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Critiques de Naomi Novik (828)
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Téméraire, tome 4 : L'Empire d'ivoire

Dans Par les chemins de la Soie, nous avions quitté, Téméraire, Lawrence ainsi qu’une ribambelle de prussiens et de dragons sauvages lors d’une retraite mouvementée au « soir » de la bataille de Iéna. Nous retrouvons toute cette compagnie 3 jours après, épuisée, harcelée par les troupes françaises au dessus de la Manche. La fuite n’a pas été de tout repos, entre les escarmouches, la soif et la faim, la panique s’est glissée parmi les teutons qui rendent l’évasion aussi bien compliquée que périlleuse. La suite du voyage devient de plus en plus laborieuse, mais ils parviennent enfin sur les côtes britanniques.



Naomi Novik nous propose un roman qui emprunte au canevas des tomes 2 et 3, à savoir, un voyage, une mission et quelques rebondissements. J’avais trouvé le procédé quelque peu lassant dans Par les chemins de la soie (tome 3) avec un trajet qui s’attardait beaucoup sur les étapes, les paysages et les rencontres (tout comme Le Trône de Jade, le tome 2). Sans que cela soit ennuyeux, il y a avait une certaine redondance d’un volume à l’autre



Naomi Novik s’attarde sur la situation en Angleterre avec de nombreuses patrouilles qui épuisent la vingtaine de dragons sains qui se résument à Téméraire, ses 20 compagnons sauvages et la petite cracheuse de feu au tempérament bouillant. Nous avons également la description de la longue agonie des reptiles ailés un peu partout en Grande Bretagne. Un tableau qui s’avère finalement assez triste et déprimant. L’action promise ensuite fait figure de grand bol d’air et de libération. Halte à la résignation, place à l’action!



Le lecteur doit s’attendre à un roman un peu plus sombre et violent. Adieu, le conflit d’Iéna et les batailles rangées entre deux armées. Pour le coup, elles paraîtraient bien plus humaines que ce qui attendent nos amis en Afrique du Sud. La quête du médicament pour les dragons malades évolue d’une situation délicate à désespérée, entre enlèvements, combats, révoltes, massacres et séquestrations, tout cela sur fond d’esclavage. Oui, le roman est rythmé, le lecteur a toutefois quelques plages de respirations, avec des scènes plus intimistes, ou l’exposition de paysages magnifiques.



Outre l’exotisme et des thématiques intéressantes, L’Empire d’Ivoire affine les interactions entre les différents personnages. Comme précédemment, la relation entre Téméraire et Lawrence est à la fois tendre, amicale et empreinte de beaucoup d’amour, mais nous voyons se développer les autres, traitées de manière superficielle jusqu’alors. Ainsi les personnages secondaires ont-ils plus de corps et d’indépendance dans ce récit. Jane occupe une position surprenante à leur retour, Naomi Novik en joue même si elle aurait pu aller plus loin dans cette veine. Nous avons Harcourt, capitaine de Lilly (la longwing) impliquée dans une relation amoureuse moderne…. cela décoiffe à cette époque, une incursion bienvenue dans ce domaine qui participe à la qualité du roman.



Critique plus complète et illustrée sur mon blog
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Téméraire, tome 3 : Les chemins de la soie

S'il y a un coup de chapeau à tirer à l'auteur ici, c'est l'excellente maîtrise du contexte politique et historique de l'époque. Les batailles décrites suivent la réalité, hors le fait qu'elles ont, comme atout stratégique, des dragons...



C'est toujours très bien écrit. J'ai malgré tout un peu moins accroché qu'aux deux précédents, cela m'a paru plus décousu, eût égard aux nombreux "miles" parcourus depuis la Chine en passant par la Turquie et en arrivant en Allemagne et en Autriche. L'intervention des dragons sauvages et leurs sales caractères est amusante dans un contexte relativement sombre dans l'ensemble (je ne compte plus les pertes en hommes dans l'équipage de Téméraire, ni les milliers de morts dans les diverses batailles...).



Cela reste donc un très bon moment de divertissement. Juste une remarque : je n'ai pas compris à la fin que j'étais arrivée "à la fin". Tomber sur l'habituel épilogue en forme de plaidoyer, ici, contre l'intelligence des dragons sous forme de lettre, m'a surprise, voire frustrée. Je me doute bien que c'est pour qu'on saute sur le tome suivant. Ce que je ne vais peut-être pas faire tout de suite, lol !
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Téméraire, tome 5 : La victoire des aigles

Suite des aventures de Lauwence et Téméraire. Comme d'habitude, l'histoire prend place immédiatement après la fin du précédent tome et est divisée en trois parties. Ici Naomi Novik fait complètement déraillée l'Histoire. Dans cette Europe en pleine guerre napoléonienne, dans laquelle les dragons aident dans les combats, l'autrice imagine l'invasion de l'Angleterre par Bonaparte. Une situation des plus délicates étant donné que la France aurait dû être à genoux sans "la trahison" de Lawrence. Voilà de quoi encore plus remuer la conscience de notre protagoniste.



C'est là l'un des points forts du roman. L'autrice nous immerge dans la psyché de ses protagonistes. On a un Lawrence torturé par les regrets tout en étant à l'aise avec sa conscience. Pour un homme comme lui très attaché à l'honneur, difficile de passer pour le traître. D'autant qu'il a peu de soutien. Téméraire, quant à lui, reste un dragon. Aussi intelligent soit-il, il n'a pas la même conception, ni les mêmes préoccupations qu'un humain. En ce sens, les non-dits et les erreurs d'interprétation ont tendance à éloigner les deux compagnons sans qu'ils le veuillent réellement.



Alors que la situation est désespérée et que Téméraire n'a désormais plus rien à perdre vu que les autorités britanniques veulent la tête de son capitaine, c'est aussi l'occasion pour lui de faire valoir les droits des dragons. Une bourrasque émancipatrice souffle dans les rangs draconiques.



Enfin, l'autrice est parvenue à imaginer une bataille finale épique, avec son lot de victimes, de rebondissements et de situations désespérées.



C'est un tome que j'ai beaucoup apprécié découvrir et une série qui me satisfait pleinement dans la réinterprétation qu'elle nous propose de l'Histoire.

