AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nancy Kress (229)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le Nexus du docteur Erdmann

Cette novella, publiée dans la collection Une Heure Lumière des éditions Le Belial’, marque ma découverte de l’auteure. Évidemment, avant de lire la nouvelle, j’ai cherché la signification du mot nexus : un nexus est une connexion, généralement là où de multiples éléments se rencontrent.



Pendant que dans l’espace un vaisseau change brutalement de direction, Henry Erdmann, physicien nonagénaire, vit dans une maison médicalisée tout en ayant conservé une activité à l’Université. Peu à peu, des phénomènes étranges arrivent en même temps aux pensionnaires de la maison de retraite.



J’ai beaucoup apprécié le ton de cette nouvelle, et l’attention apportée aux personnages, que ce soit les habitants de la maison médicalisée ou ceux qui gravitent autour. Le Docteur Erdmann est un intellectuel qui n’aime pas ceux qui n’ont pas un talent comparable au sien, et les descriptions des autres résidents sont savoureuses. L’aide-soignante qui fuit son ex-mari violent, le médecin chercheur ou encore les policiers sont des personnages secondaires intéressants, auxquels on s’attache rapidement.



Chacun des retraités interprète le phénomène qu’il subit selon sa propre croyance ou ses convictions, ce qui offre des pages croustillantes sur les différentes visions d’un même événement. L’intrigue avance, et l’histoire confine au Fantastique plus qu’à la Science-Fiction, mais la plume de l’auteure la rend agréable et captivante.



On peut regretter par la résolution trop facile du mystère par un des protagonistes, et dans un roman ce serait un écueil. Mais dans une novella qui tourne autour d’une idée-phare, ça passe. Heureusement, car il ne faut pas chercher à comprendre parfaitement la fin : chaque lecteur aura sa propre explication sur ce sens de ce nexus !


Lien : https://feygirl.home.blog/20..
Commenter  J’apprécie          242
L'une rêve, l'autre pas

Une novella que j'ai découverte par Babelio, et qui m'a vivement intéressée. Les thèmes abordés sont nombreux mais pas trop survolés, et malgré une fin un peu rapide, j'ai apprécié la réflexion proposée et la plupart des personnages. Je pense lire d'autres livres de Nancy Kress et vous recommande celui-ci.
Commenter  J’apprécie          240
La fontaine des âges

Dans un futur proche, Max est un vieil homme en maison de retraite qui garde dans sa bague des souvenirs d’une femme aimée : une mèche de cheveux et une trace de rouge à lèvres sur du papier. Mais ses petits-enfants, qu’il méprise comme il méprise son fils, détruisent la bague par bêtise et accident.



Max a fondé un empire, en grande partie grâce à des actions illicites. Il avait des connexions parmi les escrocs et il en était un lui-même, raison pour laquelle il est déçu par son fils qui veut effacer le passé et donner de la légitimité au groupe familial.



Mais après la disparition de sa bague, Max n’a plus qu’une seule obsession : retrouver la femme avec qui il avait vécu une brève passion. Dans un monde où la technologie remplace lentement tout, il fait appel à ses anciens contacts qui volent et vivent à l’ancienne. L’auteure nous fait pénétrer dans des milieux interlopes avec délectation, et brosse quelques personnages très marquants qui ont choisi de rester en marge d’une société technophile.



Cette novella s’avère très dense, en explorant un univers à la fois proche de nous et dérangeant, tombé dans la fascination pour le transhumanisme et l’humain « amélioré ». Fascination qui révulse Max et l’a transformé en misanthrope : il considère que le monde est devenu faux, s’accroche aux choses « tangibles », et déteste ses contemporains subjugués par les nouvelles technologies. Le protagoniste n’est pas un personnage sympathique, pourtant son attachement à un autre être — en l’occurrence une prostituée qu’il a follement aimée — l’humanise avec sensibilité. Au fil du texte (je ne vous en dévoile pas trop pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte), le lecteur se rend compte que Max court après un passé qui ne reviendra pas. Sa quête est perdue d’avance, dans un monde qui a évolué sans lui.



Malgré tout, la fin sait nous surprendre, et reste dans le thème de l’amour, mais pas celui que Max cherchait loin de lui. Une belle conclusion.


Lien : https://feygirl.home.blog/20..
Commenter  J’apprécie          230
Le Nexus du docteur Erdmann

Omniscience.



Henry Erdmann est un physicien de premier plan. Désormais retraité, il donne encore quelques cours à l'université. Le reste du temps les jours mornes s'écoulent dans la résidence pour personnes âgés où il réside. Ainsi Henry accueille presque avec soulagement ce qui ressemble à une attaque cérébrale.



J'ai adoré cette novella. Nancy Kress aborde un thème peu commun, la vieillesse. L'action se situe dans une maison de retraite et les personnages de ce récit sont majoritairement les résidents de celle-ci. Elle nous les rend attachants, parfois agaçants, que ce soit le vieux physicien grincheux, la commère vieillissante, l'ancienne danseuse ou la hippie sur le déclin.



L'aspect science-fictionel de l'intrigue se dévoile progressivement. Cela commence par de mystérieuses crises chez les résidents, d'abord espacées, celles-ci deviennent de plus en plus fréquentes. L'enjeu semble dépasser les limites de la pensée humaine.



L'auteure fait appel aux neurosciences tout au long du récit. Loin d'être incompréhensibles ou rébarbatifs, les passages explicatifs sont un véritable plaisir à lire. Nancy Kress vulgarise à merveille son sujet.



Bref, encore une excellente novella de la collection Une Heure Lumière.
Commenter  J’apprécie          222
La fontaine des âges

Nancy Kress n’est pas une débutante puisque son premier roman est paru en 1981. Et pourtant, ce n’est que cette année que je la découvre... par hasard, parce que je n’ai pas lu le gros bandeau rouge marqué Prix Nebula 2008. Hé oui ! Les derniers ouvrages ayant reçu Le prix Nebula que j’ai lus m’ont tellement déçus, que j’aurais dû dire en voyant ce livre : Prix Nebula pour Roman nébuleux, je passe. Cet fois-ci, ma distraction m’a servi puisque je découvre un très bon petit roman d’une auteure que je ne connaissais pas et que je pense lire de nouveau — Pas le livre, l’auteur.



Et maintenant, le livre. Il n’y a pas à dire, c’est un roman très court et le nom de novella lui correspond bien. La société décrite n’est sans doute pas très loin de ce que pourrait être la nôtre d’ici quelques décennies, technique anti-vieillissement mise à part. Je ne prévois pas une absence de progrès dans ce domaine, mais simplement que, si nous découvrons un traitement de ce type, ce ne sera certainement pas en récupérant des tumeurs cancéreuse au pouvoir étrange. Mais ce traitement n’est pas le cœur du récit. Non. Le vrai sujet du récit est l’amour de jeunesse perdu et qu’on tient absolument à retrouver. Et tout est bon pour y parvenir. Franchement ce récit m’a emballé.



