Citations de Makenzy Orcel (114)
aucune femme n’est plus grande que la petite fille qu’elle a été…
Je lui disais que la littérature n'est pas une chose pour des gens comme nous, pour les putes. De laisser ça à ceux qui n'ont rien à faire. Les bienheureux. Les ayants droit. Peut-être que j'avais tort. (p. 104)
Il faut grimper
ses intimes falaises
pour attacher des ailes
à la beauté
… de notre mère, les jours de vaches maigres où elle mettait de l’eau à bouillir dans une casserole vide en nous faisant croire qu’on allait bientôt manger, entre-temps elle nous racontait des histoires jusqu’à ce que le sommeil nous emporte,…
Il n'y a pas de dialogue possible avec un dictateur, il faut l'éliminer avant qu'il n'élimine tout autour de lui.
Les vies et les vents
se plaisent
comme palustres en fête
gisant des espaces éperdus
les rives se confondent
et se confrontent
dans la tête du funambule
fumeur d’effervescence
des rêves avides de rêve
...Toi avait trouvé du travail comme "technicienne de surface" c'est à dire chienne à plein temps et à tout faire pour trois fois rien, en haut chez les riches on s'efforce de dire autrement les même choses qu'on dit en bas chez les pauvres, avec des mots qui passent par tous les chemins, s'arrêtent à tous les carrefours avant de se diriger vers le but fixé, à croire que leurs euphémismes rendraient moins pénible, moins avilissant, le boulot de cette étrangère qui vient s'ajouter aux malheurs de notre ville,...
Les mots mon amour sont des tanières de sang et de cris. Je raconte pour toi, ma petite. Je te raconte et t'appelle de mon exil intérieur. De mon île secrète, la plus lointaine. Les mots mon amour sont muets. Les gestes aussi pour te nommer. Tous les mots de mon corps ne sauraient suffire pour dire la douleur de la terre. ( p21)
Non je ne veux pas oublier. Il faut que je la raconte cette histoire sur fond de phénomène bref, de jamais vu. Il faut que je te raconte, petite Nina-Shakira à moi. Que je cesse de perdre mon temps à la banalité de la vie. Aux dégâts du tragique. Aux choses qu’on a mis tout une vie à construire et qui disparaissent en moins d’une minute. Dans l’espace d’un cillement. Il faut avancer.
Mon expérience m'a appris que, quand une simple fréquentation devient une relation, amicale ou amoureuse, elle ne peut se solder que par un échec. On s'en veut de s'être laissé emporter par l'idée qui veut que la vie ai beaucoup plus de sens à deux, alors que c'est faux. Dans un ensemble, on n'est personne. Moi, je veux être moi, point barre!
Des gens crèvent, ce qui s'appelle crever, dans la honte la plus totale. le liquide marron qui coule dans les caniveaux, à l'entrée principale du bâtiment, c'est la sauce des corps en décomposition dans la morgue sans climatiseur.
sous la dictature on disait "le dépotoir" pour parler de l'hôpital général. aujourd'hui encore ça reste un des endroits en Haïti où la mort a le plus de clients.
Une ville sans pute est une ville morte
les branches
miment tes cils
quand les larmes se muent
en vitres de mer
il faut grimper
ses intimes falaises
pour attacher des ailes
à la beauté
Ces objets (les livres), disait-elle, qui prennent peu de place dans la maison, mais beaucoup à l'intérieur de soi, dans son coeur, qui font jaillir la lumière dans le coin le plus reculé, le plus sombre de soi-même.
« il est de ces jours où il fait un temps à aimer la vie, coucher sous les arbres, regarder danser le vent dans les branches, compter les étoiles éparpillées sur l'immense tapis noir du ciel, à essayer bêtement à trouver celle qui t'appartient, car chaque vivant sur la terre est branché à une étoile dans le ciel qui file la veille de sa mort (...) »
Le seul point de ralliement possible entre l'oppresseur et l'oppressé est dans l'acte même d'oppresser. L'oppressé souffre. L'oppresseur jouit.
La poésie n'est pas censée comprendre. Seulement sentir. Sentir jusqu'à pleurer...
Nuit
araignée nostalgique
sans géométrie d’étreinte
faux bleu de l’espace
entre ma mémoire et la mouvance
de tes hanches
les mots voyagent
derrière leur automne
La nuit cache le vrai visage du monde.
tiens, fiston, c’est pour toi, c’était bien ce qu’il m’avait dit l’Autre, celui qui était venu avec des mots d’adieu, qu’est-ce qu’il en sait, ce fils de pute, un père, je veux dire un vrai, ne fuit pas, c’est quelqu’un qui fait du mieux qu’il peut pour élever dignement son enfant, qui sait ce que ça veut dire être père, qui sait que ça ne s’abandonne pas un enfant, que ça a des rêves qui ont besoin d’épaule et de lumière, que ça a besoin de compter sur quelqu’un, moi mon père c’est moi.