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Critiques de Mike Carey (397)
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Celle qui a tous les dons

Cauchemar intégral !

Mon premier livre sur les zombies, et franchement, je dois dire que c’est une belle réussite. Un récit sans invraisemblances. Pas d’outrance du grand guignol. Rien d’autre qu’une course contre la montre perdue d’avance ; qu’une fuite éperdue à travers ces villes vides où vivaient autrefois des millions de gens…

Un livre sur des survivants qui ont compris, un peu tard, qu’il ne fallait pas ouvrir la boite de Pandore. Après l’avoir vu s’effondrer comme un château de cartes, ils regardent impuissants leur monde disparaître dans les décombres des grandes cités orgueilleuses. Des survivants endurcis par les épreuves, des squatteurs de ruines ni bons ni mauvais, mais qui ont cette force d’âme de continuer à avancer tandis que tous les autres sont tombés depuis belles lurettes. Des survivants qui arrivés au bout de leur épuisement parviennent encore à voler à leur destin quelques précieuses minutes pour aider l’autre, lui permettre de fuir un tout petit peu plus loin. Un monde crépusculaire qui attend avec impatience que le dernier des hommes disparaisse… Qu’on en finisse une bonne fois pour toute…

Madame Justineau, la belle institutrice ; le sergent Parks, le dernier des soldats ; Madame Caldwell prête à tout pour trouver un remède à ce virus qui grignote le cerveau des hommes ; la tête farcie de légendes du jeune Callagher qui n’a pas connu le monde d’avant la cassure… Tous ces fantômes de l’ancien monde qui vivent auprès d’eux et l’ahurissement de nos quatre déguenillés d’être toujours là.

Il y a les affams bien sûr, nom donné dans ce livre à la multitude grouillante et grise des zombies. La perpétuelle menace… L’odeur, la terrible, la merveilleuse odeur de sang… Le bruit qui joue le rôle de la clochette annonçant l’heure du diner…

Et puis il y a la petite Mélanie, avec ses cheveux blonds, ses yeux d’un bleu profond, et son teint de princesse de conte de fées. Sa fidélité, son amour inconditionnel pour Madame Justineau vont la contraindre à se surpasser. Elle a tant à faire pour la garder vivante dans ce monde qui n’est plus fait pour elle.

Le relève du vieux monde effondré sera-t-elle assurée par cette gamine devenue la Reine de tous ces petits sauvages efflanqués et voraces ?

Quel livre ! Captivant du début à la fin. Un souffle romanesque qui ne s’interrompt jamais…

On les suit, nos désabusés et courageux héros ; on les suit jusqu’à ce mur qu’ils ne pourront pas escalader où cette fatigue trop grande qui les fait s’arrêter au bord du chemin…

À lire absolument, quand bien même les histoires de zombies ne sont pas votre tasse de thé…

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Celle qui a tous les dons

La faute à Eric (@Eric76) si j'ai lu ce livre, oui c'est à cause de sa si convaincante critique que je l'ai ouvert par curiosité, ai lu les premières pages sans pouvoir ensuite le poser. Parce que le thème, franchement…voilà je suis gênée de vous dire que « Celle qui a tous les dons » de l'anglais Mike Carey est un livre de zombies…et encore plus de vous avouer que j'ai beaucoup aimé. La faute à Eric, je n'y suis pour rien dans cette faute de gout qui va venir entacher ma page Babelio jusqu'ici impeccable (quoique la SF pour certaines et certains ne serait pas de la « vraie » littérature – si j'en crois certains messages privés - donc le terme d'impeccable est à relativiser dans mon cas).



Allez, je me dois d'être franche : j'ai dévoré ce livre. Telle une affam(ée)…Est-ce le fait de n'avoir jamais lu ce genre de récit qui mélange le post-apo et le thriller, (et les zombies donc) ? Serais-je ainsi une éponge, une lectrice aux shakras bien ouverts facilement « émerveillable » ? Ou les amateurs du genre vont-ils eux aussi trouver ce récit bon et haletant ? Je ne sais pas du tout. Je demande l'aide d'une ou d'un ami, je téléphone à @NicolaK : si tu le lis, tu pourras me dire ce que tu en penses, toi l'amoureuse des thrillers ?



J'ai haleté, frissonné, grimacé…j'ai tourné les pages, avec effroi et dégout, parfois en sautant les mots ou en fermant les yeux…et ce livre m'a donné l'impression d'un livre en forme de ciseau : un début (assez épais, à peu près un bon quart du livre) formidable, une fin surprenante et un milieu de course poursuite de facture plus classique, un road trip post-apocalyptique aux questions darwiniennes. La 4ème de couverture parle d'un mélange de Kazuo Ishiguro et The Walking Dead. Pas faux…le début à la Kazuo Ishiguro : nous sommes dans les pensées de Mélanie et j'avais l'impression de reconnaitre le style singulier du livre « Klara et le soleil » d'Ishiguro, la fin magistrale un peu dans le même style et le milieu du livre est clairement du walking dead. Première partie et fin surprenante et milieu plus classique. Ce mélange fonctionne bien.



C'est une petite fille bien sage qui s'appelle Mélanie. Drôle de prénom pour cette petite fille toute pâle, Mélanie voulant dire « noire » mais quand elle est arrivée là, au centre militaire, on en était au M. Comme pour les chiens. Elle aurait préféré s'appeler Pandore, prénom qui signifie « celle qui a tous les dons », référence à la mythologie qu'elle aime tant. Elle va à l'école avec d'autres enfants qu'elle n'a jamais vu…oui car ils sont tous attachés, pieds, mains, et cous solidement sanglés à des fauteuils roulants. Plusieurs militaires amènent chaque enfant ainsi de leurs cellules à la salle de classe. Parfois certains disparaissent et ne reviennent jamais…devenus fruits d'expériences scientifiques. La seule touche de couleur, d'espoir est Mlle Justineau, une des enseignantes. Seule elle les voit comme des enfants alors que pour tous les autres ils sont juste des sujets et l'espoir d'en connaitre davantage sur ce qui a décimé les humains lors de la Cassure provoquée par un champignons infectieux il y a une vingtaine d'années. Regardez plutôt ce que ça donne sur des fourmis et imaginez :



« La voix aux intonations de miel du célèbre documentariste, évocatrice de douce campagne anglaise aux jardins parfaits, décrivait avec une tendresse incongrue la façon dont les spores d'Ophiocordyceps reposent inertes sur le sol, dans des environnements humides tels que ceux de la forêt tropicale sud-américaine. Collantes, elles se fixent sur d'innocentes fourmis cherchant leur nourriture en adhérant à la partie inférieure de leur thorax ou de leur abdomen. Une fois en place, elles étirent des filaments de mycélium qui pénètrent dans le corps de l'insecte, puis s'attaquent à son système nerveux. Les fungi court-circuitent les fourmis ».



