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Citations de Mohamed Mbougar Sarr (1042)


Qu'EIimane ait poussé ces pauvres critiques français au suicide grâce à sa puissance magique serait horrible. Mais au milieu de cette horreur possible, je verrais du comique. Pas toi ? Un écrivain qui s'estime incompris, mal lu, humilié, commenté par un prisme autre que littéraire, réduit à une peau, une origine, une religion, une identité, et qui se met à tuer les mauvais critiques de son livre par vengeance : c’est une pure comédie.

Est-ce que les choses ont changé aujourd'hui ? Est-ce qu'on parle de littérature, de valeur esthétique, ou est-ce qu’on parle des gens, de leur bronzage, de leur voix, de leur âge, de leurs cheveux, de leur chien, des poils de leur chatte, de la décoration de leur maison, de la couleur de leur veste ? Est-ce qu on parle de l’écriture ou de l'identité, du style ou des écrans médiatiques qui dispensent d'en avoir un, de la création littéraire ou du sensationnalisme de la personnalité ?

W. est le premier romancier noir à recevoir tel prix ou à entrer académie : lisez son livre, forcénient fabuleux.

X. est la première écrivaine lesbienne à voir son livre publié en écriture inclusive : c'est le grand texte révolutionnaire de notre époque.

Y est bisexuel athée le jeudi et mahométan cisgenre le vendredi : son récit est magnifique et émouvant et si vrai !

Z. a tué sa mère en la violant, et lorsque son père vient la voir en prison, elle le branle sous la table du parloir : son livre est un coup de poing dans la gueule.

C'est à cause de tout ça, de toute cette médiocrité promue et primée, que nous méritons de mourir. Tous : journalistes, critiques, lecteurs, éditeurs, écrivains, société - tous.

Que ferait Elimane aujourd'hui ? Il tuerait tout le monde. Puis il se tuerait lui-même. Je te le redis : tout ça n'est qu'une comédie. Une sinistre comédie.
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Il faut le reconnaître: T.C. Elimane, dont nous avons tant aimé le livre, est un plagiaire. Nous maintenons, malgré tout, que nous tenons là un auteur de très grand talent, quoi qu'en pensent des imbéciles comme Vigier-d'Azenac. Toute l'histoire de la littérature n'est-elle pas l'histoire d'un grand plagiat ? Qu'eût été Montaigne sans Plutarque ? La Fontaine sans Ésope ? Molière sans Plaute ? Corneille sans Guillén de Castro ? C'est peut-être le mot « plagiat » qui constitue le vrai problème. Sans doute les choses se seraient-elles déroulées autrement si, à la place, on avait employé le vocable plus littéraire, plus savant, plus noble, en apparence au moins, d'innutrition.