Je vais toutefois signalé un petit point qui peut dérouter bien des lecteurs : l’auteur a fait le choix d’imbriquer passé et présent. La seule indication du changement est un petit losange noir séparant deux paragraphes consécutifs. Cela rend le récit moins linéaire, mais peut perturber certain public.



En bref : Voilà une lecture que je vous conseille — et si vous voulez me suivre sur cette lecture, vous ne devriez pas avoir de mal. Aujourd’hui, je vous parle d’un livre édité en 2021 par un éditeur distribué dans toutes les bonnes librairies et quelques autres — je vais me pencher sur l"œuvre de N. Kress pour tenter de découvrir quelques autres pépites à son nom.
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
Commenter  J’apprécie          200
Les hommes dénaturés

Écrit il y a vingt ans et publié en France au début des années 2000, le roman « Les hommes dénaturés » de Nancy Kress fait cette année l’objet d’une nouvelle parution aux éditions ActuSF. L’occasion pour ceux qui ne connaîtraient pas encore cette auteur majeure de la SF aux États-Unis de se faire une idée de son style et de ses thèmes de prédilections. En dépit de l’attrait de l’auteur pour la hard-science, le roman reste en effet parfaitement accessible (comme l’était d’ailleurs déjà « L’une rêve l’autre pas ») et pourra tout à fait être apprécié par les lecteurs peu friands d’explications scientifiques très poussées. Quand bien même l’aspect science-fictionnel occupe une place importante dans le récit, le roman de Nancy Kress s’apparente en réalité plutôt à un thriller. Une enquête à mener, des mystères qui se multiplient, des complots à déjouer, de nombreux rebondissements : tous les ingrédients sont réunis, et cela fonctionne plutôt bien. Le roman met en scène trois protagonistes qui, bien que totalement différents, vont se retrouver forcés de collaborer afin de comprendre les événements qui sont venus chambouler leur vie. La première, Shana, est une jeune fille pleine de ressources mais un peu brute de décoffrage, qui voit son rêve d’intégrer un jour l’armée réduit à néant après qu’elle ait été témoin d’une scène que le gouvernement juge manifestement gênante. Le second, Nick Clementi, est un scientifique âgé qui se bat depuis des années pour faire reconnaître le rôle des perturbateurs endocriniens dans la stérilité qui frappe une majeure partie de la population mondiale. Le dernier, Cameron, est un jeune danseur ayant subi une opération visant à lui effacer une parte de sa mémoire afin de l’aider à surmonter un traumatisme. Traumatisme qui, en dépit de l’intervention, a laissé bien des séquelles à la fois dans son esprit mais aussi son corps…



Le roman prend place en 2030, dans un univers relativement proche du notre, à quelques exceptions près (on mentionne le fait que Mars a été colonisé, par exemple, ou encore les progrès réalisés par la médecine dans des domaines divers et variés). La plus grande différence tient cela dit à la chute inquiétante depuis des années de la fertilité, et par conséquent du taux de natalité. Tous les pays du monde se retrouvent ainsi avec une population vieillissante, et c’est tout le fonctionnement de la société qui doit être repensé en conséquence. Ce réajustement, il se manifeste dans des domaines aussi variés que l’aménagement de l’espace urbain (multiplication des bancs, des barres de maintien, des espaces de prévention ou de dépistage de maladies…), ou encore l’éducation des jeunes (la poupée phare du moment est une grand-mère, histoire que les enfants apprennent très tôt à ne pas s’étonner des vieux qui les entourent). Les rares jeunes, justement, sont traités comme une ressource nationale précieuse et sont élevés dans l’idée qu’il est de leur devoir de soutenir les plus anciens et de « faire leur part ». La raréfaction des naissances a aussi entraîné un certain nombre et de dérives afin de répondre à la demande croissante des couples avides d’avoir un enfant (l’adoption devient de plus en difficile puisqu’il n’y a tout simplement plus de bébés, et le marché noir lui-même commence à être à court…). Le marché des substituts connaît ainsi un boum incroyable, le principal étant bien évidemment l’animal de compagnie traditionnel qu’on se met à bichonner et à traiter comme les enfants ou petits-enfants qu’on a pas pu avoir. Mais d’autres solutions, plus extrêmes, posent de nouveaux problèmes éthiques sur lesquels les autorités ne sont visiblement pas encore prêtes à se pencher.



La société futuriste que met ici en scène Nancy Kress est d’autant plus effrayante qu’elle paraît tout à fait cohérente, et qu’on peut même déjà observer ses prémices aujourd’hui. Vingt ans après l’écriture de ce roman, la question des perturbateurs endocriniens se pose en effet toujours et semble loin d’être en passe d’être résolue en raison des pressions que font peser sur les états certains grands groupes. La question des lobbys et de leur rôle dans l’orientation de la recherche est d’ailleurs un autre thème central habilement traité dans le roman. Pour ce qui est de l’intrigue, Nancy Kress nous offre une enquête intéressante déroulée avec un rythme haletant. Le roman reste toutefois à mon sens un peu trop court, certains éléments ayant en effet nécessité d’être plus développés afin de se révéler vraiment percutants. La fin, notamment, est un peu trop rapide et la résolution du conflit repose davantage sur un heureux concours de circonstances que sur une véritable stratégie mise en place par les héros. Ces derniers sont toutefois à la hauteur et participent grandement à faire de ce roman une réussite. Le personnage de Shana est sans doute le plus ambiguë : si ses caprices et ses grands airs nous donnent régulièrement envie de lui coller deux ou trois tartes au début, la façade de dureté de la jeune fille ne tarde toutefois pas à se craqueler au point qu’on en vient à trouver son franc-parler plus rafraîchissant qu’énervant. Le personnage le plus émouvant reste cela dit pour moi le docteur Clementi que la volonté de mourir dignement et les nombreuses réflexions pleines de bon sens et sans aucun auto-apitoiement concernant sa propre disparition rendent très touchants. Le personnage de Cameron est peut-être un peu plus en retrait mais parvient lui aussi à remporter sans mal l’adhésion du lecteur.

Avec « Les hommes dénaturés », Nancy Kress interroge notre société sur son avenir et met en lumière un certain nombre de problématiques qui ne manqueront pas de se manifester dans un futur plus ou moins proche. Si le roman aurait mérité d’être un peu plus étoffé, on prend malgré tout beaucoup de plaisir à suivre l’enquête menée par ce trio improbable dont tous les membres parviennent à un moment ou un autre à toucher le cœur du lecteur. A découvrir.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
Commenter  J’apprécie          180
Utopiales 2012

En Résumé : J'ai passé un bon moment avec cette anthologie qui nous offre des textes variés et plaisants même si, j'avoue, certains m'ont plus ou moins accrochés. On se laisse tout de même facilement captiver par des textes divertissants, intelligents, nous forçant à réfléchir et à se poser des questions sur des sujets souvent d'actualité et aussi qui ne manquent pas, parfois, de poésie et de magie. Comme je l'ai dit tous les textes ne sont pas au même niveau, mais, au final, on retrouve avec ce livre une anthologie de nouvelles de SF divertissantes et efficaces et qui se laisse lire avec plaisir.



Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
Commenter  J’apprécie          180
Méfiez-vous du chien qui dort

Après « L’une rêve, l’autre pas » et « Les hommes dénaturés », les éditions ActuSF continuent de nous faire découvrir la biographie de Nancy Kress, prolifique autrice américaine bardée de prix littéraires et écrivant depuis des années sur la science, ses évolutions et les questions éthiques qu’elles soulèvent. « Méfiez-vous du chien qui dort » est un recueil composé de six nouvelles, toutes déjà publiées en français, et parues entre 1981 et 2000. Difficile pourtant de s’imaginer que certains de ces textes ont quarante ans, tant ils raisonnent encore aujourd’hui avec l’actualité. De taille plus ou mois variables, toutes les nouvelles sont de qualité, et séduisent aussi bien par leur modernité que par leur variété. Société futuriste où les modifications génétiques sont légion, exploration spatiale, expérimentation scientifique visant à prouver l’existence de « dieu », princesse enfermée dans un château ensorcelé… : voilà un bref aperçu des nombreux sujets abordés, et par extension de la richesse contenue dans cet ouvrage.



« Méfiez-vous du chien qui dort », nouvelle chargée d’ouvrir le recueil, est le texte le plus long, et sans doute le plus passionnant. L’autrice nous plonge à nouveau dans l’univers de « L’une rêve, l’autre pas » et dépeint un futur proche dans lequel des centres de recherches expérimentent avec succès depuis des années des modifications génétiques. Après les enfants « améliorés » pour ne plus jamais dormir, voilà que certains envisagent de recourir au même procédé, mais cette fois sur des chiens. Le but ? Les vendre comme « gardiens », avec évidemment pour argument qu’ils seront plus efficaces que leurs homologues dormeurs, puisqu’ils peuvent surveiller le périmètre qui leur est alloué 24h/24. Une famille composée d’un père et de ses trois filles, se porte volontaire pour tenter l’expérience et accueillir chez elle une de ces portées génétiquement modifiées. La situation va toutefois vite dégénérer. Difficile encore une fois de se dire que le texte a vingt ans puisqu’il n’a pas pris une ride. Questions éthiques, expérimentations bâclées pour des questions de rentabilité, surveillance de masse, lobbying… : autant de thématiques traitées avec subtilité par l’autrice qui dresse le portrait d’une société tout à fait convaincante et donc d’autant plus glaçante. La fascination du lecteur pour le récit est également renforcé par la personnalité de l’héroïne, une jeune femme dotée d’une force de caractère incroyable et à laquelle on s’identifie aussitôt, quand bien même (ou peut-être justement parce que) certaines de ses actions peuvent paraître discutables.



« La montagne ira à Mahomet » est un texte plus court mais tout aussi intéressant. La société dépeinte pourrait tout à fait être la même que la précédente : nous sommes dans une Amérique futuriste proche, dans laquelle les compagnies d’assurance peuvent désormais refuser de couvrir les gens dont l’analyse génétique faite à la naissance révèle une tendance à certaines maladies. Or, pour avoir un travail et se faire soigner, il faut être assuré… Difficile là encore de ne pas faire le lien avec l’actualité, l’autrice nous dépeignant une société où tout doit être rentable, y compris la santé, et où les plus vulnérables se retrouvent abandonnés et marginalisés. L’intrigue est bien ficelée, le personnage du médecin, dépassé par le complot dans lequel il se retrouve entraîné, attachant, et la démonstration des terribles effets causés par la marchandisation de la santé implacable. « Dans un pays civilisé, tous devraient profiter de la sécurité sociale ». Amen ! La nouvelle suivante, « Notre mère qui dansez » est sans doute celle qui m’a le moins enthousiasmée (et c’est heureusement l’une des plus courtes du recueil). L’autrice y met en scène un groupe d’extraterrestres venus constater de quelle manière la civilisation qu’ils avaient implanté sur une planète il y a des siècles s’en est sortie. La plume de Nancy Kress est toujours aussi agréable, et les thématiques traitées intéressantes (ici le point de vue extraterrestre nous pousse à nous défaire de nos préjugés concernant le genre ou encore la famille), mais j’ai toujours eu du mal avec ce type de récit dont le conteste ne me parle tout simplement pas.



On retrouve avec « Trinité » les thématiques chères à l’autrice de même que l’univers futuriste dans lequel prennent place la plupart de ses textes. Cette fois, Nancy Kress nous entraîne à la découverte d’un curieux centre expérimental dans lequel des cobayes volontaires vivent une vie d’ascèse et se livrent à des expériences physiques et sensorielles afin d’identifier la présence de « dieu ». Les expérimentations menées sur les jumeaux sont celles qui paraissent les plus prometteuses, or Dervie, l’une des participantes, a un clone, qui ignore tout de son existence. Celle-ci charge alors sa sœur de le lui ramener, et de le convaincre de rejoindre le programme expérimental. Seena, elle, a d’autres plans : sauver la vie de sa sœur et la sortir de ce centre qu’elle considère comme une secte dont les expérimentations ne reposent sur aucun fondement scientifique. Clonage, inceste, spiritualité, limites de la science… : encore une fois les thématiques traitées sont passionnantes et l’angle adopté par l’autrice soulèvent énormément de questions fascinantes auxquelles celle-ci se garde bien de répondre. Des questions, la nouvelle suivante en pose également un paquet, mais dans un autre domaine : celui de l’écriture. « Des ombres sur le mur de la caverne » met en scène une société dans laquelle les écrivains peuvent désormais s’offrir les services d’un c-aud, des spécialistes chargés d’étudier les réactions émotionnelles et cognitives de lecteurs cobayes à la lecture d’un texte, afin d’informer l’auteur de ce qui fonctionne ou pas dans son récit. Une perspective à la fois grisante et glaçante et que l’autrice aborde là encore avec beaucoup d’intelligence. « Brise d’été », chargée de clore le recueil, est une nouvelle très courte, s’inscrivant cette fois davantage dans le registre de la fantasy puisqu’y est mis en scène une princesse attendant désespéramment dans un château figé qu’un prince vienne la délivrer, et assistant, année après année, au massacre des prétendants par la végétation du palais. Un texte de prime abord assez classique mais dans lequel l’autrice se joue des clichés davantage qu’elle ne les réutilise.