Le prochain tome permet en outre un autre voyage dans cette Europe uchronique du XIXe s. Il me tarde de le découvrir.
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Éducation meurtrière

On ne compte plus le nombre de romans présentés au public comme « le nouveau Harry Potter » et mettant en scène une école de magie plus ou moins inspirée du célèbre Poudlard dans laquelle vaquent de futur.es sorciers et sorcières. Or, force est de reconnaître que les romans en question peinent souvent à soutenir la comparaison avec l’oeuvre de Rowling. La Scholomance de Naomi Novik, elle, est nettement plus intéressante que ce que j’ai pu lire jusqu’à présent dans le même registre et, quand bien même la série s’adresse avant tout à un lectorat adolescent ou jeune adulte, elle possède des atouts à même de séduire un lectorat plus âgé. Dans le premier tome de cette nouvelle série, l’autrice met en scène une jeune fille, Galadriel, dont on découvre le quotidien au sein d’une institution de magie baptisée « Scholomance ». Une école d’un genre un peu particulier, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, les cours n’y sont pas assurés par des professeurs. Ensuite, le bâtiment flotte dans une sorte de néant rendant toute entrée et sortie impossible avant la fin du cursus scolaire des élèves, soit la classe de terminale. Enfin, les élèves sont régulièrement victimes d’attaques de créatures monstrueuses qui pullulent dans tous les recoins de l’école, si bien que survivre à un repas au self ou à un passage aux toilettes nécessitent pour les étudiants de déployer des trésors d’ingéniosité. C’est dans ce climat pour le moins tendu que l’on fait donc la rencontre de Galadriel, présentement en classe de première, et qui possède très peu d’alliés au sein de l’établissement. Or, pour avoir une chance de survivre à l’épreuve finale de terminale prévue l’an prochain, il lui faut absolument intégrer une alliance composée d’autres élèves compétents qui pourront surveiller ses arrières. Sauf que la jeune fille possède peu d’atouts, à commencer par une origine sociale qui l’exclue de facto des groupes les plus puissants. Ou du moins était-ce le cas jusqu’à ce qu’elle croise la route d’Orion, un jeune garçon issu de la plus influente enclave new-yorkaise et qui s’est taillé une sacrée réputation au fil de sa scolarité en sauvant un nombre incalculable d’élèves de la mort. Parmi eux, notre héroïne, agacée d’être secourue comme une vulgaire demoiselle en détresse et peu désireuse de nouer une quelconque relation d’amitié avec le jeune homme qui semble pourtant lui accorder une attention particulière.



Le pitch est somme toute relativement classique puisqu’on retrouve le principe d’une bande d’ados coincés dans un milieu hostile auquel ils ne pourront échapper qu’en s’unissant. Le résultat est cela dit ici de très bonne facture, ce premier tome réservant de belles surprises, tant en ce qui concerne l’intrigue que les personnages, sans oublier le décor. La Scholomance est une école assez captivante à explorer, dont on se familiarise avec les règles et les spécificités au fur et à mesure des péripéties rencontrées par l’héroïne. Certains lieux possèdent d’ores et déjà une aura suffisante pour marquer le lecteur et renforcer ainsi l’immersion. C’est le cas par exemple de l’atelier, dans lequel se cachent toutes sortes de créatures plus vicieuses les unes que les autres, mais aussi du self, où il vaut mieux prêter une grande attention aux aliments qu’on ingurgite, ou encore de la bibliothèque, entité consciente capable de mettre des bâtons dans les roues des lecteurs en jouant avec les rayonnages pour garder enfouis ses ouvrages les plus précieux. Un décor ne pèse toutefois pas bien lourd sans des personnages convaincants pour l’occuper, or la galerie de portraits déployée ici par Naomi Novik se révèle plus que satisfaisante. Galadriel (qui préfère qu’on l’appelle El) est une héroïne attachante, débrouillarde et solitaire qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui se montre capable de faire preuve d’une grande maturité. Orion, lui, est un personnage plus difficile à cerner qui, de part son rôle dans l’intrigue, paraît dans un premier temps tout à fait s’inscrire dans le cliché du bellâtre talentueux entiché de la marginale de l’école. Or le profil du jeune homme n’a finalement pas grand-chose à voir avec ce stéréotype, l’autrice le faisant bien vite choir de son piédestal en le dépeignant, certes, comme influent et puissant, mais surtout comme quelqu’un de maladroit, mettant mal à l’aise les membres de son groupe et faisant montre d’une naïveté absolument hallucinante. Naïveté qui irritera régulièrement l’héroïne au plus haut point et l’incitera à secouer régulièrement le jeune homme au cours de scènes d’une grande satisfaction pour le lecteur.



Les autres personnages sont à l’avenant, qu’il s’agisse d’élèves marginalisés ou de membres plus éminents de l’école, tentés désormais d’approcher la jeune fille en raison de sa proximité avec un étudiant appartenant à une prestigieuse famille. Et c’est d’ailleurs là que se situe l’une des plus grandes réussites du roman qui met l’accent sur les inégalités de classes entre les étudiants de la Scholomance. En effet, parmi les aspects de l’univers développés ici par l’autrice, le volet sociétal occupe une part non négligeable puisque, si l’école est censée en théorie récompenser les meilleurs des élèves, les statistiques démontrent de façon implacable que les enfants issus de familles lambda ont davantage tendance à servir de chair à canon que les rejetons des enclaves, clans très fermés regroupant les sorciers et sorcières les plus puissant.es. Cette inégalité se manifeste de façon très diverse, mais force est de constater que les étudiants issus des enclaves et ceux comme El ne vivent pas la même scolarité. Sans être poussée très loin, cette critique sous-jacente du système éducatif permettant de mettre en lumière des inégalités de classe camouflées sous le vernis de la méritocratie se révèle plutôt efficace et donne une profondeur supplémentaire au récit. Ce dernier s’attache également à décrire les spécificités de l’univers imaginé par Naomi Novik qui distille ici et là quelques informations sur la création de l’école et son fonctionnement, ou sur ce qui attend les étudiants victorieux une fois leur cursus terminé. Beaucoup d’aspects restent toutefois à éclaircir et devraient être davantage exploités dans les deux volumes à venir.



« Éducation meurtrière » est le premier tome de la série « Scholomance » écrit par Naomi Novik qui met en scène une école de magie d’un genre particulier dans laquelle les élèves se trouvent à la merci des monstres qui hantent ses murs. Le scénario est classique mais l’ambiance prenante, aussi bien grâce à l’immersion de qualité proposée par le décor qu’en raison de la personnalité de l’héroïne, une jeune fille au caractère bien trempé à laquelle on s’identifie sans mal. La dimension sociale du texte permet au roman de gagner en complexité et participe à rendre sa lecture appréciable aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes. Le deuxième tome est déjà paru chez Pygmalion et sortira en poche en février : j’ai hâte !
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Déracinée

Agnieszka, 17ans, jeune fille du petit village de Dvernik, attend le mois d'octobre comme toutes les filles de son âge : le Dragon, magicien reclus dans sa tour, vient tous les dix ans choisir une fille, sa future domestique peut-être? Personne ne le sait. Elle passe alors dix ans avec lui, puis est libérée. Tout le monde pense que l'élue sera Kasia, sa meilleure amie, jeune fille accomplie, belle et douce, alors qu'Agnieszka est encore une gamine, maigre, aux cheveux emmêlés, plus douée pour se salir que pour faire la cuisine.

