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Critiques de Myriam Chirousse (122)
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L’Homme au perroquet vert

Notre héros vit avec sa mère dans la petite misère. Lorsqu'elle décède, c'est à lui de gagner sa croûte et payer le loyer. Il tombe amoureux. Elle tombe enceinte. Ils veulent fuir : il a une idée mais elle tourne au vinaigre. Pour les amateurs de p'tite histoire gentillette, qui n'apporte pas grand chose si ce n'est un conte bien servi, par une écriture agréable. D'autant plus gentillet quand on devine la fin, par je ne sais quel indice que j'ai dû choper malencontreusement au passage.
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L’Homme au perroquet vert

« Parce qu'il faut beaucoup grandir dans sa tête pour être libre de ses actes. Et encore, certains ne le sont jamais. »

Cette phrase résume, à mon sens, le dilemme d'André, le jeune orphelin, personnage central du roman qui rêve de sortir du destin misérable que le sort lui a dévolu mais, « André ne savait pas comment brûler sa misère. »



Sous la plume de l'auteur André observe la société et se dévalue lui-même justifiant ainsi la spirale de malheur dont il ne parviendra jamais à sortir.



Le roman explore la question du déterminisme social mais aussi du rôle de l'éducation sans toutefois, et c'est là son intérêt, minimiser le rôle de l'individu.



André attribue en effet la réussite des autres et par conséquence son incapacité à s'en sortir à une loi qu'il ne pourra jamais infléchir.



Il rêve. Et dans son rêve revient ce souvenir d'enfance « (…) les bâches étoilées des roulottes s'arrêtant dans le soir ; (…) les animaux énigmatiques (…) ce gros oiseau vert qui le scrutait de ses petits yeux noirs (…) avait ouvert son bec crochu et lancé d'une voix grêle : « Libertà Liberte libertààà… »



Ce rêve va le maintenir en vie. le pousser vers Maître Simon le forgeron, le rendre audacieux pour conquérir la fille du porteur d'eau, Suzanne…mais après comme elle le lui dit : « Mais il ne suffit pas de se marier…De quoi allons nous vivre ? Qu'allons-nous devenir ? »



Sans détenir ni les codes ni les clés de la mécanique sociale André va tenter, à sa façon, de sortir du cycle dans lequel il s'enferme lui-même. Mais, y parviendra-t-il ?



À l'image des personnages qu'elle a imaginé dans ses romans précédent, le sanglier et La paupière du jour, Myriam Chirousse glisse son écriture dans la peau des personnages et parvient à faire vivre au lecteur les dilemmes dans lesquels ils se débattent.



Outre ce talent à faire vivre le lecteur à l'unisson des personnages, l'écriture de Myriam Chirousse atteint des sommets lorsqu'elle laisse libre court au narrateur dont la parole vient en contrepoint de la fragilité et de l'impuissance des raisonnements d'André.



Lorsque le forgeron décide d'apprendre à André à s'occuper du feu : « Cependant maître Simon eut tôt fait de lui montrer que le feu est un animal dont il convient tout à la fois de museler la voracité et d'attiser la gourmandise, dont l'appétit se modère par la nature même de l'aliment qui le le nourrit, la quantité et la fréquence des becquée données à l'oisillon flamboyant - en court, il s'agit là d'un art, sinon d'une science d'initiés. »



L'épilogue laisse le lecteur à ses interrogations en lui demandant de choisir en se posant la question et si j'étais André ?

Un livre dont je recommande la lecture.



Merci à Babelio et à Buchet-Chastel pour ce magnifique cadeau dans le cadre d'un Masse Critique privilégiée
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La paupière du jour

« La vie, pendant l'hiver, désertait le feuillage pour se retrancher dans l'obscurité des racines… »

« Mais, petit à petit, les souvenirs se fatiguent. »

C'est pour des phrases comme celles-ci que j'adore les romans de Myriam Chirousse.

Des observations fines et précises, de la nature, du milieu ambiant, des personnages, qui donnent au récit la coloration de la réalité.

Cendrine est rentrée dans l'hiver de sa vie. Elle ne peut tourner la page du meurtre de son futur mari lors du braquage d'une bijouterie, et cherche à se venger lorsqu'elle apprend que Benjamin Lucas, le braqueur vient de sortir de prison et s'est réfugié, selon tout vraisemblance dans l'arrière-pays niçois, à Barjouls, village dont il est natif.

La paupière du jour est le récit d'une chasse à l'homme dont les dommages collatéraux finiront par atteindre la chasseuse.

Rencontre de deux mondes dont le destin est de ne jamais se croiser. Cendrine la bordelaise débarque à Barjouls sous de faux prétextes, elle est censée être une botaniste chargée d'identifier la flore de la région.

La population de Barjouls, des vieux, des chasseurs, une aubergiste, un maire et sa secrétaire, mais aussi une Norvégienne éprise de la région, un couple gay retiré dans l'arrière-pays et Hugo le vendeur d'oeufs qui est là pour échapper à l'apocalypse qu'il prétend devoir intervenir au cours de l'année.

