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Critiques de Mick Kitson (203)
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Poids plume

S’inspirant de la légende familiale construite autour de l’histoire de son arrière-grand-mère, Mick Kitson laisse libre cours à son imagination pour en faire le personnage central d’un récit à la croisée du roman historique, social et d’aventures, en tout point évocateur des grandes heures feuilletonesques du XIXe siècle.





Au pays de Galles à cette époque, la misère pousse une famille gitane à vendre l’aînée des filles pour espérer sauver les autres enfants. La petite Anny est recueillie par le champion de boxe à mains nues Bill Perry, une force de la nature toujours imbibée de bière mais au coeur aussi grand que son impressionnante carcasse, qui la considère bientôt comme sa fille. Entre le pub de Bill et les foires où, grâce à des matches de boxe illégaux, le colosse gagne de quoi faire patienter les créanciers, l’enfant grandit dans une petite ville de la région de Birmingham, en plein coeur de la révolution industrielle.





Dans une atmosphère à la Dickens, autant assourdie qu’empuantie par le tintamarre, les fumées et les suies des forges et des usines à clous, Anny découvre les misérables et laborieuses conditions de la vie ouvrière, l’impuissance des grèves menant tout droit aux redoutées « maisons de travail » pour indigents, en même temps que la toute-puissance des Lords venus s’encanailler autour des rings où coulent le sang et l’argent des paris. Comprenant très vite que « si t’es pas capable d’apprendre à te battre, tu peux pas apprendre à vivre », l’adolescente n’aura de cesse de suivre les pas de Bill en se mettant elle aussi à la boxe. Mais, alliée à sa pugnacité naturelle et à sa maîtrise de l’art du pugilat, c’est sa fréquentation de l’école des pauvres, ouverte à l’initiative des deux filles du révérend Warren, qui achèvera de l’armer pour sa conquête d'une toute autre existence.





Bagarres, mais aussi tendresse paternelle et filiale, jalonnent de leurs péripéties un récit rythmé, vantant l’amitié, la ténacité et le courage, en particulier chez les femmes, à l’honneur dans ce livre. Et même si quelque peu idéaliste dans l’ascension sociale de cette petite gitane illettrée si rapidement capable d’effacer son dialecte du Black Country et d’apprécier la poésie de Burns, Keats et Wordsworth, l’histoire nous emporte par la force de ses personnages et de leur combat pour leur survie, si puissamment et lyriquement incarnée dans cette boxe autant brutale que chorégraphique.





Un très beau roman donc, que ce Poids plume épique et enchanteur, où l’art du pugilat cache une fort jolie métaphore de l’art de prendre en main sa vie, surtout lorsqu’on fait partie des plus faibles - pauvres, manouches, femmes ou enfants…


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Manuel de survie à l'usage des jeunes filles

Sal et Peppa, deux soeurs de 13 et 10 ans, font du camping dans un coin reculé d'une forêt des Highlands en Ecosse. Seules, sans parents ni camarades de leur âge. En plein automne, pas pendant les grandes vacances. En mode survie, sans nourriture lyophilisée mais avec une carabine à plomb. Et pas juste pour une nuit ou deux, mais aussi longtemps qu'il le faudra. Pourquoi ont-elles choisi ce mode de vie extrême, à cet âge, à cette saison, dans une Nature impitoyable? Pour fuir une civilisation qui l'est plus encore, et qui a déjà broyé leur mère. Celle-ci, alcoolique et droguée, n'est plus qu'une épave, tandis que son petit ami Robert abuse de Sal depuis plus d'un an. Jusque là, Sal pouvait tout supporter, tout encaisser, préférant se taire pour éviter que les services sociaux s'en mêlent et la séparent de sa petite soeur. Mais quand Robert l'a menacée de s'en prendre bientôt à Peppa, le vase a débordé. Pendant des mois, dans la plus grande discrétion, Sal a méticuleusement préparé leur fuite à toutes deux, épluchant cartes, plans, sites internet et un "guide de survie des forces spéciales", passant commande en ligne d'un attirail susceptible de parer à toute éventualité. le jour J, les deux soeurs mettent leur plan à exécution et parviennent sans encombre à l'endroit choisi par Sal. Un abri est construit, un feu allumé, un repas préparé. Mais dès le lendemain, alors que l'hiver approche, elles devront assurer leur subsistance, pêcher, poser des pièges à lapins, attraper des oiseaux, se protéger du froid et de l'humidité, des blessures et des maladies, sans se faire repérer. Malgré leur isolement, Ingrid, une vieille femme marginale vivant dans une hutte au fond des bois, les découvre...



Ce "Manuel..." est un conte de fée dans lequel deux jeunes filles échappent à un ogre malfaisant et à un monde brutal en se cachant dans la forêt, protectrice pourvu qu'on sache l'apprivoiser. Elles y rencontrent une bonne fée qui les aidera, elles et leur mère, à survivre et à remettre leurs vies sur les rails d'une certaine normalité. Difficile de ne pas fondre face aux personnalités si attachantes de Sal et Peppa, la première courageuse, dévouée, responsable, organisée et protectrice, la deuxième pétillante et flamboyante malgré son langage de charretier. Aucune ne s'apitoie sur son sort, et les deux se vouent une confiance et un attachement mutuels sans bornes. C'est Sal qui nous raconte l'histoire, dans un récit qui alterne passé et présent, trouvant le parfait équilibre entre innocence et maturité. "Manuel de survie à l'usage des jeunes filles" est un roman au féminin, voire féministe, dans lequel la Nature sauvage et préservée apparaît comme un refuge pour les femmes blessées par la cruauté des hommes. Entre résilience et rédemption, il montre jusqu'où on peut aller pour protéger ceux qu'on aime. A la fois désespérant et lumineux.



