Citations de Michael Roch (154)
Je n’ai pas de temps à perdre avec eux. La mort de ma femme et de mes deux fils ne regarde que moi. Je dois agir seul. C’est l’unique solution pour que je retrouve mon calme, ma réalité. Car je sais bien que je ne vis pas la réalité, j’ai l’esprit qui bouillonne, aveuglé par la souffrance. Je suis hors du réel, mais tout va bien.
Voyez-vous, dans une institution, quelle qu’elle soit, il existe le risque que son activité soit, un jour, perturbée par des cancrelats dont le destin même a été écrit pour pourrir celui des autres.
Tout ça, c’est un feu de paille sur une caisse d’explosif. Je dois me la jouer calmos si je veux arriver à retrouver l’assassin de ma femme. Je camperai donc le gentil flic. Je m’enfonce de quelques centimètres dans le canapé dans un bruit de pet mouillé, comme s’il n’avait jamais eu aucune fermeté. Je boue d’impatience.
C’est fou le nombre de conneries qui peuvent nous traverser le crâne lorsqu’on essaye de chasser une idée fixe, lorsqu’on fait tout pour effacer l’inoubliable, lorsqu’on souhaiterait que tout disparaisse autour de nous, que le monde explose, mais que rien ne se produise, et que ce qui a été fait ne pourra jamais être défait
- C’est sérieux, Peter.
Mon sourire amusé disparaît. Mes mots d’humour s’assèchent et des bulles sans paroles s’échappent de mes lèvres. Je ne sais pas, dis-je. Je en sais pas s’il faut être sérieux quand on parle du cœur, et de tout ça, autour. Tout ça devrait être aussi léger qu’une fleur d’automne ou la plume d’un urubu. Elle me répond que si, c’est sérieux : il y a, depuis quelques semaines, comme un voile épais entre nous et de lourdes ténèbres se sont abattues sur son être. Elle affirme que tout ça, ça ne veut rien dire et tout dire à la fois. Que tout ça, ça n’existe pas et pourtant c’est bien là. Que je me cache derrière tout ça pour éviter d’avoir à dire ce que c’est tout ça.
C'est indéniable : tous les souvenirs sont douloureux, quand bien même nous croyons qu'ils sont bons. Nous éprouvons des regrets et des remords qui ravivent les brûlures de nos actes passés. Nous sommes aussi nostalgiques des moments de joie, car ils n'existeront plus. Et la nostalgie est une souffrance. C'est pour ça que ses morsures sont cruelles. Il n'y a pas d'autres alternative que le déchirement de l'âme lorsque celle-ci se remémore.
- Libère-moi, s'il te plaît. Je suis pétrifiée.
Je viens la prendre dans mes bras, tout contre moi.
- Tu es déjà libre, lui soufflé-je dans l'oreille. Être libre, ce n'est pas avoir la possibilité d'hésiter, mais c'est de pouvoir accomplir ce que l'on a choisi. Se battre ou fuir.
Le monde entier, comme une seule bête sauvage, pourrait se nourrir de toi, mais rien ne pourrait t’enlever ce qui te constitue, ce que tu es. Cela ne peut être soustrait, ni divisé. Tout ce qui est en toi n’appartient qu’à toi et ne pourra jamais t’être ôté. [...]
Mais je ne peux plus bouger. Mes actions, mes pensées, mes envies sont limitées par cette force qui émane des yeux de la bête, et qui m’influence. Ma limite, c’est ma peur en équilibre sur les falaises de son regard.
Quand tu perds ce quelque chose qui te fait jouer avec la vie, tu te transformes en un rien nauséeux et déprimé, et celui qui y assiste ne peut rien faire d’autre que mentir, le sourire aux lèvres.
Être libre, ce n’est pas avoir la possibilité d’hésiter, mais c’est de pouvoir accomplir ce que l’on a choisi. Se battre, ou fuir.
Ce sont les livres, je pense, qui se marquent le plus facilement – l’empreinte du temps, l’empreinte des autres, l’empreinte de soi-même. Elle est là, l’essence même de l’âme d’un objet.
À l'horizon, les premières Étoiles de l'Univers perlent dans l'aubergine.
Nous ne sommes pas fait pour nous ennuyer. Nous devons garder notre esprit à l'instant présent, le précieux trésor de nos vies, l'endroit-clé d'où partent l'élan, l'envie, l'ambition, et les mille bonheurs qui en découlent. L'avenir n'arrivera jamais qu'un jour après l'autre.
Le ciel est rouge d'une nostalgie que nous portent les vagues, une à une.
- Vous ne le voyez pas. Vous occultez votre malheur par l'illusion que vous apporte le présent. Vous dites que le soleil masque la douleur et que la mer lave les plaies. Toutes les plaies, et tous les malheurs. Mais ce ne sont ni le présent, ni l'avenir, qui vous brûlent : c'est le passé que vous trimballez avec vous, sans plus savoir pourquoi, qui vous enchaîne.
Je ne dis pas que les objets ont la même âme que nous, les êtres vivants, mais qu'ils ont une âme à eux, du moins une empreinte. Quand on les touche, on les marque. Leur existence se voit transformée par notre passage, même bref, lequel s'imprime en eux comme un pied sur le sable humide, ou comme une femme dans le coeur d'un homme. Nous laissons en eux comme eux un fantôme de nous mêmes, un fantôme que le temps n'effacera pas et que notre présence ravivera de mille feux.
C'est ça ma vie ; un océan. Parfois calme et immobile, parfois agité et tumultueux, mais au bout du compte, toujours merveilleusement beau.
Cela commence par là [...] Regarder la vie pour ce qu'elle va nous apporter, non pas pour ce qu'elle nous a apporté. La remercier pour sa beauté, la remercier de nous rappeler notre chance de faire partie d'un si grand projet.
Moi aussi, je le sens, le temps qui s'arrête, lorsque je suis avec toi. Le soleil ne bouge plus, et derrière les premiers nuages, toutes les Etoiles de l'Univers nous regardent.
Elle se compare aux sirènes, aux fées, aux hirondelles, à Wendy et à tout plein d'autres choses. Et se comparer aux autres démolit le soi, en soi, brique par brique. Les autres paraissent toujours plus que nous : plus grands, plus beaux, plus intelligents, plus marrants, plus à l'aise, et plus heureux.