L'arrivée de Cendrine, en même temps qu'elle interroge cette population paisible ne demandant rien à personne, va faire resurgir des cadavres du placard, mais pas ceux qu'elle attend.

Qui était vraiment Benjamin Lucas, vit-il dans la région après sa sortie de prison, quels liens a-t-il encore avec les habitants de Barjouls ? Ces derniers pourraient-ils être responsables du braquage de la bijouterie Tellier ? L'Inca, ce vieux chasseur solitaire en saurait-il plus qu'il ne veut bien l'avouer ?

Cendrine n'a pas tenu compte de l'adage évangélique « avant de regarder la paille qu'il y a dans l'oeil de ton voisin, regarde la poutre qui est dans le tien » ; elle va préjuger des secrets bien gardés de ce village, qui ne la concerne en rien et que les habitants n'ont pas envie de partager avec quiconque en les mesurant à l'aune du sien. Chacun sait qu'il vaut mieux de ne pas exhumer les cadavres des placards d'autrui quand soi-même on en a un dans le sien…

Une chose est sûre, son propre malheur n'est jamais le plus grand comparé à celui des autres. C'est la leçon que Cendrine va recevoir des habitants de Barjouls.

« La simple complexité de la vie » comme écrit Myriam Chirousse.

Découverte à l'occasion d'une masse critique qui m'avait attribué son roman le sanglier que j'avais beaucoup apprécié, j'ai trouvé autant de plaisir à la lecture de la paupière du jour.

Une auteure qui vaut le détour.


Lien : https://camalonga.wordpress...
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Miel et vin

« Pour ceux de l’autre côté du monde, il faut que je dise tout ce qui ne sera peut-être pas. Tout ce que je sais, ici, au fond du ventre de ma mère. » (p. 8)



Ainsi s’ouvre un récit étrange dont les premières pages oscillent entre conte noir et roman gothique. Dans un château de Dordogne, on dit que l’enfant qui vient de naître est le fils du diable. Quiconque s’approche de lui est maudit ou voué à souffrir, voire à mourir. En grandissant, le garçon bâtard deviendra pourtant Charles d’Éperay, héritier du domaine.



À quelques lieues, une enfant perdue est recueillie par la noble famille de Montherlant. Judith grandit auprès d’une mère aimante et d’un oncle inventeur un peu loufoque. Rien ne semble devoir ébranler son existence. Jusqu’au jour des noces de sa sœur, quand son regard croise celui d’un jeune homme sombre, aux yeux noirs comme l’enfer. Entre Charles et Judith, l’amour est une passion immédiate, un bûcher aveugle. « Cette folie-là était sa salvation, leur salvation à tous les deux, lui le bâtard et elle l’enfant de personne, la perdue. » (p. 187)



Au même moment, c’est la France tout entière qui s’ébroue. Le peuple a demandé des États généraux : ils finiront dans le sang, la Bastille sera prise, les têtes tomberont. Au milieu du tumulte qui soulève le pays, Judith et Charles se retrouvent, se séparent, s’aiment et se haïssent. « Il aurait dû savoir dès cet instant que sa révolution n’était pas celle qui retentissait à grands coups de canon de l’autre côté de la porte de bois. » (p. 417) Mais il faudra du temps pour apaiser les cœurs et les esprits. « La vie peut-être un océan noir d’amères désolations, mais il peut aussi y avoir, au milieu des vagues sombres, des terres bénies où serpentent des fleuves de miel et de vin. » (p. 542)



Myriam Chirousse offre un roman plein d’une sensualité sauvage. Charles d’Éperay est un héros sombre qui n’est pas sans rappeler le ténébreux Heathcliff d’Emily Brontë. Pétri de violence depuis son enfance blessée, il déborde de hargne et de vindicte amère. Pour lui, la Révolution est l’occasion de prendre une revanche sur toute la souffrance qu’on lui a infligée : « Dans les ténèbres qui s’annonçaient, il deviendrait le bras de l’égalité, l’archange vengeur de la République. » (p. 258) À l’inverse, Judith se présente comme un être lumineux, tendu vers la vie et l’espoir. Je la trouvais insignifiante jusqu’à ce qu’elle devienne mère et un peu louve. Le choc entre ces deux personnages ne pouvait être que brutal. Mais détrompez-vous, Miel et vin n’est pas une romance historique à la sauce Harlequin, c’est bien davantage.



L’auteure peint à plaisir et avec talent le Périgord, région dont je garde quelques souvenirs très forts après des vacances en famille. La construction du récit n’est pas spécialement originale, mais le suspense est haletant dès la première page, quand l’enfant à naître prend la parole. L’enfant narrateur intervient parfois dans le récit : alors qu’il prophétise sur les existences futures de ses parents, on sent aussi qu’il risque à tout moment de lâcher de prise, de disparaître avant même d’être né. Myriam Chirousse maîtrise l’art de la prétérition et a su nouer un mystère simple, mais fracassant.



Bref, c’est un roman très réussi, palpitant et sur lequel il y a beaucoup à dire.

