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Critiques de Nancy Kress (229)
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Après la Chute

En Résumé : J’ai finalement passé un moment de lecture plutôt mitigé avec ce court roman, qui possède ses qualités et ses défauts, même si dans l’ensemble elle reste positive. L’histoire nous propose de suivre trois lignes de narrations différentes, oscillant entre SF, policier et scientifique offrant un récit montant en tension au fil des pages et offrant de nombreux mystères qui viennent titiller l’esprit du lecteur. L’univers développé se révèle solide, offrant une opposition plutôt attrayante entre le monde post-apocalyptique et le présent, le tout porté par une dizaine personnages humains qui ne manquent pas de potentiel. Dommage que le format court empêche de vraiment les développer ce qui est parfois frustrant. Je suis par contre sorti légèrement déçu de la conclusion dont une partie est facilement prévisible, qui m’a parue manquer de force et reste ouvertes sur de nombreux sujets, même pour moi qui aime ce genre de fin. Peut-être que dans un format plus long l’ensemble aurait été mieux réussi et dosé. La plume se révèle entraînante, captivante et prenante sachant happer rapidement le lecteur. Je lirai tout de même d’autres écrits de l’auteur, le potentiel étant clairement là, bien porté par un style efficace.





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Le Nexus du docteur Erdmann

Le docteur Henry Erdmann coule une fin de vie tranquille dans une maison de retraite américaine, bien loin de ses florissantes années de physicien travaillant pour son pays. Enfin, tranquille, c'est vite dit, puisque cette même maison de retraite est en proie aux malaises simultanés, de plus en plus étranges, de nombre de ses pensionnaires, le docteur en tête.



En une centaine de pages, nous aurons le brillant fin mot de cette histoire qui semble démarrer dans la décrépitude somme toute banale d'une maison de retraite, et qui nous emmène finalement dans les tréfonds du cerveau humain et de ses potentielles capacités, dans un univers hors du commun qui laissera à chaque pensionnaire le choix d'un destin auquel il ne s'attendait, indéniablement, pas - et moi non plus d'ailleurs. L'on suivra, de fait, chacun d'entre eux, jusqu'au dénouement qui nous est tout aussi brillamment amené que le reste.



Une superbe découverte, qui me donne de découvrir d'autres œuvres de Nancy Kress, et d'autres œuvres de la collection Une Heure-Lumière, après ma déconfiture Thomas Day du premier volume.
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Le Nexus du docteur Erdmann

Dans une maison de retraite plutôt modeste se déroule un incident d’abord isolé. Henry Erdmann, qui fût un brillant physicien – et qui donne encore des cours à des étudiants en prépa, à plus de quatre-vingt dix ans – expérimente ce qu’il pense, dans un premier temps, être des petits AVC. Sauf qu’ils ne laissent aucune séquelle et s’avèrent se produire aussi pour d’autres pensionnaires…

Une novella étincelante dans un registre de SF particulièrement délectable : la vie « ailleurs » qui se manifeste et la rationalisation scientifique. La plume de Nancy Kress est chaleureuse et donne corps à ses personnages, une réussite !
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La fontaine des âges

La Fontaine des âges est un court roman (103 pages) de Nancy Kress, lauréat du Prix Nebula 2008 et paru aux éditions du Belial' en 2021. L'histoire suit l'épopée de Max Feder, un homme de 86 ans, milliardaire désabusé, qui se lance à la recherche de son premier amour perdu, dans un univers SF déformé par la technologie.



On m'avait vanté les qualités artistiques de l'objet lui-même, et de sa fabuleuse couverture conçue par Aurélien Police. Dès les premières pages, le style incisif de l'auteur, auquel s'ajoutent les répliques caustiques du personnage, désenchantent néanmoins la lecture : on comprend assez vite que Max Feder est un « Gog » misanthrope et que son univers (malheureusement peu développé) n'est pas là pour « faire rêver ».



