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Critiques de Michel Ragon (137)
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La mémoire des vaincus

« La conscience de l’anarchie »



Contre toutes les oppressions, la vie de Fred Barthélémy traverse le XXe siècle et son histoire comme une étoile filante.

Véritable viatique de l’utopie en marche et du mouvement libertaire, le livre de Michel Ragon est une fresque sociale passionnelle qui balaie l'histoire du regard des laissés-pour-compte. Pour ne pas oublier et espérer.



« Il suffit de quelques uns pour que la mémoire des vaincus ne sombre pas dans le néant. »
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La mémoire des vaincus

Dans cet ouvrage de fiction en forme de biographie, Michel Ragon nous dépeint le portrait et la vie d'un libertaire de la première heure. Sont relatés ici, les grands évènements politiques du 20è siècle, vécus au plus près par cet anonyme que son biographe nomme Fred Barthelemy. C'est un roman dense, riche, qui met en lumière (et qui m'a permis de comprendre) l'histoire commune du mouvement anarchiste et de celui du communisme, mais aussi leurs profondes divergences.
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La mémoire des vaincus

"Y en a pas un sur cent, et pourtant ils existent, la plupart fils de rien ou bien fils de si peu, qu'on ne les voit jamais que lorsqu'on a peur d'eux -les anarchistes !" chantait Ferré, et c'est ce qu'illustre cette épopée de l'anarchisme en France, de la bande à Bonnot à Mai 68.

Ce roman est une biographie de Fred Barthélémy (personnage fictif), gamin de Paris qui va traverser l'Europe et le XXe siècle au gré des révolutions. Fervent anarchiste, il va croiser les grands noms de l'Histoire, de Moscou à Barcelone, mais également les écrivains et peintres de l'entre-deux-guerres.

J'ai adoré ce roman, qui fourmille d'informations sur le mouvement anarchiste, son idéologie et ses principaux représentants, et propose une interprétation libertaire de l'Histoire. Et même si cette interprétation diverge parfois de la mienne, j'ai apprécié l'enrichissement qu'elle m'offre.

Mais ce roman décrit également la France ouvrière de la première moitié du XXe siècle, entre l'usine, les bals, les dimanches en famille, et pose la question du militantisme quand on n'est pas un professionnel de la politique, mais que l'on rêve d'autogestion et de liberté.

Nul besoin d'avoir des connaissances approfondies en Histoire pour plonger dans ce livre, tant l'écriture de Michel Ragon est didactique sans jamais être pesante : on apprend à chaque page. Et difficile de lâcher ce récit qui, bien que sobre, vibre de sincérité, et nous place du côté des perdants de l'Histoire -pourtant initiateurs de quelques uns plus grands événements du XXe siècle, mais promptement effacés de la mémoire collective. L'auteur rend donc un hommage passionné et passionnant à tous ces anars qui "ont tout ramassé, des beignes et des pavés, (qui) ont gueulé si fort qu'ils peuvent gueuler encore, (qui) ont le coeur devant et leurs rêves au mitan, et puis l'âme toute rongée par des foutues idées" (Léo Ferré).

Un roman hautement recommandable, pour qui souhaite s'ouvrir un peu plus l'esprit, et préserver et transmettre cette mémoire des si beaux vaincus.

Salut et fraternité.



Et très grand merci à Hulot pour m'avoir fait découvrir ce livre.
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La mémoire des vaincus

Ce livre est une découverte. Michel Ragon a réalisé une fresque extraordinaire en mêlant l'histoire à la vie de Fred Barthélémy et de Flora, deux gosses de 11 et 12 ans, abandonnés dans les rues de Paris. Très rapidement, Fred découvre la lecture grâce aux Misérables, dans la boutique de Paul Delesalle, une librairie spécialisée en publications révolutionnaires et syndicales.

Sans le savoir, ces adolescents côtoient quelques membres de la bande à Bonnot. L'auteur s'attache rapidement aux pas de Fred qui nous permet de rencontrer un nombre incroyable de personnalités célèbres et d'autres inconnues et méconnues.