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Une ombre au tableau

Jolie couverture dans les tons ocre et turquoise, titre accrocheur, résumé qui sent bon l’été… très bonne première impression. Je ne connais pas l’auteure, ni les éditions Buchet Chastel, je me lance, je plonge (c’est le terme approprié !). En effet, la piscine sera le fil conducteur de ce roman.

Grégoire Delgado, jeune quarantenaire, conseiller bancaire ambitieux et sa femme Mélissa, ostéopathe et portée sur la mythologie hindoue, emménagent dans une des somptueuses villas d’une résidence privée, dominant le massif de l’Esterel. Le tableau serait parfait si ce n’est que le mari a  omis  de dire à son épouse que le petit garçon des anciens propriétaires, du même âge que le leur (4 ans), s’est noyé dans la piscine de leur nouvelle propriété. Très vite, Melissa trouve que la maison dégage de mauvaises ondes et se sent oppressée.

Le récit est lent, il s’étire dans les mots comme un été chaud et long en Côte d’Azur. Il n’y a pas de rebondissements ni de retournements de situations à chaque page ; l’auteur installe une ambiance. Une ambiance contrastée, voire malsaine. Comme un peintre impressionniste, elle pose le cadre de son histoire touche par touche.

L’écriture est belle, le rythme nonchalant, les pages se tournent toutes seules mais l’histoire manque de profondeur. J’attendais quelque chose, un final qui n’est jamais venu. C’est dommage…

Lecture agréable mais je reste sur ma fin.

Merci aux équipes Babelio et aux éditions Buchet Chastel de m’avoir donné l’opportunité de découvrir Myriam Chirousse.

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Une ombre au tableau

En deux pages, c'est plié : un soir d'été, sur les hauteurs de Cannes, alors que les invités à une garden-party dégustent une coupe de champagne en parlant de choses et d'autres, un gamin de trois ans tombe discrètement dans la piscine. Personne ne le voit ni ne l'entend. Les bulles de champagne continuent de claquer contre les palais, les petits fours fondent sur les langues tandis qu'un petit air frais adoucit délicatement l'atmosphère. Un vrai paradis… avant l'enfer.

Très vite la maison est mise en vente et en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, elle est vendue. La raison ? Un prix inférieur à celui du marché…

Grégoire Delgado, Greg pour les intimes, employé de banque, déjeune justement avec un client, Stéphane Ogier, agent immobilier. C'est lui qui lui propose la maison de ses rêves dans une résidence privée. Une affaire incroyable et qui va se vendre comme un p'tit pain sortant du four. Bien sûr, il y a l'histoire du môme noyé mais bon, et alors ? On ne va pas en faire tout un plat ! Pour Greg, pas de problème, il a une revanche sociale à prendre et la montre un peu chère qu'il arbore ostensiblement à son poignet, ce n'est pas suffisant.

Donc pour lui, cette histoire de noyade, c'est du passé, en revanche il ne faut pas que sa femme le sache. En effet, Melissa, ostéopathe, est plutôt du genre à sentir les choses, les ondes positives et négatives, si vous voyez ce que je veux dire. Les énergies qui circulent ou pas. Feng shui et compagnie... Elle a voyagé en Inde, est à l'écoute de son corps et de celui des autres, aime le yoga et la méditation. Alors lui avouer qu'un enfant s'est noyé dans la piscine revient tout bonnement à renoncer à ce projet. D'autant qu'un enfant, justement, ils en ont un et... il a précisément l'âge de celui qui s'est noyé…

Inutile de vous dire que vous n'êtes pas près de poser ce thriller psychologique dont l'atmosphère particulièrement étouffante vous saisira à la gorge. Car très vite, on sent, comme le dit un des personnages, qu'il y a un loup dans la bergerie. Melissa mesure chaque jour, tétanisée, son angoisse galopante et se sent vite prisonnière de sa jolie prison dorée. Mais le danger vient-il forcément d'où on l'attend ?

Entre l'installation dans la nouvelle maison, la découverte des nouveaux voisins, la chaleur de cet été caniculaire et les incendies qui font rage sur les hauteurs de Cannes, le couple Delgado n'est pas au bout de ses peines… Un monde nouveau s'offre à eux, un monde de champagne, de jacuzzi, de homards et… de piscine…

Le bonheur ?

Tout dépend de la façon dont on voit les choses… Le soleil a ses zones d'ombre… Encore faut-il ne pas être trop aveuglé...

L'atmosphère pesante et malsaine de ce roman est particulièrement bien rendue par l'écriture ciselée de Myriam Chirousse. Sa construction, tel un trompe-l'oeil, égare, surprend et plonge dans le doute un lecteur qui finalement ne se trouvait pas si mal au bord de la piscine. Pas facile d'être jeté hors de sa zone de confort… Mais l'on y fait de belles découvertes et ce roman en est une, à n'en pas douter !
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Miel et vin

Je viens de terminer « Miel et Vin » et j’en suis enivrée plus sûrement -et c’est dire- que si j’avais étanché ma soif dans trois bouteilles de sauternes et presque autant que si Brangien m’avait fait avaler de son vin herbé. Enivrée, envoutée par Myriam Chirousse et sa plume ample, chatoyante, sensuelle, de miel et de vin, de sang et de soleil aussi.

