Citations de Mathias Malzieu (2371)
Tes yeux sont trop grands, on voit ton cœur à travers quand tu ris.
De quoi ai-je peur ? De toi, enfin de moi sans toi.
Le comble de la séduction, c'est de lui donner l'illusion que tu n'es pas en train d'essayer de la séduire.
Les jours passent, la nuit reste. Maintenant, tu me manques. Des fois c’est tes bras, des fois c’est tes pas dont je crois reconnaître le bruit. La plupart du temps, c’est toi en entier.
C'est pas très difficile de croire. Il suffit de se convaincre.
Les infirmières portent des armoires à glace émotionnelles sur leur dos en souriant. Ce sont les grandes déménageuses de l'espoir. À elles la lourde tâche de diffuser quelques bribes de lumière aux quatre coins de l'enfer, là où les anges perdus font du stop à main nue.
Je viens d'embrasser la fille à langue d'oiseau et rien ne sera plus jamais comme avant. Mon horlogerie palpite tel un volcan impétueux. Pourtant ça ne fait mal nulle part. Enfin si, quand même,j'ai un point de côté. Mais je me dis qu'après une telle ivresse de joie, ce n'est qu'un maigre prix à payer. Cette nuit, je vais grimper à la lune, m'installer dans le croissant comme dans un hamac et je n'aurai absolument pas besoin de dormir pour rêver.
Si c'était pas une histoire de tradition et de respect pour les autres "habitants" du cimetière, en plus des fleurs, je t'amènerais des gâteaux et des livres. Des oiseaux, il faut des oiseaux, je vais planter des œufs d'oiseau, j'irai en cachette et tu finiras par éclore de nouveau.
Je suis le plus con des dragons. Celui qui crache des étincelles et se crame les ailes avec.
L'infirmière fait de son mieux pour régler la machine qui n'arrête plus de sonner. J'apprends à ne pas détester ces outils. Elle me prépare les globules rouges, ça fait des bruits de paquet de bonbons.
- De quel groupe êtes-vous ? demande-t-elle.
- Dionysos, je réponds.
- Je parlais de votre groupe sanguin.
- Ah oui... O +.
(p. 107)
Rapetisser devant l'immensité du monde, s'exposer au sublime. Vérifier la houle comme on vérifie son courrier, partir pour se retrouver. S'inventer de nouveaux souvenirs. Se donner les moyens d'être surpris. Imaginer et travailler dur pour réduire l'écart entre rêve et réalité. Souder. Se souder. Résister. Tenir. Soutenir. Résister. Ne plus se contenter de regarder, apprendre à voir. Trouver. Se retrouver. Se perdre. Perdre. Donner. Recommencer. Vivre en accéléré pour tenir en équilibre entre le futur et le passé.
Il doit rester quelques rêves d’enfant cachés sous mon oreiller, je tenterais de ne pas les écraser avec ma tête lourde de soucis d’adulte.
Planter un stéthoscope dans les nuages pour écouter le bruit de la pluie qui se fabrique.
Tout est arrondi chez elle, les yeux, les pommettes ridées façon reinettes, la poitrine. Une vraie machine à s'emmitoufler.
C'est mal foutu la mort, le sommeil, tout ça. On devrait pouvoir, comme les machines, appuyer sur un interrupteur pour mourir de temps en temps et pour quelque temps. Plus que dormir, vraiment mourir, déconnecter les rêves, la somnolence, les spasmes, éteindre. S'éteindre tout seul parce que l'on sait que le sommeil ne suffira pas, que l'aube arrivera trop vite.
Il y a toujours un moment aussi ridicule qu'agréable où je crois à l'impossible.
Ton cœur n'est qu'une prothèse, il est plus fragile qu'un cœur normal et ce sera toujours ainsi.
C'était tellement plus facile lorsqu'il s'agissait seulement d'un fantasme ! Je suis en train de devenir "ce que je suis" et cette réalité me fait peur.
Ce matin en sortant de la douche, je me suis senti tellement fatigué que j'ai eu l'impression de m'effacer en me séchant.
Moi, personne ne me sauverait. Et plus terrible encore, je ne sauverais personne. Il fallait être capable de se sauver soi-même pour prétendre aider les autres.