En effet, à la suite d'une mutation génétique rare (dont on comprendra, au fil des pages, qu'il s'agit-là d'un événement-clé), une entreprise de biotechs, LifeLong, est en capacité de régénérer les tissus de quelques favorisés (vivant dans des dômes aseptisés) pour améliorer leur condition physique ; ces derniers devenant « gelés » à l'âge où ils subissent l'opération ultime, appelée le « fameux traitement D ».



Mais, cette fontaine de jouvence vide les hommes de toute substance ; ces difformités génétiques dévorent le naturel, l'instinct, l'inattendu et... le passé.



Et, c'est là (la seule?) originalité de ce roman : une course contre / pour le passé, dont les « gitans » en seraient, avec quelques autres, les ultimes dépositaires. Je ne vous dévoilerai cependant pas le dénouement, qui m'a, personnellement déçue par son caractère convenu.



En résumé, ce livre est fait pour vous si vous aimez les courtes intrusions dans des univers, qui traitent, sans trop le dire, des dérives liées au transhumanisme, si vous n'êtes pas réfractaire aux personnages antipathiques, et si cette citation, empruntée à l'avant-dernière page, vous parle : « Quand vous ne désirez plus rien, c'est là que vous mourez ».



Merci à Babelio et aux éditions Belial' pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'Opération Masse Critique.
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Danses aériennes

Il est toujours étrange de débuter un recueil de nouvelles sur l'avertissement suivant "On se gardera de considérer le présent recueil comme reprenant le meilleur de son auteur..." !



Étrange n'est-ce pas ? Cela fait presque partir avec un a-priori négatif et nous fait débuter la lecture dans un drôle d'état d'esprit.



J'ai donc découvert 11 nouvelles de Nancy Kress, autrice d'un court roman que j'avais déjà lu "L'une dort, l'autre pas".



Effectivement, ces nouvelles sont assez différentes, et je ne les ai pas toutes appréciées. J'écris cet avis plusieurs semaines après ma lecture, et les titres des nouvelles ne m'évoquent déjà plus grand chose.



Cependant, la nouvelle "Evolution" a été très étrange à lire dans le contexte actuel du Covid-19. En effet, nous découvrons une société où plus personne n'ose aller à l'hôpital qui est devenu un nid à microbes mutants ! Des terroristes font même sauter le pont menant à l'hôpital et assassinent les médecins ! Brrr...



Je ne me vois pas vraiment donner mon avis sur chaque nouvelle, d'autant que mes souvenirs sont désormais assez flous, mais globalement, elles sont en général assez pessimistes sur les évolutions technologiques.
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L'une rêve, l'autre pas

Un roman très court mais très intéressant, sur l'évolution des hommes grâce aux modifications génétiques, oui mais finalement les différences ne vont-elles pas engendrer des conflits ?



Une écriture fluide et captivante, je ne connaissais pas Nancy Kress c'est chose faite avec un réel plaisir de lecture.
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Le Nexus du docteur Erdmann

Le Dr Edermann, un brillant physicien, subit l'expérience d'ondes de choc cérébrales. Le professeur pense même qu'il a vécu de brefs moments de la vie d'autres personnes. Lorsque le phénomène se reproduit, ses réflexes professionnels le poussent alors à collecter des données. En effet, d'autres pensionnaires de la résidence sénior ont vécu la même altération que lui.



Pendant ce temps, une entité extraterrestre traverse l'espace-temps dans une course éffrénée.







Le récit commence par des vignettes, des tranches de vie de personnages qui sont essentiellement des personnes âgées. Puis, Nancy Kress éparpille les pièces de son puzzle avant de les assembler petit à petit. C'est habile car, elle imbrique parfaitement les expériences psychiques avec les faits scientifiques et les angoisses des protagonistes. L'entité extra-terrestre apportant la dose de mystère supplémentaire qui renforce l'attrait du récit. J'apprécie également beaucoup la sensibilité avec laquelle elle aborde les diverses manières dont la vieillesse est vécue par les personnages en fonction de leur histoire.