Et en même temps, pouvait-il en être autrement ? Plus que tout, j’aime les romans sombres et un peu vertigineux, presque gothiques, historiques, intenses et bien écrits surtout. Plus que tout, j’aime les sagas un peu fleuves et feuilletonnesque comme le XIX° ème siècle savait si bien les écrire et les personnages complexes, excessifs. De ces personnages qu’on aime qu’au creux de la fiction.

Et puis, il y a longtemps que je n’avais pas succombé aux sirènes du roman historique, au point que cela me manquait. Sceller ces retrouvailles avec « Miel et Vin » fut à cet égard une idée géniale, d’autant plus géniale que née du hasard puisque c’est ce dernier qui m’a conduite à l’ouvrage.

Bien sûr que tout n’y est pas parfait, que le roman n’est pas exempt de maladresses ou de faiblesses, mais qu’importe : son souffle m’a emportée, bousculée, malmenée et j’y ai retrouvé tout ce que j’aime, j’y ai retrouvé Heathcliff, « Sambre », « Lady Oscar » et « Les Miroirs dans la boue ». Les « Chouans » aussi (ceux de Philippe de Broca, beaucoup moins ceux de mon cher Balzac). J’y ai retrouvé un contexte historique précis, bien traité et rigoureux ; des paysages à se damner ; des intrigues haletantes et une chute… une chute et un dénouement qui posent autant de questions qu’il apporte de réponses. J'y ai retrouvé également cette esthtique du conte qui m'est si chère, qui me fascine toujours tellement.



« Miel et Vin » commence en effet comme un conte gothique dans un château, joyau serti dans les paysages de la Dordogne, par la naissance d’un enfant maudit qui n'apporte autour de lui que mort et désolation. Enfin, c'est ce qu'on dit, c'est ce qu'ils disent tous.

Il se poursuit avec un incendie dont les flammes crèvent les ténèbres de la nuit Périgourdine et une enfant abandonnée « les yeux verts noyés de cheveux roux », farouche comme il se doit.

Le premier est un bâtard qui deviendra seigneur, Charles de l’Eperai, unique héritier d’un père cruel et triste, comme le sont toujours les rois solitaires des vieilles légendes. Brun, ténébreux, violent, le jeune homme emprunte beaucoup au personnage de Heathcliff qui hante autant qu’il éclaire « Les Hauts de Hurlevent ».

La seconde sera élevée par une famille de nobliaux qui lui donnera un prénom et le nom de ses ancêtres. Judith de Montherlant grandira libre et curieuse, mal-aimée par un père adoptif revêche mais adorée par un oncle humaniste et éclairé, inventeur à ses heures perdues, toujours savant, toujours rêveur.

C’est au cours d’une noce triste et funèbre que Judith et Charles se rencontrent et tombent amoureux, d’une passion qui n’existe que dans les romans, fulgurante, incandescente et comme souvent voire toujours, cet amour là est proscrit ou malvenu.

Son temps n’est pas encore venu, et qui peut dire quand il viendra ? Alors Judith en épouse un autre et Charles disparait, malgré le désir, l'amour qui ne dit pas son nom et le feu qui couve.



Cela n’aurait pu être qu’une intrigue amoureuse un peu banale, le récit d’une passion meurtrie à la sauce Brontë, Sand et Musset mais cela aurait été sans compter sur la maîtrise et l’ambition de Myriam Chirousse qui jette ses personnages au cœur de l’Histoire : Judith et Charles se rencontrent à l’aube de la Révolution Française et du Périgord à Paris, de la prise de la Bastille à la Terreur, ils vont devoir en traverser tous les soubresauts, toutes les violences, tous les paradoxes.

A cet égard, je tiens à saluer le travail de l’auteure qui parvient à rendre limpide un contexte particulièrement riche et complexe sans éprouver le besoin de simplifier ou de nous faire un cours d’Histoire par volonté de se montrer exhaustive (ainsi, pas de défilé un peu artificiel de personnages historiques au cours des années parisiennes des personnages comme on aurait pu le craindre si ce n’est la rencontre entre Judith et Camille Desmoulins, ce qui m’a personnellement réjoui. Depuis que petite fille j’ai découvert « La Révolution Française » avec François Cluzet dans le rôle, j’ai une affection tendre et toute particulière pour ce personnage).

Le dosage entre Histoire et fiction est donc maîtrisé, pertinent, parfaitement géré et concourt vraiment à la réussite du roman, un vrai bon roman historique comme je les aime.

Quand le fracas de l’Histoire et l’Histoire elle-même épousent la littérature. Et quelle Histoire ! Il y a tant à raconter, à imaginer aussi avec la Révolution Française pétrie d’autant de grandeur et de clarté que de violences et de ténèbres.



Et puis la beauté des paysages du Périgord et de ce Paris d’avant Haussmann. Les ombres et les lumières, le clair-obscur des orages qui incendient le ciel et les bois.

