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Critiques de Morgan Sportès (138)
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Une fenêtre ouverte sur la mer

Le "carré de ciel découpé par la fenêtre" d'un ryad d'Essaouira, au charme d'antan, passe au bleu-noir quand s'en vient la nuit.

De ce tableau monochrome à la Yves Klein, le narrateur, qui se "délitait" depuis plusieurs mois, pianotant parfois sur son ordinateur "une histoire, un sujet", s'abstrait, comme en "retraite" d'on ne sait quoi, pour jouer avec "Elle", sa compagne (de passage) japonaise et malade, quelques scènes jouissives comme sur la scène conviviale d'un Bruegel.

Elle brûle ses dernières munitions et c'est un plaisir de la regarder à ses côtés, gambader "pieds nus à la frange des vagues mourantes", déguster "des sardines farcies, au Taros. Arrosées de vin rosé..", faire l'amour "Villa Mogador", cuisiner,manger, fantasmer ferme... vivre jusqu'à plus faim.

Lui, nostalgique du Mogador de jadis, peuplé de juifs, invente des histoires 'et si on' puis lui donne le la sur la portée de l'imaginaire.

Intensément poétique. Superbement bien écrit. Un univers palpable, entre tendresse et mélancolie dans lequel, dés le mot "ailes" de la fin, on souhaite revenir planer comme une mouette dans le ciel bleu-nuit d'un souvenir qui serait notre.

Morgan Sportes, couronné de moult récompenses, est vraiment un grand écrivain!
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Tout, tout de suite

Qui ne se souvient du triste fait divers, ayant défrayé la chronique et soulevé l'indignation de tous, celui de l'enlèvement,de la séquestration,des sévices infligés et de l'assassinat horrible (par Youssouf Fofana et son gang des Barbares) d'Ilan Halimi, jeune Juif appaté par une jolie fille?

Voilà le thème choisi par Morgan Sportes, auteur contemporain (Juif algérien par son père, catholique par sa mère) dont plusieurs des dix huit titres ont été traduits en plusieurs langues et dont L'appat a été adapté au cinéma par Bertrand Tavernier.

Dans Tout tout de suite, point de Youssouf mais un Yacef, point d'Ilan mais un Elie, mais tout autant de barbarie et d'ignominie.

Des faits précis décrits de façon journalistique.

2006.Une bande de délinquants de la banlieue parisienne kidnappe un jeune Juif, soit disant fortuné, et exige une rançon auprès de sa famille.De milieu modeste, cette dernière ne peut verser la somme réclamée.

D'une manière très méthodique, ce récit nous conte, avec force de détails et d'indices, les vingt quatre longs jours de détention de la victime, les agressions subies, les travaux de sape psychologique, les réactions diverses, l'horreur à l'état pur.

Comme dans tout phénomène de groupe, bien qu'obéissant au chef, certains se démarquent pour lui acheter à manger ou lui fournir des couvertures, mais la folie mégalomaniaque du leader l'emportant l'issue sera fatale.

Est-ce ça notre société, où la torture existe encore et où la mort d'un homme ne pèse rien ?

Des faits,de simples faits dénoncés sans prise de position, de la part de Morgan Sportes,mais un récit d'une insoutenable tension qui oblige le lecteur, lui, à s'indigner pour crier:"plus jamais ça!"

Le sujet choisi ne m'a pas plu, mais il est à signaler que Tout tout de suite a été sélectionné pour le prix Goncourt 2011.
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L'insensé

Passionnant sur le plan historique. Comme d'habitude avec Sportes, des personnages flamboyants - qui évoluent ici au rythme d'un polar savamment mené - et une ambiance géniale où les fastes un peu trop clinquants de l'ambassade d'Allemagne pâlissent dans les brumes menaçante d'un Japon dominateur et inquisiteur. Les Allemands, nazis ou pas, n'y font pas l'économie de leur mépris. Etonnant et instructif.
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Tout, tout de suite

Encore un livre acheté par hasard, à la gare, quelques minutes avant de prendre mon train. J’ai tout simplement adoré !

