Citations de Matthieu Ricard (812)
Ils ne faut pas vouloir les bloquer, mais remonter à leur source et regarder leur nature première. On s’aperçoit alors que les pensées n’ont pas le pouvoir d’aliénation qu’on leur prête. Si on les examine, on découvre qu’elles s’évanouissent au fur et à mesure qu’on les scrute. Elles viennent de nulle part et n’ont nulle part où aller lorsqu’elles disparaissent. Leur apparente solidité s’évanouit comme la gelée matinale fond sous les rayons du soleil. Ensuite, on peut demeurer dans la simplicité primordiale de l’esprit, la clarté naturelle de l’instant présent, la sérénité immuable de la transparence ultime de l’esprit, sans évoquer le passé ni imaginer l’avenir, sans espoir ni crainte. Cet exercice n’aurait aucun intérêt en soi si, maintes fois répété, il ne conduisait à reconnaître le caractère insaisissable des pensées. Cette reconnaissance de leur vacuité nous libère de leur emprise. Les pensées perturbatrices perdent peu à peu leur pouvoir de soulever en nous des tempêtes intérieures et de nous rendre négatifs envers les autres. Au fil du temps, on devient expert dans ce processus de libération et, lorsque les pensées surviennent, on les regarde aller et venir comme un vieil homme tranquille regarde des enfants jouer.
Tel un vieux parchemin qui s'enroule sur lui-même,
Les mauvais penchants tendent à revenir, et les nouvelles habitudes
Sont facilement détruites par les circonstances.
Vous ne trancherez pas l'illusion en un instant ;
Vous tous qui vous prenez pour de grands méditants,
Consacrez-vous longtemps encore à la méditation !
GYALWA YANGÖNPA (1213-1287)
Guialwa Yangonpa (rgyal ba yang dgon pa, 1213-1287), citation orale recueillie par l'auteur.
Si c'est le bonheur que tu cherches,
Supporte d'abord la souffrance.
Sans avoir goûté aux larmes,
Tu n'apprécierais pas le rire.
Chengnawa Lodrö Gyaltsen (spyan snga ba blo gros rgyal mtshan, 1402-1472), cité par Shabkar, in bka' gdams sprul pa'i glegs bam, fol. 177b.
Nous consacrons énormément d'efforts à l'amélioration des conditions extérieures de notre vie. Et pourtant, en fin de compte, c'est toujours l'esprit qui fait l'expérience du monde et traduit les situations extérieures en bien-être ou en souffrance. Si nous sommes capables de transformer la manière dont nous percevons les choses, nous transformons de ce fait même la qualité de notre vie.
Or ce que nous pouvons faire, c'est fondre la glace des concepts et des préjugés pour la transformer en l'eau vive de la liberté de tous les possibles.
K. Rispotche
Si tu penses que le monde entier se dresse en ennemi, imagine, toi le vannier, que tu te trouves devant des tonnes d'osier. Pour faire des paniers, il te faudra tresser correctement cet osier. De même, face à toutes ces difficultés, tu dois vanner parfaitement un panier intérieur suffisamment grand pour contenir tous les aléas de l'existence sans qu'ils te submergent. Bref, il est essentiel que tu t'occupes de ton esprit avec discernement.
On peut se demander : ‟ Si la nature de la bouddhéité se trouve en moi, pourquoi ne puis-je pas la percevoir tout de suite ? ” Parce que, à l'image de l'or enfoui dans sa gangue, elle est voilée par les tendances que nous avons accumulées depuis des temps immémoriaux, tendances qui ont elles-mêmes été induites par les poisons mentaux, puis renforcées par les actes auxquels ces perturbations ont donné lieu.
Etre libre, c'est être maître de soi même. Ce n'est pas faire tout ce qui nous passe par la mais s'émanciper de la contrainte des afflictions qui dominent l'esprit et l'obscurcissent.