La Première Guerre mondiale arrive. Flora met déjà au monde leur enfant qu'ils prénomment Germinal alors que Fred a appris le russe pour pouvoir lire Dostoïevski et Tolstoï dans le texte… Il n'a que 14 ans ! Toujours sur fond de pacifisme, d'anarchisme de lutte pour défendre les plus faibles, nous passons en revue toutes les composantes de ce que l'on appelle la Gauche et des luttes fratricides qui les opposent. Alors qu'il est apprenti ajusteur, Fred doit monter pour le front mais sa maîtrise du russe lui donne l'occasion de partir pour Moscou où il devient interprète, en mars 1918. Il adhère au Parti Communiste Français, quitte l'armée et apprend qu'il est condamné à mort par contumace, en France.

L'histoire se déroule sous les yeux du lecteur, une histoire vécue de l'intérieur avec tous les aléas qui constituent une vie. Fred revient enfin en France puis c'est la guerre civile en Espagne, la Seconde Guerre mondiale pour nous mener jusqu'à mai 1968.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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La mémoire des vaincus

Résumé.

Au début du XXe siècle, un petit orphelin, Fred Barthélemy rencontre Flora, une jeune marchande de poisson dont il tombe amoureux. Les deux enfants sont assez vite recueillis par un couple d'anarchistes de Belleville, Victor et Rirette, amis très proches de la bande à Bonnot. Fred fait son éducation politique auprès de Delesalle, un libraire anarchiste et apprendra le russe avec des émigrés fuyant la répression tsariste. Cette connaissance lui épargne la boucherie de 14 car il est envoyé par l'armée comme observateur de la révolution russe. Au contact de Lénine, Zinoviev, Kamenev, Trotsky et Staline, il est horrifié de la manière dont son idéal est trahi. Rentré en France au moment du Front populaire, il participe activement à la guerre d'Espagne dans les rangs des libertaires et des anarchistes qui finiront pour la plupart sous les balles des bolcheviques. Il passe la seconde guerre mondiale prisonnier en France dans le camp de concentration de Gurs et est libéré en 1945 sans avoir eu ni procès ni condamnation, ni réhabilitation d'aucune sorte. A la fin de sa vie, il exerce la profession de bouquiniste sur les quais de Paris.



Mon avis.

Michel RAGON aurait pu intituler son livre "Les perdants magnifiques", si ce titre n'avait pas déjà été utilisé par Leonard COHEN ; il aurait été plus proche de la vérité. Car ces hommes ne furent pas réellement vaincus, mais bel et bien trahis !

J'ai adoré ce roman qui tend parfois vers l'essai politique !

Un destin exceptionnel, une vie qui en contient dix et qui permet à Michel Ragon de brosser une fresque magnifique sur le mouvement anarchiste et libertaire. En compagnie de Fred, le lecteur croise le prince Kropotkine (initiateur avec Bakounine du mouvement en Russie), le rebelle anarchiste ukrainien Mackhno, les espagnols Durruti et Pestana, etc. Beaucoup, notamment les libertaires, mais aussi les socialistes révolutionnaires, contribuèrent fortement à l'avènement aux pouvoirs des Bolchéviques, contraints et forcés par les événements, puis furent trahis et exterminés. Frédéric BARTHELEMY, personnage central du roman, n'a pas existé, Michel RAGON s'est servi des anecdotes de deux anarchistes qu'il a eu la chance de rencontrer, de nombreux témoignages d'acteurs de ces événements historiques, et d'une solide documentation. Même s'il a romancé, et parfois interprété, RAGON ne rapporte que des faits avérés, toujours judicieusement commentés.



Quelques morceaux choisis :

"L'histoire a été accaparée par des imposteurs et elle est écrite pas d'autres imposteurs."

"Il ne peut y avoir de communisme viable que dans le partage de l'abondance. Or la Russie ne partageait que la pénurie."

"L'armée rouge et la Tchéka*, voilà les deux réussites de la révolution d'Octobre."

