Le "carré de ciel découpé par la fenêtre" d'un ryad d'Essaouira, au charme d'antan, passe au bleu-noir quand s'en vient la nuit.
De ce tableau monochrome à la Yves Klein, le narrateur, qui se "délitait" depuis plusieurs mois, pianotant parfois sur son ordinateur "une histoire, un sujet", s'abstrait, comme en "retraite" d'on ne sait quoi, pour jouer avec "Elle", sa compagne (de passage) japonaise et malade, quelques scènes jouissives comme sur la scène conviviale d'un Bruegel.
Elle brûle ses dernières munitions et c'est un plaisir de la regarder à ses côtés, gambader "pieds nus à la frange des vagues mourantes", déguster "des sardines farcies, au Taros. Arrosées de vin rosé..", faire l'amour "Villa Mogador", cuisiner,manger, fantasmer ferme... vivre jusqu'à plus faim.
Lui, nostalgique du Mogador de jadis, peuplé de juifs, invente des histoires 'et si on' puis lui donne le la sur la portée de l'imaginaire.
Intensément poétique. Superbement bien écrit. Un univers palpable, entre tendresse et mélancolie dans lequel, dés le mot "ailes" de la fin, on souhaite revenir planer comme une mouette dans le ciel bleu-nuit d'un souvenir qui serait notre.
Morgan Sportes, couronné de moult récompenses, est vraiment un grand écrivain!