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Critiques de Murielle Szac (221)
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Eleftheria

Avec ce roman choral, qui s’intéresse aux histoires personnelles des Juifs Rebecca, Rachel,, Stella, Yakov, le petit Isaac… mais aussi le Polonais Petros, l’Italien Luigi, les Chrétiens Rena, Nikos, Ioannis, Ariadni et tant d’autres, Muriel Szac nous fait découvrir un épisode méconnu de l’Histoire, l’invasion de la Crète par le troisième Reich. Pour chacun des personnages se pose alors la question de la fuite ou de la résistance. Les voilà chacun confronté à la question de la liberté, Eleftheria en crétois, liberté de choisir au non son destin. Liberté de résister ou de collaborer. Liberté de devenir un Juste ou un traître.

Au fil des chapitres, se déroulant dans différents villages crétois, l’autrice fait revivre ces douloureuses heures, nous plongeant dans les odeurs, les bruits, les paysages, les modes de vie de ces habitants attachants à la force de caractère indéniable et permet entre autres de rendre hommage aux martyrs du Tanaïs pour qu’on ne les oublie jamais.

Un roman à l’écriture simple, fluide, pour dire l’essentiel et dénoncer l’horreur des guerres, malheureusement sans cesse réitérée.
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Eleftheria

Eleftheria, je crie ton nom.



Ce besoin farouche de liberté, plus que de l'écrire, les Crétois le crient. Pas seulement, peut-être même pas, par leur voix, mais par tous les pores de leur peau. Par leur manière de se tenir au monde. La marque des peuples insulaires constamment happés par le large et pourtant ancrés avec force.



Quand les nazis posent le pied sur leur île, déjà en prise avec l'armée italienne, comment ne pas voir une condamnation de leur liberté chérie ? Qu'ils soient juifs, communistes, paysans, chacun va devoir lutter. Ou fuir. Laissant derrière eux une vie qui même si elle était rude, était empreinte de liberté.



Murielle Szac connaît cette terre, ce peuple. Et avec une écriture d'une grande simplicité, nous conte une histoire méconnue. Je ne savais rien de la déportation des juifs de Grèce. Des massacres de civils en représailles. Rien ou presque de la Seconde Guerre mondiale dans cette partie du monde. Je ne rêvais pas à un eldorado préservé de la violence des hommes. Mais comme toujours je reste heurtée de cette dérive meurtrière mondialisée. Sous la plume de l'autrice, sans fioritures, elle est d'autant plus à vif.

Les personnages, d'origines et de milieux différents, brossent un portrait presque exhaustif de la population de l'ile. J'aurais aimé qu'ils soient moins nombreux pour m'y attacher plus. Pour ressentir plus avec eux. Et j'avoue avoir mis quelques chapitres à me repérer dans les prénoms.



Cette lecture faite en commun avec @manonlit_et_vadrouilleaussi m'a permis d'ouvrir les yeux sur une situation que j'ignorais. En refermant ce roman, je me dis que ce texte devrait être mis dans les mains de lycéens, pour qu'eux aussi ouvrent leurs yeux sur ce pan de l'histoire. Et que la si belle couverture ne peut qu'être un appel à la lecture.

L'occasion de souligner le travail d'Emmanuelle Collas qui publie des autrices (et des auteurs) dont la voix porte bien au-delà des frontières un cri de liberté.



Eleftheria, eleftheria... je crie ton nom.
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Eleftheria

Murielle SZAC nous emmène au Nord de la Crète, durant la seconde guerre mondiale où vit une petite communauté juive totalement intégrée au reste de la population. Tout le monde cohabite en parfaite harmonie, il y est même célébré des mariages mixtes.



En Europe la guerre gronde déjà et le monstre nazi a commencé les déportations et les assassinats de juifs. A Chania, Meskla, ou encore Kournos, petits villages de l’île, la guerre semble loin, la vie s’écoule paisiblement, au soleil et chacun vaque à ses occupations. Stella Sarfati alimente les commérages du village, elle va se marier avec un non juif, les anciens de la communauté juive son outrés. Judith Levy garde la tête haute, depuis son enfance tout lui réussit, elle possède une des plus belles maisons de l’île en bord de mer. La famille de Rébecca est ruinée, son père a perdu leur magasin, trahi par un membre de la famille, depuis il a des accès de colère et passe souvent ses nerfs sur la jeune fille. Rébecca se préparait à un brillant avenir, elle fréquente le conservatoire, malheureusement, avec la perte de revenus de la famille ils ont du revoir leurs ambitions. Elle peut compter sur le soutien de son amie Rena qui habite la maison d’en face et dont la famille est d’une grande aide pour celle de Rébecca. Rachel est amoureuse de Nikos, c’est un marin, il n’est pas juif mais Rachel est prête à s’enfuir s’il le faut. Adriani qui ne se sent pas bien dans sa famille entre au service d’Isaac qui vient de perdre sa femme.