"La France, l'Angleterre, l'Autriche, tous les pays qui échappaient encore à la dictature, s'endormaient dans leur déclin. Leurs dirigeants ne remarquaient rien, ne comprenaient rien. Ou bien alors, comme le lapin fasciné par le serpent qui le dévorera, ils se laissaient ensorceler par les sirènes."

"Les politiciens deviennent amnésiques dès que l'Histoire ne fonctionne pas selon leurs vœux."

"Que longtemps encore règne sur le monde ta bienfaisante lumière" titrait l'Humanité du 26 novembre 1949**."

"On le*** condamna donc finalement à mort, seulement pour avoir mal pensé. Mais pour Staline, comme pour Hitler, ne s'agissait-il pas là du mal suprême ?".



* L'ancêtre du KGB.

** Pour l'anniversaire de Staline (18 décembre).

*** Nicolaï Boukharine.

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La mémoire des vaincus

Mon Graaal perso, Michel Ragon /Fred Barthélemy ou comment couvrir toute une tranche de l'histoire du 20ème en restant passionnant,militant et bienveillant.

Merci Mr Ragon je continue de diffuser ce livre autour de moi,un MUST selon moi
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La mémoire des vaincus

Avec Michel Ragon , les " vaincus " de l'histoire ont trouvé leur mémoire ( la formule n'est pas de moi ) . Le terme de vaincu me défrise ( " les trahis " est certes moins accrocheur mais " les perdants magnifiques " me conviendrait ) , il n'en reste pas moins que le texte nous met devant l'évidence qu'un parcours libertaire ne se résume pas comme le dit Crazinath à " poseur de bombe ou assassin de personnalités " .

La devise républicaine " liberté , égalité , fraternité " ainsi que le souligne paulotlet contient des idées qui ne sont pas contradictoires : peut-il y avoir liberté sans égalité , et sans fraternité , l'égalité et la liberté n'ont-elles pas de limites ?

Bien sur le personnage de Fred Barthélemy est une fiction mais non sans chair réelle ..... il se dit sur la toile en cherchant bien qu'il serait une sorte de mélange entre Henry Poulaille et surtout Marcel Body ( avec le B et le Y de Barthélemy ) .

Pas forcément objectif , le rédacteur de ces quelques lignes , vu les opinions affichées sur son profil , j'en conviens , mais ni Ragon , ni les libertaires ( en général ) , ne font de prosélytisme , ne cherchent à convertir à une doxa , ne se réclament de la perfection . Ragon le dit ainsi , dans ( La voie libertaire ) : la voie libertaire n'est pas confortable . Elle est , puisque minoritaire , la voie de la solitude et du doute ...... dés lors pourquoi aiguiller les autres sur ce chemin inconfortable ? Il est mieux de suivre sa voie et si d'autres ont de l'empathie avec votre démarche , accompagnons-les fraternellement en les laissant libres de se tromper en prenant les raccourcis ou les chemins buissonniers de leur choix . C'est un peu dans cette optique que Ragon nous relate la vision des " vaincus " ( décidément , j'ai du mal avec ce terme ) .

En début de livre Fred par sa faim de lecture copine avec un vieux bouquiniste , ce n'est pas à vous , babéliotes , qu'il faut expliquer ce que cela représente de chance et de bonheur ! ..... sur ses vieux jours Fred devient libraire , il transmet à ceux qui le fréquentent , ce que les livres lui ont donné .... un bon parcours d'autodidacte convaincu de l'acquisition des connaissances par ce biais .

Ayant moyennement apprécié " Un si bel espoir " de Ragon , c'est babélio qui m'a mis sur la piste de " La mémoire ... " , comme un juste retour des choses , je me trouve doucement contraint de vous inciter à lire ce livre et s'il vous convient , d'en faire autant . La lecture des 12 pages du prologue vous diront à peu de peine si le livre , entre vos mains , vaudra la peine que vous en poursuiviez la lecture . La première de couverture ( illustrée avec le tableau " il quarto stato " de Guiseppe Pelizza da Volpedo , s'il vous attire l’œil attisera votre appétence . Enfin , si le goût de l'histoire , la véritable , pas celle des " vainqueurs " vous tente , l'affaire est dite .