Et puis la beauté de cette écriture, sensuelle, hypnotique, de cette syntaxe qui s’échappe en volutes lourdes de parfums et de couleurs. La maîtrise de la prétérition et celle de la narration, du jeu des points de vue. Et cette chute…

Et puis ces personnages : les yeux de braise de Charles, la poésie un peu bancale de Gaëtan et de Guillaume, la noblesse du vieil Eperai, le désespoir d’Hélène et la bienveillance de François.



Alors certes, il reste Judith que j’ai trouvé moins complexe et dont l’évolution manque de profondeur ainsi que des ellipses maladroites, voire malheureuses ; des questions sans réponses et des silences illogiques qui nuisent à la clarté ou à la cohérence du propos mais c’est peu de choses en réalité face à l’ampleur de « Miel et Vin », face aussi à mon plaisir de lectrice envoutée.



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Une ombre au tableau

Roman reçu par le biais d'une masse critique. Merci aux éditions Buchet-Chastel et à Babelio pour l'envoi de ce livre. Le titre, le résumé, la couverture, tout me tentait. Il se lit très très rapidement.

L'auteur sait très bien planter un décor : un couple de trentenaires Greg et Melissa vient d'acheter une villa près de Nice, avec piscine et à un prix très attractif. La raison de ce prix c'est que l'enfant des propriétaires précédents s'est noyé à 4 ans dans cette piscine. Greg choisit de ne rien dire à Melissa. Petit à petit, le couple va s'habituer à la vie luxueuse qui règne dans ce hameau pour riches. Ils vont sympathiser avec la responsable de la copropriété, avec un couple de voisins.

Ce qui m'a gênée dans ce roman, c'est le manque de profondeur des personnages, ils sont presque réduits à des stéréotypes : Greg est un homme ambitieux, prêt à tout pour réussir financièrement et montrer qu'il a réussi (il collectionne les montres de luxe). Melissa semble avoir plus de profondeur et de complexité car elle cache certains secrets. Mais ce roman manque d'action, une sorte de malaise pèse sur cette maison, autour de la piscine, on sent qu'il se passe des choses un peu malhonnêtes et mystérieuses mais on reste trop dans le non-dit. Il manque un petit quelque chose pour que ce soit un bon roman, je suis restée sur ma faim. Mais c'est juste mon avis !
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L’Homme au perroquet vert

Ce roman tendre et poétique a des allures de conte.

André vient d'enterrer sa mère et vit dans la misère. C'est le forgeron boiteux du village, dont tous les enfants se moquent, qui lui propose du travail pour survivre. André aime en secret la belle Suzanne, la fille du porteur d'eau, mais comme il n'est rien, son père n'acceptera jamais leur mariage. Alors André rêve de s'enfuir, sur les traces d'un cirque croisé quand il était enfant et dont il croit se souvenir que le perroquet vert répétait "libertà libertà". Mais au-delà de la forêt, dans son manoir, se trouve la vieille femme cruelle et acariâtre chez qui la mère d'André a servi toute sa vie. Elle est veuve et ses deux fils sont morts à la guerre. Depuis ce lieu mystérieux où les ombres chuchotent, où un trésor est peut-être caché, le destin des personnages est scellé. Et, comme la roue à aube du moulin dans l'appentis duquel vit André, la roue de la fortune s'attache à ses bottes dépareillées et s'emballe sous les orages d'été.

Cette lecture est une belle surprise avec juste ce qu'il faut de tristesse et d'émerveillement pour l'équilibrer. Je remercie les éditions Buchet et Chastel pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
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La paupière du jour

Une jeune femme vient s'installer dans un petit village, une botaniste venue recenser les plantes de ce coin de montagne dans le sud est de la France, mais qui en réalité cherche à se venger suite à l'assassinat de son fiancé 18 ans plus tôt ... Le meurtrier libéré de prison est de retour dans son village. Ce hameau n'est que superstition, rancœurs, secrets de famille . Cendrine va mener son enquête tranquillement et le lecteur suit ses pas à travers les ruelles et les sentiers de montagne.

Une belle histoire, un pavé qui se lit très facilement, quelques longueurs, une lecture détente.
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L’Homme au perroquet vert

L'Homme au perroquet vert de Myriam Chirousse, Buchet Chastel, 2024



1920. Alors que les ravages de la Grande Guerre tourmentent encore les mémoires, André, 18 ans, enterre sa mère emportée par la maladie.

Sans le sou, désormais sans famille, il refuse la vie médiocre à laquelle il se croit promis. Tenté par l'aventure dans les terres lointaines d'Amazonie, il doit pourtant travailler aux côtés du forgeron du village pour gagner sa vie.



Le souvenir métaphorique et récurent d'un avenir possible, celui d'un cirque ambulant, de passage au village, et d'un « auguste saltimbanque, vêtu d'une veste rouge à galons torsadés, un oiseau vert sur l'épaule » …

Une histoire d'amour : André tombe amoureux de la fille du porteur d'eau, une belle rousse au regard vert…

Une histoire de haine et de rancoeur : la mère d'André était servante au manoir de la famille Jourdan, exploitée toute sa vie, et le récit est jalonné de réminiscences du passé. En outre, pourquoi donc la vieille chatelaine semble-t-elle autant mépriser André ?