En mettant en avant la modification des mêmes zones d'activité cérébrale lors de ces phénomènes que celles des expériences de méditation intense, Nancy Kress nous propose une novella possèdant une forte résonnance mystique et même hindouiste, tout en restant un véritable récit de SF.







Les diverses qualités de ce texte justifient sans doute l'attribution de ce prix. J'ai d'ailleurs bien aimé le lire, mais j'attends d'un "prix Hugo" qu'il me transporte un peu plus et j'ai un tout petit regret : un manque d'exaltation lors de sa lecture.







L'objet lui-même est un peu plus grand qu'un livre de poche. La collection bénéficie d'une couverture cartonnée très agréable et d'une élégante identité visuelle. Les illustrations sont de Aurélien Police.




Lien : http://lmauget.wix.com/albed..
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Le Nexus du docteur Erdmann

Pour ma part j'ai étais agréablement surpris par ce livre. Une novella qui m'a inciter à le lire, comme ça si j'aime pas je n'y passe pas trop de temps. Enfin ce qui m'a attirer en premier on ne va pas se mentir c'est la très jolie couverture de la collection "Une heure lumière" des éditions "Le Bélial' ".

Quel travail qui a était réalisé de ce coté là. Une belle couverture m'incitera toujours a aller vers un livre, même ci le plumage n'est pas toujours en adéquation avec le ramage.

L'histoire même si je ne suis pas spécialement caler en science pour comprendre peut être toutes les subtilités ou les termes, se digère assez simplement.

Heureusement me direz vous. Quoi de plus déprimant que de lire un livre sans ne rien y comprendre. Soit le choix des mots est mal choisit, soit le vocabulaire du lecteur n'est pas assez riche. Pas eu cette sensation ici.

Une histoire qui nous emmène dans une maison de retraites ou d'étranges phénomènes se produit sur quelques résidents.

Est-ce les signes d'une maladie, virus, ou autre chose? Quelque passage qui distille de ça de là des semblants d'infos pour nous hameçonner, en tout cas ça a marché sur moi.

Pour ma part je vais lire un autre livre de cette collection, un bon moment de pris en peu de temps.



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La fontaine des âges

Difficile de dire pourquoi j'ai aimé cette novella. Le personnage principal à travers lequel nous découvrons l'histoire est un homme de plus de 80 ans et ce n'est pas un enfant de chœur. Le style est familier, comme pourrait l'être une histoire racontée par cet homme irrévérencieux. La narration alterne entre le présent et le passé, avec cette date butoir où il a dû abandonner Daria la femme qu'il aimait (date sur laquelle cette même femme semble bloquée de par son âge apparent).

Kress nous montre comment la société d'un futur pas si éloigné que ça réagit à la perspective de l'immortalité (ou de vingt ans supplémentaires), le tout du point de vue de notre vieux Roméo à la recherche de son amour d'antan. Je trouve que Kress mêle très bien l'aspect individuel et l'aspect social qui reste au second plan puisque rapporté par un homme qui ne s'intéresse qu'à lui-même.

Son choix de protéger Rosie à la fin est bienvenu, tout comme sa décision malgré cela de suivre le traitement D - de garder ce qu'il peut de la femme qu'il aime. Tout cela sonne vrai et explique pourquoi on s'attarde à lire le récit de ce vieux voleur impénitent.
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Le Nexus du docteur Erdmann

Quand j'ai commencé ce livre, j'ai eu beaucoup de mal à le reposer. Henry m'a tout de suite plu. Il m'a attendri ce nonagénaire qui n'a eu qu'une seul fierté dans sa vie : son cerveau. Son intelligence est toujours là, mais il sent bien que "ça pédale" moins vite, que la société n'est plus celle qu'il a connu. Et puis, c'est vrai que la vie de cette maison de retraite est bien dépeinte. Il y a ces p'tites vieilles que l'on a plaisir à détester, les idiotes qui nous irritent.



Le "mystère" est aussi bien amené. On comprend vite que ces "attaques" ont quelque chose d'anormal. Moi, lectrice, je me suis beaucoup questionnée : qu'est ce que l'auteur allait nous pondre...j'avais hâte de comprendre.