La vie est pourtant belle dans ce village, mis à part bien sûr les attaques du Bois, envoyant du pollen nocif, des plantes crapahutantes ou autre créature infernale, pour étendre son pouvoir. Le Dragon est là pour veiller à ce que cela n'arrive pas.

J'arrête mon introduction : ce roman se déroule dans un univers magique, envoutant et j'ai été captivée par les personnages. Les aventures qu'ils vivent sont narrées dans un style très agréable et avec un rythme soutenu.

Une lecture que je ne peux que recommander!
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Déracinée

Roman fascinant et séduisant à bien des égards.



A partir d'une mise en place qui semble conventionnelle, Naomi Novik élabore un récit complexe, brouillant pas mal de pistes et mystifiant le lecteur à de multiples reprises. De nouveau, le cadre "conte de fées" mâtiné de relations houleuses entre un vieux mage et une jeune effrontée potiche... ce n'est pas neuf. C'est le traitement du récit qui amène des éléments originaux.



Globalement, on pourrait résumer le roman à la traditionnelle lutte du bien contre le mal. le bien est représenté par les Royaume et le Dragon. le mal est incarné par le Bois, qui perverti les âmes et les contamine. le Dragon en question est le magicien qui se consacre au combat rapproché contre le Bois. Tous les 10 ans, il descend à la ville voisine de son château et "prend" une jeune fille. Il la ravit à ses racines (comparaison intéressante avec le Bois) sans abuser d'elle, mais il vise à en faire une mage, à l'extirper de sa vallée.



Cette année-là, tout le monde imagine qui le Dragon prendra... sauf qu'au moment du choix (sinon il n'y aurait pas de livre...), le Dragon porte son dévolu sur Agnieszka, à la surprise générale. Mais Agnieszka est empotée, peu préparée à servir le Dragon et surtout magicienne douée et innée... La cohabitation et les apprentissages entre le Dragon et Agnieszka vont donner de belles pages. Notamment quand le Prince Marek essaie d'abuser d'elle...



Mais surtout, tout va déraper quand la meilleure amie d'Agnieszka va être absorbée par un arbre-coeur dans le Bois, puis quand le Prince Marek va imaginer aller rechercher sa mère, la reine, au centre du Bois.



Naomi Novik va progresser dans le récit, de plus en plus tendu, glauque et violent. Peu à peu, le Bois va distiller ses attaques, plaçant ses pions, pervertissant les âmes et remportant de lourdes victoires. La lecture est fluide et haletante.



Conte de fées glauque, Déracinée emprunte pas mal de codes aux récits du genre, tout en incorporant des éléments slaves (polonais, en l'occurrence, donc pas vriament slaves). La fin est déstabilisante, en renversant les points de vue et les influences, les agressions.



Un très beau récit, donc, qui se lit de manière fluide. Les 500 pages ne devraient pas rebuter les lecteurs moins téméraires.
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La Fileuse d'argent

Mon premier livre de Naomi Novik est plutôt une bonne surprise. J'ai aimé l'histoire de ces trois jeunes filles si différentes par leurs origines - une prêteuse sur gages juive, une jeune russe miséreuse et une fille de duc ambitieux - réunies par leur même opposition à une société qui attend d'elles qu'elles soient soumises, puis mariées et donnent des héritiers à leur époux. Mais avec une touche de fantastique puisque des Cavaliers Staryk hantent la région, gelant les récoltes, punissant quiconque braconne sur leurs terres et pillant tout l'or qu'ils peuvent trouver.



En fait ce roman avait tout pour me plaire, mais je le lis trois mois après la formidable trilogie de Katherine Arden, et je retrouve les mêmes éléments: la Russie, l'hiver glacial, les démons du froid et des femmes courageuses qui essaient de lutter contre la vie toute tracée qui les attend. De ce fait le dépaysement est moins au rendez-vous qu'avec L'ours et le Rossignol.

Je lirai néanmoins avec plaisir un autre livre de Naomi Novik si l'occasion se présente.
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Déracinée

J'invite les lecteurs de cet avis à prendre la note avec des pincettes : elle ne représente pas le roman en lui-même, ni un jugement sur sa qualité, mais plutôt le ressenti de ma propre lecture, qui s'est révélée… heu… étrange ?



Je ne connaissais pas encore l'autrice, et j'avais ce livre dans ma bibliothèque depuis un moment. Je me suis donc lancée dans Déracinée, qui réunissait a priori tous les éléments que j'aime bien trouver dans mes lectures d'imaginaire.



On est à Dvernik, un village en bordure du bois maléfique, dont il est protégé par Le Dragon, un magicien puissant qui vit dans une Tour à proximité. En échange de ses services, il vient récupérer une fois tous les dix ans son tribut : la plus jolie jeune fille du village. Qu'en fait-il ? Nul ne le sait. En tout cas, cette année, c'est Kasia, la meilleure amie d'Agnieszka, qui sera certainement choisie. Mais on se doute bien que non, sinon il n'y a pas de roman. C'est Agnieszka qui sera choisie, pourtant pas très dégourdie, gaffeuse, pas hyper jolie et pas très douée de ses dix doigts. Sa vie va changer du jour au lendemain…



Que dire, à part que je suis passée à côté. Parce que je n'ai pas tout saisi. J'ai lu, c'était agréable, ce pourquoi je suis allée au bout. Mais sans jamais vraiment capter pourquoi il se passe ci, pourquoi il se passe ça. Ce bois, sa nature, pourquoi tous les personnages finissent par guerroyer, ce que veut le Dragon, pourquoi il vit loin de la Cour, pourquoi les autres filles semblaient coincées 10 ans alors alors qu'Agnieskza se tire dès qu'elle en a l'occasion… ?

Sais pas. Suis restée perplexe, tout du long. J'ai dit d'accord à chaque péripétie, mais dans l'incapacité totale de les relier entre elles dans une optique cause --> conséquence. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas : juste que je n'ai pas compris ni su trouver le lien.



Après, ça ne m'a pas forcément gênée de ne pas tout saisir, c'est joli à lire, c'est entraînant.

L'ennui, ce sont les personnages. Je les ai trouvés très grossiers dans leurs traits. Grossiers dans le sens manque de finesse, et de crédibilité. Agnieszka est une gamine qui ne sait pas se tenir, et pouf, elle devient magicienne qui enchaîne les sorts comme personne. Moué.