La citation de Péguy : " L'idéal c'est quand on peut mourir pour ses idées , la politique , c'est quand on peut en vivre " , illustre clairement l'engagement libertaire et donne raison à la critique de Crazynath . Il est tout de même , convenons-en , préférable de survivre à ses idées ..... ne serait-ce parce que se réalisera sans doute , l'utopie ou une de ses heureuses variantes , rêvons-en pour nous ou souhaitons-le pour les prochaines générations ..... " Nous aurons tout dans dix mille ans " disait dans un excès de pessimisme Ferré la mauvaise graine .

Les meilleurs livres ont quelques fois des imperfections et celles qui me viennent à l'esprit sont le peu de mots , voire les silences à propos de certains contemporains de l'histoire , tels qu'Emma Goldman , Louis Lecoin , et d'autres figures de l'anarchisme et de trop nombreuses lignes consacrées à des vauriens tels que Doriot et autres traîtres à la cause du communisme-libertaire ; Traîtres est le juste mot car si se tromper est permis , tromper les autres est moins glorieux . Ragon , relativise cela , il montre mais sans condamner , nous laissant juges de le faire ou pas et à l'instar d'Ivo Andric semble avoir semblable pitié envers ceux qui font le mal comme envers ceux qui le subissent .

Veuillez me pardonner d'une si longue critique ( dont je ne suis pas coutumier ) et si vous n'aimiez pas ce livre , je reçois volontiers les griefs , donc ne vous en privez-pas .

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La mémoire des vaincus

C'est avec beaucoup de respect et avec beaucoup d'empathie que Michel Ragon a ecrit cette biographie romancee d'un homme (fictif? avatar de quelqu'un qui a reellement existe et dont il cache le vrai nom?) qu'il nomme Fred Barthelemy et qui represente a lui tout seul la trajectoire des anarchistes au XXe siècle. Et il a reussi a m'inoculer cette empathie.



C'est une histoire de luttes populaires, de reves et d'ideaux qui ont marque la realite europeenne et occidentale pendant pres d'un siècle. Des bombes de la Bande a Bonnot jusqu'a l'apres Mai 68, en passant par la revolution russe d'Octobre, la guerre civile espagnole, les emprisonnements et deportations de la deuxieme guerre mondiale, et les efforts pour publier une presse libertaire tout le long du siècle.



C'est la memoire de gens qui ont lutte pour une meilleure societe et qui ont ete vaincus par l'histoire. Vaincus? Ceux qui luttent, qui n'arretent pas de lutter, peuvent-ils etre jamais vaincus? Pas vraiment, ils renaissent a chaque fois de leurs cendres, comme le phenix. Et ces vaincus continuent peut-etre leur lutte par l'entremise du livre de Ragon: la lutte pour une memoire non diabolisee. La memoire de societes revees, de revolutions qui ne purent jamais etre menees a terme mais a chaque tentative conquerant de nouveaux esprits, de nouveaux lutteurs.



Autour de ce Fred Barthelemy fictif Ragon fait vivre nombre de personnages historiques reels. Des libertaires francais oublies comme Paul Delessalle, Rene Valet, Louis Lecoin (je les cite pour que leurs noms soient ecrits encore une fois, ils meritent bien ca) et des figures comme Lenine, Trotsky, Victor Serge, la feministe avant l'heure que fut Alexandra Kollontai, le meneur de paysans ukrainiens Makhno ou l'espagnol Durruti. Il raconte l'acharnement des communistes contre les libertaires, acharnement que nous comprenons aujourdh'ui quand nous savons que ce qui se targait d'etre une dictature du proletariat n'etait que la dictature d'un parti.