Un journaliste qui raconte l’affaire du gang des barbares…mais sans jugement !

Il rapporte juste les faits, rien que les faits, cite les paroles des accusés.

Il a décortiqué cette affaire et l’a reconstituée parfaitement, nous laissant confrontés à la réalité de notre société.
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Les djihadistes aussi ont des peines de coeur

Plongée au cœur d'une bande de djihadistes amateurs. Amateurs, idiots imbéciles primaires, qui ne peuvent penser et vivre leur religion que de manière bête, ignorante et méchante.



Les personnages sont toujours hésitants, contradictoires mais cultivent de manière constante leur bêtise.



Ce livre dresse un portait au laser de ces apprentis terroristes et de leur entourage unis dans la crétinerie.
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Tout, tout de suite

Les faits, tout le monde les connaît, ou presque. Le 21 janvier 2006, Ilan Halimi, jeune israélite vendeur de téléphones, est kidnappé par le « gang des barbares », bande de petits malfrats sans envergure dirigés par un certain Youssef Fofana, un délinquant originaire de Bagneux. La victime ne sera retrouvée que trois semaines après l’enlèvement, agonisant au bord d’une voie ferrée près de Sainte-Geneviève-des-Bois, dans les Yvelines. Partiellement brûlé, le corps d’Ilan porte la trace de nombreux sévices. Arrêté à Abidjan, Fofana, vingt-six ans, évoquera à la fois des motivations crapuleuses et raciales, antisémites. Tous ses complices seront rapidement arrêtés, et lourdement condamnés. Journaliste et auteur, Morgan Sportès est revenu sur l’affaire cinq ans après, décrivant de façon précise les différentes étapes du drame, depuis les premières tentatives d’enlèvement avortées en passant par le «recrutement» d’un appât féminin, jusqu’aux multiples tentatives d’extorsion. Rebaptisé Yacef, Fofana apparaît tel qu’en lui-même : à la fois cruel, manipulateur, affabulateur se croyant investi d’une mission politique et prophétique, mégalomaniaque. Les autres protagonistes de la tragédie (gardiens, tortionnaires, simples témoins, parents du jeune homme supplicié…), sont également campés avec beaucoup de vérité. Impeccablement documenté, l’auteur construit là une parfaite reconstitution, située en plein cœur des banlieues d’Île-de-France, déshumanisées et déshumanisantes. Le résultat est saisissant : un tableau à la fois exact et dur de notre époque, la face cachée d’une période marquée par d’importantes tensions communautaires et sociales, une misère économique et intellectuelle croissantes. Incisif et efficace, le style de Sportès reste au service de l’intrigue, au sens où chaque élément est minutieusement dépeint, avec un grand souci du détail. L’écrivain cite également des textes de rap en exergue de chaque chapitre, et le langage des cités est soigneusement retranscrit : La « bête de meuf » entre à nouveau en scène : Zelda, cette lycéenne d’origine iranienne qu’on avait utilisée dix mois auparavant pour tenter d’appâter Raymond, à Bagneux. "Elle avait 16 ans alors. Elle en a 17 aujourd’hui, mardi 17 janvier 2006. Il fait gris, froid, elle arpente, avec ses cuissardes blanches, le trottoir à la sortie du RER Denfert-Rochereau" (p.139). Troublant et lucide, ce nouveau roman de M. Sportès reste sans doute l’un des plus intéressants de la rentrée littéraire 2011.



Article d'Etienne Ruhaud paru dans "Diérèse".
Lien : https://pagepaysage.wordpres..
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Pour la plus grande gloire de Dieu

Une plongée réussie dans le Siam du 17e siècle aux côtés des Jésuites prêts à tout pour imposer leur domination. Une documentation solide sur le sujet. Une histoire passionnante. Des personnages haut en couleur Des pages truffées d'humour. Un regal !
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Le ciel ne parle pas

1609 un jeune jésuite débarque au Japon.

Je m'attendais à un récit basé sur des faits historiques mais c'est très narratif , la grande histoire prend le pas sur le roman.

