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Citations de Mikhaïl Boulgakov (530)


Libéré de son service aux Variétés, le directeur financier trouva une place dans un guignol pour enfants de la banlieue de Moscou. Dans ce théâtre, il n’eut plus à se préoccuper de questions d’acoustique avec le très honorable Arcadi Apollonovitch Simpleïarov. Quant à celui-ci, il fut séance tenante muté à Briansk, en qualité de directeur d’une petite conserverie de champignons. Encore aujourd’hui, les Moscovites consomment ses lactaires salés ou ses cèpes marinés sur lesquels ils ne tarissent pas d’éloges, de sorte qu’ils se réjouissent extrêmement de cette mutation. Certes, c’est maintenant une affaire enterrée, mais il faut dire que les rapports d’Arcadi Apollonovitch avec l’acoustique clochaient un peu, et que, quelque effort qu’il ait fait pour l’améliorer dans nos théâtres, telle elle était, telle elle est restée.
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Depuis longtemps déjà les gens intelligents ont noté que le bonheur c'est comme la santé : quand il est là, on ne s'en aperçoit pas.
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Debout sur ses deux pattes, tout sali de poussière, le chat faisait une révérence à Marguerite. Il portait autour du cou une cravate de soirée blanche, nouée en papillon, et sur la poitrine, au bout d'un cordon, un face-à-main de dame en nacre. De plus, ses moustaches étaient dorées.
- Mais qu'est-ce que c'est que ça ? s'écria Woland. Pourquoi as-tu doré tes moustaches ? Et à quoi diable peut bien te servir une cravate, quand tu n'as pas de pantalon ?
- Les pantalons ne se font pas pour les chats, messire, répondit le chat avec une grande dignité. Allez-vous m'ordonner aussi de mettre des bottes ? Les chats bottés, cela ne se voit que dans les contes, messire.
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ö dieux, dieux ! comme la terre est triste le soir ! Que de mystères, dans les brouillards qui flottent sur les marais ! Celui qui a erré dans ces brouillards, celui qui a beaucoup souffert avant de mourir, celui qui a volé au-dessus de cette terre en portant un fardeau trop lourd, celui-là sait ! Celui-là sait, qui est fatigué. Et c'est sans regret, alors, qu'il quitte les brumes de cette terre, ses rivières, et ses étangs, qu'il s'abandonne d'un coeur léger entre les mains de la mort, sachant qu'elle - et elle seule - lui apportera la paix.
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Le ton sur lequel tu as parlé semblait signifier que tu refusais les ombres ainsi que le mal. Aie donc la bonté de réfléchir à cette question : à quoi servirait ton bien, si le mal n'existait pas, à quoi ressemblerait la terre, si on en effaçait les ombres ? Voici l'ombre de mon épée. Mais il y a aussi les ombres des arbres et des êtres vivants. Veux-tu donc dépouiller tout le globe terrestre, balayer de sa surface tous les arbres et tout ce qui vit, à cause de cette lubie que tu as de vouloir te délecter de pure lumière ? Tu es bête.
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Vous jugez d'après le costume ? Ne faites jamais cela, ô perle des gardiens ! Vous pourriez commettre une erreur, et des plus grosses. Relisez encore ne serait-ce que l'histoire du fameux calife Haroun-Al-Rachid.
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Jetant autour de lui des regards affolés, le directeur financier recula vers la fenêtre qui donnait sur le jardin et qu’inondait la clarté de la lune. Mais en se retournant il vit, collé contre la vitre, le visage d’une jeune fille nue et son bras nu qui, passé par le vasistas, essayait d’ouvrir l’espagnolette inférieure. Celle du haut était déjà ouverte.
Rimski eut l’impression que la lampe du bureau s’éteignait soudain et que le bureau lui-même se mettait à tanguer. Une vague glacée le submergea, mais – heureusement pour lui – il parvint à se dominer, et ne tomba pas. Il rassembla ce qui lui restait de forces pour crier, mais ce ne fut qu’un murmure :
– Au secours…
Devant la porte qu’il gardait, Varienoukha sautait d’un pied sur l’autre, et à chaque saut il demeurait un moment suspendu en l’air, animé d’un léger balancement. Les bras tendus vers Rimski, il agitait ses doigts crochus, sifflait et clappait, tout en lançant des clins d’œil à la jeune fille de la fenêtre.
