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Critiques de Naomi Novik (828)
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La Fileuse d'argent

Comme la plupart de ceux qui ont lu Déracinée, et aimé le roman, j’étais impatiente de découvrir la Fileuse d’argent. Naomi Novik avait su créer un univers complexe et enchanteur ponctué d’une romance avec des personnages non conventionnels. L’originalité de son récit m’avait charmée, et Déracinée fut un coup de cœur. Pour la Fileuse d’argent, cela n’a pas été le cas, mais je ne suis pas passée très loin. Il y a un défaut à ce second roman qui a fait que malgré tout ce que je vais vous dire de positif, j’ai quand même dû faire face, à un moment donné, à un peu de découragement.



Parlons tout de suite des choses qui fâchent : les longueurs. Il y en a trop, et cela dès le début. Il faut du temps pour installer un univers de fantaisie, et d’autant plus quand on choisit de narrer l’histoire de trois jeunes femmes venant d’univers différents. Mais dès le départ, il faut digérer tout cela, et bien que j’ai trouvé de l’intérêt au premier tiers du tome car il expose clairement la psychologie de Miryem, Wanda et Irina, j’ai pendant un moment songé à abandonner. C’est quelque chose que je déteste, encore plus quand je sais que j’ai aimé l’un des romans de l’auteur, mais l’idée était là. Quand la partie fantaisie a commencé à vraiment prendre le pied de l’intrigue, j’ai poussé un soupir de soulagement. Cependant, les longueurs ont continué, plus sporadiques, mais toujours là. Le plus jeune frère de Wanda en est probablement l’exemple type. Je vais être méchante, mais l’enfant n’a pas réellement d’intérêt, et lui donner la parole, en le faisant devenir à certains moments le narrateur, m’a paru durer des heures. Il ajoute de plus un pathos qui n’a pas lieu d’être, et qui était déjà bien assez exploité de façon plus discrète et efficace.



Mais de vous découragez pas, s’il vous plait. Passez au-dessus de cela si vous ressentez la même chose que moi au début. Car La Fileuse d’argent en vaut le coup. Vous tenez entre les mains, une histoire complexe, très bien menée avec une intelligence dans la psychologie des personnages que j’ai trouvé inspirante et rafraîchissante. Je ne me suis pas réellement attachée aux personnages, et pourtant leurs histoires m’ont touchée. Nos héroïnes veulent vivre. Vivre, rien de plus. Une simple chose qui demande pourtant tellement d’efforts. Et elles font tout pour garder la tête hors de l’eau. Elles vous paraîtront froides, et il y a un jeu subtile à ce niveau, mais la vie les a rendu comme cela. Ne vous arrêtez pas non plus à cela. Car il y a toujours une petite braise sous la cendre. Et c’est cela que j’ai vu. Trois destins incroyables qui s’entremêlent et qui nous présentent des femmes fortes, pas extraordinaires, mais fortes. Elles ont leurs rêves et leurs convictions, une vision du monde bien à elle, et malgré toutes les embuches, elles vont au-delà sans avoir la moindre idée de ce que leurs actes pourront accomplir, mais avec la foi.



C’est un voyage dur et intense. Elles sont malmenées par la société, les lois, les hommes, les dangers amenés par des créatures de légendes. Mais on les voit évoluer. Devenir des femmes accomplies, droites dans leurs bottes. La magie opère indéniablement. Le côté surnaturel donne un second souffle mais ne perd en rien de la délicatesse de cette transformation. On trésaille à chaque seconde, cependant, leur courage nous pousse à continuer.



Comme dans Déracinée, la romance a aussi sa place. Plus discrète, loin d’être conventionnelle. Je dirais même que parler de romance est peut-être un peu exagéré. Et pourtant, on parle aussi d’amour. Et j’ai trouvé les idées de Naomi Novik à ce propos tout simplement parfaites. Au-delà de la perfection, au-delà des préjugés. C’est aussi un cheminement que j’ai apprécié, grandement.



La fin nous tient en haleine, mais elle est aussi l’accomplissement de beaucoup de choses. J’ai adoré la tournures des événements, toutes ces pièces de puzzle qui s’emboîtent, tout le cheminement parcouru et la conclusion à chacune de nos histoires. Pour moi, Irina, Miryem et Wanda ont toutes obtenu une fin à la hauteur de leur parcourt. J’ai fermé le livre en riant même, heureuse et surprise de quelques petits retournements. Mais avant tout, je trouve que Naomi Novik a su montrer, à travers ses héroïnes, une façon de vivre qui mérite réflexion et surtout qui donne de l’espoir.

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Déracinée

Déracinée est un conte divertissant mais qui manque parfois de profondeur.



Agniezka est une jeune fille dont le village côtoie un bois maléfique. Seule la protection d'un puissant magicien appelé le Dragon protège les habitants des monstruosités qui s'échappent parfois de cet endroit pour les menacer. En échange, tous les 10 ans, une jeune villageoise doit sacrifier sa liberté et aller vivre dans la tour, en compagnie du magicien. Agniezka va donc être le tribu à payer pour conserver la bienveillance du Dragon.



Le récit se révèle assez vite addictif grâce au style de l'auteure et aux péripéties qui s'enchaînent. Le lecteur est vite immergé dans l'univers. Malheureusement, j'ai trouvé que les personnages manquaient de nuances.

Le Dragon est mutique, grognon et énigmatique. L'héroïne et narratrice, mue par la volonté de faire le bien, se révèle douée dans son enseignement. Les méchants sont vilains et les gentils se montrent courageux. Ils sont très caricaturaux. En cela c'est pour moi plus une littérature jeunesse qu'adulte.



J'ai tout de même mis 4 étoiles car Naomi Novik a réussi à développer un univers foisonnant, à m'intéresser à une magie et à ses règles sur un one-shot de quelques 500 pages, là où d'autres auraient facilement glissé sur une saga de trois tomes. Le récit est du coup rythmé, les actions s'enchaînent, les batailles sont bien décrites et j'ai vraiment eu l'impression de marcher pieds nus dans cette forêt hantée. L'écriture est très belle, c'est à mon sens le gros point fort de cet ouvrage qui tient plus du conte que du roman fantasy. On y trouve tous les ingrédients : l'élément perturbateur, la quête et la morale bien sûr.



Au début, j'ai pensé que le roman allait tendre vers des préoccupations écologiques. Alors certes, la nature tient une place prépondérante dans l'univers général, paysages, condition humaine et magie, mais mon impression est qu'il est plus question des apparences et faux-semblants.



Sans parler de coup de coeur, j'ai passé un bon moment à la lecture de cette histoire.