C’est au sein de ces villages et de la comunauté juive que l’auteure nous embarque avec, en toile de fond, les merveilleux paysages de la Crète, les us et coutumes des uns et des autres, les fêtes religieuses et la menace qui plane sur les habitants et sur les juifs. En 1941, les Allemands sont aux portes de l’île et commencent les bombardements et les assassinats. Faut-il collaborer, résister, se cacher, fuir ? Chacun va prendre son destin en main et de façon différente pour gagner sa liberté (Eleftheria en Crétois).



Murielle SZAC me fait découvrir un pan de l’histoire que je ne connaissais pas vraiment, même si je savais que la machine nazi sévissait partout j’étais loin de m’imaginer que la Crète avait été bombardée, qu’il y avait eu de nombreuses victimes et que la traque avait commencé là bas aussi. C’est un roman choral où on plonge dans chaque vie des personnages de l’histoire, où on découvre leurs avis et ressent leurs émotions.



J’ai beaucoup aimé cette lecture et j’ai trouvé que le profil des personnages était psychologiquement très intéressant. J’ai été attendrie par Rébecca que j’ai trouvé très courageuse, elle reste mon personnage préféré de l’histoire. J’ai cependant regretté le nombre élevé de protagonistes, je me suis parfois perdue, obligée de revenir en arrière pour ne pas me tromper, me souvenir de qui est qui et aussi me situer. J’aurais préféré qu’il y ait moins de monde et d’histoires qui se croisent et que l’auteure creuse un peu plus la vie des familles.



Ca reste néanmoins un très bon roman que j’ai pris plaisir à lire et qui m’a appris beaucoup historiquement parlant.
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Eleftheria

Dans ce premier roman destiné aux adultes, Murielle SZAC met en lumière un événement méconnu de la seconde guerre mondiale en Crête.

Le naufrage du cargo Tanaïs en octobre 1944 a vu périr des centaines de juifs raflés sur l'ile, des résistants crétois et des prisonniers de guerre italiens. Cet épisode terrible est le prétexte à redonner vie aux disparus en imaginant leurs histoires et leurs choix de vie pendant le conflit.

Ce récit choral met en scène des personnages très différents mais tous engagés à leur manière et forçant l'admiration et le respect. de façon originale, chacun est situé dans son village ou sa ville, ce qui facilite la découverte du pays, des paysages, des habitants et des coutumes avec des descriptions précises et lumineuses.

Son approche historique, au travers d'une chronologie précise, d'octobre 1940 à octobre 1944, apprend beaucoup sur l'occupation allemande en Crête et les exactions commises pour mater la résistance farouche des populations.

Grâce à une écriture fluide, ce texte fort embarque le lecteur, témoin des rencontres qui s'opèrent, des parcours qui se croisent, des liens qui se tissent et de la tension qui va crescendo. Il aide à réfléchir aux notions de liberté et de destinée choisie ou subie.

« Elefteria » est un magnifique témoignage, sensible, poignant et terriblement humain.

Ce roman fait partie de la sélection du "Lilojury" 2022 organisé par les libraires de Lilosimages, librairie indépendante d'Angoulême.
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Eleftheria

Lorsque les allemands envahissent la Crête en mai 1941, les Crétois de toute obédience et habitués à vivre ensemble en parfaite harmonie se trouvent confrontés au même dilemme que partout en Europe : laisser faire, collaborer ou résister.

Murielle Szac nous raconte l’histoire de ces hommes et femmes, qui découvrent petit à petit que le recensement volontaire des juifs est une vraie menace, que parmi leurs voisins, leurs amis se trouvent ceux prêts à dénoncer, à trahir mais aussi ceux prêts à faire le sacrifice de leur vie pour combattre l’ennemi.

Porté par une écriture simple, directe, ce récit raconte l’horreur des massacres dans les villages, la fuite des anglais, puis de l’occupant italien et la terreur qui en trois ans gagne du terrain. Et alors même que le débarquement a lieu sur les plages de Normandie, l’horreur atteint son apogée.