« Méfiez-vous du chien qui dort » réunit six nouvelles très différentes les unes des autres mais toutes très réussies. Difficile de rester de marbre face à la sensibilité de l’autrice qui parvient toujours à dépeindre des personnages ambigus qui séduisent autant par leur vulnérabilité que par leur force de caractère. La modernité des thématiques scientifiques et sociétales traitées (clonages, modifications génétiques, marchandisation de la santé…) force également le respect et permet à ces textes de ne pas paraître datés, alors même que l’écriture de certains d’entre eux remontent à quarante ans. Chapeau !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
Commenter  J’apprécie          170
L'une rêve, l'autre pas

Que vous soyez sujets aux insomnies ou au contraire gros dormeur, une chose ne change pas : vous avez besoin de dormir. Or si cette période plus ou moins longue d'inactivité est vécue par certains comme un moment agréable permettant de faire le vide ou redescendre la pression, d'autres ne voient dans le sommeil qu'une perte de temps. Imaginez un peu tout ce que l'on pourrait faire en plus si notre corps n'avait pas besoin de ce temps de repos ? Aucune heure à consacrer au sommeil, c'est autant de temps passé à lire, à apprendre, à s'entraîner, à profiter de la vie.., bref, à aller au bout des capacités de notre corps et de notre cerveau. C'est en tout cas ce dont est persuadé Roger Camden qui entend offrir cette possibilité à sa future fille qu'il charge des spécialistes de modifier génétiquement directement dans le ventre de sa mère. Ce que le père exigeant n'avait cependant pas anticipé, c'est qu'un autre bébé parviendrait à se développer parallèlement au premier : or, si Leisha est bien ce qu'on appelle une « non-dormeuse », ce n'est pas le cas d'Alice qui, elle, a bel et bien besoin de sommeil. Novella bardée de prix littéraires plus prestigieux les uns que les autres (Prix Hugo, Prix Nebula, Grand Prix de l'Imaginaire...), « L'une rêve, l'autre pas » nous propose de suivre le parcours de ces deux sœurs au caractère diamétralement opposé et entre lesquelles se creuse un gouffre de plus en plus grand à mesure que l'on réalise les avantages que représentent le fait de ne jamais avoir à dormir. En seulement cent vingt pages, Nancy Kress aborde un certain nombre de thématiques qui interrogent aujourd'hui notre société et qu'elle traite avec beaucoup de finesse, qu'il s'agisse des dangers et potentialités de la mutation génétique, du communautarisme, ou encore de la différence et de ce qu'elle peut faire naître de pire ou de meilleure chez les individus.



La relation entre les deux sœurs est évidemment au cœur du récit, et si on se prend plus volontiers d'affection pour Leisha, on n'en suit pas moins avec beaucoup d'émotion l'évolution de leur relation. Nancy Kress possède une plume fluide mais aussi très sensible qui parvient sans mal à émouvoir le lecteur et donne vie à des personnages profonds et touchants (quand bien même les positions de certains ne les rendent pas particulièrement sympathiques). C'est le cas bien sûr d'Alice et Leisha mais aussi de leurs parents, l'un et l'autre reportant leur amour sur une seule de leur fille (la mère par rejet de la spécificité de l'une, le père par dédain pour la médiocrité de l'autre) ou encore des autres « non dormeurs ». Car à travers la vie de Leisha, c'est aussi celle de toute cette nouvelle communauté que l'auteur retrace, l’engouement et l’effervescence des premières années se transformant au fil du temps en méfiance, puis en peur et en haine dès lors qu'il apparaît que les capacités physiques et intellectuelles de ces enfants modifiés génétiquement surpassent de beaucoup celles des « simples » humains. La rapidité avec laquelle cette minorité se retrouve stigmatisée et envisage un repli sur elle-même est d'autant plus effrayante qu'elle paraît tout à fait plausible et c'est évidemment ce qui fait toute la force de ce texte. Malgré les drames qui s'accumulent dans le dernier tiers du récit, l'auteur prend malgré tout le parti de l'optimisme en refusant justement l'idée d'une séparation nécessaire entre les deux groupes et en mettant au contraire l'accent sur tous ce qui lient les individus les uns aux autres, quelque soit leurs différences. Un mot, pour terminer, sur l'aspect scientifique du récit qui est relativement léger mais est toute de même bien présent : jamais assez pour rebuter les lecteurs ayant peu de bagage dans le domaine, mais suffisamment pour lui apprendre des choses facilement assimilables sur le sommeil et certaines propriétés de notre anatomie.



Difficile de ne pas adhérer à l'engouement rencontré par ce texte lors de sa parution tant « L'une rêve, l'autre pas » propose une réflexion sensible et intelligente sur des sujets de société qui n'ont pas fini de nous interroger. A noter que cette édition proposée par la collection Hélios est agrémentée d'une brève interview de l'auteur permettant de retracer son parcours littéraire et de se faire une idée de ses thèmes de prédilection.
Commenter  J’apprécie          172
Le Nexus du docteur Erdmann

Parmi les récits de la collection Une Heure-Lumière du Bélial’ que nous avions laissés filer (et en l’occurrence il ouvrait quasiment la collection), figure Le Nexus du docteur Erdmann, de Nancy Kress, paru en 2008 en VO, en 2016 chez nous.



Panique à la maison de retraite

Henry Erdmann, éminent physicien mais vieillard de 90 ans, commence à voir son état se détériorer : malgré son aisance intellectuelle à discuter encore de sujets très pointus, il repère chez lui quelques symptômes inquiétants comme des palpitations, des nausées ou des évanouissements. Il s’épanche auprès de son aide-soignante préférée, Carry Vesey, et cherche à comprendre pourquoi d’autres résidents de l’institution médicalisée ressentent parfois, et à des moments communs, des effets tout à fait similaires. Se mêlent alors une certaine « enquête » de la part d’Henry Erdmann et Carry Vesey pour savoir d’où lui viennent ces symptômes inquiétants et l’apparition répétée, successive de phénomènes qui peuvent sembler paranormaux (une crise cardiaque survenue à un moment fatidique, un coffre fermé à clé qui est retrouvé ouvert sans autre explication, etc.) mais qui les mènent plutôt vers l’observation d’une expérience scientifique de grande ampleur.



La vieillesse est-elle un naufrage ?

