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Citations de Mohamed Mbougar Sarr (1042)


Quelle est donc cette patrie ? Tu la connais : c’est évidemment la patrie des livres, ls livres lus et aimés, les livres lus et honnis, les livres qu’on rêve d’écrire, les livres insignifiants qu’on a oubliés et dont on ne sait même plus si on les ouverts un jour, les livres qu’on prétend avoir lus, les livres qu’on ne lira jamais mais dont on ne se séparerait pour rien au monde, les livres qui attendent leur heure dans une nuit patiente, avant le crépuscule éblouissant des lectures de l’aube.
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Je pourrais invoquer ici le paradoxe de toute quête de connaissance: plus on découvre un fragment du monde, mieux nous apparaît l'immensité de l'inconnu et de notre ignorance; mais cette équation ne traduirait encore qu'incomplètement mon sentiment devant cet homme. Son cas exige une formule plus radicale, c'est-à-dire plus pessimiste quant à la possibilité même de connaître une âme humaine.


(P.15)
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Je voyais dans ma tristesse celle qui étreint certains créateurs au moment où ils terminent une œuvre qui a nécessité qu’ils aillent au bout de leurs forces.
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Au fond, qui était Elimane ? Le produit le plus aboutit et le plus tragique de la colonisation. Il était la réussite la plus éclatante de cette entreprise, devant les routes goudronnées, l’hôpital, les catéchèses. Devant nos ancêtres les gaulois !
Quel crime de lèse-Jules Ferry ! Mais Elimane symbolisait aussi ce que cette même colonisation avait détruit avec son horreur naturelle chez les peuples qui l’avait subie. Elimane voulait devenir blanc, et on lui a rappelé que non seulement il ne l’était pas, mais encore qu’il ne le deviendrait jamais malgré tout son talent. Il a donné tous les gages culturels de la blanchité ; on ne l’en a que mieux renvoyé à sa négreur.
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Je parie que tu es écrivain. Ou apprenti écrivain. Ne t'étonne pas: j'ai appris à reconnaître les gens de ton espèce au premier coup d'oeil. Ils regardent les choses comme sil y avait derrière chacune d'elles un profond secret. Ils voient un sexe de femme et le contemplent comme s'il renfermait la clef de leur mystère. Ils esthétisent. Mais une chatte n'est qu'une chatte. ll n'y a pas à baver votre lyrisme ou votre mystique en y noyant vos yeux. On ne peut pas vivre l'instant et l'écrire en même temps.
- Bien sûr que si. On peut. C'est ça, vivre en écrivain. Faire de tout moment de la vie un moment d'écriture. Tout voir avec les yeux d'un écrivain et...
- Voilà ton erreur. Voilà l'erreur de tous les types comme toi. Vous croyez que la littérature corrige la vie. Ou la complète. Ou la remplace. C'est faux. Les écrivains, et j'en ai connu beaucoup, ont toujours été parmi les plus médiocres amants qu'il m'ait été donné de rencontrer. Tu sais pourquoi? Quand ils font l'amour, ils pensent déja à la scène que cette expérience deviendra. Chacune de leurs caresses est gachée par ce que leur imagination en fait ou en fera, chacun de leurs coups de reins, affaibli par une phrase. Lorsque je leur parle pendant l'amour, jentends presque leurs « murmura-t-elle». Ils vivent dans des chapitres. Un tiret de dialogue précède leurs paroles.
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Nous sommes très nombreux à être de formidables comédiens sur la scène religieuse, histrions déguisés, masqués, grimés, dissimulés, virtuoses de l’apparence jouant si bien que nous arrivons non seulement à duper les autres, mais à nous convaincre nous-mêmes de l’illusion que nous créons. ..
Comédiens. Prestidigitateurs. Bonimenteurs. Illusionnistes. …alors, jouons.
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Qu’est-ce donc cette patrie ? Tu la connais : c’est évidemment la patrie des livres : les livres lus et aimées, les livres et lus et honnis, les livres qu’on rêve d’écrire, les livres insignifiants qu’on a oubliés et dont on ne sait même plus qu’on les a ouverts un jour, les livres qu’on prétend avoir lus, les livres qu’on ne lira jamais mais dont on ne séparerait pour rien au monde, les livres qui attendent leur heure dans une nuit patiente, avant le crépuscule éblouissant des lectures de l’aube. Oui, disais-je, oui : je serai citoyenne de cette patrie-là, je ferai allégeance à ce royaume, le royaume de la bibliothèque.
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18 août

Que peut-on vraiment savoir d'une oeuvre ?

A lire certains commentaires autour du Labyrinthe de l'inhumain, le doute ne subsiste plus: c'est la couleur de l'écrivain qui gêne. C'est sa race qui fait scandale. M. Elimane est apparu trop tôt dans une époque qui n'est pas encore prête à voir les Noirs exceller dans tous les domaines, y compris celui de l'Art. (p. 102)
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J’avais souri devant la lecture politique de ma mère : concise, critique, catastrophée. Je lui avais dit qu’elle était conservatrice par inquiétude. Mon père, lui, était révolutionnaire par remords. Il espérait assister à la grande rupture politique que sa génération, pourtant très politisée, n’avait pas accomplie jeune.
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Le crépuscule tombait et le fleuve se paraît peu à peu de cuivre vieilli ,comme si le soleil se dissolvait dans l'eau .
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C'est ca notre vie : essayer de faire de la littérature , oui, mais aussi en parler, car en parler est aussi la maintenir en vie et tant qu'elle sera en vie, la nôtre, même inutile, même tragiquement comique et insignifiante, ne sera pas tout à fait perdue... Ces mots ne suffisaient pas toujours à me consoler, mais je les gardais près de moi.

