AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nadine Gordimer (89)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Personne pour m'accompagner

Ce n’est pas le meilleur roman de Nadine Gordimer, écrivain sud-africaine, prix Nobel de Littérature 1991.

Mais après deux recueils de nouvelles, j’avais envie de me plonger dans un texte plus long, plus étoffé, dans lequel on puisse s’évader et « habiter » le temps de la lecture.



Et ce fut le cas. Pendant quelques jours, j’ai partagé la vie de Mme Véra Stark, une avocate blanche en Afrique du Sud. Elle travaille pour une Fondation qui défend les personnes noires déplacées, avant et après l’Apartheid. Cette question des Homeland, township, fermes, squats, … ces batailles pour un bout de terre et une cabane en tôle est un combat récurrent dans le roman. J’ai trouvé cette question très bien traitée et intéressante.

En parallèle, on suit les relations de Mme Stark avec ses collègues et/ou amis noirs. C’est très bien décrit, très subtil, Nadine Gordimer ne fait pas d’amalgame et décrit très bien comment chacun voit l’autre.

Parmi ces amis, il y a un couple de militants, d’exilés, qui reviennent au pays après l’Apartheid. Quel est leur accueil au pays ? Sont-ils attendus ? Auront-ils une place parmi les décideurs politiques, anciens membres, comme eux, du Mouvement ? Et surtout, pourront-ils bénéficier d’un logement décent alors qu’ils ont sacrifié leur vie pour la cause ?

C’est un roman très riche, qui couvre beaucoup de sujets. Il aborde également la violence qui peut s’abattre aléatoirement, pour un vol de voiture ou d’une montre.

Enfin, Nadine Gordimer fait une très bonne étude de la psychologie de Vera Stark, une femme volontaire et autonome. Elle raconte sa vie amoureuse, sa relation avec son mari et ses enfants, ses infidélités, son incompréhension devant le choix de sa fille de vivre avec une femme. Là aussi, l’auteur couvre tout un panel d’évènements et de situations avec talent.

Commenter  J’apprécie          50
Un amant de fortune

Un très bon roman de Nadine Gordimer, Sud-Africaine, prix Nobel de Littérature 1991.



C'est l'histoire d'une jeune femme sud-africaine, blanche, aisée mais en rupture de ban avec ses parents divorcés, qui tombe amoureuse d'un jeune émigré musulman d'origine étrangère, probablement d'un pays du sud-ouest de l'Afrique. Il est sans papier et sous menace d'expulsion. Elle décidera de l'épouser et de retourner au village avec lui, où elle rencontre toute sa famille. Petit à petit, elle va s'intégrer, alors que lui ne rêve que de quitter son pays et d'émigrer.



L'écriture est très plaisante et le roman est passionnant car la relation entre Juliet et Abdou (Ibrahim de son vrai nom) n'est pas évidente. Il y a beaucoup d'incompréhension. On suit avec grand intérêt l'évolution de leur relation et de leurs projets à tous les deux.



J'ai beaucoup aimé ce roman, intelligent, sensible, qui décrit bien la psychologie des personnages, en particulier de Juliet, et qui nous fait découvrir par ailleurs la vie des femmes dans un village Africain perdu au milieu de nulle part.





Commenter  J’apprécie          50
Vivre à présent

Ce roman de 2012 a été écrit par la prix Nobel sud-Africaine de 1991, Nadine Gordimer, vers la fin de sa vie.



A travers la vie d'une couple mixte, Steve et Jabulile, qui ont combattu l'apartheid dans la clandestinité quand ils étaient jeunes gens, l'auteur aborde les changements que la fin de l'apartheid a apporté au pays, et plus particulièrement à ce couple. En effet, Steve et Jabulile se marient, s'installent, achètent une maison, travaillent tous les deux, font des enfants qui deviennent des adolescents dans un pays toujours pas stabilisé où la corruption et les inégalités sociales entraînent de nouvelles violences. Steve et Jabulile préparent alors leur émigration vers l'Australie.