Nancy Kress nous emmène dans un environnement qui ne fait pas plaisir à voir, car, chacun, nous sommes amenés à envisager ce que nous deviendrons à 80 ou 90 ans (encore faut-il déjà arriver à cet âge…). Sénile avant l’âge ? Intellectuellement avancé, mais avec un corps qui cède ? L’inverse ? Rien de tout cela ? Dans tous les cas, il y a de tout dans cette maison de retraites pour se repérer dans ces différentes possibilités. L’autrice ne se contente pas de nous exposer la vision du docteur Erdmann, mais navigue (notamment dans les premières pages) entre plusieurs esprits s’interrogeant sur ce qu’il se passe dans cet endroit. De fait, la question revient souvent : est-ce que vieillir à un sens ? On garde précieusement ses souvenirs, ses proches quand c’est possible ; on se sent plus proche de la fin que du début ; l’expérience vient compenser au quotidien les faiblesses qui sont apparues depuis longtemps… Bref, au vu des thèmes abordés, ce n’est pas un récit très joyeux, d’autant plus que ces histoires sont confrontées à d’autres drames personnels qui se jouent autour de cette fameuse maison de retraites (violence conjugale, drame aérien, etc.).



Belle vision science-fictionesque

Je suis tout de même allé voir ce qu’était un « nexus » en terminologie médicale (j’avais l’idée de connexion par le terme informatique, mais c’est plus précis que ça) : il s’agit donc d’une « jonction intercellulaire mettant en relation le cytoplasme de deux cellules voisines ». En somme, ce sont deux organismes (ou plus) tellement proches qu’ils mettent en commun une partie de leur contenu. À l’échelle d’esprits humains, comment une autrice peut-elle envisager cela ? Nancy Kress nous propose donc une vision intéressante sur la maturité de l’esprit humain, notamment pour envisager la suite à une vie « physique » et pour se confronter à quelque chose de plus grand que notre simple existence terrestre. Les éléments de science-fiction utilisés touchent fortement à une vision métaphysique du monde, nous laissant espérer qu’il y a toujours des choix à opérer, individuellement comme collectivement.



Le Nexus du docteur Erdmann donne donc une vision neuve d’un sujet maintes fois abordé : la vieillesse selon Nancy Kress est porteuse de bien des espoirs.



Commenter  J’apprécie          160
L'une rêve, l'autre pas

« « Docteur… savez-vous combien j’aurais pu accomplir en plus si je n’avais pas dû dormir toute ma vie ? » »



Roger Camden et sa femme Elizabeth rencontrent le Docteur Ong pour déterminer les modifications génétiques qu’ils souhaitent apporter au bébé qu’ils planifient d’avoir. La discussion se concentre d’abord sur des caractéristiques plus génériques – une fille, avec des yeux verts, qui serait grande et mince –, mais Camden a découvert l’existence d’un programme spécial permettant de créer des enfants n’ayant aucun besoin de sommeil et il est bien décidé à en faire profiter son futur enfant. À la faveur d’un hasard de la nature, des jumelles vont naître, Leisha et Alice, l’une génétiquement modifiée, l’autre non. Avec ce court roman qui a remporté de nombreux prix au moment de sa parution originale au début des années quatre-vingt-dix, Nancy Kress explore, à travers le personnage de Leisha, l’impact que cet avantage génétique aurait tant sur l’individu, dans sa capacité à développer son plein potentiel, que sur la société dans laquelle il aurait à s’intégrer comme humain augmenté et surtout différent. Si ces questions m’intéressaient de prime abord, j’ai bien failli ne pas me rendre au bout de ma lecture, entre autres du fait de l’absence de personnages véritablement attachants, de l’impression que j’ai pu avoir par moment de lire un rapport (Leisha à 11 ans, à 15 ans, etc…), du traitement plutôt négatif que l’auteure réserve au personnage d’Alice et de la philosophie développée au sein du récit qui m’a plutôt ennuyée.

Commenter  J’apprécie          152
La fontaine des âges

Je poursuis ma découverte du décidément très bon catalogue de nouvelles/novella de la collection Une heure lumière de Le Bélial', avec leur n°28 : La Fontaine des âges de Nancy Kress.



Nancy Kress est une autrice de SFFF qui a beaucoup écrit et souvent été traduite chez nous, mais j'ai souvent lu qu'elle n'était pas d'un abord facile, voire que malgré de bonnes idées les lecteurs n'avaient pas aimé car c'était un peu abrupte. Je voulais cependant me faire ma propre idée et tant qu'à faire, j'ai découvert ces dernières années que commencer par un texte court était souvent une bonne idée. ^^



Voilà comment j'en suis arrivée à La Fontaine des âges qui a en plus le bon goût de porter sur un thème que j'affectionne : les amours à travers le temps. A l'aide d'une double temporalité, l'autrice nous permet de découvrir Max Feder, un riche businessman pas très très honnête. Dans sa jeunesse, il est tombé amoureux d'une femme qu'il a perdu de vue. Des années plus tard, il la retrouve mariée et surtout malade, sauf que sa maladie est d'un genre très particulier : elle lui procure les effets d'une fontaine de jouvence, régénérant en permanence son corps, l'empêchant de vieillir.



En effet, en partant d'un thème très classique en littérature blanche : un amour de jeunesse perdu voir déçu, l'autrice a eu la riche idée d'y greffer une belle intrigue de SF sur fond de question sur le vieillissement et la jeunesse éternelle. J'ai adoré lire cette nouvelle parfaitement écrite et rythmée. Il y a un ton mélancolique et limite dramatique bien trouvé quand il est question des sentiments du héros vis-à-vis de Daria. Et au contraire, un ton beaucoup plus sombre et âpre quand on suit le chemin de vie de celui-ci.



Car au-delà d'une belle romance dramatique, nous avons le récit du parcours d'un homme qui parti de rien est devenu un riche businessman aux affaires bien troubles. C'est passionnant de suivre son ascension, ses magouilles, ses relations de dupes avec ses proches et de "travail" avec ses "associés". Cela n'a rien d'innovant mais c'est tellement bien écrit que ça rend le tout crédible et ça nous immerge complètement dans l'ambiance de ce vieux mafieux sur le point de subir une opération et se rappelant son passé, ses désirs, son ascension, ses erreurs...



Le sujet du vieillissement, de la jeunesse et de la fontaine de jouvence n'ont rien de neuf non plus mais sont fascinants ici aussi. En peu de mots, l'autrice nous dépeint la maladie de Daria, les conséquences de cette trouvaille sur la médecine et la société mais aussi plus tard ses dérives et c'est fou et glaçant à la fois de voir ce que les hommes sont prêts à faire pour se sentir jeune pendant quelques temps.



Pour une première approche de l'autrice, c'est une approche réussie pour ma part. J'ai aimé la façon dont elle jouait des lignes temporelles de son récit. J'ai aimé la façon dont elle a posé les différentes ambiances de sa nouvelle. J'ai aimé la complexité de l'âme humaine qu'elle a tenté d'explorer sous la facette de la question du vieillissement mais aussi des relations amoureuses et familiales. J'espère que ses autres titres sont tout aussi intéressants et accessibles. Et si vous avez des conseils, je suis preneuse  ;)
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
Commenter  J’apprécie          152
L'une rêve, l'autre pas

A la naissance de ses jumelles, Roger Camden est satisfait : l’une est une Non-Dormeuse, c'est-à-dire une personne qui ne dort pas du tout et dispose de huit heures d’éveil supplémentaires mais surtout d’un esprit plus logique que la moyenne.