Ragon a ecrit un beau livre. Je me repete: il a reussi a me faire partager son empathie pour son (en fait ses) heros. Dans cet etat d'esprit je clos ce billet avec des mots de Leo Ferre:

Les anarchistes

Ils ont un drapeau noir

En berne sur l'espoir

Et la melancolie

Pour trainer dans la vie

Des couteaux pour trancher

Le pain de l'Amitie

Et des armes rouillees

Pour ne pas oublier

Qu'y'en a pas un sur cent et qu' pourtant ils existent

Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous

Joyeux et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout.



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La mémoire des vaincus

Michel Ragon n'est pas ce qu'on peut appeler un écrivain médiatique c'est avant tout un chantre de la littérature ouvrière et de l'anarchisme et en ce sens" La Mémoire de vaincus " est son oeuvre majeure.

Il ne s'agit ni d'un roman ni d'un essai historique mais plutôt une vaste fresque historique romancé dans lequel Ragon ne rapporte que des faits avérés.

L'histoire débute à Paris vers 1910 . On fait connaissance avec Fred et Flore deux enfants du trottoir que l'amour réuni.

Recueillis par un couple d'anarchistes de Belleville, Victor et Rirette (Viktor Kibaltchich et Rirette Maîtrejean ) amis très proches de la bande à Bonnot. Débute alors une aventure et une lecture passionnante qui est celle de la vie d'un militant anarchiste dans un siècle et une société en pleine mutation . On passe ainsi de la bande à Bonnot à la boucherie des tranchées de 14/18 et de l'URSS naissante à l'Espagne de 36 et la France du Front populaire pour terminer sur mai 68 et l'avènement de l'écologie..

C'est l'histoire d'un siècle vu par les yeux d'un anarchiste ou plutôt d'un libertaire. Ses espoirs et ses désillusions . On y croise ainsi au fil des pages des gens comme Delesalle, Kropotkine , Mackhno , Pestana ,Aragon, Malraux, Barbusse, Rolland , Blum etc .

Un livre utile, passionnant, indispensable même sur un sujet rarement pour ne pas dire jamais abordé . On découvre également la réalité d'un mouvement trop souvent caricaturé pour ses excès de violence et qui finalement est très peu connu. C'est surtout l'histoire d' un siècle de la vie politique mondiale vue du côté des vaincus, des oubliés et des proscrits.
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La mémoire des vaincus

Un livre passionnant, Une approche subtile de l'Histoire au travers d'un personnage fictif nommé Fred Barthélemy qui nous fait rencontrer les personnages les plus illustres (et parfois hélas) de la gauche du 20ème siècle. De France, d'Allemagne, de Russie ou d'Espagne, l'auteur nous fait découvrir les rêves brisés de toute une génération de la classe ouvrière
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La mémoire des vaincus

merci à Michel Ragon pour "la Mémoire des vaincus" qui me tient en haleine depuis plusieurs jours, et m'apprend énormement de choses.

Je me demande si le personnage de Fred Barthelemy n'est pas un combinaison de Marcel Body, Henry Poulaille (déjà cités dans d'autres critiques) et aussi Nicolas Faucier ??
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La mémoire des vaincus

Seul livre intéressant trouvé dans une boite à livres jusqu'à maintenant : c'était important d'en faire une critique :) !



Il s'agit d'une fresque historique (ma passion) qui nous emmène au coeur de l'ébullition politique de toute l'Europe du 20e siècle. Il retrace la vie d'Alfred Barthélémy, le personnage principal (fictionnel), anarchiste français qui nourrira de grandes aspirations libertaires et pacifistes. Il sera, entre autres, appelé au front pendant la première guerre mondiale, puis envoyé en Russie pour dialoguer avec le gouvernement révolutionnaire soviétique après la révolution de 1917.



Les aventures de Fred sont liées par un premier fil conducteur : il essaie de connecter ses idéaux anarchistes avec les réalités de terrain qu'il observe partout en Europe, c'est-à-dire les tentatives d'abolir les systèmes de domination existants et de faire la révolution. Il exprime cette tension qui existe entre les idées d'égalité et de liberté : les mouvements politiques qui veulent instaurer plus d'égalité se retrouvent à rogner sur les idéaux de liberté, et à utiliser la force militaire. Il y a un deuxième fil conducteur, évoqué par le titre : l'oubli de certaines luttes et certaines figures historiques, qui sont mises dans ce que Trotski appelle "les poubelles de l'histoire". Qui écrit l'Histoire, et comment est-elle écrite ? Ce sont des questions que posent la lecture de ce récit.