C’est une page d’histoire qui est racontée au travers des vies d’hommes et de femmes ordinaires, confrontés à la guerre, attachés à leur île et c’est tragique et beau à la fois.

Je garde un très bon souvenir d'une rencontre en ligne avec Murielle Szac, une auteure engagée, lumineuse. Ce roman est à son image.
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Eleftheria

Eleftheria, c'est la liberté. La liberté de la Crète, où vit Murielle Szac, ballottée entre dictature grecque et invasion turque, entre souveraineté et résistance au nazisme, entre occupation italienne et razzia allemande. La liberté de la communauté juive de la Canée, la liberté de ses filles surtout, Rebecca, Rachel, Stella, la fascination qu'elles exercent sur les hommes, chrétiens, occupants, étrangers de passage. le destin d'une île peu à peu écorchée de sa part juive, jusqu'à disparition complète, vue à travers les yeux de (trop ?) nombreux personnages, souvent attachants, toujours passionnés, parfois lucides. Certains résistent, d'autres se cachent, certains sauvent, d'autres retournent leur veste. Ce roman est le seul ouvrage que j’ai lu sur cette histoire méconnue, il mérite absolument sa lecture haletante.
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Eleftheria

Eleftheria, Liberté en Grec. Eleftheria est un roman tout en émotion, ce sont des voix de femmes et d'hommes au cours de la seconde guerre mondiale qui luttent conte l'envahisseur de leur île, la Crète.

Qu'est ce que la Liberté ?

Comment peut on parler de Liberté quand tout une communauté est violentée, anéantie ?

Rebecca, jeune femme juive devenue chef de famille, ce sont les questions essentielles qu'elle se pose lors de la fête Rosh Hashana : " Que peut décider de son destin une jeune Crétoise, comme elle, juive et pauvre, alors que les nuages noirs de la guerre se massent au dessus de sa tête ? "

Avec son amie Rena, catholique, aux premiers bombardements, elles ont pourtant l'espoir, l'espoir de partir en Amérique, pays de la Liberté. Elles souhaitent se délivrer des contraintes liées à leur sexe, leur condition, leur origine. Et pourtant un tout autre destin elles vont se choisir. C'est cela aussi être libre, n'est ce pas ?

Un roman phare qui nous éclaire sur ces évènements qui ont fait l'Histoire de la Crète, et je tiens à remercier Murielle Szac et les éditions Emmanuelle Collas pour ce travail de mémoire ici effectué, nous offrant une fiction magnifique.

L'auteur remercie à la fin, entre autre, le poète Lossif Ventura, dernier descendant des Juifs de Crète.

www.etz-hayyimhania.org








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Eleftheria

La couverture est magnifique,la 4eme de couverture tentante....et puis ....pour moi .. rien ,aucune émotion .Au début me promener dans les petites rues de Chania que j'aime beaucoup m'a charmée mais trop de personnages ,ça part dans tous les sens . Je connaissais l 'histoire de cette île magnifique ,un peu.. Tout est survolé ...je viens de refermer le livre et très vite l'oublier .Déception totale .
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Eleftheria

Ce magnifique roman, très poignant, m'a attiré par sa très jolie couverture qui interroge, par la photo prise en contre-jour autant que par son titre "ELEFTHERIA", qui m'a posé question et dont j'ai appris depuis qu'il signifiait "liberté" en grec.

Et il est vraiment question de liberté dans ce récit, du choix donné à chacun à un moment crucial de sa vie.

L'écriture est très belle, souvent poétique.

Le rythme du livre est haletant, le lecteur balloté entre tous ces personnages aussi attachants et intéressants, pour lesquels on a envie de savoir quel sera leur destin.

L'histoire de ces Juifs Crétois m'était totalement inconnue, et elle m'a profondément bouleversé.

C'est un livre qui relève du devoir de mémoire et qu'il faudrait conseiller dès le collège à tous ceux qui n'ont jamais entendu parler de ce funeste épisode de la Seconde Guerre Mondiale.

De très justes critiques élogieuses ont été écrites, je n'en rajouterai pas plus, les partageant totalement pour ce roman qui fut un coup de coeur.
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Eleftheria

Prêts pour un voyage en Crète … : roman de la rentrée littéraire 2022, “Eleftheria” de Murielle Szac.