Le fungus se répand à travers le corps de la fourmi pour finir par exploser hors de sa tête…il a fini par « sauté la barrière des espèces, puis celles des genres, des familles, des ordres et enfin des classes. Il s'est hissé jusqu'au sommet de l'arbre de l'évolution, si l'on admet une seconde que l'évolution est un arbre, qui possède un sommet ».



L'homme infecté n'est plus que l'ombre de lui-même (physiquement il ressemble aux zombies dans le clip de Mickael Jackson, vous voyez bien, j'en suis certaine) : complètement apathique, statique sauf lorsqu'il sent des phéromones, une source de chaleur humaine, qu'il désire impulsivement dévorer (et par le même coup il transmet la maladie). Ils sont appelés des affams. Mélanie est-elle une affam ? Si oui pourquoi pense-t-elle ? a-t-elle toujours des réflexions et des sentiments ? « Ces enfants ont beau être infectés depuis des années, ils parviennent toujours à penser et à parler. Et même à apprendre ». Cette immunité partielle justifie les expériences scientifiques dont ils font l'objet.



« C'est ainsi qu'il se propage – par la salive, essentiellement. La morsure sert à la fois à procurer un aliment à l'hôte et à diffuser la contamination. D'où l'extrême prudence dont nous faisons preuve dans le maniement des sujets d'expérience. Et d'où également – (soupir) – la nécessité de la présente mise en garde ».



Le début du livre met en valeur la vie et les interrogations de Mélanie…puis le rythme s'accélère et nous sommes dans un monde d'horreurs. J'avais l'impression d'une succession de cauchemars ponctués de scènes de toute beauté…mélange fascinant. Une lutte pour survivre dans des conditions horribles.



Pas du tout habituée à ce genre de littérature, j'ai été happée et bluffée par ce livre. Je ne connais pas les codes des livres de zombies et sans doute comporte-t-il des défauts que je n'ai pas su voir, si ce n'est, j'imagine, les éléments classiques de la course poursuite semée de moments de tension extrême. Je l'ai dévoré et ai trouvé l'écriture assez bonne, parfois même franchement excellente. Les interrogations sont riches. Oui, faire un pas de côté fait du bien de temps en temps ! Un grand merci Eric !! Et comme lui je vous conseille ce livre même si les zombies ne sont pas votre tasse de thé !

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L'Armée des morts : Une anthologie zombies

Mouais



Bon,



Je suis déçue.



19 nouvelles de zombies par 19 supers auteurs. Je suis très fan de certains : Mike Carey, Joe R. Lansdale, David Wellington, Jonathan Maberry.

J’ai bien aimé la nouvelle de Mike Carey mais sans plus.

La nouvelle Le Zombie qui tomba du ciel de Homler était intéressante mais tombera dans l'oublie. J’ai connu beaucoup mieux de la part de Joe R. Lansdale…

Alors celle de Maberry sera géniale mais, j’ai bien reconnu la trame qui donnera naissance à son roman Zombie Apocalypse quelques temps après. Donc "déjà lu".

La nouvelle de Wellington se défendait bien cependant la fin m'a déçu.



Reste la dernière, qui heureusement relèvera le niveau du recueil. La nouvelle de Joe Hill Le Cirque des morts en 140 caractères. Nouvelle assez spéciale car nous recevons les informions à travers des messages Twitter. Nous restons ainsi dans le flou entre la réalité objective et sa réalité subjective. Une adolescente raconte son voyage à travers ses tweets. Nous aurons donc que des bribes d'informations, les émotions supplantant les rares descriptions. Ce qui m'a rappelé avec plaisir, le film Pontypool de Bruce Mcdonald : en effet, nous découvrons l'angoisse à travers les appels et les transmissions extérieurs depuis une station radiophonique. Nous ne sommes pas spectateurs comme la nouvelle de Joe Hill, mais nous recevons les messages... Un film sans image de la terreur, une nouvelle sans image de l'horreur.
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Celle qui a tous les dons

Merci à Patlancien de m’avoir rappelé, en me parlant de l’adaptation, que je n’avais toujours pas fait mon billet sur mon premier roman de zombies.



C’est avec ce roman que ma façon de chercher des livres a été modifiée à jamais.



Avant, je croyais que la littérature se composait de deux styles : les romans de littérature pour les érudits et les romans pour nous, les barbares. Les gens de Lettre nous regardaient de haut : regardez ces gueux, ils ne lisent pas de la vraie littérature, crachons sur leurs Hoverboards psychédéliques ! Vous ne me croyez pas ? Et bien allez faire un tour dans une librairie, et demandez Ada de Antoine Bello ou Auprès de moi toujours de Ishiguro ou L’Aveuglement de Saramago, ses romans de Science-fiction ne sont pas classés en Science-fiction. Pour les éditeurs, se mélanger avec les cloportes pourrait ternir leur image. En réalité, la science-fiction et l’horreur sont des genres injustement ostracisés. Alors dès qu’un écrivain, écrit un roman SF, il ne faut surtout pas l’évoquer. (Et ne me dîtes pas que c’est pour réunir tous les romans de l’auteur parce que quand c’est l’inverse, cela ne pose pas de problème, par exemple Confessions d’un Barjot de Philip K.Dick ou Le Festival de la Couille de Palahniuk que vous ne trouverez pas en SF).



Alors on va sortir un autre argument : « oui mais c’est cauchemardesque, on ne peut pas les mélanger ». Désolé mais j’ai été traumatisée par Les Noces Barbares de Queffelec et ce n’est pas de la SFFF. L’horreur c’est complètement subjectif.



Avant Mike Carey, je suis passée à côté d’un tas de romans, comme si placer Ishiguro ou Atwood dans le même rayon que Philip K.Dick était une hérésie (d’ailleurs je remercie beaucoup Babelio d’exister et les bibliothécaires que j’ai connu et qui furetaient tous les jours pour récupérer la SFFF placée dans les rayons de littérature blanche).