Et puis, les derniers chapitres...là l'auteur m'a perdu. Un discours scientifique, un peu de mystique, allé hop, emballé c'est pesé, on n'en parle plus. L’explication est rapide, elle tombe de nulle part, bref je suis loin d'être convaincue, dommage...



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Le Nexus du docteur Erdmann

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture assez agréable avec cette novella, même si dans l’ensemble elle n’a pas répondu totalement à mes attentes. L’histoire en soit n’est pas mauvais offrant un récit de SF légèrement teinté de Hard science et de policier qui se laisse lire de façon plaisante et offre des réflexions intéressantes comme par exemple sur les personnes agées ou les violences conjugales. Les personnes se révèlent attrayants à découvrir, des héros humains, complexes qui offrent un panel assez large de notre société, sauf que voilà j’ai trouvé que parfois ils ne servent pas obligatoirement l’intrigue et surtout auraient mérité plus de présence. J’ai trouvé aussi les personnages secondaires plutôt caricaturaux. Autres points qui m’a dérangé, l’intrigue m’a ainsi paru classique ce qui la rend prévisible et enfin les passages sur le vaisseau spatial m’ont paru pas vraiment utiles. La plume de l’auteur est simple, efficace et entraînante offrant ainsi une histoire sympathique, mais que je classe dans le vite lu, minimum apprécié, mais rien de marquant.





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Utopiales 2012

Comme chaque année, voici le recueil de nouvelles édité en parallèle au festival des Utopiales de Nantes, cuvée 2012.

Une fournée ayant pour thème fédérateur les origines.

On y retrouve de grands noms de la SF (Gaiman, Bordage, Wilson...) côtoyant des auteurs moins connus.

Origine comme :

- les origines de l'univers version Pierre Bordage, dans le plus pur style Bordage, pour une nouvelle somme toute assez convenue

- les origines de la coopération entre humains et entités étrangères, dans une nouvelle de Sara Doke, qui ne m'a pas parlé

- les origines des extra-terrestres, dans une nouvelles du généralissime Robert-Charles Wilson, datant de 2000, sans grande surprise, mais où l'on retrouve la sensibilité et l'humanisme de cet auteur majeur

- les origines de la pensée par Nancy Kress, intéressante thématique, bien menée

- les origines...de quoi ? (sur ce coup là je sèche), selon Laurence Suhner, une nouvelle qui n'a éveillé aucun intérêt chez moi

- les origines des inventions (ou pas) dans un court texte de 7 pages qu'éclabousse de son talent Neil Gaiman, prouvant en si peu de mots qu'il est une star du genre

- les origines du futur, par Claude Ecken, dans un texte dur et touchant avec une chute inattendue

- les origines des dégats nucléaires par Tommaso Pincio dans une nouvelle dystopique sur les enfants de l'atome, très bien tournée et totalement cynique

- les origines du futur, encore, mais cette fois à travers le prisme de quatre yeux (Laurent Queyssi et Xavier Mauméjean), dans une nouvelle assez touchante

- les origines d'un totalitarisme très particulier, par Ayerdhal, en hommage à son ami disparu Roland C. Wagner, récit assez délirant, plein de verve et de bons mots.

Au final, un recueil inégal (comme souvent dans ce genre de compilation hétéroclite), avec certains récits valant vraiment le détour. Une anthologie plutôt intéressante, comme un melting-pot de ce que peut proposer les lectures de l'imaginaire.
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Les hommes dénaturés

Nancy Kress travaille un de ses thèmes de prédilection : les manipulations génétiques.

La trame est simple : la pollution rends les êtres humains très peu fertiles. Le désir d'avoir des enfants conduits les gens aux pires extrémités, jusqu'à créer des artefacts à partir de chimpanzés ayant subis des greffes pour qu'ils ressemblent le plus possible à de jeunes enfants.

La marque de fabrique de l'auteur est de mettre en présence et de suivre plusieurs personnages ayant des sentiments, des valeurs parfois profondément divergents et d'observer leurs interractions.