J'ai été jusqu'au bout pour connaître la fin et comprendre cette ingérence des missionnaires au Japon.

J'ai été mal à l'aise comme lorsque j'avais vu le film Mission , cette partie du monde est moins connue pour les effets dû à la christianisation et cela explique peut être le replis sur soi exacerbé des insulaires nippons.

Si vous êtes vraiment féru d'histoire vous serez servi , c'est bien la 1ere fois que j'ai eu l'impression de lire une thèse .

Pourtant j'aime l histoire et les histoires celle ci ne m'a pas emballé!

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Tout, tout de suite

Ce roman n'est pas une fictiion .... seuls les noms des différents protagonistes ont été modifiés, les faits, eux, restent bien réels .... Il s'agit du récit de l'épouvantable kidnapping de Ilan Halimi en 2006, de sa séquestration, qui a duré 24 jours au terme desquels le jeune homme juif a été assassiné.

L'auteur prend le seul parti possible pour livrer cette histoire, un récit froid, clinique.....

Je fais cette lecture en mars 2019, au moment où la mémoire d'Ilan Halimi a été souillée par des actes antisémites.

Ce récit met en scène cette partie perdue de la jeunesse de notre pays, celle qui veut tout, tout de suite, qui n'a plus aucun repère, aucune morale, aucun respect de rien, qui fait peur ..... mais qui pose aussi beaucoup de questions sur les raisons qui ont fini par amener cette jeunesse-là jusque là...

Un livre qui fait froid dans le dos
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Si je t'oublie

Petite déception à la lecture de ce livre de Morgan Sportès que par ailleurs j'apprécie énormément . Le sujet était pourtant intéressant mais je ne suis pas rentré dans le sujet , trouver les phrases souvent longues et alambiquées .

Sportès parvient à évoquer un amour véritable sans chaleur , sans tendresse dans un très beau texte certes mais terriblement froid .
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Le ciel ne parle pas



J'ai choisi ce livre par pur intérêt historique. Les persécutions des Jésuites en mission d'évangélisation au Japon m'étaient tout à fait inconnues. L'auteur, très bien documenté s'est rendu sur place au japon pour s'imprégner des lieux. Il a choisi de raconter l'histoire sous l'angle de la biographie de Christovao Ferreira, Jésuite apostat. L'évangélisation a été un échec car les Shogun, princes locaux, ont craint la perte de leur pouvoir au profit des chrétiens si les Japonais se convertissaient au Christianisme. J'ai lu attentivement la première moitié du livre. Comme je déteste abandonner la lecture d'un ouvrage, j'ai lu l'autre moitié en diagonale sauf les deux derniers chapitres pour connaître le dénouement.

Je n'ai pas du tout aimé ce livre non pas à cause du fond très intéressant, mais à cause de la forme. Les dates japonaises sont "traduites" en calendrier chrétien en toutes lettres, c'est à dire 3 lignes, il y a beaucoup trop de parenthèses qui déstabilisent la logique de lecture. De plus j'avais l'impression que l'auteur racontait toujours la même chose. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un mauvais livre mais le style d'écriture ne me convient pas du tout. C'est dommage parce que le sujet m'intéressait. Je me suis alors tournée vers des encyclopédies pour compléter mes connaissances sur le sujet.
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Ils ont tué Pierre Overney

Excellente évocation de cette période mouvementée de l'histoire de France. Morgan Sportès restitue parfaitement l'époque tant au niveau politique que de la vie au quotidien. Son récit bien structuré ne s'égare jamais et ne noie pas le lecteur sous une flopée de noms ou de dates comme c'est parfois le cas dans les récits historiques.

Une tranche d'histoire qui se lit comme un roman .
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L'appât

Je me rappelle encore cette affaire sordide, qui avait fait grand bruit en 1984. Une jeune femme, Valérie Subra, avait servi d'appât pour des messieurs friqués et libidineux, habitués des boites de nuits et restaurants échangistes de Paris. Elle était la comparse de deux voyous qui voulaient ainsi détrousser les victimes, mais qui ont été jusqu'au meurtre.