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La Fileuse d'argent

Pour une rare incursion, en ce qui me concerne, dans la littérature de l’imaginaire, la tentative fut réussie.



En effet, la dose de fantasy dans ce roman est savamment dosée, si bien qu’on a l’impression de lire plutôt un conte de fées slave : dans une Russie imaginaire, à une époque où les Tsars régnaient encore, se croisent plusieurs destins féminins. D’abord celui de Myriem, petite-fille et fille de prêteurs juifs (cette profession, comme au Moyen Âge, leur semblant réservée), qui embrasse cette profession pour pallier l’inefficacité de son père. En effet celui-ci, trop empathique, n’arrive pas à se faire rembourser, ce qui les pousse inévitablement vers la pauvreté. Elle rencontrera un rapide et fort succès dans son entreprise, ce qui lui permettra d’embaucher à son service la jeune Wanda, une paysanne dont le père n’arrive pas à rembourser la dette contractée auprès du père de Myriem. Mais le succès de cette dernière en tant que prêteuse attirera vers elle le roi des Staryk, un peuple vivant dans un monde de glace parallèle à celui des humains, et redouté par ces derniers en raison des nombreuses incursions que les Staryk font pour les piller, et qui la contraindra, au prix de sa vie, à transformer, à plusieurs reprises et chaque fois en plus grande quantité, de transformer de l’argent staryk en or… Ce que Myriem réussira à faire en convertissant cet argent en bijoux aussi somptueux qu’hypnotisants, ce métal semblant avoir des propriétés magiques, et en le vendant au duc de la contrée, qui les achètera pour constituer une dot pour sa fille Irina, et, qui sait, réussir à lui faire épouser le tsar Mirnatius.



Ainsi, inévitablement les destins de Myriem, Wanda et Irina sont-ils liés, et pas seulement par le biais de l’argent staryk. Mais comment ? On le saura en lisant ce roman rempli d’action et de rebondissements menés tambour battant, et de main de maître par Naomi Novik. Il y a d’ailleurs tellement d’évènements arrivant en peu de pages que j’ai eu l’impression d’avancer très lentement dans l’ouvrage !

Mais j’ai beaucoup aimé cette atmosphère de conte de fées, qui m’a fait penser à la Reine des neiges (pas la version Disney), notamment par le personnage du roi des Staryk, venu d’un autre monde fait de glace et de givre, et dont le caractère est tout aussi glacé et sinistre… Les personnages féminins principaux sont bien définis et attachants, malgré leur caractère un peu attendu d’anti-héroïnes mais qui sont capables de prouesses incroyables dans l’adversité, ou de méchants qui ont finalement des circonstances atténuantes (personne ne les a jamais vraiment aimés) ou qui se révèlent d’une dignité forçant l’admiration (je me suis retrouvée à ressentir un peu de tendresse pour le roi Staryk, qui n’est pas un modèle de sympathie pourtant). Ces qualités font oublier certains défauts, comme une mise en place de l’action un peu longuette par rapport à sa résolution, et une fin un peu mièvre. De même, certaines explications sont faites de manière un peu alambiquée, ce qui m’a un peu gênée parfois.



Mais tout cela ne gâche absolument pas ce roman de très bonne facture, qui m’a donné envie de lire à nouveau de la fantasy. Cela a été une lecture d’été rafraîchissante !
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Déracinée

Tous les dix ans, le Dragon, le sorcier qui veille sur la vallée vient enlever une jeune fille de dix-sept ans pour la garder une décennie dans sa tour. Au bout de ce délai, les jeunes femmes reviennent et s’en vont en ville, elles n’ont plus envie de vivre comme des paysannes. Kasia est douée, intelligente, tout lui réussit, et le village est persuadé qu’elle sera choisie, ce qui allège la pression pour les autres filles. Pourtant contre toute attente, ce sera Agniezka l’Elue, une jeune fille maladroite, qui ne sait pas cuisiner et n’aime que glaner dans les bois. Et c’est bien le problème de cette vallée, ce bois est maléfique, il s’empare des habitants et les emprisonne à l’intérieur des arbres coeurs, seule la puissante magie du Dragon peut les protéger, raison pour laquelle on accepte de lui livrer une fille tous les dix ans.



Agniezka est terrifiée, elle ne sait pas ce qui va lui arriver dans la tour et ne songe qu’à s’enfuir, mais c’est impossible. Peu à peu le Dragon, un homme bourru mais pas méchant pour un sou la rassure, il ne va pas la violer mais lui apprendre la magie. Les débuts sont vraiment difficiles car elle ne veut rien apprendre de son maître et craint qu’il ne veuille lui pomper son énergie vitale, les maladresses et les malentendus se multiplient jusqu’à ce que la jeune fille trouve sa place et la forme de magie qui lui convient, celle de Baba Jaga. Dès lors elle fera de grand progrès et participera activement à la lutte contre le bois, en commençant par sauver deux villageois dont son amie Kasia alors que le Dragon est allé régler des affaires à la capitale. Les deux amies sauront s’unir dans les batailles à venir à la cour et dans le bois, tandis qu’Agniezka tombera amoureuse de son maître, qui n’avait rien de l’épouvantail qu’elle avait imaginé.



Je n’en dirai pas plus pour ne pas spolier ce roman très sympathique, dans un univers médiéval fantasy slave, basé sur un conte polonais. La Polnya y est en guerre larvée depuis des années contre la Rossya, tandis que cette dernière décide d’attaquer le royaume voisin…. Voilà qui résonne avec un parfum d’actualité malheureusement. C’est le bois, cette force maléfique qui pousse les hommes à s’entretuer, mais après de nombreuses aventures, Sarkan, le Dragon et Agnieszka sauront la vaincre.



J’ai beaucoup aimé ce roman, qui a le grand avantage d’être un one-shot et pas une saga interminable dans laquelle je n’aurais eu aucune envie de me lancer. Son univers campagnard et forestier m’a plu, tout comme la magnifique couverture qui m’avait attirée dans ma librairie préférée. On est à la croisée d’un conte et d’un roman fantasy. J’ai moins aimé le dernier quart, depuis la bataille entre le prince et le Dragon, on ne sait pas si on est dans le présent, le passé, des visions d’autrefois ou la réalité du moment, sans compter que la description des combats, qui fait partie du genre, m’a ennuyée. De même je n’ai pas complètement compris la fin. C’est pour cela que je ne donne que quatre étoiles.



