Vingt ans après la disparition d’un adolescent, un réalisateur de podcast, Scott King, revient sur les faits et retrouve les témoins, plus ou moins bavards, à la mémoire parfois aussi hésitante, plus ou moins fiable. Le mystère plane toujours sur les lieux dont l’histoire est aussi une des composantes du récit, parce que le mont Scarclaw est emprunt de souvenirs souterrains.
Le premier à parler n’a pas fait parti du groupe des amis de Tom Jeffries, l’adolescent disparu. Lui, il appartient au groupe numéro 2, celui des jeunes fêtards qui ont découvert le corps, un an plus tard, flottant décomposé dans les marais proches des bâtiments du centre Woodlands. Le centre comporte des dortoirs, une cuisine et tout ce qu’il faut pour accueillir des groupes de randonneurs, de chasseurs, de curieux des étrangetés du paysage écossais. C’est à lui, Harry Saint Clément Ramsay, fils du propriétaire actuel du mont, qu’il est confié le soin de planter le décor : les marais, les pièges de la montagne hérissée de panneaux mettant les promeneurs en garde contre ses dangers. La montagne fut exploitée jusque dans les années 1900 pour son minerai. De cette époque révolue, reste des galeries croulantes, refuges possibles aussi pour des adolescents en proie aux affres de la découvertes de leurs limites, ou de leur puissance. Il y a aussi dans la parole de Harry une forme de terreur obscure, la découverte macabre du corps de Tom, et les brumes autour d’une légende, Nana Varech, la bête de Belkeld, un monstre féminin qui rôde dans la boue, les plantes marécageuses et l’humus gras et noir.
Ensuite, vient la voix de Derek Bickers, 62 ans et toujours marqué par la culpabilité. Tom appartenait aux « coureurs », un groupe informel de scouts familiaux. Les parents se connaissaient, partageaient des valeurs un peu baba cool, retour à la nature, tolérance, confiance …. Depuis des années, ils organisaient des séjours au centre, les enfants sont devenus ados et passent leur temps à d’autres occupations que de se lancer des tas de feuilles mortes sous le regard attendri de Derek. Il était un des responsables du groupe auquel appartenait Tom, durant le dernier séjour au centre. Il y avait aussi sa propre fille, Eva, son amie, Anuyes, et deux autres garçons, Brian Mings et Charlie. Derek fut accusé de négligence et victime de de la presse et cloué au pilori par les réseaux sociaux. Mais c’est lui aussi qui donne une première analyse de ce qui est, finalement, l’arrière plan de la disparition de Tom, les rapports de domination dans le groupe, bien moins tolérant et cool que l’image donnée par les médias, 20 ans auparavant. C’est avec la voix d’un autre protagoniste, Haris Novack que ça se corse. Autiste, il habite le village du mont où souvent, les adolescents, qu’il prend pour des orphelins, trainent, à la recherche de cigarettes ou d’alcool. Ses allures étranges, ses manies et sa générosité naïve en ont fait aussi une cible.
Au fur et à mesure que les témoignages des ex-adolescents se succèdent dans le podcast, ils semblent confus, amnésiques, évasifs et fuyants, et de plus en éloignés de l’idée d’un séjour en communion avec la nature, les dominés et les dominants révèlent un jeu de rôle pervers, comme une meute de petits animaux qui jappent et se griffent, ne sachant pas trop quoi faire de leurs désirs et de leurs frustrations.
L’auteur du podcast se garde de tout jugement mais commente la succession de leurs oublis et contradictions. Et finalement, ça fait redondance, parce qu’on les voit bien les mensonges, ou les demis vérités. Le principe des différentes versions est également un peu bancal parce qu’il conduit à des répétitions des mêmes scènes, trois ou quatre qui tournent en boucle, et s’enrichissent assez peu. On finit par tourner un peu en rond, jusqu’au rebondissement final qui relance un peu le rythme. Mais façon crêpe.
Cependant, il n’est pas dit que je ne lirai pas la suite de cette série, en espérant que la prochaine affaire soit un peu plus dense pour nourrir le procédé narratif.
Lien :
https://aleslire.wordpress.c..