J'ai bien aimé la première partie du livre où l'on découvre la nouvelle vie de Steve et Jabulile, ainsi que leurs réflexions sur leur nouvel environnement. J'ai bien aimé aussi les voir se confronter aux questions d'éducations de leurs deux enfants dans ce pays difficile.



Par contre, la deuxième partie du livre s'enlise beaucoup dans les affaires politiques et la préparation de nouvelles élections. J'ai trouvé cela moins intéressant.



Commenter  J’apprécie          50
Le safari de votre vie et autres nouvelles

J’ai découvert Nadine Gordimer il y a bien longtemps, grâce à un article dans Courrier International, je crois, et j’ai aimé chacun des romans que j’ai lus d’elle, même s’ils sont encore peu nombreux. Cette fois, je découvre ses nouvelles. Les trois ou quatre premières sont très dures, beaucoup plus dures que ce à quoi je m’attendais de la part de cette autrice, elles me sont restées sur l’estomac au sens propre du terme. J’ai vraiment eu du mal à les digérer, mais elles disent ce qu’elles ont à dire, et elles le disent avec une force qui n’épargne pas le lecteur, un peu qui si la réalité nous sautait à la gorge, sans le filtre habituel et rassurant que les pages de papier mettent entre le lecteur confortablement installé dans son nid douillet et la sombre vérité de ce que l’auteur décrit.

Si les nouvelles suivantes ont été plus faciles à lire, c’est un patchwork désespéré que Nadine Gordimer tisse avec les nouvelles de ce livre. L’image qui apparaît peu à peu n’est pas seulement celle d’un pays divisé, et ce malgré la fin de l’apartheid, c’est celle d’un pays où l’on ne se comprend pas. Les Blancs ne comprennent pas les Noirs, les Noirs ne comprennent pas les Blancs, les nouveaux migrants ne comprennent pas le pays, le pays ne comprend pas ces nouveaux arrivants, les pauvres et les riches ne se comprennent pas, et ce au-delà de la question de la couleur. Non, personne ne comprend l’autre, d’où il vient, les stigmates qu’il porte, les blessures non refermées, l’irrationalité apparente de ses réactions. Même au sein d’un couple, l’incompréhension règne, alors qu’attendre au sein d’un peuple.

Je n’aime pas trop la photo de la couverture de mon édition, avec le sourire factice de ces deux mannequins, mais peut-être que c’est une bonne représentation de l’Afrique du Sud post-apartheid, des personnes ni toutes blanches ni toutes noires (probablement autant physiquement qu’intérieurement), avec un sourire de façade, mais un profond désarroi en-dedans. Voilà donc un très bon opus de cette grande autrice d’Afrique du Sud, qui a vu son pays évoluer, sortir de ce régime que l’on croyait porteur de tous les maux, mais dont la disparition n’a finalement pas résolu grand-chose. Nadime Gordimer a été au chevet de son pays gangrené par l’apartheid, puis elle a contemplé les espoirs d’une nation réunifiée s’effilocher peu à peu à l’épreuve du quotidien. Ce livre est poignant, il témoigne des désillusions de l’après d’un combat homérique enfin gagné. Il fait mal au cœur et à l’âme. Il n’apporte pas de solution, il ne juge pas, il constate et l’on constate avec lui, et l’on pense à ce titre d’Alan Paton, [Pleure, ô pays bien-aimé] car l’apartheid est du passé, mais l’Afrique du Sud n’a pas fini de pleurer.
Commenter  J’apprécie          54
Les saisons de la vie

Première chose à préciser concernant ce gros volume de nouvelles de la grande Dame sud-africaine : tout les textes publiés ici l’ont déjà été dans divers recueils. Pas d’inédits donc, mais une anthologie qui balaye un demi-siècle d’écriture et d’histoire. Un volume de poids, matériellement et à la lecture. Les nouvelles y sont éditées par ordre chronologique mais on peut regretter que les dates de publication ne soient pas plus mises en évidence (il faut aller les rechercher dans les indications des sources en fin de volume). Avouons aussi qu’un petit rappel sur les évènements que traversait l’Afrique du Sud en parallèle aurait été tout aussi appréciable, tout le monde n’ayant pas en tête le dernier demi-siècle d’histoire de ce pays. Voilà pour les regrets concernant l’édition.



