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Citations de Mikhaïl Boulgakov (524)


On ne sait pourquoi, Maximilien Andréievitch n’aimait pas Kiev, et ces derniers temps, la pensée d’habiter Moscou le rongeait à tel point qu’il n’en dormait plus, ou très mal.
Il n’éprouvait aucune joie à voir les crues de printemps du Dniepr, quand l’eau, noyant les îles de la rive basse, s’étendait jusqu’à se confondre avec l’horizon. Il n’éprouvait aucune joie devant la saisissante beauté du paysage que l’on découvre lorsqu’on est au pied du monument au prince Vladimir. Les taches de soleil qui, au printemps, jouent sur les sentiers revêtus de poussière de brique qui escaladent la colline Vladimir ne le réjouissaient pas. Il ne voulait rien voir de tout cela. Il ne voulait qu’une chose : aller vivre à Moscou.
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- Je me suis trompé ! cria encore Lévi d’une voix presque complétement éteinte. Tu es le Dieu du mal ! Ou bien tes yeux ont été aveuglés par la fumée des encensoirs du Temple, ou bien tes oreilles ont cessé d’entendre quoi que ce soit, sauf les trompettes de tes prêtres ! Tu n’es pas le Dieu tout-puissant ! Tu es un dieu vil et vulgaire ! Je te maudis, dieu des brigands, leur protecteur et leur âme !
A ce moment, un souffle passa sur le visage de l’ancien percepteur, et quelque chose bruissa sous ses pieds. Puis un souffle, de nouveau, effleura sa figure. Lévi ouvrit alors les yeux : était-ce sous l’influence de ses malédictions, ou pour quelque autre cause inconnue, mais tout, alentour, avait soudainement changé. Le soleil avait disparu, mais sans avoir atteint la mer dans laquelle il s’enfonçait chaque soir. Il avait été avalé par un nuage qui montait de l’occident, un nuage redoutable qui portait en lui l’inéluctable menace d’une tempête. Une frange blanche écumait à son pourtour, et les épaisses volutes noires qui formaient son ventre jetaient des reflets jaunes. Un grondement continu sortait du nuage, et de temps à autre, des traits de feu jaillissaient de ses flancs. Le long de la route de Jaffa, le long de la maigre vallée de la Géhenne, au-dessus des tentes des pèlerins, volaient des tourbillons de poussière, chassés par le vent soudain levé.
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Ivan apprit, par le récit de son hôte, comment les amoureux passaient la journée. Elle arrivait et, avant toute chose, mettait un tablier. Dans l’étroite entrée où se trouvait l’évier qui, on ne sait pourquoi, faisait l’orgueil du pauvre malade, elle allumait un réchaud à pétrole sur une table de bois et préparait le déjeuner, qu’elle servait ensuite sur la table ovale de la première pièce. Quand vinrent les orages de mai et que les eaux, roulant à grand bruit devant leurs fenêtres aveuglées, s’engouffraient sous le porche et menaçaient de noyer leur dernier refuge, les amants rallumaient le poêle et y cuisaient des pommes de terre. Et des jets de vapeur sortaient des pommes de terre brûlantes, dont la peau noircie leur tâchait les doigts. Du sous-sol de la petite maison montaient des rires, tandis que les arbres du jardin, se secouant après la pluie, laissaient tomber sur le sol des grappes de fleurs blanches.
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Bouboul avait-elle dit. Du diable si Bouboul s’appliquait à lui. Une petite boule, c’est quelqu’un de rond, de repu, de bête, qui bouffe des flocons d’avoine, le fils de parents aristocratiques, tandis que lui, hirsute, dégingandé, déchiré, n’était qu’un clocharde efflanqué, un chien sans domicile fixe. Cela dit, merci tout de même pour la gentillesse.
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L’administrateur se sentait plein d’excitation et d’énergie. Après cet insolent coup de téléphone, il était certain qu’une bande de voyous était en train de tramer de mauvaises plaisanteries, et que ces plaisanteries étaient liées à la disparition de Likhodiéiev. Le désir de démasquer les malfaiteurs étouffait presque l’administrateur et, en même temps – si étrange que cela paraisse -, il sentait naître en lui l’avant-goût de quelque chose d’agréable. Il en est souvent ainsi quand un homme tend à devenir le centre de l’attention générale, quand il va apporter quelque part une nouvelle sensationnelle.