Une histoire d'ambition : comment sortir de la misère ? Comment poursuivre ses rêves ? Comment, surtout, André pourrait-il devenir aussi riche que les Jourdan ?

Tiraillé entre ses aspirations et ses moyens limités, poussé par des sentiments contradictoires, animé par une idée fixe, André sera prêt à tout pour tordre le cou au destin...



Un roman subtilement écrit où les choses se mettent en place lentement, mais inexorablement.

Une intrigue plutôt simple servie par une narration à la fois poétique et factuelle, une galerie de personnages complexes sous des dehors stéréotypées, des situations typiques revisitées avec originalité.

Personnellement, j'ai eu du mal à m'attacher au héros principal, à sa personnalité bornée, en boucle sur les mêmes problématiques de vie médiocre, mais j'ai été particulièrement conquise par le forgeron qui l'embauche.

Un dénouement en apothéose autour de l'ironie de la destinée, une fin qui garde quelques zones d'ombre.

Un format court (200 pages), condensé, stylisé…



J'ai vraiment apprécié la manière dont Myriam Chirousse raconte des évènements en apparence simples avec un style fluide, facile à lire et, en même temps, percutant, allégorique. Elle a un vrai don de conteuse pour renverser la situation, nous surprendre après nous avoir baladés.



Je mets les autres livres de Myriam Chirousse dans mes intentions de lecture.


Lien : https://www.facebook.com/pir..
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L’Homme au perroquet vert

André arrache la pelle des mains des fossoyeurs et rebouche lui-même la tombe de sa mère.

Il est seul désormais, ses chaussures lui font mal, l’une est trop grande, l’autre trop petite. Les bonnes sœurs avaient attaché ensemble deux chaussures de pointure différente.

Son travail chez Simon, le forgeron dont tout le monde se moque, lui laisse le loisir de rêver au perroquet vert aperçu le jour où un cirque avait fait escale au village.

Il rêve André, il rêve à l’Amazonie où il aimerait partir retrouver le perroquet.

Ce roman est un petit bijou de délicatesse, plein de poésie, triste mais plein d’espoir.

L’écriture soignée, la beauté des mots m’ont transportée dans le monde du bonheur littéraire.

Pour celà, je remercie vivement NetGalley et les Editions Buchet-Chastel.



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Une ombre au tableau

Une lecture toute en douceur et une belle écriture, poétique, pour ce petit roman qui donne un avant-goût d’été… L’atmosphère est bien décrite, on se sent "plombé" par la chaleur, attiré par la piscine au milieu du parc de la copropriété où Greg et Mélissa viennent d’emménager avec leur petit garçon.



Pas de secret dévoilé comme le laissait penser la quatrième de couverture, pas de révélations, de rebondissements… Le rythme est lent avec quelques retours dans le passé (soit celui de Greg, soit celui de Mélissa), juste quelques semaines de leur vie qui nous sont contées, pas de secrets ou de drames qui viendraient mettre à mal le jeune couple.



A quelques reprises, l’auteure nous apporte une information nouvelle, nous laissant croire qu’il va enfin se passer quelque chose, mais rien ne suit l’évènement et ça retombe comme un soufflé : Greg qui cache à sa femme qu’un enfant du même âge que le leur s’est noyé dans la piscine, une soirée particulière chez leurs voisins, et ce que cache Mélissa . Je n’ai pas vu d’ombre au tableau, juste celles des pins du parc sous la chaleur écrasante…



Ce roman a été rapide à lire, pourtant il ne m’a pas enthousiasmée. Je suis restée sur un sentiment d’inachevé… Cependant, grâce à Babelio et aux éditions Buchey-Chastel que je remercie, j’ai découvert une auteure qui a une très belle plume.

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Une ombre au tableau

C'est un petit livre délicieusement écrit que Masse Critique de Babelio et les éditions Buchet-Chastel m'ont fait découvrir.



Une ombre au tableau est le quatrième roman de Myriam Chirousse qui situe l'intrigue sur cette Côte d'Azur qu'elle connaît bien, nous plongeant dans la vie de quelques privilégiés, malgré le drame qui ouvre son propos.

Greg Delgado, employé de banque aux dents longues, a été séduit par une proposition d'achat d'une superbe maison, la maison de ses rêves, une opportunité incroyable, à ne pas laisser passer. Bon, il suffit de ne pas parler de ce qui coûta la vie à l'enfant des propriétaires précédents, dans la piscine du Clos des Collines, un ensemble de huit maisons : « Il y avait quelque chose d'irréel dans ce lieu, une somptuosité délibérément fabriquée, une sale intention. »

Tout se complique vite car l'agent immobilier qui a proposé l'affaire, Stéphane Ogier, est un ex-amant de Mélissa, l'épouse de Greg… de plus, l'enfant du couple, Clément, a 4 ans, le même âge que la pauvre victime, noyée dans la piscine. Pour emporter l'adhésion de sa femme, Greg ne mentionne pas l'accident et ils s'installent dans ce lieu apparemment idyllique.

