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Citations de Mohamed Mbougar Sarr (1042)


La plus grande victoire de la Fraternité : arriver à faire croire aux gens que parler était inutile et qu’elle pouvait parler à leur place, mieux exprimer leur pensée, dans son propre langage. Et les dispensant de parler, elle les dispensait aussi de penser.
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Éprouver une terreur sacrée devant un fait, en être profondément bouleversé, puis s'adonner au plaisir peu après en oubliant le drame : il n'y a qu'un homme pour être ainsi, pour être tour à tour, ou à la fois, le frère du monstre, et la sœur de l'ange. Aucune vraie décence ne dure.
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Le Super Diamono jouait et la voix d'obsidienne en fusion d'Omar Pène cinglait vers le jour sur la calme mer nocturne.
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Ces tragiques espérances me font vivre autant qu’elles me tuent : j’affecte de croire que je rentrerai bientôt chez moi, que tout y sera inchangé et que je pourrai rattraper. Le retour qu’on rêve est un roman parfait – un mauvais roman donc. (p.69)
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Je lisais alors le dernier roman de Kundera. Un des personnages expliquait que pour séduire les femmes, souvent plus intelligentes qu'eux (???), les hommes gagneraient à être insignifiants plutôt qu'à s'épuiser, se ridiculiser en voulant être brillants à tout prix. J'appliquai la leçon et ne tentai jamais de l'épater. je veillai à ne pas l'ennuyer non plus. Entre les deux, le défilé serpente, obscure et dangereux, mais il existe.
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 Mais je n’oublie pas ce que l’Araignée-mère m’a dit : un hasard n’est jamais qu’un destin qu’on ignore.  
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Je veux dire que rien n'attriste un homme comme ses souvenirs, même quand ils sont heureux.
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L'exilé est obsédé par la séparation géographique, l'éloignement dans l'espace. C'est pourtant le temps qui fonde l'essentiel de sa solitude ; et il accuse les kilomètres alors que ce sont les jours qui le tuent. J'aurais pu supporter d'être à des milliards de bornes du visage parental si j'avais eu la certitude que le temps glisserait sur lui sans lui nuire. Mais c'est impossbile : il faut que les rides se creusent, que la vue baisse, que la mémoire flanche, que des maladies menacent.

(p.81)
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Puis le paysage mue : champs et pâturages cèdent la place aux plaines salines. La perspective enfle aux flancs, s'affranchit de l'exiguïté habituelle de son cadre et s'arrondit de toute la beauté disponible. Le tableau toise le regard, le mettant au défi de l'embrasser tout entier. Peine perdue. C'est pour déborder l'œil, qui l'aperçoit toujours trop tard, que la beauté va ici. De part et d'autre de la route, quelques points d'eau miroitent ; ils proposent au soleil un dernier reflet avant son départ. J'approche d'un bras du fleuve Sine Saloum. J'approche le village. Dans dix minutes, j'y serai. Cette idée s'incarne soudain dans une réalité concrète, mesurable, visible. Je freine de manière brusque. La poussière s'élève et, lorsqu'elle retombe, l'immobilité des choses m'effraie. Vertige de la déréliction : il me semble que je suis seul sur terre, et que l'œil du monde me regarde. Je ferme les yeux dans un geste d'enfant apeuré.
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On m’avertissait : peut-être ne réussiras-tu jamais en littérature ; peut-être finiras-tu aigri ! déçu ! marginalisé ! raté ! Oui, possible, disais-je. L’increvable « on » insistait : tu pourrais finir suicidé ! Oui, peut-être ; mais la vie, rajoutai-je, n’est rien d’autre que le trait d’union du mot peut-être. Je tente de marcher sur ce mince tiret.
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La vie, n'est rien d'autre que le trait d'union du mot peut-être
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Je pourrais convoquer ici le paradoxe de toute quête de connaissance: plus on découvre un fragment du monde, mieux nous apparaît l'immensité de l'inconnu et de notre ignorance.
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Or, c’est parler des choses qu’il faudrait, je veux dire de l’intérieur des choses, de cet intérieur inconnu, dangereux, qui ne pardonne aucune imprudence, aucune bêtise, comme un terrain miné…
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Mais pourquoi continuer d'écrire après des millénaires de livres comme Le Labyrinthe de l'inhumain, qui donnaient l'impression que plus rien n'était à ajouter ? Nous n'écrivons ni pour le romantisme de la vie d'écrivain - il est caricaturé -, ni pour l'argent - ce serait suicidaire -, ni pour la gloire - valeur démodée, à laquelle l'époque préfère la célébrité -, ni pour le futur - il n'avait rien demandé -, ni pour transformer le monde - ce n'est pas le monde qu'il faut transformer -, ni pour changer la vie - elle ne change jamais -, pas pour l'engagement - laissons ca aux écrivains héroïques -, non plus que nous ne célébrions l'art gratuit - qui est une illusion puisque l'art se paie toujours.