Mike Carey m’avait ouvert la porte : on pouvait lire un roman de zombies sans avoir l’air d’un sociopathe granguignolesque. Aujourd’hui, nous savons que les romans de zombies ne sont pas toujours des romans d’horreurs gratuits, écrit juste dans le but de faire peur, comme une vieille histoire de Chair de Poule racontée autour d’un feu de camp par des scouts puceaux. Ils fonctionnent assez souvent avec différents champs de réflexions dont un point important qui règne depuis que George Romero a réalisé La Nuit des morts-vivants (et plus efficacement depuis Zombies) : QU’EST-CE QUI DIFFERENCIENT LES ETRES HUMAINS DES ZOMBIES ?? (Et parfois viendra se rajouter : qui est le monstre ?)

***

Des enfants dans une cellule, sanglés même au cou, des enfants dans une base militaire… Des enfants qui étudient, qui pensent, qui réfléchissent et qui… aiment. Quel genre d’enfants est-ce ? Ils ont l’air d’être des enfants… C’est à travers la sensibilité de Mélanie, une fillette de 10 ans, qui connaît les règles et les respectent, que nous avançons dans l’histoire. Elle nous conte ses journées, de sa cellule à ses cours, de son repas composé d’asticots (protéine animale). Mais surtout Mélanie éprouve un amour incommensurable pour mademoiselle Justineau, prête à être « un Dieu ou un Titan pour la sauver ». Mélanie ne sait pas ce qu’elle est. Pourquoi est-elle enfermée, sanglée ? Pourquoi ne mange-t-elle pas du chocolat ou des spaghettis comme les enfants dans les livres ? Pourquoi ne peut-elle pas se faire des amis ?

Le monde est mort, des affams l’ont envahi. Mais l’humain n’accepte pas sa fin. A l’instar de Je suis une légende de Matheson, il veut trouver un remède et poursuivre son règne. Le virus (un champignon de type Cordyceps, oui comme dans The Last Of us) réagit étrangement sur les enfants. Peut-on revenir à la vie d’avant ? Comme pour Les Enfants de Darwin de Greg Bear : si les enfants mutent c’est qu’il y a une bonne raison ? Faut-il les sacrifier pour trouver l’immunité ? Les enfants ne sont-ils pas là pour transmettre le savoir du passé pour le futur ? Qu’est-ce qui différencient l’être humain du zombie ? Qui est le monstre ?



J’adore Mike Carey. Je ne me lasserais jamais de son imagination et sa sensibilité. Il est très prolifique dans le domaine du comics, et ses romans méritent également d’être partagés.

Pour plus de contenance je vous invite à lire la critique de Eric76 qui est vraiment géniale.





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Celle qui a tous les dons

📖 « La jeune fille ET la mort, deux pour le prix d'une, malgré ses dix ans. »





Première critique de l’an neuf ; une vraie belle découverte !





• Résumé :

Tous les dons ne sont pas une bénédiction.

Chaque matin, Melanie attend dans sa cellule qu'on l'emmène en cours. Quand on vient la chercher, le sergent Parks garde son arme braquée sur elle pendant que deux gardes la sanglent sur le fauteuil roulant.

Elle dit en plaisantant qu'elle ne les mordra pas. Mais ça ne les fait pas rire.

Melanie est une petite fille très particulière…





📖 « Ces enfants ont beau être infectés depuis des années, ils parviennent toujours à penser et à parler. Et même à apprendre. (...)

Une immunité partielle. »





• Ma rencontre avec Celle qui avait tous les dons :

J'ai commencé par découvrir la bande-annonce de « The last girl » (l'adaptation cinématographique) il y a quelques temps déjà et je me souviens très bien m'être dit alors que ça avait l'air intéressant, que je devrais le noter dans un coin de ma tête et me le mater un de ces jours...

L'histoire semblait originale, mais bon, à l'époque je frisais un chouïa l'overdose de ce genre de films, et puis finalement je n'ai jamais eu l'occasion de le voir - tant mieux d'ailleurs ^^

J'ignorais aussi totalement l'existence du bouquin de M. R. Carey, donc vous pouvez imaginer quelle fût ma surprise de tomber dessus au détour de quelques-unes de mes pérégrinations littéraires.

Pour moi, c'était comme un signe ; une évidence.

Allez hop ! Dans l'panier !



Aucun regret.

J'ai dévoré telle une affam(ée !) le récit percutant qui s'offrait à moi.





📖 « Elle se débat contre une bête sauvage, et cette bête, c'est elle.

Donc elle sait qu'elle va perdre. »





• Celle qui avait tous les dons et moi :

Sorte de road-trip post-apocalyptique en mode darwinien, ou l'évolution des zombis est-elle envisageable ?



J'ai rapidement pris en affection le personnage de Melanie ; une gamine affam d'une intelligence rare. La vie, telle qu'elle est devenue, si l'on peut encore la nommer ainsi, lui est soudainement jetée au visage après que la base militaire dans laquelle elle se trouvait subisse une attaque lourde en conséquences. Sa fuite éperdue en compagnie de quelques adultes humains, se révélera riche en apprentissages, sur leur condition, sur ce monde post « Cassure », et plus particulièrement encore, sur elle-même.



📖 « - Comme on ne pouvait pas tuer les affams, on s'est tué nous.

Un tour de prestidigitation que chacun nous envie dans les soirées. »



Confrontés à une bien cruelle 'réalité', l'humanité peut-elle suffire ? Ou même subsister ?



Au final, c'est l'âme humaine et son panel varié de sentiments qui sont ici disséqués dans une singulière analyse. Et personnellement, j'ai beaucoup apprécié le point de vue que l'auteur a choisi de nous proposer - dans ce qui s'avère être à l'origine une nouvelle intitulée « Iphigenia at Aulis » et rédigée pour une anthologie américaine que dirigeaient Charlaine Harris et Toni Kelner.







• Celle qui avait tous les dons, en bref :

5 étoiles...

... voilà qui devrait en dire suffisamment, non ?







📖 « Personne ne sait. Pas plus qu'elle, personne ne sait où il va vraiment. »







• Celle qui avait tous les dons et vous...

Ferez-vous de ce roman votre prochaine lecture ?

Je vous le recommande ardemment !
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La Cité de soie et d'acier

Une légende court chez les aventuriers qui parcourent le désert, dans les tavernes après plusieurs verres, sur les marchés au fil des conversations : il existerait, perdue au milieu des dunes, une cité peuplée et dirigée par des femmes. Impensable dans une société où l’homme tient la première place et seul décide du destin des membres de sa famille. Et pourtant, ils sont nombreux à être tentés par le voyage à travers la solitude de sable afin de découvrir la ville mythique. Lecteurice, assieds-toi, car l’histoire de la cité de soie et d’acier va commencer.