Aussitôt celle-ci, pour aller plus vite, passa sa tête rousse par le vasistas et tendit le bras autant qu’elle le put ; ses ongles griffèrent la crémone inférieure, et elle essaya d’ébranler le châssis. À ce moment, son bras se mit à s’allonger, comme s’il était en caoutchouc, en prenant une teinte verdâtre, cadavérique. Enfin, les doigts verts de la morte se refermèrent sur la poignée de l’espagnolette ; celle-ci tourna, et la croisée s’ouvrit, Rimski poussa un faible cri et se colla contre le mur en tenant sa serviette devant lui comme un bouclier. Il se rendait compte que sa dernière heure était venue.
La croisée s’ouvrit largement, laissant entrer non la fraîcheur de la nuit et le parfum des tilleuls, mais une funèbre odeur de caveau. La morte franchit l’appui de la fenêtre, et Rimski vit distinctement, sur sa poitrine, les taches hideuses de la décomposition.
À ce moment précis – de la construction basse située au cœur du jardin, derrière le stand de tir, où logeaient les oiseaux qui participaient à certains programmes –, juste à ce moment monta le cri joyeux d’un coq. Un coq braillard et bien dressé qui annonçait ainsi aux habitants de Moscou, en claironnant, que là-bas, à l’Orient, naissait l’aurore.
Une fureur sauvage tordit les traits de la jeune fille qui jeta, d’une voix rauque, une bordée de jurons. Devant la porte, Varienoukha, qui flottait en l’air, poussa une plainte aiguë et tomba lourdement sur le plancher.
Au second cri du coq, la jeune fille claqua des dents, et ses cheveux roux se dressèrent sur sa tête. Au troisième cri, elle tourna le dos et s’envola par la fenêtre. À sa suite, Varienoukha, d’une détente de ses jambes, se lança en l’air, prit une position horizontale et, semblable à Cupidon volant, passa lentement au-dessus du bureau, franchit la croisée et s’enfonça dans la nuit. Un vieillard aux cheveux blancs comme la neige, sans un seul fil noir – un vieillard qui, l’instant d’avant, était encore Rimski –, se rua vers la porte, tourna la clef, ouvrit le battant et s’élança dans une course éperdue le long du couloir obscur. Parvenu au coin où s’amorçait la descente de l’escalier, il trouva à tâtons, en gémissant de terreur, le bouton électrique, et l’escalier s’éclaira. Mais le tremblant vieillard, secoué de frissons, manqua une marche et tomba : il avait cru voir, là-haut, Varienoukha plonger sur lui d’un vol lourd et indolent.
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Et en juillet, quand toute la famille est à la campagne mais que des affaires littéraires pressantes vous retiennent en ville – sous la tonnelle, à l’ombre de la treille, quand le soleil fait des taches d’or sur la nappe d’une propreté éblouissante, une petite assiette de potage printanière ? Vous souvenez-vous, Ambroise ? Mais à quoi bon vous le demander ! Je vois à vos lèvres que vous vous en souvenez. Foin de vos lavarets et de vos sandres ! Et les bécasses, bécassines et bécassons, les bécasses des bois à la saison, les cailles et les courlis ? L’eau de Narzan qui vous pétille dans la bouche ? Mais suffit, tu t’égares, lecteur ! Allons, suis-moi !…
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Sur l’estrade dressée derrière les tulipes, où jouait naguère l’orchestre du roi de la valse, on voyait maintenant gesticuler avec fureur un jazz de singes. Un énorme gorille aux favoris ébouriffés, une trompette à la main, dirigeait en sautant lourdement d’un pied sur l’autre. Sur un rang étaient assis des orangs-outans, qui soufflaient dans des trompettes étincelantes. De joyeux chimpanzés, placés à califourchon sur leurs épaules, jouaient de l’accordéon. Deux hamadryas à crinière léonine tapaient sur des pianos à queue, dont les notes étaient complètement étouffées par les saxophones, violons et tambours qui cognaient, piaulaient et mugissaient entre les pattes de gibbons, de mandrills et de guenons. Sur le sol transparent, d’innombrables couples, comme fondus ensemble, et avec une adresse et une netteté de mouvement étonnantes, tournaient tous dans le même sens et avançaient comme un mur, menaçant de tout balayer sur leur passage. De vifs papillons satinés venaient s’abattre sur la horde des danseurs, et un semis de fleurs tombait des plafonds. Aux chapiteaux des colonnes, quand s’éteignait l’électricité, s’allumaient des myriades de lucioles, et dans l’air couraient çà et là des feux follets
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Ce qu’il y avait de nouveau, ainsi que je le compris plus tard, c’était qu’il avait maintenant une raison nouvelle et très importante de vivre : il avait désormais une maison, et cette maison respirait et vivait de ses inquiétudes et de ses espoirs. C’était une maison où tous les jours, à toutes les heures, il sentait qu’il n’était pas un raté mais un écrivain qui faisait quelque chose de très important, qui n’avait pas le droit de douter de sa vocation ni de la place qui était la sienne sur cette terre et qui ne dépendait d’aucun pouvoir. Une place dans son pays, dans sa littérature, la place qui lui revenait de droit.