C’est assez différent de ce à quoi je m’attendais : Nancy Kress passe très rapidement de l’attente de la naissance des jumelles à leurs vies adulte en passant par diverses stades importants de l’enfance et l’adolescence. En fait, ce roman de science-fiction est plus une étude des comportements humains face une différence entre les humains normaux et ceux qui peuvent se passer de sommeil. Tous les Humains sont-ils toujours égaux dans ce cas ? Une réflexion inédite sur la différence. Dommage que le côté familial soit moins importante dans cette histoire.

Le style de Nancy Kress me plait bien à partir d’une idée originale, elle arrive à raconter une histoire sur les relations humaines. Je lirai avec d’autres de ses livres, du côté adultes notamment. Ce livre a reçu plusieurs prix dont le prix Hugo du roman court en 1992.
Commenter  J’apprécie          150
La fontaine des âges

Max Feder est un vieil homme de quatre-vingt-six ans, vivant reclus dans sa maison de retraite.

Dans un monde où l'argent permet de s'offrir une quasi immortalité en prenant le traitement d'qui stoppe le vieillissement à l'âge où vous le prenez, le choix de Max de ne pas y recourir peut paraître étrange.

Mais il n'en a cure, sa vie n'a été qu'une suite de déceptions : son mariage un naufrage, son fils un parfait inconnu et son seul véritable amour disparu. Il a bien réussi à bâtir un empire financier mais en complète illégalité, tel un escroc comme le décrit si bien sa progéniture.

Une chose et une seule lui reste indispensable : une bague renfermant le souvenir d'une femme qu'il a follement aimée il y a plus de cinquante maintenant. Lorsque le bijou disparaît par inadvertance dans la gueule du robot chien de ses petits-fils, Max n'a plus qu'une idée en tête : retrouver la magnifique Daria et recueillir auprès d'elle un nouveau souvenir.



Amour, pouvoir et immortalité, drôles d'ingrédients pour un roman SF un peu inégal mais malgré tout plaisant.

Tourné autour d'un personnage grincheux et désabusé, l'intrigue aurait pu rapidement tourner court. La perte de son bijou fétiche nous le dévoile heureusement au fil des pages bien plus complexe qu'au premier abord et presque sympathique au final.

Avouons en même temps qu'autour de lui, rien n'apparaît guère attirant dans cette société marquée par le réchauffement climatique et l'omniprésence des robots, cette population obsédée par le jeunisme et la vie éternelle.

Le tableau que nous dresse Nancy Kress d'un monde décadent, partial et inégalitaire laisse un goût d'amertume que rattrape l'amitié étrange mais fondée qui lie Max et Stevan, un rom-gitan dont la communauté paraît être la seule à avoir su conserver des valeurs humaines et d'entraide.



Un roman peut-être trop court pour pouvoir développer avec succès ses intentions mais les questions qui y sont posées méritent réflexion...
Commenter  J’apprécie          130
La fontaine des âges

Depuis un peu plus de cinq ans maintenant, la collection Une Heure Lumière du Bélial permet au lectorat français de se familiariser avec les textes d’auteurs et autrices réputé(e)s, ici ou outre-atlantique, le tout par le biais d’un format court n’excédant que rarement la centaine de pages. Déjà présente parmi les premiers auteurs mis en avant par la collection (« Le nexus du docteur Erdmann »), Nancy Kress fait sont retour avec un nouveau texte dans lequel on reconnaît sans mal la patte de cette prolifique autrice américaine récompensée par de nombreuses distinctions propres au milieu de la SF. On y retrouve l’une des thématiques phares de l’autrice qui s’attarde à nouveau sur les conséquences à long terme que pourrait avoir telle ou telle innovation scientifique sur la société en générale, et sur certains individus en particulier. Après les modifications génétiques visant à influer sur le sommeil (« L’une rêve l’autre pas ») ou bien l’analyse par l’état d’éventuels problèmes génétiques de tous ses citoyens afin d’exclure les plus à risque du système de santé (« La montagne ira à Mahommet »), c’est cette fois la question du non vieillissement du corps et de l’éternelle jeunesse qui taraude Nancy Kress. La novella met en scène un homme à l’aube de sa vie et qui a manifestement réussi sa vie professionnelle en passant à côté de sa vie sentimentale. Son fils et ses petits-enfants ne semblent lui inspirer aucune sympathie, et il en va de même pour la femme qui a partagé l’essentiel de sa vie. La seule chose à même de l’émouvoir est une bague dans laquelle réside un souvenir de son premier et unique amour, une jeune femme rencontrée il y a une éternité de cela à Chypre. L’histoire aurait pu être belle, mais la vie en a décidé autrement, du moins jusqu’à ce que le milliardaire vieillissant ne se décide à renouer avec son passé.



Comme souvent dans les récits de Nancy Kress, la science se trouve au cœur de la réflexion de l’autrice, mais ce sont les personnages et leurs choix face à des innovations aux possibilités vertigineuses qui occupent essentiellement le devant de la scène. Ainsi, nul besoin d’être particulièrement calé dans le domaine de la génétique ou de la médecine pour comprendre les implications des nouveautés imaginées par l’autrice. Ici, c’est la perspective de repousser la mort tout en conservant sa jeunesse qui a provoqué d’énormes remous dans la société après qu’une entreprise se soit spécialisée dans un traitement capable de figer le corps à l’âge actuel du participant, avec toutefois un inévitable couperet vingt ans plus tard. Le thème de la vie éternelle ou de l’élixir de jouvence est loin d’être original mais le récit de Nancy Kress a cela d’intéressant qu’il insiste moins sur la manière dont cette expérience pourrait être réalisée que sur les conséquences qu’une telle possibilité aurait sur la société dans son ensemble. C’est cette volonté de l’autrice de placer encore et toujours l’humain au cœur de ses écrits qui me font d’ordinaire apprécier ses textes, mais force est de reconnaître que l’implication émotionnelle est ici un peu limitée. La faute à un protagoniste assez odieux et au sort duquel on a par conséquent du mal à compatir. Le récit comporte pourtant quelques beaux moments d’émotion, malheureusement souvent parasités par les réactions méprisables du héros. Les personnages secondaires sont plus touchants, notamment dans leurs tentatives de renouer avec cet homme arrogant et froid, mais demeurent trop peu développés pour compenser véritablement l’absence de protagoniste auquel s’identifier. La plume de l’autrice est en revanche toujours aussi agréable et l’intrigue bien ficelée, avec des rebondissements qui parviennent à surprendre et une conclusion en demi-teinte parfaitement adaptée à l’ambiance générale du texte qui s’apparente parfois davantage à un thriller qu’à un récit de science-fiction.