En partenariat avec les éditions Métailié.
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Manuel de survie à l'usage des jeunes filles

Invraisemblable pour de trop nombreux aspects, et absence de style pour la presque totalité du livre, à l'exception de quelques rares images de la nature, sont les mots qui me viennent après cette lecture.



Le livre trouve pourtant son point de départ dans deux drames dont souffrent hélas trop souvent les enfants : alcoolisme et pédophilie. Sal, la jeune héroïne, obligatoirement attachante, est conduite au meurtre dès les premières pages et c'est surtout cet aspect douloureux de sa vie que je retiens de ce roman noir.



Sa fuite avec sa jeune soeur dans la la nature pour y survivre à l'approche de l'hiver, en appliquant les méthodes de Bear Grylls, fuite préparée avec méthode, s'articule autour d'une belle rencontre, avec Ingrid dont le récit de sa vie emmènera les lecteurs bien loin de l'Ecosse, vers l'Allemagne nazie, puis communiste, en DDA. Cette narration est sans doute la plus belle partie de l'oeuvre, elle y tient une large place, réduisant encore le faible intérêt que l'on peut porter à cette survie hasardeuse où les événements s'enchaînent, de plus en plus en invraisemblables vers un dénouement tronqué.



Le sujet était difficile et le mélange des genres complexe à réussir, il aurait fallu certainement davantge de structure à l'oeuvre pour dissocier les trois sujets, alcool, viol et meurtre, fuite dans la nature. C'est pourquoi l'absence de crédibilité nuit à ce roman, seule la figure d'Ingrid émerge du givre et des résineux protecteurs, telle une bonne mère pour les deux soeurs.
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Manuel de survie à l'usage des jeunes filles

«  Vivre c'est survivre ».

Voici un récit qui nous plonge au coeur d'une forêt les plus sauvages des Highlands , à des kilomètres de la première ville aux côtés de Sal, treize ans et Peppa , 10 ans ...



Mais que font ces deux gamines si attachantes et lumineuses en plein hiver à cet endroit?



Sal nous le conte , elle qui a préparé leur fuite durant un an , acheté un couteau de chasse,une trousse de secours sur Amazon, étudié au plus près « Le guide de survie des forces spéciales. »..



Courageuse et responsable, organisée et réfléchie, protectrice , au milieu des détails de leur survie, entre tirs à la carabine à plomb sur une grouse, ramassage de bois, reconnaissance des traces d'animaux, construction de barrières et tressage de branches, piégeage de lapins et lavage dans le ruisseau , pêche à la ligne , au coeur de la beauté absolue des Highlands elle réfléchit au cours de sa vie, se désole du désarroi de sa mère, addict à l'alcool, marquée par la vie , incapable de remonter la pente, à la conduite de Robert « le salaud » mais surtout protège Peppa, sa petite soeur , flamboyante et vive, pétillante , malgré son addiction aux gros mots, énergique et tout le temps de bonne humeur ....





Malgré leur isolement Ingrid , une vieille femme marginale vivant dans une hutte au fond des bois les découvrira .....



Ce récit émouvant , bravache, quoique imprégné et ponctué d'angoisses , tendre et vivifiant ne s'attache pas au malheur , à la rancoeur et aux doutes.....



Pétri d'anecdotes vécues en pleine nature, passionnant , naïf et très beau à la fois cet ouvrage m'a fait penser à « Dans la forêt » , une espèce de retour à la nature,.



Cette Nature Sauvage et farouche préservera ces gamines blessées aux personnalités attachantes de la cruauté des hommes .

Elles surmonteront avec naturel toutes les embûches ....

...



Un très joli premier roman, féministe , tendre et fragile, entre résilience et rédemption , tendresse et réalisme , une fable joliment racontée ....



Pour les amoureux de nature, d'aventures , du goût de l'enfance...

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Analphabète

Elle est belle, ou au moins désirable. Elle ne sait pas lire, elle n’a pas d’existence légale et elle est dangereuse.





Les quelques mâles qu’elle a croisés sur sa route ont à peine eu le temps de s’en rendre compte, avant de se retrouver délester d’un paquet de livres sterling, au mieux, ou de mourir.



Au cours de sa trajectoire meurtrière, elle a laissé aux bons soins de son père, Tony, dont elle s’est vite lassée, le jeune Jimmy. Et Tony, sur son lit de mort, lui a soufflé ce conseil : « N’essaie surtout pas de la retrouver ».



C’est le début d’une course poursuite ciblée : Jimmy, mais aussi Julie Jones, qui se charge de l’enquête officielle, sont sur ses traces. Parce qu’un jeune homme est mort dans un incendie suspect.



L’histoire est au début déroutante. Pas d’indication de temporalité, les générations sont mélangées, et on a un peu de mal à s’y repérer, d’autant que certains prénoms sont utilisés deux fois! . Heureusement peu peu, la cohorte de personnages devient plus lisible, au fur et à mesure que l’étau se resserre autour de la fugitive.



On ne peut pas dire que l’héroïne soit attachante, elle est plutôt glaçante dans sa froide détermination, et ce malgré les circonstances atténuantes liées à son enfance auprès d’un père tordu. Un « sacré » personnage, celui-là. C’est plutôt vers le jeune Jimmy que l‘on se tourne pour faire oeuvre de compassion. Un père mort jeune, une belle-mère elle aussi en proie à des addictions…



Roman à l’ambiance particulière, bien écrit et bien construit, si l’on excepte la première partie qui demande un effort non négligeable pour y trouver des repères, et un décor très anglais comme on les aime. On y retrouve des éléments autobiographiques de l’auteur, qui aime cultiver les framboises, construire des bateaux et vit dans Fife.