Hormis la partie bataille, j’ai beaucoup aimé tout le reste. L’univers villageois me parle. Les personnages principaux sont très travaillés et leur psychologie est importante. Ils ne restent pas figés sur leurs positions et évoluent tout au long du récit, ce qui est appréciable et pas forcément la norme pour ce genre de roman. L’univers évoqué est complet et la magie est présente sans être trop lourde. La romance joue un rôle minime dans ce livre et ce n’est pas trop cousu de fil blanc. Les relations entre les personnages évoluent aussi, même Sarkan est très différent de ce que croyait l’héroïne, qui semble être la seule à vraiment épouser sa cause et accepter d’y consacrer le reste de sa vie, même si elle le fera à sa façon.



Malgré son épaisseur, ce roman présente peu de longueur et et vaut vraiment la peine d’être découvert.


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La Fileuse d'argent

J'ai decouvert cette autrice par le roman Déracinée qui ma'avait beaucoup plu., j'ai décidé de continuer sur cette voie.

J'avoue que la fantasy n'est pas mon thème de prédilection dans mes lectures mais je m'y mets lentement mais sûrement.

Donc cette deuxième lecture me conforte dans mon choix. Un roman qui se lit sans s'arrêter, prenant, froid, très froid, avec cette magie toujours présente mais juste comme il faut pour apporter toute sa saveur à l'histoire.

L'autrice met toujours en valeur ses héroïnes, Myriem n'échappe pas à cette règle, elle est vindicative, volontaire et ne se laisse pas faire. Elle sait s'entourer et vit des aventures trépidantes en relevant les défis qui se présentent, elle ne baisse jamais les bras.

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Éducation meurtrière

École de magie. Poudlard ? Harry Potter ? Non : Scholomance et El Higgins. Et ce vraiment pas la même ambiance. Non, vraiment pas. Car dans cette école, la survie n’est pas assurée, loin de là. Ici, chaque minute gagnée nécessite force, courage, ruse et entregent. El Higgins n’est pas dénuée des premiers, mais la diplomatie n’est pas son fort. Et cela pourrait lui coûter cher !



Comme je le disais plus haut, si vous cherchez une resucée de la saga Harry Potter, passez votre chemin. Ici, pas de mignonne chouette, ni de géant sympathique. Les malés, créatures étranges et grotesques qui pullulent dans Scholomance, n’ont qu’un but : dévorer les élèves pour se gorger de leur chair et de leur mana. Quant aux humains, ils ne viennent en aide à leurs semblables que s’ils ont quelque chose à y gagner. Sinon, dommage : un cadavre de plus ou de moins ne fera pas une grande différence. Il faut dire que le fonctionnement de l’école ne leur laisse pas vraiment le choix. Lors de leur passage dans ce bâtiment situ un peu hors de l’espace connu, les étudiants doivent emmagasiner des sorts et de l’énergie magique pour préparer leur sortie. Qui n’est pas une simple partie de plaisir, mais une course contre la mort. Je vous épargne les détails que vous découvrirez en lisant ce roman Young Adult, mais sachez que plus d’un élève sur deux, voire deux sur trois selon les années, peut périr dans cette « validation » de connaissances. On comprend donc leur pugnacité et leur manque d’empathie pour leurs condisciples. Tout cela m’a fortement fait penser à une autre courte série hors SFFF, d’Adriana Mather celle-là, composée de Killing November et de Hunting November : mais le premier surtout a pour cadre une école d’assassins où la solidarité n’est pas de mise, au contraire. Même contexte de rivalités mortelles. Cela m’a un peu rappelé aussi, mais dans un cadre différent, le film Battle Royale de Kinji Fukasaku sorti en 2000.



Pour résister à un tel climat délétère, il fallait une jeune femme au caractère bien trempé. Et, avec El, on est servi. Femme d’une magicienne de haut vol, qui refuse de monnayer ses pouvoirs, symbole du bien absolu, El se voit, malgré elle, en symbole du mal. Mais c’est à son corps défendant. Elle ferait partie de ces sorcières qui volent leur énergie à ceux qui l’entourent. Pour lancer des sorts, elle devrait tuer les humains l’entourant et se nourrir de leur puissance. Ce qui lui permettrait d’obtenir, de son côté, des effets exceptionnels. Mais j’ai utilisé le conditionnel, car El se refuse à tuer pour survivre. Elle refuse, malgré cette nature qui la pousse vers ce type de magie, malgré cette école qui semble, elle aussi, vouloir la guider dans cette direction. Elle veut, tenace et têtue, suivre la voie de sa mère. Et cela n’est pas facile. Ah, ça non ! Car elle a besoin d’énergie pour lancer ses sorts, nécessaires à sa survie (histoire de zigouiller les malés, ces monstres présents partout dans l’école et qui n’attendent qu’un moment de faiblesse pour sauter sur leur victime). Or on ne peut l’obtenir qu’à force de travail et de temps. Ce qu’elle n’a pas en grande quantité, car il lui faut aussi suivre ses cours et faire ses devoirs. Et pour ne rien arranger, voilà que le garçon le plus populaire de l’école semble s’intéresser à elle…



On a tous les ingrédients d’un bon roman YA, sans réelle prise de tête, mais assez malin et bien construit. Les premières pages plongent le lecteur dans la perplexité. Le temps de comprendre comment cet univers fonctionne, quelles sont les règles de survie. Et ensuite, on se laisse embarquer dans les tractations, trahisons et autres éléments quotidiens de ce lieu de vie contraint : passer plusieurs années dans un lieu clos, sans pouvoir voir l’extérieur (pas de fenêtres, pas de sortie avant la finale, au bout de trois ans), avec des ennemis humains et non-humains tout autour. Naomi Novik n’a pas gâté son héroïne ! Elle a su utiliser tous les classiques de ce type d’œuvre : personnage principal exclu mais possédant des pouvoirs hors du commun, cadre hostile, présence de clans forts et arrogants. Et, bien sûr, la romance. Mais, heureusement pour moi qui n’en est pas un grand amateur, de façon très limitée. L’autrice n’insiste pas trop dessus, même si c’est un ressort essentiel de l’intrigue.



J’ai passé un moment très agréable et sans prise de tête à la lecture d’Éducation meurtrière, premier roman de la série de Scholomance. Le second, Promotion funeste, vient de paraître (chronique à suivre). Et le dernier, The Golden Enclaves, est sorti en septembre dernier aux États-Unis. Je suis sur le coup pour le lire, car cela fait du bien de sortir de notre monde à feu et à sang pour pénétrer dans un vrai panier de crabes sur les pas d’une jeune femme qui essaie simplement de vivre. Une lecture addictive.
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La Fileuse d'argent

Une bien belle lecture !



Fille de prêteur, la jeune Miryem se retrouve obligée de remplacer son père, ce dernier ayant toutes les peines de monde à réclamer son dû auprès de ses clients. Efficace par son attitude froide et déterminée, elle acquiert rapidement la réputation de transformer l’argent en or. Une formulation qui va attirer l’attention du roi des Staryk, peuple légendaire du froid redoutés de tous…



Une histoire bien racontée et passionnante à suivre.