J’avais proposé les premières lignes de ce roman voilà déjà deux mois. Comme le temps passe ! Mais, je le répète souvent, il me faut être dans le bon état d’esprit pour en profiter. Et j’ai bien fait d’attendre, car j’ai été conquis, enchanté par cette histoire merveilleuse, au doux parfum d’un Orient imaginaire et fantasmé. Comme dans un de ces contes qui ont bercé une partie de mon enfance, l’action se déroule dans un pays où l’air est chaud, le sable doux mais meurtrier quand on ne le connaît pas. Les hommes n’hésitent pas à risquer leur vie pour un trésor, une nuit avec une femme. Femme qui est censée être belle et ne pas poser de problème, bref rester à sa place attitrée.



Mais dans La Cité de soie et d’acier, l’ordre ne va pas être respecté longtemps. Les femmes vont devoir changer de rôle si elle veulent survivre. En effet, suite à l’assassinat du sultan qui les possédait, ses trois-cent-soixante-cinq concubines sont condamnées à disparaître. Une seule solution : s’échapper. Et ensuite, on verra. Les voilà donc parties, se demandant que faire. Où qu’elles aillent, même dans des lieux éloignés de Bessa, la ville où elles menaient leur vie d’esclaves (mais bien traitées, disaient-elles), elles devraient faire face à une évidence : les femmes sont toujours traitées comme subordonnées aux hommes. Elles doivent se conformer à leurs volontés. Aussi, elles décident finalement de tenter une aventure originale : composer un groupe autonome non soumis à la volonté des mâles.



La gestion du groupe, puis de la cité m’a automatiquement fait penser à Un pays de fantômes, de Margaret Killjoy. Dans ce roman qui évoque l’anarchie et son fonctionnement, on trouve des points communs avec la façon dont les femmes mettent en place la bonne gouvernance de l’entité qu’elles composent, puis de leur nouvelle demeure. Pas de nouveau sultan, pas de nouveau chef. Même si cela doit être une cheffe. Les décisions se prennent de façon collégiale. Et tout le monde a droit à la parole. Même si, comme le fait remarquer une participante, cela relève de l’impossible : « Les quatre cents d’entre nous ? C’est absurde. Nous ne parviendrons jamais à une décision ! » Il lui est répondu avec sagesse : « Nos vies sont toutes en jeu. Nous devons œuvrer de concert pour survivre. Et nous travaillons ensemble, d’un commun accord. » Comme dans le récit de Margaret Killjoy, la parole est libre et partagée, chacune a le droit de donner son avis. Malgré la difficulté de se mettre d’accord. En tout cas, à Bessa, dans La Cité de soie et d’acier, cela fonctionne parfaitement. Et l’on assiste à la mise en place d’une utopie réjouissante, même si on en sait déjà le caractère éphémère.



Mais La Cité de soie et d’acier n’est pas un écrit révolutionnaire. Enfin, pas de prime abord. Ce roman est avant tout un récit plaisir, construit avec science pour notre plus grande joie. Comme dans Les Mille et une nuits, au début, les histoires s’enchâssent les unes dans les autres. Une manière habile de nous faire découvrir les personnages les uns après les autres. Et de maintenir le suspens. Ça marche à tous les coups. Et même si cette structure ne continue pas tout le long du récit (on revient souvent à des chapitres qui se suivent de manière chronologique), les auteurices se montrent subtils dans la construction de leur texte : ils maintiennent le mystère, nourrissent la curiosité et savent accompagner leurs lecteurices jusqu’au bout sans aucune once de lassitude.



La Cité de soie et d’acier possède décidément et le plumage et le ramage. J’avais été attiré irrésistiblement par la superbe illustration de couverture de Shahzeb Khan Raza (dont vous pouvez aller voir le travail à cette adresse). Et je n’ai pas été déçu par le contenu. Dès les premières pages, dès les premiers mots, je suis parti en voyage avec les trois membres de la famille Carey loin de mon domicile, loin de mon quotidien, loin de ma routine. Et j’ai vibré avec les fondatrices de cette cité mythique, la Cité des femmes.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Fellside

Fellside est une prison pour femme, vous y croiserez au premier regard, des gens particulièrement antipathiques.



L’ambiance est plutôt sinistre donc si vous voulez vous gondolez, passez votre chemin. Ici ce sera : culpabilité, tentative de suicide, corruption, meurtre, drogue.





Jess met le feu chez elle. Tout semble croire qu’elle cherchait à assassiner son compagnon de vie et de drogues. L’incendie tuera le petit garçon de 11 ans qui vit au-dessus de son appartement. Sa culpabilité l’incitera à ne plus vouloir vivre. Comme on l’empêche de se suicider, elle décide de ne plus se nourrir jusqu’à la mort. Détenue à l’infirmerie de la prison, c’est au dernier instant de sa vie, au cours d’un voyage astral, que Jess prend contact avec le petit garçon sous forme spectrale… Il lui réclame son aide car il est persuadé que ce n’est pas elle qui l’a tué…



Ayant une raison de vivre, Jess se rétablit et est alors envoyée avec les autres détenues. Seulement personne n’aime les tueuses d’enfant…





Mike Carey a le don de me surprendre. Pourtant ici, malgré toute ses volontés pour nous emmener vers un autre terrain, j’ai assez vite compris. Déception ? Absolument pas. Car le génie de Mike Carey réside avant tout, dans ses personnages.



Le démarrage est long et j’ai cru que j’allais abandonner. Mais j’ai tenu et fort heureusement. Les voyages à travers les rêves des détenues, en compagnie d’un fantôme, offrent un ton terriblement mélancolique et sensible. J’ai été touché par Jess, Buller, Lizzie, Passmore, McBride et quelques-unes, par les avocats prêt à tout pour défendre Jess, j’ai été furieuse contre le système carcéral, avec des directeurs et des geôliers à la morale douteuse, des prisonnières sans scrupules, même une infirmière qui devrait concrètement changer de carrière et j’ai craint pour Jess à plusieurs reprises.



Une lecture sous tension.

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Une autre moi-même

Pénétrer lentement la petite porte horrifique, avant de sombrer dans la Terreur… C’est ce que parvient à faire Mike Carey dans son dernier roman.