Un recueil que nous avons trouvé par ailleurs bien inégal, avec des nouvelles hélas parfois un peu trop longues et bavardes. Il y a, pour votre serviteur en lectures, quelques perles mais hélas aussi de la lourdeur qui fait que l’on peine à venir au bout de cet énorme recueil qui jette souvent un regard ironiquement et paradoxalement désespérant sur l’histoire qu’a traversée ce pays et cette nation. On y découvre que les blancs, Afrikaners ou autres, ne peuvent qu’afficher leur intérêt et leur sensibilité, leur attention à la réalité vécue par les non-blancs (africains ou indiens), mais qu’une certaine méfiance et une certaine incompréhension ne disparaissent jamais tout à fait, faisant courir un certain malaise, une ombre sur les militantismes – affichés ou discrets – qui peuvent toujours être suspectés de calculs, d’économie de la bonne conscience.



Certaines pages nous sortent totalement du contexte sud-africain pour nous parler plus directement de l’humain et de ses difficiles relations à ses semblables (comme dans cette lettre du père, sorte de droit de réponse du père à la lettre au père de Kafka).



La diversité de forme et de fond des différentes nouvelles (certaine sont de vraies short stories, éliptiques et percutantes) montre la large palette de l’auteur emblématique de la littérature Sud Africaine en ces temps où s’imposait – avec plus de complicités et d’indifférence qu’on ne le dira par la suite – puis s’effaçait l’un des régimes socio-politique les plus détestable du XXe siècle.



Malgré certaines longueurs ou lourdeurs, on découvre une sensibilité littéraire et la réalité de l’histoire (celle avec un grand H comme celle avec un petit h) d’une nation dont les mythologies ont sans doute bien masqué la réalité et faussé nos représentations. Mais pour découvrir Nadine Gordimer, grande figure littéraire et politique, prix Nobel 1991, il sera peut-être plus judicieux de commencer par ses romans.
Lien : http://filsdelectures.fr/blo..
Commenter  J’apprécie          50
Un amant de fortune

Il est parti, elle est restée. Choc des cultures, miroir aux alouettes des pays riches, l'auteur trace ici un portrait acide de notre monde des faux-semblants. C'est une oeuvre intéressante, à défaut d'être vraiment forte, portée par un style "coulant" comme le temps qui passe
Commenter  J’apprécie          50
L'arme domestique

Le titre, déjà, est une énigme, qui sera levé au deux tiers du roman : comment une arme, telle un animal, peut-elle être domestique ? Dans cette Afrique du Sud qui sort tout juste de l'Apartheid (nous sommes en 1996), la violence est omniprésente, pas un jour sans qu'un ou plusieurs meurtres ne soient annoncé à la radio. Les deux personnages principaux, Harald et Claudia sont cepandant bien à l'abri de cette violence, dans la résidence ultra-sécurisée dans laquelle leur réussite sociale (il est arrivé à un échelon élevé dans une compagnie d'assurance, elle est médecin) leur a permis de déménager. Sauf que l'impensable se produit : leur fils unique Duncan est arrêté pour meurtre.

L'intrigue qui suit est épurée à l'extrême. Pas de rebondissements tortueux : Duncan reconnaît avoir tué son ami, qui avait une liaison avec sa petite amie, il est emprisonné et attend son jugement, qui aura lieu dans la deuxième partie du roman. Nadine Gordimer se concentre alors sur Harald et Claudia. Ils ne sont plus des conjoints, ils sont un père, une mère dont le fils a ôté la vie à un homme en dépit de l'éducation qu'il a reçue. Leur vie quotidienne devient transparente, pour ne plus se concentrer que sur les visites au parloir et les rendez-vous avec l'avocat.