C'est surtout sa relation avec le Dragon qui m'a fait décrocher, tant je l'ai trouvée ridicule et absolument pas crédible du tout.

Les autres personnages ne m'ont pas convaincue du tout, Marek aveuglé par je ne sais pas trop quoi, la Reine…



Bon. Le roman a été primé deux fois, donc c'est qu'il est très bon, d'autant que les avis sont tous majoritairement positifs. On va dire que je n'ai pas su sauter dans le train en marche. Ou qu'il y a une incompatibilité entre ce roman et moi :-D



C'est pourquoi je vous encourage à le lire et à vous faire votre propre idée, parce qu'il reste agréable malgré tout à lire, et parce que j'imagine que ma chronique (si on peut l'appeler comme ça) ne vous avance pas à grand chose !
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Déracinée

Magnifique livre de fantasy qui débute comme un conte, où l'histoire nous accueille tranquillement dans un petit village perdu vivant au rythme des saisons malgré la menace d'un bois environnant contaminé, peuplé d'étranges et dangereuses créatures. En échange de protection magique, une jeune fille du village est choisie par le Dragon, un sorcier, qui l'emmènera dans sa tour et la gardera ainsi 10 ans. L'âge requis à cette sélection obligatoire est de 17 ans, Agnieszka et Kasia, en feront partie cette année là. Tout se prépare autour de Kalia, car grâce à sa beauté naturelle, elle possède toutes les qualités pour être l'heureuse élue. Agnieszka est à peine sortie de l'enfance, maladroite et naïve, dégingandée, dépenaillée par ses excursions en forêt se désole de se séparer de sa meilleure amie. L' amour et la loyauté profonde entre ces deux jeunes filles sera l'une des charpentes de cette histoire.

Le Dragon, personnage mystérieux, coléreux, autoritaire et méprisant regagne sa tour avec la pauvre Agnieszka complètement dépassée par les événements.

L'initiation à la magie de la jeune fille débute comme dans de nombreux romans de fantasy, bien qu'ici entre l'élève et le maître, tout ne se passe pas pas comme prévu...

Le monde s'élargit, nous découvrons un royaume avec sa capitale Krasia, avec à sa tête un roi, un prince qui n'a qu'une idée en tête retrouver sa mère capturée par le Bois, d'autres sorciers aussi importants que le Dragon. Nous pénétrons avec Agnieszka dans ce monde nouveau avec son regard naïf et souvent agaçant. Mais on s'y fait, car notre petite sorcière semble toujours un peu balourde avec un train de retard, une héroïne loin des modèles qui peuvent nous fasciner. Mais peu à peu on s'y attache car elle possède une bonne dose de courage, et une loyauté indéfectible. Et si vous pensez que Kasia a disparu de l'histoire, alors pas de déception, elle est au cœur de l'ouvrage, prisonnière du Bois maléfique.

Mais le réel protagoniste de cette histoire c'est le Bois, monstrueux, corrompu, contagieux qui s'étend avec malice et subterfuges dans le monde des vivants. L'atmosphère du livre n'est plus au conte, une tension subversive commence à se répandre, quelque chose de pourri transpire de ces feuilles que l'on tourne avec soif.

L'auteur nous plonge dans le chaos, la guerre sans répit et sans douceur. J'adore cet esprit qui renverse nos certitudes et nous projette dans un véritable tourbillon. La magie essentielle dans le destin de ce monde est une succession de mots, qui modèlent les éléments, qui se combine grâce aux pouvoirs reliés de l'amour ou de l'amitié, elle illumine l'histoire.

Un roman puissant, remarquablement bien écrit qui laisse un peu de fruits pourris sur la pointe de la langue, mais qui laisse toujours une lucarne de lumière grâce à la magie.



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Téméraire, tome 9 : La ligue des dragons

Après quelques déboires éditoriaux (les éditions Le Pré-aux-clercs qui s’étaient occupés de la publication des huit premiers tomes ont fermé boutique il y a quelques années), l’ultime volume de la série « Téméraire » a finalement été publié cette année sous l’impulsion des éditions Fleuve. Commencé il y a plus de dix ans, la série met en scène les aventures d’un aviateur anglais et de son dragon à l’époque des guerres napoléoniennes. « La ligue des dragons » est donc l’occasion de retrouver Laurence et Téméraire une dernière fois, alors que l’Angleterre et ses alliés viennent d’infliger une lourde défaite à l’empereur français sur le front russe. Mais même endommagées, les forces de Napoléon restent considérables, d’autant que des rumeurs commencent à circuler sur l’éclosion imminente de plusieurs milliers de nouveaux dragons français, tous issus de croisements novateurs entre les espèces les plus puissantes. De quoi renverser le rapport de force et porter un coup fatal à la coalition épuisée qui s’oppose depuis maintenant des années aux ambitions hégémoniques de l’empereur partout dans le monde. Cinq ans se sont écoulés entre la parution des huitième et neuvième volumes, pourtant on raccroche sans mal les wagons et c’est sans difficulté aucune qu’on s’immerge à nouveau rapidement dans l’univers de Téméraire. Là où le bât blesse, c’est au niveau de l’implication émotionnelle qui, en ce qui me concerne, aura été ici très limitée, sans que je puisse véritablement affirmer si c’est à cause du trop long laps de temps qui s’est écoulé depuis ma dernière plongée dans la série, ou si la faute en incombe au roman lui même.



Le personnage de Laurence est pourtant toujours aussi attachant, d’autant plus que les fantômes de ses décisions passées continuent de le tourmenter. Téméraire, en revanche, m’a prodigieusement agacé par sa possessivité, et quand bien même il s’agit là d’un aspect déjà présent dans les autres tomes, je n’ai pas souvenir qu’il prenait autant de place dans la relation entre les deux partenaires. D’ailleurs, les dragons dans leur ensemble apparaissent ici sous un jour qui n’est pas forcément très favorable, sans que ce soit, je pense, le fruit d’une véritable volonté de l’auteur. Isierka et Ning exaspèrent par leur arrogance, certains par leur manque de retenu, d’autres par leur opportunisme ou leur avarice… On retrouve en revanche avec plaisir un certain nombre de personnages secondaires humains, même si la plupart sont très en retrait dans ce dernier tome, qu’il s’agisse de Tharkay, Granby ou encore de la jeune Émilie Roland. La figure de Napoléon, qui hante la série depuis son commencement, est pour sa part davantage mise en avant ici, et ce de manière habilement nuancée. Loin du fou de pouvoir imbu de lui-même, l’auteur dresse le portrait d’un homme certes ambitieux et retors, mais également soucieux du sort des dragons (bien plus d’ailleurs que peuvent l’être la plupart des pays membres de la coalition) ainsi que de sa famille. Un ennemi honorable, tout à fait à l’image de Laurence qui continue d’ailleurs de voir ses certitudes ébranlées, et qui gagne ainsi en complexité et en profondeur au fil des chapitres.