(pp.63-64)
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Toute l’histoire de la littérature n’est-elle pas l’histoire d’un grand plagiat ? Qu’eut été Montaigne sans Plutarque ? La Fontaine sans Esope ? Molière sans Plaute ? Corneille sans Guillén de Castro ? C’est peut-être le mot « plagiat » qui constitue le vrai problème. Sans doute les choses se seraient-elles déroulées autrement si à la place, on avait employé le vocable plus littéraire, plus savant, plus noble, en apparence au moins, d’innutrition.
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Il n’était cependant pas besoin d’entendre nettement pour savoir que la chanson, comme dans tous les authentiques tangos, parlait de la solitude des grands fonds humains, de l’impossibilité de retenir et encore moins ramener des êtres aimés, des moments d’innocence et de bonheur, des preuves effacées de la vraie beauté.
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J’entends quelquefois dire qu’il faut rester fidèle à l’enfant qu’on a été. C’est la plus vaine ou funeste ambition qu’on puisse avoir au monde. Voilà un conseil que je ne donnerai jamais. L’enfant qu’on a été jettera toujours un regard déçu ou cruel sur ce qu’il est devenu adulte, même si cet adulte a réalisé son rêve. Cela ne signifie pas que l’âge adulte soit par nature damné ou truqué. Simplement, rien ne correspond jamais à un idéal ou un rêve d’enfance vécu dans sa candide intensité. Devenir adulte est toujours une infidélité qu’on fait à nos tendres années. Mais là réside toute la beauté de l’enfance : elle existe pour être trahie, et cette trahison est la naissance de la nostalgie, le seul sentiment qui permette, un jour peut-être, à l’extrémité de la vie, de retrouver la pureté de jeunesse.
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Mais pourquoi continuer, tenter d'écrire après des millénaires de livres comme -Le Labyrinthe de l'inhumain-, qui donnaient l'impression que plus rien n'était à ajouter ? (...) Alors pour quelle raison ? On ne savait pas; et là était peut-être notre réponse: nous écrivions parce que nous ne savions rien, nous écrivions pour dire que nous ne savions plus ce qu'il fallait faire au monde, sinon écrire, sans espoir mais sans résignation facile, avec obstination et épuisement et joie, dans le seul but de finir le mieux possible, c'est-à-dire les yeux ouverts (...) (p. 56)
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J'ai dit oui de façon un peu distraite : toute mon attention était retenue, comme chaque fois que je venais chez Béatrice, par un grand crucifix qui dominait le séjour. J'ai regardé Jésus, et la même pensée qui me revenait toujours quand je le voyais ainsi, en croix et en pleine absorption du mal des hommes, me traversa encore : Il se demande ce qu'il fiche là. J'ai plusieurs fois rêvé que je l'interrogeais : deux millénaires ont passé depuis que vous avez souffert et péri sur cette croix, Seigneur, ça vous honore, mais vous avez vu le résultat ; maintenant je vous pose la question : si c'était à refaire ?
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Les grandes œuvres appauvrissent et doivent toujours appauvrir. Elles ôtent de nous le superflu. De leur lecture, on sort toujours dénué : enrichi, mais enrichi par soustraction.
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