Merci à Netgalley et aux éditions Métailié
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Poids plume

La maison d'édition compare ce livre à un roman de Dickens et à la série Peaky Blinders, je comprends pourquoi, c'est tout à fait ça.

Dickens, parce qu'on y parle beaucoup de pauvreté, d'extrême pauvreté, qui peut être âpre, rugueuse et violente.

J'ai lu la page 28 sans rien comprendre de ce qui était en train de se passer. Pauvre innocente ! Et quand j'ai réalisé quelques pages plus loin... Whaou ! La claque. C'est horrible, indicible... .

On pense aux Peaky Blinders , pour les images qu'on a en tête une fois terminé le visionnage : une roulotte, des origines gitanes, les nuits, les pubs enfumés, la violence, les yeux bleus de Jem qui font penserà ceux de l'acteur principal, la boxe..



Pour écrire cette histoire, l'auteur s'est inspitré de la vie de son arrière-grand-mère, Annie. Une petite gitane, "adoptée" par un colosse au coeur d'enfant, un boxeur qui va ouvrir un pub. Pas de pitié pour les enfants, les pauvres bossaient aussi dur, voir plus, que des adultes. Mais "pauvreté" rime parfois, avec le mot " générosité. Et cette générosité, irradie du roman et vient pénétrer votre âme.. .

Annie apprendra à se battre, elle apprendra à lire, elle apprendra la vie. Entre bar enfumé, pochetrons, alcool, pollution dûe aux usines appelées "clouteries " (parce qu'elles fabriquaient, des clous, ), fêtes foraines, combats illégaux, paris, les bleus, le sang, l'argent, et la découverte de la lecture, Annie se livre et cette gamine est formidable, touchante , merveilleuse, courageuse.

Même pas peur !

C'est un roman social, un roman d'aventures, un roman noir, un roman historique et surtout : une sacrée bonne histoire !

Je n'y connais rien en boxe, je n'aime même pas ça, et pourtant j'ai adoré "Poids plume"( comme le premier roman de cet auteur : Manuel de survie à l'usage des jeunes filles).

A la fin du roman, Mick Kitson prévient que sa grand-mère n'hésitait pas à en rajouter quand elle racontait sa vie, que certains faits n'étaient même pas enjolivés mais tout bonnement inventés. Poids Plume est comme ça, il oscille entre réalisme social et roman d'aventure et j'y ai rencontré des gens formidables...



Il était une fois Annie... Une sacrée "fenotte" !

Et si c'était vrai ?
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Manuel de survie à l'usage des jeunes filles

Les amateur(e)s de nature writing et de romans d'apprentissage ne seront pas déçu(e)s. Manuel de survie à l'usage des jeunes filles de Mick Kitson appartient aux deux genres avec en prime un petit côté thriller psychologique qui pousse à tourner les pages et suivre pas à pas les deux principales héroïnes de cette histoire, Sal et Peppa. Leur folle odyssée a pour cadre les Higlands "une étendue sombre au sud-ouest de l'Ecosse en dessus du golfe de Solway.

Sal qui a organisé la fuite est d'ailleurs depuis longtemps sortie de l'enfance pour fuir son beau-père incestueux et violent et protéger sa petite soeur Peppa ainsi que sa mère. Etrange personnage que celui de Sal, capable de tuer avec une détermination qui n'a d'égale que son intelligence planificatrice, elle est aussi susceptible d'entrer dans des états de conscience modifiée soit pour se protéger soit pour entrer en communion avec la nature. A ses côtés, Peppa, une petite fille miraculeusement rescapée de la maltraitance grâce à Sal qui joue auprès d'elle et bien avant l'heure le rôle de mère. Peppa qui collectionne les gros mots comme d'autres collectionnent les poupées et qui traverse avec une tranquille innocence l'aventure dans laquelle sa soeur l'a entraînée, en savourant chaque instant de cette vie au fond des bois.

Pour toutes celles et tous ceux qui aiment la vie sauvage, au contact de la nature, c'est un vrai plaisir de se familiariser à toutes les techniques de "survie en milieu hostile" et de savourer la joie de se sentir bien à l'abri et au chaud, à la lumière d'un feu de bois alors qu'alentour "la neige tomb[e] et que le feu lui donn[e] des couleurs jaunes et orangées".

Pourquoi n'ai-je pas adhérer à cette histoire pourtant très prenante comme en témoignent les passages de forte tension dramatique ou de suspense haletant, notamment à la fin du roman ?

Ce qui m'a un peu dérangée est que la narratrice, Sal fait parfois entendre une voix qui n'est pas celle d'une enfant de treize ans. Le côté aussi improbable et surtout les explications maladroites de l'auteur pour justifier sur le plan narratif une telle aventure m'ont fait regretter qu'il ne franchisse pas le pas du réalisme pur et dur pour entrer dans ce que l'on appelle le réalisme magique. Il y était presque avec Ingrid, une ermite qui vit dans les bois et va servir pendant un certain temps de mère de substitution aux deux fillettes. Ce personnage a une dimension un peu mythique et le rôle qu'elle joue dans l'histoire fait que l'on se rapproche du conte.

Ce n'est pas le choix qu'a fait l'auteur et même si je le regrette, je ne peux en tant que lectrice que le respecter.
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Poids plume

Poids plume est un roman qui débute comme un épisode des Peaky Blinders. La jeune Annie Perry, est une romani qui voyage en roulotte à travers le Black Country avec sa famille. Vendue enfant dans une foire au Slasher de Tipton, un champion de boxe à mains nues, elle apprend à lire, à écrire, et à se battre.

Des Midlands de l'Ouest aux Etats-Unis, Annie combat dans les foires et les soirées clandestines, tombe amoureuse, tente de survivre dans une Angleterre bouleversée par la Révolution industrielle.