Pour ce qui est du reste, on retrouve les mêmes ingrédients que dans les tomes précédents, même si la qualité de ceux-ci pouvaient varier considérablement de l’un à l’autre. Naomi Novik continue de mêler habilement l’histoire telle qu’on la connaît et l’uchronie, qui ne se limite d’ailleurs pas à l’ajout de dragons. La présence de Téméraire et ses compagnons dans l’équation change cela dit inévitablement la donne, et les trouvailles de l’auteur dans ce domaine sont toujours aussi attrayantes, que ce soit du point de vue militaire, politique ou sociale. Les revendications des dragons ont en effet bien évolué depuis le premier tome où ils n’étaient guère mieux considérés que du vulgaire bétail. Le brassage culturel résultant de l’alliance entre l’Angleterre et d’autres pays ayant des pratiques différentes (la Chine, notamment) a toutefois provoqué bien des bouleversements qui sont venus remettre en question le statut accordé aux dragons. Bouleversements dont on voit enfin dans ce dernier tome l’aboutissement. Là encore l’auteur joue habilement entre fiction et réalité, les réflexions concernant le niveau de conscience et le statut devant être accordé aux dragons rappelant bien évidemment certains questionnements de l’époque concernant à peu près tout ce qui n’était pas masculin et blanc (les femmes, les noirs...). D’un point de vue historique, il est toujours aussi intéressant de croiser au détour d’un passage certaines des figures les plus emblématiques de l’époque, qu’il s’agisse du tsar Alexandre Ier, du général Koutousov, ou de Napoléon lui-même. L’auteur accorde également un soin particulier aux scènes de batailles qui se multiplient dans cet ultime opus, au risque parfois de lasser le lecteur.



Ce n’est pas sans une certaine nostalgie que l’on referme ce dernier opus des aventures de Téméraire, quand bien même la qualité aura été assez fluctuante en fonction des tomes et que celui-ci ne s’inscrit certainement pas parmi les plus marquants. La série reste cela dit très recommandable dans son ensemble, et ne manquera pas de ravir tous les amateurs d’uchronie et, surtout, de dragons !
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Déracinée

Sous couvert de ce qui s’apparente à un conte, dans lequel interviennent un Bois maléfique, un sorcier dont on devine mal les intentions, une amitié à la vie à la mort, l’auteur évoque également très habilement l’exil, l’attachement à la terre et à la famille, la différence....

Très slave dans son atmosphère, l’histoire met en scène Agniezka, une anti-héroïne par excellence. Elle va vivre l’année de ces dix-sept ans une expérience peu commune et se révéler une adulte bien différente de ce que l’on attendait d’elle.

J’ai beaucoup aimé la finesse avec laquelle l’auteur met en scène les fêlures des personnages (belle scène entre deux amies dans laquelle des jalousies inavouables sont avouées), le Bois, « personnage » maléfique particulièrement réussi, dont les agissements néfastes et imprévisibles manipulent les humains comme autant de marionnettes, , le sorcier, au savoir immense mais pas infinis. Toute une galerie de portraits suffisamment inhabituels pour emporter mon adhésion et conseiller ce très bel ouvrage autour de moi.

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Déracinée

C'est juste LE meilleur livre de magie et de sorcellerie que j'aie pu lire !



Cette histoire est juste exceptionnelle, totalement différente de tout ce que j'ai pu lire jusqu'alors - et j'en ai lu des tas - tout en étant en plus narrée d'une plume parfaite. J'aurais pu dévorer ce roman d'une traite malgré sa grande taille, tant l'intrigue m'a envoûtée, tout autant que les personnages qui le peuplent. Ce qui m'a le plus épatée dans toute cette histoire, c'est à quel point les sorts et la magie en général sont explicités dans les détails, et tellement justes que l'on ne peut qu'imaginer que l'auteure est elle-même une sorcière, peut-être sans le savoir, qui sait ?



Tous les dix ans, le Dragon, que tout le monde craint et qui n'est autre que le Seigneur d'une région qui jouxte un bois maléfique, vient emporter une jeune fille de dix-sept ans née entre les mois d'octobre et de Novembre, puis personne ne la revoit ensuite. Ce jour-là, Agnieszka, empotée et moins jolie que sa meilleure amie, Kasia, s'attend à tout sauf à être choisie. Et pourtant... Elle va alors découvrir avec frayeur le célèbre Dragon, qui n'est autre que le magicien le plus puissant du royaume. Il lutte contre le bois qui emporte sans espoir de retour ceux qui osent s'y aventurer et grappille sans cesse une peu de terrain. Mais la jeune fille ne s'attendait pas au rôle qu'elle allait jouer auprès de lui, ni à ce qu'elle allait découvrir sur elle-même...



Je m'attendais à un vrai dragon en lisant le résumé qui, pour moi, ne donne pas un bon rendu de l'histoire dans laquelle on va se plonger, c'est un peu dommage. Par contre, une fois ma première surprise passée, j'ai été totalement embarquée par l'auteure, puis épatée par cette jeune fille au caractère bien trempé et à la personnalité si attachante. Le Dragon lui aussi a su très vite m'interpeller, tant il est charismatique et qu'il est passionnant de le suivre. Les rebondissements, nombreux, s'enchaînent et maintiennent un rythme haletant tout du long, et je confirme que pour une fois, ce roman mérite bien tous les prix qu'il a gagnés. C'est de la Fantasy de haut vol avec des batailles épiques, de la magie et des sorts maîtrisés à la perfection, et qui en dépit des nombreux détails ne nous lasse jamais, bien au contraire. J'en redemandais sans cesse et jusqu'à la dernière page, j'ai été étonnée par cette fin que j'ai trouvée superbe.



Je ne peux dire qu'une chose pour finir, cette pépite restera dans ma mémoire très longtemps !
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Téméraire, tome 2 : Le trône de jade

Je m'étais laissée dire que la suite de Téméraire, c'était moins des récits de guerre qu'un voyage découverte.



Je vous dis pas ma surprise en constatant que le dit voyage commence par des prises de bec incessantes entre Laurence (le "dragonnier" de Téméraire) et la délégation chinoise chargée de récupérer Téméraire, un combat naval sitôt parti d'Angleterre, des duels et des rebondissements incessants.



Assaisonnés de dragon de toutes les tailles, couleurs, natures possibles et imaginables. Saupoudrés de personnages attachants, dragons et chinois compris. Le tout servi par un style très agréable à lire.



