Citations de Manu Larcenet (1020)
Quand je photographiais des cadavres, on disait que j'étais intéressant. Maintenant que je m'intéresse aux vivants, je suis devenu "ordinaire".
Je suis décidément incapable de résister à la bouffe, que la compagnie soit plaisante ou pénible. Dans le premier cas, je mange par entrain, dans le second par ennui, dans les deux cas je mange et bois trop, sans envie réelle de manger ou de boire.
N'y vois surtout rien de perso non plus, mais ça me fait quand même un tout petit peu mal au cul de me faire foutre à la porte par un gros con !!
"Si tu manques aux petites promesses, tu manqueras aux grandes."
C'est toi qui l'as dit.
Qu'est-ce que je pouvais avoir l'air con avec la crête sur la tête ! … Mais... j'avais encore des cheveux. En vieillissant, c'est fou ce qu'on peut perdre comme cheveux et gagner comme poids !
Alors aujourd'hui, c'est à la mode d'avoir des racine de-ci, de-là... Conneries oui ! C'est rien d'autre que la glorification de la tradition imbécile !
ça nous colle au sol... ça nous empêche d'avancer... Les racines, c'est bon pour les ficus !
Je suis celui dans le cerveau duquel ils déversent toutes leurs sanies, leurs ordures, pour s’alléger… Puis ils repartent, tout propres, prêts à recommencer à la première occasion.
Je suis l’égout, Brodeck.
Ils savent que l’égout ne parlera jamais de rien à personne… Ça leur permet de dormir tranquilles. Moi, je déborde sous le trop-plein, ça me pourrit l’espoir, leurs secrets… Je crèverai sous le fardeau dégueulasse qu’ils m’ont confié, c’est sûr… et ça me terrifie.
Emélia dansait dans mes bras sous les arbres nus de janvier. (…) L'air était froid et nos joues rosées. C'était l'instant vertigineux qui précède le premier baiser, tout était comme suspendu à la mélodie qui virevoltait dans la lumière dorée du feu de joie.
Le monde est tellement complexe que j’essaye d’éviter maintenant d’y chercher autre chose que la beauté. Au début, je pensais qu’il fallait qu’il y ait plus que de la beauté dans l’art. Mais je me demande si la force de l’art, ce n’est pas justement qu’il n’y ait que la beauté. Il n’y a rien d’autre dans le monde, à part la nature, qui soit si simplement beau. Les choses servent à quelque chose. La beauté est.
Entretien Lire n°447 juillet-août 2016
BD - Jasper, l'ours bipolaire
Jasper
- L'euphorie, l'abattement, l'euphorie...et puis de nouveau l'abattement...et l'euphorie...
Le Psy
- Et jamais l'inverse?
Des souvenirs, j'en ai plein la tête, j'ai pas besoin d'en avoir plein mes tiroirs
- B...bonjour .
- 'jour .
- Je...je peux savoir ce que vous faites ?
- On déménage . C'est pour ça qu'y a pas marqué " Les danseurs modern jazz Bretons " , là...
Mes histoires d'amour m'ont montré que j'aime la solitude. J'ai toujours été fasciné par l'absence, tant la présence m'ennuie.
Mon père est mort. Je ne crois pas que je mesure encore bien toute l'étendue du cataclysme. Quand je ne serai plus anesthésié par la brutalité de sa disparition, j'entreverrai alors peut-être toute l'étendue intime du deuil. Pour conjurer la peur, depuis tout môme, j'ai imaginé ce moment sous toutes ses coutures. Je l'ai tellement fantasmé que lorsqu'il est arrivé... j'ai été soulagé. Etrangement, c'est comme si je m'étais dit : "On y est. C'est arrivé. Une horreur de moins à vivre, c'est toujours ça de pris." Mais dans ces innombrables fantasmes morbides, ces mises en scène, dans toute cette préparation rituelle, il y a une chose que je ne pouvais pas savoir... Rien ne prépare à la permanence de l'abomination. (p. 27)
De manière rassurante ou au contraire terrifiante, tout ce que je fais porte la trace de mon père. Ce qu'il m'a appris ne se résume pas à ce que je vis… Je suis intimement une part de lui. Il m'arrive de croire, aux rares moments d'euphorie, que je me suis affranchi de lui … Mais ça ne dure jamais bien longtemps … Il n'est pas une heure sans qu'il ne me remonte à la surface, pour le meilleur ou pour le pire. Je n'ai pas la certitude que nous soyons réellement séparés. Je suis en lui, il est en moi. Je suis mort, il est en vie … C'est un mystère. Savoir enfin ce que je suis passe à coup sûr par comprendre qui il était
Mais... Je … Je marche sur l'eau !! C'est tout bonnement incroyable ! Aux temps bibliques, j'aurais été fils de Dieu... Aujourd'hui, je peux m'estimer heureux si j'ai deux cents vues sur YouTube...
- Manu Larcenet, savez vous ce qu'écrivait Nietzsche à propos de la création artistique ?
- Naaaaaan ! J'étais nul en maths !
- Veux-tu qu'en ce moment privilégié nous échangions sur le ji, Demi-Lune ? Ou préfères-tu que nous abordions le shïki ? Ou encore le ken sho ?
- Merci, maître, le matin, en principe, je suis plutôt Benco® …
Je me prends un Tranxène, dès fois que ça me calme. C'est étonnant de voir à quel point je peux me raccrocher à un petit bout de truc rose et chimique. On a les bouées qu'on peut.
Un jour, mon prof de dessin a rencontré mes parents. Pendant l’entretien, il a pris son stylo et l’a démonté entièrement. Il a étalé toutes les pièces sur la table et a déclaré : "Chaque partie de ce stylo a été dessinée." Il existait donc une infinité de débouchés dans les arts graphiques, loin du destin d’artiste maudit. C’était un choix peut-être risqué, mais pas suicidaire. Mes parents ont été bluffés.
Interview Les 20 ans de Manu Larcenet, publié le 15.09.2011 sur letudiant.fr