Morgan Sportès en a fait un récit, Bertrand Tavernier en a tiré un film (que je n'ai pas vu). Le livre se présente comme une enquête détaillée sur les méfaits de ces Pieds-Nickelés amoraux et criminels. Il faut reconnaître que l'abjection a quelque chose de fascinant pour le lecteur. de plus, le milieu décrit, celui des "prédateurs" toujours en chasse et de leurs "proies" intéressées et consentantes, constitue un sujet assez intéressant.



Mais 300 pages, ça m'a semblé vraiment trop long. En outre, Morgan Sportés écrit comme un journaliste du magazine "Détective" (qu'il a été pendant une année, effectivement). Donc cette lecture ne me laissera pas de grands souvenirs.

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Le ciel ne parle pas

Dans ce roman, qui est aussi un livre d'Histoire, nous assistons à l'ultime tentative de la religion chrétienne pour s'implanter au Japon. Et derrière cette tentative, pointe son nez l'impérialisme (comme on dirait aujourd'hui) des États et l'omniprésence de l'argent.

C'est écrit dans une langue aisée, fluide, caustique, pleine d'ironie et de dérision.

L'Occident en prend pour son grade ! Passionnant !

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Le ciel ne parle pas

Toujours en membre du jury du grand prix Orange de la rentrée littéraire 2017, j'ai la chance d'avoir reçu ce livre dans le cadre de ma mission d'exploration ;) On nous demande de lire jusqu'à la page 100. D'arrêter pour rédiger une première critique. Puis de finir le livre et de garder notre chronique finale secrète jusqu'à la rentrée. Alors voici donc ma critique à la page 100.

"Le ciel ne parle pas" de Morgan Sportes est un roman historique qui nous raconte l'apostat (renoncement à Dieu et à la Chrétienté) de Christovao Ferreira, jeune jésuite Portugais parti prêcher pour sa paroisse au Japon dans le début des années 1600.

Ce roman est comme un cours d'histoire (d'ailleurs l'auteur a un nom de prof d'histoire ;-)) mais qui serait vraiment passionant ! (parce que moi les cours d'histoire ça me donnait plutôt envie de dormir qu'autre chose).

Roman historique avec un fond fortement philosophique (pourquoi tant de haine ? faut-il accepter de se renier pour sauver sa peau ? Peut-on comprendre les extrêmes ? L'histoire est-elle un éternel recommencement ?), "Le ciel ne parle pas" nous décrit avec une précision particulièrement bien documentée, une époque sombre où les Japonais, las de se faire piller leurs richesses et leur culture par le tout puissant empire Espagnol / Portugais; et par les papes successifs au nom de la religion, décident de reprendre les rennes de leur pays.

Et les Japonais ont autant de raffinement et d'inventivité dans la beauté que dans la haine...

J'aime beaucoup ce roman, il y a de l'action, il y a de la philosophie, il y a de l'humour (noir pour dédramatiser la violence extrême de ce qui est décrit). Simplement un peu trop de dates et de noms mais un prof d'histoire ne se refait pas ;-) Je me lance tout de suite dans la suite !
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L'appât

Un trio infernal
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Tout, tout de suite

L’auteur, Morgan Sportès, reconstitue au travers de ce roman la genèse et l’histoire de ceux qui ont été affublé du surnom de « Gang des Barbares ». Souvenez-vous en 2006 cette histoire de kidnapping qui avait défrayé la chronique sous fond de violence, barbarie et d’antisémitisme.