Pour le style et les dragons, ayant lu le tome 1, je savais que je ne serais pas déçue, et que je pouvais m'engager sans peine, en ce jour pluvieux, à le lire entier dans la journée. Par contre, je ne m'attendais pas à autant d'action, de batailles, de rebondissements, de feux d'artifice et de visites de la Chine dragonnesque intéressantes, du coup, ma lecture n'en a été que plus agréable. Une série bien fun à lire, et qui va me permettre de combler de nombreux items du challenge sous-cité.



Et voilà donc pour l'item "éclair de feu" du challenge "coupe des 4 maisons de facebook", soit "lire un livre de plus de 400 pages en une journée".

Challenge ABC également.



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Promotion funeste

Après un premier tome réussi, Naomi Novik revient à son univers de la « Scolomance » pour un second volume qui, certes, ne bénéficie plus de l’effet de surprise, mais se révèle néanmoins très plaisant. [Attention, si vous n’avez pas encore eu l’occasion de lire le premier tome de la trilogie, vous risquez de rencontrer des SPOILERS dans ce paragraphe] On retrouve donc El exactement au moment où on l’a quittée, à savoir juste après l’incorporation des nouveaux troisièmes qui lui apportent un message laconique de sa mère l’invitant à éviter précisément le garçon dont elle est devenue l’amie au cours de l’année écoulée. On retrouve avec plaisir l’ambiance de la Scholomance, une sorte de Poudelard mais en plus dark puisque, même si l’école se donne un mal fou pour protéger ses élèves, une poignée des monstres qui sont irrésistiblement attirés par les phéromones que les jeunes sorciers dégagent à l’adolescence parviennent toujours à se faufiler à l’intérieur et à semer la terreur. Le taux de mortalité est ainsi relativement élevé, les morts étant réguliers tout au long de l’année, l’apogée étant atteint en fin de Terminale. Pour quitter l’établissement, les élèves doivent en effet passer par la salle des diplômes où ont trouvé refuge les pires créatures qui veulent leur peau. Ou du moins était-ce le cas avant l’arrivée d’Orion et El. Le premier parce qu’il s’est fait remarquer tout au long de sa scolarité en sauvant un nombre incalculable d’élèves d’une mort atroce, ce qui fait qu’ils sont bien plus nombreux à arriver en Terminale cette année que les fois précédentes. La seconde parce qu’elle possède un pouvoir destructeur immense, de même qu’une conscience de classe assez aiguë (il existe un énorme fossé entre les élèves privilégiés issus des « enclaves » et qui disposent d’autant de flux magique qu’ils le souhaitent, et les autres élèves qui servent majoritairement de chair à canon), deux aspects de sa personnalité qui vont lu permettre d’envisager de rompre avec la tradition morbide de la Scholomance.



La trilogie de Naomi Novik s’inscrit pleinement dans le courant « young adult » (de part l’âge des protagonistes et la mise en scène d’une romance, notamment) mais parvient à ne pas tomber dans les écueils qui rendent d’ordinaire ce genre de roman difficile à lire pour des adultes (généralement une grande mièvrerie couplée à une intrigue et des personnages qui manquent de complexité). Rien de tout cela avec « Scholomance » qui dépeint un décor immersif, des personnages convaincants et surtout s’aventure sur des thématiques sociales traitées avec justesse. On retrouve ici la même critique formulée précédemment concernant le tri réalisé par l’école en fonction des origines sociales des enfants. Un problème qui pouvait paraît inéluctable jusqu’à présent mais auquel la protagoniste commence à réfléchir et envisager des réponses possibles (dont un qui ressemble beaucoup à la généralisation du modèle libre VS le modèle prioritaire qui illustre grossièrement la façon dont fonctionnent les enclaves). S’il s’agissait dans le précédent opus de présenter l’univers et les règles régissant cette école de magie un peu particulière, il est en revanche question dans le second d’en dynamiter les codes. Les élèves réalisent en effet peu à peu qu’ils ont la possibilité d’agir concrètement pour transformer leur scolarité en autre chose qu’un enfer de quatre ans, si bien que de nouveaux comportements aux effets totalement inattendus commencent à se généraliser. Alors certes, les attaques de malés se font moins nombreuses et les élèves ont tendance à relâcher de plus en plus leur vigilance, mais cela ne veut pas dire que l’intrigue perd en nervosité ou en dynamisme, au contraire. L’autrice accorde aussi une grande importance à la diversité des origines géographiques de ses personnages, l’école accueillant des enfants du monde entier, et pas seulement d’Europe ou des États-Unis. Cela lui permet d’aborder de front le problème des discriminations dont sont victimes les élèves asiatiques.



Les personnages sont quant à eux toujours aussi attachants, à commencer par El (asociale et pas franchement aimable) et Orion (grand benêt un peu naïf) qui composent un duo atypique. Leur relation sentimentale s’étoffe ici et, si ce n’est clairement pas l’aspect le plus intéressant du roman, au moins cela ne prend pas trop de place sur l’intrigue. Les personnages secondaires sont eux aussi réussis, et ce en dépit de leur nombre. L’autrice parvient en effet à créer une vraie dynamique de groupe, en mettant en scène une grande diversité de profils d’élève, enclavés ou non, blancs ou non, européens ou asiatiques, de première année aussi bien que de Terminale. Cela participe à créer une ambiance agréable à la « Harry Potter », avec un décor d’autant plus convaincant et immersif qu’on le sent véritablement habité. On peut également saluer la volonté de l’autrice de ne pas (totalement) tomber dans le cliché du sauveur ou de l’élu aux pouvoirs exceptionnels capable de tout faire tout seul. Certes, Orion et El disposent de capacités sans commune mesure avec les autres élèves, ce qui les amène à accomplir des exploits inimaginables, mais l’intrigue insiste aussi beaucoup sur la nécessité d’une action collective, et, effectivement, beaucoup ont le droit à leur moment de bravoure. La conclusion de ce deuxième tome est particulièrement spectaculaire à ce titre et permet à nouveau de refermer l’ouvrage sur une note très positive et avec l’envie d’enchaîner immédiatement avec la suite.



« Promotion funeste » est un deuxième tome réussi qui poursuit efficacement l’intrigue développée dans le premier volume tout en la faisant évoluer dans une direction non pas inattendue mais qui ouvre d’intéressantes perspectives. Naomi Novik parvient à créer une école de magie plus sombre et violente que Poudlard mais tout aussi vivante et intriguante. Les personnages sont tous aussi convaincants, à commencer par El, protagoniste marginale et légèrement asociale dont il est difficile de ne pas apprécier le franc parler et la lucidité. Vivement le final, qui devrait nous réserver encore bien des surprises.
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Déracinée

En voilà une histoire très originale !