Une confusion sourde, comme un voyage mal préparé, une lèpre rampante, c'est ce que ressent Mélissa dans ce lieu nouveau pour elle. Entre alors en jeu une certaine Edith Colonna qui invite chaque année tous les habitants de la copropriété à une garden-party. C'est là que Greg et Mélissa rencontrent Fabrizio et Diane que l'auteure présente ainsi : « Elle était incroyablement belle à la lueur de la flamme. Elle avait un visage fin au menton lutin, des lèvres pulpeuses comme des quartiers de pamplemousse, les yeux en amande des bas-reliefs égyptiens… »

Myriam Chirousse plonge son lecteur dans la psychologie de ses personnages, revient sur l'enfance de Mélissa et Greg, fait poser beaucoup de questions, angoisse juste ce qu'il faut dans cette ville de Cannes qui voit avancer un incendie gigantesque dans le massif de l'Estérel, en pleine canicule estivale.

J'oubliais de préciser que Mélissa est ostéopathe et que Greg travaille dans une banque et que quelques personnes sont très intéressées par ses services. L'écriture douce et captivante de Myriam Chirousse m'a vraiment fait passer un très bon moment se terminant par une séance de yoga destinée à nous faire savourer avant tout le moment présent, ce que nous oublions souvent de faire, hélas.


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L’Homme au perroquet vert

André est un jeune garçon de presque 18 ans dont la vie est dure. Il a déjà enterré son père, un être assez limité intellectuellement et porté sur l'alcool, et vient de perdre sa mère. Elle le laisse miséreux, dans un logis insalubre et surtout, très seul. En cette année 1920, trouver un emploi est compliqué pour André. Il ne rêve que d'aventure, et pour lui cela signifie un départ en Amazonie. Il trouve à s'embaucher chez le forgeron du village, mais cela suffit à peine à payer son loyer misérable. Son histoire d'amour avec une jeune fille du village va l'obliger à prendre tous les risques pour construire une nouvelle vie.

J'ai beaucoup aimé ce roman. Les personnages sont très bien décrits, surtout André et ses rêves de vengeance et d'évasion. L'intrigue est très prenante et l'atmosphère de cette année 1920 se ressent bien. Je suivrai les futurs romans de cette autrice avec grand plaisir.
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Une ombre au tableau

Une ombre au tableau - Myriam Chirousse



En lisant les premières pages j’ai été enthousiasmée, je mes suis dit voilà un petit roman noir, avec peut-être une toute petite pointe de fantastique...



Eh bien pas du tout, j’ai vraiment été déçu par ce roman. Il ne se passe rien.

On suit les petits problèmes existentiels de gens qui ont de l’argent, qui se préoccupent uniquement de leurs petites personnes et de comment ils peuvent profiter des autres et que cela leur rapporte.



Il n’y a pas du tout d’action, c’est plat, je n’y ai pas trouvé d’intérêt.



Je ne connaissais pas du tout l’auteur et cette première approche m’a vraiment déçue.



Je remercie Babelio, masse critique et les éditions Buchet-Chastel.



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Une ombre au tableau

Un roman reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique édité par Buchet-Chastel dont l'exigence de qualité est bien connue, cela ne se refuse pas et même on dit merci !

Sauf que...ce court roman qui se lit en une soirée est décevant .

L'histoire est simple. Un jeune cadre dynamique achète une belle maison dans une copropriété avec piscine à un prix bradé car l'enfant des vendeurs s'y est récemment noyé et les parents éplorés se sont empressés de quitter les lieux qui ont été le théâtre de ce drame atroce.

Bien sûr l'acheteur, Greg, ne dit rien à sa femme, Melissa car le couple a un petit garçon de l'âge de l'enfant noyé.

Bien que le cadre soit enchanteur, l'ambiance est plutôt glauque, les voisins un peu trop envahissants, la responsable de la copropriété, l'énigmatique Edith un peu trop puissante et ses relations un peu trop douteuses ...

Le couple formé par Greg et Melissa se délite comme si cette maison et cette piscine fascinante et dangereuse exerçait une influence pernicieuse sur eux... tromperie, compromissions, l'histoire s'arrête avant que le lecteur n'en apprenne plus.

C'est peut-être cela qui manque, la profondeur qui fait qu'un récit plus long aurait permis de distiller l'angoisse, de travailler les personnages pour les rendre plus attachants, d'exploiter leurs ambiguïtés...

Au lieu de cela, on a une description des menus servis dans les restos chics de Cannes . Dommage !