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Mais non, non ! Ils mentent, ces mystiques séducteurs, il n’y a aucune mer des Caraïbes au monde, nuls flibustiers farouches n’y voguent, nulle corvette ne les poursuit, aucune fumée de canonnade ne s’étend sur les vagues de la mer. Il n’y a rien – il n’y a jamais rien eu ! Il y a des tilleuls souffreteux, il y a une grille de fer forgé, et derrière un boulevard… voilà ce qu’il y a. Il y a de la glace qui nage dans une coupe, et à la table voisine, des yeux bovins injectés de sang, et c’est horrible, horrible… O dieux, dieux, du poison, donnez-moi du poison ! …
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Ivan se jeta à droite, et le chantre se jeta à droite ; Ivan alla à gauche, et le gredin fit de même.
-C’est exprès que tu te fourres dans mes jambes ? cria sauvagement Ivan. C’est toi que je vais livrer à la milice !
Ivan voulut saisir le misérable par la manche, mais il manque son but et n’attrapa que le vide : le chantre avait disparu, comme avalé par la terre.
Avec un cri d’étonnement, Ivan regarda au loin, et aperçut l’exécrable étranger. Et celui-ci, qui avait déjà atteint la sortie donnant sur la rue du Patriarche, n’était pas seul. Le plus que douteux ancien chantre l’avait rejoint. Mais ce n’est pas tout. La compagnie s’était accrue d’un troisième personnage, surgi on ne sait d’où : un chat énorme, aussi gros qu’un pourceau, noir comme un corbeau ou comme la suie, avec de terribles moustaches de capitaine de cavalerie. Le trio se mit en route vers la rue du Patriarche, le chat sur ses pattes de derrière.
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Pilate dit qu’il avait étudié l’affaire de Yeshoua Ha-Nozri, et qu’en conclusion, il ratifiait la sentence de mort.
De la sorte, la peine de mort – et l’exécution devait avoir lieu aujourd’hui – se trouvait prononcée contre trois brigands : Dismas, Hestas et Bar-Rabbas, et en outre, contre ce Yeshoua Ha-Nozri. Les deux premiers, qui avaient imaginé d’inciter le peuple à la rébellion contre César et avaient été pris les armes à la main par le pouvoir romain, appartenaient au procurateur, en conséquence de quoi il ne serait pas question d’eux ici. Les deux autres, par contre, Bar-Rabbas et Ha-Nozri – avaient été arrêtés par le pouvoir local et jugés par le Sanhédrin. Selon la Loi et selon la coutume, l’un de ces deux criminels devait être remis en liberté, en l’honneur de la grande fête de Pâque qui commençait aujourd’hui. Aussi le procurateur désirait-il savoir lequel de ces deux malfaiteurs le Sanhédrin avait l’intention de relâcher : Bar-Rabbas, ou Ha-Nozri ?
[…] Or, c’est un fait : les crimes de Bar-Rabbas et de Ha-Nozri ne sont absolument pas comparables, quant à leur gravité. Si ce dernier – un homme manifestement fou – est coupable d’avoir prononcé des discours ineptes qui ont troublé le peuple à Jérusalem et en quelques autres lieux, les charges qui pèsent sur le premier sont autrement plus lourdes. Non seulement il s’est permis de lancer des appels directs à la sédition, mais qui plus est, il a tué un garde qui tentait de l’arrêter. Bar-Rabbas est incomparablement plus dangereux que Ha-Nozri.
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L'année 1918 touche à sa fin, et chaque jour qui vient se hérisse de menaces.
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La nature particulière de Boulgakov en tant qu’écrivain favorisait la médisance. Son extraordinaire don d’observation dépassait très souvent les limites de la prose réaliste. Sa fantaisie tournoyait comme un diable autour de son sujet et sa pensée prenait les formes les plus inattendues. Subitement tout en lui devenait hyperbole, tous les détails de la vie quotidienne se transformaient en fantasmagorie. Il était en cela comme Gogol, qu’il aimait.

[introduction Sergueï Ermolinski]
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C'est moi, confirma le chat, flatté et il ajouta : je suis heureux de vous entendre vous adresser si poliment à un chat. J'ignore pourquoi, habituellement, on tutoie les chats, bien qu'aucun chat n'ait jamais trinqué avec personne.
