Petit mais costaud. C'est ainsi que je pourrais résumer "Les argonautes". Il fait partie des livres dont j'entends parler depuis des années, auquel mes copines mettent (presque) unanimement 5 étoiles. Pourtant, je ne m'étais jamais penchée sur sa description, à tel point que j'ai cru jusqu'au dernier moment que j'allais lire une fiction ! Que nenni. Grâce à Babelio et l'opération Masse Critique, j'ai enfin pu jeter mon dévolu sur cet OVNI.
Dès la première page, je relis plusieurs fois certaines phrases. Je me demande ce qui cloche avec moi. Mais je crois qu'il faut se rendre à l'évidence : Maggie Nelson a une passion pour les phrases (très) longues, les références / citations et l'écriture sans structure apparente. Ne cherchez pas de chapitres. Tout au mieux, vous aurez des paragraphes qui s'enchaînent, parfois traitant du même sujet, parfois pas du tout.
Je ne vais pas être dithyrambique, même si j'aurais aimé ! Je n'arrive même pas à donner de note, aussi je vais laisser le champ vierge - ce qui est rare de moi. Les passages qui m'ont le plus parlé sont, sans surprise, ceux consacrés à la grossesse, l'accouchement et la parentalité quand on est queer : c'est vif, animal et parfois brutal. D'autres m'ont touchée (particulièrement la mort de la mère d'Harry, qui m'a tiré quelques larmes), fait réfléchir (sur la course à la parentalité, sur l'assimilationnisme quand on est LGBT+). Et d'autres, encore, m'ont laissée de marbre tandis que je les survolais, ne comprenant pas tout et ne cherchant plus vraiment à y parvenir.
En fin d'ouvrage, on apprend que le livre est composé de plusieurs textes et/ou extraits de conférence. Cela m'a aidée à comprendre la structure du livre, et mon impression d'être perdue. En conclusion, je dirais que Maggie Nelson doit être une personne passionnante avec laquelle discuter, mais qu'elle doit également être épuisante - en tout cas, pour moi !
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Un livre déroutant dans sa construction ( beaucoup de références à d'autres auteurs, analyses et récits entremêlés ) qui aborde de multiples sujets comme la notion de genre, la sexualité, la condition féminine, la grossesse, la maternité.... j'ai vraiment accroché sur les toutes derniéres pages, émouvantes, relatant les transformations du corps de Harry et celui de l'auteur lors de la grossesse et puis la mort de la mère de Harry en parallèle de la naissance d' Iggy. Sinon, le contenu a été trop froid, trop analytique pour moi. Toutefois une profonde réflexion sur le genre qui tient en haleine et qui permet de découvrir à chaque page.
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Ce livre est une forme qui tient à la fois de l'autobiographie et de l'essai, un peu comme le King-Kong théorie de Despentes. L'histoire s'ouvre sur l'amour fou et la passion sexuelle, les mots sont crus et emportés.
Dans certains passages, on comprend que l'autrice fait sûrement partie d'un petit milieu artistique et universitaire bien codifié. Elle mélange références intellectuelles et underground, se construit un personnage subversif, à la fois "in" et un peu présomptueux. Il y a beaucoup de name dropping et c'est parfois irritant.
Malgré cela, l'autrice nous parle de l'amour, de la grossesse, de la maladie et de la mort. En passant par le genre, l'identité... qui ne sont pas fixes, mais en mouvement. L'autrice enceinte vit la transformation de son corps en parallèle de celle de son conjoint Harry, une personne non binaire. Par moments, l'ambition littéraire atteint son but, et l'écriture délivre sa poésie brute. L'autrice défend le droit d'être soi, loin de toutes les étiquettes, et c'est ce que j'ai beaucoup aimé.
C'est un texte fort, brut, parfois vibrant, parfois agaçant, finalement assez inégal. J'y vois un goût pour la violence autant que pour la pédanterie, et le mélange des deux donne un tout hétéroclite. La juxtaposition des scènes renforce aussi cet effet collage / patchwork. Mais j'ai quand même aimé avoir lu ce livre, j'ai aimé son côté grande-gueule, original et fier, d'une franchise troublante.
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La tante de Maggie Nelson a été trouvée assassinée dans un cimetière vers Detroit quand celle-ci n’était pas encore née. Cet assassinat s’est trouvé inclus dans une série de meurtres et viols connue sous l’appellation de Meurtres du Michigan. Cette tante qu’elle n’a pas connue ne lui est donc théoriquement pas grand chose, mais toute sa vie en est empreinte. Au moment où, 36 ans après, elle met la touche finale à un recueil de poèmes sur ce sujet, l’enquête est ré-ouverte, et les études d’ADN permettent de redresser l’erreur judiciaire passée. Un homme est inculpé.
En tant qu’écrivain, nièce, citoyenne, soutien de sa mère, femme féministe et farouchement hostile à la peine de mort, elle suit ce deuxième procès. C’est l’occasion de voir en quoi ce drame a marqué la vie de tous et chacun dans la famille, en quoi la perte, la violence, la suprématie masculine, le sentiment d’abandon ont laissé leur marque dans l’imaginaire et le quotidien de chacun.
Avec comme fil rouge ce procès, passionnant autant qu’éprouvant, le récit est un peu chaotique, comme le sont les événements qui ressortent et les émotions qu’il déclenche. ll est rythmé par la description des photographies d’autopsie ressorties à cette occasion. C’est un belle réflexion sur les empreintes du passé, le sens de la vérité, la réconciliation possible malgré la souffrance.