--

Cet ouvrage est à la fois très agréable à lire, très beau, par l'hommage qu'il rend à ces figures oubliées, et assez pessimiste sur la réalité des luttes passées (et donc, potentiellement, de celles à venir).



Je vous encourage à prendre le temps (il en faut un peu quand même) de lire ce livre si vous voulez en savoir plus sur l'histoire politique européenne du 20e siècle (avoir Wikipedia à portée de main est recommandé même si pas indispensable).
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La mémoire des vaincus

Alfred BARTHELEMY est un gamin des rues. Dans le Paris d'avant la Grande Guerre, la curiosité quide ses pas vers son premier amour – indélébile – et sa destinée : la Liberté. Des amours, il y en aura d'autres, mais de Liberté il n'y en a qu'une et Fred aura la chance dans son entourage de compter parmi les plus éminents penseurs et révolutionnaires de son temps.



A travers les époques et l'Europe, Fred sera tantôt sur le front, tantôt à l'usine. Tantôt en Russie, tantôt en Espagne; puis à nouveau, flirtera avec les pavés de la capitale pour y investir les quais de ses brochures et de ses livres, dernières traces d'une vie aussi inimaginable qu’insoupçonnée.



Michel RAGON signe avec ce roman un trésor de fresque historique sur fond populaire empreint d'Anarchisme. Magistralement structuré autour des évènements marquants du XXème siècle, Fred nous immerge depuis l'intérieur auprès des syndicats ouvriers, du Polit Buro, des révolutionnaires Espagnoles… On y croise un nombre impressionnant de penseurs et révolutionnaires comme Kropotkine, Lénine, Makhno ou encore Durruti qui permettent d'appréhender l'Histoire Sociale et les divers courants de pensée de l'époque avec une vision qui tient presque de la première main tant l’érudition de l’auteur donne vie à l’ouvrage, créant l’illusion que Fred BARTHELEMY a réellement foulé cette Terre.



Je ne peux m'étendre plus sur cet excellent ouvrage dont la lecture a été un plaisir que j'aimerai vous laisser intact. A mi-chemin entre Roman et leçon d'Histoire, lire La Mémoire Des Vaincus c'est inévitablement prendre une claque face aux dévouement de certains hommes pour la Liberté.

En revisitant les évènements à travers les yeux de Fred, c'est tout un pan caché de l'Histoire du XXème siècle qui dévoile sa complexité et offre ses lettres de noblesse à la Philosophie Anarchiste, par trop méconnue et dévoyée.



Une pépite.
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La mémoire des vaincus

C'est le type de roman qui se fait passer pour une biographie afin de dépeindre un milieu, ici l'anarchisme français du 20e siècle. De la bande à Bonnot de la Belle Epoque aux soubresauts de mai 68, on suit Fred dans son apprentissage de la vie et de la politique jusqu'à Moscou et Barcelone. S'il est toujours délicat de discerner le réel du fictif dans ce type d'ouvrage, j'ai l'impression qu'il transmet néanmoins l'ambiance qui animait une partie de la gauche française entre 1910 et 1960.

L'écriture est agréable à suivre, les portraits de personnalités sont bien brossés et les anonymes assez dynamiques pour faire le lien sans temps mort.
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La mémoire des vaincus

Ce livre est intéressant et apporte de nombreuses informations sur le Paris militant d'avant la première guerre mondiale, ainsi que sur la révolution russe. Cependant après l'aventure soviétique de Fred, la narration reste la même, mais simplement dans d'autres environnements ce qui devient pesant au fil des pages et rend la seconde partie du roman de plus en plus monotone malgré les multiples péripéties.
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La mémoire des vaincus

Une formidable aventure littéraire qui ouvre la porte a beaucoup de connaissances et lectures potentielles!
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La mémoire des vaincus

