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Citations de Nadejda Mandelstam (73)


Dans la composition d’un poème, il y a quelque chose de voisin de la remémoration de ce qui n’a encore jamais été dit. Qu’est-ce que la recherche du « mot perdu » (« J’ai oublié le mot que je voulais dire et, telle une hirondelle aveugle, je reviendrais dans la demeure des ombres ») sinon une tentative pour se rappeler ce qui n’a pas encore vu le jour?
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A présent, ma maîtrise de moi-même et mon esprit de discipline se sont affaiblis ; c'est pourquoi j'écris ces pages, bien qu'on nous ait expliqué comment il fallait se souvenir de ces années-là. La seule forme autorisée de souvenirs consiste à montrer que dans n'importe quelles conditions, l'homme reste fidèle aux idées du communisme et sait distinguer le principal - notre but final - des facteurs secondaires tels que sa propre vie ruinée.
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Avant-propos de la traductrice, Sophie Benech

- "Le Requiem", magnifique cycle de poèmes donnant la parole à tout un peuple, n'a été publié en Russie qu'en 1987, et un grand nombre de ses vers écrits depuis les années 30 ne sont parus dans son pays que dans les années 90.
Mais jusqu'à la fin des années 80, jusqu'à la perestroïka, l'oeuvre d'Anna Akhmatova a toujours continué à vivre et à circuler clandestinement à travers l'URSS.(p.25)
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J'ai été frappée par l'intonation déchirante de cette petite poétesse[sylvia plath] qui s'est suicidée quelque part en Angleterre: elle avait compris qu'il faut payer de sa peau chaque miette de joie.
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J'ai été tel un fleuve,
Détournée de mon cours par un temps sans pitié.
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L'homme ne parvient à sa maturité que dans la période où il commence à prendre conscience qu'il est responsable de tout ce qui se passe dans le monde.
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Nous vivons sans sentir sous nos pieds le pays ,
Nos paroles à dix pas ne sont même plus ouïes ,
Et là ou s'engage un début d'entretien ,
Là , on se rappelle le montagnard du Kremlin .

Ses gros doigts sont comme des vers ,
Ses mots comme des quintaux lourds sont précis ,
Ses moustaches narguent comme des cafards
Et tout le haut de ses bottes luit .

Une bande de sbires au cou grêle tourne autour de lui
Et des services de ces ombres d'humains il se réjouit .
L'un siffle , l'un miaule , l'autre gémit
Seul lui désigne et punit .

Or , de décret en décret , comme des fers , il forge,
A qui au ventre , au front , à qui à l'œil .
Pour lui , toute exécution est une fête ,
Il est grand l'appétit de l'Ossète .
___________________________

En m'enlevant les mers , et l'envol et l'élan ,
Pour mettre sous mes pieds le sol et la contrainte ,
Qu'avez vous obtenu ? Un résultat brillant :
Ces lèvres qui remuent , sont hors de votre atteinte .




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Lorsqu'on se sait condamné, on n'a même plus peur. La peur, c'est une lueur d'espoir, c'est la volonté de vivre, c'est l'affirmation de soi. C'est un sentiment profondément européen. Il est né du respect de soi, de la conscience de sa propre valeur, de ses droits, de ses besoins et de ses désirs. L'homme se cramponne à ce qui fait sa personnalité et craint de la perdre. La peur et l'espoir sont liés. En perdant l'espoir, nous cessons également d'avoir peur : nous n'avons rien à défendre.
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( *A propos de l'enterrement d'Anna Akhmatova)

Le directeur du cimetière de Komarovo avait fini par céder à condition qu'aucun service religieux ne soit célébré sur la tombe.Si vivre, chez nous est difficile et presque impossible, mourir n'est pas facile non plus. Même ce dernier chemin est compliqué par les milliers d'ordres et de décrets, sans parler du fait qu'un cercueil est presque une denrée déficitaire. ( p.50)
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Un poème n'est ni un récit ni un compte rendu. Le lecteur y atteint la profondeur dont il est capable.
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J'adore la civilisation et l'eau courante, mais je m'en suis passée toute ma vie durant.
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En m'enlevant les mers , et l'envol et l'élan ,
Pour mettre sous mes pieds le sol et la contrainte ,
Qu'avez vous obtenu ? Un résultat brillant :
Ces lèvres qui remuent , sont hors de votre atteinte .
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C'est la lecture passive qui a rendu possible de tout temps la propagande des idéaux vulgaires et la consommation massive des vérités toutes faites bien polies.
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Rien ne lie autant que la complicité dans le crime : plus il y avait de personnes salies, compromises, impliquées dans des « affaires », plus il y avait de traîtres, de mouchards et de délateurs, et plus le régime avait de partisans souhaitant qu'il dure des millénaires... Et quand tout le monde connaît ces procédés, c'et la société elle-même qui perd ses moyens de communiquer, les liens s'affaiblissent entre les gens, chacun se terre dans son coin et se tait, d'où un avantage inappréciable pour les autorités.
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Akhmatova entretenait des relations profondément personnelles avec une quantité inouie de gens (quand on a eu cessé de risquer la prison pour être ami avec elle), et elle se regardait en eux comme dans un miroir, on aurait dit qu'elle cherchait son reflet dans leurs pupilles. Ce n'est pas du tout de l'égocentrisme mais, là aussi, un don supérieur de l'âme, car elle s'offrait elle-même à chacun de ses amis en toute générosité, elle vivait en eux comme dans des miroirs, elle cherchait en eux l'écho de ses pensées et de ses sentiments. C'est pourquoi, au fond, peu importe à qui sont adresses ses vers, ce qui compte, c'est elle-même, qui reste toujours immuable, se déployant toujours selon ses propres lois intérieures.

p. 89.
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L'opinion des autres est contagieuse. C'est une infection aigüe. Mais pourquoi parler des altérations qui déforment l'image qu'on se fait d'une personne ? Tous les événements historiques nous parviennent modifiés par les déformations particulières avec lesquelles ils se sont reflétés dans la conscience des contemporains.Les faits sont façonnés par les notions ( les conventions) qui prédominent dans une société, ils s'adaptent aux idées communes qui rendent les gens sourds.( p.63)
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Lorsque tous les peuples s'engageront sur la même voie que nous, ils apprendront que la liberté, c'est la conscience de la nécessité.
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A.A. s'étonnait toujours du manque de rigueur des gens, de la façon dont ils déforment les faits dans leurs récits, des altérations qu'ils font subir aux événements qu'ils relatent. Elle exerçait son intelligence en essayant de découvrir les lois générales qui régissent ces déformations et ces altérations. Elle décortiquait chaque récit et chaque commérage, elle en isolait les ingrédients et mettait en évidence les éléments sur lesquels se construisent toutes sortes de dérives par rapport à la vérité.
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L'inertie du mal est trop puissante et les forces du bien sont faibles et passives.
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Nous vivions dans le royaume des mots privés de signification, morts, par lesquels on étourdissait le peuple.
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