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Citations de Marina Tsvetaieva (457)


Insomnie ! Mon amie !
Je rencontre encore ta main
et la coupe qu'elle tend
dans la nuit de silence
bruissant.
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Occupation préférée, dès quatre ans, la lecture; dès cinq ans, l'écriture. Tout ce que j'ai aimé, je l'ai aimé avant sept ans, je n'ai rien aimé d'autre.
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[...]

Qu’ai-je à faire moi – chanteur et premier-né,
Dans ce monde où l’on met les rêves en conserves,
Où le plus noir est gris… Un monde de mesure
Avec tout mon être – tout de démesure !

("Le Poète", Partie 3)
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Marina Tsvetaieva
Il est des noms tels des fleurs étouffantes
Et des regards qui sont un feu dansant…
Il est des bouches sombres, ondoyantes,
Aux coins profonds, humides, envoûtants.

Il est des femmes au casque de cheveux,
À l’éventail qui sent bon le désastre.
La trentaine. — Qu’as-tu besoin, dis-le,
Qu’as-tu besoin de mon âme d’enfant spartiate ?

Ascension 1915
Extrait de LES POESIES D'AMOUR
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Pourquoi j'écris ? J'écris parce que je ne
peux pas ne pas écrire.


p.44
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Tu m'aimas dans la fausseté
Du vrai, - dans le droit du mensonge,
Tu m'aimas - plus loin : c'eût été
Nulle part ! Au-delà ! Hors songe !

Tu m'aimas longtemps et bien plus
Que le temps. - La main haut-jetée ! -
Désormais :
- tu ne m'aimes plus -
C'est en cinq mots la vérité.


12 décembre 1923
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Les vers naissent comme les étoiles et les roses,
comme la beauté dont la famille ne veut pas,
Et aux couronnes et aux apothéoses
Une seuls réponse: mais d'où me vient cela?
Nous dormons et à travers les dalles de pierres,
De l'hôte céleste percent les quatre pétales.
Sache-le, ô monde! Me poète découvre dans ses rêves
La formule de la fleur et la loi de l'étoile.
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Fatiguée de la loterie, comme
Dans mon enfance, -- je quitterai le jeu
Heureuse de ne pas croire
Qu'il y a d'autres mondes.
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ÉMIGRANT

Vous êtes ici entre vous : maisons, monnaies, fumées,
Et les femmes, et les idées,
Sans réussir à vous aimer, sans réussir à vous unir,
Alors, celui-ci ou celui-là, —

Comme Schuman avec le printemps sous son manteau :
— Plus haut ! Toujours plus haut !
Alors, comme le trémolo en suspend d'un rossignol —
Cet élu ou tel autre,

Le plus craintif —, car vous avez d'abord relevé la tête,
Puis léché les pieds !
Perdu parmi les hernies et les harpies,
Dieu, dans les lieux de perdition.

Puis un de trop ! Il vient de haut ! Un ressortissant !
Un défi ! Et qui n'a pas perdu l'habitude… De voir
Trop haut… Qui refuse les potences… Parmi
Les déchets de devises et de visas…
Un ressortissant.

3 février 1923

p.131-132
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Le poème de l'air

Plénitude, plénitude naturelle.
Ipséité, qualité stable du moi.
Marches d'un escalier commun,
L'heure (nocturne) indifférenciée,
Cette sensation d'étalement anonyme
Contre un mur. Aspirée par un souffle
D'air jardinier, cette évidence en moi que
Quelqu'un me précède me cède —
De toute sa plénitude divine
De nuit, de toute son insurrection
De ciel. (Comme froissement
Des feuilles du mélèze, comme chuchotis d'écume
Contre le pont). Ni la contrée
Ni l'heure ne sont connues.
L'invisibilité est absolue,
Au cœur de la nuit même.
(Cette nuit n'est pas plus noire que noir,
Infiniment plus nuit que noire elle est !
La pellicule qui irisait
L'iris de sa beauté
Cinnabre, carmin,
— évanoui l'entre-nos-deux réalités
Aux résillements de la rétine —
Ne souillera plus mon œil.)
Un songe ? Au mieux
Un son. Mais dans ce son, alors
Quelle image ? Quel mirage ? Tais-toi, laisse-
Moi écouter : nous deux faisons pas un !
...
p.181
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Le poème de l'air

Le distique primordial,
On le cloue on l'a cloué.
Platement la cloison s'est apaisée,
Derrière la porte, qui patiente
Rigide comme branche de sapin
Décorant une entrée — veuves, dites-nous en
L'usage ! — immobile se tient
L'hôte que le maître a convié,
La soucieuse sollicitude
Du maître. Ou bien, comparaison
Comparution plus juste, comme
Celui que somme d'un signe
La maîtresse de maison — dans le noir,
Trait de foudre sur les chefs ancillaires.
Or lui, fût-il ombre, fût-il
Vif, voici que le coup le quiert
Interminablement, tant sa dépense
Dépense puissance solvable —
Cet excès dont on meurt ! —
Qui est battement au cœur de la maîtresse :
Comme l'aubier du bouleau sous la hache.

p179
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L'heure de l'âme

1

En cette heure profonde de l'âme et de la nuit,
Hors cadran,
Je regardais un adolescent — ses yeux,
Pour les nuits de personne encore, deux

Lacs retenus,
— Sans mémoire —
Ils reposent…
Depuis eux
Ta vie commence.