Liberté, tel est le titre traduit de ce roman qui débute donc au nord de la Crète en 1940. La communauté juive est en fête mais les conversations ne peuvent oublier que la guerre a commencé en Europe. Quelle position prendra la Grèce dans ce conflit contre Hitler et Mussolini ? Rappelons qu’à cette époque, la Grèce vivait sous un régime dictatorial, celui de Ioannis Metaxas.



Le 20 mai 1941, l’Allemagne lance une invasion aéroportée sur la Crète. Le quotidien de ses habitants va basculer. A partir de cet instant, il y aura ceux qui choisiront de partir et ceux qui choisiront de rester. Pour ces derniers, pendant quatre années, à l’ombre des murs blancs et des oliviers, des figuiers, la douce vie grecque va se muer en lutte contre l’envahisseur, contre l’horreur. Ce peuple d’iliens fiers et forts va défendre sa liberté aux prix de nombreux sacrifices.

La grande originalité de ce roman c’est le parti pris par son auteure de décrire l’histoire de l’île par des yeux différents. Elle nous livre plusieurs histoires personnelles, autant d’arrêts sur image qui, assemblées, font la grande Histoire.



Une construction du roman qui demande sans doute un peu plus d’attention qu’un autre du fait de la diversité des personnages.



Un roman qui a le mérite de mettre en lumière un pan de l’histoire de la Crète peu connu et qui rend hommage à tous ces héros de la résistance dont on n’a pas parlé.





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Eleftheria

Le titre de ce roman, Eleftheria, est le mot grec qui signifie « Liberté ».

Il y a des livres qui, allez savoir pourquoi ont une couverture qui vous hypnotisé, vous la voyez sans forcément y prêter attention, et l'image est comme imprimée dans votre inconscient. Et bien c'est ce qu'il s'est passé pour ce livre.

Errant au milieu des rayons de ma librairie habituelle qui ne manque pourtant pas de choix, cette couverture me revenait sans cesse à l'esprit...



Pour la pureté de cette photo ?

Pour ce voile rouge porté au vent en surplomb de la Méditerranée ?

Pour cette femme dominant les reliefs escarpés d'une île méditerranéenne ?

Pour ce regard perdu vers l'infini?

Pour ce regard fuyant vers l'horizon ?

Pour ce rouge symbole de passion ou de sang ?

Pour ce bleu symbole de vérité et de sagesse ou d'invitation à l'évasion, au voyage et à la découverte ou l'inverse ?

Pour ces côtes escarpées qui servent de toile de fond à cette scène ?

Et puis il y cette "fameuse" quatrième de couverture :



"1940, au nord de la Crète. La communauté juive célèbre Rosh Hashana. Rebecca écoute les commérages sur le futur mariage de Stella. On s’interroge aussi sur la guerre qui a commencé en Europe. Metaxas, le dictateur au pouvoir à Athènes, saura-t-il résister à Mussolini et à son allié, Hitler ? Bientôt, le bateau de Nikos, le Tanaïs, est réquisitionné par l’armée grecque. Malgré la menace, la vie continue… jusqu’au matin du 20 mai 1941, lorsque le IIIe Reich lance sur la Crète une invasion aéroportée. Faut-il fuir ou rester ? C’est l’heure de savoir si l’on est libre de choisir son destin.



Avec Eleftheria, Murielle Szac nous livre un magnifique roman, choral et solaire, où derrière chaque histoire personnelle se tisse une histoire partagée, celle de femmes et d’hommes ayant vécu en Crète pendant la Seconde Guerre mondiale. Un épisode méconnu de l’Histoire."



La Crète cette île qui allie de somptueux paysages, une mer turquoise et une histoire singulière. Les Ottomans, les Byzantins et les Vénitiens ont laissé leurs empreintes sur l’île. Et cet épisode méconnu,

Tout était là pour un beau moment de lecture : Et ce fut le cas, c'est un roman magnifique.



Tout se déroule entre 3 octobre 1940 et Octobre 1944. Entre les prémices de l'invasion allemandes, l'invasion elle-même, la résistance, la fuite et son cortège de vies brisées, d'horreurs et de malheurs. Mais tel l'olivier, qui pousse en Crète, symbole de longévité et d'espérance, l'olivier est réputé éternel. Ainsi le décrit Hérodote V " L'olivier fut brûlé dans l'incendie du temple par les barbares; mais le lendemain de l'incendie, quand les Athéniens, chargés par le roi d'offrir un sacrifice, montèrent au sanctuaire, ils virent qu'une pousse haute d'une coudée avait jailli du tronc ".