Poids Plume dresse le portrait d’une jeune femme singulière, une ancêtre de l’auteur dont la grand-mère avait narré l’histoire. Mais la doyenne avait une certaine tendance à l’affabulation. Alors, histoire familiale ou généalogie fortement romancée? Qu’importe. Le roman nous donne à voir une Angleterre victorienne rarement contée, celle du bassin de Staffordshire, de ses usines, de ses travailleurs pauvres, de ses aristocrates puissants qui aimaient à se « divertir. » Mick Kitson fait aussi la part belle à l’identité de son héroïne, une rom qui n’a jamais oublié ses origines malgré la douloureuse séparation avec sa famille, et qui porte aussi en elle la marque indélébile du Black Country, dans sa détermination et sa manière de s’exprimer.



Je remercie les Editions Métailié et Babelio pour l’envoi de ce roman reçu dans le cadre de l’Opération Masse Critique.

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Poids plume

Angleterre, milieu du 19ème siècle, quelque part entre Birmingham et Wolverhampton.

Née dans une famille rom, dans laquelle le père est décédé récemment et la mère trop pauvre pour nourrir ses trop nombreux enfants, Annie, 7 ans, est vendue, en désespoir de cause, à Bill Perry, le champion de boxe, en échange d'une somme d'argent qui devrait permettre à sa famille de survivre quelque temps.

Même si elle lui sert de bonniche, Annie est plutôt bien tombée avec Bill, colosse aussi alcoolisé que gentil au coeur tendre. En grandissant, Annie comprend toutefois qu'elle devra apprendre à se battre, au propre et au figuré, contre les voyous en tous genres, et contre le manque d'argent et les créanciers du bar à bière exploité par Bill. Elle apprendra aussi à lire et écrire, chose rare dans le milieu dans lequel elle évolue. Autant de ressources physiques et mentales qui lui sauveront la mise plus d'une fois et l'emmèneront jusqu'aux Etats-Unis, au cours d'une vie hors du commun.



Dans une Angleterre en pleine révolution industrielle, dans un contexte de grèves d'usines, entre une classe ouvrière exploitée de manière éhontée et une aristocratie arrogante et toute-puissante, « Poids plume » est une histoire très romanesque, avec son héroïne flamboyante et ses personnages secondaires pittoresques, tous très attachants, qu'on aimerait avoir pour amis.

Inspiré par son histoire familiale, Mick Kitson nous livre, avec un grand talent de conteur, un roman rude et captivant, qui se lit à toute allure, entre bagarres et tendresse, entre coups du sort et espoir, et une pointe de féminisme.



En partenariat avec les Editions Métailié.

#Poidsplume
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Poids plume

COUP de COeUR.

Parti de ses origines familiales, Mick Kitson a brodé un roman historique à la Dickens dans un style plus contemporain. Un roman addictif car l'on se passionne pour cette petite Annie.

Vendue très jeune Annie aura la chance d'être traitée jusqu'au bout comme sa fille par Bill, le boxer. Elle apprendra à lire et à se battre. Elle saura se défendre. Par son côté rom, les gens la craigne, ont peur de se faire jeter des sorts, ce qui lui apporte un certain pouvoir.

Si Bill est propriétaire d'un bar à bière, l'argent ne rentre pas à flot, et Annie et lui combattent sur les marchés. Elle y rencontrera l'homme de sa vie.

Bien des années plus tard, elle retrouvera un de ses frères et d'autres mésaventures l'attendront.

Le roman se déroule dans la première moitié du dix-neuvième siècle dans le Black country c'est un contexte passionnant car ce sont les débuts de l'industrialisation. Avec le début des syndicats, des grèves, la scolarisation mais sous certaines conditions et le début du féminisme.

Confrontés à la duplicité de l'aristocratie qui se joue des lois et méprise les ouvriers. Annie connaîtra bien des épreuves.

Un petit avis sur la traduction que je considère réussie, merci Céline Schwaller. le mot foggers n'est pas traduit et je me demande pourquoi avoir traduit pub par bar à bière. C'est le seul détail qui m'a gênée.

Mick Kitson est un excellent conteur. Un auteur à suivre. À lire absolument.

Sort aujourd'hui.

Merci aux éditions Métailié.

#Poids plume #NetGalleyFrance

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Manuel de survie à l'usage des jeunes filles

Il était une fois deux jeunes soeurs qui avaient quitté leur foyer pour vivre dans la forêt. Elles construisirent une cabane, pêchèrent, chassèrent et puis elles rencontrèrent une gentille sorcière …

Oh ! , on se doute qu'elles ne sont pas parties pour des raisons futiles.

Tout a commencé avec Robert, le beau-père .

Sal (13 ans ) a décidé de partir du minable appartement qu'elles occupent avec leur mère alcoolique, le jour où Robert ( le dealer attitré de "m'man") , a menacé de faire à sa petite soeur chérie ( Peppa, 10 ans) ce qu'il lui faisait à elle…

Pendant un an, Sal a préparé leur fugue, en regardant des vidéos sur You Tube, en potassant un manuel de survie pour les forces spéciales, et en achetant grâce aux cartes de crédit De Robert (alors dans les vapes ! ) , tout le matériel du parfait petit campeur… Et les voilà parties…



La forêt , est ici vue comme un refuge, par opposition aux contes de fées où elles sont synonymes de danger.

Mick Kitson met l'accent sur l'aspect "aventures" et survole presque les aspects dramatiques qui ont conduit à la fugue .

Et le charme agit …

Quelques mots, rien de plus, pour raconter l'horreur… de la pudeur, mais aussi certainement un caractère qui pousse l'auteur à regarder les belles choses plutôt que se complaire dans la perversion, le sadisme , et le sordide . Et de ce choix artistique , on en ressort comme "lavés" au lieu de meurtris, enchantés au lieu d'anéantis.