Comme il m’avait dupé avec La Malédiction de Rowans, j’étais sur mes gardes. Où Carey voulait-il nous emmener ?



Au passage, on y croisera peut-être un trouble dissociatif de l’identité (très à la mode), ou peut-être un ami imaginaire (qui me donnera envie de relire Happy ! de Grant Morrison), ou peut-être un corps astral qui se fait un petit voyage (Insidious ?), ou peut-être des mondes parallèles qui se croisent (le multivers a son heure de gloire), ou peut-être un démon amérindien, ou peut-être le syndrome de Capgras (qui m’a fait penser au roman Le Chant du Coucou de Hardingue), peut-être un serpent qui se mord la queue (Ouroboros et l'éternel retour), peut-être un renard avec une épée (tiens donc !), peut-être une maman dévouée et une maman moins dévouée, peut-être une adolescente zarbie ou peut-être pas, ou peut-être même le Chat de Schrödinger (il est vivant et mort en même temps ou il n’est ni vivant ni mort ?). Peut-être peut-être peut-être… Beaucoup de peut-être.

Alors si vous voulez réellement savoir de quoi il retourne, lisez-le…

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Celle qui a tous les dons

Celle qui a tous les dons... Un titre mystérieux, une couverture d'un jaune qui explose aux yeux depuis l'autre bout de la librairie, une quatrième sybilline... Et voilà ma curiosité furieusement titillée et des envies de découvrir les raisons du résumé énigmatique. Impossible de résister à ce merveilleux vilain défaut.



Aussitôt acheté, aussitôt commencé... Les pages défilent décrivant une situation très bizarre. Comme on arrive au coeur d'événements en cours, je ne comprends que pouic au début. Normal. Je trouve l'entame assez originale, me réjouissant par avance d'une copieuse séance de lecture qui risque bien de m'emporter à des heures tardives.



Sauf que ça ne se passe pas toujours comme on prévoit les choses. J'en dirai le moins possible pour ne pas déflorer intrigue et thèmes. Les bonnes idées de départ ont fini par arriver à un élément que je pressentais peu à peu. Et le récit jusqu'ici original de se placer confortablement sur les rails du déjà-lu. Persévérante, j'ai voulu continuer... Encore un chapitre. Allez, encore un! Un petit der- Stop! Quand la persévérance tourne au masochisme, il faut savoir mettre le holà. Il y a trop de bons livres qui attendent pour  s'embourber dans une lecture-pensum.



Ça m'apprendra à être trop curieuse!
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Celle qui a tous les dons



Ce livre ne m'a pas emballé plus que cela parce que ce n'est pas un genre que j'affectionne.

Par contre, j'ai trouvé la manière dont le récit se présente plutôt bien pensé avec un inversement de situation où les bourreaux deviennent dépendant de leur victime . La fin est également bien pensée et change de tous les romans dystopiques où le monde est sauvé … là le monde est certes sauvé mais pas pour tous et pas comme on s'y attend*: la société du plus fort, du plus dominant passe à la trappe.



En ce qui concerne la lecture.. la première partie super rapide, dynamique, entrainante même si on ne comprend pas exactement pourquoi le monde en est arrivé là. Par contre, la seconde partie, le périple après l'attaque de la base... une rythmique plus lente et attendue. Il était évident qu'ils allaient croiser des zombies et qu'ils allaient se faire attaquer.

Les personnages ... un peu commun : une savante folle , un militaire strict qui craque pour la civile professeure super sympa... un jeune militaire et ... une zombie-allié ! C'est surfait !!!! Ne me dites pas que vous n'aviez pas venir les choses que cela soit les rapprochements, les morts et les faits. J'ai par contre apprécié la place que prend la psychologie des personnages dans le récit : on part au départ avec le postulat (gentils vs méchants) et au final on découvre que les gentils ne sont pas si gentils que cela et inversement.



Un bon roman pour quelqu'un n'étant pas fan du genre dystopie, fin du monde, morts-vivants et compagnie
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Celle qui a tous les dons

Elle s’appelle Mélanie, elle a 10 ans. Elle aurait préféré un autre prénom, mais quand elle est arrivée on en était au M. Elle va à l'école avec d'autres enfants. Mais pourquoi sont-ils attachés sur des fauteuils roulants, pieds, mains et cous sanglés? L’histoire débute dans un centre militaire où a lieu des expériences scientifiques. Mélanie aime y suivre les cours, surtout avec Mlle Justineau et ne connaît rien d'autre comme horizon que ces murs.

Avant, il y a une vingtaine d'années il y a eu La Cassure, suite à une histoire de champignons infectieux...

On entre peu à peu dans ce roman où de nombreuses questions se posent.

Après bienvenue dans un monde d'horreur.

Et puis fuyez les affams, les cureurs et sans doute aussi Caroline Caldwell

Et battez-vous pour survivre.

De ce livre il ne faut pas en dire trop, mais le découvrir page après page. Pages qui se tournent très rapidement. L'écriture est aisée, le point de vue de chaque personnage amène un intérêt non négligeable et un peu d'air tant on est au bord de la nausée dans certains chapitres.



J'ai été happée par ce roman, lu avec effroi et dégoût mais je n'ai pu le lâcher.



Peu habituée à ce genre de littérature j'ai été bluffée par ce récit. Certains y trouveront à redire sans doute. Je n'y ai pas vu les défauts.

Reçu dans le cadre de masse critique je ne l'aurais jamais lu sans doute. Mais je ne me suis forcée à aucun moment. L'écriture est habile, la réflexion passionnante, l’humanité désespérante...

Merci à Babélio et à l’Atalante.



Et puis j’ai découvert cette maison d’édition créée en 1982, qui a débuté comme librairie à Nantes en 1979. L’histoire se poursuit.

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Celle qui a tous les dons

Mélanie a dix ans, elle aime beaucoup son professeur, Mlle Justineau. Elle sait beaucoup de choses, elle aime apprendre. Mais il y a une chose qu’elle ne comprend pas c’est pourquoi ses camarades de classe et elle, sont constamment attachés à leur fauteuil et surveillés par des gardes.

Pour une fois, la quatrième de couverture est assez discrète. On rentre doucement dans le quotidien de Mélanie mais aussi celui des autres personnages de l’histoire. D’un coup, ça s’accélère mais il y a une espèce de faux rythme parce qu’un élément peut être déclencheur… ou pas. Une fuite pour échapper aux affams, un genre de zombie un peu spécial. Mais ce ne sont pas les seuls dangers pour Mélanie et les autres rescapés de l’Attaque. Dans l’ensemble, les personnages sont un peu convenus et j’ai trouvé que Mélanie, même si présentée comme très intelligente, a un peu trop de leadership pour une fillette de dix ans.