(pp.77-78)
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Nos dirigeants nous parlent de derrière un écran, une vitre qu’aucun son ne traverse. Personne ne les entend. Ça ne changerait rien si on les entendait. On n’en a plus besoin pour savoir qu’ils ne disent pas la vérité. Le monde derrière la vitre est un aquarium.
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Ce qu'on cherche, mon vieux Journal, n'est peut-être jamais la vérité comme révélation mais la vérité comme possibilité, lueur au fond de la mine où nous creusons toujours sans lampe frontale. Ce que je poursuis, c'est l'intensité d'un rêve, le feu d'une illusion, la passion du possible. Qu'y a-t-il au bout de la mine ? Encore de la mine : gigantesque muraille de houille, et notre hache, et nos cognées, et notre han. Voilà l'or.

(p. 116)
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Notre préoccupation profonde concerne le passé ; et tout en allant vers l'avenir, vers ce qu'on devient, c'est du passé, du mystère de ce qu'on fut, qu'on se soucie. Cela n'a rien à voir avec une nostalgie funèbre. C'est simplement qu'entre ces deux questions qui cachent une angoisse de la même nature : Que vais-je faire ? et Qu'ai-je fait ?, c'est cette dernière qui est la plus grave : elle ferme toute possibilité d'une correction, d'une nouvelle chance.
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- Où est le problème ?
- Il aimait les hommes. Voilà le problème.
- Il aimait aussi les femmes. Mais ça ne change rien. Verlaine était un goor-jigéen*. Il pouvait être mille autres choses aussi. Il pouvait aimer les animaux. Mais l'essentiel c'est que Paul Verlaine était un grand poète. Qu'est-ce que ça change à sa poésie qu'il ait été goor-jigéen ?
- Ca change quelque chose, monsieur, répondit Al Hassane. Il a couché avec des hommes, ça change même tout. Ca change tout car...
Al Hassane hésita quelques secondes à continuer, conscient que ses prochaines paroles l'engageraient personnellement, même s'il s'exprimait, je le voyais bien au nom du groupe.
- Car ?
- Car vous nous enseignez la poésie d'un homosexuel... Ca peut avoir une influence sur nous. C'est pourquoi le ministère a interdit d'étudier Paul Verlaine. Il fait partie de la grande propagande européenne pour introduire l'homosexualité chez nous.

* homosexuel en wolof
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C'est cette nuit-là que, secrètement, j'entamai l'écriture d'-Autonomie du vide-. Un roman d'amour, une déclaration d'adieu, une lettre de rupture, un exercice de solitude: c'était tout cela à la fois. (p.91)
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En exergue un extrait des "Détectives sauvages" -Roberto Bolano
[Christian Bourgois, 2006 ]

Un temps la Critique accompagne l'Oeuvre, ensuite la Critique s'évanouit et ce sont les Lecteurs qui l'accompagnent. Le voyage peut être long ou court. Ensuite les Lecteurs meurent un par un et l'Oeuvre poursuit sa route seule, même si une autre Critique et d'autres Lecteurs peu à peu s'adaptent à l'allure de son cinglage. Ensuite la Critique meurt encore une fois et les Lecteurs meurent encore une fois et sur cette piste d'ossements l'Oeuvre poursuit son voyage vers la solitude. S'approcher d'elle, naviguer dans son sillage est signe indiscutable de mort certaine, mais une autre Critique et d'autres Lecteurs s'en approchent, infatigables et implacables et le temps et la vitesse les dévorent. Finalement l'Oeuvre voyage irrémédiablement seule dans l'Immensité. Et un jour l'Oeuvre meurt, comme meurent toutes les choses, comme le Soleil s'éteindra, et la Terre, et le Système solaire et la Galaxie, et la plus secrète mémoire des hommes.
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Mohamed Mbougar Sarr
Ma parole ne pèserait rien contre la rumeur. On ne renonce pas si aisément au plaisir de colporter sans conséquences un ragot malveillant. Il faut de solides contre-arguments à une mauvaise rumeur pour qu'elle s'arrête. Je n'en avais pas.
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Etre jugé ou ne pas l'être: qu'est-ce qui était pire? Dans les deux cas, on était soumis au regard de l'autre, même si ce regard ne le voulait pas. En ne me jugeant pas, Rama me donnait le droit d'être entièrement libre. Je ne l'étais donc pas totalement. Si j'avais besoin qu'on ne me juge pas pour être moi-même, je dépendais encore de l'autre, de son jugement comme de son non-jugement. [...] Méfiez-vous des personnes qui prétendent ne pas vous juger: elles l'ont déjà fait, peut-être plus durement que les autres, même quand elles sont sincères, surtout quand elles sont sincères. Sans le vouloir, peut-être sans le savoir, elles vous ont pensé et décortiqué jusqu'à l'os.
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... j'ai arrêté de me demander pourquoi les choses sont importantes pour les gens ou les choses, elles le sont, c'est tout, chacun vit avec ce qui le touche au cœur et ça peut sembler incompréhensible aux autres mais ce n'est pas à eux de décider de ce qui est important ou non, personne n'est personne d'autre, chacun est chacun, chacun, tout en semblant semblable aux autres, n'est d'abord et toujours que lui-même...
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