Harald, fervent croyant, et Claudia, athée, ne vont cesser de s'interroger et d'être interrogés. La situation met cruellement en lumière ce qui les unit toujours et des différences qui ont, pensent-ils un temps, créer des failles dans l'éducation de leur fils, comme si s'attribuer une partie de la culpabilité pouvait le sauver. Nadine Gordimer refuse les clichés : s'ils vivent leur douleur à leur manière, chacun de leur côté, ils ne se déchirent pas. ne se séparent pas, leur attachement sincère et leur années de vie commune leur permettent de comprendre que, si leurs réactions sont différentes, ils n'en regardent pas moins dans la même direction.

Surtout, ils ouvrent les yeux sur leur choix, dans un pays où certains ont pris des risques pour leurs opinions. Oui, ils étaient contre l'Apartheid - en principe, tout bas - mais ils ont appliqué les règles. Ils n'ont pas combattu pour que les inégalités cessent, en dépit de leur foi (Harald) ou de leur certitude sur l'égalité entre les blancs et les noirs (Claudia) mais l'évolution de la société permettra peut-être de sauver leur fils.

Cette évolution passe par un débat contre la peine de mort - Harald analyse avec une lucidité rare le pourquoi de son soudain intérêt pour la question, puisque cette violence faite sur l'homme par l'Etat menace directement leur fils. Elle passe aussi par la découverte que l'homme qu'a tué Duncan était son ancien amant, renforçant ainsi leur sentiment qu'ils ne connaissaient que peu de choses sur la vie de leur fils unique. Elle passe encore par le fait que le meilleur défenseur est un avocat noir, doué, très doué, comme il le démontrera dans son habileté à mener interrogatoires et contre-interrogatoires, comme dans son acharnement à mener à bien sa tâche auprès des parents. Surpris d'abord par certaines stratégies, force leur est de se ranger à son avis.

La seconde partie prend une forme plus classique, si j'ose dire, elle est presque un roman de procès plutôt qu'un procès inclus dans un roman. Duncan a peu la parole, car il n'est pas véritablement le centre du combat. Le centre, c'est plutôt Nathalie, la jeune femme qui a tout déclanché, et qui elle non plus n'est pas un personnage conventionnel. Elle aurait pu être entourée d'un aura romanesque (Duncan lui a sauvé la vie), elle est un être bien réel, dont chacun des actes est une protestation contre ce retour forcée à la vie. Elle reprend son destin en main, d'une manière qui pourrait choquer, pourtant je ne peux que ressentir de l'empathie pour cette jeune femme, non parce qu'elle a été en détesse, à un moment antérieur au récit, mais parce qu'elle n'a que faire de se comporter comme on s'attendrait à ce qu'elle se comporte, non par esprit de contradiction, mais parce que ses actes sont en accord avec ce qu'elle ressent.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
Commenter  J’apprécie          50
L'arme domestique

Excellent roman psychologique de l’auteur Sud-Africaine Nadine Gordimer, prix Nobel de littérature 1991.



Le roman se déroule en 1996, après la fin de l’Apartheid. Une jeune homme, prénommé Duncan, est accusé de meurtre, et sa défense est confiée à un ténor noir du Barreau, Hamilton MotsamaÏ. Le roman s’attache à décrire pas à pas les réactions des parents de Duncan, un couple brillant et sans problème, à partir du moment fatidique de l’accusation. C’est un cataclysme qui s’abat sur eux. Leur fils est-il coupable ou non ? que faut-il faire ? comment se comporter face à lui ? et devant son avocat ? Sont-ils responsables en partie de ce qui a pu arriver ? Leur désarroi est longuement disséqué par l’auteur. Ils agissent comme des somnambules. Le travail de l’avocat suit son cours, toutes les ramifications juridiques sont expliquées avec brio par l’auteur, jusqu’à la plaidoirie finale.



C’est vraiment un excellent roman psychologique que j’ai beaucoup apprécié. Les circonstances complexes du meurtre, les mœurs très libres de Duncan et de ses amis, les sentiments des parents, l’arrière-plan juridique et psychologique, la compétence de l’avocat : l’auteur maîtrise admirablement chacune des facettes de son roman, à la plus grande joie du lecteur.



Le titre « L’arme domestique » est la traduction de « The House Gun » et fait référence à l’arme du crime, un pistolet qui appartenait aux amis de Duncan.

