués de l'amitié - Changement de route)
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- C’est à ça que ça sert, l’amitié. À chanter les mérites des amis.
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