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L'auteur mène une réflexion sur le genre, la maternité, le sentiment amoureux au travers de l'histoire de son propre couple.
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Je dois reconnaître que j'ai été un peu déçu en lisant "Une partie rouge" de Maggie Nelson. Sans m'attendre à un polar sur ce fait divers de 1969, je pensais, au moins, avoir un éclairage sur cette terrible affaire (comme le mobile, par exemple puisqu'apparemment il ne s'agit pas d'un tueur en série).
Ce que j'en retiens, c'est que cette tragédie a profondément meurtrie et affecté la vie de chacun des membres de cette famille, même ceux qui - comme l'auteure - n'ont pas connu la victime "Jane". Au travers des peurs que lui a transmises (involontairement) sa mère, Jane planera comme un voile autour de Maggie Nelson et conditionnera en grande partie ses choix de vie. D'ailleurs, pour nous le montrer, Maggie Nelson va nous raconter son enfance, son adolescence au sein d'une famille très marquée par cette absente.
Cela dit, elle va y mêler, sans grand intérêt pour l'affaire et sans que cela n'apporte quoi que ce soit au sujet, des épisodes de sa vie, en dévoilant de façon parfois impudique, parfois immature, ses chagrins d'amour, dont un, qui certes se déroule juste au moment de l'ouverture du procès, mais qui vient seulement polluer le récit principal.
Pour accentuer le côté dramatique de ce fait divers (alors que ce n'est nullement nécessaire,) elle fait aussi des descriptions détaillées très morbides des photos de l'autopsie de Jane, présentées à l'audience.
De plus, en faisant de nombreux parallèles entre des films qu'elle cite et ce qu'elle est en train de vivre, on a parfois l'impression qu'elle se voit comme un élément central d'un film glauque dont elle n'est -en réalité- même pas l'héroïne...
Le procès du meurtrier présumé de Jane, 36 ans après sa mort, va raviver de façon cruelle des blessures anciennes, alors que chacun avait depuis lors tenté tant bien que mal de poursuivre avec tout ça, ou plutôt sans "elle". Certains auront malgré tout le sentiment d'enfin pouvoir tourner la page après tout ce temps!
Enfin, même si on sent Maggie Nelson encore entourée par le fantôme de sa tante tragiquement disparue, elle semble vouloir porter le message de préserver les moments précieux de la vie avec ceux qu'elle aime.
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Un récit/témoignage qui prend des allures de thriller, rythmé et documenté.
Maggie NELSON est la nièce de Jane, assassinée en 1969 dans des circonstances qui n’ont jamais été élucidées.
En novembre 2004, la mère de Maggie (sœur cadette de Jane), reçoit un appel qui les sidère (je cite) car un coupable aurait été démasqué grâce à des traces d’ADN. L’enquête sur le meurtre de Jane est ré-ouverte.
Commence alors pour Maggie une reconstitution de son enfance et du meurtre de Jane au travers de ses souvenirs, de ses cauchemars qu’elle se remémore et de l’empreinte que cette affaire a laissée dans sa famille.
C’est d’autant plus troublant pour Maggie que ses dernières années avaient été consacrées à l’écriture d’un recueil de poèmes sur la vie et le meurtre de Jane.
J’ai été emportée par ce récit d’une tragédie personnelle qui touche à l’universel.
Comment une mort aussi violente impacte-t-elle les proches de la victime y compris Maggie qui n’était pas née lorsque Jane a été assassinée ?
Maggie a également été très marquée par le décès brutal de son père lorsqu’elle était enfant.
Les souvenirs douloureux de Maggie sont entrecoupés d’extraits de rapports de police ou d’autopsie pratiqués sur Jane.
L’auteure aborde aussi le délicat sujet du positionnement des médias, des défenseurs de la peine de mort.
Les derniers chapitres sont consacrés au procès, son déroulement, les acteurs au procès (experts, légistes, policiers, témoins, jury et bien sûr le Juge). Maggie est confinée et doit vivre jour et nuit avec sa mère.
Elle observe également la famille de l’assassin qui ne bénéficie pas de l’écoute bienveillante réservée aux familles des victimes et est reléguée dans une salle inconfortable du tribunal.
Pas de jugements, pas d’aprioris, des interrogations sur le sens du procès trente-quatre ans après les faits et le sens de la sentence. Un récit intelligent, généreux et profondément humain.
La fin marque peut être l’apaisement de Maggie, la vie qui continue malgré les blessures des deux évènements douloureux qui ont marqué son enfance, la mort de son père et le meurtre de Jane.
Les fantômes qui peuplent nos vies « sont immortels jusqu’à preuve du contraire » !
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Je me suis arrêtée à la moitié du livre après m'être forcée de continuer à le finir mais en vain.
Ce n'est par vraiment de la poésie mais plus des pensées aléatoires couchées sur papier certaines parties sont bien écrites et mènent à la réflection, mais la plupart n'ont pas de sens.
C’est un challenge : comment transmette son amour d'une couleur au lecteur par paragraphes interrompues pendant 100 pages ?
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Honnêtement, je ne sais pas ce que je vais retenir de cette lecture, ni ce que j'ai compris. C'est à la fois intelligent, drôle, poétique et parfois... craignos ?
Je crois qu'il me faudrait le reprendre plus tard ou une autre fois pour vraiment me faire une idée. ou relire des passages.
Ou remettre une note ici dans quelques mois pour voir ce qu'il me reste et si des choses sont remontées :)
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