Les télomères sont des segments d’ADN situés à l’extrémité des chromosomes. Ils assurent la stabilité des gènes lors de la division cellulaire, mais sont raccourcis chaque fois que la cellule se divise. Lorsque la longueur du télomère diminue au-dessous d’un seuil critique, la cellule cesse de se diviser et entre graduellement dans un état de sénescence. Les télomères sont toutefois protégés par une enzyme appelée télomérase. Ainsi, le vieillissement des cellules de notre corps, notre santé et notre longévité sont affectés par le taux d’activité de télomérase.
L'ultime pessimisme revient à penser que la vie dans son ensemble ne vaut pas la peine d'être vécue. L'ultime optimisme, à comprendre que chaque instant qui s'écoule est un trésor, dans la joie comme dans l'adversité.Ce ne sont pas là de simples nuances, mais une différence fondamentale dans la façon de voir les choses. Un tel écart de perspectives est lié au fait d'avoir ou non trouvé en soi cette plénitude qui est seule apte à nourrir une paix intérieure et une sérénité de tous les instants.
Du point de vue chronologique, si l'on réduit à une année les quinze milliards d'années que l'on attribue à notre univers, l'homme civilisé, Homo sapiens, ne fait son apparition que le 31 décembre à 23h59. Celui qui se prend pour le "centre de l'univers" est donc un arrivant de dernière minute.
Notre esprit est la plupart du temps instable, capricieux, désordonné, balloté entre l’espoir et la crainte, égocentrique, hésitant, fragmenté, confus, parfois même absent, affaibli par les contradictions internes et le sentiment d’insécurité. De plus, il est rebelle à tout entraînement et se retrouve constamment occupé par son bavardage intérieur qui maintient un « bruit de fond » dont nous sommes à peine conscient.
Il faut pouvoir apprécier la valeur du temps. C'est la denrée la plus précieuse que nous ayons. Sénèque disait : "Ce n'est pas que nous n'avons pas beaucoup de temps, c'est que nous en gaspillons beaucoup."
Il ne s'agit pas seulement de profiter du moment présent, mais de l'ensemble du temps qui passe. Sinon, c'est comme de l'eau qui coule entre les doigts et dont il ne reste rien.
Vouloir meubler le temps par des distractions, des choses qui nous dispersent n'est pas bon pour les facultés cognitives et ne nous rend pas vraiment heureux.
Réapprenons à s'imprégner de la beauté d'un beau paysage, de l'immensité de la perspective et à écouter les bruits de la nature. Le son du silence, qu'est-ce qu'il y a de plus beau ? Sans être dans la résistance, on peut essayer d'être présent à soi-même au quotidien, d'être dans la profondeur de son esprit.
Au fil des années, j'ai découvert que tenter humblement de changer afin de mieux servir les autres procure une profonde satisfaction et surtout, la grâce unique de l'altruisme et de la compassion.
La sombre Jalousie au teint pâle et livide
Suit d'un pied chancelant le Soupçon qui la guide.
Voltaire
On s'est donc focalisé sur le taureau, animal suffisamment combattif pour garantir le spectacle, mais pas trop dangereux, puisque le torero a au moins 9999 chances sur 10000 de s'en sortir vivant. (p.298)
Le vrai bonheur naît de la bonté fondamentale que désire de tout son cœur chaque personne voulant donner du sens à sa vie
Même si je m'agrippe à mes possessions,
Je n'aurai d'autre choix que de partir en abandonnant tout.
Je cultiverai donc la générosité, et j'accomplirai
Ce qu'il y a de mieux pour cette vie et les suivantes !
Le corps, aussi impermanent que la brume printanière ;
L'esprit, aussi immatériel que le ciel vide ;
Les pensées, aussi évanescentes que la brise qui passe :
À ces trois choses songe continûment.
Si l'on devait n'écrire qu'un seul article d'une hypothétique Déclaration universelle des droits des êteres vivants, il pourrait être formulé ainsi : "Tout être vivant a le droit de vivre et de ne pas être victime de souffrances imposées par autrui."