J’ai énormément apprécié l’ambiance slave et magique du roman, une sorte de conte où d’un contexte réel on bascule naturellement dans un univers plus fantastique. On est pris par le récit, je n’ai pas trouvé de temps mort dans l’histoire. Malgré des soucis personnels à régler qui m’ont obligée à mettre en pause ma lecture quelques temps, je l’ai reprise avec plaisir et savourée jusqu’à la fin.



J’ai beaucoup apprécié aussi le changement permanent de narrateurs. Il nous permet de suivre le récit sous différents angles et de mieux connaître chacun des personnages, et de m’y attacher ! J’ai aimé suivre Miryem chez les Staryk, Yrina et sa relation avec le Tsar et aussi Wanda avec ses frères. De beaux personnages qui doivent faire face à bien des difficultés et qui vont se battre à leur manière pour s’en sortir.



J’imagine que l’auteure s’est appuyée sur des légendes de son enfance pour construire son roman, mais elle aborde aussi des thèmes très forts comme la violence familiale et la statut de la femme.



La neige et le froid sont bien présents dans ce magnifique roman, c’est bientôt de saison ! Alors ne pas hésiter à le découvrir.



Challenge multi-auteures SFFF 2022
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Déracinée

Et hop encore un coup de cœur !!!!

Entre Hobb et Tolkien, ce one shot ne m’a apporté que bonheur et magie !

Un roman de fantasy en résonnance avec nos enjeux sociétaires actuels (et oui encore mais cela me tient fort à cœur)… Une bataille entre le Bien et le Mal, une jeune héroïne un peu gauche mais très très attachante et forte, un magicien très ronchon au premier abord et des rois et des reines dont le pouvoir ne leur apportent que satisfaction ….



Un bouquin comme on en a vu d’autres vous allez me dire ? Hé bien non, l’intrigue est tout à fait neuve et enchantée, une écriture très fouillée, une entité maléfique persistante, un récit épique et poétique et des personnages haut en couleurs 😊

Un roman aux allures de conte dont les racines familiales de l’auteur transcendent l’histoire de part en part ! Un petit bijou à dévorer d’une traite !

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La Fileuse d'argent

Dans un univers imaginaire fortement inspiré de la Russie médiévale, Miryem est une jeune fille juive dont le père, prêteur trop gentil pour son bien, n’ose réclamer à ses voisins les remboursements. En conséquence, Miryem et ses parents vivent dans la misère. Un jour, accablée par la maladie de sa mère qui a besoin de soins, Miryem s’endurcit et fait la collecte, sans états d’âme, tant elle est marquée par l’antisémitisme de ceux qui se gavent sur l’argent de la dot de sa mère qui leur a été prêté. Son grand-père, impressionné, lui prête de l’argent qu’elle fait fructifier, et elle se vante de changer l’argent en or. Malheureusement pour elle, le roi des Staryk, êtres surnaturels du froid et de l’hiver, l’entend. Les Staryk sont fascinés par l’or et le volent : aussi leur roi met Miryem à l’épreuve.



En parallèle, Wanda est une jeune paysanne miséreuse : son père est alcoolique et boit le peu d’argent du foyer, elle s’éreinte à s’occuper de la maison et de ses jeunes frères. Sa vie de labeur a transformé son corps, devenu solide et grossier. Quand son père veut la marier — ou plutôt la vendre — contre des cochons, elle cherche une échappatoire. À ce moment-là, Miryem lui propose de travailler pour elle afin de rembourser la dette de la famille. Wanda saute sur l’occasion : tout plutôt qu’être mariée à un homme qui pourrait être comme son père.



Enfin, Irina est la fille peu gracieuse du duc, enfant mal aimé et solitaire. Mais elle servira les ambitions de son père.



Ce roman choral met en scène trois jeunes femmes de milieux très différents, mais toutes trois maltraitées dans leur jeunesse. Elles seront rapidement prisonnières d’une situation qu’elles commenceront à subir, avant d’en tirer le meilleur parti.



Le récit s’inspire très fortement de contes et modernise les thèmes des princesses (Irina) ou des cendrillons (Wanda), en offrant des points de vue modernes sur des femmes vivant dans un milieu où elles doivent servir les ambitions des pères. À ce titre, Miryem est l’exception, quand son grand-père s’aperçoit de son talent. Talent qui se retournera contre elle. Méfiez-vous de vos souhaits ! Deux des personnages échangent le père contre le mari et doivent combattre l’être maléfique (au sens propre du terme) qui est en eux.



Car la magie est présente, sous les traits des Staryk de la neige mais aussi du démon du feu qui a pris possession d’un des personnages. Un univers parallèle s’étend, celui des Staryk, et menace le monde des humains. On est souvent plus proche du merveilleux que de la Fantasy, cependant le roman n’oublie pas les conditions cruelles des plus pauvres de cette époque ou l’antisémitisme qui s’abat sur les juifs russes.



Même si l’histoire n’est pas sans défauts (la motivation des Staryk expliquée à la fin m’a semblé un peu confuse), on passe un agréable moment de lecture quand bien même on a très froid !


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Déracinée

Gros coup de cœur! J'ai pris un plaisir indicible à le relire, trois ans après. Je comprends les nombreux prix. Je comprends les critiques élogieuses. Je remercie Basileusa de me l'avoir offert. Un petit bijou de fantasy. Robin Hobb parle "d'un livre enchanteur". Je ne peux que lui donner raison!



Sous bien des aspects, ce roman nous enchante. Plein de magie, il nous emmène dans un autre univers au sein duquel le Bois est malfaisant et la magie du Dragon est là pour le repousser. Dommage que tous les 10 ans, il lui prenne l'envie d'emmener avec lui dans sa tour une des jeunes filles de son domaine.

Une narration magnifique pour un monde travaillé qui a toute l'allure d'un conte. L'histoire de base sort de l'ordinaire pour notre plus grand bonheur. Petit mot pour la couverture J'ai Lu qui est, un magnifique écrin pour ce très beau récit. Le regard est happée, l'illustration nous promet un dépaysement ensorcelant. Une invite et une promesse tenues.



Mystérieux également, sombrement mystérieux avec ce Bois, cette magie, jusqu'à celle d'Agnieska, très particulière. J'aime beaucoup la fantasy mais il est vrai que les magiciens sont toujours mes préférés et niveau magie, on est servi!