Un nouveau roman post-apocalyptique mais qui a le mérite d’être original… sauf peut-être la fin qui m’a fait penser à celle de Sweet tooth (comics en trois tomes) et qui fait réfléchir sur l’homme. Une belle découverte, à compléter peut-être avec le film qui a été adapté du livre par Colm McCarthy.
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Neil Gaiman's Neverwhere

Il m'aura fallu tout ce temps et Neil Gaiman pour me faire comprendre que, finalement, je n'ai rien contre l'Urban Fantasy. Et que la médiocrité de J.K. Rowling n'est pas représentative du genre. Mille excuses!



Alors, on a ici une adaptation BD du roman Neverwhere de Neil Gaiman. Le roman est lui-même une novelisation d'une série télé aussi scénarisée par Gaiman.



L'histoire est une espèce d'allégorie sur l'itinérance. On y suit Richard, personnage plutôt passif dont les patrons et la fiancée mènent par le bout du nez. Un jour, il tombe sur Porte, qui semble être une sans-abri blessée, sur le sol d'une ruelle. Il la ramène chez lui pour la soigner.



Elle l'entraîne dans une aventure qui l'attire dans le Londres-d'en-bas. Une version mythique, magique de Londres qui cohabite avec sa version d'en-haut.



À son retour, il réalise qu'il n'a plus d'emploi, plus d'appartement, plus d'amis... Et qu'il ne sera pas facile de retrouver un rôle visible dans la société.
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Rempart, tome 1 : Le livre de Koli

Auteur de premier plan au Royaume-Uni, Mike Carey (aussi connu sous le nom de plume de M.R Carey) est surtout connu dans le monde de l'imaginaire pour ses comics (Hellblazer, The Unwritten…) et son roman horrifique/post-apocalyptique Celle qui a tous les dons (adapté en long-métrage par Colm McCarthy en 2016).

Après la publication de la Part du Monstre (suite de Celle qui a tous les dons) aux éditions L'Atalante, c'est cette fois le Livre de Koli qui nous arrive en France sous une traduction signée Patrick Couton.

Premier tome d'une trilogie, le Livre de Koli nous emmène dans un univers post-apocalyptique à travers une Angleterre en ruines et où il ne fait pas bon se promener seul dans la forêt…



Raconter l'après

Écrit à la première personne, l'histoire du Livre de Koli nous est rapportée sous forme de simili-journal intime par… Koli lui-même !

Ce jeune homme de quinze ans vit à Mythen-Croyd, un petit village fortifié du nord de l'Angleterre (ou Engleterre comme nous l'explique Koli) où survivent deux cents personnes bien à l'abri des palissades et sous la protection d'un groupe de personnes appelées les « Remparts ». Chaque « Rempart » (Rempart Feu, Rempart Flèche, Rempart Mémoire ou encore Rempart Couteau) utilise un « tech » bien précis pour participer à la défense du village contre les dangers qui guettent les survivants.

En effet, dans le monde de Koli, des guerres ont mis fin à l'humanité telle que nous la connaissons et la crise climatique n'a, semble-t-il, rien arrangé du tout. Pire encore, suite à des manipulations génétiques inconsidérés pour pouvoir replanter rapidement et efficacement des plantes et des arbres, la flore est devenue dangereuse pour l'homme, carnassière et empoisonnée.

À Mythen-Croyd, les habitants éprouvent donc un respect mêlé de crainte pour les « Remparts » à la fois protecteur et décisionnaire de la communauté. Pourtant, à l'aube de son rite de passage vers l'âge adulte, Koli s'interroge sur la mainmise d'une seule famille, les Vennastin, sur les « techs » de l'ancien monde.

Vous l'aurez compris, le Livre de Koli se présente comme un énième roman de passage à l'âge adulte pour son personnage principal et narrateur, le jeune Koli. Avec une efficacité remarquable cependant. Mike Carey, en brillant scénariste, nous offre une histoire finement calibrée et rythmée (avec un découpage en 56 chapitres courts) qui nous fait littéralement rentrer dans la tête de Koli et comprendre sa façon d'appréhender le monde.

Un monde à la fois familier pour le lecteur (qui va décrypter dans le vocabulaire abâtardi de Koli les nombreux termes qu'il connaît déjà) et exotique (pour les nouveaux dangers que recèlent la forêt et les environs de Mythen-Croyd, sans parler des croyances des habitants).

La première partie du Livre de Koli consiste donc en une installation d'univers à la fois convaincante et immersive (grâce au langage approximatif employé par le narrateur et brillamment retranscrit par Patrick Couton) tout en permettant l'empathie avec les personnages présentés, à commencer par Koli lui-même et ses amis proches, Haijon et Toupie.

Mais davantage qu'une description d'un univers post-apocalyptique de plus, le roman va très vite se lancer sur des trajectoires plus intéressantes…



La nécessité du pouvoir

Le Livre de Koli va vite s'intéresser à la position de pouvoir de la famille Vennastin au sein de Mythen-Croyd et l'arrivée d'Ursula, une « itinérante » qui en sait beaucoup plus long sur le monde d'avant et d'après, va remettre en question toutes les croyances de Koli sur son monde de vie.

Mike Carey montre ici l'importance du contact avec le monde extérieur et le point de vue de l'autre, celui qui se situe en dehors de la communauté, pour pouvoir poser un regard neuf sur sa propre société, sur ses propres croyances.

À partir de cet éveil critique, Koli devient le moteur du changement, un changement que l'on savait déjà en germe chez lui et qui repose tout entier sur deux traits de caractère : la curiosité…et l'ambition. C'est grâce à ces motivations (parfois purement égoïstes) que Koli va découvrir les mensonges qui l'entourent et détricoter un système de croyances qui ne sert qu'à une seule chose : garder le contrôle sur la communauté.

Mais là où les choses deviennent intéressantes, c'est que Mike Carey ne juge pas forcément de façon péjorative les responsables mais tente d'expliquer leurs motivations par le contexte et par les impératifs de la survie.

Quand peut-on estimer que l'emprise sur une population, par le mensonge ou par la supercherie, est-elle légitime pour la protéger d'elle-même ou du monde extérieur ?