Ce qui est Paradis va devenir Enfer, ce qui est bleu va devenir rouge :



""Vous êtes soucieux, monsieur ?

C’est Dimitra, dévorée de curiosité pour l’inconnu, qui a fini par l’interpeller.

Vous ne l’êtes pas, vous ? Metaxas a dit non à Mussolini. Désormais, c’est la guerre. Vous ne le savez pas ?

Bah si, mais d’ici à ce qu’ils arrivent chez nous !

Ils trouveront à qui parler s’ils débarquent !

On les rejettera à la mer !

D’un coup c’est le brouhaha. La cour du kazani est une ruche.

David laisse dire. Puis, quand le calme est revenu, il ajoute posément que, ailleurs en Europe, c’est pas la joie. Qu’en France, par exemple, les nazis font la loi. Et que les Juifs, comme lui, sont persécutés.

Un silence soudain. Un malaise, comme l’écho d’une menace qui se matérialise.

Mais je ne voudrais pas gâcher la fête, mes amis !

Vous avez déjà beaucoup souffert, monsieur David. J’espère que ça va s’arrêter."



Le ciel bleu va très vite s'obscurcir et assombrir le destin des uns et des autres, ce qui est rouge va très vite devenir noir :



"Mais que se passe-t-il ? Il entend une sorte de bourdonnement, puis cela enfle et se transforme en plaintes. Luigi voit surgir en haut de la côte une procession. Quatre hommes portent un cercueil ouvert. Suivent des femmes vêtues de noir, en pleurs. L’une pousse des cris déchirants, interpelle le défunt, comme si elle cherchait à le rappeler d’entre les morts. Réveille-toi, Nektarios ! Lève-toi ! Viens nous embrasser. Parle-nous ! Ses lamentations sont presque des psalmodies. Luigi se souvient soudain de la première pièce de théâtre de sa vie : Les Suppliantes d’Eschyle. Ces femmes qui se tordaient les mains, et pleuraient en chœur, montraient une douleur si déchirante que le jeune garçon en avait été bouleversé, prêt à sauter sur la scène pour les consoler. Jamais il n'a oublié ces Danaïdes injustement persécutés et son âme sensible ne ressent que compassion devant les larmes d'autrui."



Murielle Szac auteure de plus d’une vingtaine d’ouvrages de jeunesse ou de poésie, elle s’est plongée au cœur de la mythologie grecque avec la série Le Feuilleton d’Hermès,de Thésée,d’Ulysse ou d’Artémis. S’il ne fallait retenir qu’un seul fil conducteur de tout son travail, ce serait la transmission. Eleftheria s’inscrit dans cette cohérence, mêlant étroitement engagement et écriture.



L'écriture de l'auteure est comme les mains d'Ariadni dont que je me permets de détourner le passage pour la mettre en valeur

Elles sont là, tout simplement, telles deux petites bêtes chaleureuses et douces, discrètement posées sur un stylo. Elles sont savantes, elles savent non seulement décrire, conter, raconter, mais aussi porter ses personnages, tirer leurs émotions, montrer la nature humaine dans sa sa violence, couper cette violence, la transformer en amour, arracher la vérité aussi crue et terrible soit-elle, mais aussi entretenir ce qu'il y a de plus beau en l'homme, laisser remonter l'humanité,.

Ce qui est l’essentiel aux yeux du lecteur que nous sommes, c’est leur science de la tendresse.

Elles savent émouvoir, émerveiller, consoler, protéger, apaiser. Elles sont de celles qui aident à vivre et éponger le chagrin.



Passer de la beauté dans ce qu'elle a de plus simple, à la peur voire la terreur pour revenir à la tendresse :

"L’église n’est pas bien grande. Peu importe, il n’y a quasiment personne pour accompagner Nikos et Rachel ce jour-là. Le pope semble très agité. Il lit les textes saints si vite qu’il ne cesse de buter sur les mots, jetant des regards presque affolés vers la porte. Nikos, imperturbable, fixe l’iconostase en souriant. Rachel ne détache pas le regard des dragons. Deux terrifiants dragons dont les yeux sortent des orbites, rouges, sanguinolents. Saint Georges essaie de les terrasser. Pourquoi le peintre des icônes en a-t-il représenté deux ? Et pourquoi donne-t-il cette curieuse impression que le saint ne parviendra pas à vaincre les monstres ? La jeune femme n’est pas habituée à cette imagerie.