Fred Barthélémy traverse le vingtième aux côtés des anarchistes. Et il en a de la chance le jeune ouvrier parisien qui croisera tout ce que le monde d'alors compte comme figures libertaires. De Raymond La Science, l'artificier de la Bande à Bonot au pacifiste Tolstoi en passant par Makhno et Durutti. Fred côtoie les acteurs de l'histoire, Lénine, Trotsky, Zinoviev, Largo Caballero. Il est à Moscou en 17, à Barcelone en 36, il vit les purges et les trahisons staliniennes. A travers cette fresque, Ragon nous dit pourquoi on est libertaire. Il nous raconte l'histoire de cette étrange tribu qui croit que la liberté et l'égalité ne sont pas contradictoires, qui refuse toutes les justes lignes, qui se méfie des ordres et de la discipline, qui crache sur la dictature, fût-elle du prolétariat en deux mot qui croit en un socialisme humain. Un livre touchant, à lire en écoutant Addio Lugano bella...
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La mémoire des vaincus

La lecture de "la Mémoire des vaincus" clôture ma période mémoire de la commune de Paris.

Ce très bon roman ,car cela reste un roman qui mêle personnages fictifs aux vrais personnages qui ont fait l'histoire politique internationale du XX eme siècle.La traduction de Michel Ragon sur cette période qui a été le théâtre de révolutions,de guerres, de compromis,de combines ,reste très pertinente.
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La mémoire des vaincus

Employer le vocabulaire " coup de cœur"pour ce roman historique est désuet...et pourtant c'en est un énorme ! Mon ami Hardiviller m'avait donné le désir de le le lire à travers sa très belle Critique et mon fils me l'a mis sur mon chemin,nous étions donc faits pour nous rencontrer !

Fred Barthélémy le personnage central du roman est , à priori,un personnage fictif mais à en croire certaines rumeurs, il ne serait pas totalement dénué de réalité. Quoiqu'il en soit,ce Fred m'a permis un voyage dans le temps et surtout dans l'histoire du mouvement anarchiste et de l'utopie libertaire de 1917 à notre époque. Fred n'est qu'un gavroche quand nous faisons connaissance avec lui. Déjà il tombe amoureux de Flora,fillette à l'odeur de poisson qui fuit la tyrannie de ses parents qui restera l'Amour de sa vie, mais aussi de la Liberté qu'il cherira jusqu'à son dernier souffle. Dès lors le long chemin de Fred n'aura d'autre motivation que la quête de la liberté, conjuguée au singulier mais surtout au collectif ! Aidé par le libraire Delsalle qui deviendra son père spirituel,il découvre la lecture à travers Les Misérables... propulsé quelques années plus tard sans le vouloir au cœur de la révolution Russe il va vivre pendant six ans le rêve révolutionnaire mais surtout la mise à mort de l'idéal révolutionnaire. Ils côtoie les plus grands comme le peuple,participe comme il le peut à promouvoir les idées anarchistes mais assiste à l'installation de l'hyper burocratie, aux luttes sanglantes pour le pouvoir qui font passer des plus beaux espoirs au pire de ce que peut créer l'Etat. Ainsi il voit abolir la peine de mort mais vit aussi les exécutions de la Tcheka, prône l'antimilitarisme et constate la militarisation de la classe ouvrière, applaudit les soviets et les voit remplacés par la dictature dite prolétarienne...une mutation terrible dont les anarchistes de tous pays n'auront de cesse de combattre.