Lecture en demi-teinte pour cette novella signée par une ponte de la SF qui s’interroge ici sur les effets potentiels d’un accès à un traitement capable de stopper le vieillissement d’un corps humain. Malgré la qualité de la réflexion fournie par l’autrice j’ai été quelque peu rebutée par l’antipathie provoquée par le personnage principal dont on peine parfois à comprendre les motivations et les émotions. On reste cela dit sur du bon cru, à l’image de ce que propose toujours la collection Une Heure Lumière du Bélial.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
Commenter  J’apprécie          130
La fontaine des âges

Assez difficile pour moi de noter ce livre, car je suis complètement passée à côté. Est-ce parce que je n'ai absolument rien compris, rien décelé, rien saisi, ou est-ce parce qu'il est mauvais ?



Je penche évidemment plutôt pour la première solution, car j'ai fini le livre comme je l'ai lu : avec un désintérêt profond (et de l'aversion pour certains aspects).



Pourquoi ? Parce que le protagoniste n'est pas seulement antipathique, c'est un salopard fini. Vieux con, pourri par l'argent et les magouilles, piteux époux et encore plus piteux parent, détestable, aux valeurs douteuses… il n'a rien pour plaire. Et ce n'est pas son récit sur sa vie et sa quête (qui me fait un peu pitié) qui va me le faire apprécier.



A partir de là, difficile de m'accrocher au personnage. Il y a ensuite l'écriture, qui pourrait me transporter. Oui mais là non plus ça n'a pas matché. Beaucoup trop sec, haché, oralisé pour moi. J'aime bien la langue brodée. Pas remplie d'artifices et de circonvolutions, mais j'aime qu'elle me transporte, qu'elle offre ce qu'elle a de plus beau. Je reconnais la force du style, très contemporain, actuel, collant parfaitement au parler courant, et cela crée une impression d'instantanéité très forte. Mais je n'aime pas ça. Notre langage parlé est moche et terriblement appauvri, j'aime donc autant lire quelque chose de plus fouillé et recherché.



Enfin, reste l'intrigue. Oui, mais comme elle est liée au personnage principal qui me hérisse, je n'accroche pas. J'ai eu un mal fou à saisir quand le texte partait dans le passé, et quand on revenait dans le présent. D'autre part, le style étant très oral, même dans la narration, peu de descriptions, qui auraient pu m'aider à saisir le contexte SF de cette œuvre. Là encore, j'ai fait chou blanc, je n'y ai strictement rien saisi. Des allusions par-ci par-là, mises bout à bout créent sûrement quelque chose de cohérent, mais si je suis plutôt habile pour les puzzles, là je n'ai pas réussi. Sûrement par désintérêt aussi, il faut bien l'avouer.



Et finalement, péniblement, j'arrive à la fin de ce petit texte (car quand même, abandonner un truc aussi court et écrit aussi gros c'est un peu la loose), et puis rien. Juste "tout ça pour ça ?" Je n'ai pas saisi la fin, donc j'en suis venue à me dire qu'effectivement, j'étais passée à côté de l'ensemble de la nouvelle.



C'est bien la première fois que cela m'arrive. Même les textes que je n'apprécie pas, j'arrive toujours à y trouver des éléments d'analyse. Ici, rien. Je pense que c'est un texte que je n'aurais pas dû lire de suite, du fait de mon manque de pratique SF, clairement. Peut-être faut-il avoir une expérience de lecture dans le domaine plus importante pour saisir ce qui se trame ici.



Donc je dirais que je suis passée à côté, ce qui n'en fait pas un mauvais texte. En revanche, j'ai vraiment ressenti une aversion profonde pour le personnage et le style. Donc la fontaine des âges va prendre le chemin de la boîte à livres la plus proche... !
Commenter  J’apprécie          130
Le Nexus du docteur Erdmann

Je poursuis ma découverte des titres de la collection Heure-lumière du Bélial avec la seconde novella publiée qui a obtenu le Prix Hugo, en 2009 : Le nexus du Docteur Erdmann de Nancy Kress. Je pense à terme tous les découvrir mais je tenais particulièrement à poursuivre par celui-ci en raison des bons retours que j’ai pu lire dans la Blogosphère.



Henry Erdmann est physicien et malgré ses quatre-vingt-dix ans et le fait qu’il réside dans la maison de retraite de Saint Sébastian, il continue à enseigner à l’université. Mais alors qu’il rentrait de l’un de ses cours, raccompagné par son aide-soignante Carrie, il est soudainement pris d’un malaise. Malgré le choc, Henry refuse à ce qu’elle appelle les secours et ils rentrent tous les deux à Saint Sébastian. Ils pensent évidemment à une attaque cérébrale mais lorsque le vieux professeur a rendez-vous le lendemain pour un IRM avec le chercheur en neurosciences, le docteur Di Bella, il se rend compte qu’en réalité, d’autres résidents ont partagé sa curieuse expérience…



J’aime vraiment cette collection car non seulement, elle me permet de découvrir de nouvelles plumes mais les textes sélectionnés sont de bonne qualité. Là encore, Le nexus du Docteur Erdmann n’échappe pas à la règle pour plusieurs raisons :



- Le décor sélectionné par Nancy Kress est plutôt surprenant et original car il s’agit d’une maison de retraite américaine dans laquelle les pensionnaires sont issus d’un niveau social aisé.



- Le texte est une novella-chorale ce qui rend la lecture dynamique : la parole est ainsi donnée à plusieurs personnages hauts en couleur dont la psychologie est particulièrement soignée et le passé développé. Ainsi, nous avons comme personnage principal le scientifique Henry Erdmann grincheux mais attachant, l’aide-soignante Carrie dévouée à son métier, le Docteur Jack Di Bella très professionnel et prêt à rendre service, Evelyn Krenchnoted curieuse et commère, Anna Chernov ancienne grande ballerine et nostalgique de son passé, Gina Martinelli bigote et Erin Bass qui porte un regard très New Age sur le monde !



- Le suspense est bien maintenu tout au long de l’intrigue et l’on ne comprend la cause de ces malaises et faits surprenants qu’à la toute fin. Dommage, toutefois que l’auteure rentre un peu trop dans des digressions scientifiques pour expliquer le concept du nexus et de la complexité émergente. J’avoue avoir un peu décroché dans certains passages.



- Enfin, Nancy Kress dénonce plusieurs faits de société ce qui donne de l’ampleur et un double niveau de lecture à son récit : par exemple, elle aborde le sujet des violences faites aux femmes au travers du personnage de Carrie : cette dernière a eu une enfance malheureuse et se fait battre par son ex-mari policier. Elle dénonce aussi le sort réservé aux personnages âgées dans notre société occidentale et le fait qu’ils sont reléguées dans les maisons de retraite : pour certains pensionnaires, leur famille vient très peu les voir sauf pour leurs demander parfois de l’argent !