Passons aux personnages. Le Dragon : énigmatique, charismatique et attirant Dragon... Mais aussi très méticuleux, carré, intransigeant, sombre et mystérieux, froid, rationnel mais plus encore très humain et pudique. Bref, Naomi Novik nous a tissé un personnage complexe, qui s'ancre très bien dans cet univers du Bois. Pour l'héroïne, Agnieska, rien à redire non plus. Maladroite, particulière et magiquement imparfaite. Je me retrouve beaucoup en elle et c'est une héroïne comme j'en aime.



A cette ambiance très conte, on peut adjoindre une ambiance de cour. On retrouve les mécanismes habituels : trahison, manipulation, faux-semblant. Elle ajoute un côté vraisemblant à l'histoire : on ne reste pas perdue dans notre campagne ensorcelée. Il y a de réels enjeux politiques derrière, à concevoir, à prendre en compte, à intégrer.



La narration nous offre donc un récit limpide avec cette plume enchanteresse. Elle nous transporte et les pages se tournent sans nous donner l'impression de longueur. On est même déçu que le voyage soit fini si tôt, mais avec une fin à la hauteur du récit.

Aux fans de fantasy ne l'ayant pas découvert, un mort d'ordre s'impose : Foncez!
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Déracinée

Un village près du Bois, une forêt menaçante.

C'est là qu'ont grandi Agnieszka et Kasia, les deux meilleures amies du monde.

Toutes deux font partie de LA génération de jeunes filles de la région parmi lesquelles le Dragon jettera son dévolu sur… sa future compagne, on suppose.

Une jeune fille en tout cas, qu'il emmènera pour les dix ans à venir dans la Tour blanche qui surplombe la région.



Le Dragon surveille depuis cette Tour le Bois funeste et tente d'en contrôler la malfaisance grâce à ses dons puissants de magicien.

Une jeune fille de dix-sept ans née entre octobre et novembre tous les dix ans, voilà le prix exhorbitant de sa protection.



Dans l'esprit de chacun, c'est Kasia l'élue, la plus belle, la plus vive, la plus intelligente, la plus talentueuse de toutes… au grand désespoir d'Agnieszka, parce qu'elle sera séparée de son amie.



Mais voilà qu'au moment de choisir, à la surprise de tous y compris du Dragon lui-même, ce dernier désigne Agnieszka, toujours mal fagottée faute de parvenir à garder de l'ordre dans sa toilette et d'éviter taches et accrocs, et décoiffée en dix minutes chrono après s'être soigneusement brossée.

Donc pas une jeune fille qui devrait "convenir", à voir le profil des jeunes filles qui l'ont précédée.



Agnieszka est emmenée immédiatement dans la Tour, où elle se demande un moment ce qu'elle fait là.

Le Dragon n'est pas un "vrai" dragon, mais il porte bien son nom : il est effrayant, il a l'air furieux en permanence, il est hautain et désagréable.



Lorsqu'il découvre que la jeune fille semble avoir de réels talents de magicienne, cela ne l'adoucit absolument pas. Il tente pourtant de lui apprendre ce qu'il sait.

Le Dragon n'ayant aucun penchant pour la pédagogie, on ne peut pas affirmer que ce soit une expérience épanouissante et enrichissante, ni pour l'une, ni pour l'autre.



Il va tout de même bien falloir qu'Agnieszka retienne quelque chose de ces pénibles leçons, car elle aura à mettre ses talents à contribution pour sauver son amie Kasia du Bois néfaste, puis, entre autres, pour sauver le royaume tout entier.



Eh oui, rien que ça ! Ca fait beaucoup pour de jeunes épaules de dix-sept ans sous la houlette du Dragon le roi des ronchons. Surtout quand on considère que ces jeunes épaules portent une tête assez sujette aux gaffes et aux maladresses en tous genres.

À croire qu'elle le fait exprès !



Malgré tous ces éléments propres à m'embarquer illico dans les aventures d'Agnieszka la reine de la bévue et de la tache qui se voit (la pire), ça n'a pas complètement pris. Elle est pourtant futée comme tout, avec ses dons naturels auquels les autres magiciens ne comprennent rien, et elle ne s'embarrasse pas de délicatesse superflue dans ses relations, tout pour me plaire.



Cette région sous la menace mystérieuse du Bois, cette société inspirée d'un Moyen-Âge slave aussi auraient pu m'embarquer.



Mais je n'ai pas été convaincue par ce talent vraiment discret qui s'épanouit d'un claquement de doigt ou presque ( c'est magique, me direz-vous !), ce Dragon qui se prend pour Fitzwilliam Darcy à s'offusquer sans cesse des manières et des sorts non conformes aux canons de sa jeune élève, et ces aventures qui se multiplient au fil des pages tels les balais de l'Apprenti Sorcier dans Fantasia.



Ça n'a pas été une lecture déplaisante, non, hormis quelques ratés dans la traduction (passer son coude autour de la taille ou être à court d'haleine, par exemple, oups ça ne colle pas) et la répétition des mots "furieux" et "main(s)" un nombre de fois suffisant pour que je m'en rende compte, mais ce sont des broutilles.



Pour autant, rien de transcendant, de flamboyant, de fulgurant, malgré force magie, potions, éclairs et tours époustouflés faute de m'épater.

C'est un peu répétitif, les situations sont assez convenues quand elles ne sont pas franchement plates, les castagnes diverses contre le Mal reviennent avec une régularité de métronome qui ne surprend pas.



Il m'aura manqué ce petit truc en plus, qui m'aurait fait suivre cette petite sorcière jusqu'au bout du Bois sans rechigner.



L'histoire me disait bien.

J'aimais beaucoup la couverture (plus jolie en poche…).

Non, j'aime toujours beaucoup la couverture.

Peut-être en attendais-je trop ? le reste n'a pas soulevé un enthousiasme délirant chez moi.

Dommage.

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Téméraire, tome 8 : Le sang des tyrans

Si le septième volume des aventures de notre dragon préféré et de son capitaine avait permis de relancer la série après le petit coup de mou des tomes précédents, ce « Sang des tyrans », huitième et avant-dernier opus, se fait pour sa part un peu plus décevant. Car malgré une excellente idée de base et un style aussi fluide qu'agréable, Naomi Novik retombe hélas dans les mêmes travers que précédemment, à savoir multiplier inutilement les digressions. Le roman est ainsi divisé en deux parties : la première consacrée à la découverte (bien que très succincte) d'une partie du Japon et aux intrigues de la cour de Chine, et la seconde à la fameuse campagne de Russie lancée par Napoléon en 1812. Or, les deux cent premières pages du roman ne reposent en réalité que sur un procédé scénaristique bancal et depuis longtemps éculé : la soudaine amnésie de l'un des principaux personnages. Voilà donc notre capitaine amputé de la partie de sa mémoire liée à ses années de service au sein des Aerials Corps : oublié Téméraire, leurs exploits et tous les autres événements ou rencontres datant des huit dernières années ! Un moyen imparable (et à mon sens parfaitement inutile) pour faire trainer l'histoire en longueur quelques centaines de pages de plus.