Commenter  J’apprécie          40
Raconter des histoires

Avec une préférence pour les nouvelles suivantes: Les années de plomb, Ainsi va le vent, L'âne et le Bœuf, La mort d'un fils, Avoir été.
Commenter  J’apprécie          40
Vivre à présent

Pour Jabulile et Steve, il y a avant et après : avant la fin de l’apartheid et après. Elle, fille d’un directeur d’école réservée aux Noirs , et recteur de sa communauté religieuse, a pu aller étudier au Swaziland. Son père a contrevenu aux traditions pour permettre à sa fille d’étudier, et lui a fait transmettre des livres lorsqu’elle était en prison . Lui, jeune homme blanc engagé dans la lutte contre l’ apartheid en mettant ses connaissances de chimiste au service de l’ ANC, a du s’exiler au Swaziland pour éviter la répression. Entre les deux, l’amour, le combat commun , un mariage à l’époque interdit entre gens de couleurs différentes , donc la vie dans la clandestinité. En 1994, comment « vivre à présent » ? Dans une société qui n’interdit plus leur relation, mais où ce qui faisait la lutte commune n’apparaît plus comme évident, comment se situer ? D’abord un déménagement auprès de leurs amis de la lutte, dans un quartier petit bourgeois, le choix d’une école privée pour leur fils, l’entrée à l’université de Steve , le travail de Jabulile auprès du Justice Centre, pour aider les noirs analphabètes à accéder à la justice. Mais bien vite, ce sont les désillusions, les interrogations : le parti se déchire entre groupes rivaux, la corruption envahit la nouvelle administration jusqu’aux plus hautes sphères du gouvernement, les noirs qui accèdent aux classes moyenne et supérieure se comportent avec les plus pauvres comme les classes blanches le faisaient avec eux ou presque. Les violences faites aux noirs n’ont pas disparu comme plusieurs évènements dans des universités ou écoles mixtes le montrent. Le niveau d’inculture des enfants noirs leur rend difficile l’accès aux études supérieures et aux emplois correspondants. Le chômage et la violence s’accroissent… Le doute s’installe chez ceux qui ont consacré leur jeunesse au changement. « Qui aurait pu prévoir . Qu’on en arriverait-là » dit l’un d’entre- eux. « Le nouveau président , qui atteint des sommets de popularité aux yeux de l’homme du peuple, sera un président sur lequel pèsent soixante-douze chefs d’inculpation pour fraude et corruption ».

La tentation est grande pour le couple de partir pour protéger leurs enfants de cette société qui n’est pas celle dont ils ont rêvé et pour laquelle ils se sont battus. « Qu’est - ce qui explique la différence ente ne rien faire du tout et en être arrivé au point , bien malgré soi, où l’on reconnaît que ce en quoi on croyait, ce pour quoi on s’est battu n’a jamais été un tant soit peu appliqué- d’accord, ne pouvait l’être- en quinze années de gouvernement- et dégénère à présent de jour en jour. «

Ce roman pose aussi la question de l’identité, des identités : les rapports de Jabu et son père et sa famille, les relations de Steve à sa propre famille , un de ses frères décidant d’assumer leur origine juive ….

J'ai lu les romans d' André Brink avec passion et désir de voir s'effondrer le régime abominable de l' Apartheid. Dans un monde idéal , on aurait aimé une société pacifiée, égalitaire, harmonieuse. la réalité n'est pas celle-là. Tout reste à faire pour le peuple d' Afrique du Sud, pour que la promesse d'une vie meilleure se réalise .

Commenter  J’apprécie          40
Le conservateur

J'ai trouvé difficile au début d'entrer dans l'univers ségrégationniste et très masculin de cette immense ferme d'Afrique du Sud. Mais j'ai été emportée par la description grandiose, quasi hypnotique, de la Nature et des espaces agricoles, traversés par l'incendie, la sécheresse, l'inondation mais toujours renaissants. Mehring, le personnage central blanc, bien qu'étant un industriel “dans la fonte”, éprouve pour ces terres un amour sincère, au point de délaisser ses relations citadines pour passer peu à peu tout son temps dans sa ferme.

