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Citations de Mohamed Mbougar Sarr (1042)


Quelques mois plus tard la guerre éclata et la France s’y engagea en première ligne. Elle y entraîna évidemment ses petits chiens domestiques. Notre pays (le Sénégal), le plus docile de la portée, en faisait partie.
(page 163)
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- Puisque tu le dis ! Tu ne vois pas qu’on se ressemble comme deux demi-lunes d’une fesse ?
- Possible.
- À la bonne heure !
- Ne t’enflamme pas si vite. Toutes les moitiés de fesse ne se ressemblent pas. La raie du cul n’est pas un miroir.
(pages 160-161)
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Rien de beau ne s’écrit sans mélancolie. On peut la jouer, la travestir, la prolonger en tragédie absolue ou la transmuer en infinie comédie. Tout est permis dans les variations et combinaisons qu’offre la création littéraire. On soulève une trace de tristesse, et la littérature fait remonter un grand rire du trou. Vous entrez dans un livre comme dans un lac de douleur noir et glacé. Mais au fond de celui-ci, vous surprenez l’air joyeux d’une fête : tangos de cachalots, zouks d’hippocampes, twerks de tortues, moonwalks de céphalopodes géants. 
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Des hommes meurent sans avoir trouvé leur question. D'autres l'identifie tard dans le cours de leur vie. Moi, j'ai eu la chance et la malédiction de trouver assez jeune la forme de ma question. Délivré pour le reste de mes jours de l'angoisse de la chercher, je me suis en même temps chargé d'une autre angoisse: être hanté à jamais par le silence ouvert devant mon interrogation
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Mais peut on croire aux disparitions sans héritage ? Aux évanouissements absolus ? Je n’y croyais pas. Je n’y crois toujours pas. Il y a une présence qui demeure après tout départ. Peut-être même la vraie présence des êtres et des choses commence-t-elle seulement après leur disparition.
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- Tu penses ?
- Penser ? Quelle horreur ! Non, je ne pense pas : je sens.
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Rien de beau ne s’écrit sans mélancolie.
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Ici ce n’était pas la mort, mais la vie qui menaçait de vous cueillir à un coin de rue et de se déverser en vous, jusqu’à vous couper le souffle. J’avais devant moi la preuve que le spectacle de la rue la plus ordinaire de cette ville rendait tout roman vain.
(page 348)
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Désormais que tout est accompli et à accomplir, je peux enfin rentrer chez moi.
(page 267)
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Le Labyrinthe de l'inhumain appartenait à l'autre histoire de la littérature (qui est peut-être la vraie histoire de la littérature) : celle des livres perdus dans un couloir du temps, pas même maudits, mais simplement oubliés, et dont les cadavres, les ossements, les solitudes jonchent le sol de prisons sans geôliers, balisent d'infinies et silencieuses pistes gelées.
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Nous sommes très nombreux dans ce pays à être de formidables comédiens sur la scène religieuse, histrions déguisés, masqués, grimés, dissimulés, virtuoses de l’apparence, jouant si bien que nous arrivons non seulement à duper les autres, mais à nous convaincre nous-mêmes de l’illusion que nous créons. Oui, les bons musulmans au regard fervent, au cœur écrasé de pureté, au front ceint des lauriers de l’élection divine, c’est nous, les soldats du Bien, le peuple-œuf plein de lui-même et fier de son être-œuf, l’aéropage de justes baignant dans l’immaculée bonté ; nous sommes là, toujours là, hurlant nos paroles charitables, nos recommandations enflammées, notre prosélytisme passionné, régurgitant à la demande tous les versets coraniques que nous avons mémorisés sans les comprendre, prompts à guetter et critiquer chez l’autre tout signe d’impiété, détournant chastement le regard des femmes que nous ne rêvons que de baiser (certains d’entre nous y parviennent) ; c’est bien nous, irréprochables saints au grand jour, bouffeur de seins, gamahucheurs émérites, renifleurs de culs, fétichistes des gros orteils, buveurs de jus de sexe la nuit tombée. Comédiens. Prestidigitateurs. Bonimenteurs. Illusionnistes. Nous ne sommes peut-être pas les plus nombreux dans ce pays, mais nous possédons assez de talent pour jouer une pièce grandiose. Alors jouons !