Regard de louve grisonnante,
Dans ce mauvais grain mûri — Rome !
Maternité d'une roche qui songe…
Mon abandon n'a pas de nom…

Et déchiré le tégument
— Ce qui se perd donne richesse —
Ainsi autrefois au-dessus d'une corbeille
De roseaux cette fille d'Égypte

Qui se penche…

14 juillet 1923
p.146
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Mots murmurés la nuit : soie -
Main éparpillante.
Mots murmurés la nuit : soie -
Lèvres qui déplissent.
Comptes
De toutes jalousies diurnes
et éclat
De toutes vieilleries – et serrant les dents -
Et, un vers, là,
Débat -
Dans le bruissement…

Et une feuille
Au carreau…
Et, premier chant d’oiseau.
- si pur ! – Et soupir.
Pas le bon – C’est plus là.
Elle non plus.
Et
Haut le corps.
Rien.
Du vent.
Fin.
Comme absent.

Et dans cette vanité des vanités
Tranchante, l’aurore.

juin 1922
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Il en tomba combien dans cet abîme
Béant dans le lointain !
Et je disparaîtrai un jour sans rimes
Du globe, c'est certain.

Se figera tout ce qui fut, --- qui chante
Et lutte et brille et veut :
Et le vert de mes yeux et ma voix tendre
Et l'or de mes cheveux.

Et la vie sera là, son pain, son sel
Et l'oubli des journées.
Et tout sera comme si sous le ciel
Je n'avais pas été !

Moi qui changeais, comme un enfant, sa mine,
--- Méchante qu'un moment, ---
Qui aimais l'heure où les bûches s'animent
Quand la cendre les prend,

Et le violoncelle et les cavalcades
Et le clocher sonnant...
---Moi, tellement vivante et véritable
Sur le sol caressant.

À tous --- qu'importe ? En rien je ne mesure,
Vous : miens et étrangers ?! ---
Je vous demande une confiance sûre,
Je vous prie de m'aimer.

Et jour et nuit, voie orale ou écrite :
Pour mes "oui", "non" cinglants,
Du fait que si souvent --- je suis trop triste,
Que je n'ai que vingt ans,

Du fait de mon pardon inévitable
Des offenses passées,
Pour toute ma tendresse incontenable
Et mon trop fier aspect,

Et la vitesse folle des temps forts,
Pour mon jeu, pour mon vrai...
--- Écoutez-moi ! --- Il faut m'aimer encore
Du fait que je mourrai.
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---Dieu, ne juge pas ! Tu n'étais pas
Une femme, sur terre !
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La beauté, la liberté - une femme aux pieds de laquelle succombent ses élus. La liberté - un nuage d'or auquel seul un rêve qui brûle toute l'âme, dévaste toute la vie, donne accès. Se battre donc, je me battrai, à l'heure du soulèvement, pour une inaccessible liberté et une beauté d'un autre monde. Pas pour le peuple, pas pour la majorité qui est bornée, idiote et qui a toujours tort. Voilà une théorie solide, qui ne trompera jamais : être du côté de la minorité, toujours traquée par la majorité. Allez contre, voilà ma devise!
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Tout ce que j'ai écrit me tient très à coeur. Seulement ne faites pas le sage, en me répondant, - si vous répondez ! La sagesse, en effet, on la trouve dans les livres, or moi, j'ai besoin d'une réponse d'homme, pas d'une réponse de livre.
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Mon oubli total et ma méconnaissance absolue d'aujourd'hui ne sont que ta présence absolue et mon absorption totale d'hier. Autant tu étais - autant tu n'es plus. L'absolue présence à rebours. L'absolu ne peut être que l'absolu. Une pareille présence ne peut devenir qu'une telle absence. Tout - hier, rien - aujourd'hui.
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"Il y a des poètes-nés - Pasternak.
Il y a des lutteurs-nés - Maïakovski"
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Marina Tsvetaieva
Extrait d’une lettre du 31 décembre 1929 à Meudon

[…] Boris, avec toi je redoute chaque mot, voilà la raison de mon silence épistolaire. Car nous n’avons rien d’autre que les mots, nous y sommes condamnés. Car tout ce qui, avec d’autres, passe – sans mots, les mots sans voix, sans rectification par la voix. Le peu de chose prononcé (l’air a tout mangé) – est affirmé, muettement hurlé. Boris, d’ordinaire, dans toute relation humaine, les mots sont juste une main-forte, une béquille, une dernière extrémité, et l’extrémité l’est toujours – dernière. On dit bien – en guise d’adieu. Je ne sais pas si elle est vraiment de lui, mais Stépoune a eu une formule définitive : « Ce qui a perdu les romantiques, c’est d’avoir toujours été les derniers. » Chacune de nos lettres est la dernière. Tantôt – la dernière avant notre rencontre, tantôt – la dernière pour toujours. Peut-être est-ce d’écrire rarement que tout reprend à neuf – à chaque fois. L’âme se nourrit de la vie, ici l’âme se nourrit de l’âme, auto-dévoration, impasse. […]

Quinze Lettres de Marina Tsvetaeva à Boris Pasternak, éditions Clémence Hiver
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