Une fois l'agacement initial et la première partie passés, il faut toutefois admettre que c'est toujours un réel plaisir de retrouver Téméraire, Laurence et tous les autres personnages (hommes ou dragons), que l'on a pu rencontrer depuis le début de la série. Les amateurs d'histoire seront quant à eux ravis de croiser ici où là certaines figures historiques majeures telles que le tsar Alexandre Ier, le général Koutousov, Marat, et bien sûr Napoléon lui-même. Les quelques savoureuses, quoique discrètes, références uchroniques distillées ici et là par l'auteur sont également appréciables, à commencer par le mariage de Napoléon avec une impératrice inca. Pour le reste, on devine bien tout le travail de recherche effectué en amont par l'auteur afin de recréer les conditions de la célèbre campagne de Russie, en tenant bien évidemment compte de la présence de dragons, présence qu'elle tente de faire la plus cohérente possible. La question de l'approvisionnement occupe ainsi une place importante dans le récit, de même que celle du traitement différent accordé aux dragons en fonction des nations (vénérés en Chine, sous-estimés en Angleterre, asservis en Russie...). Enfin, cela faisait un moment que Naomi Novik ne nous avait pas gratifié de batailles de grande ampleur, aussi est-ce un plaisir d'enfin retrouver ces scènes spectaculaires qui avaient déjà fait une partie du charme des premiers volumes.



Un huitième tome en demi-teinte, donc, car si les amateurs de la série ne manqueront pas d'être ravis de retrouver nos deux héros, il est indéniable que les aventures de Téméraire et Laurence souffrent depuis quelques tomes d'une grosse baisse de régime. Espérons que l'auteur saura redresser la barre et offrir à ses lecteurs un final à la hauteur de leurs espérances. A suivre...
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Déracinée

Aaaah ! Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas plongée dans un roman de Fantasy avec autant de plaisir. Tous les ingrédients du grand classique y sont.

J'ai, de loin, préféré la première partie, la mise en place de l'univers et la découverte des personnages auxquels je me suis bien attachée. Agnieszka, c'est l'archétype de l'héroïne malgré elle : caractère fort, gros potentiel magique sans en avoir conscience, grande maladresse. Pour suivre une tradition de son village, elle est désignée pour vivre 10 ans avec le dragon de la région, en échange d'une protection. Le dragon, lui, est solitaire et ronchon. Ces deux personnages quelque peu caricaturaux, font un cocktail détonnant pour une histoire qui m'a happée très vite.

Une deuxième partie du récit porte sur la guerre qui va s'ensuivre. Parce qu'il n'y a pas de bon récit de Fantasy sans un conflit avec épées et magie. Puis, la troisième partie sur l'après-guerre, où on constate l'évolution des personnages.

Ce n'est pas un total coup de cœur, car il y a eu quelques longueurs de temps en temps, j'ai parfois décroché. Mais le style reste très agréable et abordable. L'intrigue est bien menée et les personnages m'ont conquise.
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La Fileuse d'argent

Préféré et de loin à Déracinée.



J'ai plongé avec délice dans ce livre, j'en ai même rêvé. La magie qui s'en dégage est prenante. Je pense qu'en fait au départ c'est Myriem qui m'a accrochée, avec sa personnalité si intéressante. Puis Wanda, puis Irina, elles sont toutes les trois attachantes.



Même les "méchants" sont passionnants à découvrir. Et leurs destinées à tous sont si étroitement liées, c'est si bien tissé, je me suis régalé, voilà.

Sans la moindre arrière pensée (ni esprit critique, semble-t-il, mais du coup j'en ai bien profité, voilà, paf !).

Je me surprends à espérer une suite ou une nouvelle histoire dans le même univers, tellement ça m'a plu...

:)
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Déracinée

Dans un monde imaginaire inspiré du moyen-âge slave, Agnieska est une fille de bûcheron sans attraits ni talents particuliers, vivant près du Bois maléfique dont il ne faut pas s’approcher sous peine d’être contaminé. Tous les dix ans, le Dragon, seigneur de la région, choisit une jeune fille pour rester avec lui pendant dix années ; en échange il protège les habitants contre le Bois grâce à ses talents de sorcier. Contre toute attente, Agnieska est sélectionnée par le Dragon pour passer tout ce temps loin de sa famille et ses amis. Elle est furieuse contre le Dragon.



Ce qu’elle ignore, c’est qu’il avait deviné qu’elle avait des aptitudes de sorcière, et le Roi impose aux sorciers de former quiconque possède des dons. À contrecœur, car ce n’est pas un personnage aimable, il s’acquitte de sa tâche avec froideur et récriminations. En effet, il est adepte des règles et des livres, alors qu’elle s’avère douée pour une magie plus instinctive et poétique.



Mais les événements se précipitent dans le royaume, et le Bois va attaquer la région.



L’atmosphère est un mélange de contes folkloriques et de fantasy exotique (ici, slave) plutôt réussi, avec des personnages autour d’Agnieska qui sont tous peu amènes et singulièrement réalistes. Seule son amie d’enfance, celle que tout le monde pensait digne du Dragon pour la sélection décennale, lui montre un soutien sans failles. L’héroïne va être projetée dans des intrigues et complots de cour, bien loin de sa campagne natale.



Le plus marquant reste la magie, et surtout le Bois, entité maléfique, liée aux arbres et occasion de descriptions envoûtantes.



L’auteure sait régulièrement nous surprendre, en nous amenant là où nous ne nous y attendons pas, tout en prenant son temps pour l’évolution d’Agnieska et des autres personnages.



Un scénario riche, une galerie de caractères variée et intéressante dans leur côté gris, une écriture travaillée, un univers fascinant : une bonne lecture à la frontière entre la fantasy habituelle et le merveilleux.


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La Fileuse d'argent

Coup de cœur pour ce roman de fantasy résolument féministe !

Une lecture idéale pour la saison hivernale puisque l'auteure emmène le lecteur dans l'univers d'une Russie médiévale, appelée le Livthas, figée dans un hiver rigoureux, avec un tsar, ses boïars, ses religions et la présence terrifiante d'une route de glace permettant à des seigneurs vêtus de blancs Les Staryk de venir chasser et piller l'or des fermes.