Ce livre me parait être un produit de consommation courante pour un été paresseux, à lire au bord d'une piscine bien sûr ...Mais que les parents inquiets se rassurent : on reste dans le domaine de la fiction et les consignes draconiennes en vigueur en France depuis déjà un certain temps ont contraint les propriétaires de piscine à mettre en sécurité leur installation pour éviter la survenance de drames tels que celui qui est au centre du roman.
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Une ombre au tableau

Une ombre au tableau le nouveau roman de Myriam Chirousse proposé dans le cadre de Masse Critique m’avait séduit par son thème. Hélas je me suis vite ennuyé à la lecture de ce court roman. Peu de fond dans cette histoire banale où les personnages, s’ils semblent intéressants au départ, tournent vite en rond. On attend en vain que l’histoire démarre mais on reste bloqué dans une histoire de couple qui n’évite pas les clichés. Le style est cependant agréable mais ne suffit pas à faire de ce livre un bon roman. Dommage.

Merci à Babélio et aux éditions Buchet Chastel pour pour l’envoi de ce roman.
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La paupière du jour

Roman lu dans le cadre de masse critique.



C’est le premier roman de Myriam Chirousse que je lis, et, j’avoue avoir été agréablement surprise par ma lecture.



L’intrigue, aux multiples rebondissements, relate une « sombre » histoire de vengeance, menée d’une main de maître par l’auteur, au travers de la figure emblématique de son héroine, Cendrine Gerfaut.

Au fil des pages, cette dernière se dévoile petit à petit, et, on découvre ainsi un personnage à la fois fort, fragile, sensible ainsi qu’au caractère bien trempé menant avec obstination son enquête dans un petit village perdu, au fin fond des montagnes provençales, «bouffé » par la haine, la jalousie et « autres cancans malveillants » sur les uns et les autres.



Un polar que j’ai eu du mal à lâcher tant j’étais curieuse ainsi qu’impatiente de connaître le dénouement.

En ce qui me concerne, je recommande volontiers ce roman qui devrait plaire aux plus grand nombre !!

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L’Homme au perroquet vert

André a 18 ans. La grande guerre s’est terminée voici 2 ans, charriant avec elle ses lots de morts. Dans le cimetière, André fixe bouche bée le caveau ouvert tandis que le fossoyeur jette des pelletées de terre sur le cadavre de sa mère ; une mauvaise toux, pas d’argent pour la soigner et aucune plainte de sa part ; les mots ravalés jusqu’au bout. Que reste-t-il à André maintenant qu’il est orphelin ? Il lui faut un travail, lui qui est sans le sou. Il aimerait tant avoir la fortune des Jourdan, ces bourgeois chez qui sa mère a usé sa santé sa vie durant ; il aimerait tant partir ailleurs faire fortune, en Amazonie où vivent ces perroquets verts dont il a aperçu un jour un spécimen. Mais les rêves ont le goût de la bile quand ils se heurtent au réel…



« L’Homme au perroquet vert » est un roman écrit par Myriam Chirousse. J’ai pu le lire grâce à une opération spéciale de Masse critique. C’est un beau roman, captivant, bien construit et bien écrit, qui se lit d’une traite.



Découpé en 16 chapitres plus un épilogue, le roman déploie progressivement sa trame narrative adoptant le point de vue d’André et celui, tout d’abord, de ses chaussures, dépareillées et qui le font souffrir. Tout entier dans sa douleur de la perte et du deuil, il peine à relever la tête et puis, peu à peu, il se met en chemin, en quête d’un travail, dans ce village où tous le méprisent, parce qu’il est pauvre et qu’il est issu de l’union de deux êtres à la lignée inconnue ; des parents tout aussi dépareillés que ses godillots. Le jeune homme connaît si peu de la vie que l’on est touché par sa naïveté et les élans pulsionnels qui l’animent. Sa route croise celle de la fille du porteur d’eau, Suzanne, la belle et désirable jeune femme. Au contact de son travail auprès du forgeron, son corps s’étoffe, se muscle et s’affine, tout autant que ses désirs et ses projets d’ailleurs.



L’auteure sait conter les histoires, de celles qui captivent, d’un bout à l’autre, qui émeuvent au plus profond. Ses descriptions sont amples, belles et puissantes, emplies de métaphores où les paysages du dehors se fondent dans ceux du plus profond de soi, où l’éclosion des nuits se mêle à la part sombre de chacun : « De retour au logis, André ferma les volets, tira les rideaux, se claquemura. Ignorant le jour pâle, il fit tomber la nuit de son cœur dans la masure où il allait, désormais, vivre seul. » Les mots enrobent le réel d’une aura douce, tout en faisant claquer sa dureté dans des formules sèches.



Et l’on suit le chemin tortueux que prend André, espérant un ailleurs, un revirement dans ces ténèbres qui se densifient. Quand vient la fin, l’épilogue de ces 200 pages, on a le sentiment d’une conclusion par trop rapide, qui ne livre pas tout, ou bien trop d’un coup ; une sorte d’entourloupe du destin, ponctuée d’un rire énorme, ce monstrueux éclat de rire qui secoue André pendant de longues minutes. En bref, une histoire puissante, belle et captivante, mais dont la fin aurait mérité un peu plus de pages, ou, en tous cas, une ellipse plus explicite.



Je tiens à remercier Babelio et les éditions Buchet/Chastel pour cette belle occasion de lecture.
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