La suite de l'histoire de Koli n'apportera pas forcément de réponse pleine et entière mais plutôt de nouveaux points de comparaisons sur ce qui reste comme alternatives aux hommes dans un monde plein de dangers et bien loin des structures sociales d'antan.



Avoir la foi

Lâché dans la nature, Koli va (re)découvrir ce qui l'entoure et prendre conscience de pas mal de choses. Après la « dictature » des Vennastin, il va connaître le culte messianique de Senlas et des Bannis. Une autre façon de reformer des communautés et de jeter des bases sociales neuves (ou presque..), aussi extravagantes puissent-elles être, mais qui permettent de réaffirmer une fois encore que l'être humain est un animal de croyance qui a besoin de croire en un leader, en un avenir, en un après. de nouveau, Mike Carey ne porte pas de véritable jugement mais constate la nécessité pour l'homme de se regrouper et de vivre en société, quelque soit les fondements de celle-ci, qu'ils soient religieux ou autoritaires. Ce qui est vraiment intéressant, c'est le cheminement de Koli face à ces différentes confrontations et à son évolution face au monde et aux possibilités que lui offrent sa nouvelle liberté de penser.

Très en phase avec l'actualité, le Livre de Koli parle également en filigrane du caractère auto-destructeur de l'homme et de sa propension à jouer avec le feu jusqu'à ce qu'il se brûle, notamment sur le plan environnemental. Même si on ne sait pas encore tout à propos de la genèse du conflit qui a porté le coup de grâce à la civilisation moderne et encore moins sur ce qu'il s'est passé ailleurs (et sur l'Internet notamment), le roman joue sur la différence de perception entre Koli et d'autres personnages plus au fait des réalités comme Ursula ou la truculente Monono.

Même si le cheminement global de l'histoire ne sera pas une grande surprise pour les amateurs d'histoires post-apocalyptiques, Mike Carey se révèle assez malin et talentueux pour toucher le lecteur à travers le personnage tout en nuances de Koli et du monde qui l'entoure. Et c'est déjà beaucoup.



Excellente entrée en matière dans un monde où la fin semble justifier les moyens, le livre de Koli est à la fois un « coming of age » réussi, une histoire post-apocalyptique intelligente et un livre-univers convaincant. Mike Carey sait parfaitement rythmer sa narration et construire des personnages nuancés offrant au lecteur un voyage à la fois passionnant et en prise avec l'actualité.

Vivement la suite !
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Celle qui a tous les dons

Ce roman m'a tapé dans l'oeil lors d'une opération masse critique de Babelio. Sa couverture et son titre, me semblaient gais et évocateurs. Je dois vous avouer ( ceux qui veulent garder le secret total ne doivent pas aller plus loin dans la lecture de cet article! ), que la surprise a été entière. En effet, rien ne peut qualifier ce roman de gai ou de quelque adjectif agréable.



L'histoire est totalement différente de tout ce que j'avais pu imaginer, car le résumé de l'éditeur ne nous en dit pas beaucoup, et il a eu tout à fait raison, car le choc a été total pour moi...
Lien : https://livresque78.wordpres..
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Celle qui a tous les dons

J'ai beaucoup d'affection pour ce roman, parce que son auteur a su utiliser un outil sans prétention (une histoire de zombies !) pour illustrer de façon « captivante et puissante » (la 4ème de couv emploie ces termes très justement) le thème de la résilience des espèces.

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L'humanité est ainsi réduite à néant –ou presque- par Ophiocordyceps, un champignon. On peut aussi le voir comme la revanche du monde végétal sur une humanité qui adore le piétiner. C'est presque jouissif, même si en tant qu'humain je n'ai pu qu'être ecoeurée par le sort des victimes de cet être microscopique qui détruit le cerveau à coup de burin et fait de vous « un affam » à la mâchoire claquante dès qu'une source de nourriture animale est repérée. Alors vous piquez un sprint qui ferait pâlir Usain Bolt de jalousie, et une fois nourri, vous retournez à une immobilité totale jusqu'à la prochaine proie. Votre cerveau s'emplit très rapidement d'une mousse grisâtre qui ressort par chacun de vos orifices, le petit champignon a fait de vous un pantin pour prospérer encore et encore...

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Et puis il y a Mélanie qui aurait voulu s'appeler Pandore car son esprit vif et curieux est presque aussi avide que celui du champignon. Sa curiosité sur la nature de ce qu'elle est l'amènera-t-elle à la connaissance ? Et à quel prix ? Il y a Parks qui l'amène chaque jour en cours, ligotée, menottée, muselée et qui la traîte avec rudesse et mépris, elle et ses petits camarades de classe. Heureusement une de ses professeurs ; Melle Justineau, éclaire un quotidien répétitif et lourd de mystères inexpliqués.

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J'ai aimé accompagner tous ces personnages, je me suis attachée à eux, j'ai même fait traîner une lecture qui a détendu la période de stress d'une rentrée de septembre étouffante. Une lecture absolument distrayante, aboutie en tout point (personnages thème narration et conclusion), avec une plume bien plus fine et sensible que dans le préjugé que j'avais d'une « histoire avec des zombies ».

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Celle qui a tous les dons

Ce que j’ai ressenti:…Don de Surprise!



"Le danger, tout le danger, réside dans le fait de l’ignorer."



Quand l’effet de surprise tient toutes ses promesses. Je ne l’avais vu nulle part ce livre avant, n’en avait rien lu sur la blogosphère, et rien pour influencer ce choix de lecture, sauf peut être, cet attrait de la nouveauté! C’est juste extraordinaire de mettre la main et se faire les dents pour donner envie aux lecteurs, avides d’émotions intenses, et de les lancer vers cette histoire très originale….Avec un titre pareil, et un synopsis flou, j’ai avancé un peu, à tâtons dans cette intrigue, plus que curieuse, pour finir carrément ravie d’avoir été bluffée sur mes suppositions de départ…Je vais essayer de garder moi aussi, comme notre adorable personnage Mélanie, une certaine muselière pour ne pas trop laisser échapper de sa boîte, les petits secrets de cette lecture… Tout ce que je vous dirais, c’est que j’ai dévoré ce livre, avec une sorte de frénésie, et le plaisir d’être repue d’un thriller post-apocalyptique bien appétissant d’adrénaline! Addict et Affam, j’ai juste adoré!



"Si c’est là que réside le dernier espoir de l’humanité, mieux vaut sans doute le désespoir."



