En règle générale, je rédige mes chroniques assez rapidement après la lecture d’un livre. Mes souvenirs sont précis, je suis mes axes de lectures…
Plus rarement, je laisse passer un peu de temps, volontairement ou non, et ma mémoire a digéré le livre, me laissant une appropriation, des sensations, des impressions plus diffuses et moins aisées à mettre en mots…
Le Parfum des cendres, premier roman de Marie Mangez, était un peu passé sous la pile des gloses à écrire, je l’avoue. Il me reste en tête toute une ambiance…
Deux personnages que tout oppose sont amenés à collaborer, à échanger des expériences, à se confronter l’un à l’autre, à s’apprivoiser… Rien de bien nouveau me direz-vous, une romance sans grande surprise me disais-je…
Eh bien, non ! Marie Mangez nous propose un roman original et sensoriel qui revisite les codes de la rencontre amoureuse et de la communication.
Sylvain est bourru, solitaire, taiseux... Il exerce le métier de thanatopracteur, une activité qui ne facilite pas les contacts… De plus, il se comporte étrangement vis à vis des corps des défunts dont il s’occupe ; naturellement, il agit avec respect et professionnalisme mais, de surcroit, il est capable de cerner leur personnalité, de comprendre leur parcours…
Alice est volubile, directe et thésarde… Le sujet de son mémoire peut surprendre, sur les pratiques autour de la mort. Pour mener à bien ses recherches, elle passe beaucoup de temps avec des professionnels de la conservation des corps… Aux côtés de Sylvain, elle est déconcertée et, très vite, curieuse de mieux le connaître.
Autour de ces deux personnages, Marie Mangez déploie le monde des odeurs, des senteurs, des parfums et, surtout, nous le fait partager, ressentir de l’intérieur. Elle nous parle aussi de surdité.
En parallèle, il y a un mystère, un traumatisme ancien et, parfois, l’autrice semble nous entraîner dans un scénario prévisible, attendu, comme un prérequis du genre et puis, non, ce ne sera pas ce que l’on croyait voir venir. J’ai beaucoup apprécié de dénouement dont je ne peux pas parler ici, ne voulant pas divulgâcher.
Ce roman me laisse un arrière-goût d’insolite, de sensoriel… Il se lit aussi avec le nez, avec les sens. Personnellement, je suis assez sensible aux odeurs et j’ai apprécié la galerie de portraits des défunts. Ici, la mort est au premier plan, sans fioritures, détaillée, objectivée. Les cadavres ne font plus peur, ne gênent pas. Tout est dit dans le titre : le parfum induit une odeur agréable et les cendres renvoient aux restes mortels, à la pénitence et au deuil.
J’avais choisi la version audio lue par Sophie Frison, qui prête sa voix en servant le texte, autant dans l’émotion que dans l’humour.
Ce premier roman est une excellente surprise !
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