Toutefois Nadine Gordimer montre aussi un univers de secrets et de mensonges, dans lequel les hommes se mentent d'abord à eux-mêmes: “Jacobus me respecte”, pense le propriétaire de son régisseur noir; Jacobus, lui, pense qu'il “sait s'y prendre” avec son patron. Secret qui entoure le cadavre d'un homme noir trouvé dans le marécage, hâtivement recouvert par la police puis à nouveau émergé par l'inondation. On ne connaitra jamais son identité, mais il semble symboliser tout le peuple noir en prenant “possession de cette terre - la leur - il était un des leurs.”

J'ai été impressionnée également par l'exceptionnel talent de Nadine Gordimer pour écrire le monologue intérieur de Mehring, mêlant ce qu'il voit, ce qu'il se remémore (sa liaison avec une femme mariée aux visées politiques opposées) et de façon sous-jacente, ce qu'il craint.

La traduction d'Antoinette Roubichou-Stretz est d'une rare perfection.

Challenge Nobel
Commenter  J’apprécie          32
Récits de vies (1954-2008)

Je n'ai pas lu de fictions de Nadine GORDIMER. Mon intérêt pour "Récits de vies" est l'Afrique du Sud. Son témoignage sur 50 ans permet de mieux comprendre la complexité de ce grand pays multiculturel mais aussi d'une manière générale le continent africain.

En six parties - des années 50 à 2000, l'auteure raconte son engagement contre l'Apartheid, la censure, ses rencontres, le rôle des écrivains et des artistes. Elle dépeint la violence, les lois iniques contre les gens de couleur, la ségrégation raciale, la ghettoïsation, l'indifférence de certains de ses compatriotes, la peur. Mais aussi l'espérance en un Afrique du Sud unie quelque soit la couleur de peau, une identité commune, une éducation juste, une démocratie sociale partagée.

Nadine GORDIMER a obtenue le prix Nobel de littérature en 1991. Elle est décédée en 2014.

Commenter  J’apprécie          30
Vivre dans l'espoir et dans l'Histoire

Beaucoup de sensibilité, beaucoup d'intelligence.
Commenter  J’apprécie          30
Feu le monde bourgeois

Ce roman écrit en 1966 nous plonge dans l’Afrique du Sud des années 60. Liz Van den Sandts apprend le suicide de Max, son ex-mari. Une partie de l’histoire va revenir sur le parcours de ce fils de famille, tenté par le communisme, qui a milité pour l’égalité raciale avant de trahir ses compagnons.



Le roman évoque les prémices de l’ANC et la fin d’un monde, ça date un peu et cela a perdu de son acuité mais il reste une belle description de Liz, de ses rapports difficiles avec son fils Bobo et ou sa grand-mère sénile.



Je m’aperçois que c’est le premier livre de Nadine Gordimer dont je parle ici. Je n’ai pas lu grand chose, malgré son prix Nobel mais j’ai retrouvé dans ce livre le ton doux-amer de ses nouvelles, avec une critique parfois violente des blancs sud-africains.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
Commenter  J’apprécie          30
Un amant de fortune

« Un amant de fortune » Nadine Gordimer (Grasset, 343 pages)

Julie est jeune, indépendante, belle sans doute, blanche, fille d’une famille très aisée dont elle ne partage guère les valeurs et qu’elle a donc mise à distance. Abdou est jeune, beau sans doute, noir, de famille musulmane, certes diplômé dans son pays d’origine, mais immigré entré clandestinement dans ce pays riche, il fait le mécano sans papier. Ce pourrait être chez nous de nos jours, ça se passe en fait en Afrique du Sud, à la fin des années quatre-vingt-dix qui suivent la suppression légale ou formelle de l’apartheid. Autant dire que ces deux-là ne devaient pas se rencontrer. Ce pourrait être un roman à l’eau de rose, mais c’est Nadine Gordimer qui écrit, et qui évite ce piège. On prend la réalité de ce clandestin en pleine figure, les tentatives de régularisation désespérées, l’expulsion vers le très pauvre pays d’origine (la Namibie ?). Et l’amante le suit et l’épouse, et finit par trouver une place hésitante dans sa belle-famille pourtant si éloignée de ses racines. Et lui continue à faire des pieds et des mains pour trouver un eldorado qui le fasse sortir de son pays de misère.