Le Labyrinthe de l’inhumain affiche trop ses emprunts. C'est son pêché. Être un grand écrivain n’est peut-être rien de plus que l’art de savoir dissimuler ses plagiats et références [...].
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«Parler. Non, décidément non, ils bavaient les phrases comme des sauces trop grasses ; et elles coulaient, sans égard du reste, à quelque sens, seulement préoccupées de sortir et de conjurer ce qui, autrement, leur aurait tenu lieu de mort : le silence, l’effroyable silence qui aurait obligé chacun d’eux à se regarder tel qu’il était vraiment. »
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Un hasard n’est jamais qu’un destin qu’on ignore.
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[...] un hasard n'est jamais qu'un destin qu'on ignore.
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Mohamed Mbougar Sarr
L’incontinence littéraire est une des maladies les plus répandues de l’époque
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Entre ces deux questions, qui cachent une angoisse de la même nature : que vais-je faire ?et qu’ai-je fait ?, c’est cette dernière qui est la plus grave : elle ferme toute possibilité d’une correction, d’une nouvelle chance. Dans Qu’ai-je fait ? sonne aussi le glas du c’est fait pour l’éternité.
C’est parce qu’il lui donne la conscience tragique de l’indéfectible, de l’irréparable, que le passé est ce qui inquiète le plus l’homme. La peur de demain porte toujours, même infime, même quand on sait qu’il peut être déçu et le sera probablement, l’espoir des possibles, du faisable, de l’ouvert, du miracle. Celle du passé ne porte rien que le poids de sa propre inquiétude. Et même le remords ou les repentirs ne suffisent pas à modifier le caractère irrévocable du passé ; bien au contraire : ils le confirment même dans son éternité. On ne regrette pas seulement ce qui a été ; on regrette aussi et surtout ce qui sera à jamais.
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Si un gay était repéré, à tort ou à raison perçu comme tel, charge était à sa famille de se disculper : elle devait certifier qu'elle abominait ce mal, soit en coupant tout lien avec l'accusé, soit en faisant montre d'une violence encore plus grande à son encontre. C'était, pour cette famille que la honte avait recouverte d'un mauvais nuage, le seul moyen de sauver sa réputation. C'était l'unique façon, pour elle, d'éventer ce redoutable soupçon qui équivalait à une mort sociale : être un vivier de pédés, receler le gène transmissible du péril gay. L'innommable déshonneur dont le goor-jigéen était frappé menaçait toujours d'étendre son ombre sur tous ses proches. C'était souvent pour se protéger de l'anathème populaire qui les guettait que ceux-ci s'empressaient, lorsqu'ils ne pouvaient le cacher, de honnir publiquement l'individu qu'elle excommuniait. Gay : voilà bien le seule linge sale qu'une famille était heureuse et soulagée de laver en public, avec le secours de toutes les mains qui venaient frotter, frotter , frotter jusqu'au sang l'ignoble tâche faite sur l'honneur et sauvegarder ce qui leur importait le plus : l'image qu'elles renvoyaient dans le petit ballet d'ombres de nos insignifiantes existences. Personne ne supporte la honte.
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Je suis peut-être tombé amoureux de l’idée que je me faisais d’elle. Mais n’est-ce pas de ça, souvent, qu’on tombe amoureux chez les autres ? On les connaît ensuite. Et alors, soit l’idée qu’on se faisait d’eux ou d’elles est juste – et on les aime plus encore de lui correspondre -, soit cette idée est différente – et notre amour se nourrit d’être surpris, mis au défi de l’étrangeté.
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On ne se débarrasse jamais de son histoire quand celle-ci nous fait honte .
On ne l'abandonne jamais en pleine nuit comme un enfant non désiré .
On se bat avec elle ,
on se bat toujours ,
et la seule façon de gagner est de se battre encore ,
de faire avec elle ,
de la reconnaître ,
de chercher sans cesse à la désigner ,
à la nommer,
à la débusquer lorsqu'elle se masque pour nous ramener à elle .

P. 171 / 172
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Pour décrire l’amour de sa mère, qu’il n’a plus jamais retrouvé dans aucun autre, Romain Gary parlait d’une promesse de l’aube. 
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Il y a plusieurs manières de traverser l’enfer et l’une d’elles est d’apprendre un livre par cœur. C’est ce que j’ai fait. J’aurais pu le jeter ensuite car je le connaissais. Mais je l’ai gardé, comme un talisman.
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Est-ce qu’on parle de l’écriture ou de l’identité, du style ou des écrans médiatiques qui dispensent d’en avoir un, de la création littéraire ou du sensationnalisme de la personnalité ?
(page 307)
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Croiser un silencieux, un vrai silencieux, interroge toujours le sens – la nécessité – de sa propre parole, dont on se demande soudain si elle n’est pas un emmerdant babil, de la boue de langage.
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Ma mère avait connu l’oppression politique en Haïti. Elle me disait toujours qu’espérer qu’une dictature devienne moins violente parce qu’on ne lui résistait pas était une illusion suicidaire doublée d’une lâcheté.
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On ne se débarrasse jamais de son histoire quand celle-ci nous fait honte. On ne l’abandonne jamais en pleine nuit comme un enfant non désiré. On se bat avec elle, on se bat, toujours, et la seule façon de gagner est de se battre encore, de faire avec elle, de la reconnaître, de chercher sans cesse à la désigner, à la nommer, à la débusquer lorsqu’elle se masque pour nous ramener à elle.
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Il crève en nous l'illusion que nos blessures sont uniques. Elles ne le sont pas. Aucune blessure n'est unique. Tout devient affreusement commun dans le temps. Voilà l'impasse : mais c'est dans cette impasse que la littérature a une chance de naître.
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[...] il n'y a pas de mauvais livres, seulement des livres qu'on n'a pas aimés [...].
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Le hasard n’est qu’un destin qu’on ignore, un destin écrit à l’encre invisible. 
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La colonisation sème chez les colonisés la désolation, la mort, le chaos. Mais elle sème aussi en eux - et c’est ça sa réussite la plus diabolique - le désir de devenir ce qui les détruit. Voilà Elimane : toute la tristesse de l’aliénation.
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