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L’amour surgit devant nous comme surgit de terre l’assassin au coin d’une ruelle obscure et nous frappa tous deux d’un coup !
Ainsi frappe la foudre, ainsi frappe le poignard !
Elle affirma d’ailleurs par la suite que les choses ne s’étaient pas passées ainsi puisque nous nous aimions, évidemment, depuis très longtemps, depuis toujours, sans nous connaître, sans nous être jamais vus.
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Á l'époque où les gens étaient toujours en train de sauter d'un emploi à un autre, le camarade Korotkov jouissait d'une position stable au GlavVtsentrbazspimat (Premier Dépôt central de matériel pour allumettes), où il était chef de bureau titulaire, et cela depuis onze mois entiers.
Bien au chaud dans son Spimat, le ten- dre, paisible et blond Korotkov était parvenu à évacuer complètement l'idée qu'il existait en ce monde ce que l'on appelle des revirements du destin, et l'avait remplacée par la conviction que lui, Korotkov, conserverait son emploi au Dépôt jusqu'à la fin de sa vie terestre. Hélas ! il devait en être tout autrement...
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"Elle dit n'importe quoi, cette idiote, grommelait-il. Elles sont excellentes, ces allumettes."
Au matin, la chambre était remplie d'une étouffante odeur de soufre. Korotkov s'endormit à l'aube et fit un rêve terrible, sans queue ni tête : il était dans un pré vert, en présence d'une énorme boule de billard vivante et munie de jambes. C'était tellement hideux qu'il poussa un cri et s'éveilla. Dans le noir et la brume où il était, il lui sembla pendant au moins cinq minutes que la boule était là, à côté de son lit, et qu'elle répandait une forte odeur de soufre. Mais ensuite tout cela disparut ; Korotkov se retourna sur l'autre côté, s'endormit, et cette fois ne se réveilla pas.
(p16)
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 Et aussitôt émergea du tiroir en bois de frêne une tête aux cheveux blond lin bien coiffée, avec des yeux bleus fureteurs. Ensuite vint un cou qui se déroula tel un serpent, puis un craquement de col amidonné, puis apparurent un veston, des bras, un pantalon et, l’instant d’après, un secrétaire au complet débarquait du tiroir sur le feutre rouge en piaulant : « Bonjour ». Il se secoua comme un chien sortant de l’eau, bondit sur ses pieds, renfonça ses manchettes, sortit de sa pochette une plume brevetée et se mit sans plus attendre à gratter. du papier. 
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Mon héros devint-il un homme instruit dans ce collège ? Je ne crois pas qu'aucun établissement d'enseignement puisse former un homme instruit. Mais il n'en reste pas moins qu'un enseignement bien conçu permet à quelqu'un de devenir un homme discipliné et d'acquérir des habitudes qui lui seront utiles dans le futur, quand il aura à s'instruire par lui-même.
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Je pourrais vous nommer des dizaines d'écrivains traduits dans des langues étrangères, alors qu'ils ne méritaient même pas d'être imprimés dans leur langue natale.
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Un beau jour, qui était jour férié, un milicien se présenta à l’appartement, et convoqua dans le vestibule le second locataire (celui dont le nom s’est perdu) pour lui dire qu’il était prié de faire un saut au commissariat du quartier afin d’y donner une signature. Le locataire chargea Anfissa, fidèle employée de maison au service d’Anna Frantsevna depuis longtemps, de répondre au téléphone, au cas où on l’appellerait, qu’il serait de retour « dans dis minutes »; et il partit en compagnie du très correct milicien en gants blancs. Mais il ne revint ni au bout de dix minutes, ni jamais. Le plus étonnant fut que le milicien disparut, selon toute apparence, en même temps que lui. 
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Sa coiffure chenue disparaissait sous un bonnet blanc rappelant une tiare de patriarche. La divinité était toute vêtue de blanc, et par-dessus le blanc, elle portait, comme une étole, un étroit tablier de caoutchouc. Les mains - en gants noirs.
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La tourmente sifflait comme une sorcière, hurlait, crachotait, s’esclaffait, tout avait disparu au diable et je ressentais un froid bien connu dans la région du plexus solaire à la pensée que nous perdrions notre chemin dans ces sataniques ténèbres tourbillonnantes et que nous y passerions tous, Pelagueïa Ivanovna, le cocher, les chevaux et moi.
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