On a donc chez Nancy Kress un décors, des personnages secondaires pour donner un peu de corps à l'histoire et quelques personnages principaux.

L'originalité du roman réside ici dans le fait que les personnages principaux sont suivi à la première personne. On assiste à un pas de trois où chacun se raconte.Je trouve cet aspect du roman bien réussi.

Cela n'enlève en rien au rythme du récit ni à son style épuré.

Pourtant, l'auteure elle-même ne semble pas convaincue. Elle déclare en effet sur son site que suivre plusieurs personnages à la première personne est à déconseiller. Elle met en garde même contre le fait de suivre un héros à la première personne, car cela rend difficile la prise de distance par rapport à celui-ci. Sa préférence va au récit à la 3ème personne.

Nancy kress peut vous raconter des horreurs, mais son univers est bien loin de Dick ou du cyberpunk. L'atmosphère n'est jamais glauque.

La distanciation qu'elle maintient crée l'impression d'une pièce de théatre : les acteurs jouent devant un décors, celui-ci ne s'impose pas à eux, ne les écrase pas ; trop de rationalisation et pas assez de tripes.

C'est la limite d'un auteur qui au demeurant reste bien agréable à lire
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L'une rêve, l'autre pas

Une très belle façon de retrouver l’autrice, après La fontaine des âges que j’avais détesté. Or, L’une rêve, l’autre pas ne présente aucune des caractéristiques qui m’avaient fait fuir dans La fontaine des âges. C’est au contraire très fluide, entraînant, j’ai tourné les pages avec beaucoup de curiosité et d’intérêt pour les personnages.



Les manipulations génétiques qui sous-tendent le récit sont très bien expliquées, sans être soporifiques ni ennuyeuses. J’ai trouvé le propos passionnant et très clair. Cela reflète bien le positionnement de l’autrice, qui n’a pas un bagage académique scientifique mais qui pousse ses recherches très loin pour pouvoir offrir un discours compréhensible, et surtout vraisemblable. J’ai également apprécié que l’intrigue présente plusieurs paliers et nœuds liés à ces modifications génétiques. L’autrice approfondit en cours de récit les implications de celles-ci, apportant de nouvelles conséquences et un second souffle au texte.



C’est tellement vraisemblable que la transposition entre le monde décrit dans cette nouvelle et le nôtre est très facile à faire. Car finalement, les questionnements apportés par ces apports génétiques ne portent pas tant sur le plan éthique, que sur le plan sociétal. Comment vivre ensemble au quotidien ? Est-on encore humain quand on est « modifié » ? Quels droits revendiquer ? Comment faire sa place ? Comment faire face à la violence des autres, induite par la peur de la différence et la jalousie ? Ces questionnements sont alimentés par le discours d’un personnage public et influent, auquel se réfèrent nombre des personnages de la novella. Ce discours, qui tantôt nous défrise, tantôt nous cajole, ajoute du grain à moudre à la machine en incluant dans ces réflexions les questions de l’individualité et de l’individualisme face au vivre ensemble. Et évidemment, toutes ces réflexions trouvent des échos évidents avec notre monde contemporain.



Une novella qui m’a beaucoup plu donc. Certes, c’est court mais je trouve qu’elle reflète parfaitement la manière dont notre société fonctionne, avec une extrême rapidité, où les événements s’enchaînent avec une fulgurance glaçante. J’ai aimé la chute, qui oscille entre un optimisme (relatif) porté par le personnage principal et un futur qu’on devine compliqué et glaçant. Une sorte de porte qui s’ouvre sans retour en arrière possible.
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La fontaine des âges

Dans cette novella, Nancy Kress choisit, comme dans Le nexus du Docteur Erdmann, de mettre en scène un personnage vieillissant, Max Feder, vivant en maison de retraite depuis une décennie. Lors de la visite de son fils et de ses petits enfants, il perd une bague qu’il portait depuis quarante ans. Une bague symbole d’un amour aussi intense qu’éphémère vécu plus d’un demi-siècle plus tôt. Ce qui n’aurait pu être qu’une anecdote devient pour Max Feder un électrochoc qui va lui faire quitter sa maison de retraite pour se lancer dans une quête qu’on pourrait penser désespérée mais qui est en fait complètement contrôlée. Max, en temps qu’ancien escroc devenu riche, n’est franchement pas un homme sympathique mais c’est un homme de ressource. Face à une idée fixe, il va tout faire pour arriver à ses fins.