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Ce livre s’adressait à moi. Comme s’adresse toujours à nous tout livre essentiel.
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Il est ennuyeux et illusoire de prétendre calculer l’attente, qui d’ailleurs ne se mesure pas en heures jours mois années, mais en unité de mesure de la décomposition de l’âme : chutes existentielles, apocalypses spirituelles, extinctions mentales et morales, les unes après les autres, tandis qu’on attend, ou parce qu’on attend…
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[…] « un conseil : n’essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre. Ou, si tu le fais, voici la seule réponse possible : rien. Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est. Ne retombe plus jamais dans le piège de vouloir dire de quoi parle un livre dont tu sens qu’il est grand. Ce piège est celui que l’opinion te tend. Les gens veulent qu’un livre parle nécessairement de quelque chose. La vérité, Diégane, c’est que seul un livre médiocre ou mauvais ou banal parle de quelque chose. Un grand livre n’a pas de sujet et ne parle de rien, il cherche seulement à dire ou découvrir quelque chose, mais ce seulement est déjà tout, et ce quelque chose aussi est déjà tout. 
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Il y avait ces deux-là, donc, mais il y avait surtout Béatrice Nanga. Musimbwa et moi pensions qu’elle avait, d’entre nous tous, l’univers littéraire le plus singulier. Je m’empresse de préciser qu’aucun de nous n’avait couché avec elle, du moins à ma connaissance, bien qu’il soit apparu lors de nos discussions que nous n’attendions que de le pouvoir…
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Voilà le début de la tragédie de Mossane (et une part de la mienne) : Assane et Elimane, l’homme qu’elle a choisi et le fils qu’ils eurent sont partis tous deux. Différents, ils ont néanmoins eu le même destin, partir et ne pas revenir, ainsi que le même rêve : devenir des savants dans la culture qui a dominé et brutalisé la leur.
(page 181)
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C’était une beauté emmêlée de douleur ; un corps impudique, éprouvé, réprouvé ; un corps sans rudesse, mais que la rudesse du monde n’effrayait pas. Il suffisait de le voir vraiment pour le connaître.
(page 33)
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Je me le demande parce que les derniers moments des hommes me fascinent. Là seulement un bilan est possible, un regret valable, une confession sincère, un regard sur soi véridique. C’est au moment où elle s’échappe que notre vie nous appartient. (p.170)
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Fidèle à sa réputation de grand sphinx, le chef de l'État laissa son Premier ministre décréter trois jours de deuil national et demeura silencieux. Attitude tout à fait cohérente avec une définition qu'il avait donnée de la politique quelques années auparavant, alors qu'il briguait le pouvoir, dans un entretien mineur et aujourd'hui oublié : l'art d'attendre, de faire attendre, puis d'apparaître soudainement, comme un messie ou un prophète ou un tonnerre, pour s'adresser en toute majesté aux gens, à un moment où leur souffrance les avait tellement abîmés que leur dire : « De quel mal vous plaignez-vous ? » résonnerait à leurs oreilles comme ceci : « Je suis l’unique remède possible à tout mal imaginable. » Qu'est-ce que cela voulait dire ? Que timing is everything. Mais encore ? Que la politique n'était à ses yeux que le capitalisme bien réglé des désespoirs bien compris.
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Les âmes qui prétendent le fuir courent en réalité derrière le passé et finissent, un jour ou l’autre, par le rattraper dans leur futur. Le passé a du temps ; il attend toujours avec patience au carrefour de l’avenir ; et c’est là qu’il ouvre à l’homme qui pensait s’en être évadé sa vraie prison à cinq cellules : l’immortalité des disparus, la permanence de l’oublié, le destin d’être coupable, la compagnie de la solitude, la malédiction salutaire de l’amour.
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