J'ai adoré l'atmosphère glacial et magique de ce roman mettant en scène trois personnages féminins très différents : Miryem, qui reprend l'activité de prêteur sur gage de son père pour sauver sa famille de la pauvreté, Wanda une jeune fille de ferme dont le père est violent et alcoolique et Irina, une fille de duc qui cherche à la marier à un homme cruel pour asseoir sa position politique. Les destins de ces trois jeunes femmes fortes et courageuses vont se retrouver liés lorsque Miryem croise la route du roi des Staryk qui lui lance un défi en échange de sa vie.

Il y a quelques longueurs mais cela ne m'a pas dérangé plus que cela et je serais bien restée dans cet univers quelques pages de plus en savoir un peu plus sur l'avenir de certains personnages.

Ce roman plaira certainement à tous ceux qui ont aimé Déracinée et/ou la trilogie d'hiver de Katherine Arden.
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La Fileuse d'argent

Rendue célèbre grâce à sa série « Téméraire » proposant une réécriture des guerres napoléoniennes en y ajoutant un nouveau corps d’armée composé de dragons et de leur cavaliers/cavalières, Naomi Novik s’est également lancée récemment dans une réinterprétation de contes issus du folklore russe. Premier volet de cette nouvelle série, « Déracinée » dressait le portrait d’une jeune fille choisie pour devenir l’apprentie d’un sorcier à la terrible réputation mais seul à même de protéger les habitants d’une forêt hostile et pleine de maléfices. Le résultat s’était révélé mitigé, mélange de stéréotypes lassants et de détournements intéressants, le tout plombé par une narration en dent-de-scie. « La fileuse d’argent » s’inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur et souffre ainsi des mêmes défauts tout en parvenant à séduire pour des raisons plus ou moins identiques. Cette fois ce sont trois héroïnes qui se retrouvent au cœur de l’intrigue qui prend place à une époque et dans un lieu indéterminés mais qu’on pourrait situer à la fin du Moyen Age en Europe de l’Est. La première, Myriem, est la fille d’un prêteur juif bien trop généreux qui, contrainte par la nécessité, a décidé de reprendre le travail de son père et de collecter auprès des habitants du village ce qu’ils leur doivent depuis des années, suscitant ainsi l’hostilité de tous. La seconde, Wanda, fait justement partie des débitrices de la famille de Myriem. Enfin, pas vraiment elle mais son père qui, pour rembourser sa dette, propose de leur envoyer sa fille chaque jour pour la faire travailler dans la propriété de ses débiteurs. La dernière, rencontrée plus tardivement dans l’intrigue, est la fille du duc local qui, grâce à une bonne dose de magie, pourrait se voir très prochainement accéder à la position très convoitée de tsarine. Les vies de nos trois héroïnes vont être tour à tour chamboulées par l’intrusion dans leur univers d’un élément surnaturel qui va remettre en question leurs projets d’avenir. Le roman accorde ainsi une place centrale à la magie, dont la représentation la plus marquante réside sans aucun doute dans ce peuple légendaire appelé Staryk, créatures de glace évoluant en marge des humains qu’ils ne se privent pas d’attaquer dès lors que les tabous qu’ils ont instauré concernant la forêt sont violés.



La trame narrative est, une fois encore, très classique et s’apparente à celle de ces contes qui constituent la matière première de la nouvelle série de Naomi Novik. On retrouve ainsi un certain nombre de poncifs : la jeune fille enlevée à sa famille par ce qu’elle considère être un monstre mais qui va finalement se révéler plus attentionné que prévu ; la jeune fille mariée contre son gré et forcée de multiplier les ruses nuit après nuit pour échapper au sort terrible que lui réserve son époux ; un peuple légendaire méconnu et incompris qui personnifie une saison ou un élément naturel… Certains de ces clichés avaient déjà été détournés dans « Déracinée », et il est un peu décevant de voir l’autrice se renouveler aussi peu entre deux romans, quand bien même ce choix résulte d’une volonté de mettre en avant une vision un peu plus féministe des contes et légendes de notre enfance. Car nulle princesse passive brinquebalée par les événements ici : Naomi Novik met en scène des héroïnes fortes, certes réduites à subir des situations qu’elles n’ont pas choisi mais qui vont tout faire pour redevenir maîtresse de leur destin. Il convient également de souligner que l’aspect le plus intéressant de ces héroïnes, et sans doute celui qui tranche finalement le plus avec les contes dont s’inspire l’autrice, réside dans leur apparente banalité. Les protagonistes mises en scène ici ne sont ni exceptionnellement belles ou gracieuses ou spirituelles ou charmantes : ce sont des jeunes filles ordinaires, avec un physique tout ce qu’il y a de plus ordinaire, voire légèrement disgracieux. Celles-ci viennent de plus de milieux sociaux assez variés, Miryem appartenant à la petite bourgeoisie (après être passée par la grande pauvreté), Irina à la petite aristocratie, tandis que Wanda vient d’une famille pauvre et marginalisée. C’est dans cette volonté de mettre en scène des héroïnes simples, sans prédispositions naturelles à un grand destin, que réside sans doute le plus grand intérêt de ce roman qui, par cet aspect, parvient enfin à se détacher véritablement des représentations traditionnellement véhiculées par ce type de contes. Tout n’est cependant pas parfait puisque, comme dans le précédent roman, on ne coupe pas à certains « passages obligés » qui ont fait/font toujours hurler un certain nombre de petites filles, à savoir les séances d’essayage de robes sublimes et la description par le menu des dits vêtements, ou encore l’évolution des sentiments de l’héroïne pour celui qu’elle considère d’abord comme un monstre avant de le trouver peu à peu follement attirant.



La narration, elle, est à nouveau irrégulière. Le début du roman est assez lent, mais on prend malgré tout plaisir à se familiariser avec le quotidien des différentes héroïnes et à tenter de percer le mystère des Staryk à propos desquels l’autrice se montre très sibylline. Le second tiers est plus trépidant, chacune voyant son existence bouleversée par un événement particulier qui va les mettre en danger et les obliger à tenir tête aux hommes de leur entourage, qu’il s’agisse d’un père ou d’un mari. Le dernier tiers est moins passionnant, et cela alors qu’il s’agit, paradoxalement, de celui dans lequel l’action se fait plus présente. La faute à une conclusion aisément prévisible et à une accumulation de scènes répétitives au cours desquelles nos héroïnes s’interrogent inlassablement sur leurs sentiments ou leur avenir. En cause également, le curieux choix de l’autrice de nous donner (trop tardivement) des points de vue autres que ceux de nos trois héroïnes, tels que ceux de la nourrice de la nouvelle tsarine ou de son époux. Les chapitres consacrés au jeune frère de Wanda sont également problématiques, non pas parce que les événements qui s’y déroulent sont inintéressants, mais parce que le jeune âge du personnage implique une vision assez candide des dits événements, ce qui attendrit parfois mais agace aussi souvent. Concernant l’univers en lui-même, l’autrice dresse un portrait très succinct de ce qui pourrait être une région de la Russie médiévale. Peu d’éléments historiques sont abordés, les seuls véritables points de repères fournies par l’autrice résidant dans la consonance des noms des personnages ainsi que dans l’utilisation des titres « tsar » et « tsarine ». Tout juste l’autrice évoque-t-elle à demi-mots la judaïté de l’une de ses héroïnes et ses conséquences sociales (spécialisation dans l’usure, discriminations de la part des habitants…). Les questions plus politiques, concernant notamment d’éventuels dissidents au pouvoir du tsar, sont quant à elles balayées bien trop rapidement pour susciter l’intérêt du lecteur.