Ce roman est écrit à la première personne, ce qui n'est pas le plus courant dans ce registre, et c'est Agnieszka qui nous raconte son histoire : comment, contre toute attente c'est elle qui a été choisie par le Dragon, alors que tous s'attendaient à ce que ce soit son amie Kasia. Comment le Dragon, sorcier chargé de protéger les populations de la malignité du bois a tenté en vain de lui inculquer la magie. Et leur combat contre ce Bois, craint et détesté, qui s'insinue à l'insu de tous dans les esprits, poursuivant un seul but : tous les détruire !



Les personnages sont parfaits ! Que ce soit au niveau de la cohérence entre leurs actes, leurs choix et leurs caractères ou au niveau de leurs réactions ou de leur destin, tout colle. Et encore une fois, tout est très original.



Par rapport à la narration, il y a tout de même quelques passages confus, notamment aux moments critiques, et j'avoue avoir été un peu agacée par un certain manque de fluidité aux moments cruciaux.



Une très jolie découverte pour ma part. Et le Bois m'a rappelé le peuple des Ocellions, du Soldat chamane de Robin Hobb par certains aspects, mais la sensation reste légère.



J'ai adoré Agnieszka, petite sorcière talentueuse, rebelle, et amoureuse. La scène où elle manque de se faire violer - mais pas par le Dragon, hein, tout ça c'est des rumeurs infondées ;-) est tout simplement hilarante. Et la "morale" de l'histoire, si on peut dire, qu'on ne vainc pas le mal par le mal mais par l'amour et la compassion, m'a beaucoup plu aussi. Et puis l'histoire d'amour entre Agnieszka et son mentor est très inattendue - enfin, pour ma part - et très belle aussi, même si elle ne fait pas l'essentiel du roman.



Voilà encore un livre que j'ai eu de la peine à refermer !
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La Fileuse d'argent

Un roman passionnant qui nous embarque dans le folklore russe, un univers de conte, la neige, le froid, la forêt, la lutte pour la survie, les luttes de pouvoir à la cour du Tsar, mais aussi la lutte de pouvoir de vie et de mort entre les "mortels" et les Staryk, le peuple du froid. Trois personnages de jeunes femmes courageuses, intelligentes et qui refusent de se plier à ce qu'on attend d'elles : Miryem, Wanda et Irina. Elles vont résister pour leur propre bien, mais aussi pour le bien commun.

Les Staryk semblent vraiment réels, leur monde nous est décrit avec précision, par l'intermédiaire de Miryem, il existe en parallèle du monde des hommes. On apprend à connaître leurs coutumes, on se familiarise avec leur mode de pensée, et on finit même par s'y attacher...

Ce roman m'a beaucoup fait pensé à la Trilogie d'une nuit d'hiver de Katherine Arden dont je n'ai lu que le tome 1, mais qui m'avait beaucoup plu. Il y a de nombreux motifs communs.

En bref, une lecture passionnante, malgré quelques longueurs, grâce à ces trois héroïnes, déterminées et prêtes à se sacrifier pour ce en quoi elles croient.
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Déracinée

Envie de magie au féminin ? D'un roman fantasy aux allures de conte ? Alors « Déracinée » est fait pour vous !

Agniezska est l'anti-héroïne parfaite pour cette aventure : dans son petit village, elle n'est pas la plus belle, ni la plus disciplinée, elle passe son temps dans les buissons à cueillir des fruits, et rien ne la préoccupe moins que d'être jolie et présentable (elle est un peu cradingue, il faut le dire!). Elle a un lien fort à sa Vallée, elle s'y perd avec délectation et la nature est son royaume. Mais ce royaume est menacé par le Bois, par les forces maléfiques qui règnent parmi ses arbres et progressent année après année dans la Vallée en avalant toute forme de vie sur son passage. Seul rempart face à ce Mal insidieux, le Dragon, sorcier puissant et taciturne, qui vit isolé dans sa Tour et ne demande qu'une chose aux villageois pour les protéger : une jeune fille de 17 ans tous les 10 ans (oh ça va, c'est pas grand chose!!)

Le roman commence le jour où le Dragon doit venir choisir sa nouvelle captive, et parmi ces jeunes filles il y a Agniezska. Cette dernière n'est pas inquiète, elle est ni la plus gracieuse, ni la plus dégourdie, pourquoi le Dragon la choisirait-elle ? Évidemment les choses ne vont pas se passer comme elle l'avait prévu.

Dès les premières pages, Naomi Novik construit un conte absolument captivant. De sortilèges en incantation, de potion magique en apparitions, le Dragon et sa jeune recrue sont confrontés à la puissance croissante du Bois, dans la Vallée mais aussi à la cour du Roi. Les batailles et les retournements de situation s'enchaînent à un rythme effréné pour ce duo improbable.

La grande réussite de ce roman à mes yeux, c'est l'incroyable capacité de Novik à faire affleurer dans ses pages la magie incantatoire des personnages et la force créatrice de la Nature. On est emporté par l'enthousiasme de la jeune fille, son apprentissage est le nôtre, sa témérité nous fait frémir et la magie que compose sa voix semble capable de vaincre toutes les résistances, celles du Bois, celles des luttes intestines qui couvent dans l'entourage royal voire celles du Dragon !

Malgré une dernière partie un peu rapide, j'ai été totalement envoûtée par l'imaginaire de Naomi Novik, que je compte bien retrouver avec son second roman qui vient de sortir en poche « La fileuse d'argent ».