Il y a une faiblesse gênante à la présentation du livre (qui tient peut-être à l’édition ?), c’est l’absence de guillemets et de tirets qui signalent les nombreux dialogues, d’autant que les choses sont présentées successivement du point de vue de la femme et de celui de l’homme, on s’y perd parfois lorsqu’on lit « je », il faut chercher pour comprendre qui parle.

Mais la force essentielle du livre tient à l’absence de manichéisme, à l’imprécision de la réalité des sentiments pourtant très intenses qui unissent les deux personnages, à l’ambiguïté maintenue ; car il y a du malentendu entre eux, né du fossé culturel et d’a priori différents sur les destinées possibles, et Nadine Gordimer se garde bien de trancher. Ce qui n’empêche pas une grande lucidité sur la complexité des rapports humains. Cette complexité des liens est très bien traduite par une écriture qui laisse ouverte des doutes, alors qu’elle se fait d’une précision quasi-chirurgicale lorsque l’auteur dépeint les milieux sociaux si différents dans lesquels évoluent les personnages.

Un roman fort, que j’ai avalé presque d’un traite.

Commenter  J’apprécie          32
Un amant de fortune

Extraordinaire et banale histoire d'amour, Magistral!
Commenter  J’apprécie          30
Personne pour m'accompagner

J’ai découvert Nadine Gordimer il y a longtemps, je crois par un article du Courrier International sur Ceux de July, un livre que j’avais trouvé intéressant bien que je ne m’en souvienne guère. C’est plus tard que j’ai vu qu’elle avait reçu le prix Nobel et que je me suis dit que je pourrais bien la relire. Au gré d’une vente d’occasion me voici avec ce livre, et c’est maintenant que j’écris cette note de lecture que je m’aperçois qu’elle est morte il y a seulement quelques mois et qu’il n’y aura donc plus de nouveaux livres de sa plume.



Pour un écrivain qui a combattu l’apartheid, la fin de ce régime a aussi été une remise en cause de ce qui faisait le terreau de son écriture, une perte de sa principale source d’inspiration. Ce livre marque ce moment pour Nadine Gordimer ; elle y évoque non plus la période de l’apartheid, mais cet entre-deux pendant lequel un nouveau système se met en place tandis que l’autre se défait peu à peu, du moins en surface. Pour aborder ce thème, elle se concentre sur le personnage de Véra Starck, une femme blanche dans la soixantaine, impliquée dans la lutte contre l’apartheid, mais pas jusqu’au point d’y sacrifier sa vie personnelle. Son pays est à un tournant, elle voit certains de ses amis noirs revenir d’exil, ses engagements prennent une autre direction. Et elle aussi est à un tournant de sa vie, faisant un bilan de sa vie de femme, voyant ses enfants construire à leur tour leur vie d’adulte, regardant avec lucidité ce que seront les années à venir pour elle.

J’ai aimé ce portrait de femme, bien que je sois encore bien loin de ces âges, mais peut-être l’apparition de quelques cheveux blancs et l’addition encore récente d’une génération de plus à la famille m’amènent-elles à me projeter plus dans ce futur où le passé est plus long que ce qui s’annonce devant. J’ai certes préféré, et de loin, Best love Rosie de Nuala O’Faolain, que j’ai lu il y a un peu moins d’un an, sur ce thème, mais Vera Starck, si elle m’est moins proche et si elle me paraît plus froide, plus cynique, plus égoïste surtout, m’a intéressée et j’ai aimé la suivre dans ces petits évènements de sa vie amoureuse et maritale, des évènements auxquels elle ne semble pas prendre part, qu’elle semble observer et, on finit par s’en apercevoir, qu’elle laisse arriver, si elle ne les provoque pas, tout à fait consciente de la signification de sa passivité apparente ou de son air de ne pas y toucher. Vera Starck n’est pas de ces personnes que j’aimerais compter parmi mes amis, mais sa capacité à assumer ce qu’elle est et à vivre selon ses envies forcent le respect.