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Les bons esprits l'ont relevé de longue date, le bonheur est comme la santé : lorsqu'il est là, on ne le remarque pas. Mais que passent les années, il vous revient en mémoire, et de quelle façon !
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Alexandra Fedorova qui était rentrée de son travail avant l'heure était accroupie, toujours vêtue de son manteau et de son bonnet, devant une rangée de bouteilles bouchées avec du papier journal et remplies d'un liquide rouge sang.
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Dans les premiers jours de janvier 1643, année qui fut marquée par de nombreux événements, Jean-Baptiste parut devant son père et déclara que tous ces projets visant à l'enrôler dans la corporation des avocats étaient du délire pur et simple, que jamais de sa vie il ne serait notaire, qu'il n'avait pas l'intention de devenir un Docte, et surtout qu'il ne voulait pas entendre parler de commerce de tapisserie. Il irait là où l'attirait depuis son enfance sa vocation, c'est-à-dire qu'il serait acteur.
Ma plume se refuse de dépeindre ce qui se passa dans la maison.
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" Le professeur Persikov ne lisait pas de journaux, n'allait pas au théâtre. Sa femme s'était enfuie en 1913 avec un ténor de l'opéra Zimine en lui laissant le billet suivant:
- Tes grenouilles m'inspirent d'insurmontables frissons de répulsion. Elles m'ont rendue malheureuse pour le restant de mes jours. "
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[ Incipit ]

Pour qui ignore ce qu'est un voyage à travers les chemins de campagne les plus reculés, il est inutile d'en entendre le récit : de toute façon, il ne comprendrait pas. Quant à celui qui sait de quoi il s'agit, je ne tiens pas à le lui rappeler.
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Le torrent d'eau fut libéré d'un seul coup et l'orage se mua alors en ouragan. A l'endroit même où; vers le milieu du jour, près d'un banc de marbre du jardin, s'étaient entretenus le procurateur et le grand prêtre, le tonnerre éclata comme un coup de canon et un grand cyprès fut brisé net comme une brindille. Sous le péristyle, en même temps qu'une poussière d'eau mêlée de grosses gouttes, s'engouffrèrent des roses arrachées, des feuilles de magnolia, de menues branches et des tourbillons de sable. L'ouragan ravageait le jardin.
Un seul homme se trouvait à ce moment sous les colonnes et cet homme était le procurateur.
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Mais dites-moi : pour vous convaincre que Dostoïevski est un écrivain, faudrait-il que vous lui demandiez un certificat ? Prenez seulement cinq pages de n’importe lequel de ses romans et, sans aucune espèce de certificat, vous serez tout de suite convaincue que vous avez affaire à un écrivain. D’ailleurs, je suppose que lui-même n’a jamais possédé le moindre certificat !
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Il y a, si vous le permettez, quelque chose de malsain chez un homme qui fuit le vin, le jeu, la compagnie des femmes charmantes et les conversations d’après-dîner. De telles gens, ou bien sont gravement malades, ou bien haïssent en secret leur entourage
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-Qui enterre-ton ?
-Un certain Molière, lui répondit une autre femme.
Ce Molière fut porté au cimetière Saint-Joseph et enterré dans la partie réservée aux suicidés et aux enfants non baptisés.
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Mikhaïl Boulgakov
La lâcheté est le pire de tous les défauts !
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