Mike Carey maîtrise son petit effet à la perfection: la minute d’avant nous sommes dans un thriller fantastique, celle d’après dans une ambiance d’horreur. Tout du long , il s’amuse à bousculer nos attentes… Même avec les personnages, il varie ses effets: N’est pas tout blanc qui veut, alors quand ce quatuor improbable se retrouve en situation de crise, les monstres ne sont pas toujours ce que l’on croit… Et puis, cette atmosphère de fin du monde en veine d’idées scientifiques est truffée de petites bombes à retardements en myciculture pour nos esprits, autant que pour ces derniers survivants…. J’ai beaucoup aimé ce cocktail énergique! On est vraiment dans la force d’un page-turner efficace, le but étant de captiver son lecteur par une ribambelle d’actions dynamiques et de dialogues pêchus, mais l’auteur y emmène aussi, par le biais de ces moments de tension extrême, à de jolies réflexions sur notre rapport en société et envers la planète…



« Personne ne sait. Pas plus qu’elle, personne ne sait où il va vraiment. »



En bref, je me suis régalée, mais voulant absolument vous maintenir le plaisir de cette découverte, je n’en dévoile pas plus, mais je suis d’hors et déjà impatiente de lire la suite de cet univers très particulier! Je ne serai jamais Celle qui a tous les dons, mais j’espère avoir eu, un peu le don, de vous orienter vers cette lecture captivante!



Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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L'Evangile des Assassins

J'ai terminé la lecture de ce livre il y a trois jours et voilà seulement que je me penche sur la rédaction de sa critique. Jusque là je ne savais pas trop quoi en dire excepté que j'étais un peu déçu par cette lecture.



En effet, quand je me plonge dans un roman ésotérique, j'aime être plongé dans une histoire à travers laquelle j'apprends des choses sur les Templiers, la/les religions, .... mas ici point de tout ça. n e retrouve face à un roman policier avec une légère touche d'ésotérisme qui n'apparaît furtivement qu'au bout des 300 premières pages.



Donc au final, un roman plaisant mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable !



PS : Vous remarquerez aisément que je ne sais toujours quoi en dire excepté ma déception ;-)
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La Cité de soie et d'acier

J'ai adoré ce roman ! Il m'avait attiré par sa couverture et sa maison d'édition, l'Atalante, dont j'aime déjà beaucoup les romans. Je n'avais pas lu le résumé et j'ai donc découvert une fantasy orientale originale. C'est l'histoire de la légendaire cité des femmes, dont le point de départ se situe à Bessa, alors que les concubines d'un sultan assassiné, se voit contrainte de partir, exilées vers une autre cité. Mais c'est sans compter l'histoire et les ressources de chacune...à travers plusieurs récits, nous allons découvrir peu à peu comment la cité a pu voir le jour. Connaitre l'histoire de quelques personnages permet de vraiment comprendre les détails de cette incroyable aventure et de s'attacher fortement aux personnages. Des héroïnes fortes mais qui montrent aussi leurs faiblesses. J'ai apprécié que l'on ne force pas non plus sur le féminisme, que les hommes puissent aussi avoir une part belle dans le récit. C'est écrit sur un ton juste, c'est beau, révoltant et mémorable. A découvrir !

Merci aux éditions Atalante et à Babelio :)

Challenge Mauvais genres 2023

Challenge auteure sfff 2023

Challenge pavés 2023
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Une autre moi-même

Voilà un livre fantastique dans les deux sens du terme. Par le genre littéraire qu’il développe comme par la qualité de son contenu. Ceux qui pensent ne pas aimer ce style de livres devraient réviser leur jugement et tenter l’expérience, Une autre moi-même de M.R. Carey étant vraiment à mettre entre les deux hémisphères de tous les esprits curieux.



Deux, c’est le chiffre qui résume bien cette histoire, une dualité que l’on retrouve à travers chaque chapitre, en alternance de voix. Qui se décline parfois en gémellité, en un double, en une duplicité ou une dichotomie.



Liz est une femme battue, depuis des années. Le parfait amour s’est rapidement transformé en une lutte. Pour éviter les coups et les rabaissements, accepter les pseudos excuses qui ne sont que des leurres. Jusqu’à ce que sa vie soit réellement en jeu, la fois où cette violence s’amplifie jusqu’au point de non retour.



La femme, qui encaisse habituellement, se retrouve à se défendre brutalement, comme si une autre personne avait pris les rênes pour riposter à sa place.



C’est l’un des pans importants de ce récit, qui prouve que le genre fantastique peut aussi véhiculer des messages, parler de l’intime et de sujets de société autant que faire preuve d’imagination.



Un pied dans la réalité, l’autre dans l’imaginaire, voilà une recette qui fonctionne bien quand l’auteur sait y faire. C’est le cas de M.R. Carey, qui n’est pas le premier venu (cf sa récente série débutée par Le Livre de Koli).



L’autre, tout un concept qui sera développé à travers le romanesque. Comme l’histoire de cet autre personnage principal, la jeune Fran, qui se lie d’amitié avec le fils de Liz (ou Beth, vous comprendrez en lisant).



Une adolescente noire traitée comme la bizarre du lycée, harcelée et moquée. Qui a vécu une horreur terrible, une terreur sans nom à l’âge de 6 ans. Et qui vit en partie dans son monde, avec son « amie » fantasmée, une renarde digne d’un dessin animé, qu’elle est la seule à voir.



Deux existences, deux destins qui vont se retrouver liés, pour le meilleur et pour le pire. Le reste n’est que littérature.



M.R. Carey a soigné son intrigue, et surtout ses personnages. 550 pages denses mais prenantes, dynamiques et jouant parfaitement la partition de l’Imaginaire réaliste, pour peu à peu dériver vers le fictionnel. Avec une idée maîtresse bien pensée, qui propose une explication intéressante aux phénomènes surnaturels. Et apporte cet aspect ludique, malgré des sujets et destins forts.



Avec des protagonistes parfois ambivalents, à la recherche d’eux-mêmes, en quête/ enquête. Des histoires personnelles de couple, de familles, d’adolescents, qui vrillent. Le lecteur regardera derrière les apparences où s’ouvrira un monde fantasmagorique aussi frissonnant que jubilatoire.



Une autre moi-même est une réussite, mariant avec bonheur l’Imaginaire et le thriller, le fantastique et les sujets de société. Un joli pavé qui se dévore avec appétit, tant l’idée de base et le développement des protagonistes sont bien pensés par un M.R. Carey qui est décidément un excellent raconteur d’histoires.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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