Comme souvent dans ses textes, Nancy Kress nous transporte dans un avenir proche où la technologie est très présente. Son personnage principal n’inspire aucune sympathie. Égoïste, escroc sans scrupules, cet un homme qui ne s’inquiète que de son idée fixe du moment. Pour son récit Nancy Kress choisit un narration éclatée qui se déroule sur deux époques. On suit ainsi un Max Feder octogénaire en escapade et l’ascension de ce dernier vers la fortune. Étonnement, même avec un personnage peu attachant, j’ai trouvé ce récit bien mené et bien plus vivant que d’autres récit de l’autrice que j’ai pu lire. Le mythe de La fontaine de Jouvence réinterprété à la sauce génie génétique est intéressant tout comme la manière qu’a eu l’autrice de ne le rendre… qu’à moitié miraculeux.



Je vais être franche, ce n’est pas le meilleur récit de la collection Une Heure Lumière mais j’ai beaucoup apprécié ce nouveau texte de Nancy Kress. Tout en restant dans ses thèmes de prédilection, l’autrice nous propose un récit sur deux lignes temporelles, avec des personnages particulièrement marquants à défaut d’être sympathiques. Ce texte pourrait être sentimental mais, comme souvent avec l’autrice, il est plutôt incisif et un poil pessimiste. Il y a beaucoup en toile de fond de cette novella : dérèglement climatique, terrorisme, conquête spatiale. C’est dense et bien rythmé, un bon cru de la collection et, je pense, une bonne entrée dans l’univers de l’autrice.
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Les hommes dénaturés

Merci aux éditions ActuSF pour cet envoi ! J’avais trouvé le résumé de ce roman particulièrement attractif, avec un univers de biopunk reposant certes sur des mécaniques classiques mais qui ne manquent pas d’attrait. J’étais également curieuse de découvrir l’autrice, dont j’ai beaucoup entendu parler. Alors qu’ai-je pensé de “Les hommes dénaturés” ?



“Les hommes dénaturés” propose un mélange entre une enquête troublante et un avenir dystopique, le genre de chose qui fonctionne bien sur la personne que je suis. L’univers présenté met en scène un 2030 dans lequel l’infertilité touche la grande majorité de la population. Le jeunesse comme les enfants deviennent des biens rares protégés à tout prix par un peuple vieillissant et inquiet. Si le résumé de ce côté semble assez classique et rappelle aussi bien les fils de l’homme que la servante écarlate, Nancy Kress parvient à prendre un angle efficace.



Elle choisit notamment de placer son histoire dans une enquête dérangeante impliquant des manipulations génétiques et un complot. L’axe principal du monde futur est que beaucoup des adultes connaissent une vaste crise affective, notamment les personnes en âge d’être parents, ce qui amène à la prolifération d’animaux de compagnie chouchoutés comme le fut Choupette par Karl Lagerfeld mais multiplié par 1000. De plus, Nancy Kress choisit d’expliquer l’infertilité mondiale via les perturbateurs endocriniens, ce qui est très concret et assez terrifiant.



Le récit se veut parfois froid et détaché, un peu comme les personnages qui la composent. Beaucoup d’éléments mettent en cause la place de l’humanité dans sa survie, notamment son incapacité à agir concrètement autrement qu’au pied du mur. Il y a ainsi des passages du roman qui mettent en avant que les perturbateurs sont identifiés comme responsables de la chute des naissances. Cependant, ils ne sont pas interdits car ils sont partout, notamment dans des produits d’usage quotidien tellement pratiques que les gens sont incapables de s’en passer et que les industriels refusent la perte du profit. Un discours très d’actualité qui rappelle aussi bien l’excellent film Dark Waters que La fabrique de l’ignorance, un documentaire sur Arte. Les hommes dénaturés nous met donc face à une dissonance claire au niveau social, une incohérence entre ce qui nous est nécessaire à long terme et confortable sur le court terme.