Le roman est constitué de deux grosses parties. La première par ces six ans en Russie et la seconde par le retour de Fred en France. Après avoir tenté l'anonymat et une vie rangée par le mariage,la vie d'ouvrier chez Renault,il reprend la lutte car il ne peut tolérer que la mémoire de tous ceux qui sont mort pour la liberté ne soit bafouée. Surtout, il croit encore à la possibilité d'un autre monde et il veut contribuer à relier tous les partisants de cette cause. Il sera pris dans les remous et trahison du front populaire, embringué auprès des anarchistes Espagnol pour lutter contre Franco et la montée du nazisme puis continuera,autant que possible de porter le message de la liberté . Dans cette splendide fresque historique j'ai rencontré les personnages les plus influents,Lénine, Trotsky,Blum et tous les hommes politiques de cette période ,mais aussi les peintres,cinéastes,écrivains,penseurs. J'ai déchanté de bien de mes illusions sur beaucoup d'entre eux mais j'ai aussi découvert des personnages magnifiques, Makhno, Durruti... j'ai même retrouvé mon amoureux de la bd Les travailleurs de la nuit,Marius Jacob. Les femmes ne sont pas oubliées et j'ai aussi fait connaissance avec une des plus grandes féministes qui soient, Alexandra Kollontai...il y aurait tant à dire tant ce roman est riche sur tous les registres! Mais je me rends à l'évidence,je n'arriverai jamais à transmettre vraiment ce que j'aimerais . Si c'était une fiction,mes étiquettes seraient: trahison,complot,manipulations politiques,mais aussi : aventure,amour, solidarité,humanisme,et Liberté...
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La mémoire des vaincus

Au début de l'autre siècle, un petit orphelin, Fred Barthélemy rencontre Flora, une jeune marchande de poisson dont il tombe amoureux. Les deux enfants sont assez vite recueillis par un couple d'anarchistes de Belleville, Victor et Rirette, amis très proches de la bande à Bonnot. Fred fera son éducation politique auprès de Delesalle, un libraire anarchiste et apprendra le russe avec des émigrés fuyant la répression tsariste. Cette connaissance lui épargnera la boucherie de 14 car il sera envoyé par l'armée comme observateur de la révolution russe. Au contact de Lénine, Zinoviev, Kamenev, Trotsky et Staline, il sera horrifié de la manière dont son idéal sera trahi, mais participera néanmoins à la propagation du communisme dans les autres pays d'Europe. Rentré en France au moment du Front populaire, il participera activement à la guerre d'Espagne dans les rangs des libertaires et des anarchistes qui finiront pour la plupart sous les balles des bolcheviques. Il passera la seconde guerre mondiale prisonnier en France dans le camp de concentration de Gurs et ne sera libéré qu'en 1945 sans avoir eu ni procès ni condamnation, ni réhabilitation d'aucune sorte. A la fin de sa vie, il exercera la profession de bouquiniste sur les quais de Paris.

Un destin exceptionnel, une vie qui en contient dix et qui permet à Michel Ragon de nous brosser une fresque magnifique sur le mouvement anarchiste et libertaire. En compagnie de Fred, dont on se demande s'il a vraiment existé (auquel cas ce livre est un document et non un roman historique), le lecteur croisera le prince Kropotkine (initiateur avec Bakounine du mouvement en Russie), le rebelle anarchiste ukrainien Mackhno, les espagnols Durruti et Pestana, tous ces « vaincus » qui aidèrent à l'avènement du communisme en Russie et ne furent récompensés de leur zèle que par une balle dans la nuque dans les caves de la sinistre Loubianka ou par la déportation dans les neiges du Goulag. Des idéalistes (souvent réalistes) qui jouèrent par naïveté les supplétifs sur tous les fronts et ne furent que des « idiots utiles » des bolchéviques, tout comme les intellectuels bourgeois de l'époque (Romain Rolland, Aragon, Malraux, Barbusse, etc, etc). Un livre utile, passionnant, indispensable sur un sujet rarement abordé (on apprend beaucoup de choses sur un mouvement trop souvent caricaturé pour ses excès de violence et sur certaines affaires peu ragoûtantes comme la fin de Louis Renault bastonné à mort dans la prison de Fresnes, ou celle de Drieu La Rochelle). Presque un siècle de la vie politique mondiale vu du côté des vaincus, des oubliés et des proscrits. Bravo à Michel Ragon pour cette oeuvre de mémoire si différente de la vulgate officielle si complaisante avec les vainqueurs.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Thème : Speak (BD) de Laurie Halse AndersonCréer un quiz sur cet auteur

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