Nikos observe l’icône de la dormition de la Vierge. Beaucoup de monde s’agite autour de la femme morte. À l’arrière-plan, le peintre a représenté les murailles de Chania. Nikos scrute l’œuvre, éperdument, comme s’il allait voir la Vierge Marie accéder au ciel sous ses yeux. Morte et ressuscitée. Morte et ressuscitée.

Rachel est impressionnée par l’Enfer qui se présente à elle. Une icône du Jugement dernier la menace, elle la pécheresse, de toutes les tortures possibles. Des chaudrons bouillonnants d’où émergent des corps martyrisés, des diables à queue fourchue qui fouettent des femmes nues en pleurs, poignets liés, des hommes aux viscères pendants… L’artiste ne manquait pas d’imagination. Rachel frissonne. Dans sa religion à elle, tout se passe dans la tête. Tu sais que cette église s’appelle Agii Anargiri, elle est dédiée aux saints des pauvres. Le murmure de Nikos est doux à son oreille quand il ajoute : Leur protection te va bien… "



Murielle Szac le dit elle-même:

"si mon livre s’appelle Eleftheria, Liberté !, c’est parce qu’il tente de questionner ce qui fonde notre identité, notre humanité et de se demander si nous sommes libres de notre destin. Que fait-on avec ce que l’on a reçu à la naissance et ce que l’on a construit soi-même quand cela entre en conflit avec une époque et la violence de l’Histoire ? Mes personnages, les Juifs d’abord, mais aussi les Crétois, notamment les résistants, se confrontent tous à cette question, qui me taraude depuis toujours. »



Jusqu'au bout de son livre dans les remerciements elle nous délivré des messages : "Et un immense et chaleureux merci à celle qui accompagne la naissance et la vie de ce livre avec la passion qui l’habite : Emmanuelle Collas, une éditrice amoureuse de la Grèce, intimement concernée par l’empreinte des brûlures du passé sur notre présent, veilleuse de la marche du monde, et qui met ses coups de cœur en acte. "



Si j'osais un retour ou un recours à la mythologie ce livre est comme la boîte de Pandore, les maux s'échappent, et y reste l'espoir...
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Eleftheria

Dans ce livre touchant et d’une grand simplicité, la grande histoire (ici, l’occupation de la Crête par l’armée allemande en 1941 jusqu’à l’épisode méconnu d’une rafle tragique en 1944) croise de multiples destins personnels et collectifs. Beaucoup de femmes, quelques hommes aussi. Leur point commun ? La recherche de la liberté (eleftheria en grec). La Crête, sauvage et si belle, « véritable paradis, avec ses courbes voluptueuses, le plus beau pays du monde pour y mourir« , est le berceau de nombreuses communautés, intégrées et discrètes, vivant ensemble en parfaite harmonie : des juifs, des non-juifs, des italiens, des communistes… Des histoires d’amour, des noces, des amitiés, des trahisons se tissent entre elles. Pour tous se pose la question qui traverse le texte: que faire lorsque l’on est confronté à la barbarie nazie ? Rester, collaborer, se cacher, résister, fuir ? Quel destin choisir ?



Avec ses nombreux personnages et ses multiples localités (Dieu merci, une carte de l’île allège considérablement la complexité du récit, par ailleurs réaliste et fort vivant), le livre offre un riche panorama de la vie quotidienne des habitants. Comme cette jolie scène des bougies voguant vers le large pour célébrer Rosh Hashana. De courts chapitres datés et portant des noms de lieux, ainsi que des dialogues intégrés au texte facilitent l’accès à une histoire grave, lourde et bouleversante.



Dans cet hommage vibrant au peuple crétois, Murielle Szac exhume des héros et des héroïnes méconnus et anonymes, elle leur redonne vie, elle leur redonne un visage, un nom, une histoire. C’est un poignant témoignage sur l’espoir, la solidarité, la liberté au milieu d’une terreur sans nom.
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Eleftheria

Pour mesurer l'impact de la guerre, il faut aussi être capable de se mettre dans la peau des gens qui l'ont subie.

Si nous connaissons beaucoup de choses sur la Seconde Guerre mondiale dans les principaux pays belligérants, ce n'est pas le cas pour l'île grecque de Crète qui abritait en 1940, une importante communauté juive.

En nous racontant le quotidien de ses habitants, Murielle Szac nous entraîne au plus près d'une population rurale où se côtoyaient en bonne entente des chrétiens, des juifs et des musulmans.