Car elles sont lumineuses ces gamines ! A la fois , naïves et super dégourdies. Sal , la grande, est terriblement pragmatique et généreuse. Il faut dire qu'elle est habituée à prendre tout en charge dans la maison depuis son plus jeune âge, même sa mère… Elle sait "balader" les adultes qui viendraient fouiller dans leurs vies d'un petit peu trop près, éloigner les services sociaux , qui , d'après ce que disent Robert et Maman, ne manquerait pas de les séparer. Elle en parle de façon très détachée, presque froide , habituée à l'anormalité… Sal est presque adulte dans sa façon d'agir.

La petite , protégée et préservée par la grande, est un vrai tourbillon d'énergie et de bonne humeur .



J'ai beaucoup pensé au roman de Melissa Bank , (uniquement ) pour le titre ( Manuel de chasse et de pêche à l'usage des filles ") et bien-sûr pour les thèmes abordés, à My Absolute Darling, la nature comme refuge face à la maltraitance .



Il ne se passera pas longtemps avant que le cinéma s'empare de cette histoire si forte et lumineuse , de ce décor superbe et de ces deux gamines attachantes , très attachantes ! Je dirai même que le boulot est déjà fait , on voit l'histoire de façon si puissante en même temps qu'on la lit.

Un premier roman parfaitement maitrisé.





Challenge Mauvais Genres 2018/19.
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Manuel de survie à l'usage des jeunes filles

Sal, jeune fille de treize ans, n’a qu’une idée en tête, mettre à l’abri sa petite sœur du salaud que fréquente sa mère. Pragmatique, elle prépare depuis plusieurs mois leur évasion de ce triste quartier. Elle a étudié sur Internet tous les tutos survivalistes pour vivre en forêt.



Elle a volé le matériel complet du parfait randonneur, elle sait faire un feu et construire une hutte, ce soir elle avertit Peppa, demain matin on met les bouts, on quitte Glasgow pour les Highlands.



Surtout, que le lecteur ne prenne pas le titre de ce beau roman d’apprentissage comme une métaphore ou une licence poétique. C’est Sal qui prend la parole et nous raconte sa survie et celle de sa petite sœur depuis un triste quartier de Glasgow jusqu’aux sombres forêts d’Ecosse.



"Vivre c'est survivre..".



C’est un conte où les fées auraient oublié de se pencher sur les berceaux de Sal et Peppa, deux petites filles en survie devant l’abandon d’une mère trop faible pour affronter ses démons.



C’est l’histoire d’une fuite mais aussi d’une belle rencontre et d’une rédemption où deux petites sœurs par leur force de vie et l’amour qui les lie vont affronter une nature farouche et pourtant guérisseuse de toutes les blessures. « Manuel de survie à l’usage des jeunes filles » est un récit réaliste mais aussi une fable panthéiste sur la sororité dans laquelle la nature est un personnage à part entière.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Manuel de survie à l'usage des jeunes filles

Un excellent premier roman, une très jolie surprise au titre pour le moins original et intrigant.



Ce roman m'a dès le début fait penser à deux autres livres coups de coeur assez récents : "Dans la forêt" de Jean Hegland pour l'amour entre deux soeurs qui se (re)trouvent au coeur de la nature et la narration à la première personne, et "My absolute darling" de Gabriel Tallent pour le côté rédempteur de la nature auprès de jeunes au passé déjà difficile.



Autant dire que, pour ma part, cette comparaison relève d'un réel compliment, et si ce livre n'a pas été édité par Gallmeister, mais par les éditions Métailié, il en a quelques caractéristiques : l'omniprésence et la beauté de la nature, et des personnages forts et attachants malgré l'âpreté du quotidien.



Le récit est raconté par Sal, treize ans, grande soeur de Peppa, dix ans, et nous les suivons toutes les deux pendant quelques semaines de leur vie passées en pleine nature, au coeur de l’Écosse, de ses forêts, ses lacs, et ses montagnes.



Les deux petites sont vives et ont chacune leur caractère, il est extrêmement facile de s'y attacher et l'envie de suivre leur quête d'un bonheur simple vient dès les premières pages.



C'est un texte sans fioritures mais qui sonne juste de bout en bout, qui évoque en filigrane les souffrances d'une enfance maltraitée mais surtout les joies simples de la famille ou de l'amitié, de la chaleur d'un feu ou de la beauté d'un lac.



Je suis sortie de ma lecture enchantée, ce fut une bien belle lecture que je vous invite à découvrir...
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Analphabète

Mary Peace n'existe pas. En tout cas pas officiellement, sa naissance n'a jamais été déclarée à l'état civil.

A plus ou moins 40 ans, Mary Peace ne sait ni lire ni écrire, tout juste reconnaître quelques chiffres et quelques mots, et apposer sa signature sur un papier.

Mary Peace a un fils, Jimmy, 20 ans, qu'elle a abandonné quand il avait deux ans. Il ne se souvient pas d'elle, mais son père, sur son lit de mort, lui en a parlé pour la première fois, et l'a supplié de ne pas tenter de la retrouver.

Parce que Mary Peace est toxique, dangereuse, belle, irrésistible. Elle aime le luxe, donc l'argent, donc les hommes riches, qu'elle escroque, ou pire, sans le moindre état d'âme.

Et pour cela, Mary Peace est recherchée par la police, en la personne de Julie Jones.

Et même si (ou parce que) Jimmy ignore tout de la vie délinquante de sa mère, il se met lui aussi en quête de Mary Peace.