Tout, tout de suite n’est pas un roman de grande littérature et usant de grandes phrases Proustiennes et de longues envolées lyriques. L’auteur s’est emparé d’un style précis, clinique, vraisemblable (certains critiques diront que le jeu du langage argotique de banlieue est trop artificiel … il ne m’a pas gêné mais lui a donné au contraire une valeur polyphonique) pour faire ressortir des vérités, essayant d’élaborer un semblant d’explication sur ce qu’a été le gang des Barbares. Les choses sont en effet rapidement remises dans leur contexte lorsque l’auteur nous rappelle que les criminels que les médias ont qualifiés de barbares en jouant sur le sensationnalisme sont avant des hommes comme les autres, des « loosers ». Etudes parfois ratés. Petits boulots à la chaîne. Avenir imprécis. Vies passées dans les tours et les banlieues parisiennes. Cette horde d’hommes comme les autres pour ne pas dire banals est menée par Yacef. Drôle de chef de bande qui rate presque tous ces coups. Charismatique, manipulateur, violent, instable, pauvre intellectuellement, c’est lui qui les rassemble et les façonne en gang. Et c’est avec ce gang qu’il se décide á kidnapper un Juif pour demander une rançon : car, pour lui, c’est une certitude : les juifs sont tous riches et s’ils ne le sont pas, ils sont une communauté solidaire. Sa vérité le conduira à kidnapper Elie.



C’est cette vérité d’un antisémitisme banal, ordinaire et malheureusement répandue au sein d’une jeunesse désœuvrée qui servira de justification. Ils n’avaient pas encore frappé de Juifs, ils n’avaient pas brûlé de synagogue. Non, avant tout cela, ce n’était que préjugés. Rien de bien méchant, pas vrai ? Mais, il s’agit pourtant d’antisémitisme … un crime. Quant à la violence, elle est partout présente dans ce roman. Psychologique, physique. Menaces. Passage à tabac. Elle fait partie du paysage des tours de banlieue. Faites de la prison et vous serez un grand. Battez-vous et faites-vous respecter. Ont-ils conscience de la réalité ? Nul ne le sait mais il n’a fallu qu’un petit coup de pouce du destin pour les faire gravir les échelons de la violence pour sombrer dans la barbarie. A couper le souffle.



Le roman se veut polyphonique. Nous passons par les souffrances d’Elie, par les paroles des geôliers et leur revendication d’humanité (le passage du Macdo m’a tout simplement bluffé) pour aboutir à l’apogée de la violence. Par les gestes. Par le silence. Ces personnes normales, ordinaires, banales sont devenues des Démons, des monstres. Comment en sont-elles arrivées là ? Tout cela a semblé si facile ? Nous avons suivi leur ascension dans l’échelle de la violence pour finalement en arriver là. Choqué.



Ce roman ne se veut pas moralisateur. L’auteur nous laisse tout simplement là, à la fin de celui-ci. Il nous abandonne et nous laisse avec cette vérité qui fait mal, qui fait peur, qui révolte. Un bijou moderne.
Lien : http://leslescturesdespleenl..
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Tout, tout de suite

J'ai été bouleversée et un peu traumatisée par ce livre,je dois le dire.J'ai été contente de le refermer.
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Tout, tout de suite



Plus de trois cent pages relatant par le menu détail, un « conte de faits », une enquête policière, mais aussi une enquête sociologique (dissimulée) analyse sans jamais émettre un jugement, une société, la nôtre. Société multiraciale qui se forme à l’échelle de la mondialisation. Société qui avance peut être vers sa propre destruction. Cela se passe, ici chez nous pas très loin, en banlieue. Les gangs, la drogue, la délinquance, sous fond de « guerre de religions » (prétexte ou non ?). Les nouveaux diables : musulmans remplacent les anciens les juifs. La misère, sociale intellectuelle, culturelle les ghettos. Tout, tout est présent. Tout est dépecé, analysé, décortiqué, et l’on est tenté de crier : Assez, c’est pas vrai, c’est pas chez nous… Et pourtant.

Ce qui fait la valeur de ce livre, qu’il soit ou ne soit pas un roman littéraire, c’est qu’on aimerait bien qu’il ne soit que policier, qu’un roman-fiction. Mais hélas, l’impression de malaise qu’il donne ne peut nous tromper…

Je crois que Spencer nous alerte, nous demande de regarder de plus près (comme à son habitude) les faits-divers-qui-deviennent-réels.

C’est un travail de titan qu’il a entrepris et mené à bien à mon avis. Et je conseille vivement sa lecture.