Ainsi nous suivons la vie de nombreux personnages vivant sur cette île, dont Rebecca, une musicienne juive, Petros, un photographe polonais, Ariadni, une employée de maison chrétienne. Comme avec une caméra qui changerait de champ, chaque petit morceau de vie d'un habitant de l'île reprend sur la fin de celui d'un autre personnage. le récit continue alors sous un angle différent et les vies se croisent sans parfois même se rencontrer.

L'écriture de Murielle Szac est fine et sensible, et le savant tricotage de toutes ces petites histoires qu'elle fait vivre sous nos yeux, fait de ce roman, un récit parfois complexe mais toujours d'une profonde humanité.

La Crète a payé un lourd tribut à la folie destructrice du 3ème Reich et qu'ils soient juifs, résistants ou partisans, ses habitants en défendant leur liberté (en grec : Eleftheria) ont vu se concentrer sur leur île, la persécution nazie que vivait l'Europe envahie.

Un roman émouvant et joliment écrit qui rend hommage au peuple crétois en nous offrant ce témoignage immersif essentiel.



Merci à Cultura et aux éditions Emmanuelle Collas pour ce roman de la rentrée littéraire 2022.
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Eleftheria

Roman choral qui nous emmène en Crête pendant la seconde guerre mondiale.

A travers le récit de différents personnages, c’est une plongée dans le quotidien de l’île occupée par les italiens puis par les allemands.

Je connaissais peu l’histoire de cette île et c’est une très belle découverte, très poignante.
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Eleftheria

Elefteria, (Liberté! ) un titre qui intrigue, un sous-titre, le roman bouleversant de la Crète sous l'occupation nazie, qui est tout un programme et une couverture magnifique : je n'ai pas résisté à l'envie de lire ce roman et je m'en félicite.

Certes, c'est un roman choral qui décrit la vie en Crète au moment où la guerre gronde et la liberté va être menacée, et comme souvent il est difficile au début de suivre les différents personnages.

Mais ensuite la magie opère. Ce roman est empreint d'une grande poésie. On est transporté en Crète. J'ai senti les parfums, la chaleur, revu des paysages...L'émotion prend à la gorge.

Vraiment, ce roman est un beau coup de coeur.

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Eleftheria

Ce livre m’à attirée déjà par son titre, mystérieux aupremierabord, que j’ai découvert en le lisant, puis par sa première page de couverture, qui reflète bien l’esprit de libert, le souffle qui animé ce livre.

Ce roman historique retrace une période de l’histoire de la Crête fort méconnue, celle se deroulant de1941 à 1944, lors du conflit mondial contre les forces de l’axe et particulièrement les forces allemandes.

Jusque-là, la Crête était une île, où il faisait bon vivre, où lesdifferentes populations se côtoyaient en bonne intelligence, quelque soient leur religion. On assisté même à des histoires d’amour et des mariages entre les différentes communautés À partir de l’invasion aérienne de l’Allemagne , la communauté juive assez conséquente va connaître les affres de l’ostracisme et de la persécution ensuite.

Ce roman est écrit de façon vivante ,réaliste et sensible. Originalement présenté, chaque chapitre porte le nom d’un site de l’île et nous la fait découvrir en nous relatant le parcours des différents personnages qui la peuplent et qui vont se retrouver confrontés à leur destinée : choisir de se battre ou fuir, résister ou collaborer? Pourchacun le mot liberté, titre du roman , va prendre tout son sens, et ne peut manquer de nous interroger sur ce que nous aurions fait à leur place.
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Eleftheria

« Eleftheria » nous emmène au nord de la Crète au début de la seconde guerre mondiale. Pour la communauté juive de l’île, la vie continue tant bien que mal malgré la guerre et une menace qui se rapprochent de plus en plus. Jusqu’au matin du 20 mai 1941, lorsque l’Allemagne envahit la Crète. Vient alors l’heure des choix : faut-il fuir ou rester, résister ou se cacher ? C’est l’heure de savoir si l’on est libre de choisir son destin.



« Eleftheria » déboussole un peu de prime abord avec de multiples personnages et beaucoup de changements de points de vue. Néanmoins, une fois tout le monde situé à l’échelle de l’île, le lecteur se laisse facilement happer par l’intrigue. L’étau se resserre petit à petit autour de la population juive. Cette guerre qui paraissait relativement lointaine malgré même l’occupation allemande, va se faire de plus en plus menaçante et meurtrière. C’est dans ce cadre pour le moins difficile que se déroule la quête de liberté qui anime les personnages, cette volonté de pouvoir faire ses choix et les assumer en dépit des conséquences éventuelles. Le livre est superbement écrit. Le rendu est magnifique. Le récit est fluide avec une intégration des dialogues dans le récit pour constituer un seul biais narratif formant un ensemble très cohérent.