"Analphabète" est donc un chassé-croisé entre ces trois personnages, à la fois quête et enquête. Un coupable, une mère, l'assouvissement d'un désir sans fin, chacun suit son fil avec entêtement. Qui va lâcher, qui va gagner, le suspense est drôlement bien amené, grâce à une construction en "puzzle choral" : une succession de courts chapitres, alternant passé et présent, centrés chaque fois sur des personnages différents. Au début c'est un peu confus, mais peu à peu le tableau se reconstitue sous nos yeux.

Dans un style fluide, l'auteur aborde les thèmes de l'abandon, de la quête d'origine et d'identité, des sectes, des addictions et du déterminisme social. Certains auraient mérité d'être approfondis, mais ce roman, entre enquête policière et portraits d'une femme intrigante et d'un jeune homme attachant, est un texte très agréable à lire.



En partenariat avec les Editions Métailié.
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Poids plume

Angleterre, fin XIXe.

Anny Perry née Loveridge, est une petite gitane heureuse de parcourir la campagne accompagnée de sa famille, dans une roulotte tirée par deux poneys. Mais cette vie pauvre et heureuse prend fin quand son père décède, et que sa mère la vend, à son coeur défendant, pour subvenir aux besoins du reste de la fratrie (trois frères, deux soeurs et un bébé à naître).

Anny est une petite fille au caractère trempé mais elle se prend vite d’amitié pour le gigantesque boxeur alcoolisé, propriétaire d’un petit bar à bière, qui l’a adoptée. Et celui-ci le lui rend bien.

Mais la vie lui apprendra que pour s’en sortir, il faut savoir se battre, au sens propre comme au figuré. Et c’est grâce à ses poings qu’elle conquiérera sa réputation, mais aussi son indépendance.



J’ai aimé découvrir ce milieu populaire, rural et urbain à la fois. Cette campagne anglaise qui s’industrialise petit à petit où le peuple ouvrier peine à gagner sa vie, côtoyant les riches qui n’hésitent pas à s’encanailler auprès de lui et à le lui reprocher ensuite. Il y a du Dickens dans cette peinture et l’écriture est également à la hauteur de ce grand écrivain. D’ailleurs, au passage, j’en profite pour saluer la traductrice, Céline Schwaller, qui a fait ici un remarquable travail.

Je me suis laissée envoûter par les descriptions de la campagne anglaise auprès d’Anny quand elle sillonnait les chemins et les champs partout dans le pays, ou celles en compagnie des ouvriers éreintés par leurs journées de travail. Quant aux personnages, très travaillés également, on entre immédiatement en empathie avec eux.



Un très beau roman, une héroïne flamboyante. Une histoire qui se dévore !

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Manuel de survie à l'usage des jeunes filles

« Je ne sais pas pourquoi tout le monde s'inquiète autant de ce qu'il ressent. Ce qu'on ressent n'est pas vraiment important. Ce qui compte c'est de savoir des trucs et de faire des choses. »



Sal a depuis longtemps appris à enfouir ce qu'elle ressent dans le tiroir des secrets voire même de l'oubli. Les travailleurs sociaux et les instituteurs ne sauront rien de ce qui se passe derrière les murs. Si elle parle elle se retrouvera en foyer, séparée de sa petite sœur Peppa. Sa mère alcoolique sera condamnée pour maltraitance ou négligence.



Sal est une habituée de la survie. Dans sa vie de tous les jours elle survit. Elle survit à son beau-père pédophile. En silence elle prépare son plan. Elle regarde les vidéos sur YouTube et épluche le manuel de survie des forces spéciales. Sal est intelligente et déterminée.



« Je n'avais jamais rien tué à part Robert. »



À la manière de Nell et Eva dans le roman « Dans la forêt », Sal et sa petite soeur Peppa fuient et trouvent refuge dans la forêt, loin de la faiblesse de leur mère, de l'injustice, de l'aveuglement.

La nature les protège et les nourrit. La nature est douce malgré la neige, le froid, la pluie et les morsures de brochets. Le feu réconforte. Les étoiles font tourner la tête et l'imagination.



Sal et Peppa offrent, dans cette aventure digne d'un Robinson à l'heure de Youtube, une leçon de courage et de persévérance.

Est-ce possible d'être aussi débrouillardes à cet âge, d'avoir un regard si adulte, un instinct de survie si aiguisé ? Oui sans doute. Lorsqu'un enfant n'a jamais été dorloté, protégé, il apprend et grandit vite. Et puis Sal est douée d'une vive intelligence. Peppa court plus vite que n'importe qui, aussi vite que Tom Sawyer. Elles forment un duo d'enfer. Elles viennent de l'enfer et ont décidé de ne pas vivre aussi faibles que leur mère sous les coups d'un homme, aussi lâche et irresponsable sous les coups de l'alcool.



Ce roman n'est pas larmoyant malgré la violence du thème. Au contraire, l'inventivité et les réflexions de Sal et Peppa pimentent l'histoire et font sourire.
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Manuel de survie à l'usage des jeunes filles

Ce que j’ai ressenti:



***Des jeunes filles attendrissantes…



En plein coeur des Highlands, il se peut que vous entendiez une réminiscence d’écho de rires de jeunes filles, parce qu’une fois, que vous aurez découvert cette lecture, il est quasi certain que ces deux personnages vont continuer de hanter vos esprits. Elle s’appelle Sal, Salmarina Brown, elle a treize ans et un caractère bien trempé doublé d’une intelligence supérieure à la moyenne. C’est la grande soeur de Peppa, Paula Brown, dix ans, avec peut être un caractère encore plus pétillant et une langue bien pendue aux accents impétueux. Deux gamines, vivant au milieu des bois, à l’assaut de leurs aventures et qui tente de survivre dans le froid…Parce que la vie ne les a pas épargnées, elles se retrouvent à fuir leur quotidien cauchemardesque, mais elles n’ont rien perdu de leur malice. Alors on les regarde, ses deux enfants, avec de la tendresse au fond des yeux…