Nancy Kress aborde également les profonds changements de la société. La population est majoritairement solitaire et vieillissante, contrainte de faire appel à des subsistants. Les jeunes sont enrôlés et élevés pour servir de soutien aux plus âgés dès leur plus jeune âge, privé en quelque sorte de leur individualité de par leur statut de ressources précieuse. Le paysage urbain se modifie, un marché noir des enfants et des substituts apparaît pour répondre à la demande, homophobie généralisée… L’autrice sait bien raconter des histoires qui ont un fond même si l’aspect thriller prend souvent le pas sur le reste.



Je me suis laissée emportée par le côté thriller. On ne s’ennuie pas un instant dans cette histoire vive qui enchaîne les péripéties. L’intrigue est efficace et plutôt bien tournée. L’idée de mettre en avant trois personnages permet d’avoir accès à différents points sur ce monde à la fois proche et éloigné du nôtre et donne du corps à des éléments scénaristiques souvent accrocheurs. La plume est sans fioriture, la lecture se fait de manière très fluide et ne tombe pas dans trop de complexité (il faut savoir que Nancy Kress est aussi connue pour sa hard SF, un genre dont le côté parfois sec et ardu me rebute parfois).



Cette simplicité dans l’écriture ne met malheureusement pas vraiment en valeur les personnages. Ils ont pourtant des personnalités propres et bien construites, mais ils ont constamment une certaine froideur qui n’invite pas à l’attachement. La mécanique d’écriture est bien huilée, peut-être même un peu trop, mais ne va jamais dans le cœur des problématiques, ce qui leur donne parfois un aspect plus fonctionnel qu’humain. Est-ce pour que le rythme haletant de l’aspect thriller ne pâtisse pas d’une lenteur qu’aurait nécessité une mise en situation plus charnue ? Difficile à dire, mais on en est rendu que la partie thriller est la principale raison de lire ce roman.



J’ai été convaincu par le récit ! Le récit d’anticipation repose sur des bases classiques mais solides, l’autrice sait très bien raconter des histoires, d’autant plus qu’ici le fond est intéressant et maîtrisé. Le choix de s’appuyer sur trois personnages pour la narration permet de renforcer un côté haletant. Ces trois personnages sont variés et bien construits, avec des personnalités fortes et crédibles, mais l’écriture vive n’entre pas en profondeur dans leur psychologie. Le récit nous emporte dans un problème social de grande ampleur sur un ton incisif et sans concessions. Avec si peu de concessions que le style un peu froid peut parfois créer une distance avec l’histoire.




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Le Nexus du docteur Erdmann

Le Nexus du Dr Erdmann nous permet de suivre Henry, ancien physicien qui vit aujourd'hui dans une maison de retraite. Il donne quelques cours à l'université afin de garder un contact avec le monde qu'il affectionne tant. Quand les pensionnaires de la maison de retraite ressentent tous cette étrange douleur au cerveau, Henry s'inquiète de voir défaillir son atout le plus précieux.



L'intrigue est originale puisqu'elle nous permet de suivre des héros originaux. Personnellement, un roman avec des héros de 90 ans qui enquêtent sur des phénomènes inexpliqués, je n'ai jamais vu. Le roman, bien qu'il soit court, ne donne pas une impression de trop peu. Je trouve pourtant que certaines idées auraient pu être un peu plus développées. Toute la théorie sur l'évolution de l'humain à travers le cerveau des personnes âgées par exemple nécessiterait plus de détails. De même, la fin semble un peu floue, l'auteur aurait probablement pu aller plus loin.