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Déracinée

J'aimais bien l'idée d'utiliser des poncifs issus de légende comme la jeune fille offerte en sacrifice au dragon, la forêt où il ne faut pas aller sous peine de ne plus revenir, pour mieux les détourner, et cette ambiance de magie. C'est ce qui me faisait dire que ce serait un roman facile à lire et divertissant. Mais ce n'est pas vraiment là que réside la richesse de ce livre. Le meilleur, c'est pour moi l'héroïne, Agnieszka, qui semble être une paysanne de base, sans beauté remarquable, sans plus de dons ou de qualité que ça, une jeune fille lambda qui ne veut pas que sa meilleure amie soit choisie par le magicien tout en la jalousant d'être la plus belle et la plus intelligente. Lorsqu'elle s'aperçoit que c'est elle que le magicien choisi, à contre cœur visiblement, il lui faut du temps pour le réaliser et sa réaction est plutôt le rejet dans les premiers temps. Elle pense à tort devoir le servir mais elle comprend qu'elle sera plutôt son assistante, avec tout l'apprentissage de la magie que cela implique. Et alors qu'on est agacé par ses rejets et son refus de tenter l'expérience (qui apparaît plutôt sympa quand même, maîtriser des sorts ne peut que lui apporter des atouts), Agnieszka découvre presque seule son don et surtout apprend de manière totalement différente de celle du Dragon. Ce qui agace ce dernier qui ne la comprend pas et qui voit son élève lui échapper. Pour nous, c'est déjà bien trop tard, on est trop captivé par l'histoire et par les personnages si bien modelés et définis pour ne pas se laisser aller totalement dans cet univers si bien ficelé. J'ai ADORÉ. Vraiment. Cela ne m'étais pas arrivée depuis un moment d'aimer autant un livre, un univers, une histoire au point de redouter la fin. Arrivée au milieu du livre je désespérais déjà de voir les pages qui s'amenuisaient aussi vite, je ne voulais pas quitter ce monde. Il est pourtant cruel, rien ne va pour les personnages qui vivent des instants intenses et souvent dramatiques, mais on s'y sent si bien. Ce n'est le cas que lorsque l'auteur réussit à créer un monde parfaitement logique, où tous les éléments, les détails, les décors, les personnages, les événements se répondent en harmonie, sans que cela ne nuise pour autant au suspens et à cette irrésistible envie de lire, lire, lire, pour savoir, comme lorsque l'on vit un moment intense sans se rendre compte qu'il file à toute allure et que le temps avance bien trop vite ! Les personnages sont le véritables atouts de cette histoire, ils ne sont ni bons ni mauvais, aucun n'est parfait, tous sont humainement plausibles. Et que dire de ce bois ? Il est tout simplement terrifiant et attirant à la fois.

Il a tout du livre culte, de ces livres incontournables qu'il faut absolument lire. Il a juste le goût de trop peu, comme tout bon livre.

À dévorer, sans modération aucune !
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Téméraire, tome 3 : Les chemins de la soie

(Note réelle : 3.75 étoiles).



Ce tome 3 offre beaucoup moins d’unité, de lieu ou d’ambiance, que les deux précédents : on y voyage autant que dans un James Bond (on commence à Macao, puis on suit la Route de la Soie, avant d’arriver à Constantinople, de passer en Autriche, puis en Prusse, avant de terminer sur les rivages de la Baltique) et on passe d’une ambiance exotique à la noirceur des guerres européennes de la Quatrième Coalition.



J’ai eu peur, au début, de retrouver la structure du tome 2, mais le voyage vers Constantinople fait un peu plus du tiers du livre « seulement » (ce que je trouve encore un peu trop long, personnellement). Par contre, la partie se déroulant dans cette ville, si elle est intéressante, est à mon sens trop courte, ce qui se révèle un poil frustrant.



Alors que le tome 2 accusait un relatif déficit d’action militaire (il ne faut pas oublier que le cycle, en plus d’être une uchronie de Fantasy, est aussi -et peut-être avant tout- de la Fantasy militaire et de la Flintlock), on retrouve, dans la deuxième moitié du roman, les batailles très immersives qui faisaient (du moins pour moi) l’intérêt du tome 1. Naomi Novik a bien intégrée la documentation en histoire militaire qu’elle mentionne en postface, et a parfaitement rendu les enjeux et l’atmosphère de la Campagne de Prusse et Pologne de 1806.



Un gros intérêt de ce tome 3 est enfin d’introduire deux personnages, un humain (Tharkay) et une dragonne (Iskierka), à la fois très intéressants et qui auront un rôle plus (la seconde) ou moins (l’anglo-népalais) grand à jouer dans les tomes suivants du cycle.



Je reste sur une impression relativement mitigée, toutefois : une grosse première moitié du livre est soit, pour moi, d’un intérêt relatif (passages sur la Route de la Soie), soit intéressante mais trop courte (passages dans l’empire Ottoman), tandis que la seconde moitié correspond tout à fait à mes attentes en matière d’uchronie de fantasy Napoléonienne à dominante militaire. Malgré tout, j’ai hâte de lire la suite des aventures de notre duo de protagonistes de choc… qui n’en est plus tout à fait un. Car ce sont désormais deux dragons et deux capitaines qui vont se partager la vedette, si j’ai bien tout saisi…



Retrouvez la version complète de cette critique sur mon blog.
Lien : https://lecultedapophis.word..
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Téméraire, tome 7 : Le Trésor des Incas

« Le trésor des incas » marque le premier tome de la troisième et dernière trilogie de Naomi Novik consacrée au personnage de Téméraire. Après un second cycle légèrement en dessous du précédent car faisant davantage figure d'intermède, ce septième volume renoue sans conteste avec les tous premiers épisodes des aventures du capitaine William Laurence et de son dragon. Celles-ci reprennent de plus belle lorsque nos deux héros se retrouvent arrachés à leur exil en Australie pour se voir confier une délicate nouvelle mission. Cette fois c'est en Amérique du sud que nous entraîne l'auteur, et plus spécifiquement au cœur de l'empire inca où l'influence grandissante de Napoléon menace sérieusement les intérêts britanniques dans la région et, au delà, risque de bouleverser le cours de la guerre en Europe. On retrouve donc le schéma classique de la saga Téméraire : une mission et un voyage, suivis de l'exploration d'un nouveau pays et de la découverte d'une nouvelle civilisation. Et là cela fonctionne d'autant mieux cette fois que nos deux héros se retrouvent justement confrontés à une civilisation qu'on n'attendait certainement pas au XIXe dans le contexte des guerres napoléoniennes, à savoir celle des Incas.



C'est l'occasion pour nous de découvrir un royaume bien loin de sa splendeur d'antan ainsi que de nouvelles espèces de dragons fort intrigantes. De même le changement de paysage des terres australiennes désertiques à une jungle foisonnante de vie et recelant bien des surprises est plus que bienvenu. On retrouve également avec ce septième volume tout ce que l'on avait pu apprécier au début de la saga. La quasi totalité de la première partie du roman se déroule ainsi en mer, à bord de l'Allégiance, et n'est pas sans nous apporter une petite bouffée de nostalgie concernant notre première rencontre avec cet attachant dragon et son capitaine datant d'il y a déjà quelques années. Enfin, on assiste au retour tant attendu d'un bon nombre de personnages que l'on avait un peu perdu de vue depuis quelques tomes (Catherine Harcourt et sa dragonne, Hammond, Ferris...) tandis que le duo Gramby/Iskierka se retrouve pour une fois davantage sur le devant de la scène.



Un septième tome très plaisant, donc, et qui annonce un final à la hauteur pour cette très bonne saga débordante d'originalité. Espérons que la suite se montrera aussi satisfaisante et permettra de terminer la série en beauté...
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