Un roman lumineux et passionnant à ne pas rater.
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Eleftheria

Lire "Eleftheria" de Murielle Szac a été une expérience. Son style d'écriture est captivant et il est facile de tomber amoureux de chaque personnage. Il est rare qu'un livre me fasse pleurer, mais Szac a réussi à le faire avec sa narration.



Ce à quoi je ne m'attendais pas, c'est à quel point j'allais apprendre sur l'histoire de la Crète pendant cette période.
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Eleftheria

De l’attaque de Mussolini en 1940 à l’invasion allemande de 1941, ce roman choral retrace l’invasion de la Crête et les luttes pour la liberté au sein des villages et des communautés crétoises. Liberté des règles sociales, mixité, émancipation… Un vent de rébellion souffle sur celle ile. Car ils ne se connaissent pas et pourtant tous vivront le même drame. Leurs chemins se croiseront et ils s’entraideront peut être. Juifs, fascistes , communistes, chrétiens, photographe, soldats, homme ou femme. Qu’importe. Ils sont crétois et tentent de survivre à l’invasion allemande et aux coups bas de certains habitants.



J’ai été assez surprise par la présentation des dialogues qui se fondent dans les parties narratives. Néanmoins je m’y suis très rapidement habituée et me suis laissée emportée par ce roman très instructif. Tour à tour solaire et sombre, ce roman choral nous transmet cette faim de liberté et cette rage de résister. Chaque rencontre, chaque lutte, contribue à tisser sous nos yeux ébahis la toile de cette invasion. J’ai appris énormément de choses sur la Crête et sur son invasion, dont je n’avais pas entendu parler en cours d’histoire. L’autrice raconte avec habileté ce pan méconnu de l’histoire et redonne vie à des personnes braves et fortes, qui jusqu’à la dernière minute ont lutté par amour ou par conviction.



Ce fut une belle découverte grâce au prix du roman Fnac 2022!
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Eleftheria

Crète, 1940. Rebecca célèbre Rosh Hashana sur la plage avec tous les Juifs de Chania. Cette année-là, chacun est stressé par la guerre qui pourrait atteindre l'île. Alors on se détend en cancanant sur Stella qui est fiancée à un chrétien.



Puis vient le 28 octobre, le jour du non : le dictateur Metaxas refuse l'ultimatum de Mussolini qui veut occuper la Grèce. La Terre des Dieux entre en guerre.



Le 20 mai 1941, la Crète est attaquée par les airs. La résistance crétoise se met immédiatement en place, mais comme ailleurs, certains préfèrent collaborer. C'est le cas de Nikos, propriétaire du Tanaïs, qui assure le ravitaillement des Allemands par la mer. D'autres personnages s'interrogent, comme ce photographe polonais qui ne sait à quel sein se vouer pour rester libre. Car la quête de chacun tient en un mot : Eleftheria, liberté. Rester, partir, se signaler, se cacher, s'engager, saboter. Peut-on réellement choisir ?

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Voici un roman qui met en avant des victimes qui ont toutes un lien entre elles. Certaines sont crétoises et juives, d'autres crétoises et chrétiennes, d'autres sont des étrangers sans volonté de nuire. Mais toutes animent et aiment la Crète, des petits villages aux grandes villes. Murielle Szac a choisi le roman choral pour nous faire rencontrer tout un petit monde qui gravite de Chania à Héraklion, de Kournas à Keramia (carte de l'île fournie).



J'ai été touchée par de très belles amitiés, de grandes valeurs, mais aussi par des familles tourmentées, des individus en quête d'identité.



J'ai été marquée par les horreurs de la guerre, même si aucune description n'est crue, et par les incroyables victoires alliées, grâce à l'aide infiniment précieuse de la résistance.



Je ne vous en dis pas plus pour ne pas dévoiler l'histoire, ou plutôt l'Histoire, mais ce roman, bâti sur de solides connaissances de la période, est extrêmement enrichissant : l'autrice met en lumière des événements peu connus, tout en tissant des portraits psychologiques très différents les uns des autres. Un magnifique roman qui invite au questionnement et qui a sa place dans ce que nous nommons "le devoir de mémoire".
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