« Tu es magique Sal. »p168



« On n’oublie pas Peppa. » p217



***…Mais qui, ne s’en laisse pas conter…



Mick Kitson a réussi à créer deux fillettes éblouissantes, sans doute pour illuminer le cadre bien noir dans lequel, elles évoluent entre violence et alcoolisme. Derrière les enfantillages, il y a une réalité difficile à vivre, à encaisser, à comprendre. Sal prend les rennes de sa vie et le destin de sa petite soeur, et devient une petite guerrière, débrouillarde et alerte, pour préserver ce qu’il leur reste d’innocence….Quand peu à peu, on découvre leur environnement familial, nos cœurs se serrent…Pourtant, à force de vidéos instructives, de lectures évasion et de respect envers la nature, le moment si délicat du passage de l’enfance à l’âge adulte se passe tout en douceur, presque sans fêlure irréversible…Elles sont fortes Sal-N-Peppa , avec un couteau et un Manuel de survie, elles trouvent la force intérieure de se construire un nouvel abri, un nouvel avenir, un petit éden…



« Et je croyais que ça marcherait parce que quand on croit que quelque chose va se produire alors ça se produit donc il faut faire attention à ce qu’on croit qu’il va se produire. »



***…Bien cachées, au fin fond des bois…



J’ai particulièrement aimé que l’histoire se déroule en forêt et apprécié, que l’auteur ai saisi tout l’émerveillement des enfants devant la nature: leur curiosité exacerbée par la faune et la flore en perpétuel mouvement, la force de leurs silences face à l’immensité, leurs colères éphémères devant les accrocs imprévus, l’amour naissant pour la Déesse Mère…Mick Kitson explore à sa manière et avec beaucoup de sensibilité, le Nature Writing dans son premier roman, et c’est plutôt époustouflant!



« En fait l’ensemble de la nature est la Déesse Mère elle-même et c’est elle qui crée et qui soigne toute forme de vie. »







Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Manuel de survie à l'usage des jeunes filles

Le titre de la version originale de cet ouvrage est 'Sal', prénom de la jeune fille de treize ans au coeur de l'intrigue. D'accord, cette petite est formidable et vaut bien ça, une histoire à son nom, mais un titre aussi peu évocateur ne suscite guère la curiosité et l'envie.



Le titre en français ne me plaît pas non plus (à la fois trop Castor Junior, girly et susceptible d'attirer quelques pédos égarés en ces lieux), même s'il correspond à l'esprit de l'auteur lorsqu'il a écrit cet ouvrage. Face à l'augmentation alarmante de la pauvreté au Royaume Uni, héritage des années Thatcher (qui touche évidemment beaucoup d'enfants et d'adolescents), Mick Kitson, père et enseignant, s'est dit que les manuels scolaires étaient bien peu adaptés à la dure réalité de la vie.



Autour de l'histoire de deux fillettes en fuite, l'auteur donne des techniques pour se débrouiller en pleine nature, dans une forêt en l'occurrence.

Ces conseils de 'survie en milieu hostile' (ou sauvage) sont ceux que Sal a glanés patiemment sur Internet, au fil des mois, depuis qu'elle a pris la décision d'échapper à l'ambiance délétère du foyer et aux assauts de son beau-père, en emmenant avec elle sa petite soeur de dix ans, Peppa. Pas question de dénoncer la maltraitance parentale : le risque que les services sociaux séparent les deux fillettes est trop grand.



Si j'aimais le nature writing, je dirais que ce livre est une pépite.

Comme l'évoque l'auteur en interview, on retrouve l'ambiance de contes pour enfants tels que Hansel & Gretel. Ou d'albums d'aventures comme la série 'Sylvain & Sylvette'.

Pouvoir/devoir se débrouiller sans adultes, c'est à la fois séduisant et effrayant.

D'ailleurs Sal et Peppa sont parfois en danger, mais vivent aussi des moments d'une beauté exceptionnelle. Mick Kitson a beaucoup de talent pour rendre vivants ces instants magiques : le plaisir de déguster une infusion chaude, de la viande grillée, du pain-maison devant un feu ; les histoires que l'aînée raconte à la cadette pour la distraire, la rassurer avant la nuit ; la tendresse entre soeurs, blotties l'une contre l'autre pour s'endormir dans une douce chaleur.



L'auteur sait aussi rendre ses personnages plus vrais que nature et très attachants. On ne peut qu'adorer cette grande soeur débrouillarde, attentionnée, inquiète, et cette petite Peppa vive et futée, enthousiaste, bondissante, qui adore les gros mots et profite 'un peu' de l'infinie bonté de Sal pour se faire dorloter.





« Trop forte, Sal ! » s'exclame souvent Peppa, admirative des exploits de sa grande soeur.

Trop fort, Mick Kitson qui a écrit cette superbe histoire !

Et trop forte aussi, Sophie Merceron, dont on savoure les talents de lectrice année après année au festival 'Impressions d'Europe' (consacré en 2019 à l'Ecosse). Sa lecture des premières pages a donné vie à Sal et Peppa, le ton était donné, sa voix m'a accompagnée jusqu'au bout.

Merci à eux, et merci à Iris qui m'a conseillé cet auteur ! 🙂
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Manuel de survie à l'usage des jeunes filles

Vous voulez vivre au milieu des bois, à côté d'un lac, à la façon de Thoreau, deux siècles après lui ? C'est ce livre qu'il faut emporter pour savoir faire un feu, se nourrir, s'abriter, se soigner, pêcher, chasser, etc. Deux soeurs s'installent dans une des forêts de Highlands en Ecosse avec le manuel cité dans le titre. Titre que je n'aime pas d'ailleurs et qui m'a écarté de le lire un moment, à cause du mot manuel justement. Or, c'est un vraiment roman de nature writing. le lecteur arrivera, peu à peu, à savoir pourquoi ces deux gamines attachantes sont arrivées là. Narratrice, alors que l'auteur est un homme.