Pourtant, comme je l'ai dit, il n'y a pas de sensation de trop peu, je vois cette histoire comme une histoire qui agite, qui pose des questions, qui nous titille et qui nous laisse face à nos doutes, nos questions et notre imagination.



Alors certes, il y a quelques défauts, notamment les parties sur le vaisseau qui selon moi n'apporte pas grand chose à l'intrigue, certes le roman ne révolutionne pas le genre, mais j'ai vraiment passé un bon moment avec Henry et ses compagnons.


Lien : http://emlespages.blogspot.c..
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La fontaine des âges

Max Feder a 86 ans, et a choisi de finir ses jours en maison de retraite. Il n'a pas souhaité prolonger sa vie, qu'il a eue assez atypique : devenu riche soudainement grâce à une jeune prostituée, Daria, il a su investir et s'enrichir. Il subit les visites de Geoffrey, son fils qu'il n'a jamais aimé, et des ses remuants petits-enfants. La seule chose à laquelle il tienne, c'est une bague, qui renferme une mèche de cheveux de Daria, et un baiser sur une feuille. Hélas, le chien-robot des gosses ingurgite la bague, et les lascars la jettent dans l'incinérateur.



Max Feder n'aura alors plus qu'un but dans la vie : remplacer ce qu'il a perdu, puisque Daria vit toujours. Et là, à mesure des flashbacks dans la vie de Max et sur son parcours, c'est une société assez terrifiante qui se dessine sous nos yeux. Daria existe toujours, les humains, grâce à elle, porteuse d'une sorte de mutation génétique, ont trouvé le moyen de figer leur jeunesse 20 ans, et Max, aidé dans sa quête par ses bras droits de toujours, va au final être confronté à un choix... cornélien ! Voire plus...



Moi, je pense qu'il a fait le bon choix. Après, je n'ai pas accroché plus que ça, il m'a fallu du temps pour entrer dans l'histoire. J'ai préféré - et de très loin !- Le Nexus du Dr Erdmann ! Question d'ambiance, je pense, ici, c'est beaucoup trop sombre et oppressant pour moi. Et je n'ai pas accroché du tout avec Max.



Ca reste un bon livre quand même, je ne regrette ni son achat, ni sa lecture. J'en espérais juste trop, je crois ;-)
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L'une rêve, l'autre pas

Une lecture dont j'ai aimé tous les aspects : ce sujet du sommeil est quelque chose qui me questionne souvent, étant une grosse dormeuse mais trouvant pourtant que dormir est une perte de temps ... Les jumelles sont interpellantes et au delà du sommeil, le thème abordé principalement est la différence entre les gens, l'acceptation des différences et le vivre ensemble .

Leisha et Alice sont des jumelles : l'une d'entre elle a subi plusieurs modifications génétiques dont le fait qu'elle n'ai pas besoin de dormir .Naturellement, ce gain de temps lui permet de progresser vite , de sauter des classes, d'apprendre davantage et de rentabiliser son temps .

Mais les "non dormeurs " sont de plus en plus nombreux : les "dormeurs " les considérent comme privilégiés et un fossé se créé entre les deux .
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Yesterday's kin

Des extraterrestres ont atterri à New York. Un nuage mortel de spores a déjà infecté et tué deux mondes. Il arrive maintenant vers la Terre et menace les humains tout autant que les extraterrestres.

La généticienne Marianne Jenner est prise dans la course désespérée pour sauver l'humanité, et pendant ce temps, sa famille se déchire. Elizabeth et Ryan, ses aînés, sont des isolationnistes qui ne sont d'accord que sur une chose : les extraterrestres complotent quelque chose. Noah est un addict à une drogue qui change constamment sa personnalité. Mais avec eux quatre, le cours de l'histoire humaine sera changé pour toujours.

Il reste dix mois pour empêcher la disparition des humains.



Dans ce court roman, Kress ne cherche pas l'émerveillement mais montre l'impact de cet événement sur la vie quotidienne. Elle combine les faits scientifiques et des caractères bien dessinés. L'histoire émeut et fait réfléchir tout à la fois.
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