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Tout, tout de suite

Morgan Sportès né en 1947 à Alger, est un écrivain français. Il a publié dix-huit livres, nombre d’entre eux ont été traduits en de nombreuses langues et ont attiré l'attention de personnalités comme Claude Lévi-Strauss ou Guy Debord avec lequel il se lie d’amitié après la publication de La Dérive des continents en 1984. Il partage actuellement sa vie entre la rédaction de ses livres et de nombreux voyages de recherche.

En préambule à son roman Tout, tout de suite qui vient tout juste de paraître, Morgan Sportès nous prévient : « En 2006, un citoyen français musulman d’origine ivoirienne a kidnappé et assassiné, dans des conditions particulièrement atroces, un citoyen français de confession juive. J’appelle le premier Yacef, le second Elie. L’un a 25 ans, l’autre 23. J’ai réélaboré ces faits, à travers mon imaginaire, pour en nourrir une création littéraire, une fiction. »

L’auteur est donc très clair, ceci est un roman écrit à partir d’un fait divers réel et si vous ne vous souvenez plus exactement de quelle affaire il s’agit, sachez qu’il s’agit de celle que la presse avait baptisée à l’époque, « le gang des barbares ».

Pour écrire ce livre, Morgan Sportès s’est livré à une véritable contre-enquête, épluchant la presse, interrogeant certains témoins, lisant des documents de source policière etc. Tous ces faits sont la base même de ce récit certifié exact, seuls les dialogues sont de la fiction, la sauce littéraire et le liant qui constitue le roman, la fiction. D’où une avalanche de détails qui ne servent à rien dans le récit mais qui rappellent les rapports de police, comme indiquer le numéro d’une cabine de téléphone public ou préciser qu’une boucherie fait aussi volaille, triperie, charcuterie ! Tous les faits et gestes des protagonistes sont intégralement mentionnés, les noms des rues empruntées, les noms des cybercafés et des commerces où ils entrent.

Tout est épouvantable dans ce drame car tout est nul. Si le terme « gang des barbares » sonne bien et a fait de beaux titres de presse, il ne correspond pas à la réalité car il n’y a pas de gang. Yacef est un tocard de banlieue avec une grande gueule - mais qui bégaye sous le coup de l’émotion - qui a réussi, grâce à un séjour en prison, à se faire une réputation de petit caïd et se créer une petite cour de plus minables que lui. A peine libéré, « c’est à la société qu’il déclare la guerre. Il veut du fric, vite. » Les barres HLM, les caves et les halls d’immeubles investis pour des trafics en tous genres, les jeunes en sweat-shirts à capuche, le chômage, l’immigration, l’échec scolaire, l’exclusion sociale etc. tel est le décor sordide et connu de cette histoire horrible.

La bêtise crasse de Yacef laisse pantois et effraie car elle défie les raisonnements logiques. Si la brute enlève Elie, la victime est choisie au hasard, c’est tout simplement parce que juif, il est sensé avoir de l’argent et qu’une rançon pourra être demandée. Sauf que Elie n’est pas d’une famille fortunée. Le montant de cette rançon fluctuera à la baisse au fil des trois semaines que durera cet enlèvement.

Le roman fait plus de 370 pages, mais il se lit à une vitesse hallucinante car le style est sec fait de phrases courtes alignant les faits les uns après les autres, froidement. On connaît la fin puisqu’elle est connue, pourtant on ne peut se retenir de dévorer l’ouvrage pour en venir à bout et être bien certain que Yacef va se faire coffrer. Un thriller sans suspense final mais tout aussi prenant.

Morgan Sportès ne donne jamais son avis, seules quelques phrases nous interrogent, la tactique policière pour retrouver Elie était-elle la bonne, demande le père de la victime tout en rendant hommage aux membres de la Crim’ qui ont « travaillé comme des fous », ce « monstre » comme d’autres du même tonneau n’arrive pas de Mars, il est issu de notre société, qu’elles sont les raisons et les causes d’une telle furie ? La question n’est pas nouvelle, des réponses – incomplètes peut-être - ont été fournies mais que faisons-nous pour que cela change ?

Un livre coup de poing, à lire bien évidemment.

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