Retour mitigé, donc, pour ce deuxième opus indépendant consacré aux contes et légendes inspirés du folklore slave. Naomi Novik propose ici une interprétation plus féministe et met ainsi en scène des héroïnes fortes et attachantes qui permettent de remettre en perspective certains clichés tenaces dont sont bourrées les histoires de notre enfance. Le récit pâtit néanmoins d’un rythme erratique et d’un manque d’originalité qui risquent de lasser une partie du lectorat.
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La Fileuse d'argent

Je suis très sceptique concernant ce roman. Je dois dire que cette lecture était laborieuse.



L'histoire n'est pas trop mal mais elle est lente et assez dure à suivre. Je me suis retrouvée perdue bien des fois au fil de ma lecture....



L'alternance des personnages sans aucune mention du changement est déroutante et casse le récit. Je n'ai pas aimé du tout le style d'écriture de l'auteur. J'ai trouvé que bien des fois, elle tournait en rond et le livre m'a semblé bien long pour ce qu'il était.



J'ai du me forcer à le finir et ce n'est jamais bon signe quand ça arrive. ....



Le seul élément qui m'a vraiment plût est le personnage de Myriem ainsi que son histoire dans le monde des Staryks.



Au final, je suis assez déçue et je n'ai pas passé un aussi bon moment que je l'aurais voulu.....
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Déracinée

« Déracinée » est le tout premier roman de Naomi Novik ne faisant pas partie du cycle « Téméraire », uchronie qui l’a rendu culte et célèbre dans le monde entier. « Déracinée » est un condensé de ce que la Fantasy offre de meilleur. L’auteur a notamment remporté le prix Nebula du meilleur roman en 2015, ainsi que le fameux prix Locus du meilleur roman de Fantasy en 2016 pour « Déracinée ». Ce dernier vient tout juste de sortir en poche aux éditions « J’ai lu ». Précédé par sa réputation, c’est avec avidité que je me suis plongé dans cette lecture et le moins que je puisse vous dire, c’est que je n’ai pas été déçu, tant cette histoire est envoûtante, troublante, attachante. Le personnage d’Agnieszka est l’héroïne de « Déracinée » et c’est un personnage plein de ressource, profondément charismatique. Le Dragon qui est un magicien, lui aussi, forme avec elle un duo fascinant. Ensemble, ils devront affronter la menace du Bois maléfique habité par des créatures mauvaises, malfaisantes. Le style d’écriture est élégant, enlevé et surtout très cinématographique. Les pérégrinations, les péripéties sont nombreuses, le souffle de l’histoire et sa puissance d’évocation ne se rencontrent que dans les tous meilleurs ouvrages de Fantasy. Le premier tiers du livre peut sembler quelque peu répétitif mais c’est pour mieux nous surprendre et nous immerger, nous plonger dans ce qui est d’ors et déjà considéré comme un classique instantané de la Fantasy. Le récit peut être violent, car il s’agit là d’une guerre éprouvante contre cette entité qu’est le Bois, mais c’est aussi et surtout l’occasion, de rencontrer de purs moments de grâce et de poésie. La seconde partie du livre est un modèle du genre. On est tour à tour ému, saisi d’effroi par ce récit qui convoque le meilleur de la Fantasy. L’adaptation au cinéma est en cours et cela ne me surprend pas tant cette histoire a du potentiel. Si vous aimez la Fantasy, nul doute que « Déracinée » saura combler vos envies avec ce périple mouvementé, épique, violent mais aussi onirique. Naomi Novik confirme, avec « Déracinée », sa place prépondérante dans l’univers de la Fantasy. Tout simplement magique !
Lien : https://thedude524.com/2018/..
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Téméraire, Tome 1 : Les dragons de sa majesté

Quel plaisir cette fantasy historique!

Naomi Novik nous permet de réinventer l'Histoire napoléonienne en ajoutant une donne non négligeable dans les batailles : les dragons!

Elle conçoit ainsi tout un univers : des races, des aptitudes et des comportements mais aussi une manière de l'intégrer sur un champs de bataille. Les dragons sont ici utilisés comme de gros vaisseaux, avec des équipages sur l'échine et au niveau du ventre, ainsi qu'un capitaine avec lequel ils sont liés dès l'éclosion.

Le sel de ce récit est qu'un capitaine de navire britannique prometteur se retrouve lié à un dragon chinois destiné à la France, suite à la prise de ce dernier. Et si l'on pourrait penser qu'il ne serait pas trop dérouté entre un vaisseau et un dragon, rien n'est plus faux. Le cors d'armée aérien a une manière de procéder très différente de la Navy. De quoi chambouler quelque peu notre Laurence, malgré l'attachement qu'il éprouve pour Téméraire.



Outre l'univers et la plume de l'autrice qui m'ont une nouvelle fois séduite, j'apprécie particulièrement l'évolution des personnages. On s'attache énormément à Téméraire, ce dragon un peu singulier parmi les dragons occidentaux mais d'une intelligence et d'une sensibilité qui font qu'ils forment une paire parfaite avec Laurence, gentilhomme jusqu'au bout des ongles. Le caractère inédit de leur partenariat permet à l'autrice d'en faire un duo à part, avec des conceptions quelques fois un peu en décalage mais qui peuvent faire évoluer la situation dans le bon sens. L'évolution de Laurence est d'autant plus intéressante qu'il tâtonne. Trop vieux, il doit s'intégrer à ce nouveau corps d'armée avec certains préjugés qu'il va rapidement surmonter. Le caractère moins informel et la présence de femmes notamment.

La relation qu'il a avec Téméraire reste le gros point positif de ce récit. Leur complicité, leur attachement mais aussi leur attention portée aux besoins de l'autre font que si on aime l'un, on ne peut qu'aimer l'autre.



Je ressors de ce premier tome enchantée et désireuse de découvrir les suites de leurs aventures. Un peu inquiète cependant quand je vois que certains titres, trouvables qu'en occasion, atteignent des prix hallucinants...
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