Avec cela, je dois avouer que la transition politique en Afrique du Sud est un peu passée au second plan lors de ma lecture. Et peut-être aussi au second plan de l’écriture. Car « qui trop embrasse mal étreint » dit le proverbe, et il me semble que c’est un peu par là que pèche le livre. Entre réflexion sur l’âge mûr et transition politique, le livre s’éparpille un peu et, même s’il livre des informations et une vision intéressante sur cette période où la réalité de l’exercice du pouvoir commence à brouiller les lignes entre les bons et les méchants, il ne va peut-être pas assez loin dans l’analyse qu’il donne. Peut-être parce que Nadine Gordimer n’avait pas, en 1994 à la date de parution de ce livre, le recul suffisant pour faire de cette époque si récente une matière romanesque, peut-être parce que la vision qu’elle donne se trouve plus dans le parallèle entre un certain désenchantement d’une femme qui, du fait de son âge, perd ses illusions comme les militants des jours glorieux de la lutte anti-apartheid s’accommodent des réalités de la politique au quotidien.



En définitive, mais si ce livre a quelques défauts, il m’a permis de remettre les pieds sur le continent africain, moi qui lis bien peu de littérature africaine en comparaison de mes excursions sur d’autres continents. Je l’ai lu avec plaisir et intérêt et je sais que je continuerai, même si c’est à petites doses, à découvrir l’œuvre de cette auteure qui n’a cessé d’entremêler dans ses récits son amour pour son pays et la dénonciation de ses dysfonctionnements.
Commenter  J’apprécie          30
Personne pour m'accompagner

On retrouve dans cette œuvre Nadine Gordimer, avocate de formation, blanche de peau, activiste convaincue dans la lutte contre l'apartheid.

A travers ses personnages, on revit les grands moments de la lutte anti-raciale en Afrique du Sud dans la seconde moitié du 20e siècle ; sujet quelque peu oublié dans notre actualité.

Le livre évoque aussi les liens amicaux qui se sont tissés entre les "hommes de bonne volonté", Noirs ou Blancs qui ont permis de faire progresser une situation hautement dangereuse et insupportable.
Commenter  J’apprécie          30
Le conservateur

Un roman politique et militant peut-il être merveilleux? oui!
Commenter  J’apprécie          30
Un amant de fortune

L'écriture est difficile, comme l'histoire d'amour qui est au centre du roman - mais est-ce bien de l'amour, ou une combinaison de sentiments plus complexes qui pousse les deux héros l'un vers l'autre ? On ne sait pas bien ce qe recherche cette Blanche de bonne famille quand elle entreprend une liaison qui semble au départ sans lendemain avec ce travailleur immirgé en situation irrégulière. On cerne mal, de sa part à lui aussi, ce qui le pousse vers cette femme qu'il ira jusqu'à épouser et emmener dans son pays de désert et de chaleur lourde.

C'est un pays dont les ressortissants ne sont les bienvenus nulle part. C'est un pays où le temps passe lentement, aussi lentement que l'écriture du livre dont on tourne les pages écrasé par la lassitude et l'impuissance. Au bout du village il n'y a que le désert. Rien à faire, rien à attendre, rien à espérer que la fuite dans un autre pays qui enfin consentira à ouvrir ses frontières.

Alors Abdou cherche la terre qui accueillera leur errance. Il multiplie les démarches pendant que celle qu"il a ramenée du bout du monde, avec patience et sans bien savoir à quoi s'attendre, cherche, elle, où est sa place. Jusqu'à ce qu'il trouve. Jusqu'à ce qu'elle trouve.
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nadine Gordimer (378)Voir plus

Quiz Voir plus

Quand les aliments portent des noms insolites ou pas...

Les cheveux d'ange se mangent-ils ?

Oui
Non

10 questions
224 lecteurs ont répondu
Thèmes : nourriture , fruits et légumes , fromages , manger , bizarreCréer un quiz sur cet auteur

{* *}