En conclusion, Le nexus du Docteur Erdmann de Nancy Kress est une novella très réussie, originale par son décor, aux personnages hauts en couleur et attachants, aux sujets de société abordés par l’auteure qui donnent de la profondeur au récit et au suspense maintenu jusqu’à la fin. Mon seul regret est les paragraphes scientifiques un peu ardus à suivre mais je ne doute pas qu’une seconde lecture à tête reposée devrait me permettre de surmonter cette difficulté (Ah, difficile parfois de se concentrer dans les transports en commun !). Bref, une novella que je recommande !
Lien : https://labibliothequedaelin..
Commenter  J’apprécie          130
L'une rêve, l'autre pas

C'est un texte qui nous narre les différentes étapes de la vie de Leisha, et de sa soeur jumelle. Enfin, presque jumelle, car Leisha a subi quelques modifications génétiques avant sa naissance lui permettant de se passer de sommeil et de bénéficier de diverses améliorations, Tandis que l'autre est resté naturelle, ordinaire. Ces choix individuels ont cependant un impact sur cette société future. Gagner quelques heures de sommeil permet de compléter son éducation, d'autant plus quand les parents sont déjà des puissants de ce monde. Une nouvelle religion voit le jour, soeur du libre échange et de l'individualisme. Basé sur le contrat bénéfique à l'une et l'autre partie. Mais que faire quand une des parties n'a rien à échangé, du fait de sa place dans la société, et/ou de son incapacité ?

J'ai beaucoup pensé à Robert Charles Wilson et son roman Les Affinités en lisant ce texte. Sur une idée de départ différente, ces deux auteurs nous dressent le portrait d'un monde qui se ferme aux autres. Sentiment renforcé par une écriture simple et fluide, la grande histoire nous est contée du point de vue individuel.

Tous les parents veulent le meilleur pour leurs enfants, c'est un fait avéré. Si vous aviez la possibilité de leur donner les meilleurs chances de départ dans la vie, vous n'hésiteriez pas un seul instant. Mais à décision individuelle, les conséquences sociétales ne sont pas à ignorer. Sur un sujet toujours d'actualité, les modifications génétiques du foetus, Nancy Kress dresse le bilan possible d'une telle révolution : inégalités, difficultés parentales à gérer ces surdoués, discriminations des minorités (pour une fois les riches), ...



J'ai aimé aussi cette critique sous jacente de l'individualisme face à la société, du bien commun. Critique toute en nuance car même si vivre en société implique l'abandon d'une part de son individualité, la société, l'opinion publique va extrêmement vite à se trouver des parias. Parias qui n'auront alors qu'un désir, celui de vivre hors société. La boucle est bouclée.



Le livre se termine par une interview de quelques pages de Nancy Kress qui revient sur son parcours. Un petit plus qui m'a hautement ravi. Pour moi, cela devrait être la norme dans l'édition..



Pour conclure, une très bonne découverte. Un texte qui se lit rapidement et aux prix décernés mérités.
Commenter  J’apprécie          132
La fontaine des âges

En conclusion, j’ai beaucoup apprécié cette novella très maîtrisée et intéressante par ses thématiques abordées telles que la vieillesse, la biotechnologie ou les enjeux environnementaux. Il est vrai que je n’ai pas ressenti beaucoup d’empathie pour le personnage principal car il est plutôt détestable dans son ensemble et j’aurais préféré que celui de Geoffrey soit un peu plus développé par exemple. Mais, l’alternance entre les deux fils narratifs a rendu la lecture dynamique et m’a permis de m’impliquer dans le récit. Bref, une lecture très agréable encore une fois.



Pour une chronique plus complète, rendez-vous sur mon blog :
Lien : https://labibliothequedaelin..
Commenter  J’apprécie          120
La fontaine des âges

La Fontaine des âges est la deuxième parution de Nancy Kress au sein de la collection Une heure Lumière. Il s’agit également du numéro 28 de cette collection dédiée aux romans courts. Les éditions du Bélial’ ont déjà mis Nancy Kress à l’honenur avec le recueil Danses aériennes, qui a été lauréat du Grand Prix de l’Imaginaire en 2018. La Fontaine des âges est une novella de science-fiction paru en 2007 aux États-Unis. Il a obtenu le prix Nebula du meilleur roman court 2007 et a été finaliste des prix Hugo et Asimov’s en 2008.



Nancy Kress a pour thèmes de prédilection le génie génétique et l’intelligence artificielle. Le titre de ce court roman laisse facilement deviner dans quel domaine il se situe. L’histoire se déroule dans un futur proche où les technologies ont évolué, que ce soit dans le domaine de la médecine ou de l’informatique. On trouve par exemple des robots chiens dont le comportement ressemble aux vrais. C’est un de ces robots qui va être à l’origine involontairement du début de la mésaventure de Max Feder. Son fils vient lui rendre visite accompagné de ses deux enfants et de leur robot chien, qui va malencontreusement détruire la bague que porte Max Feder depuis des années. Et Max tient énormément à cette bague, elle représente une énorme valeur sentimentale pour lui, étant donné qu’elle contient le souvenir de son amour perdu. Il va ainsi tout faire pour retrouver son ancienne compagne qu’il a connu brièvement à Chypre, mais qui est depuis devenue célèbre pour une raison bien particulière. En effet, cette dernière a la capacité de générer des cellules souches et ainsi ne vieillit jamais.



Comme dans Le nexus du docteur Erdmann, Nancy Kress choisit un homme très âgé comme personnage principal. Cependant, c’est leur seul point commun. Max Feder n’est pas très sympathique, il est égoïste, ancien délinquant devenu riche, et n’est motivé que par une seule chose. Pour nous raconter son histoire, Nancy Kress va opter pour une narration non linéaire, jouant ainsi avec différentes époques. On a un peu de mal au début à s’y retrouver mais finalement on s’y fait assez vite.



Les thématiques abordées par l’autrice tournent autour du vieillissement, de la volonté de vouloir rester jeune et en pleine forme, de la mémoire, des modifications génétiques et de ce qu’elles peuvent entrainer. Le roman est centré sur l’histoire de Max, et il manque un petit quelque chose pour pousser la réflexion un peu plus loin.



La Fontaine des âges est ainsi un bon cru dans la collection Une heure lumière. On y retrouve les thèmes et cadre courants chez Nancy Kress, un futur où les technologies décrites sont réalistes, et abordant le sujet du génie génétique et du vieillissement.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
Commenter  J’apprécie          120




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nancy Kress (805)Voir plus

Quiz Voir plus

la street , par camille

Comment s'appelle le personnage handicapé?

miel
orel
carl

2 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : La street, tome 1 : En mode bolide de Cécile AlixCréer un quiz sur cet auteur

{* *}