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Poids plume

Annie Perry, l’héroïne, raconte son abandon par sa famille gitane, trop pauvre pour l’élever dans cette fin du XIXe siècle. Elle est vendue à un champion de boxe à mains nues, William Perry dit Bill, un géant ne connaissant que le langage de la force, la chope de bière à la main quand il ne se bat pas, mais au cœur tendre avec les siens. Elle trouve là un foyer, s’initie à la boxe, côtoie les filles du révérend Warren, Esther et Judith, apprend à lire la Bible puis les poètes romantiques William Wordsworth et Burns. Quatrième de couverture : « Entre coups de poing et coups de cœur, fêtes foraines et matchs de boxes illégaux, une aventure réjouissante où l’art de l’esquive, la souplesse et la rapidité de poids plume d’une héroïne sauvage et attachante l’aideront à contourner la noirceur de la révolution industrielle et à partir à la découverte des États-Unis. »



Voici un récit à la Dickens, d’ailleurs le révérend se nomme Warren tout comme la manufacture où Charles Dickens, à douze ans, colle des étiquettes sur des pots de cirage. C’est un plaisir pour moi de voir revivre sous une nouvelle forme et des messages actuels, la mode des feuilletons hebdomadaires ou mensuels, publiés à cette époque dans les journaux, dont Dickens a été un des initiateurs. J’ai ressenti un plaisir de lecture comparable à celui de la trilogie de Pierre Lemaitre « Les enfants du désastre » ou au récit de Hwang Sok-yong, « Shim Chong, fille vendue ».



Les chapitres, assez longs au début, permettent d’installer le lecteur dans un contexte historique puissant – révolution industrielle, mines, manufactures de clous, forges, luttes pour les conditions de travail… Ils deviennent beaucoup plus courts à la fin, quand l’action atteint son paroxysme. Chaque épisode se termine par une phrase relançant l’action, ce qui m’a rendu impatient de lire la suite.

Les péripéties ne manquent pas, rythmées par des combats de boxe épiques, organisés pour gagner un peu d’argent, au départ avec Bill Perry, dit le Slasher de Tipton. On assiste ensuite à un superbe pseudo-combat de boxe entre Annie et un jeune boxeur professionnel, Jem Mason, se terminant par… une histoire d’amour, alors qu’Annie remplace à la dernière minute son père adoptif vieillissant. Commence une belle épopée avec le jeune couple, Bill et sa compagne Janey ainsi que leur manager Paddy. Le récit enchaîne maintes épreuves à affronter avec la force de l’amitié, de la fidélité, du courage. Le mystère surgit avec ce voleur détroussant les riches, connu sous le nom de « Black Cloak »- la Cape noire...



Le portrait de Bill est remarquable en vieux boxeur sans le sou, patron de bar à bière sur le port de Tipton, oubliant de faire payer les consommateurs, boxant tous ceux qui manquent de respect à la reine d’Angleterre – un portrait de la jeune reine est accroché au-dessus de la cheminée dans son bar The Champion of England – et aimant sa protégée, son Annie plus que lui-même.



La traduction me semble réussie, cela n’a pas dû être simple, l’auteur ayant placé le langage de chacun au centre du récit. Annie et Bill parlent avec des tournures orales et des incohérences liées à leur absence d’éducation. Le texte à lui seul rend compte du fossé culturel entre une famille de roms et la bonne société anglaise. Par exemple avec des phrases aux négations jamais complètes : « Y avait jamais de paix ni d’air pur », les phrases se terminant par « et tout » : « … je vivais dans un bar à bière et tout. » Plus tard, le texte s'affine à mesure qu’Annie échappe à sa condition première. Maniant l’écrit, elle passe de l’autre côté et j’avais l’impression de l’accompagner dans ce long cheminement.



Ne pas se tromper, ce n’est pas du tout un livre sur la boxe ! Celle-ci est une toile de fond utile pour illustrer la ténacité dont doivent faire preuve les personnages principaux, surtout les femmes, très à l’honneur ici, « gazilles » et « fenottes »… Elle illustre le combat de survie des plus faibles, des pauvres, des manouches et particulièrement des femmes et des enfants au cœur du capitalisme naissant. La boxe est une chorégraphie, une friction de destins.



Mick Kitson est né au pays de Galles et a étudié l’anglais à l’université avant de lancer un groupe de rock The Senators dans les années 80, avec son frère Jim. Journaliste pendant plusieurs années, il est devenu professeur d’anglais. Il vit en Écosse. Il est l’auteur de Manuel de survie à l’usage des jeunes filles (Métailié, 2019) et d’Analphabètes (Métailié, 2021).



J’étais plutôt dubitatif avec cette couverture "aux gants de boxe". Je donne l’auteur vainqueur avec ce dernier coup que je n’avais pas vu venir, lorsqu'il explique qu’Annie Perry était le nom de son arrière-grand-mère dont la fille, grand-mère de l’auteur, avait fabriqué une mythologie familiale comprenant une multitudes d’histoires dont aucune selon lui n’était vraie. Il écrit : « Je la remercie de m’avoir transmis l’envie et la capacité d’inventer des histoires. »

Dire que j’ai aimé ce livre serait en dessous de la réalité. Pour une fois je ne prends pas de gants pour dire que je conseille cette lecture, qui est de celles qui font du bien !

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Chronique complète avec illustration sur Bibliofeel, lien ci-dessous.
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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